Chapitre 2. Prisonnier
Genji ouvrit doucement les yeux, un mouvement autour de lui l'a réveillé, mais même s' il sentait que ses paupières s'étaient bel et bien ouvertes, il ne pouvait presque rien voir. Uniquement une petite fente juste devant ses yeux. Il réalisa alors qu'il portait un casque recouvrant toute sa tête, et que seule une petite fente laissait passer la lumière de la pièce dans laquelle il se trouvait, une salle très éclairée. Genji essaya de renifler mais il ne sentit absolument aucune odeur, il essaya de bouger la jambe, mais rien, en fait il ne sentait plus rien du tout. Il essaya, en vain, de sentir ses orteils, bouger ses doigts pour se déplacer et se rendit compte qu'il était allongé. Genji se mit à gémir et seul l'un de ses bras répondit à l'appel de ses sens, seulement un seul. Il essaya de le diriger vers sa tête pour enlever ce masque mais il semblait bien plus lourd qu'avant et il le reposa au sol. Tout à coup, il entendit une voix féminine sur sa gauche, et il gémit davantage, en tentant de gesticuler, mais complètement paralysé, il ne put rien faire.
"Niran active sa visière, tout de suite ! dit la voix. Il ne voit rien !"
Tout à coup, tout s'éclaircit devant les yeux de Genji, il retrouva la vue et, avec un petit cri, regarda frénétiquement autour de lui. Il se trouvait dans une pièce blanche et une belle femme blonde était penché à côté de son lit, sa douce présence adouci un peu le chaos dans l'esprit de Genji mais il ne s'arrêta pas de hurler, ou du moins essayer de hurler, car quelque chose obstruait sa gorge.
"Calme-toi, dit-elle, Genji calme-toi, regarde-moi. Tu es sain et sauf."
Mais Genji continua, il détourna le regard implorant de l'aide.
"Mes jambes... mes... bras, ma bouche, parvint-il à articuler dans un anglais approximatif. Libérez-moi !"
Il agita dans tous les sens le seul bras qu'il parvenait à sentir.
"Lena, viens m'aider ! dis la femme".
Une autre voix de femme, plus aiguë, se fit entendre.
"Il s'est réveillé ? Mince. Attends Genji, arrête, tu vas blesser quelqu'un.
-Qui... gémit-il. Qu'est-ce que..."
La deuxième femme, plus jeune, aux cheveux bruns et au regard inquiet pris son bras et le retint avec force.
"Tu es à Overwatch, dit-elle précipitamment."
Mais Genji porta soudain son attention sur autre chose, le bras que la jeune femme tenait entre les siens n'était pas son bras. C'était un bout de métal.
"Qu'est ce que... Mon bras..."
Genji regarda autour de lui avec plus d'attention. Il leva la tête de quelques centimètres pour voir ses orteils mais vit qu'eux aussi étaient fait de métal. Ses jambes, remontant jusqu'à son torse et son cou, tout n'étaient plus qu'acier.
"Qu'est ce que..."
Il dirigea alors son regard vers la jeune femme qui tenait son bras. Elle pleurait.
"Qu'est ce que vous m'avez fait ?" Lui aussi voulait pleurer mais aucune larme ne vint.
"Qu'est ce que vous avez fait !" dit-il s'habituant peu à peu à cette chose qui obstruait sa gorge. Sa voix avait quelque peu changé, elle était plus synthétique.
"Rendez-moi mon bras, rendez moi mes jambes, rendez moi mon visage et ma voix. Qu'est ce que vous avez fait !
-Tu es tombé dans la lave ! dit la jeune femme en pleurs. Tu étais à deux doigts de la mort."
Genji se souvint peu à peu du combat contre son frère et de sa chute dans le lac.
-Il m'a fait tombé, dit Genji déboussolé. Il m'a tué...
-Non, Genji tu n'es pas mort, dit la jeune femme. Regarde-moi."
Elle posa sa main sur le casque de Genji, il s'attendit à recevoir sa chaleur mais il ne sentit rien. Il voulut tant pleurer. D'un geste de la tête il repoussa la main de la femme et il gesticula dans tous les sens.
"Rendez-moi mon corps ! Rendez-moi mes jambes !
-Ca suffit ! dit une voix sévère d'homme. T'as plus de jambes, t'as plus de corps. Tout est tombé dans la lave, tout a brûlé. Tu vas devoir vivre avec ce nouveau corps que tu le veuille ou non. A moins que tu veuilles aller chercher tes membres dans ce volcan toi-même."
Genji repéra un homme sombre assis au fond de la salle.
"Pourquoi tu l'agresse Jack ? dit la femme aux cheveux blonds. Il a déjà assez souffert.
-Qu'est ce que tu veux que je lui dise, répondit l'homme en se levant, qu'il va avoir une belle vie, que toutes les filles seront à ses pieds comme avant, que le monde va l'accepter tel qu'il est ? Il est foutu regarde le. Même pas humain, même pas omniac...
-Tais-toi Jack, s'il te plaît.
Jack grogna et se rassit. Genji, calmé, le reconnut enfin. Il s'agissait de Jack Morrison, le célèbre héros de guerre devenu vieux soldat, capitaine des opérations d'Overwatch. Mais cet homme là n'était plus que l'ombre du grand Jack Morrison, cet homme là n'était plus connu que sous le nom de Soldat 76. Une visière cachait entièrement son visage, il portait un gilet de motard et ses cheuveux avaient virés du blond au blanc. A sa gauche, la jeune femme en larmes qui tenait son bras se nommait Lena Oxton, plus connue sous le nom de Tracer, une célèbre héroïne d'Overwatch. Elle avait 25 ans et son jeune visage regardait Genji avec une empathie déconcertante, elle partageait sa douleur, sur sa poitrine se trouvait un appareil projetant une lumière bleue, lui permettant de filer à la vitesse de l'éclair. La femme blonde à sa droite n'était autre que la Docteure Angela Ziegler, 30 ans, surnommée Ange. Que faisait Genji aux côtés de trois héros d'Overwatch ?
"Qu'est ce que je fais... demanda-t-il."
Il essaya de se lever, mais ses membres ne répondirent pas, une sensation terrible.
"Tu vas devoir attendre un peu Genji, dit Ange avec bienveillance, tes prothèses ne sont pas activées, je suis désolée."
Tracer tenait toujours le bras de Genji, elle ne voulait pas la lâcher mais au moins elle s'était arrêtée de pleurer.
"Hanzo... dit Genji. Où est mon frère ?
-Il s'est enfui quand il nous a vu arriver, grogna Jack au fond de la salle, même Lena n'a pas pu le rattraper.
-C'est Niran qui t'a sauvé, ajouté Ange"
Un homme entra dans la salle, Niran, surnommé Vital. Un sorcier au bras synthétique.
"Tu n'étais plus qu'à deux doigts de la mort Genji, dit Vital. Tes membres inférieurs ainsi que l'un de tes bras étaient bien trop endommagés et nous avons été contraints de te les retirer, il n'en reste presque plus rien je le crains. Tu a utilisé l'un de tes bras pour te retenir de tomber complètement dans la lave, et une partie de celui-ci a survécu, tu l'a encore. En fait, il ne te reste plus qu'une partie de ton torse, un avant bras, et toute ta tête. Mais toute ta peau a brûlé, nous devions donc enfermer tout ça dans une armure. Je l'ai conçu moi-même avec l'aide de Symmetra et de Torbjörn Lindholm. Elle te protégera, Genji, et elle t'alimentera quand tu en auras besoin. Nous pourrons en parler plus en détail."
Genji se tourna vers Tracer qui lui souriait, un sourire plein de compassion, mais il pensait toujours à son frère.
"Et comment vous m'avez trouvé ? dit Genji faiblement. Qu'est ce que vous faisiez au Japon ?
-On était là-bas pour mener une attaque contre ta famille gamin, dit Jack, le clan Shimada. On a pris d'assaut le monastère des assassins, mais le chef n'était pas là. On a donc demandé à nos prisonniers où se trouvait Hanzo et il nous a répondu qu'en ce moment même, il devait être en train d'exécuter son frère, Genji. On savait de source sûre que tu n'avais plus rien à faire avec les assassinats de la famille alors on a vite eu fait de se rendre au volcan et on t'a trouvé toi, en train de faire trempette. Mais Hanzo était déjà loin.
"Non, il était là, il venait de s'en aller... dit Genji, je l'ai vu."
Jack leva la tête.
"Tu saurais pas où il a pu aller par hasard ?
-Il a dû retourner au monastère, il n'était pas au courant de l'attaque."
-Alors ça veut dire qu'on l'a raté de peu, râla Jack. Merde !
-Mais si on était resté, on aurait pas pu sauver Genji, Jack, ajouta Ange.
-Ouais, c'est ça, grogna Jack dans sa barbe."
Genji pensa que Jack avait raison, c'était de sa faute si Hanzo n'avait pas été arrêté. Avec en tête son frère, il s'endormit.
Il se réveilla dans une pièce beaucoup plus sombre, toujours dans son corps de métal. Il leva l'un de ses bras, le droit, et à sa surprise, sa prothèse fonctionnait. Il pouvait presque sentir des nerfs s'agiter dans son bras, son cerveau parvenant à communiquer à son nouveau bras ce qu'il voulait lui faire faire, avec une aisance égalant celle des nerfs organiques. Genji fit lentement des mouvements circulaires avec sa nouvelle épaule et plia ses doigts synthétiques. Il fit de même avec son autre bras, tous deux semblaient bien plus légers que lorsqu'il s'était réveillé paralysé. Ses jambes, elles aussi, lui obéirent, des jambes soigneusement articulées, avec des fibres solides reliant chaque partie. Mais Genji avait froid, terriblement froid, il lui suffit d'un léger frisson près du cou pour que son armure régule automatiquement la température de son corps, stabilisant celle-ci à un peu plus de trente-sept degrés. Genji posa sa main sur sa poitrine mais il ne sentait plus son cœur battre, de petites fibres au bout de ses doigts avaient été placés pour qu'il puisse retrouver un semblant de toucher, mais les couches de métal qui séparait désormais son cœur de sa main, rendait impossible toute impression d'un battement. En fait, son cœur ne battait même presque plus. La majeure partie de son corps ayant disparu, le reste n'avait plus besoin d'autant de sang. Un cylindre avait donc été placé par Niran autour de son cœur pour réguler ses pulsations.
Genji ressenti tout à coup cet inconfort qu'il avait ressenti quelques heures plus tôt dans le lit d'hôpital, cette sensation de ne pas être dans son corps couplé d'une claustrophobie saisissante. Genji qui avait toujours été très vivace et agile se trouvait maintenant dans un corps lourd et froid. Et ce casque, cet horrible casque qui le coupait du monde, il était dans une prison de fer qui constituait désormais son propre corps. Mais cette prison, il ne pouvait pas non plus s'en passer pour vivre. En quelque sorte, il était sa prison. Comment le supporter. Genji, paniqué, se leva brusquement, tenta de se lever mais tomba à la renverse dès qu'il lâcha son lit. Avec un énorme bruit de métal, il s'écrasa au sol, et ressenti une vive douleur sur tout le bout de torse qui lui restait. Il gémit et frappa son casque contre le sol pour essayer de le briser, mais il n'y parvint pas. Il voulait tant recouvrer sa vie d'avant, et pouvoir sentir l'air, ou même la douleur. Et tout à coup, il ressenti de la haine, envers son frère, qui avait tenté de l'assassiner et l'avait laissé pour mort par simple jalousie. Ce lâche qui avait laissé brûlé son propre frère devant ses yeux, et tout ça pour rien, car la famille Shimada n'existait même plus. C'était de la faute de son frère si désormais il devait vivre dans cette horrible armure. Où que dut se trouver Hanzo en ce moment, Genji souhaita qu'il fusse aussi seul que lui.
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