Chapitre 11. Frères
Genji sortit du monastère, plus requinqué que jamais, et prêt à débuter la prochaine étape de la découverte de son nouveau corps : La reprise de son entraînement. Durant les jours passés, il avait décrit à Zenyatta à quelle sauce il avait été mangé pendant toute son enfance, tous les art martiaux qu'il avait étudié et appris à maîtriser aux côtés de son frère et l'omniac réalisa que Genji n'avait pas été épargné. On avait pratiqué sur son corps jeune des techniques que l'on applique seulement aux adultes, on lui avait appris la résistance, la tonification des muscles, l'endurance, la gestion du stress en combat, la façon dont il fallait prévoir les coups de l'adversaire tout en préparant ses propres coups et ceux qui allaient suivre. On l'avait formé à encaisser encore et encore, pour épuiser son adversaire et enfin pouvoir l'abattre. Les Shimada lui avaient appris à devenir une véritable machine à tuer infatigable. Et tout ce savoir se trouvait encore dans l'esprit de Genji, il ne lui restait plus qu'à le transmettre à son nouveau corps, et à ses nouveaux sens.
Zenyatta avait préparé une véritable aire de combat à l'extérieur du monastère, où des mannequins de bois étaient disposés sur le sol de pierre enneigé.
"Avance toi vers eux, ordonna Zenyatta"
Genji avança, les pieds dans la neige, jusqu'à un premier mannequin. Il lui fit face, et revit instantanément le mur en bois sur lequel son père lui ordonnait de frapper inlassablement pour renforcer ses phalanges. Il sentait à nouveau la douleur et le sang qui coulait de ses plaies alors qu'il frappait encore et encore. Genji ferma le poing et rouvrit les yeux, puis frappa, d'un coup sec, le mannequin qui tomba à la renverse. Il s'attendait à ressentir la douleur qui lui faisait souffrir les os autrefois, mais rien, car son poing était désormais fait de titane. Il contempla celui-ci et se rendit compte de la force qu'il avait en lui. Ses poings ne lui feraient plus jamais mal. C'est alors qu'il s'attaqua un par un à tous les autres mannequins disposés pour lui, il frappait en coup de vent, rapide comme l'éclair. Ce premier coup donné au mannequin de bois lui avait fait revivre des souvenirs d'entraînement dont il croyait ne plus jamais avoir besoin. Il sauta, frappa, fendit l'air et la neige qui tombait du ciel, emplit d'une énergie semble-t-il inépuisable. Ses bras et ses jambes lui obéissaient comme avant, ceci dit, ses coups étaient donnés avec bien plus de précision, ses membres infatigables exécutaient au millimètre tout ce que Genji leur disait de faire. S'il voulait sauter à deux mètres de hauteur, ses jambes déployaient la puissance nécessaire, et Genji se retrouvait à deux mètres du sol et pas un centimètre de plus. Si le cyborg voulait frapper d'un coup sec dans le foie de son adversaire, ses bras attaquaient à l'emplacement exact. Ses coups n'avaient jamais été aussi précis, voilà ce qu'il était devenu. Un incroyable combattant indéfectible et infatigable.
Avec Zenyatta, Genji construisit des outils qui lui permettaient de combattre comme il aimait le faire auparavant. Ainsi, il s'arma de shurikens qu'il plaça dans des compartiments conçus à l'intérieur même de son bras, et qu'il pouvait donc déployer à n'importe quel moment. Il n'avait qu'à fermer le poing d'une certaine manière et trois shurikens aiguisés lui venaient directement dans les doigts. Genji conçut deux fourreaux, un grand et un petit qu'il plaça dans son dos et dans lesquels il inséra une grande et une petite lame, qu'il a lui-même forgé. Durant des jours il s'entraîna, avec son nouvel attirail tout frais, et totalement dévastateur. Genji lançait des shurikens à tout va, avec la puissance mécanique dont il disposait, il ne ratait presque jamais ses cibles. Il se rendit enfin compte à quel point il était fort, et il voyait l'étendue des possibilités que lui offraient son armure. Genji commença même, tout doucement, à aimer ce nouveau corps qui le rendait si fort, si rapide, si agile, si discret, si précis. Rien ne serait plus jamais comme avant, il le savait, et l'acceptait doucement.
Au cours des séances de méditation avec Zenyatta, des souvenirs de son ancienne vie lui venaient, il se voyait alors lui-même, déambulant dans des fêtes foraines à Hanamura, aux côtés des ses amis. Bien sûr, ils lui manquaient tous, mais il ne ressentait plus de la tristesse ou du regret en y pensant, plutôt une forme de nostalgie le faisant accepter que ces moments font partie du passé.
"Ta nouvelle condition ne t'empêche pas de vivre des moments similaires, sache-le, dit Zenyatta.
-Je le sais bien, répondit Genji, mais ça sera forcément différent. Les humains ne me verront plus jamais comme eux.
-Est-ce un problème ?
-Je ne crois pas."
Zenyatta sut qu'il n'avait rien à ajouter, mais une chose encore restait à faire. Même si la deuxième étape de l'acceptation de Genji n'était pas encore tout à fait terminée, la troisième n'avait été que brièvement abordée et le cyborg ne s'y était pas penché lui-même, trop occupé à Apprendre. Ce qui lui restait à faire, c'était Pardonner. Pardonner au monde et au destin, qui l'avaient contraint à vivre dans une armure pour le restant de ses jours, mais surtout pardonner à son frère Hanzo, l'origine même de tous ses maux.
"A présent parle moi de ton frère, dit Zenyatta."
Genji ouvrit les yeux, et fronça les sourcils sous son casque, étonné.
-Pourquoi cela ? demanda Genji.
-Eprouves-tu toujours autant de colère à son égard ?
-Bien sûr que oui, c'est lui qui m'a...
-Quelle importance désormais ? coupa Zenyatta, sachant pertinemment ce qu'allait dire son apprenti. Tu aimes ton nouveau corps, n'est-ce pas ? Alors pourquoi lui en vouloir de t'avoir plongé dans la lave puisque tu en est ressorti plus fort encore.
-Parce qu'il m'a plongé dans la lave Maître, justement ! Il avait l'intention de me tuer !
-Mais son acte t'a permis d'évoluer. Le haïr ne sert plus à rien.
-C'est mon frère ! Il a tenté de m'assassiner, il n'avait aucune intention de me faire évoluer, ou de me rendre plus fort, il voulait m'envoyer en enfer c'est tout. Si je suis en vie et si j'ai ce nouveau corps justement, c'est parce qu' Overwatch m'a sauvé, ce n'est pas grâce à lui que je suis comme ça enfin !
-Mais s'il ne t'avait pas envoyé dans ce volcan, tu ne serais pas là aujourd'hui ! Tu serais toujours bloqué dans ton adolescence et tu serais faible comme avant.
-Vous ne savez pas qui j'étais avant cela !
-J'en ai eu un petit aperçu quand tu es arrivé et que tu m'a supplié de redevenir un bourreau des cœurs pour les filles, un jeune paresseux qui passe sa vie à faire la fête dans des bars sans but. Tu serais resté comme ça et pour combien de temps encore. Hanzo t'a évité ça.
-Vous vous entendez parlez ? Je devrais remercier Hanzo d'avoir essayé de me tuer juste parce que sa tentative de meutre m'a sorti de mon petit quotidien ?
-Je ne te demande pas de le remercier, mais de le pardonner. Tu a accepté ta condition, tu n'a donc plus aucune raison d'en vouloir à qui que ce soit.
-C'est vous qui le dites. Ce n'est pas comme s'il avait essayé de me tuer en ayant la certitude que j'allais être sauvé et transformé en ça. Il m'a jeté dans ce précipice en voulant ma mort.
-Tu te mens à toi-même, tu sais que ce qu'il s'est passé là bas est bien plus compliqué que ce que tu ne veux le faire croire."
Genji se rappela alors le regard que lui avait jeté Hanzo lorsqu'il était tombé dans la lave, ce n'était pas un regard haineux, mais plutôt d'incompréhension, comme s'il n'avait pas contrôlé ce qu'il venait de faire.
Non.
Genji se leva.
"Non, c'est faux ! Il voulait que je meure parce qu'il m'a toujours haï, depuis notre enfance. Je le battais au combat, j'étais plus populaire que lui et il a toujours été persuadé que notre père m'aimait plus qu'il ne l'aimait lui. Et quand il a enfin pris la tête de notre famille comme il l'avait toujours souhaité, il est devenu tellement paranoïaque qu'il s'est mis à voir des concurrents à son trône partout, même en moi. Il me détestait et il a voulu m'assassiner lâchement c'est aussi simple que ça. Voilà qui est mon frère. Comment voulez-vous que je lui pardonne une telle chose ?"
Zenyatta ne répondit pas, il y avait définitivement encore beaucoup de travail à faire.
"Avez vous pardonné à votre autre frère, le Démon Omniac Ramattra, toutes ses tueries de masse ? Lui avez vous pardonné la transformation d'omniacs de votre race en machines à tuer inconscientes de leurs actes. Lui avez vous pardonné la guerre qu'il est entrain de mener contre l'humanité faisant des millions de morts ?"
Zenyatta prit un moment pour considérer les paroles de Genji. Comment savait-il que Ramattra était son frère ? Avait-il vu les peintures dans l'arrière-cour ? Zenyatta s'était pourtant donné tant de mal pour les cacher.
"Non, répondit-il enfin."
Genji contempla le Moine Gris, en percevant pour la première fois une faiblesse dans sa figure sage, il sortit de la salle en le laissant seul avec ses démons.
Il n'était pas là quand Hanzo m'a transpercé d'une flèche, il ne peut pas comprendre, se dit Genji.
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