Chapitre 9 (Première partie)

PDV Lisa :

Le printemps venait déposer sa tiédeur sur la plaine rocailleuse de Stardin. Bien que ce soit la région la plus froide de l'Outerground, l'air savait adoucir la neige éternelle, qui fondait à moitié pour former des blocs de glace solides comme de la roche. Aujourd'hui, je déambulais dans les rues du petit village, bondées cette semaine à cause du vide grenier. Des monstres et humains géraient des stands, d'autres achetaient des choses dont ils voulaient se débarrasser. J'aimais bien ces genres de marché, il y avait toujours des objets uniques à récupérer.

Sauf que d'habitude, je n'avais pas un garde du corps qui jouait les espions...

Moi : Epic... Soupirai-je pendant que le squelette violet qui avait mis des habits de civils marchait à côté de moi. Tu ne devrais pas rester ici, tu risques de te faire repérer.

Epic : Ça va aller, Bruh. Assura mon mentor. Et puis, je dois te protéger je te rappelle.

Moi : Il y a peu de chance que je me fasse agresser en pleine foule. Objectai-je. Et puis, je peux me défendre toute seule.

Epic m'adressa un regard septique.

Epic : Tu parles, à chaque fois que je te laisse seule il t'arrive un truc.

Moi : Heeey, c'est faux ! Contestai-je, froissée. Il y a la fois où je t'ai sauvé la vie contre Scroundrel et l'autre fois contre Dust !

Epic : Mais je t'ai sauvé trois fois de Killer, trois fois de Horror, deux fois de Dust, cinq fois de...

Moi : On lance un concours, ou quoi ? Râlai-je.

Epic : Bah, je te batterai à plat de couture. Répliqua-t-il d'un air suffisant.

Je croisai les bras et baissai les yeux, vexée par ses dires.

Moi : Pourtant j'aimerai que tu n'aies pas à me battre. Baragouinai-je avec amertume.

Epic : De quoi ? Demanda l'œil zébré qui n'avait pas saisi ce que je marmonnais.

??? : Hey, Sans, sympa ton maquillage. Commenta un monstre qui s'était arrêté en faisant allusion à la cicatrice de mon Sansei.

J'avalai difficilement ma salive. C'était Canisse, un des anciens membres de la garde royale. Il avait pris Epic pour Sans d'Outertale. Je donnai un coup de coude au squelette déguisé, qui fit deux quintes de toux avant de répondre.

Epic : Heya, B... Canisse... j'espère que tu passes une ossi bone journée que nous.

Canisse : Je cherche Canibelle, je ne la sens nulle part avec toutes ces odeurs différentes. Vous ne l'auriez pas vu ?

Je pointai du doigt une direction au hasard afin d'éloigner le chien avant qu'il remarque quoi que ce soit de suspect.

Moi : Euh... Canibelle ? Il le semble l'avoir vu par-là.

Soudain, la chienne bipède surgit vers nous, venue de la direction opposée. Je déglutis.

Canibelle : Ah ! Te voilà ! Dit-elle à son compagnon. Désolée de m'être éloignée, j'achetais des hot-cats au stand de Sans.

Canisse : Sans ??? Mais il est là !! S'étonna le pauvre chien en pointant Epic du doigt.

Seulement son index ne montra que du vide. Mon mentor et moi nous étions déjà enfuis en nous téléportant dans une rue que personne n'empruntait.

Moi : Bravo, hein ! On a failli se faire prendre ! Reprochai-je à l'inconscient. Ink t'aurais encore passé un savon.

Epic : Et bien ce n'est pas arrivé. Rétorqua-t-il avec un sourire fier. T'en fais pas, je sais parfaitement ce que je fait, Bruh !

Moi : Mouais... N'empêche qu'on aurait pu avoir de gros ennuis...

Un petit chapiteau bleu ciel attira soudain mon attention. On aurait dit une sorte de tente de voyance. Un petit enfant rondouillard avec un costard de la même couleur en sortit. Et lorsqu'il nous remarqua, son visage s'illumina.

??? : Oh ! Des clients ! Enfin !

Nous échangeâmes un regard avec Epic. Qui était ce petit ? Je ne l'avais jamais vu avant. Venait-il de la Terre ?

Il courut vers nous en nous faisant de grands signes. Visiblement sa clientèle ne courait pas les rues... Littéralement. Nous étions dans boyaux de Stardin, que s'attendait-il à trouver ici ? Il se planta devant nous et nous dit sa présentation.

??? : Salutations, chères personnes ! Mon nom est Noédig mais vous pouvez m'appeler Noé !

Moi : Euh... Enchantée...?

Epic : C'est quoi ce prénom à la con ? Pouffa mon mentor.

Noé lui fit les gros yeux, mais se reprit rapidement après et poursuivit. Avec un sourire assuré, il fit de grands gestes théâtraux en désignant sa tente.

Noé : Je suis un humble voyant voyageant de marchés en marchés. Vous demandez-vous quel travail vous aurez ? Qui vous fera vivre le grand amour ? Si vous me donnez une pièce, je peux vous dévoile votre avenir !

Ce petit bonhomme avait apparemment bien travaillé ton texte. Je me forçai à sourire, tentant de décliner poliment la proposition.

Moi : C'est gentil, mais... Je ne souhaite pas connaître mon avenir. Je m'aime pas la notion de destin, désolée...

Seulement cet enfant utilisa une technique imparable. Il plaqua ses mains sur ses joues et me fixa avec intensité, iris baignées de reflets comme s'il s'apprêtait à pleurer.

Noé : S'il vous plaiiiiiiiiiiiiiiit...!!

Je me mordis la lèvre. Même si je me doutais que ce n'était qu'un escroc, cette petite bouille me faisait vraiment pitié. Je soupirai et sortis finalement un gold de ma poche.

Moi : Bon... D'accord, une petite séance alors.

Il sauta de joie, prit la pièce et fonça jusqu'à son chapiteau.

Noé : Allez, venez ! Nous invita-t-il une dernière fois avant de disparaître derrière la grande toile qui servait d'entrée.

Je suivais tranquillement ses pas tandis que Epic replia ses bras sur sa cage thoracique en bougonnant.

Epic : Sans façon, Bruh. Refusa Epic les bras croisés.

Moi : Roooh, Epic. Fis-je en roulant les globes. Tu pourrais faire un effort.

Epic : Il ne va pas arrêter de te dire des stupidités, genre... Ta ligne d'amour sera longue et merveilleuse ! Franchement ça vaut pas le coup.

Moi : Et alors ? Ça reste marrant à voir.

Mon Sansei s'adossa au mur d'une maison en boudant.

Moi : Très bien... Soupirai-je. Tu m'attends ici.

Je rabattis alors le rideau pour pénétrer dans la grande tente où m'attendait Noé. L'intérieur ne ressemblait pas à ce que laissait présumer l'extérieur. Pas du tout même... Les tons étaient nuancés de couleurs chaudes au lieu du blanc et bleu ciel. Je clignai plusieurs fois des yeux pour mieux me rendre compte de l'état des lieux plongés dans la pénombre. C'était... une pièce ? Oui, une sorte de cabinet de travail avec des murs noirs en pierres taillées, de grands tableaux les ornant, une cheminée crépitante au fond, derrière le bureau. En me retournant, je vis qu'une porte avait laissé place au voile de la tente.

Ma gorge se serra. Je ne le sentais pas du tout, là... Où est-ce que j'étais, au juste ?

Ça m'étonnerait que ça fasse partie de la prestidigitation de Noé. Mon bon sens me conseilla de foncer vers la porte pour revenir illico presto près d'Epic. Mais lorsque je voulus l'ouvrir, elle se révéla verrouillée. Je tirai la poignée comme une furie, un pied appuyant sur le mur de briques noires. Je pus entendre comme un grognement, et brusquement, la porte sembla prendre vie, ouvrant un œil énorme et bigleux, ainsi qu'une bouche dentée tirant une langue rouge et verreuse.

Porte : Dis donc, faut pas se gêner !

Un cri terrifié s'échappa de mes lèvres alors que je faisais un bond en arrière, cheveux dressés sur la tête. Brutalement, je fus plongée dans les ténèbres complètes, comme un flash noir. Je fis volte-face. Le feu de la cheminée s'était éteint. La lumière revint tout aussitôt, grâce à des torches accrochées aux murs qui étalaient sur la pièce une lueur bleue flamboyante, révélant l'apparition d'un nouveau squelette, nouveau Sans vêtu comme un bourgois, avec costume élégant black and jaune ayant une capuche avec nœud papillon. Un petit chapeau haute forme flottait au-dessus de sa tête, et il tenait une courte canne luminescente dans sa main. Je reculai, joignant mes poings, sur la défensive.

??? : Ooooooh, mais dis donc, je ne m'attendais pas à recevoir le colis aussi vite ! Clama-t-il d'une voix forte qui vibrait dans les oreilles. Comme une lettre à la poste dirait-on !

Je voulus m'éloigner à reculons, seulement au moment de s'élancer mes chevilles furent soudainement enchaînées au sol. Je basculai en arrière, prête à tomber, quand mon corps se remit droit tout seul, semblant être soumis à une magie télékinésique. Mon regard se croisa alors avec celui du maître des lieux, qui me fixait avec des yeux en amendes dont les rétines étaient d'un jaune doré et les pupilles fines et hautes comme celles d'un chat ou d'un serpent. Accompagné d'un sourire fendant sa face jusqu'aux temporaux, il ressemblait à une créature cauchemardesque vivant à l'intérieur d'une enveloppe osseuse.

??? : Et bien, Lisa, un soucis ? Tu es pâle comme l'anti-void !!

Désorientée, je secouai la tête pour remettre mes pensées en place, sans succès. Soudain le squelette se démultiplia, une fois, deux, quatre fois, tous m'encerlant. Je fermai les yeux, tétanisée, en espérant juste que c'était un mauvais rêve.

???1 : Mais qu'est-ce qui se passe, on lui fait peur ? Demanda le premier.

???2 : Ooooh, la pauvre chérie, elle tremble de terreur ! Déplora le second.

???3 : Mais tu n'as pas à avoir peur, voyons ! Susurra le troisième, ses mains sur mes épaules qui se crispèrent. On va être gentil !

???4 : Et tant que tu seras ici, n'espère pas pouvoir t'enfuir avec tes précieux portails, tu es coincée avec nous !

Mais alors que j'étais en état de détresse totale, courbée en avant, suffocante, talon des mains contre les tempes, une mélodie se fit entendre au loin. Mélodie jouée par des cuivres, craquant légèrement à la manière d'un disque vinyle, accompagnée par une voix de femme digne d'un vieux blues du milieu du vingtième siècle.

♪♪Weeeeeeee'll meet agaaain,
Don't know wheeere, don't know wheeeeeeen♪♪

Les squelette clonés s'arrêtèrent subitement, et ne redevinrent plus qu'un, en même temps que leurs orbites prirent une teinte plus... normale ? Avec fond noir sur iris jaunes pâles. Progressivement l'ambiance se métamorphosa, les chaînes autour de mes jambes tombèrent en poussière, les couleurs se firent moins sombres, l'éclairage plus naturel, et le comportement de ce squelette effrayant changea drastiquement.

??? : Oh, excuse-moi un instant, j'ai un appel...

Tandis que je me redressai tout doucement, recommençant à respirer, il fit apparaître un téléphone très vieux modèle, la boîte téléphonique dans une main et le combiné dans l'autre.

♪♪But I knooow, we'lllll meet again
Sooome sunny daaaa-

Il décrocha.

??? : Allô ouiiii, vous êtes bien chez Kidnapping King®, que puis-je faire pour vous ?

Une voix répondit dans l'interphone, impossible à identifier.

??? : Ah, c'est vous qui avez commandé une brunette à lunettes avec supplément cris effrayés ? Elle est juste devant moi et... (Il fit mine de vérifier.) Oui, c'est bien menu enfant, oui. Je vous l'envoie tout de suite, vous réglez la note ?

Je ne pris même pas en compte le "menu enfant" tant je m'évertuais à reprendre mes esprits.
Ok.
Whouaw.
Je ne comprenais rien mais ok.
Examinons deux secondes la situation...

Tout ce que j'avais besoin de savoir était qu'on l'avait appelé,
Que c'était bien pour moi,
Que ça devait être un des sbires de Nightmare.
Ah, et que ce sale gosse était un vrai crevard.
J'en conclus donc que je devais sortir IMMÉDIATEMENT d'ici.

Pendant que le maître des lieux dialoguait, mon regard se posa sur une grande vitre qui avait pris sans logique la place de la cheminée. Selon lui tant que j'étais là, pas de portails. Donc en sortant de sa maison, je pourrais sans doute ouvrir une brèche sur Outertale.

??? : Hein ? Comment ça c'est trop cher ? Râlait, ou faisait semblant de râler le squelette en costume. Écoutez, c'était marqué sur le menu, allez voir : une caisse de vin rouge de chez Ccino pour une brunette à lunettes. Et alors ? Trouvez un moyen de vous déplacer dans les univers, nous avons fait un deal, à vous de le respecter ! Mais je m'en fiche de qui est votre patron, c'est pas mon problème, vous pouvez me donner votre âme sinon ! Ah oui oui, ça paye n'importe quel service. Quoi, non ? Oh, une seconde ne raccrochez pas, je crois que votre commande essaie de filer à l'Anglaise.

Il enleva l'écouteur de ce qui lui servait d'oreille et couvrit le micro avec sa paume gantée tandis que, postée devant la grande paroi de verre, j'invoquai une batte et la levai afin de briser la glace. Je plissai des sourcils perplexes en examinant au travers. Il n'y avait rien, à part... Du ciel. Du ciel gris jaunâtres et des nuages noirs. Je baissai les yeux, figée. On était... dans les airs ???

??? : Eh, si tu pouvais éviter de casser cette fenêtre, tu n'imagines pas combien de fois j'ai dû la faire réparer !

Je n'écoutai pas et frappai la vitre de toutes mes forces. Le squelette soupira, et juste avant que la matière d'énergie jaune ne se confronte au verre, je me retrouvai propulsée en arrière, tombant sur les fesses. Des bras humains désarticulés surgirent tout à coup de sous la moquette, s'assemblant pour former une cage. Elles saisirent une chaîne bleue électrique qui pendait au plafond, tirèrent d'un coup sec vers le haut. La base qui me soulevait en l'air était elle aussi constituée de membres humains se tenant bras dessus bras dessous ; des bras mouvants, tièdes, veineux, vivants. J'étouffai un hurlement d'horreur dans mes mains.

??? : Ne va pas essayer de t'envoler, aux dernières nouvelles tu n'es un pigeon qu'au terme métaphorique. Commenta-t-il avec une pointe d'humour, en s'élevant lui-même à mon niveau, mais en tailleur, comme s'il était assis sur une table.

Il reprit alors normalement sa conversation avec son interlocuteur.

??? : Écoutez, si vous ne pouvez pas apporter le vin, vous devez me donner votre âme. Pire qu'à Pôle emploi ? Vous exagérez ! Et bien demandez à votre Boss, je ne sais pas, moi... Comment ça il ne peut pas ? Dommage, dans ce cas tant pis pour v...– Ah, vous allez vous débrouiller ? Je garde la marchandise en attendant ? Parfait alors, à tout à l'heure !

Il raccrocha. Le téléphone s'éclipsa dans un "POUF" nuageux. Tout en me considérant avec un grand sourire, il frappa dans ses mains, ce qui me fit sursauter.

??? : Bon, j'imagine que ça nous laisse le temps de faire connaissance ! Dit-il en levant son chapeau en guise de salutations. Laisse moi me présenter, mon nom est William Crypto Cipher!Sans, mais tu peux m'appeler Bill ou bien mon Maître, mon Seigneur, mon Roi, mon Suprêmissime...!

Moi : ...euh.... je....euh....

J'étais recroquevillée au centre de la cage, tous membres collés à mon abdomen pour avoir à toucher le moins possible les barreaux charnels qui me confinaient. Le dit Bill rétrécit soudain jusqu'à disparaître. Je tournai la tête dans tous les sens, alarmée. Il était finalement dans mon dos, debout sur le plafond, à l'envers, comme si c'était le sol.

Bill : J'imagine que tu dois être un peu chamboulée ! Je t'en prie, pose moi les questions que tu veux !

Je pris une grande inspiration, puis expirai lentement, essayant de me calmer, de réfléchir. Tout venant de ce personnage m'égarait complètement. Il était très concret dans ses manières extravagantes et son timbre fort, mais me donnait à la fois l'impression d'être dans un rêve, ou plutôt un cauchemar, tant rien n'avait de sens. Il était, pour simplifier, extrêmement perturbant.

Moi : E... est-ce... que...c...c'est réel...? M'enquis-je bêtement.

Bill : Question intéressante, quand on sait que la réalité est elle-même un hologramme ! Répondit-il joyeusement. L'être humain cherche sans arrêt des réponses aux plus grands mystères de l'univers, et ne se concentrent que sur celle la plus plausible sans chercher à voir au-delà ou même ce qui est sous leur nez ! Pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi mon chapeau vole tout seul ? Pourquoi as-tu soudainement la main dévorée par les asticots ?

Je fixai ma main. Des petits vers blancs perçaient ma peau, faisant gicler le sang chaud, se tortillaient dans tous les sens. Je les sentais se faufiler à travers ma chaire. Je poussai un cri paniqué, le dos collé aux barreaux, secouant ma main avec affolement, tandis que Bill se bidonnait, plié en quatre, son rire sardonique résonnant monstrueusement entre les murs de la pièce.

Il claqua ses doigts : les vers s'éclipsèrent, ainsi que les blessures occasionnées. La cage disparut également, mais au lieu de m'écraser par terre comme l'était mon attente, je me retrouvais à flotter dans les airs, en lévitation. Je commençais à comprendre que je devais m'attendre à tout avec lui.

Bill : Mais si ta question est : est-ce que ce qui se passe est en correspondance avec ce que tu appelles la réalité, alors disons que oui ! Conclut l'excité du bocal en se téléportant devant moi.

J'eus pour réflexe de me cacher derrière mes poings. Je remarquai alors que j'avais vraiment perdu tous mes moyens, à cause de tout cet enchaînement de trucs loufoques et glauques. Mais oh, je n'allais pas attendre gentiment qu'on me livre, non mais ! Je secouai vivement la tête et fronçai les sourcils. Ça ne continuerait pas comme ça. Allez, Lisa, de l'assurance !

Je fis apparaître mon sabre et lui pourfendis le thorax. Cependant au lieu de lui causer du dégât, l'énergie jaune se tarta lamentablement sur son veston, fondant comme du beurre. J'écarquillai les yeux, abasourdie.

Bill : Wouaw ! On essaie de répondre à ce que je vois ! S'amusa-t-il en balayant le reste de magie d'un revers de main.

Moi : Et alors...? Répliquai-je, farouche. J'ai autre chose à faire que t'écouter parler figure-toi ! Tu crois que j'allais rester douce comme un agneau ?

Bill : Ça peut s'arranger.

Il pointa sa canne vers moi et la tourna comme une baguette magique. Je me retrouvai soudain en déguisement d'agneau.

Moi : QUOI ?? Mais-!!

Bill : Oooooh, que c'est choupinet ! Se moqua le maître des lieux en gloussant.

Je tirai sur le tissu blanc, faisant une grimace déshonorée. C'était une sorte de pyjama en pilou, avec une capuche ou pendaient des oreilles duveteuses de chaque côté, des moufles et des chaussons gris pour faire les sabots. Comme accessoires, j'avais le droit à un collier avec une clochette qui tintait et un énorme ruban rose derrière la nuque, collé sur la fourrure. Les oreilles, comme enchantées, semblaient se lever et s'abaisser au gré de mes émotions, comme si elles étaient devenu des vraies. Mon visage carbonisa. Je le couvris dans mes mains, oreilles très très basses.

Moi : ....ça ne pourrait pas être pire...

Bill : Mais ne dis pas n'importe quoi...! Fit le squelette en costume en me tapotant la tête, me rabaissant encore plus. Ça pourrait être cent fois plus horrible, genre... Ton pire ennemi pourrait te voir comme ça ! Oh mais tiens, justement je devais lui toucher deux mots... (Il haussa les épaules d'un air faussement navrée.) Bon ben non en fait, ça ne pourrait pas être pire !

Pendant une seconde, je le dévisageai avec de la haine pure. Ma bouche s'ouvrit en grand pour lui cracher de ne pas faire ça, avant de m'abstenir. Au point où on en était, je le voyais tout aussi bien transformer mes cheveux en barbe à papa, me faire pousser un champignon à la place du nez ou encore me changer en agneau totalement. Dans mon désespoir, la seule chose que je pus lâcher et la plus stupide fut la suivante :

Moi : Pourquoi...??

Bill : Pour que tu te tiennes tranquille pardi !

Il ouvrit l'air en deux devant nous, ce qui forma une sorte de brèche en forme de rectangle qu'il toqua, semblant pour régler une fréquence.

Bill : Allô, allô, ici Bill Cipher, est-ce que le Kraken de l'espace me reçoit ?

L'écran, qui d'abord était aussi brouillé et grésillant que les anciennes télés, commença à devenir plus net. Le squelette de pétrole fut bientôt visible, affalé sur son lit, coccyx enfoncé dans le matelas en train de lire un manga. Tokyo Goul il me semblait.

Et bien, un ouvrage digne d'une grande qualité littéraire pour le grandiolesque roi des cauchemars ! Je lui aurais bien ri au nez. Ok, pour qui est le plus dans une situation embarrassante, avec mon pyjama agneau, je gagnais haut la main, mais fallait bien se rassurer, non ? Un peu...

L'angle était fait de sorte que je pouvais voir le squelette de pétrole sans que lui ne le puisse. Il finit par remarquer Bill, ce qui lui valut un grognement lassé.

Nightmare : Qu'est-ce que tu me veux encore, l'illuminati ? Soupira-t-il en continuant sa lecture.

Je levai une arcade interrogée. Pourquoi donc appelait-il Bill l'illuminati ?

Bill : C'est toi qui a envoyé un sbire traîner dans mes pattes pour me demander de capturer une gamine ? Interrogea ce dernier, les poings sur les hanches en guise de réprimande.

Nightmare : Hein ? Fit Nightmare avant d'enfin cerner ce dont il parlait. Oh, ce doit être Scroundrel. Ils sont en plein examen, je ne peux pas intervenir dans leurs choix. Ils doivent découvrir par eux-mêmes qu'on ne t'appelle pas impunément pour une raison aussi futile.

Bill : Tu ne devrais pas les laisser faire ce qu'ils veulent, surtout si c'est pour venir m'ennuyer, ça pourrait leur coûter cher...

Nightmare : Tu sais très bien que tu ne peux pas prendre l'âme de mes employés. Rétorqua le squelette de pétrole en le perçant du regard. Dois-je te rappeler les conditions de notre alliance ?

Bill : Oui oui, hors de question de dégrader par tous les vecteurs possibles et de manière volontaire ou involontaire ce qui est à toi, tout ça tout ça... Énuméra Bill en baillant. Mais fallait bien lui faire un peu peur, non ?

Nightmare : Tiens donc, je ne te savais pas de nature pédagogue...

Bill : Bah, de toute manière je sais toujours compenser... Déjà il m'aura donné l'occasion de jouer à la poupée ! Tempéra le squelette en costume avec un sourire fourbe. Regarde-moi ta petite héroïne chérie ! Elle est adorable, non ?

Il fit alors tourner l'écran, de sorte que Nightmare put voir une Lisa dans une adorable tenue d'agneau en pilou, avec rubans roses et capuchon, bras croisés, dos arrondi, et regard colérique fuyant à moitié.

L'œil du tentaculaire se fit rond comme une bille. Il masqua immédiatement son visage derrière son manga. Je sentis les oreilles de ma capuche se baisser, avec la menaçante envie de laisser couler des larmes de honte. Quoi ? C'était SI ridicule pour que même LUI soit gêné ?

Nightmare : Je n'ai strictement aucune opinion.

J'eus la mauvaise pulsion de vouloir dire un "Cheh" satisfait à Bill, mais la seule chose qui sortit de ma bouche fut un "Bêêêê" plaintif. Je plaquai mes mains sur mes lèvres avant d'enfoncer ma tête dans ma capuche, serrant les dents, piquant un far, avec le besoin de m'enterrer dans le sable à tout jamais et attendre que ça se passe. Je ne m'étais jamais sentie aussi... Peu respectée ? Humiliée ? Décrédibilisée ?

Bill : Ouh le menteur !

Nightmare : J'ai certe une opinion.

Bill : Et qu'est-ce donc ?

Nightmare : Elle restera à jamais entre moi et moi.

Bill : Je t'ai connu plus drôle mon vieux ! Fit mine de bouder le maître des lieux en croisant les bras.

Nightmare : Je choisis avec qui et quand je veux être drôle. En l'occurrence, je m'occupe tranquillement chez moi et je n'ai pas spécialement envie d'être dérangé dans mes rares moments de détente totale.

Bill : Tu ne peux pas dire "fous moi la paix" comme tout le monde ?

Nightmare : J'ai fait l'effort de parler, à toi de faire l'effort de raccrocher. Ah, et je te signale tout de même que Scroundrel est censé la livrer sans trop de dommages.

Bill : C'est bon, ne t'inquiètes pas pour ça je m'occupe de tout !

Nightmare : C'est bien ça qui m'inquiète.

Bill "éteignit" l'écran télé et passa alors un bras étouffant par dessus mon épaule, extasié.

Bill : C'est tout de même pas possible qu'on m'appelle pour quelque chose d'aussi basique, hein ? Moi, le Maître du Chaos ! Bon bah autant en profiter pour m'amuser au maximum, tu n'es pas d'accord ? Et au cas où tu te poserais la question, oui, ma veste est bien faite en peau humaine !

Je déglutis, battant furieusement des jambes pour espérer me dégager. Que quelqu'un me sorte d'ici !!

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Edit de la réécriture :

William Crypto Cipher Sans, dit Bill :

(Oui, j'ai mis les noms de famille anglais et français, comme ça ça fait encore plus de nom)

Fun-fact : Bill est le diminutif de William aux États-Unis, et dans le journal n°3 il y a une carte de constellations, avec une qui ressemble étrangement à Bill appelée "William". Comme ça quand vous aurez un pote qui change de prénom pour William vous pourrez bien flipper votre race :D !

Epic : Y'aurait pas une odeur de ressenti, Bruh ?

À peine ◖⚆ᴥ⚆◗

Sonnerie de téléphone :

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