Buddy !!
Dire que je suis dans la merde serait un euphémisme outrageant. J'en ai ras le bol. Ras le bol de cet asile. Ras le bol de ceux qui y vivent et ras le bol de ma connerie. En y repensant, se rendre ici car simplement intriguée par les propos douteux d'un oncle complètement saoul n'avait rien d'une bonne idée. Mais il a toujours fallu que je prenne mes décisions sans réfléchir. Agissant par impulsion et poursuivant mon instinct. Quelle conne. Alex Johnson va crever, éviceré par un fou qui s'amuse à jouer les chirurgiens amateurs dans un asile rempli de démon. Mes parents vont être tellement furax si jamais par miracle on retrouve mon corps. Parfois je m'en voudrai presque d'être moi-même. C'est ça qui me conduit à finir ligotée sur un lit face à un pseudo docteur qui apparemment à comme passion de manipuler des objets tranchants tout en parlant business et Martini. La pièce où cet énième dingue m'a emmené ressemble, particulièrement au niveau de l'odeur, à des toilettes crades. C'est le lieu que je recherchais avant de tomber brutalement dans l'inconscience, seulement j'aurais adoré m'y rendre dans un contexte différent que celui-ci. Puis ce type me file les jetons rien qu'à sa manière de siffloter, de se mouvoir, de.... De vivre ! Il est calme. Presque poli. Comme si cet endroit et tout ce qu'il dégage ne l'affecte pas le moins du monde. Il continue son petit train-train quotidien sans se soucier du reste. Ses longs doigts osseux traînent lentement le long de ma jambe. Partant de mon genoux avant de chatouiller mon tibia et finalement donner une pichenette du bout de l'index sur le bout du nez d'une de mes licornes. Putain de sans gêne le type.
- Évitons les erreurs d'amateurs cette fois, n'est-ce pas ? Soupire avec un amusement incompris le fou en caressant de son index la lame d'un couperet déjà couvert de sang.
Niquel. Si je n'ai pas comprit ces mots sur le moment, une illumination m'a frappée quand la lame est venue chatouiller ma cheville droite. La panique ne tardant pas à gagner mon être, il ne m'en faut pas plus pour commencer à gesticuler en hurlant une ribambelle d'insultes au milieu de quelques supplications toutes plus inefficaces les une que les autres. Il compte sérieusement me trancher mes putains de pieds ? Sans anesthésie ? Ça aurai été le mini- ×××
Un gémissement étouffé franchi mes lèvres lorsque le couperet se fraye un chemin à travers ma chaire. Tout mon corps se crispe, comme paralysé. Mes vêtements trempés de sueur se collent à ma peau pâle tout comme les quelques mèches brunes qui s'échappent de ma queue de cheval. Les larmes roulent sans mal le long de mes joues, brouillant ma vision juste avant que je ferme les paupières. Le métal froid continu de lentement charcuter ma cheville sous le sifflement jovial de son propriétaire. Mais avant que le docteur du dimanche ne parachève son opération foireuse, quelque chose le fit brusquement reculer. Le poussant à abandonner sa séance de charcuterie pour un temps. En ouvrant à nouveau les yeux j'eus le bonheur d'entendre une voix familière grogner un somptueux "Enculé", avant d'apercevoir une silhouette nouvelle dans la pièce. Un homme abordant une blouse blanche et sale, le poing enfoncé dans la gueule du malade, luttant pour envoyer ce dernier au tapis par la force. La seconde qui suit le fou se retrouve à terre, le cul au planché et un air particulièrement agacé au visage. Tout en marmonnant une connerie à propos d'un prix d'équilibre, il commence à se relever en cherchant son arme à taton, le couperet lui ayant échappé. Par chance, l'homme en blouse blanche lui envoie un brillant coup de pied dans la mâchoire qui cette fois l'assome pour de bon, son crâne rencontrant brutalement le planché. Après avoir contemplé le corps inerte du soi-disant docteur un certain temps pour s'assurer qu'il ne se relèverait pas de si tôt, mon tant attendu sauveur se tourne vers moi avec une expression dépitée, voir carrément exaspérée.
- Putain de merde Al ! Qu'est-ce que tu fous dans un merdier pareil !
- Tu sais quand aux repas de famille de mamie je te balance tout un tas de connerie comme quoi je suis contente de te voir ? Bha pour la première fois je peux te le dire sincèrement ! Tonton j'ai jamais été aussi contente de te retrouver !
Mon oncle roula des yeux en marmonnant un "sale gosse" assez fort pour que je l'entende avant de défaire les sangles qui emprisonnent mes membres (toujours entiers dieu soit loué !).
- Comment tu t'es mise en tête une idée aussi conne que celle de te pointer ici ? Comment est-ce que t'as trouvé cet endroit déjà ? Rumine-t-il en secoua la tête d'un air désapprobateur.
- C'est toi qui m'en a parlé. Ton job de merde, les expériences illégales, Murkoff... Tout quoi.
- Conneries. Jamais je ne-
- Le réveillons de Noël. T'étais saoul.
D'abord perplexe, Oncle Joe semble soudainement se souvenir de la soirée familiale, semblant regretter tout un paquet de truc au passage. Préférant le laisser encaisser le choc des événements remémorés, je profite d'avoir le haut de mon corps libéré pour défaire moi-même les sangles qui entourent mes jambes. Merde... Ma cheville pisse le sang. L'entaille est profonde et je ne peux certainement pas la remuer sans en souffrir. Il faut trouver quelque chose pour stopper le sang, pour le reste je vais sûrement devoir me déplacer comme une truie en m'aggripant à mon oncle. Joie. Tout ce sang me rappelle inévitablement celui qui s'échappe entre mes cuisses. Si je me base sur mes sens je dirais qu'on est proche de l'inondation. J'espère pouvoir renouveler ma couche de papiers toilettes avant d'atteindre le stade des chutes du Niagara. Du regard je fouille la pièce en espérant trouver de quoi stopper, ou du moins ralentir une des hémorragies, mais mon oncle attire mon attention d'un claquement de doigt avant que je ne puisse trouver quelque chose d'utile.
- Al. Commence d'un ton solonel le scientifique. Je présume que tes parents ignorent où tu te trouve. Portable ou non, il n'y a pas de réseau ici. On est seul dans cet enfer. Je vais pas te faire de leçon de morale ou t'interroger pour savoir ce que tu fous ici. On n'a pas le temps pour ça. Si on s'en sort vivant on pourra s'estimer heureux. Je m'occupe de ta cheville puis on se tire de là, vu ?
En réponse je me contente d'acquiescer silencieusement, ne voyant aucun inconvénient à foutre le camp de cet endroit au plus vite. Je pense pouvoir compter sur mon oncle pour nous tirer de là bien qu'on ne soit pas particulièrement proche. Joe Johnson. JJ pour les intimes mais personne ne l'appelle comme ça. Un type sérieux qu'on ne voit presque jamais. Sa présence au dernier repas de Noël relève du miracle. Son boulot l'oblige à s'absenter pendant des mois voir des années. Avec les cousins on se demandait bien dans quel genre de truc foireux il s'était plongé et maintenant je risque d'y sombrer avec lui. Cool. Bref tout ça pour dire que Oncle Joe je ne l'ai pas croisé souvent mais ici sa présence à quelque chose de rassurant. Son esprit pragmatique nous sera très certainement nécessaire. La preuve en est qu'il se trimbale avec deux ou trois rouleaux de bandages sur lui. Ça suffira à atténuer une coulée de sang sur deux. En tout cas je ne suis plus seule dans cet asile face aux démons et aux frappas-dingues. Je devrais peut-être le questionner à propos de ce que j'ai vu plus tôt d'ailleurs. Ce... cette chose. Le Walrider ou peu importe son nom. Il a sûrement des infos à son propos puisqu'il bosse dans ce foutoir depuis près de 15 ans.
Une fois le bandage bien en place autour de ma cheville, Oncle Joe me fait signe de bouger de là. Grâce à son aide je réussis à me tenir debout bien que la douleur est difficile à ignorer. Je m'estime heureuse de ne pas avoir perdue un membre mais j'arrive à peine à marcher. Sans mon oncle j'aurais dû me débrouiller à cloche-pied, ce qui est plutôt chiant. C'est donc en prenant appuie sur son épaule que j'arrive à me diriger vers la sortie de la pièce. Par habitude je jette un coup d'œil dans mon dos pour m'assurer de ne rien avoir oublié. Hormis les outils de travail du chirurgien amateur et son corps étendu à terre il n'y a rien. Cependant l'impression qu'il me manque quelque chose d'important me saisie et c'est après quelques secondes de réflexion intense que la réponse me frappe. Mon sac. Mon sac et ma caméra. Tout deux ont disparus. Où est-ce que ce foutu docteur les a foutus ? Sans ma lampe disco je n'arriverais pas à me déplacer dans le noir à moins qu'Oncle Joe ne se trimbale avec une source de lumière. Et puis il y'a mon Big Mac, hors de question de le laisser pourrir ici ! Quant à ma caméra, vu son prix j'espère bien la retrouver.
- Tonton, t'aurais pas vu un sac dans le coin ? Avec une caméra ?
Le cinquantenaire fronça les sourcils un instant avant de déduire par lui-même la réponse à une de ses interrogations et de me répondre.
- Rien de tel. On va essayer de s'échapper par l'ascenseur, avant ça on doit en trouver la clé. On retrouvera peut-être ton sac en chemin.
- Un ascenseur avec une clé ? Relevais-je avec étonnement.
- C'est une simple mesure de sécurité qui est juste emmerdante dans le cas présent. Al je peux te demander quelque chose ?
- Euh ouais ?
- Pourquoi t'as des putains de licornes au bout des pieds ?
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