Chapitre 18 (Deuxième partie)

PDV Extérieur :

Papyrus comprimait les barreaux de fer de ses doigts épais. Mais peu importe la force qu'il y mettait, le métal restait solide, et il ne faisait que se détruire les phalanges en persistant ainsi. Il desserra donc ses prises et soupira. Il savait bien où il était. Dans les cachots, à la capitale. Il avait reconnu le gris moisi des murs, le couloir sombre et interminable de chaque côté où il passait sa tête, la couche de paille dans le coin de la pièce et l'odeur âcre de la décomposition. Oui, il était déjà venu ici. Une fois. Quand le roi avait réussi à l'arrêter et avait ordonné son exécution. Il avait passé la nuit en attendant d'être amené à la potence jusqu'à ce que Sans eût réussi à le faire s'évader. Il n'avait jamais été aussi fier de son petit frère qu'à ce moment-là.

Le grand squelette guettait l'arrivée de la moindre personne tout en se questionnant sur pourquoi il se trouvait là. Il avait brandit sa matraque pour protéger Tsukitchi, Lisa et le bébé quand la copie de Sans l'avait téléporté avec lui. Il n'avait ensuite qu'eu le temps de voir comme un rideau noir se refermer sur lui avant qu'il ne se soit retrouvé dans cette cellule. L'avaient-ils livrés aux forces de l'ordre pour l'empêcher d'aider les filles ? L'idée qu'elles étaient dehors exposées à ces mecs sans qu'il pût les protéger l'insupportait.

Cependant on ne lui avait pas subtilisé sa massue, et les gardes royaux n'auraient jamais commis une telle bourde. Et pourquoi il ne voyait personne depuis tout à l'heure ? Il n'y avait ni soldats faisant leur ronde, ni voisins de cellule radotant qu'ils allaient tous y passer. Seul le silence pesant régnait. Soudain, Papyrus entendit des bruits de pas venir à lui. C'était le Sans bizarre de tout à l'heure, celui qui avait le crâne complètement troué.

Horror : Heya, frérot alternatif ! Salua-t-il joyeusement, les mains dans les poches de sa blouse grise sombre à fourrure. Ça va comme tu veux ?

Papyrus : Pourquoi il n'y a personne, ici ? Demanda seulement le grand squelette tandis que le Sans bizarre sortit une petite clé et l'introduisit dans la serrure.

Horror : Pourquoi tu poses les questions à moi alors que tu peux aller les poser au Patron ? Répliqua-t-il du tac au tac.

La porte s'ouvrit dans un pauvre couinement. Le squelette au crâne troué pointa du doigt l'escalier de sortie au bout du chemin.

Horror : Monte par là, tourne à droite, traverse le couloir et tu le trouveras. Indiqua-t-il avant de se retourner, prêt à partir. Ah, et je sais que t'as une furieuse envie de te faire la belle mais... Un bon conseil, évite de jouer au plus malin avec lui, tu ne feras que t'attirer encore plus d'emmerdes.

Puis il disparut en une détonation sonore, la même que faisait Sans pour se téléporter. Papyrus, immense qu'il était, dut baisser la tête pour passer la petite porte de sa cellule. Il marcha lentement le long du couloir, monta les marches et se retrouva à une bifurcation. Il tourna la tête dans les deux sens en hésitant à prendre la voie de gauche. Le Sans bizarre l'avait prévenu de ne pas tenter de s'enfuir, mais il n'était pas un adepte des lois.

Cela dit, d'un autre côté, ces gars étaient dangereux et il le savait. Désobéir serait prendre des risques pour rien. Il vira donc à contre-cœur à droite. Il devina là où ça menait en traversant le grand couloir aux vitraux. Au-delà, c'était la salle du trône, grand jardin verdoyant tapissé de fleurs dorées. Pourtant, le roi était absent. À la place, campé sous le rayon lumineux filtré par la fenêtre, se trouvait le squelette couvert de boue noire et visqueuse, ses tentacules ondulants dans son dos, imposants. Il semblait occupé à contempler les jonquilles dominant la pièce, d'une paisibilité sournoise.

Nightmare : Bien le bonjour Papyrus. Salua-t-il d'une voix grave faisant chevroter les cœurs les plus solides, sans se détourner de sa botanique. Tu as apprécié la chambre que l'on t'a prêté ?

Papyrus : Où sont le roi et les gardes ? Demanda simplement le grand squelette en fronçant de la cavité nasale.

Il trouvait cela étrange que le roi Dreemurr eût légué le terrain à un inconnu. À n'importe qui, en fait. L'arrogance du grand bouc dépassait tout ce qu'il pouvait imaginer.

Nightmare : Oh, et bien... Monsieur Asgore ainsi que tout les habitants de la Capitale on été contraints de débarrasser le plancher, si je puis me permettre.

Sa présence seule faisait tâche parmi la clarté luxuriante de la pièce. Son œil unique analysait une fleur au jaune éclatant qu'il tenait entre deux phalanges.

Nightmare : À ce que je peux voir, il est également un passionné de ces fleurs dans cet univers. Pourtant j'ai ouïe dire qu'ici sa personnalité se rapprochait bien moins du poète que l'original.

Papyrus : Il est vengeur, et cruel. Fit remarquer Papyrus, amer. Et vous vous êtes très petit.

Nightmare se tourna enfin vers lui. En effet, malgré son aura et ses persiflages, le tentaculaire plafonnait (volontairement) à un mètre soixante, à savoir une tête et demi plus bas que son prisonnier. Il accueillit cela dit la pique d'un hochement de tête amusé.

Nightmare : Tu es bien plus impertinent que la majorité de tes versions alternatives, tu sais ? Tes réactions sont intéressantes, dommage que tu me fasses autant penser à...et bien... Ce genre de frère un peu trop tenace.

Passant du coq à l'âne, il fit tournoyer la plante entre son pouce et son index, la humait, souriant.

Nightmare : Connais-tu l'histoire de ces fleurs, Papyrus ? Lorsque le Prince de l'Underground eut trépassé sous les yeux de ses parents, sa poussière se dispersa dans la salle du trône. De ses cendres naquirent ces fleurs dorées, contenant dans chacune d'elles un centième de l'âme humaine volée par le Prince. Vois-tu, elles contiennent toutes à présent un peu de détermination. Très bonnes pour la santé à ce que l'on dit.

Il pointa la jonquille vers son prisonnier.

Nightmare : Plus la détermination est forte, plus il est difficile de corrompre l'âme en question. Mais une âme de monstre autant qu'une fleur enchantée n'a pas pour réputation d'en être très chargée. Qu'elle soit pure et vivifiante...

Il perça ses griffes dans la tige. Subitement les fibres vertes devinrent de plus en plus obscures. La noirceur parcourut la fleur jusqu'au pistil. Les pétales se fanèrent alors, pigmées de veines violâtres.

Nightmare : ...Ou sombre et torturée.

Il avait dit ça en adressant un coup d'œil en arrière, là où sur le pas de l'entrée menant à la Barrière, une petite silhouette squelettique se tenait. L'ombre de sa capuche ne parvenait pas à cacher le mauve perçant de ses orbites en demi-lune. Scroundrel s'avança pas à pas pour se placer aux côtés de son maître, indifférent au regard ébranlé que lui portait son frère.

Papyrus : S... Sans...! Appela Papyrus.

Nightmare : Occupe-toi de lui, Scroundrel.

Scroundrel se jeta sur le grand malfrat aussi sauvagement qu'un chien de garde. Il le plaqua au sol et l'immobilisa en lui enfonçant des os bleus dans la cage thoracique. Le tranchant de l'humérus taillé aurait fissuré la trachée osseuse de Papyrus si ce dernier n'avait pas eu le réflexe de le retenir in extremis par sa seule main utilisable, la droite ayant été malencontreusement, lors de la chute, coincée dans son dos. Les fines orbites commotionnées de l'un rencontrèrent les rétines uniformes de l'autre. Le bras entier de Papyrus jouait des castagnettes tant il mettait de force pour empêcher son cadet de l'achever. Il se rendit compte à cet instant que Scroundrel était réellement capable de le tuer.

Papyrus : Sans, arrête, c'est moi, Papyrus !!! Tenta-t-il en vain.

Scroundrel : ...J'obéis à Nightmare.

Scroundrel força un peu plus. Répondant soudainement à son instinct de survie, Papyrus utilisa le Blue Attack pour propulser son frère en arrière. Les os bleus disparurent. Il se releva rapidement, ramassa sa matraque qui était tombée plus tôt et se mit en position de défense. Le squelette aux orbites mauves grogna rageusement.

Nightmare : Oh, ne t'en fais pas, Papyrus... Le rassura Nightmare, désormais assis en tailleur au milieu du petit champ. Un jeu est un jeu, n'est-ce pas ? Je ne tenterai rien contre toi tant que l'entièreté de ce tapis de fleur ne sera pas devenu aussi ténébreux que l'âme de ton frère.

Papyrus : Vous n'avez vraiment rien de mieux à faire ? Siffla Papyrus en levant une arcade.

Nightmare : Plonger une âme chatoyante dans la négativité la plus profonde... Répondit le tentaculaire d'un ton neutre, focalisé sur son ouvrage. Est une activité fort relaxante.

Il planta son doigt crochu dans le cœur d'une autre fleur. Celle-ci flétrit, propageant une fumée qui se dispera lestement dans l'air.

Nightmare : Plus que vingt-six minutes et quatorze secondes.

★★★

PDV Lisa :

Les légers chouinements de Sachi s'accentuèrent au moment où nous nous téléportâmes à Calciterre. En plus de faire tressaillir mes tympans, elle me tenait extrêmement chaud. Au début, sa chaleur corporelle avait quelque chose d'adoucissant. Mais ajoutée à la température naturelle de la région, elle me donnait désormais l'impression de bouillir sur place. J'essuyai la sueur qui perlait mon front en continuant d'avancer. Tsukitchi, quant à elle, tentait désespérément de calmer la petite. Cette dernière ne supportait pas les télétransportations. Mais même si ses gémissements étaient désagréables à entendre, je ne pouvais que la comprendre.

Je me souvenais bien de la première fois que je m'étais téléportée. C'était avec Sans, quand lui, Frisk et Papyrus m'avaient fait visité les recoins de l'Outerground, des années plus tôt. Je m'étais retrouvée aux prises avec d'insoutenables migraines et maux de tête. Sachi était une jeune enfant de surcroît, et sa sensibilité devait dépasser de loin celle d'un adulte. Cela nous avait donc contraint à nous limiter à un transport par climat. Sans passer par l'automne des ruines... L'hiver de Snowdin, le printemps de Waterfall... Et enfin l'été ardent de Calciterre.

Nous n'avions pas emprunté les chemins habituels. Tsukitchi m'avait assuré un tracé plus court, qui éviterait également d'attirer l'attention. Là où nous nous trouvions était une plaine de pierre volcanique rocailleuse. Le paysage se constituait de quelques arbustes nus cendrés, des lacs de lave çà et là et au loin, la Capitale.

J'inspectai ma montre. Il restait vingt minutes. Plus de la moitié du temps était déjà écoulé, hélas même si mes téléportations étaient pratiques, elles se révélaient avoir beaucoup d'inconvénients. La première étant que dans les lieux que je ne connaissais pas, mon potentiel de distance se limitait à la ligne d'horizon. Tiens en parlant d'horizon...

Moi : C'est quoi ce conglomérat de blanc bizarre, là-bas ? M'enquis-je auprès de la femme-louve en distinguant une couche énorme et blanchâtre frétillant non loin de la sortie de la ville, quoique encore dans la plaine de pierre calcinée.

La vision des loups était naturellement plus perçante que celle des humains. Tsukitchi se concentra alors pour me reporter ce qu'elle voyait.

Tsukitchi : Je ne sais pas... On dirait... On dirait une foule... Oui, une foule ! Ce sont les habitants de la Capitale !

Interloquée par cette réponse, je nous y téléportai aussitôt. Ce que je vis me fit déglutir. Tout ces monstres parfaitement immobiles colorés de blanc et noir, dont les morceaux de code glitchaient par-ci par-là et dont les visages étaient masqués d'une croix géante buggée... C'était l'œuvre de Cross. Ils avaient donc expulsés tout le monde hors de la ville pour être sûrs de ne pas être dérangés. Ça ne m'étonnait pas de Nightmare.

Même si le soulagement était présent à l'idée que le maître des cauchemars avait choisit quelqu'un comme Cross plutôt que Dust ou Killer, j'étais au fond un peu dépitée. Comment porter des coups à celui qui m'avait sauvée, moi et mes anciens amis, au risque de se faire salement corrigé par son patron ?

Tsukitchi : Lisa... Sachi ne va vraiment pas bien. Informa anxieusement la jeune mère que je sentais caresser la tête de sa fille. Les téléportations la rendent malade, je ne sais pas si elle en supporterait d'autres...

Je ne pouvais pas voir la petite mais l'énergie en elle qui m'avait fait tant d'effet semblait s'estomper. Elle geignait faiblement. Voilà un autre inconvénient de la téléportation. Un mal de crâne n'était pas trop dangereux pour une jeune adolescente... Mais pour un bébé d'un an et demi lové contre un corps de trente-sept degré, en plein dans cette fournaise qu'était Calciterre et vêtu d'un épais manteau de fourrure ?

Moi : Ne t'inquiètes pas, Tsukitchi... Il n'y en a plus pour très longtemps, je sais où est Nightmare. Dans le palais, à la Capitale.

Tsukitchi : Tu es sûre ? Hésita-t-elle, septique. Le piège est un peu gros... Et s'ils avaient fait ça pour nous envoyer sur une fausse piste ?

Moi : Honnêtement je ne crois pas... Nightmare a toujours l'habitude de guider ses pions pour mieux s'amuser. Il ne veut pas se cacher... Il veut s'exposer et agiter la victoire sous notre nez.

Tsukitchi : Si tu le dis...

Je lui tendis ma main en promettant intérieurement à Sachi que ça serait la dernière fois qu'elle se ferait télétransportée. Mais avant que la femme-louve eût pu faire quoi que ce soit deux ombres apparurent dans une détonation. Deux squelettes, blancs et rouges, saisissant chacun un bras de Tsukitchi qui disparurent aussitôt dans la même détonation.

Mon cerveau eut à peine le temps de reconnaître Cross et Blackberry qu'une force se refermant sur mon poignet me tira en arrière et me projeta brutalement au sol. J'allais me réceptionner avec une roulade avant de me souvenir que la présence de la petite ne me le permettait pas. Je m'écrasai alors sur la roche calcinée qui rapa copieusement mon ventre.

Horror : Donne-moi la gamine, Lisa et je te promets que je ne te mangerai pas. Jubila l'antropophage en face de moi, hache au dehors et sourire prédateur aux dents.

«Merde !» Grondai-je dans ma tête pour la deuxième fois de la journée.

Je n'avais pas été assez méfiante. Où était Tsukitchi, maintenant ? Et s'ils l'avaient emmenée à la Capitale pour me laisser seule contre les trois squelettes ? Mais Cross et Black ne revenaient pas. Je me relevai en observant du coin de l'œil quelque chose qui pourrait m'être utile pour me sortir de ce pétrin. Hélas, rien ne vint.

Moi : Qu'est-ce que tu vas faire d'elle, exactement ?! Lui lançai-je en positionnant mes appuis, prête à l'attaque.

Horror : Je vais la rendre à son père, bien sûr ! Répondit-il sournoisement en haussant les épaules. Je suis chargé de la ramener vivante, de préférence. Mais si tu en viens à me mettre en difficulté... On m'a accordé le droit de la tuer sur-le-champ ! C'est toi qui vois.

Cette proposition me fit presque rire. Livrer Sachi ? C'était accepter la défaite bien en face. Et la remettre aux mains de ces psychopathes reviendrait à renoncer à la liberté de Scroundrel, et connaissant bien Nightmare, à la vie de la jeune louve.

Le contact de la petite contre moi me léguait un sentiment étrange, une mystérieuse liaison. Comme si je savais ce qu'elle ressentait. Les minuscules mains appuyant un peu sur mes omoplates se cachaient. Elle ne comprenait pas, elle avait peur. Fronçant du nez, je fis apparaître une batte d'or.

Moi : C'est hors de question !

Horror : J'espérais bien que tu dirais ça... Soupira l'antropophage, ravi.

Des os acérés perçèrent soudain la terre et se prolongèrent à la chaîne dans ma direction. J'exerçai une impulsion sur mes jambes pour me propulser dans les airs, évitant de justesse le coupant de la pointe la plus haute. Sachi poussa un cri de surprise. Je me téléportai au sol sans quitter Horror du regard, avant de me souvenir avec damnation le mal que ça apportait à la jeune louve. Le cœur qui tapotait mes vertèbres avait perdu de ses flammes. Elle couinait mollement. Comment allais-je combattre le squelette à la hache dans ces conditions ?

Ce dernier devinant bien ma situation, s'élança sur moi avec encore plus de détermination. Il me fit faire toute sorte de figure, m'orientant par la tranche de son arme. Plier les genoux, sauter, se racler la hanche contre la pierre rugueuse... Et quand je tentais en vain de le blesser il ne montrait aucun mal à tout éviter en se téléportant. Je me sentais mal pour Sachi qui se faisait ballottée dans tous les sens, mais je n'avais pas le temps de nous détacher et de toute manière ça aurait été sans doute encore moins sûr pour elle.

Le sixième coup de hache acharné fut le bon. Horror réussit à me lacérer le flan gauche de la taille jusqu'au niveau de la poitrine. La couverture, ma maigre armure qui me maintenait à Sachi, se déchira. La petite enveloppée dans son cocon de tissu rencontra avec choc la dureté de la pierre. Je ne pus essayer de la rattraper que mon âme devint brusquement bleue et je me fis projetée quelques mètres plus loin. Je me heurtai un gros rocher et tombai sans grâce par terre. La tête tournante, je diagnostiquai ma plaie. Par miracle elle n'était pas trop profonde, mais mes tee-shirts étaient en lambeaux et bien teintés de rouge sombre.

Je tentai difficilement de me redresser. Un coude sur le sol, puis un genou, l'autre genou, une pointe de pied, la deuxième. Rude étape. Me relever, serrer les dents. Me tourner vers Sachi. Écarquiller les yeux d'horreur.

Horror : Ne bouge pas. Me dit calmement le squelette à la hache.

Tout les os taillés d'Horror étaient dangereusement dirigés vers un seul point culminant, l'âme de Sachi. Le pouce de l'antropophage embrassait son majeur, menaçant de produire le claquement sonore qui tuerait automatiquement la petite louve. Mes membres se figèrent. Je fixais, impuissante, le tête terrifiée de cette dernière se recroqueviller dans ses épaules.

L'antropophage exultait, récupérant par sa longue langue rouge un peu de mon sang qui tâchait la lame de sa hache. Son unique rétine carmine en frétilla, et son sourire victorieux s'agrandit. L'expression qu'il offrait me fila la chair de poule.

Horror : Tu penses que le Patron m'en voudra si je me fais un petit plaisir ? Demanda-t-il d'une voix à la fois doucereuse et rauque.

Même si je connaissais déjà la réponse, la traîtresse et naïve question s'échappa furtivement de mes lèvres frémissantes de peur.

Moi : Quel...?

Le sourire victorieux du squelette se métamorphosa en un sourire bestial. Il n'y avait qu'une seule autre fois où je l'avais vu ainsi. À Horrortale, lorsqu'il s'apprêtait à me dévorer. À ce moment-là que je sus que tout était fini.

Le gong affolé frappa ma cage thoracique et la scène se déploya en un éclair. Horror bondit sur moi. Dans la chute mon crâne percuta violemment le rocher. Il plaqua une main sur ma bouche. Je le laissai se mettre à califourchon, complètement sonnée. Il en profita pour prendre mon bras de son autre main et referma sa mâchoire sur mon épaule. Sa paume étouffa mon hurlement. Je me débattai, le repoussai de ma main valide. Mais il persista, sa force brute surpassant la mienne. Il lécha goulûment le sang qui coulait de la profonde morsure. Je paniquai. Mes yeux me piquèrent, mes rétines devinrent jaunes, mon pouvoir s'activa. Une puissante onde de choc le catapulta en arrière. Je me téléportai derrière lui, invoquai ma batte, le frappai de toute mes forces. Il s'effondra.

La batte disparut aussi vite qu'elle était apparue. Je reculai, terrifiée par ce qu'il venait de se passer. Mes jambes tremblaient tellement fort qu'on pouvait penser qu'elles allaient s'écrouler à tout moment. Mon cœur tambourinait ma poitrine tandis que la bouffée d'adrénaline qui s'était emparée de moi durant quelques secondes s'estompait peu à peu. Horror était un monstre guidé par une faim, cette faim incontrôlable qui lorsqu'on s'était abandonné à elle nous dirigeait comme un maléfice. Je réalisai alors avec effroi que si je n'avais pas réussi à l'arrêter... Il m'aurait peut-être vraiment dévorée.

Ce fut à ce moment-là que toutes mes douleurs refirent surface. Ma morsure me brûlait atrocement, m'arrachant un pauvre gémissement qui me guida à me tenir fermement l'épaule. La longue sévice qui me parcourait la taille me piquait de partout, et au moindre geste me faisait chouiner pitoyablement. Je m'avançai clopin-clopan jusqu'à Sachi. La pauvre petite, libérée de sa menace animique, semblait à bout. Je la démêlai de sa couverture et la pris doucement dans mes bras. Elle pesait pour moi plus qu'un âne mort à présent.

Moi : Je suis désolée, Sachi... M'excusai-je d'une voix faiblarde.

La petite louve, aussi épuisée que moi, tendit étrangement sa main vers mon âme et la prit comme elle avait prit le museau de sa mère. Cela l'apaisa. Et étonnement, cela m'apaisa aussi. Mes douleurs se calmèrent et mon pouls ralentit. Je souris tendrement. L'innocence de cette petite tenait un véritable don. C'était donc ça avoir un enfant ?

Moi : Merci choupinette... Fis-je affectueusement.

Soudain, un cri résonna dans tout Calciterre. Je sursautai. Au loin, derrière la foule de gens Crossifiée, je pouvais apercevoir des monstres en mouvement. Il ne me fallut pas longtemps pour reconnaître Tsukitchi, le tortionnaire ainsi que le mercenaire. Je fonçai comme une flèche vers eux en serrant Sachi dans mes bras, affreusement inquiète pour la femme louve.

Je m'arrêtai derrière un gros bloc de pierre et observai discrètement la scène. En premier plan il y avait Black et Cross, fouet et couteau géant en main. Quelques mètres plus loin était allongée au sol Tsukitchi. Elle avait une lésion à la joue, quelques touffes de poil avaient été arrachés par ses éraflures et elle se mouvait difficilement en essayant de se relever.

«Il ne vont pas la tuer quand même ?? Ils ne vont pas la tuer !» M'affolai-je en me collant dos à la roche pour réfléchir à toute vitesse.

Plus que quatorze minutes. Je me devais d'aider Tsukitchi mais rien ne disait que nous réussirions à les battre, même à deux contre deux. Mais si je décidais de foncer jusqu'au château en l'ignorant, allaient-ils l'achever avant la fin du temps imparti ? Je n'osais plus téléporter Sachi, s'il lui arrivait malheur à cause de ça je ne m'en remettrai jamais. Oh, comment savoir quoi faire ?

Je passai la tête par-dessus ma cachette. Cross et Black s'avançaient dangereusement. Devant eux, Tsukitchi. Et à côté, un lac de lave.

Ce fut là qu'une idée me vint. Soutenant la petite par un bras, je tendis mes doigts grand ouverts en me concentrant intensément. Loin d'être une professionnelle des brèches, j'avais généralement des "check-point" pour aller dans un univers souhaité. Soit Waterfall soit Snowdin. Mais là, je me concentrai pour ouvrir un portail vers là où je ne m'étais rendue qu'une fois.

«Prêtez-moi un peu de votre océan, Capitaine !»

L'air se fissura alors en tas de glitchs et une cascade d'eau se déversa furieusement sur le brûlant du magma. Un grand chuintement se fit entendre et d'immenses volutes de vapeur engloutirent tout rond les deux déroutés. J'en profitai pour piquer un sprint dans le brouillard et en sortis Tsukitchi.

Tsukitchi : Lisa...! Souffla la femme-louve, couverte par le vacarme de la chûte d'eau. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Sachi ! Elle va...?

Elle porta sa main à sa bouche pour empêcher ses larmes de couler, apitoyée de l'état de sa fille quand je la lui remis.

Moi : Tsukitchi. Il faut tu amènes Sachi à la Capitale, je n'ai plus assez de force pour ça et tu es plus rapide que moi de toute manière. Écoute. Cours aussi vite que tu le peux, entre dans le château, toujours tout droit. Quand tu traverseras le couloir aux vitraux tu y seras. La salle du trône est juste après.

Tsukitchi : Mais... Et toi ?? Tu ne vas pas pouvoir retenir ces gars aussi longtemps !

Moi : C'est pour ça qu'il faut que tu y ailles maintenant. Le brouillard s'épaissit, ça te laissera le temps de disparaitre de leur champ de vision. Allez !

La femme-louve fronça durement les sourcils en commençant à partir. Mais je la retins par l'épaule une dernière fois juste avant qu'elle ne s'élançât.

Moi : Tsukitchi... Je suis désolée de paraître si rude alors que tu dois être chamboulée... Dis-je sincèrement. Mais... C'est quand la situation me l'oblige que je doit me montrer ferme. Je... je voulais juste que tu le saches. Et je suis vraiment désolée pour Sachi.

Les cils de la jeune mère papillonnèrent, surprise. Elle sourit, puis s'en alla. La brèche que j'avais créée s'était refermée. Sans le boucan du flot qui se déversait, je pouvais ouïr les douteux jurons de Blackberry. Bientôt la vapeur se dissipa et les courbes de deux têtes osseuses s'afinèrent. Le tortionnaire leva la tête. Ses pupilles me lancèrent des éclairs tant il était furieux.

Black : Toi !!! Rugit-il. Où est la gosse ??

Je risquai un coup d'œil en arrière. Par chance, Tsukitchi avait eu le temps de disparaitre aux orbites des Bads. Peut-être était-elle déjà entrée dans les méandres de la ville.

Moi : En sécurité. Répondis-je simplement d'une voix ferme.

Le squelette au fouet fonça sur moi dans un cri de rage. J'invoquai un sabre, me préparant à l'impact. Mais au moment où il allait frapper il me fit une feinte sournoise pour se retrouver derrière moi.

Black : Occupe-toi d'elle, Cross je vais me charger de la mère !

Et il se téléporta devant la Capitale avant que j'eusse pu l'en empêcher. Je partis pour le suivre, hélas le monochrome avait décidé de s'en mêler. Il apparut devant moi et manqua de peu de me faucher avec son couteau.

Moi : Cross ! M'écriai-je. Je n'ai pas envie de t'affronter ! Qu'est-ce que tu fais ?

Cross : Je dois tuer la petite louve. Combat-moi. Répondit-il en me fixant intensément.

Je le dévisageai tristement. Si sa bouche sous son foulard noir disait «Combat-moi», ses yeux suppliaient «Arrête-moi». Je pinçai mes lèvres puis aquiesçai. C'était un Bad Guy. Mon ennemi. Il jouait le jeu, et je me devais de le jouer aussi.

Ignorant mes grièves blessures je me défoulai comme une furie, usant toute mes forces dans mes attaques et mes esquives, sans retenue ni pitié. Cross, lui, était un peu mou sur les bords. Le faisait-il exprès ? Ou bien son grand manteau de fourrure et son blanc flocon-de-neige contrastant avec la chaleur des lieux l'affaiblissait ?

Peu importe. Je devais l'affronter. Nous devions nous affronter.

Du tranchant de nos lames et du peu d'énergie nous restant dans nos bras nous faisions gicler les sangs, fouettions l'air de nos armes et mêlions notre détermination. Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé mais quand la fin du combat sonna, nous étions tout les deux étalés à terre, côtes à côtes, mettant fin à la sauvagerie de ce duel qu'aucun de nous n'avait réellement souhaité.

Moi : Voilà... Murmurai-je, incapable d'élever davantage la voix. Je t'ai arrêté.

Cross : Merci... Murmura-t-il en retour.

Je ne pouvais plus faire un geste. Peut-être avais-je même quelque chose de cassé ? Je n'en savais trop rien. La douleur devenait sourde.

Moi : On s'est mutilé mutuellement...on s'est battu...on s'est frappé...tout ça pour quoi...?

Cross : Parce que nos chemins se croisent et que nos buts sont opposés.

Moi : ...Nous ne sommes pas obligés de nous combattre...

Cross : Je dois le faire... Si je trahis Nightmare encore une fois il me tuera.

Moi : Tu peux venir avec nous... On peut de protéger...

Cross : C'est gentil... Mais vous n'avez pas accepté de me rendre le monde que je mérite. Il est le seul qui ait bien voulu m'aider. Même si c'est dur... Je dois persévérer.

Moi : Tu ne peux pas reconstruire ton monde... Cross...c'est impossible...

Cross : Ink me l'a dit... Epic me l'a dit aussi. Mais ils mentent, c'est possible. Chara me l'a juré.

Moi : Alors on devra encore se combattre...?

Cross : Oui. Je suis désolé.

Moi : ...d'accord... J'espère que ça ira bien pour toi. Et... Merci pour ce que tu as fais pour moi.

Cross : De rien...j'imagine.

Nous restâmes silencieux, ne sachant quoi dire et que faire. Nous n'avions qu'à attendre. J'espérais juste que Tsukitchi saurait se débrouiller. Je n'avais plus aucune carte en main à part espérer. À elle de jouer à présent.

Cross : Lisa...

Moi : Oui ?

Cross : Tu peux...envoyer un message à Dream de ma part...?

Moi : Euh... bien sûr ?

★★★

PDV Extérieur :

Tsukitchi courait. Elle courait, courait aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Combien de minutes s'était-il passé ? Elle n'en avait aucune idée. Une fois entrée dans la ville, les grands immeubles défilant sous ses yeux l'avaient hypnotisée au point de perdre toute notions du temps. Ses pupilles se baissaient toutes seules vers Sachi qui faisait tous les efforts du monde pour se maintenir éveillée. Ses pattes martelaient les dalles de pierre de la grande allée. Continuellement. Sans répis. Alors pourquoi diable ce palais lui semblait-il toujours aussi loin ? Et si c'était déjà trop tard ? Et si Papyrus était déjà mort ? Qu'adviendrait-il, de Sachi, de Scoundrel ?

Cette peur qu'ils fîssent du mal à sa petite fille l'amenait à accélérer encore plus. Du mal à elle, à Scoundrel. Elle les aimait tout les deux, elle voulait les sauver tout les deux. Ses muscles s'embrasaient jusqu'à se consumer, mais elle accéléra. Son cœur battait jusqu'à lui cogner les côtes, mais elle accéléra. Et toute les trente secondes elle la serrait plus fort. Sa fille, sa si précieuse fille. Elle accéléra encore.

Brusquement, un anneau de feu ceignit sa cheville, stoppant net sa course. Elle s'aplatit au sol si brutalement que son pied lui avait semblé s'arracher de sa jambe. Le seul réflexe qui lui vint lors de la chute avait été de se recroqueviller sur Sachi pour la protéger. Elle serra les dents. Non ! Quoi encore ? Pas si près du but !

Black : Tu cours vite... Admit la voix hautaine du squelette vêtu de rouge. Mais pas assez pour le grand Blackberry !

Il déroula sèchement son fouet de la cheville de Tsukitchi. La femme-louve étouffa un grognement de douleur. Le sang coulait abondamment. Elle inspirait et expirait difficilement.

Black : Eh, je dois avouer que tu m'as fait peur en disparaissant comme ça ! Mais que nous nous retrouvions ici n'est pas plus mal au final... Ce sera moi qui mènerai ce jeu à notre victoire !

Il déchaîna sur elle un gros coup de pied dans la hanche. Tsukitchi roula sur elle-même. Souffrante, elle décolla mollement Sachi de sa poitrine. La pauvre enfant tremblait comme une feuille. Une grande colère poussée par l'instint maternel s'empara de la femme louve.

Black : Et ce sera moi que le Maître félicitera ! Poursuivit-il dans son monologue mégalomane. Et puis qui sait, si un jour j'accomplis un exploit peut-être qu'il me nommera son bras droit à la place de cet abruti de Killer ?! JE serai le meilleur lieutenant du Multivers, et quelqu'un d'aussi puissant et respectable que Nightmare s'en rendra compte rapidement !

«Il l'admire...?» Pensa Tsukitchi avec dégoût.

Blackberry était un Sans ayant la personnalité de Papyrus d'Underfell. Son côté violent, arrogant et cruel lui venait de cet AU, avec l'admiration de l'être supérieur et les rêves de gloire qui allait avec Blue. Il voyait Nightmare comme il avait vu la reine Toriel par le passé, une idole à surpasser.

Mais ça, Tsukitchi ne le savait pas. Et elle enrageait. Elle enrageait que le seul obstacle qui la séparait de Scoundrel était un gamin pathétique se croyant tout droit sorti de la cuisse de Jupiter. Elle en avait assez de se montrer patiente et gentille. Sa colère anesthésiait la douleur. Dans un silence religieux, elle se mit debout, posa Sachi, se releva, se dirigea vers Black, s'arrêta devant lui.

Black : Qu'est-ce que tu fais, là ? Ne te mets pas en travers de mon chemin ! Tu pourrais sévèrement le regretter. Imposa le tortionnaire.

La mâchoire de Tsukitchi se contracta. Elle n'allait pas se contenir longtemps.

Black : Tu n'es pas la première louve que je dresse !!! Clama le squelette en la cinglant de son fouet.

Tsukitchi contra le lasso en refermant simplement la pointe dans son poing. Le cyan sur son visage devint rouge sang. Elle montra ses crocs.

Tsukitchi : Les gens comme toi... Grinça-t-elle alors que Black tirait en vain sur son arme, stupéfait par cette soudaine force. ...Me répugnent au plus haut point !

De furieuses flammes rouges emanèrent de sa main. Le cracker du fouet prit feu et tout se propagea de sorte que tortionnaire dû lâcher le manche en reculant, abasourdi.

Black : Je...?? Tu ! Tu crois m'impressionner, sale chienne ?? Sache que je n'ai pas...!

Il ne put finir sa phrase, la louve enragée lui sauta sauvagement au visage.

★★★

Nightmare : Mon cher Papyrus, le sablier est presque entièrement écoulé. Annonça le maître des cauchemars en fermant me clapet de sa montre à gousset. Et aucun de tes amis ne semble pointer le bout de son nez.

Les fleurs étaient à présent presque toutes corrompues. Le jardin qui auparavant reflétait milles et unes nuances d'or et d'émeraude s'était métamorphosé pour le plus macabre. Le faisceau lumineux qui passait par la vitre n'était plus que gris et fade, poussiéreux. Les dernières jonquilles encore épargnées arrivaient à peine à rendre un peu de couleur chaude à la pièce. Papyrus regardait Nightmare poursuivre sa redécoration intérieure tandis que Scroundrel postait aux côtés de son cher maître, bon toutou qu'il était. Un vent mortuaire soufflait dans la salle du trône.

Papyrus : Peut-être... Articula-t-il en forçant un sourire. Mais remarquons également qu'aucun de vos sbires n'est là non plus.

Nightmare leva un sourcil étonné puis lâcha un rire.

Nightmare : Effectivement. Approuva-t-il en noirciçant une fleur. Cela dit... Si les personnes dans cette pièce stagnent toujours au nombre de trois à quinze heures seize précise, je reste considéré comme le gagnant. Scroundrel ?

Le malfrat apparut brusquement derrière son aîné et le plaqua au sol. Étalé sur le ventre, la vision de Papyrus se limitait à la terre humide et aux pétales charbonneuses dissimulant par endroits l'atroce neutralité du regard de son frère. Ce coup-ci, Scroundrel avait été un peu plus préventif. L'âme du grand squelette devenue bleue le clouait totalement au parterre et ses bras étaient bloqués dans le dos par le poids du squelette à la batte. Il tenta de raisonner son frère, à défaut de ne pouvoir bouger.

Papyrus : Sans... Écoute, je sais que tu es envoûté, ça doit être dur de lutter mais je suis ton frère et sache que je ferai tout pour que tu redeviennes comme avant ! S'il te plaît, ne fais pas ça !

Scroundrel : ...Ne rends pas les choses compliquées, Pap's. Tu ne peux pas m'aider. Je n'ai qu'un but, une voie et maintenant que tu continues à te mettre en travers de mon chemin je suis obligé de te tuer...!

Le tentaculaire soupira lentement. Combien de fois avait-il entendu ce refrain ?

Nightmare : Les disputes entre frère... Intervint-il, las. Toutes les mêmes. L'histoire se répète. Inlassablement. L'un sortira toujours cette même phrase : "je ne veux pas me battre contre toi !", "Reviens vers moi, je t'en prie !" Vous voulez tous les changer, les faire redevenir "comme avant". Vous avez toujours de l'espoir, des bons sentiments, de la... pitié. (Il avait dit ça avec mépris) Hé... Les gens comme toi, Papyrus... Je les extermine.

Papyrus en eut un frisson parcourant tous ses os. Il jeta un dernier regard suppliant à son frère. Mais cet appel au secours demeura ignoré. Nightmare cueillit la dernière fleur aux pétales d'or.

Nightmare : ...C'était une belle partie.

??? : ATTENDEZ !!!

Tous se tournèrent vers l'entrée. Une silhouette était apparue sous le porche, chancelante, en sueur, usant du bord du mur comme appui. Ses mèches de cheveu tombaient devant son front incliné, cachant le haut de son visage pour ne laisser voir qu'une bouche se rétrécir et s'agrandir au rythme de sa respiration haletante. Dans un bras elle tenait une petite chose, une minuscule boule de poil grise claire. Elle leva la tête avec une esquisse de sourire. Et Scroundrel les revit. Ces beaux yeux cyan qui le hantaient sans cesse, si joliment habillés de leur reflets argentés.

Tsukitchi : Ça y est ! S'écria Tsukitchi, pleine d'espoir. Arrêtez tout ! Elle est là, elle est là...

Devant les cinq yeux ébahis, elle marcha à pas lents vers Scroundrel en serrant précieusement la boule de peluche contre son cœur. Au fur et à mesure qu'elle approchait, le squelette à la batte remarqua que ce n'était pas une boule de peluche, mais un bébé. Un bébé loup, avec un petit museau, des oreilles touffues, de grands yeux à demi ouverts par la fatigue, ressemblant étrangement à ceux qui lui faisait tourner la tête, en plus de ses marques colorées sur son faciès. Il recula un peu, frappé par la surprise.

Scroundrel : ...ce louveteau... C'est...?

Tsukitchi, hocha la tête.

Tsukitchi : C'est notre fille, Scoundrel... Notre enfant... Bégaya-t-elle presque, prise par l'émotion.

Scroundrel : Notre... Fille ? J'ai... J'ai une fille...? Souffla-t-il en baissant les orbites sur la petite louve.

Papyrus, en se redressant, vola comme bon délinquant qu'il était le sourire vainqueur des dents de Nightmare. Le maître des cauchemars fixa la scène, puis la jonquille entre ses doigts. La corruption avait tout atteint. Tous, sauf les étamines. Ses tentacules et ses poings se crispèrent de colère écrasant la fleur, puis se détendirent. Ne perdons pas notre sang-froid pour ça, voyons...

Nightmare : Et bien... J'imagine que ça compte comme une victoire de votre part. Dit-il en enfonçant ses poings dans les poches de son manteau. Et j'ai hélas juré de respecter les règles.

Le grand squelette toisa de toute sa hauteur, on ne peut plus fier.

Nightmare : Mais tant que Lisa ne le sait pas, on ne peut pas considérer cela comme de la triche, pas vrai ? Ajouta-t-il sournoisement. Quand vous ne serez plus là pour témoigner~

Il tourna les pantoufles d'un air désintéressé.

Nightmare : Je n'aurais qu'à lui dire que vous êtes arrivés trop tard. Tue les, Scroundrel.

Papyrus fit volte-face, effrayé en s'attendant déjà à ce que son frère bondît sur Tsukitchi. Mais il n'en était rien. Scroundrel n'entendait pas. Il avait pris Sachi dans ses bras, hypnotisé. La petite aurait du paniquer mais elle riait. Elle riait malgré la fatigue, elle riait en plongeant ses iris vairons dans celles mauves de son père.

Nightmare : Scroundrel ? Appela une nouvelle fois Nightmare en jetant un coup d'œil par dessus son épaule, intrigué du manque de réactivité de son larbin.

L'âme pervertie du malfrat était exposée devant la tête innocente de la petite louve. On ne sut si c'était par curiosité, instinct ou pleine connaissance de cause mais Sachi prit l'âme aux rebords violets dans ses menottes, comme elle l'avait fait avec Tsukitchi, comme elle l'avait fait avec Lisa. Elle rigolait, enfantine, pleine de joie et de nonchalance.

Nightmare : Scroundrel, tu m'écoutes ?! Je t'ai dit de...!

Un halo de lumière émana soudain du cœur de Scroundrel, faisant reculer le tentaculaire avec rage. Il n'aimait pas la positivité qui en imprégnait. Il se força à ouvrir son œil. Autour d'eux toutes les fleurs avaient retrouvé leur dorure, brillantes comme au premier jour, eurent l'effet d'un violent flash pour sa mirette sensible. Le regard de Scroundrel était caché par sa capuche, aussi Nightmare ne put voir son expression.

Nightmare : Scroundrel, je t'ordonne de m'obéir !!!

Sans un mot, le malfrat remit l'enfant à sa mère, laissa tomber ses bras le long de son corps. Et d'un coup, il saisit Tsukitchi par la taille, se retourna vivement vers Nightmare et pointa sa batte de baseball avec un sourire triomphant. Ses yeux étaient redevenus rouge brillant, un rouge empli de détermination.

Scroundrel : Nope ! Dit-il sous le regard de braise de sa bien-aimée. Pas cette fois, le Takoyaki ! (Petite dédicace à Fallen UwU)

Tsukitchi : Scoundrel ! S'écria la femme-louve en se jetant contre lui.

Le bébé lové contre ses deux parents sourit de toute ses canines et se colla aussi à son père. Papyrus renchérit à son tour dans un éclat de rire soulagé en entourant, protecteur, la petite famille réunie.

Le squelette de pétrole pesta, écoeuré. Comment cela se faisait-il que son âme eût reprit une couleur blanche ? Qu'avait fait cette sale mioche ? Il rendit ses tentacules aussi acérés que des ronces. S'il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas, c'était qu'on lui retirât ses employés.

Nightmare : ...Très bien, tu veux t'ajouter au carnage ? Pas de problème. Grinça-t-il amèrement.

Nightmare était un homme de sang-froid. Même si la situation n'était pas à son avantage, il gardait toujours son sourire narquois, en attendant le d'échafauder des stratégies. Mais c'était ce genre de sentiments positifs, la paix, la prospérité et la sérénité qui le faisait sortir de ses gongs. Cette gosse se révélait plus dangereuse qu'il ne l'aurait cru. Tant pis, il allait tuer toute cette petite bande à faire vomir, annihiler leur univers, exterminer...

Scroundrel : Je crois pas, non. Rétorqua Scroundrel en se défaisant de l'étreinte de son frère. Voilà comment ça va se passer. Vous allez vous montrer bon joueur et admettre votre défaite devant Lisa. Il en va de votre image et de votre dignité, "Boss".

Le tentaculaire le transperça de l'œil, avant de se rendre compte que c'était Scroundrel, qui à cet instant, abordait le sourire narquois. Il avait en effet perdu le contrôle de lui-même. Il décida de se calmer, bien que lorsque la haine le submergeait ce n'était pas chose facile. Son honneur valait plus que la perte d'un simple sbire comme Scroundrel. Il rentra ses tentacules et se mit dans une position plus détendue.

Nightmare : Très bien. Accepta-t-il sans sourire. Je te laisserai tranquille, toi et ton univers. J'espère au moins que tu auras apprécié tout ce temps en notre compagnie, Scroundrel.

Et il s'enfonça dans les ombres. Il n'avait jamais eut de défaite aussi totale mais il saurait remédier à ça. Ce n'était qu'une question de temps. C'est toujours une question de temps.

★★★

Après les joies des retrouvailles, la petite troupe rebroussa chemin, en dehors du château, de la Capitale, passant par la grande allée pavée de dalles marbrées. Sachi tapotait joyeusement la capuche de son père, calée sur ses épaules, toute contente, pendant que Tsukitchi entrelaçait ses doigts avec celui de son amant. Ce cœur qui s'était stoppé pendant un an et dix mois, une longue année et dix longs mois, s'était enfin remit en marche, avec plus de ferveur que jamais.

Sur la grande plaine de Calciterre, la foule d'êtres blancs avait disparu. Il ne restait, à quelques mètres plus loin, que Dream et Lisa. Le maître des songes était agenouillé devant la brunette et exerçait sur elle sa magie des soins.

Dream : Voilà... Ça va mieux ? Lui demanda-t-il d'une voix douce.

Lisa : Oui, merci pour tout Dream ! Assura la jeune fille énergiquement.

Dream : Cross n'y est pas allé de main morte...

Lisa : Ce n'est pas de sa faute... Aucun de nous ne voulait se battre. C'est à cause de Nightmare...

Dream : Je sais.

Lisa : En parlant de lui, quand il est allé chercher Cross il s'est arrêté pour me dire que Tsukitchi avait réussi à gagner la salle du trône à temps. On a gagné !

Dream : Ouf, tant mieux pour eux... Et pour toi.

Lisa : Ermh... Tiens d'ailleurs ça m'étonne qu'il ait joué selon les règles pour une fois, tu ne trouves pas ?

Dream : ...Comme quoi.

Lisa : Ouais... Au fait, Cross voulait que je te fasse passer un message.

Dream : Cross ? Et...euh... Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Lisa : Et bien...

Elle s'interrompit en voyant arriver petite famille. Elle sourit grandement et agita le bras pour les saluer. Tous répondirent à son appel et les rejoignirent en quelques foulées. Vu que l'état physique de la jeune fille se montrait encore douteux, ils décidèrent de s'installer à ses côtés et commencèrent à discuter ensemble.

Lisa : Alors... Vous allez faire quoi, maintenant ? S'enquit la brunette au bout d'un moment.

Scroundrel : Rester ici... Et fonder une famille. Répondit le malfrat en échangeant un regard amoureux avec Tsukitchi.

Lisa : Oooooooooh... Une vie normale. Ça fait quoi déjà d'avoir une vie normale ?

Ils haussèrent les épaules en riant. C'était une chose que tous avaient oublié.

Scroundrel : Eh, tu viendras nous voir ? Pour qu'on se paye une bonne baston ! Je suis sûr que j'arriverai à te battre cette fois !

Lisa : Ça ça m'étonnerait !

Dream et Papyrus se lancèrent un regard complice. Oui, à présent la petite famille pourrait vivre des jours heureux et prospères dans leur univers, à l'abri des dangers du Multivers et des sombres agissements du maître des cauchemars.

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Aaaaaaaaayé ! Fini !

(*A le cerveau en compote de pomme purée patate tellement elle a fait d'écran) Je... Je crois que je vais faire une petite pause. Bruh- @_@

Ce que j'aime avec ce chapitre, c'est que même si l'histoire n'a rien de canon, j'ai glissé plein de références aux comics de Draw Wolf, aux animations et aux informations en description >:3 (ouais, j'ai fait ma petite enquête en somme)

Ah, et je suis sûr que vous avez tous senti le manque de vocabulaire et d'inspiration vers la fin XD ! Hahahahaha !
...C'est la fatigue >>"""""".....

Ayeh (づ。◕‿‿◕。)づ

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