Chapitre 27. Partons ensemble

A l'autre bout du champ de bataille, dans un des immeubles de Londres, La Veuve venait juste de fermer l'intercom qui la reliait à Sombra. Cette dernière lui avait fait un bilan de la situation. Hanzo se tenait près de la tireuse, contemplant le champ de bataille de loin tandis que Faucheur, près de Chacal et Chopper, faisait les cent pas depuis un moment.

"Il faut qu'on sorte d'ici, grogna Faucheur, j'en peux plus de tourner en rond, les ennemis sont arrivés !

-On n'est pas sûr qu'ils aient tous atterrit, répondit La Veuve, il peut toujours en arriver par l'avant. Et si t'en peut plus de tourner en rond alors arrête de marcher tout simplement, tu me gènes.

-Sombra nous a expressément indiqué que tout Overwatch avait débarqué, tu ne l'as pas entendue ?

-Il peut toujours y en avoir d'autres, reste à ton poste.

-Je ne t'obéis pas, rétorqua Faucheur en s'approchant d'elle, toi reste ici avec ton toutou si tu le souhaite. Si Jack est là-bas alors c'est là-bas que je dois être."

Hanzo ne répliqua même pas. Faucheur jeta un regard méprisant dans sa direction, même s'il avait un masque, Hanzo pouvait deviner ce qu'il pensait de lui. Puis le terroriste au masque d'ivoire tourna les talons et brisa une des fenêtres de l'étage.

"Junkers ! dit-il à Chacal et Chopper. Avec moi ! Si vous voulez foutre le boxon, c'est par là !

-Ohhhh mais nous n'attendons que çaaaaaaa ! gloussa Chacal."

Tel un spectre, Faucheur disparut complètement, puis réapparut sur l'immeuble d'en face, au cœur de ce qui semblait être des flammes faites de ténèbres pures. Chacal quant à lui, fit exploser une mine sur son postérieur et s'envola en laissant Chopper derrière lui. Le gros homme se gratta la tête en se demandant ce qu'il devait faire tandis que son collègue fou à lier atterrissait sur l'immeuble.

"Oh, désolé mon gros, dit-il en se retournant, j'avais pas pensé à ça. T'as qu'à prendre l'ascenseur ou les escaliers tiens, ça te fera perdre un peu de ton bide.

-Espèce de petit vermisseau rampant à tête raillée qui sait même pas comment qu'on...

-A plus dans le bus, Darling !"

Chacal envoya un baiser aérien de sa bouche répugnante avant de s'envoler pour suivre Faucheur. Chopper se retourna, perplexe et poussa un long grognement. Puis il traîna son ventre jusqu'à l'ascenseur avant de se rendre compte qu'il ne pouvait pas y entrer, il se gratta la tête et quelques-uns de ses petits cheveux blancs tombèrent au sol. Puis il commença à descendre stupidement les escaliers. Hanzo avait observé toute la scène de loin, et se demanda ce qu'il devait faire. Devait-il suivre Faucheur et Chacal vers le champ de bataille, ou devait-il rester en sécurité ici, à attendre des ennemis qui n'arriveront probablement jamais. Il jeta un coup d'œil à La Veuve, qui, elle, était concentrée sur sa tâche de surveillance, lui ne regardait même pas ce qu'il se passait au dehors. Rien de tout cela ne le concernait, et il se sentait comme un boulet pour La Veuve qui était obligée de le traîner partout. Il se remémora alors une conversation qu'il avait eue avec elle, juste avant de partir à la guerre. Hanzo venait de se réveiller de l'étrange rêve qui l'avait transporté auprès de son frère présumé mort et avait pris La Veuve à part lorsqu'il l'avait croisée dans les couloirs.

La Veuve lui avait jeté un regard noir bien entendu et s'était aussitôt dégagée quand Hanzo l'avait tirée vers une salle et verrouillé la porte.

"Qu'est ce qui te prend ? avait-elle dit. Nous pouvons très bien parler dans le couloir, à moins que tu ne veuilles...

-Qu'est ce qu'on va faire là-bas, Amélie ?"

La Veuve avait reculé d'un pas, jetant un regard de vipère.

"Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.

-Comment veux-tu que je t'appelle ? avait rétorqué Hanzo. La Veuve ? Fatale ? Kumo ? Tous ces surnoms sont futiles, tu as un prénom alors utilise le.

-Non, ce n'est plus mon nom. Plus depuis longtemps.

-C'est ce qu'elle essaie de te faire croire, mais ton existence ne se résume pas à obéir à Moira. Tu devrais la détester pour ce qu'elle t'a fait !

-Je la hais ! avait crié La Veuve. Je la hais, et souhaite sa mort.

-Alors pourquoi lui obéir encore, pourquoi te réduire à ce qu'elle a fait de toi ? Je sais que tu as encore un cœur, je l'ai vu. Cette sorcière a effacé tes émotions mais elle n'a pas réussi à effacer ton âme, c'est impossible.

-Peut-être, mais elle m'a changée à jamais. Et tout ce que j'ai fait depuis, tous ces gens que j'ai tués. Je n'ai plus que ça en moi. C'est ça mon âme. Et tu es stupide de croire que ça, ça peut changer.

-Je suis stupide oui, se résigna Hanzo. Je vais mener une guerre contre l'humanité demain."

La Veuve laissa un silence.

"Tu ne crois pas en la cause ? demanda-t-elle sans agressivité.

-Bien sûr que non, tu y crois toi ? Décimer tous les humains pour que les Omniacs règnent ?

-Les humains ont fait leur temps.

-C'est Moira qui parle, pas toi. Tu crois sérieusement qu'ils nous laisseront une place ? Dans leur Nouveau Monde, remplis d'Omniacs ? Tu crois que Ramattra te laissera vivre parmi les derniers humains alors que tu a tué son frère ?"

La Veuve ne répondit rien.

"Il est clair qu'il a déjà prévu d'en finir avec toi une fois sa conquête achevée, jamais il ne te laissera vivre, et les autres non plus. C'est insensé.

-Doomfist ne le laisserais jamais nous...

-Doomfist n'en à que faire de nous. Il ne veut que le pouvoir, peu importe les sous fifres qui l'ont aidé à l'obtenir. Et quand bien même, veux tu vraiment vivre dans un monde dirigé par Ramattra et Doomfist ? Ce sont des tyrans !

-Pourquoi ne t'en vas- tu pas dans ce cas ?"

Hanzo baissa les yeux.

"Parce que Doomfist me tuerait.

-Donc tu es prêt à mener une conquête que tu désapprouve seulement pour espérer une place dans le Nouveau Monde ? Qu'importe tous ceux qui mourront ? Tu n'es qu'un stupide lâche.

-Mais au moins je ne me mens pas à moi-même. Et je ne justifie pas mon inaction par le fait que l'on m'a fait comme ça. Tu peux agir toi aussi, tu peux te révolter si tu le souhaite. Tu as toujours une âme, une volonté, je le vois dans tes yeux."

La tension du regard de La Veuve s'affaiblit de nouveau. Hanzo s'approcha doucement d'elle.

"Partons ensemble, tant qu'il est encore temps. Il n'y a pas de vie pour nous dans ce Nouveau Monde."

Un tiraillement s'était réellement installé dans l'esprit froid de la Veuve, quelque chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. Hanzo, cet archer japonais, qui était-il pour lui dire ça, qui était-il pour lui faire ressentir ça ? Ce stupide lâche, pourquoi s'obstinait-il ?

La Veuve leva les yeux vers lui, puis se dressa sur la pointe des pieds et l'embrassa. Son cœur, presque éteint depuis un bon nombre d'années, se mit en mouvement et commença à battre à un rythme d'abord lent puis de plus en plus rapide. Elle ressenti un profond désir pour cet homme, profond, intime, le désir d'une femme qui refaisait surface après des années tapis dans les tréfond de son être. Elle l'embrassa à nouveau avec plus de force, Hanzo en fut troublé, il était pour elle un échappatoire à sa prison physique et mentale, et il fallait qu'elle s'y engouffre pour pouvoir se libérer mais tout à coup La Veuve se mit à ressentir des sueurs froides partout dans le corps. Elle gémit, de plaisir mais davantage de douleur, ses paupières se plissèrent et elle sentit des appareils froids lui parcourir le corps. Elle voyait sa peau, nue et blanche comme auparavant mais parsemée de fils qui lui rentrait dans les membres et dans l'entrejambe, son cœur battait la chamade et elle sentait des ciseaux qui lui coupaient les cheveux à l'arrière de la tête. Soudain du liquide passa dans les intraveineuses et s'engouffra dans ses veines, elle se rappela avoir crue être empoisonnée mais non, et à vrai dire aurait préféré que ce fut le cas. Car jamais au cours de l'opération elle ne s'endormit, le processus fut long, douloureux, insupportable. Un fois stérilisée, elle sentit son cœur ralentir, même ça elle ne le contrôlait plus. Sa panique disparut, ses sueurs froides également, sa peur, son désir de s'en aller, la douleur qu'elle ressentait à l'entrejambe, tout avait disparu. Les yeux d'Amélie étaient devenus les yeux de La Veuve, froids, sans émotion, prêts au travail

Son esprit revint au moment présent. Que se passait-il ? Elle sentait l'odeur d'un homme sur elle, et des bras qui parcouraient son corps froid. Elle se dégagea de Hanzo en se prenant la tête dans les mains. Les battements de son cœur avaient repris un rythme lent. Mais durant ce cours laps de temps durant lequel elle s'était rappelé comment elle était devenue La Veuve, des larmes avaient coulés le long de ses joues bleues et une dernière émotion, celle de la tristesse, subsista encore quelques instant, juste le temps qu'elle prononce ces mots : "Je... Je suis désolée... Je suis déjà morte." Et elle s'en alla, laissant derrière elle un Hanzo qui comprit qu'il était encore trop tôt pour elle. 

De retour dans l'immeuble Londonien, où Hanzo et Le Veuve était à présent seuls. Ashe et Bob ayant eux aussi rejoint la bataille en bas. Les bruits de l'apocalypse qui se déchaînait n'atteignaient qu'à peine leurs oreilles. Ce n'était qu'un son constant et diffus, comme si la guerre ne les atteignait pas encore, comme s' ils n'avaient pas à y prendre part. Mais Hanzo savait que c'était faux, il devait faire quelque chose. Tout ceci n'avait aucun sens pour lui. La Veuve avait le viseur pointé vers L'Ouest, là où Overwatch repoussait tant bien que mal l'armée du Secteur Zéro ainsi que Mauga et Sigma. Je peux en avoir un ou deux d'ici, pensa-t-elle. Elle ne faisait plus du tout attention à Hanzo derrière elle, mais lorsque celui-ci éleva son arc et banda une flèche dans sa direction, elle le sentit.

"Qu'est ce que tu fais ? demanda-t-elle très calmement. Tu veux mourir ?

-C'est mieux que de regarder le monde brûler ici, répondit-il."

La Veuve soupira et abaissa son fusil, toujours dos à Hanzo et son arc.

"Où iras-tu ? Tu crois que Doomfist te laissera partir sans rien faire, c'est la guerre en bas les omniacs te verront.

-J'ai appris à me dissimuler toute ma vie, Veuve, je sais disparaître sans que l'on me voit.

-Tu fais encore preuve de lâcheté...

-Viens avec moi."

La Veuve ouvrit grand les yeux, elle sentit son cœur se remettre à battre.

-Je ne peux pas... finit-elle par dire.

-Regarde toi enfin ! Tu essaies de trouver tous les prétextes pour ne pas aller te battre, c'est bien parce que tu n'en a pas envie n'est-ce pas ? Ta place n'est pas ici Amélie, tu n'as pas à être La Veuve !

-Et si je le voulais Hanzo ? rétorqua-t-elle en se retournant, faisant face à la flèche pointée sur elle. Et si je le voulais ? Et si j'aimais ça ? Tuer ? Et si c'était ce que je suis ? Et si tu te trompais et qu'il ne restait en moi rien de plus qu'une tueuse ? Est ce que tu voudrais toujours de moi ?

-Je sais que ce n'est pas vrai...

-Tu ne sais rien ! Tu ne sais rien de moi !"

Sans s'en rendre compte, la colère dans le cœur de La Veuve était montée. Elle s'en étonna elle-même, cela faisait si longtemps. Hanzo fut surpris de voir à quel point La Veuve refusait de voir la vérité en face. Moira s'était immiscée tellement loin dans son esprit qu'elle avait emprisonné son âme.

"Je sais que tu t'appelle Amélie...

-Arrête de t'obstinner. Vas-t'en.

-Je t'en prie...

-Va-t'en tout de suite, je n'essayerais pas de t'arrêter.

-Pourquoi ça ?

La Veuve prit quelques instants avant de répondre, car son cœur s'était à nouveau refermé. Son visage et son regard étaient redevenus froids. Ils ne laissèrent transparaître aucune émotion quand Amélie dit :

"Parce que je t'aime."

C'était le plus profond de son cœur qui avait lutté de toutes ses forces pour prononcer ces mots, luttant contre un corps qui refusait d'éprouver de telles émotions. Hanzo abaissa son arc, une larme coula de l'un de ses yeux quand il réalisa qu'il n'y avait rien à faire pour la faire sortir de sa prison mentale. Alors il prit le chemin de la sortie et s'engouffra dans les escaliers. La Veuve le regarda partir avec un visage tout à fait neutre, mais son cœur lui, hurlait à la mort et pleurait de larmes invisibles. 

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