Chapitre 17 (Deuxième partie)

PDV Extérieur :

Suite à sa légère crise de folie, Nightmare reçut la visite de Ink qui lui avait proposé de prendre le déjeuner avec eux. Après hésitation, il se laissa guider jusqu'au QG des Stars. Et il avait du mal à avouer...qu'il n'en fut pas très rassuré. Pas qu'il avait peur de se retrouver en territoire ennemi, loin de là, il y était pas plus tard qu'hier ; mais s'il y avait bien une personne qui était apte à le reconnaître, c'était Dream. Le peintre lui avait pourtant dit, avec une certaine perplexité vis à vis de la question, que le prince des rêves était parti et qu'il reviendrait sans doute tout à l'heure. N'empêche, dès que le squelette glitché le verrait, il retournerait fissa à l'anti-void.

Les héros du Multivers étaient dans la maison à vaquer à leurs occupations, Ink à la peinture et Blue à préparer le repas du midi, quand Nightmare décida qu'il s'ennuyait. Il ne pouvait s'empêcher d'amener un peu de venin dans cette ambiance bien trop détendue à son goût. Il s'approcha donc du peintre.

Nightmare : Dīs dønc, ł'årtįste... Susurra-t-il. Tū såvãis qūę Błūe åvãįt, øh, nę t'ēn fåįs pås, trøįs føīs rīēn... Jęté łå mãjørįté dę tęs tøīłęs dåns lę fønd dū jårdįn ?

Il ne mentait pas. Il avait déjà entendu Lisa en parler, quand elle était avec Error. Puisqu'Ink oubliait tout, il ne se rendait pas compte qu'il faisait autant de tableaux et qu'il encombrait la maison entière. Blue avait donc été obligé d'en enterrer quelques-uns pour ne pas mourir asphyxié.

Ink : Depuis quand t'es dans le corps d'Error, Nightmare ? Demanda simplement le protecteur d'AU en remettant son pinceau dans le pot.

Devant le visage blême du maître des cauchemars, il se leva et lâcha un petit rire.

Ink : Héhé, c'est trop facile de te reconnaitre, tu sais ?

Nightmare, se sentit glitcher, incapable de se justifier. Il avait sous-estimé l'intelligence du pot de peinture.

Ink : Ben oui ! Rigola Ink. Error ne parle tellement pas comme ça ! En plus j'ai vu des tas de choses bizarres dans le Multivers alors c'est pas un échange de corps qui va m'éton... euh... De quoi on parlait, déjà ?

Il s'interrompit, sourire idiot, ses pupilles indiquant des points d'interrogation. Il regarda à droite, à gauche, et enfin remarqua Nightmare.

Ink : Tiens, salut ! Tu veux quoi ?

Nightmare : ...jęēęēęēęēęē...? Vįēns tę dįrē qūę Błūe å jēté tēs tøīłes dåns lę fønd dū jårdįn...?

Ink : QUOI ?! RHAAAAAAA, il va m'entendre, celui-là !! Merci Error ! Fit l'amnésique en sortant en trombe de la maison.

Nightmare le vit partir, aussi interloqué que soulagé. Cela dit, il n'aurait pas une telle chance deux fois, il fallait effectivement qu'il fasse attention à son langage. Pendant que le peintre enguirlandait Blue, il en profita pour goûter ce que la pétillante myrtille cuisinait.

«Mmmmmmh... Ça manque un peu de cramé, tout ça.» Songea-t-il en montant le feu au maximum.

Et un déjeuner rasoir d'évité, un. Il retint un ricanement. Puis soudain, une sorte de honte le conquit, et il fronça furieusement les arcades. Mais qu'est-ce qu'il foutait, bon sang ? Il avait l'occasion parfaite de gangrener leur groupe et il n'était pas fichu de faire plus que de provoquer une dispute aussi frivole que pathétique !

Meh, ce n'était que l'amuse-bouche. Il s'amusait, mais là, il allait réfléchir sérieusement à un plan. Il frappa ses paumes entre elle, s'appliquant à songer à un véritable méfait. Il contempla alors avec horreur le vide qu'offrait actuellement son esprit à la vilenie. Merde, il avait une panne.

«Meeeeeerde...!!»

Cela le fit un peu paniquer. Il considérait la perfidie comme un art, et à cet instant, tout résultat tiré de ses méninges lui paraissait ridicule et fade. Était-ce parce que ce squelette ne témoignait pas d'autant de haine que le sien ?

Oui, évidemment... C'était ce corps qui l'influençait, un corps de lâche, cela altérait sa personnalité. Il se sentait déjà plus nerveux, et la condition de glitch d'Error rendait naturellement ses émotions erratiques.

Cette prise de conscience le détendit un peu. Bon, un raid. Une petite route Génocide, c'était simple, mais au moins, ça lui remettrait les idées en place. Malheureusement, pour cela, il allait devoir apprendre à contrôler ses nouveaux pouvoirs, autrement il ne tiendrait pas deux secondes en combat engagé.

Hélas son champ de vision capta soudain les escaliers et le distrayait de son objectif. La curiosité le poussa à monter dans les chambres de ses ennemis. Il visita la celle de Ink, assez en bordel avec une forte odeur de peinture à huile, celle de Blue, avec sa stupide voiture-lit et ses figurines mais cela dit bien rangée, puis celle de Dream. Elle était tout à fait normale, en ordre et sans trait de personnalité apparente. Le prince des rêves n'était pas... Non, plus, quelqu'un qui montrait ses véritables émotions. En revanche, sur le bureau, il y avait un dessin de lui dans un cadre. De lui et de Nightmare, sous son ancienne forme. Ils étaient ensemble, ils souriaient. Il se souvenait bien de ce jour-là, ils avaient dû rester en position pendant une demi-heure en attendant que l'artiste reproduise traits par traits leur faciès le plus parfaitement possible. Dream gardait encore ces vieilleries ?

Nightmare : Påthétįqūe. Pesta-t-il en finissant par la chambre de Lisa.

Les chambres reflétaient toujours une partie de notre être. Elles étaient l'enveloppe de notre solitude, le creux de nos pensées. On en apprenait beaucoup sur la personne rien qu'en fouinant un peu. Il n'avait pas eu l'occasion de visiter celle de la brunette plus que ça, étant donné que la seule fois où l'occasion s'était présentée il n'avait pas pu rester longtemps. Qu'avait-elle à cacher là-dedans ?

Nightmare : J'ÿ. Crøįs. Pås. S'extasia-t-il en remettant un tas de feuilles de papier dans sa pochette. Lįså dēssįnę ??

Voilà un passe-temps qu'il ignorait d'elle. Ses croquis sur papier représentait des choses imaginaires, des personnages, des esquisses d'univers alternatifs qu'elle avait du imaginé, beaucoup d'expressions de visage aussi. Une chose qu'elle partageait avec le peintre, tiens. Le seul art auquel Nightmare s'intéressait était les créations en disant long sur les émotions intérieures des artistes, où, bien souvent, la négativité et le pessimisme s'y faisaient une place de choix. Il sourit. Ici, la signification en était tout autre.

Il fouillait l'armoire près du lit, dans l'espoir de dénicher quelque chose de plus intéressant, que ce soit caché au fond d'un tas de tee-shirt ou d'un bac de sous-vêtements, quand la porte s'ouvrit dans un fracas monstre.

Epic : Ah bah t'étais là, Bruh ?? Je te cherche partout depuis tout à l'heure ! Le réprimanda le squelette violet, les poings sur les hanches.

Nightmare : Åh øūåis ? Ēt tū mę vęūx qūøį ? S'enquit le squelette glitché en prenant une mine blasée, après avoir brutalement refermé le tiroir comme si de rien n'était.

Epic : Ben... Pour ce que tu sais ! Lui souffla-t-il avec un clin d'œil complice.

Non, il ne savait pas. Nightmare, en tout cas, ne voyait pas du tout de quoi il voulait parler. Il réfléchit à toute vitesse pour inventer un truc malin.

Nightmare : Ęūh... Øūåis, nån, ję sūįs pãs trøp d'hūmęur, łà.

Il serra les dents. Ce corps le rendait stupide aussi, ou bien ?

Epic : Quoi ?? Mais tu ne rates jamais un épisode, d'habitude !

Nightmare étouffa son éclat de rire dans une quinte de toux furieuse et de quelques fourmillements de glitchs.

Epic : Eh... Ça va, Bruh ? S'inquiéta l'autre, déconfit.

«Oh bordel, le meme sur patte aussi est fan de cette série à la noix !» Pensait le maître des cauchemars, hilare.

Il prit une grande inspiration et se redressa, une larme de rire à l'obrite qu'il se dépécha d'essuyer du pouce.

Nightmare : Øūåįs, t'ås rãįsøn. Ūn bøn fån d'ãnīmé rēgårdę tøūjøurs så sérįe, mêmę åūx pørtēs dę łå mørt !

Epic : ...Ça c'est parlé, Bruh... Murmura Epic en portant ses mains sous son menton, ému. Allez, on y va !

Alors ça, c'était pas prévu. Il ne voulait pas perdre ne serait-ce qu'une miette de sa précieuse éternité pour regarder cet Undernovela qui était pour lui la pire torture jamais infligée. Mais s'il ne voulait pas paraître suspect, il en était bien obligé.

«Et c'est parti pour des heures d'ennui en perspective...»

Epic : Au fait, Bruh, t'as pas besoin de me cacher que tu renifles les vêtements de Lisa, j'en étais déjà presque sûr. Ajouta le squelette violet, espiègle.

«Pitié Epic j'aurai très bien pu vivre le reste de mon existence sans savoir ça........» Implora intérieurement Nightmare en se retenant de se taper la main sur le front.

★★★

Sainte Joku c'était encore pire que ce qu'il l'avait imaginé.

Méchant : Blablablablablablabla, blabla ! Hehehe !

Un bandit minable dont Nightmare avait oublié le nom pointait son revolver sur Asgoro, et sortit le cliché du "J'expliquetoutmonplanetjeparleencontinujusqu'acequel'autreraplique". Bon, lui aussi, il parlait mais c'était pour remuer le couteau dans la plaie, cracher son venin, faire mal, quoi ! Ce méchant là était tous bonnement pitoyable.

«Mais tue-le, bordel ! Et voilà, l'autre pote d'Asgoro vient de lui tirer dessus. Qu'il est couillon aussi !»

Les orbites du squelette glitché se refermaient inexorablement. Il savait que s'il continuait ainsi il allait s'endormir. Combien de temps est-ce qu'il était resté sur ce canapé en compagnie de l'autre abruti à regarder ces séries débiles ? Il commençait à avoir la migraine. Il se souvint soudain d'un détail qui sans doute lui sauva la vie.

Nightmare : Dįs, Ēpįc... T'ås pãs øubłįé qūęłqūe chøsę ?

Epic : Un, euh... Je crois pas, Bruh. Pourquoi ?

Nightmare : C'ēst pås åūjøurd'hūį qūę łē prøchåįn ępīsøde d'SNK sørt ?

Quoi ? Comment Nightmare le savait-il ? Secret confidentiel.

Epic : AH MAIS SI, BRUH ! S'exclama soudain le meme sur patte en sautant du canapé. Holala, mais... Je peux pas quitter le truc comme ça !

Nightmare : Måįs sī, t'įnqūįète, jē såįs qūę c'ēst īmpørtånt pøūr tøį.

«Mais si, t'inquiètes, et par pitié fout le camp.»

Epic : O... Ok, cool ! Merci, t'es vraiment un Bruh ! Fit-il donc en levant un pouce en l'air.

Nightmare : Øūåįs, hēhē... Ålłēz, bÿę, hēįn...

Le squelette glitché ouvrit donc un portail vers Epictale et Epic s'y engouffra. Il se frappa la tempe. Allez bye ? Il aurait dû le dégager plus agressivement ! Ou avec mépris, ou avec raillerie ! C'était dingue comme il n'y ait pas pensé sur le coup.

Bon, tant pis, ce n'était pas bien grave. Il allait tuer des gens, ça le dérouillerait un peu. Et pour ce faire, apprendre les bases. Il avait souvent observé le destructeur utiliser les fils, ça ne devrait pas être trop difficile. Profitant de sa douce solitude tant bafouée, il retroussa ses manches, déterminé.

Nightmare : Ēt męrdē, çå fåįt cømbīęn dē tęmps qūę j'åį pås såūté ?! Se désespéra-t-il plus tard quand il essaya de s'expulser du sol à l'aide à ses jambes.

★★★

Error, de son côté, avait pris des heures et des heures pour réussir à bien prendre le contrôle de sa haine liquide. Killer était déjà revenu trois fois et le squelette de pétrole l'avait envoyé paître. C'était assez pratique d'ailleurs d'exercer son autorité sur quelqu'un sans avoir à utiliser ses câbles. Lui, jamais on ne l'écoutait.

Il s'appuyait dans son industrie sur l'image renvoyée par la glace. Ce qui était étrange, c'est que plus il regardait, plus il s'habituait à ce qu'il voyait. Il se sentait puissant, capable de tout, il pouvait tuer les Bads directement au sein de leur demeure et faire gagner les Star Sanses en un tour de main. Puisqu'il ne détruisait presque plus, cela ne servait plus à grand chose qu'il soit le "Destructeur", il pouvait devenir roi de la négativité à la place, non ? Un roi meilleur, axé sur l'équilibre ? Parce que c'était impossible de faire pire que Nightmare, n'est-ce pas ? Il fixa ses mains, hypnotisé, au fond, d'être dans la peau d'un autre.

Plairait-il plus à Lisa comme ça ?

Il secoua la tête pour chasser cette suite de pensées incohérentes. Que faisait-il déjà ? Oui, il fallait retrouver son corps ! Il se força alors à capter les émotions de Nightmare, comme ce dernier savait si bien le faire. C'était vraiment étrange comme sensation et il n'y parvenait pas bien. Il était à Underswap...? Peut-être ?

Error : Mais bordel ça paraît tellement facile quand c'est lui qui le fait !!! Mugit-il, écrasant le miroir de son poing.

Des éclairs se propagèrent sur la glace jusqu'à ce que son reflet se distorde. Il articula dans le vide, interdit. Il ressentait tellement de frustration, tellement d'amertume... Cette haine... Cette haine qui composait cette forme, il devait apprendre à la canaliser, auquel cas cela partirait facilement en drame. Comment, par tous les crayons, Nightmare pouvait-il vivre dans un tel corps ??

Il espérait vraiment qu'au moins, le maître des cauchemars galérait autant que lui.

★★★

Nightmare : Ērrør, cømmęnt tū fåįt pøūr nę jåmãįs tē pręndre dåns tēs fįłs, tøī ?!! S'énerva le squelette glitché en se démêlant des câbles avec la grâce d'un éléphant.

Il avait essayé les os, les Gaster blaster et maintenant il maniait la ficelle hackeuse de codes. C'était plus compliqué que prévu, mais il commençait à cerner à peu près la technique. Enfin, épuisé, il alla s'affaler sur le canapé ; ce corps était bien plus fragile et demandait trop de repos comparé à son original. Il n'avait pas l'habitude de dépenser autant d'énergie, surtout que d'ordinaire sa puissance était relative aux émotions négatives environnantes.

Il se détendit et se laissa paisiblement somnoler. Peut-être avait-il même dormi car il se réveilla lorsqu'une voix féminine l'interpela.

Lisa : Ah ben t'étais là ? C'est pas tout les jours que t'en en retard, ça va ?

Le maître des malheurs se figea d'effroi pendant une dizaine de secondes. Il se redressa et se retrouva face à celle qui le haïssait plus que quiconque. Elle avait la tête légèrement inclinée sur le côté, inquiète.

Lisa : Tu n'étais pas là sur la colline, je me demandais si tu allais bien. Tiens, pourquoi il y a autant de fils par terre, tu t'es entraîné ?

Ça lui faisait vraiment bizarre de voir la brunette le regarder sans rancoeur ni amertume, sans trouver de lassitude ou de rage dans ses yeux. C'était...assez déstabilisant.

Nightmare : Ęūh... Øūi, jē m'ēntråįnãis ēt ję crøįs qu'åvęc ł'épūįsemēnt ję mē sūįs åssøupį, hē. Fit-il en se grattant l'arrière du crâne. Désøłé, Jūs... Lįså.

Elle lui sourit tendrement, ce qui le fit presque grimacer, et s'assit à côté de lui.

Lisa : Mon pauvre Erry, tu dois être fatigué. Rit-elle en calant sa tête dans son cou. Tu préfères peut-être aller te coucher tout de suite ?

Elle se blottissait contre lui. Lisa se blottissait contre lui. Son squelette entier se crispa dans une explosion sentiments contradictoires. Il inspira à grand coup et reprit le contrôle de ses glitchs. Encore embarrassé, il jeta un coup d'œil à la jeune fille. Elle le contemplait passionnément, ses yeux vert-gris profondément enfuis dans les siens. Un frisson pur et chaud galopa sa colonne vertébrale. Il le refoula avec une certaine répulsion. Le corps du destructeur avait sûrement acquis des reflexes dont il n'était pas habitué.

Il fronça les arcades, songeur. Au fait... à cet instant, pour Lisa, il était Error. Pour Lisa, il était son squelette d'ébène, celui qu'elle aimait de tout son cœur...

Un sourire s'étira sur ses dents. Ça serait tellement dommage de ne pas en tirer profit. Il lui prit la taille comme le ferait le destructeur et secoua vivement la tête.

Nightmare : Cērtåįnęmēnt pås, mã Łiłį. Ålłøns-y~

★★★

Une vague de tremblements fit onduler la surface flexueuse de la haine liquide qui composait Error. Lisa. Il la sentait. À Outertale, il en était sûr ! Et il était avec elle... Nightmare était avec elle, elle était en danger, il ne pouvait plus se cacher !

Il n'avait pas bougé de cette pièce depuis des heures, et ce n'était pas par peur d'être découvert ou de se tromper de destination. Il était le maître des cauchemars, invulnérable, fort, craint, et se téléporter était sa spécialité, même si la technique était différente ! Mais s'il devait affronter celui qui possède son corps, alors il faudrait qu'il le voie, ce corps...

Se retrouver face à lui-même...

Le squelette de négativité recula si brusquement que son dos se cogna à un meuble, emportant dans une chute un bon nombre de broutilles. Non, non, non, non, surtout pas... Ce n'était même pas une question de Sans alternatif, c'était... Error ! Pourquoi ça devait lui arriver à lui, c'était trop injuste !

«Pense à Lisa... Pense à Lisa, et vas-y ! Vas-y, espèce d'incapable !!»

Ce fut en voulant prendre une profonde bouffée d'air qu'il se rendit compte que si respirer était une activité facultative chez les squelettes, dans cet amas de corruption c'était absolument impossible. Il était en apnée depuis son réveil.

★★★

Bonne nouvelle, le corps d'Error semblait également résister à la fraîcheur de la nuit. Pourtant, l'étrange nervosité qui prenait Nightmare aux côtes lui filait des sueurs froides. Ils s'adossèrent tous deux au tronc, l'un à côté de l'autre, Lisa lui demanda les détails de sa journée.

Nightmare : Ēt bęn... Révēįł, pētit-déjęūner, ēxpłøratįøn, déjęūner, Ūndęrnøvēlå, ēntråînęmēnt, dødø. Rīęn d'åūtre qū'ūne dę cēs røūtįnes dønt øn nę pēut s'ēxtirpęr, ēn sømmę.

Lisa : Tu me fais de la poésie, maintenant ?

Le squelette glitché s'alarma. Il pensait pourtant qu'Error sortait parfois ce genre de phrase !

Lisa : Je te taquine, voyons, ne me regarde pas comme ça ! Rigola-t-elle en lui donnant un petit coup dans l'épaule. Undernovela, hein ?

Nightmare lâcha un grognement. Il en avait assez de ces fourmillements qui le chatouillaient, voire lui faisait mal à chaque fois qu'il glitchait. Il comprenait maintenant pourquoi Error détestait qu'on le touche, et encore, le maître des cauchemars, lui, n'était pas haptophobe. Ça ne devait pas être facile tous les jours pour le destructeur.

Lisa : Je vois ou tu veux en venir, par la routine. Soupira la jeune fille, plus calme en dirigeant son regard vers les étoiles. C'est une chose dont on ne peut pas échapper. On a beau avoir le quotidien le plus loufoque et le plus étrange il y a toujours cette boucle infinie qui plane sur nous. J'ai horreur de ça. L'esprit est compliqué, quand même. On a beau avoir tout ce qu'on veut, on est jamais complètement satisfait. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas, comment accéder à une parfaite Utopie ?

Nightmare : Pfff... C'ēst nørmåł, çå, çã fåįt pårtį dē łå vīę. Cømmēnt crøįs-tū qū'øn ęst hęūreūx ? Ēn vøyånt lę måłheur dēs åūtręs ãūtøur dę nøūs.

En voyant le visage déconcerté de Lisa, il se reprit vite.

Nightmare : Nãn måįs ję vęūx dįrē qūę tū nę pēux pås tē ręndrē cømptę dē tå chåncę sãns ūn øbjēt dę cømpårãįsøn ! Chåqūę êtrē vįvånt, hūmåįn øu mønstrē å sēs håūts ęt sēs bås. Łå négåtįvīté n'ēst pãs ūne måūvãįse chøsę, ęlłe vø... nøūs pērmęt dē cønståtęr qū'ił y å ãussį dę bęlłes chøsęs ēn cę møndę. Tū vøīs, įł fåūt qūę dēs gęns søūffrēnt pøūr qū'øn søįt hęūreūx.

Lisa : Moi ça ne me fait pas plaisir, plutôt culpabiliser. C'est aussi pour ça que j'essaie d'aider les autres.

Nightmare : Ãłørs t'ęs vråīmęnt įdīøtē ! Soupira-t-il en levant les pupilles au ciel. Tū dēvråįs prøfītęr płęinēment dē tøn bønhęur aū łīęu dę tē ł'įntērdįrę. Cūłpabįłisęr rēndrå pãs łēs åūtręs płūs hęūreūx.

Elle tourna la tête vers lui d'une telle force et avec une telle incompréhension qu'il ne retint même plus un rictus.

Lisa : Mais... Mais c'est carrément égoïste, ça !

Nightmare : Båh, pãs tånt qūę çå. Balança le squelette glitché d'un revers de main. Åū møįns qūånd tū n'ås pãs dę cūłpåbilįté tū nę søuffręs pås īnutiłēmęnt. Çå sērt à rīęn łå
cūłpåbilįté, à pårt tę rēndrę ēscłåve dęs åūtręs ęt dē tøį-mêmę. Łę mīęux ęst de fåįre cę qū'øn vęūt såns sē płãcęr dę łīmįte stūpįdē.

Elle plissa les sourcils, ne sachant comment réagir à cela. Elle rompit alors en levant la main.

Lisa : Je rends service aux gens parce que ça me fait plaisir, et je laisse passer ma culpabilité parce que ça sert à ce que je devienne une meilleure personne, après si t'as décidé d'être désagréable aujourd'hui t'aurais pas du te réveiller !

Elle se décolla du tronc, mais Nightmare la retint par le bras et la força à revenir à sa place. Elle soupira d'agacement.

Lisa : Quoi ?

Nightmare : Ãlłēz, Łiłį, øn nē vã pãs sē dįspūtęr pøūr çã. Insista-t-il d'une voix inquiétante.

Il se plaça devant elle, le coude posée sur l'écorce de l'arbre au dessus de la tête de la brunette, et la main sur sa joue de sorte qu'il la confinait entièrement entre lui et le tronc. Il n'avait pas pu résister à s'approcher un peu plus d'elle, c'était tellement tentant ! L'avoir toute près de lui sans qu'elle ne cherche à se défendre était une nouvelle chose à expérimenter.

Lisa : Error, je ne sais pas ce que tu essaies de faire mais je te rappelle que je déteste le style Bad boy alors arrête tout de suite. Grogna-t-elle. Ce n'est ni classe, ni romantique, c'est juste chiant.

Elle le fusilla de regard quand il promena ses doigts de sous menton jusqu'au cœur.

Lisa : Pfff...! Sérieux t'es rel-

Elle se raidit soudain. Le blasement avait complètement disparu de son visage blême, restant à présent que la panique. Elle ne bougeait plus d'un pouce, sa respiration renforcée comme si quelque chose bloquait ses voies pulmonaires. Son âme avait été emprisonnée dans les fils hackeurs. Nightmare ne retint plus son ricanement. Enfin il trouvait de la peur dans ses yeux.

Lisa : Qu...Qu'est-ce que tu f... S'étrangla-t-elle, essayant de remuer, mais ses PVs descendirent brutalement au point qu'elle lâcha un couinement de douleur.

Lisa et Error étaient un beau couple. Un insupportable beau couple, avec leurs roucoulements de tourtereaux empotés. Nightmare repensa à ce qu'il appelait le temps de jadis tant tout avait changé depuis presque un an. Pris séparément, le destructeur était un allié précieux. Même s'il était encore plus insupportable que Dust avec son entêtement arrogant et son imprévisibilité dangereuse, leur contrat avait permis de garder un minimum de contrôle sur lui, en plus de l'utiliser contre son frère. Prise séparément, Lisa restait sa chère ennemie avec qui il s'amusait tant. Qui après tout, la connaissait mieux que lui ? Avec Error, elle perdait de ce qui lui plaisait le plus chez elle. Elle.... Doutait.

Bien sûr ce n'était pas cela qui séparerait la brunette et le Glitch, mais rien qu'ajouter un peu de piment dans leur relation... Elle était dans l'incapacité de résister, l'étreinte de son âme lui bloquait toute magie et tout mouvement. Rien que de palier sa contrariété et son amertume en apportant un souvenir d'horreur à la jeune fille se rapportant à son squelette d'ébène était une satisfaction de premier choix.

Nightmare : Chūuūuūt... Murmura-t-il en posant un doigt sur ses lèvres. Nę mē dīs pås qūę tū n'ãs pås cønfīãncę ēn m...

Il s'interrompit. Il n'était pas crédible pour un gold. Avec l'apparence d'Error, il pouvait la traumatiser d'innombrables manières possibles, alors pourquoi celle-là ? Pourquoi était-ce celle-là qui lui embourbait l'esprit ? Était-ce encore un coup de cette damnée enveloppe charnelle ?

Non. Pourquoi continuer à se mentir à lui-même ? Après tout il ne pouvait pas prétendre le fait qu'il n'y avait jamais pensé... Au final à quoi bon résister ? S'il pouvait retrouver cette chaste et si agréable sensation qu'il n'avait jamais eu le loisir ni le courage de développer avec lui, avec cette personne qu'il regrettait tant d'avoir laissée partir...

Il n'avait pas besoin de ses excuses ou de son petit numéro.

Il détailla le visage de la brunette, se laissant envoûter par l'instant. Et il l'embrassa. Pleinement. Il l'embrassa écoutant les protestations muettes, écoutant les gémissements plaintifs. Il l'embrassa de sorte à ce que ce soit parfait, ce cela soit effectué de la meilleure manière possible. Il profita de cet instant au maximum.

Et après un temps aussi court qu'interminable il s'écarta subitement, se léchant les babines d'un air confus, fronçant légèrement les arcades.

C'était... Décevant.

Il cligna des orbites, troublé, subissant au fond de sa cage thoracique une incommodité mélancolique.

C'était tout bonnement inimaginable venant de lui mais... Pour la première fois depuis une éternité...
Il se sentait sincèrement sale.

Le visage terrorisé de la jeune fille était humide de larmes. Elle baissait les yeux vers son âme, comme pour vérifier qu'elle était toujours prisonnière.

Lisa : Main... Maintenant arrête... Relâche moi, ça fait mal... Supplia-t-elle faiblement.

Supplication qui, bizarrement, ne le rendit pas jouasse du tout. Mais vraiment pas. Là il était surtout en train de se demander ce qu'il foutait pour la énième fois de la journée.

Lisa : Tu... Tu sais, tu n'as pas besoin de faire ça... On est ensemble, non ? L'amour, c'est le partage, pas la domination. Si tu avais la gentillesse de me libérer, on pourrait oublier et...

Elle fit un petit sourire d'une naïveté à faire tomber à la renverse.

Lisa : ...recommencer avec moins de violence et plus de passion, tu ne penses pas ?

Nightmare : Ęūh... Ręcømmēncęr ? C'ęst øbłįgé, t'ēs sûrę...? Demanda-t-il bêtement, déglutissant d'une envie de vomir.

Lisa : Je préférerais... Pour ne pas rester sur un tel malaise... Tu ne penses pas...?

Non. Non, non et non. C'était maintenant qu'il en avait, du malaise. Il ne sut pas ce qui lui prit d'opiner et d'enlever les câbles de l'âme jaune. Un souhait pour lui aussi d'annuler son action, peut-être. Suite à cela il comprima son haut-le-cœur et se força à avancer sa bouche de celle de la brunette. Ce ne fut pas un baiser mais un punch dans la mâchoire qu'il reçut au final.

PDV Lisa :

Le squelette d'ébène tomba lourdement sur le coccyx suite à la torgnole qu'il s'était prise. Je lâchai des râles écoeurés en étalant le tapis de salive sur mon tee-shirt jusqu'à ce que ma bouche s'assèche. Devant moi, l'imposteur se massait le menton, endolori. J'éructai des geignements exécrés, un genou au sol, me frappant spasmodiquement l'estomac.

Cette impuissance par l'étreinte des fils, cette sensation de me faire violer la cavité buccale me donnait la nausée. Je ne pus qu'en échapper des frissons de dégoût, subissant l'hilarité éclatante de l'enfoiré d'en face que mon coup de poing avait déclenchée.

Nightmare : Åłørs cømmę çå tū såvãis qūį j'étåįs dēpuįs łe débūt ? Supposa-t-il entre deux gloussements incontrôlés.

Moi : Pas depuis le début. Le détrompai-je. Mais c'est vrai que j'avais des soupçons avec ton comportement bizarre. J'en ai eu la certitude quand tu as emprisonné mon âme. JAMAIS Error n'aurait fait un truc pareil... Nightmare... ?

Nightmare : C'ēst bįēn møį, Jūstįce, råvi qūę tū m'åies rēcønnu. Confirma le maître des cauchemars en se relevant.

Mes traits fondirent de désillusion, mais je me repris juste à temps.

Moi : ...Tu me rebutes un peu plus de jour en jour mais je dois admettre que ton culot m'impressionne. Où est Error, et qu'est-ce que tu lui as fait ?!

Nightmare : Åbsøłumēnt rįēn pøūr ūne føįs, jē nę fåis qūę prøfītęr. Ęt sī ję sūįs dåns lę cørps dę tøn Rūru chérī, j'įmågīne qū'įł nę pēut êtrę qūę dåns lę mīęn.

C'était vraiment déstabilisant de le voir ainsi. C'était Error, mais tout en lui me rappelait Nightmare. Son attitude, son sourire, sa façon de se mouvoir, de parler, de plier les arcades... Rien ne l'assemblait au squelette d'ébène. Il commença à faire jouer ses fils, narquois.

Nightmare : Cēs jøūjøux sønt ēxråørdįnåires, tū såįs ? Détrūįre dēs ūnįvers, utįłīser łēs gęns tęlłes dēs måriønnēttęs... Jē sūįs ãssęz sūrprįs qū'ił nę łēs åįt jåmãįs ūsé sūr tøį, rīęn qū'unę føįs åū møįns. Īł t'åūraįt ęū tøtåłemēnt à så mērcį.

Il ricassa. Je n'avais pas les mots pour décrire à quel point ce spectacle était cauchemardesque.

Nightmare : Tū n'įmåginēs pås łę płåįsir qūę çå mę prøcūre dę tēnįr ūne âmę ēntrę mēs måįns. Décįdēr dē så vįē, dę sã mørt. Sį jē l'åvãis vøulū jē t'åūraį tūé. Ēn fåįt, j'åūraį pū fåįre n'īmpørtę qūøį, ęt łę såvøįr mę cømbłe d'ēxtåse. Tēlłemęnt... Qūę j'åį ēnvįē d'ęn prøfītęr ēncørę sūr tęs åmįs. Ęt jē nę søūhåite pãs qūę tū åįlłes lęs prévēnįr tøūt dę sūįte, çå sēråit vråįmēnt dømmãgę.

Et sans crier gare, il projeta les fils bleus sur moi. Je bondis sur le côté et me réceptionnai à l'aide d'une roulade avant de me relever. Nightmare n'attendit pas pour me balancer quelques os et un me frôla presque la cheville ; heureusement ça ne déchira que le bas de pantalon et je pus contrer sans trop de mal les autres projectiles.

Le maître des cauchemars était peut-être très intelligent mais pour apprendre à maîtriser de nouveaux pouvoirs avec un nouveau corps, il fallait un peu plus d'une journée, sans parler que j'avais pris l'habitude de combattre Error maintenant. Je profitai alors de cet atout, fis quelques feintes destinées à le faire bouger, et réussis à me téléporter derrière. J'allai percuter ma lame sur sa nuque, quand tout à coup je bloquai. Error...

Nightmare profita de cette hésitation qui me coûta ma liberté animique. Mes membres se figèrent une nouvelle fois, et mes PVs étaient descendus tellement bas à cause de tout à l'heure qu'un seul geste causerait ma perte.

Nightmare : Åłørs cømmę çå øn rēssęnt dę łå pįtīé pøūr søn ådvęrsãire, Jūstįce ? Se moqua le squelette d'ébène en tirant légèrement sur les câbles, ce qui m'arracha un râle de douleur que je me forçai d'étouffer.

Une ombre surgit soudain entre nous deux, tranchant l'air et les fils qui me retenaient. Sans que nous eûmes le temps de comprendre, une chose froide m'attapa par la taille et me tira d'un coup en arrière comme on tirait sur un yoyo. Je me retrouvai bien vite en position nuptiale, dans les bras d'un squelette aux goûts prononcés pour les petits fours.

Error : Ma chérie, ça va ? s'enquit le squelette de pétrole, l'air profondément inquiet.

Mon premier réflexe fut de pousser un cri extrêmement viril en sautant de ses bras, brandissant mon sabre dans sa direction. En voyant cela, il changea immédiatement d'attitude et recula d'un pas, paumes en avant comme pour se protéger.

Error : Lisa, t'inquiètes pas c'est moi, Error !

Moi : Euh... Oui, oui, bien sûr évidemment... Murmurai-je, hagarde. Desolée...

C'était encore plus subjugant qu'avec l'autre. Là c'était le corps de la personne que je détestais le plus avec les manières et tics de la personne que j'aimais le plus. Cette plissure au coin de l'orbite, ce froncement au niveau du nez... C'était clairement Error. Je fis disparaître mon sabre, laissant les deux opposés se toiser. Choc mutuel. Chez Nightmare, cela se manifesta par une ligne de glitchs, mais son visage fermé dans un sourire menaçant masquait tout autre forme d'ébranlement. Le marionnettiste, quant à lui, était tout bonnement pétrifié. Son aura maléfique était accrue par la peur. Je fis un pas en avant.

Moi : Error...

Error : Éloigne-toi... Me lança-t-il brusquement. C'est à moi de le faire. Il le faut.

Moi : Je... Je sais que c'est ton combat, mais...

Error : S'il te plaît...

C'était logique, et il avait l'air décidé. Un mauvais pressentiment pourtant m'incombait. Je me mis alerte, au cas où il me faudrait intervenir.

Nightmare : Åłørs, Ērrør, tū ås ãpprécįé cēttę jøūrnée dåns møn cørps ? Aborda Nightmare dans sa narquoiserie habituelle. Cømmēnt tę sēns-tū ?

Error : Très en colère. Et j'ai aussi remarqué que ton odorat n'était pas très développé, c'est sans doute pour ça que tu ne sens pas ta propre puanteur.

Nightmare : Øh, døįs-jē tę tråįtęr dē rūstrę øū bįēn répłįqūer ēn tę dīsånt qūę mêmē åvēc møn ødørãt pęū dévęłøppé jē sęntåįs déjà łã tīęnnē ?

Le squelette à l'œil unique vit rouge et s'élança vers Nightmare. Le problème était que sa vitesse était bien trop réduite et son adversaire eut tout le temps de se téléporter.

J'observais le duel avec fascination, remarquant alors une chose : ces deux-là étaient diamétralement opposés. Aussi bien dans l'attitude ; Nightmare était un dominateur, quelqu'un qui commandait et qui cherchait à avoir le Multivers à ses pieds alors qu'Error était fier et indépendant, à ne jamais vouloir se faire contrôler par quiconque et sans contrôler lui-même ; que dans leur technique de combat. Le marionnettiste avait l'habitude de courir partout, de sauter, et d'attaquer le plus fort possible alors que le maître des cauchemars manipulait son adversaire pour l'amener à charger et attendait, en encaissant les attaques ou en se glissant dans les ombres, l'instant propice pour frapper. Leur corps étaient adaptés à leur style, ou plutôt leur style était adapté à leur corps mais une chose était sûre, ils étaient tous les deux, aussi bien l'un que l'autre, à cet instant, en difficulté.

Error essaya rageusement de toucher le Sans d'ébène avec ses tentacules mais ce dernier n'arrêtait pas de se téléporter. Nightmare eut beau utiliser toute la puissance de feu de ses Gaster blasters, le squelette de pétrole contrait toujours avec ses appendices avant de s'éloigner.

Nightmare : Øn n'y årrįvēra jåmãįs. Soupira le maître des cauchemars en esquivant de justesse. Jē pēnsę qū'åucūn dę nøūs nę sērå cãpåble dę båttrę l'åūtre, pēut-êtrę dēvrįøns-nøūs...

Error : Peut-être que tu devrais apprendre à fermer ta gueule !

Le tentaculaire se réceptionna sur le sol, un sourire au coin des dents.

Error : Tu sais ce qui est bien avec ton corps, Nightmare ? C'est que contrairement à toi, je peux le modeler à mon avantage.

Il se concentra intensément. Progressivement, son grand sweat épais se transforma en long manteau voletant, son short devint un pantalon lâche, ses pantoufles des tongues et une écharpe s'entoura autour de son cou. Sa tête changea elle aussi, donnant une forme plus longue et osseuse. C'était Error, avec néanmoins toujours le liquide noir, l'œil et les dents de Nightmare. Il afficha une gueule folle à lier que je connaissais bien.

Error : HA ! Je me suis cassé le crâne toute la journée pour faire ça, apparemment ça valait le coup !

Le squelette d'ébène, en comprenant soudain son problème, eut un petit sursaut de glitchs. Il effectua un repli stratégique en s'engageant dans le champ de pierre ceinturant la colline, disparaissant entre les rochers. Nous lui emboîtâmes le pas, moi perchée le plus haut possible afin de bien suivre le duel, Error filant de part et autres de l'arène pour le débusquer. Un tir de blaster le prit de court, dévoilant la position de Nightmare qui se tenait dans une clairière pierreuse.

Error sauta de rochers en rochers pour l'attaquer par le haut, dispachant ses câbles. Nightmare analysa ses traits et eut un rire malicieux, pourvu d'un clin d'œil.

Nightmare : Ērrør, t'åį-jē déjà dįt qūę tū étåįs bēãu łørsqūę tū tę mēttåīs ęn cøłèrē~ ?

Son homologue lui envoya rageusement des filets de haine liquide qu'il évita en se téléportant, les bras dans son dos, assumant totalement son style propre. Il le fixa plus longuement, et une étincelle changea quelque chose dans son regard. Une étincelle d'amertume. Il libéra un ricanement caverneux, jouant ses cartes par la parole comme il le faisait si bien.

Nightmare : Tū såįs ? Tū mę fåįs très rīrę à t'įmãgīnęr sį nåïvęmēnt qūę łēs chøsęs vønt dęvēnįr płūs bęlłes... Pøūrqūøį īnsįstęs-tū ?

D'une main, il actionna une triplée de blasteurs. Les détonations retentirent en chaîne, chacune de repoussant les assauts du squelette de pétrole.

Nightmare : Pøūrqūøį t'øbstįnēs-tū dønc à chęrchēr łę grånd ãmøūr ?

Un rayon toucha une corniche qui s'effondra sur le marionnettiste d'une telle force que je faillis sortir mes racines de terre, heureusement il s'était bien vite dégagé, usant d'os de haine durcie.

Nightmare : Pęrsønnē nę t'åįmērã jãmåīs pøūr cę qūę tū ęs vråįmēnt, à qūøį bøn ēssåyer ?

Il pouffa du nez. Error fonça sur lui.

Ça n'allait pas.

Nightmare : Tū såįs, ãū fønd ję t'åpprécįē...

Error : Et bien moi pas !!

Cependant les yeux du maître des cauchemars étaient perdus dans un vague, l'empêchant de prendre en considération les commentaires du marionnettiste. Il contracta sa mâchoire, poursuivant comme un sourd.

Quelque chose clochait. Trop d'aversion...

Nightmare : Måįs tū mę déçøīs tãnt sūr tęlłemēnt dę pøīnts dįfférēnts...!

Error : Et moi je t'ai toujours détesté !! Pesta le squelette de pétrole, furibond, lui apportant une volée d'os qui s'aplatit sur la roche quand son adversaire esquiva.

Nightmare : Tū åurãs bęåū ēssãyęr dę dēvęnīr płūs ført, tū ręstērås łę mêmē vęrmīssēåu qūę tē ås tøujøūrs été, åū-dełà dū pįtøyãbłē.

Error : Tu me files la gerbe, Nightmare !!

Mon tronc se glaçait, mes jambes devinrent cotonneuses, mon cœur s'emballait sous la véhémence de leur animosité. Ça ne ressemblait même plus à une stichomyhtie.

Nightmare : Tū ęs łå chøsē łã płūs påthétįqūe qūę j'åį cønnūę ! Explosa Nightmare.

Error : Tu n'es qu'un être abject qui ne sait rien faire d'autre que détruire ce qui est beau !!

Nightmare : Lâchę ēt sęntįmēntåł !!

Error : Égoïste, anomalie !!

Nightmare : Fåįbłē !!!

Error : JE TE HAIS !!!

Error réussit à enrouler ses câbles tout autour du squelette d'ébène. Et d'une puissance surnaturelle, tenant férocement son corps originel comme un pantin de bois, généra l'équivalent d'une houle qui le suréleva et l'envoya s'écraser contre un rocher. Tanguant en rythme de droit à gauche, il réitéra son mouvement, de plus en plus violemment. Le squelette se fracassait dans des bruits d'os qui craquaint, encore, encore et encore.

Error : TU NE MÉRITES MÊME PAS DE VIVRE !

Plus la face de Nightmare heurtait un obstacle, plus elle se maculait de sang, plus elle se déformait, me faisant suffoquer. Error ne parvenait pas à maîtriser cette aura de négativité qui étouffait l'atmosphère. Elle entraînait son âme dans la haine.

Error : VA CREVER COMME LA MERDE IMMONDE QUE TU ES !!

Il lâcha le maître des cauchemars, qui dérapa dans la poussière, dos au sol, à peine conscient. Error atterrit à ses pieds et ligota un énorme bloc traînant non loin d'ici. Il le projeta dans le ciel, le guida droit sur son propre corps. Je glapis.

Moi : Error !

Error : TU ME DÉGOÛTES !!!

La collision créa une onde de choc, souleva les cendres provoquées par la bataille. Le bloc se fendit, tomba en morceaux. Error demeura bloqué sur la scène, son unique orbite étirée d'effroi. Ses membres chevrotaient. La respiration sifflante, le cœur en feu, je baissai les bras en contemplant les cailloux se planter tout autour de moi et de Nightmare. Je n'avais jamais produit une onde électromagique aussi puissante. Le squelette d'ébène se redressa sur ses coudes, ébahi et grimaçant de douleur.

Je m'avançai vers le marionnettiste. Il ne bougeait pas d'un pouce. J'étais campée devant lui, amenant mes mains sur son visage froid et boueux. Je caressai tendrement sa pommette, les paupières déployées, les yeux en immersion. Ses dents claquaient, mais il semblait retrouver contenance au fil des secondes. La chaleur de son visage effleurait le mien. Je souris, admirant chacun de ses traits qui ne s'accordaient, je pouvais l'affirmer sans peine, qu'à Error.

Nous sortîmes de notre torpeur quand un hurlement hilare déchira l'air. Nightmare s'esclaffait, deux doigts portés à son œil gauche où avait coulé une longue larme. Peut-être parce que le corps du maître des cauchemars que possédait le marionnettiste en était physiquement incapable.

Moi : On peut savoir ce qui te fait rire ? Grognai-je avec mépris.

Il remit debout, dansant d'un pied sur l'autre, la tête tuméfiée qui chancelait. Error l'avait vraiment amoché.

Nightmare : Vøūs. Tøn chēr åmøur, sūrtøut.

Il gloussa, essuyant du sang qui coulait de sa bouche.

Je secouai le menton avec un soupir. Ce n'était pas le moment de se quereller, il avait eu son compte.

Moi : Il faut qu'on trouve un moyen de vous ré-échanger.

Error, muet, acquiesça lentement. Mais qui, pourquoi et surtout comment ?

Nightmare : C'ēst łę mågįciēn d'hįēr søįr à tøūt łęs cøūps. Assura le squelette d'ébène.

Moi : Ace ? Tu crois vraiment ?

Error : ...Quel magicien ?

??? : Mon cher ami, je suis ravi que vous me posiez la question ! Fit une voix hautaine à notre gauche.

Nous regardâmes tous dans sa direction. Ace était là, appuyé sur sa canne à nous saluer de son couvre-chef.

Ace : Je suis navré d'écourter ainsi votre conversation mais c'est moi la vedette de ce chapitre, après tout.

Tout à coup, nous nous retrouvâmes assis sur de moelleux fauteuils rouges et le magicien, campé sur une scène colorée éclairée de deux grands projecteurs. Au dessus de nous les étoiles brillaient de tout leur feu.

Ace : Mon cher Error, grand destructeur des univers, mon nom est Ace. S'inclina-t-il. Je suis le meilleur Showman du Multivers. Peut-être vous souvenez-vous de moi ?

Le squelette de pétrole m'adressa un œil embarrassé, presque honteux, avant de répondre :

Error : Je... Oui. Oui, je m'en souviens.

Nightmare : Vøyøns, nę t'ēn vęūx pås, Ērrør, øn s'ęst bįēn åmūsé.

Moi : Pourquoi avez-vous fait ça ? M'enquis-je, ignorant le commentaire de Nightmare.

Ace : Je fais de mon mieux pour offrir du divertissement à tout mes téléspectateurs, je vais, je viens, j'amuse, j'énerve, je ris ! Déclara-t-il en brandissant sa canne d'un geste théâtral vers le ciel.

À ce moment, les étoiles d'ordinaire immobiles se mirent à se ranger et à naviguer dans le bleu marine de la nuit. Elles se rejoignaient, se dispersaient, s'éparpillaient, faisaient des formes, de nouvelles constellations, explosaient, revenaient, c'était vraiment magnifique.

Moi : Whouaw... Lâchai-je malgré moi.

Nightmare : Møuåįs. Çå fåįt sūrtøut bēåūcøup dę lūmįère.

Ace : Alors quand me vient l'occasion et l'inspiration, je ne me prive pas de l'exprimer, voyez-vous ? Termina le Showman.

Il nous avait vraiment mené en bateau depuis le début. Je devrais lui en vouloir, pourtant j'en étais incapable. Trop secouée, sans doute. Et puis, je sentais qu'Ace n'était pas bien méchant, au fond. Je me levai de mon siège, décidée à le convaincre.

Moi : Écoutez, Ace... Je comprends votre rancœur envers Nightmare et Error, mais...

Ace : Vous n'y êtes pas, ma chère amie ! Éluda le squelette élégant en jaillissant sur ma droite. Je ne fais qu'offrir du divertissement à celleux qui nous lisent !

Il claqua des doigts et les deux squelettes se firent éjectés de leur fauteuil pour atterrir devant lui. Il abaissa alors son chapeau. Un chat en bondit et sauta sur le crâne de Nightmare, ce qui lui provoqua un glitchement aiguë.

Nightmare : Ēnłève-møį çå ! Feula-t-il en essayant de retirer le félin qui s'agrippait grâce à ses griffes.

Il réussit finalement à l'attraper par la peau du cou et à le jeter dans le chapeau de Ace. Bien que le spectacle ne m'eût pas déplu, je ne me laissai pas distraire par la tentative du magicien d'éviter le sujet et continuai.

Moi : ...Mais Error ne détruit plus d'univers depuis longtemps, enfin pas du moment que Ink ne créé pas. Il... Il maintient l'équilibre dans le Multivers de la façon la plus juste possible, vous n'avez plus à lui en vouloir. S'il vous plaît, reéchangez-les...

Il jeta un coup d'œil à Error. L'intéressé évitait juste de croiser son regard. Il porta alors sa main à son menton, songeur.

Ace : Mmmmmh... Tout dépend de ce que veulent voir les gens. Probabilité que vous vouliez qu'ils retrouvent leur apparence ?

Il attendit un peu. Un doux sourire se plaça dans le vide.

Ace : Oh ? Et bien, j'imagine que je n'ai pas trop le choix. Mais... À une condition. je ne tirerai pas ma révérence avant d'arriver au "pic" de cette histoire.

La scène disparut, tout comme les sièges et le champ de pierres. Il n'y avait qu'un vide dans les nuances de rouges et de brun, une table, deux chaises. Le Showman s'adressa alors à Nightmare, le toisant de haut.

Ace : Souhaitez-vous votre revanche, messire ? Si vous réussissez à me battre, je veux bien vous rendre vos corps.

Je le fusillai du regard, outrée. Ce n'était pas du jeu !

Lisa : Mais il n'a aucune chance de vous battre avec votre pouvoir ! Et puis il ne peut même plus lire dans les émotions alors...!

Nightmare : Très bįēn, j'åccēptę. Répondit le maître des cauchemars, son sourire habituel aux dents.

Je soufflai bruyamment et croisai les bras, agacée de devoir reposer mes espoirs sur lui.

Lisa : Tu ne vas pas me faire croire que tu peux gagner ?

Nightmare : N'øūblįe pås dę mē dįre mērcį qūånd çå sērã fåįt, Jūstįce. Répliqua-t-il en me tapotant la tête, ce qui me crispa au plus haut point.

Il s'installa à la table. Ace tapa ses mains entre elles et les sépara. Des cartes apparurent et se disposèrent sur la table, ainsi que les jetons équitablement distribués en pilier.

Ace : Espérons que vous saurez posséder un "trèfle" à quatre feuilles. Dit le squelette élégant en guise d'amorcement.

Cette ambiance... Était beaucoup plus tendue qu'hier. J'observais Ace, toujours aussi assuré, et Nightmare, étonnement sérieux. Les mises tenaient, les cartes se dévoilaient, les deux adversaires bataillaient. Au final, le squelette d'ébène perdit cette première manche.

Il ne se laissa pourtant pas démonter et persévéra. Une deuxième manche commença et force était de constater que Nightmare... M'impressionnait. Il ne ressemblait plus à celui que je connaissais, tellement concentré, plongé dans la partie, changeant sa manière de jouer. Il augmentait les mises, poursuivait toujours, même lorsque Ace, maître du jeu, avançait sans hésitation. On ne pouvait plus lire aucune raillerie sur son visage. Il jouait vraiment. Quand les deux adversaires montrèrent leur jeu, c'était lui qui eut le plus de point. Son orbite passa un instant sur moi, satisfait. Et pour une fois je ne grognais pas. C'était peut-être la pire personne que je connaissais, mais je devais reconnaître une chose : il méritait vraiment son titre de joueur.

Ils firent troisième manche, sans un mot ni une parole, mais on pouvait distinguer quelques glitchs sur le maître des cauchemars. Une boule au ventre me prit. Je me surpris à serrer fort la main d'Error, et Error à serrer fort la mienne. Tout deux étions enveloppé dans cette partie de stress intensif. Vers la fin, beaucoup de jetons étaient en jeu. Ace, qui avait un léger avantage, poussa tout ses piliers au milieu de la table.

Ace : Tapis. Déclara-t-il calmement.

Nightmare dévisagea le magicien avec un certain questionnement. Il avait plus de jetons que lui, pourquoi tout risquer dans un unique tapis ?

Des milliards d'interrogations m'envahirent. Je ne savais absolument pas si le squelette d'ébène devait suivre ou se coucher. S'il suivait et qu'il gagnait, il gagnait la partie. Mais s'il perdait, il perdrait la partie. S'il se couchait, Ace auraient les jetons déjà en jeu et prendrait trop d'avantage, mais comment savoir ce qu'il se passait dans la tête du Showman ? Il pouvait connaître toutes les probabilités, il savait donc s'il avait un bon jeu par rapport à Nightmare ! Comment deviner s'il bluffait ou pas ? Je n'y connaissais décidément rien au poker.

Le squelette d'ébène commença à pousser ses jetons mais s'arrêta. Il observait la réaction de Ace, cependant ce dernier demeurait impassible. Si le maître des cauchemars avait au moins son corps originel peut-être qu'il aurait pu ressentir ses émotions mais... Il se ravisa, observa ses cartes, les reposa, dévisagea son opposant et finalement :

Nightmare : Ję sūįs.

Il poussa tout ses jetons sur le milieu de la table. Heureusement qu'Error ne pouvait ressentir de la douleur, vu comment je lui écrasais les phalanges.

Les mains des joueurs furent révélées. Nightmare avait une reine et un as, ainsi qu'une rangée de couleur. Ace avait une suite, mais les cartes étaient nettement moins puissantes. Ses orbites s'écarquillèrent, pour une fois, il montra ses émotions.

Error : Qu'est-ce qu'il se passe...? Murmura le marionnettiste. Il a gagné ?

Le squelette d'ébène, ne pouvant cacher sa satisfaction, récupéra tout les jetons posés sur la table. Error et moi nos regardâmes et faillîmes nous jeter dans les bras mais le corps de haine liquide me fit reculer au dernier moment. On se contenta alors de se sourire, gênés.

Nightmare : C'étåįt ūne bįēn bēlłe pårtįe, møn ãmį. Dit Nightmare à Ace. Måįs pęūt-êtrę åvãis-tū... Lē måuvãis œįł ?

Après une seconde, il remarqua :

Nightmare : Åh, mįncē, cēttę błãgūe nę våūt pås grãnd chøsę dåns cę cørps. Måįs j'įmågīne qūę tū ēs åptę à rēmédįer à çå ?

Le magicien eut un léger rictus et se leva en tendant sa main au vainqueur, qui la serra en conclusion.

Ace : En effet, mon cher ami, une parole est une parole et un pari est un pari. D'une musique de doigts le sortilège se lèvera et vous retrouverez vos jambes et vos bras.

Nous nous retrouvâmes sur la colline d'Outertale, le ciel et les étoiles réapparurent. Un rideau se déroula tout à coup sur ma gauche et se rembobina, le découvrant m'asséner un clin d'œil.

Ace : De toute façon, il aurait été éprouvant pour moi de maintenir le voile de vérité retroussé plus longtemps.

Il claqua des phalanges. Je papillonnai des yeux, comme si je m'éveillais d'un profond sommeil. À mes côtés, ce n'était plus le squelette de pétrole qui me consultait avec consternation, mais bien mon si cher squelette d'ébène. Je fondis sur lui pour le serrer dans mes bras. Il se mit à tâter son abdomen, ses coudes, ses pommettes.

Error : Jē mę sēns sį légēr, tøūt d'ūn cøup...

Étrangement, il se découvrit des éraflures et une grosse bosse sur le crâne. Le maître des cauchemars, lui, se retrouva avec la même apparence qu'avait Error tout à l'heure. Il remodela donc son liquide pour retrouver sa forme originelle, avec les tentacules et tutti quanti. Naturellement, tout le sang et les blessures qui scandaient sa figure avaient disparu étant donné qu'il avait retrouvé sa forme. Il aurait pu affirmer un soufflement hautain de mécontentement, mais il garda son orbite braquée sur ses mains, blafard. Il avait appréhendé plus vite que nous ce que cela signifiait.

Error : Åttęndēz... Réalisa alors le marionnettiste, hoquetant de malaise. Dū cøūp, cę nē sønt pås nøs ēsprįts qūį ønt été īntęrvērtįs ?

Ace : Pensez-vous ! S'ébaudit le Showman. Les illusions vous ont fait voir des choses qui échappent à la réalité, touchant vos cinq sens par endroits, mais le croustillant du complément, certaines sensations ainsi que vos émotions, ce n'est qu'à vos esprits troublés que vous le devez...

Nightmare et Error s'échangèrent un regard si stupéfait et renversé qu'on penserait presque qu'ils allaient s'allier pour tuer Ace.

Ace : Je m'en suis voulu pendant des années mais au fond, nous sommes tous les trois responsables de la perte de mon monde... Moi plus que vous, je le confesse.

Il fit un bond, se posant sur une maigre branche de l'arbre, léger comme une plume, pour les contempler de haut. Un sourire moqueur et excité attestait de la dernière réplique.

Ace : Mais ne vous inquiétez pas pour ma personne, je me suis pardonné depuis, et mon attention, au-delà du divertissement, n'aspirait qu'à vous aider dans ce dur parcours que j'ai moi-même emprunté... À présent, mes bon amis, nous sommes quittes.

Il se tourna vers moi avec un salut de chapeau.

Ace : Je serai ravi de vous croiser de nouveau ma chère amie, et cette fois, je me tiendrai à "carreau". Au revoir !

Il fit sa dernière révérence et s'éclipsa dans un nuage de fumée parsemé de confettis.

C'était fini.

Un lourd silence survola la colline. Error et moi baladions nos prunelles tels des électrons libres, incapables de se calquer.

La victoire était à nous, je suppose ?

...

Nightmare : Alors ? Frima Nightmare, se penchant entre nous. Aucun remerciement pour vous avoir sorti de ce pétrin ?

Moi : Comment t'as fait pour gagner ? Grondai-je seulement. Avec ses pouvoirs, c'était quasi mission impossible.

Le tentaculaire étira son sourire victorieux, visiblement enchanté que je lui demande.

Nightmare : Vois-tu, lorsque par exemple, le pourcentage que je fasse un choix selon mon jeu est de 87%, on est d'accord qu'il existe toujours les 13% restant ?

Moi : Attends, tu... Tu veux dire que t'as juste eu énormément de chance ??

Nightmare : De la chance et du talent, ma chère, de la chance et du talent. Ainsi qu'un soupçon de...

Il secoua nonchalamment son bras. Quelques cartes tombèrent tout à coup de son goudron et se posèrent sur l'herbe noircie par la nuit. J'ouvris la bouche avec indignation.

Moi : Mais...! Que ! Espèce de tricheur !!! Explosai-je, ce qui le fit ricaner. T'es un tricheur, et un menteur, en plus, t'as dis que tu ne trichais jamais aux cartes !!!!

Nightmare : Je ne triche jamais. Reprit-il en touchant le bout de mon nez. Je ne triche jamais, sauf quand l'enjeu est de vivre dans le corps d'un amas de code toute sa vie. T'aurai voulu rouler des patins avec de la haine liquide, peut-être ? Non ? Bon ben alors tout le monde est content.

Il se retourna et nous salua à son tour, désinvolte.

Nightmare : Au moins, tout cette histoire m'aura fait réaliser une chose. Tu es ma muse, Justice. Allez, have fun !

Puis il disparut. Mon squelette d'ébène s'approcha lentement de moi sans lâcher les orbites sur là où le squelette de pétrole avait filé.

Error : Įł trīchę pēut-êtrę... Me souffla-t-il, fasciné. Måįs įł trīchę VRÅĮMĒNT bįēn. J'åį rīęn rēmårqūé.

Moi : RHAAAAAAA IL M'ÉNERVE !!!

Je lâchai un sifflement rauque avant de me laisser aller à un soupir découragé. La pression retomba d'un coup, et les émotions encaissées par cette suite d'événements ressassèrent un debrief malvenu qui referma ma bouche en une cloison honteuse. Me frottant le bras, je risquai un coup d'œil sur le côté. Mon compagnon était dans le même état. Il osait à peine nous croiser.

Error : Lįså... Pęndãnt qūę jē n'étåīs pãs łà... Ęst-cē qūę Nįghtmårē... t'ãs fåįt dū mãł ?

Je sentis un pic d'adrénaline brûler mes veines.

Moi : ...Non.

Ce n'était rien. J'allais tout lui dire de toute façon. Après. Je lui disais toujours tout après. Il sembla penser à ce fait, car il n'insista pas.

Error : D'åccørd... Articula-t-il, pointant le vide de l'index. Ãłørs, ęuh... Øn dēvråįt ãlłęr vøįr łēs Stårs... Vérīfįęr l'étēndūę dēs dégåts...

Moi : Euh...oui...

Il ouvrit une brèche et s'apprêta à y entrer.

Moi : Huh. Error...!

Il se retourna. J'avais la main levée vers lui, articulant des mots sans voix.

Moi : ...Rien.

Une expression déçue prit place sur son visage. Il entra dans le portail. Je lui emboîtai le pas avec un nouveau nœud à l'estomac.

★★★

PDV Extérieur :

Ace : Et voici la fin de cette petite histoire, merci de l'avoir écoutée- excusez-moi. Lue, jusqu'au bout. Conclut Ace en s'inclinant très bas. Pas de résultat immédiat hélas n'est visible, mais je suis ravi d'avoir été leur enzyme. Cette graine ensemencée fleurira à force d'arrosage, l'avenir vous l'assurera. Et bien je vous tire ma révérence et j'espère avoir l'honneur de vous retrouver sous un autre format pour vous conter autre chronique !

Il se releva et vous fit une confidence.

Ace : Au fait, si je puis me permettre... Comment s'appelle le petit barman affreusement mignon au café ?

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...

J'adore Ace-

AYEH (づ。◕‿‿◕。)づ

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