Chapitre 23 (Première partie)
Hey, j'espère que vous allez bien :3
Ça fait longtemps que je n'ai pas posté de chapitres, mais je préfère ne pas me forcer, et vu qu'ils sont longs c'est mieux que je ne les poste pas trop régulièrement, non ^^" ?
Bref, celui là est centré, sur Horror, bonne lecture :D !
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PDV Extérieur :
Horror avait faim.
C'était le petit creux de quatre heures, comme il aimait le nommer. Le petit creux qui le réveillait quand tout le monde -excepté le patron- sommeillaient dans leurs plumard respectifs ; qui le forçait à quitter son matelas à moitié déchiqueté par ses soins (plus confortable ainsi), le téléguidait tel un automate jusqu'à la cuisine, son second habitat naturel, vers le garde-manger, et le poussait à saisir une ragoûtante cuisse de bœuf bien sanglante et bien juteuse.
La famine qui avait rongé l'antropophage durant sept ans avait déposé un acide teigneux dans ses côtes, grignotant sans discontinuer son estomac ravagé. Lorsque venait l'instant où, privé de la couche de graisse protectrice que lui tapissait la nourriture, cet acide atteignait sa moelle, la réaction chimique créait dans le creux de ses os un gaz toxique s'envolant jusqu'à son crâne. Le vice de la gourmandise lui brouillait alors l'esprit, le livrant à un instinct animal, carnassier et sauvage, que seule une activité s'avérait efficace à tranquilliser : manger. Manger jusqu'à ce que ses côtes se bourrent, jusqu'à ce que la douleur s'estompe, pauvre pantin de Belzébuth qu'il était, esclave de sa malédiction.
Il dévora le fémur jusqu'au dernier éclat d'os, appréciant ressentir le bord de l'écornure racler l'intérieur de sa trachée osseuse. Puis, sa besogne effectuée, il remonta jusqu'à ses quartiers, tâché d'hémoglobine qu'il répandait désormais en toute indifférence sur ses draps, délavés à force de passer à la machine. Mais de même qu'à chaque fois, la main sur la poignée, il jeta d'abord un coup d'œil à la porte d'à côté, celle où la brunette dormait à poings fermés. Et à chaque fois, à six pas de sous la plaquette de métal où il y était gravé son nom, il hésitait à entrer.
À quel moment s'était-il mis à s'intéresser à Lisa ? Il n'était pas en mesure de le préciser. Étant donné qu'elle était la seule humaine, que dit-on, la seule non-Sans-alternative qu'il croisait quotidiennement, il avait d'abord fait passé l'idée qu'il voulait la manger pour le fun. Une blague, une manière de lui faire peur quand elle était encore gamine. Quand elle était...oui. La première fois qu'il l'avait rencontré, c'était une gamine, majeure mais gamine quand même, nageant dans son pull de montagne, timbre aiguë de crécelle et fanfaronne.
Pourtant il eut un clic quand il avait perdu le contrôle à Horrortale. Puis quand elle s'était débarrassée de sa panoplie de minotte, de son pull et de son jean pour un assemblage plus sérieux, un tilt. Ce n'était plus une gamine. Ça ne l'avait jamais été. Il était au courant pour le blocage de sa croissance physique, mais ce fut réellement à partir de ce moment-là qu'il avait progressivement commencé à en prendre conscience. Qu'il avait vu des rides de maturité creuser son visage, son cou s'allonger, son regard se percer, ses muscles se développer. Aujourd'hui, tout le monde le savait, elle n'avait plus rien d'un môme. Et à bien zieuter, même physiquement, elle semblait avoir poussé ; moins petite, des formes pas si inexistantes et une poitrine pas si plate. Moins que ce dont il se souvenait en premier lieu.
Lui qui avait toujours jugé Error pour ça, il avait fini lui-même par comprendre. Et de curiosité à désir il eut fait le transfert lorsqu'il avait pu sentir sa peau palpitante d'adrénaline sous son carpe osseux à Malfratale, quand il l'avait eu en son pouvoir ; la respiration accélérée, l'iris tremblante d'une biche effarouchée et le torse monter et descendre ses mécaniques. Il ne pouvait plus le nier, à présent. Ce n'était plus la faim vorace pu une vaste blague qui le poussait à s'affriander de sa chair et de son sang.
Pour un temps d'immersion, elle avait préféré s'accoutumer de la chambre de Cross comme couche. Ce n'était qu'il y a peu qu'elle passait ses nuits dans sa chambre, sans protection, et vulnérable. Logique après tout, non ? Elle était des leurs, qu'aurait-elle à craindre d'eux ? Mais au fond... S'il décidait de la mordre, là, maintenant, qui irait la sauver ? Qui irait le stopper ? Killer n'en serait que plus jouasse, Dust s'en ficherait comme de sa dernière victime, idem pour Black, et le patron s'en accomoderait probablement en énergie négative. Seul le monochrome représenterait un potentiel obstacle, mais il n'avait clairement pas son mot à dire. Qu'il aille se plaindre si ça lui chante mais qu'il laisse le squelette à la hache à ses affaires. Bon. Y va ? Y va pas ?
Suite à une longue minute d'indécision, Horror renonça à aller se coucher et, s'égayant d'impatience, pénétra à pas de loup dans la chambre de la brunette.
La jeune fille était étendue le ventre contre sa couchette, un bras compressé entre l'oreiller et la joue, les cheveux éparpillés dans toutes les directions. L'édredon la couvrait jusqu'à la taille, laissant blanchir les reliefs de l'épiderme exposés aux rayons de lune sous sa brassière de sport. Elle ne semblait qu'à demi paisible, comme si ses sourcils s'étaient figés dans une posture légèrement arquée entre l'assoupissement et le sommeil.
Pantoufle après pantoufle, l'antropophage rompait dangereusement la distance entre lui et sa proie. Plus il se rapprochait, moins il contenait l'enthousiasme de ses zygomatiques, le frémissement de son œil pourpre, la dilatation de sa pupille. Mais à la seconde où il allait lui bondir dessus, une plainte. Lisa tourna sur elle-même, les traits du faciès crispés. Il se coupa net, statufié. Elle l'avait remarqué ? Non, elle se contentait de bouger dans son sommeil. Ses pommettes se haussaient, et soudain, des hoquets de larmes. On eût dit qu'elle baragouinait quelque chose d'inaudible.
L'âme du squelette à la hache cogna sa cage thoracique. Qu'avait-elle dit ? Horror ? Elle avait dit Horror ? Estomaqué, il s'agenouilla à son chevet afin d'en affiner son ouïe.
Lisa : E...error.......er....ror.....e.......!
Horror plissa tristement les orbites. Évidemment... À quoi avait-il osé s'attendre...?
Elle devait être en plein cauchemar. Son petit poing s'agrippait éperdument à une boule d'oxygène, cherchant une prise avec désespoir. L'antropophage fit la moue, malaisé. Il n'était pas le genre de gars qui expertisait à gérer ces trucs-là. Tout ce qu'il savait faire c'était calmer les pulsions meurtrières et Dust et de Killer. Alors, s'abandonnant à son instinct, il déposa lestement deux doigt au creux de la paume de la brunette. Elle les pressa fort, et, prise d'un brusque spasme larmoyant, attira toute la main vers elle, la pressant fort contre son cœur comme une peluche.
Les rougeurs grimpèrent en flèche à ses joues alors qu'il tordait les dents, décervelé. Il demeura sans cette position d'une inconfortablilité agréable, paralysé, de peur que le moindre mouvement ne la réveille. Les battements de cœur de l'humaine résonnaient de ses phalanges à ses orteils, faisant entrechoquer sous une vague intense de chaleur la totalité de son squelette. Quelques secondes à peine s'étaient écoulées, avant qu'elle ne se détende et qu'elle ne lâche posément, plus belle, plus sereine. Mais chez l'antropophage, la notion du temps avait totalement disfonctionné. Ça avait été long, extrêmement long, et pourtant une fois fini cela lui avait paru court, bien trop court. À peine eut-il remit son esprit en place, l'œil à cinq centimètres de Lisa, que la paupière de cette dernière s'ouvrit d'un coup. Horror tressaillit, paniqua et se téléporta illico presto dans sa chambre.
Bordel, qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Ça avait été puissant, bizarre, et pas du tout ce qu'il avait imaginé en s'incrustant chez elle ! Fronçant les arcades, il s'enroula rageur de désappointement dans ses draps, et termina sa nuit en ruminations chamboulées et migraineuses.
★★★
C'était le matin. L'air du château y était encore frais et les activités du quotidien rares, vu que la plupart des locataires, Sans qu'ils étaient, ne se privaient pas de leur grasse matinée tant qu'on ne les convoquaient pas pour une mission. Le silence y régnant en maître, la blancheur matinale peignant les murs, c'était l'avant du tout, le prédécesseur de la vie, le début d'une nouvelle chronologie journalière. Ce fut pourquoi Horror était seul pour rabrouer ses pensées sur l'un des bancs qui se prolongeait contre la table de banquet, leur table à manger commune. Il n'avait pas passé une bonne nuit, s'étant pour la première fois depuis bien longtemps levé aux aurores. Il y avait de quoi se prendre la tête, sa fierté avait pris un sacré coup. Il s'était laissé totalement dominer par une brunette à lunettes à l'état de poupée de chiffon !
Mais ce n'était pas ce qui le chagrinait le plus. En réalité... La chair de la jeune fille n'apparaissait pas dans ses rêves n'importe comment. Quand elle le voyait, ses triceps se fripaient, ses trapèzes ressortaient de sous la peau, et les traits de son visage, ceux d'un ange quand elle dormait, se tordaient vilainement, narines arrondies, lèvres retroussées. Quand il imaginait y planter les dents, c'était froissé, dur, hargneux. C'était quand même con qu'elle soit si moche avec lui alors que ça lui arrivait d'être belle. Lui, il convoitait le dessein d'une chair tendre et délicate, une chair qui lui confierait ses charmes de son plein gré, une chair fiévreuse, enamourée.
Seulement voilà, il y avait un E dans l'O. Une anomalie dans le rœsti, une erreur de mauvaises mœurs. Il avait été naïf de se donner l'idée que, Error hors-jeu, tout aurait été plus facile de l'amener à l'aimer. Tu parles, elle n'avait que lui à l'esprit, même dans ses rêves ! Error par-ci, Error par là, ça n'en finissait pas ! En même temps c'est pas comme si c'était pour ça qu'elle était là, lui avait rappelé Dust, blasé, lorsque Horror était allé lui cueillir ses conseils.
Le poussiéreux était un putain de dragueur professionnel, et ce titre n'avait pour but que le mélioratif. Il maîtrisait parfaitement le sourire à la fois envoûtant et frissonnant, le parfait équilibre entre la beauté et l'effroi. Connaissait les gestes, les caresses futiles, les murmures, les paroles semées au vent, tout pour tirer les vers du nez à n'importe quelle donzelle trop naïve ou gamin immature. Mais il n'avait pas voulu l'aider. Il s'était contenté de le regarder sombrement, le front voilé par sa capuche, avant de lui recommander de mieux s'occuper d'autre chose. Horror ne s'y était pas attendu. Il l'avait vu partir, avec une certaine déconcertation vis à vis de sa récession. Dust avait pourtant toujours apprécié jouer les coachs auprès de ses vieux potes, et il n'avait pas saisi d'où lui venait cette réaction. Avait-ce été pour leur petit différent de la dernière fois ? Mais quel rapport ?
C'était donc pour ça qu'il se démerdait tout seul pour enfin quérir sa chair tendre. Error. Horror. Ce n'était pourtant pas si distinct. C'était fou à quel point un unique son pouvait nous séparer de notre Eden. Il l'entendait l'encore gémir son presque-nom.
Horror : Horror. Hôôôôôôrror, pas Error...! Grommelait-il dans sa barbe. Pas E, O. Horror, putain ! Hoorror. Comme "aurore boréale". Oui, c'est ça ! Hor... Non, rhaaa, bordel !!
Il dut interrompre ses soliloques car la concernée fit son apparition dans l'entrebâillement de la porte, observant les alentours. À la vue de l'antropophage, elle afficha une mine intriguée, possiblement du fait de le trouver ici à cette heure. Et en se lançant jusqu'à la cuisine, prenant le chemin opposé à lui délimité par la table oblongue, elle ralentit, lui fit face, leva le doigt comme si elle allait lui poser une question, puis se ravisa et traça sa route. Sans doute n'avait-elle que de très vagues souvenirs d'hier soir. Une chance pour lui.
La brunette revint avec un chocolat liégeois et une cuillère dans une main, ainsi qu'une pomme dans l'autre, et s'installa un peu plus loin à sa diagonale. C'était un maigre repas, jugea-t-il en étudiant à chaque occasion les étapes qu'elle suivait à la lettre pour se délecter de son béni yaourt : récupérer le chocolat en perçant avec la cuillère entre la mousse et le bord, surtout ne pas prendre de première couche blanche, récupérer avec la lèvre supérieur la crème brune, puis une fois débarrassé du plus de chocolat possible, mélanger le tout en une solution beige, selon elle, douce et chocolatée comme il le fallait. Il n'avait jamais apprécié spécialement le liégeois, ni approuvé son étrange rite, mais le fait qu'elle s'extasiait, les étoiles dans les iris, sur de la nourriture, le faisait délicieusement sourire.
En plus, ils avaient tous les deux plein de choses en commun. La force brute, déjà. Elle répétait, avec plus ou moins de sérieux, que si la violence n'avait pas marché c'est qu'il fallait taper plus fort. Ce n'était pas le même discours qu'avec cette conne de Undick, avec elle c'était mignon, innocent. Et puis, ils avaient le même point de vue sur la bouffe ; bien manger c'est bien vivre, et bien vivre c'est bien manger. Elle suçait la moelle du poulet comme lui. Et puis elle était bonne cliente. Il se souviendrait toujours du jour où elle lui avait dit, quand elle avait été faite prisonnière, que sa cuisine était la seule chose qui apportait un peu de gaité à ce château.
Franchement, tout ne serait pas parfait si elle était encline à se faire mordre. Il serait prudent, ne lui ferait pas trop mal. Juste un petit croc. Si elle s'affole, il la détendra. Sentir son parfum. Goûter sa peau. Happer le sang qui gicle. Corps contre corps. Sa chair. Chair et tendre. Tendre. Ce serait tendre.
Lisa entamait sa dernière bouchée quand ses yeux se tétanisèrent soudain sur l'antropophage qui la lorgnait ouvertement ; l'orbite ronde dissipée, le sourire en croissant de lune renversé, coude affalé sur la table et menton avancé dans la main. Les globes déployés d'incrédulité, elle se dépêcha de jeter le pot à la poubelle, la cuillère dans le lave-vaisselle, et fila plus vite que le vent en chopant sa pomme au passage. La claque que produisit la porte sonna pour Horror comme une gifle froide. Ce ne fut qu'à cet instant qu'il remarqua qu'il était en train de baver. Il soupira en s'essuyant avec sa manche. Oui... Il pourrait enfin l'avoir, sa chair et tendre, si elle le laissait l'approcher. Mais elle avait peur de lui. Un goût amer conquit sa cavité buccale. Il ne lui avait pourtant rien fait de si traumatisant, si ?
★★★
Le squelette à la hache s'était réduit à un petit-déjeuner tout à fait modeste. Un steak bien saignant, deux verres de lait, des œufs brouillés, des haricots blancs pour les féculents, deux verres de jus de raisin, un autre steak et le reste du dîner d'hier soir. Ainsi, il était sûr de tenir jusqu'à midi. En même temps, ce n'était pas dans ses habitudes de se lever aussi tôt, mieux valait prévenir que guérir.
En revanche, privé de ses compagnons de fouteur de merde, (seul Black était debout et la merde n'était pas son truc) il n'avait d'autre occupation que de sortir de la cuisine mollement, traverser le hall avec lassitude, monter les escaliers en trébuchant deux fois ses pieds paresseux, traîner ses pantoufles dans le couloir du haut, passer sans entrain devant la salle commune où Lisa et le patron étaient en pleine conversation, fai....où Lisa et le patron étaient en pleine conversation ? Horror recula, tordant les cervicales au quart de tour.
Nightmare : J'ai besoin de toi pour une mission. Énonçait sobrement le maître des malheurs, sans superflu, une note en main. Un espion de Storyshift m'a informé que les Star Sans étaient venus hier parler au Chara de cet univers. En raison de son potentiel magique, ils lui ont proposé de rejoindre leurs rangs. Visiblement ils ont décidé de te remplacer à moins que ce ne soit la puissance d'Error qui leur manque...
Lisa : Abrège.
Nightmare : Selon notre espion, il y a de fortes chances que Chara accepte, ce qui serait un fort problème pour nos affaires. En route génocide sa détermination est capable d'atteindre des sommets, en tout cas il serait sans aucun doute un très bon élément chez les Stars...
Lisa : Abrège j'ai dit.
Nightmare : C'est un assassinat.
La brunette resta muette. L'antropophage l'avait de dos, et même s'il ne distinguait son expression faciale, il devina aisément à quoi ça devait ressembler.
Lisa : Une minute, on avait dit que je ne tuerai personne ! S'indigna-t-elle, accusant Nightmare de l'index d'une audace tout à son honneur.
Nightmare : Ne panique pas, Justice. Répliqua le squelette de négativité avec une pointe d'ironie. Tu auras un partenaire, qui non seulement sera en charge d'achever notre cible, mais aussi de noter ta performance. Si j'apprends que tu l'as laissé faire le boulot tout seul, je ne pourrais évidemment pas valider ta mission.
Lisa : Logique. Marmonna-t-elle en croisant les bras. Qui donc ?
Nightmare : Je n'ai pas encore décidé. Mais il faudra qu'il bénéficie de l'aptitude à tuer un humain à l'âme déterminée. Donc soit Killer, soit Cross, soit Horror. Je penche déjà sur Killer, vu que c'est bien son domaine.
Horror fulmina. Ce n'était pas juste, le tueur était encore en train de ronfler, et il était capable d'évaluer Lisa autant que lui. Quant à Cross n'en parlons pas, il mentirait au patron en toute gaîté, indigne de confiance. L'antropophage, au moins, ne passait pas son temps à aider la brunette pour qu'elle aille bécoter ce traître d'Error et son putain de E.
Lisa : Pas sûr que Kil...
Horror : Cherchez pas, patron, j'ai déjà tout entendu ! Intervint-il en faisant son entrée en scène, hache d'os à l'épaule en allant se camper à côté de la jeune fille. Bouffer une âme humaine ne me dérange pas, je me sens solide. (Il montra un sourire madré.) Et ne vous inquiétez pas pour Lisa, je ne la lâcherai pas d'une semelle.
Il avait dit ça en amenant l'intéressée contre lui, geste grimé en la plus innocente des accolades. Immédiatement sa chair jusque là plus ou moins coopérative se contracta sous les doigts de Horror. Le squelette à la hache maintenait sa pupille ronde suppliante appuyée sur Nightmare, qui, passant simultanément de l'un à l'autre, se contenta de hocher la tête.
Nightmare : Soit, tu seras responsable d'elle. Je vous donne juste quelques informations supplémentaires qui vous seront peut-être utiles pour cette mission. Lisa, tu écoutes ? Releva-t-il en constatant le manque d'attention de l'humaine.
Lisa : Ouais... Grogna-t-elle en donnant un coup de coude dans les côtes de l'antropophage.
Horror recula un peu sous l'agressivité de sa chair et tendre. Il replia hautainement ses bras sur son thorax en n'écoutant que d'une ouïe les bla-bla rasoirs du patron. Qu'elle boude si elle le désirait, peu lui importait, sa récalcitrance finirait par s'estomper, domptée à coups de crocs dans le deltoïde.
★★★
Chara n'avait jamais été déterminé à quoi que ce soit. Son âme, de rouge vêtue, se reflétait au quotidien d'une pâle couleur rose. Une couleur posée, neutre, stagnant entre humain et monstre. S'énerver n'avait plus eu lieu d'être dans le cœur de l'adolescent depuis un bon moment déjà. S'enjailler non plus. Seul persistait un doux sourire attendri, un rictus moqueur ou un pouffement conditionné lorsque Asriel lui reprochait de passer son temps à bâiller aux corneilles et à se gaver de chocolat. Asriel, son frère, son contraire, celui qui l'avait accueilli et aimé, si pétillant, si empli d'espoir... Même après la séparation d'Asgore et de Toriel, il avait conservé sa joie de vivre, son optimisme, crânant, courant partout, s'esclaffant, ou bien aidant du mieux qu'il le pouvait leur père, le scientifique royal, en pleine construction de sa nouvelle invention.
Asriel : Chara !! Bêla le chevreau aplati sous l'énorme plaque de métal. Viens m'aider au lieu de flâner !
Chara : Oh, ouais... Bailla en retour son frère, une main à sa bouche, bien calqué contre le mur, une caisse sous les fesses. T'inquiète pas, Rei, je t'encourage ! De loin...!
Asriel : Charaaaaaaaaaa !!! T'es pas possible !
Comme il était évident que l'adolescent ne céderait pas, l'imposant bouc dont la blouse blanche semblait adepte à faire sauter ses boutons à tout moment, qui réglait les écrous de sa machine biscornue, se dépêcha d'abandonner sa clé de huit pour porter de ses gros bras la lourde tôle, si haut qu'il en éleva le garçon au museau froissé. Les pattes d'Asriel s'accrochaient obstinément à la tôle qui le séparait de plus de cinquante centimètres du sol, tandis que ses jambes hyperactives se balançaient frénétiquement.
Asriel : C'est booon !!! Je vais y arriver ! Brailla-t-il, vexé.
Asgore : D'accord, d'accord... Sourit son père en calant la plaque en vertical de la moquette dépravée, avant de lancer à son deuxième fils. Chara pourrais-tu faire preuve de solidarité fraternelle s'il te plaît ?
Asriel : Non non ! L'arrêta le garçon au foulard arc-en-ciel avant de se pointer du pouce. Il est trop paresseux pour cette tâche, Papa. Mais moi, Asriel, serai à la hauteur ! Je vais y arriver TOUT SEUL, SANS l'aide de Chara, hahaha !
Asgore et Chara échangèrent un clin d'œil complice.
Asgore : Très bien, fiston. Concéda le scientifique, amusé, en désignant la surface plane cadrillée de vis du côté achevé de l'appareil. Tu me la poses là ?
Suite à quoi il s'en retourna à ses tuyauteries. Asriel tortillait beaucoup trop adorablement sa petite queue touffue dans tous les sens, rougissant sous l'effort de basculer la plaque pour en soulever un coin. L'adolescent leva alors l'index d'un geste furtif et le lourd rectangle parut s'alléger au point que le chevreau put se redresser complètement, et l'apporter à pas lents à destination.
Asriel : Je... J'ai... J'ai réussi !!! S'illumina-t-il avant de se reprendre. Euh... Évidemment que j'ai réussi, héhé...! Je suis le grand Asriel !
Il perdait l'équilibre en disant cela, marchant en crabe à gauche puis à droite, avant d'échapper un couinement et se précipiter sur l'invention. Chara avait bien fait attention à garder un effet de masse important à la charge. La taule cogna contre la façade, fit grimacer Asriel, qui adossa doucement le tout, essoufflé.
Asriel : Haha...! Vous avez vu ? Trop fort ! Fanfaronna-t-il.
Chara : Yup ! T'es le plus cool frérot.
Asgore : Vous êtes tous les deux les plus cool, mes fils. Corrigea le grand bouc, à genoux, la moitié du corps disparu entre les boyaux de la machine.
Asriel : Mais je suis quand même un peu plus meilleur que Chara, hein ? Hein ?
Asgore rigola.
Asgore : Si tu veux... Ta mère serait vraiment fière de toi.
Asriel : Elle l'est ! Hein, Chara qu'elle l'est ?
Chara : Plus que tu ne le crois. Affirma affectueusement l'aîné.
Rares étaient les moments où il se sentait encore à part en tant qu'être humain dans l'Underground. Asgore était le meilleur des pères, Toriel, la plus coriace des mères, et ce malgré le fait qu'ils soient tous deux très occupés, la présence virevoltante d'Asriel savait combler ses doutes et ses peurs de voir cette famille le rejeter, voir pire, lui extraire son âme afin de libérer enfin les monstres. Bien que... Si l'âme de Chara à elle seule avait pu leur confectionner la clé de leur prison, il leur aurait donné sans hésiter.
Asriel : C'est quand même génial, cette machine qui absorbe la détermination sans tuer les humains ! Confiait le chevreau au scientifique en apportant la boîte de vis.
Asgore : Ce n'est qu'une première expérience, il y en aura sans doute d'autres. Répliqua modestement le bouc en frottant la touffe rebelle de son fils. Mais le but est de puiser un peu de détermination dans chaque âme et de la stocker. Si chacun y met du sien et s'accroche à ses rêves et ses espoirs, avec un peu de temps, le taux de détermination sera suffisant pour briser la Barrière.
Asriel : On sera libre ! Et on pourra enfin conduire des voitures !
Asgore : Et des bateaux.
Chara : Pour naviguer jusqu'aux CHARAïbes ?
Asriel : Chara, crotte de bique !!! Tu vas me rendre chèvre ! Gronda Asriel, avant de se rendre compte qu'il venait lui-même de faire non pas un, mais deux jeux de mot.
Il fronça le museau et croisa les bras, bougon, tandis que Asgore, hilare, se bidonnait de sa grosse voix de papa.
Asriel : Te moque pas !
Asgore : ...Pa.
Asriel : Mêêêêêêh !!
Dream n'avait pas menti en le prévenant qu'apprendre la vérité sur l'étendu de leur monde allait lui faire tourner la tête. Univers alternatifs ? Créations, destructions, guerre ? Détenteur d'un terrible secret, il savait, lui et lui seul, que ces moments de bonheurs pour les monstres étaient menacés. Il ne se sentait pas à l'écart dans cette famille, oui... Mais si quelqu'un devait partir... Ce serait lui, indubitablement. Il voyait Asriel, il voyait Asgore, et il se dit qu'il serait prêt à n'importe quoi pour les protéger du danger extérieur.
Il accepterait la proposition du maître des songes demain.
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Oui oui, j'ai/je vais placer plein de références en rapport avec la nourriture-
Quoi, kiffe jouer avec les mots xD !
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