Chapitre 16 (Deuxième partie)
PDV Extérieur :
Le squelette violet avait perdu de vue ses compagnons. La salle sombre et oppressante dans laquelle il marchait lui paraissait être le salon. Il devait donc être en bas, non ? Il n'était sûr de rien, tout lui semblait tellement plus expansé et vide, il n'entendait plus les bruits de tonnerre, ni le souffle du vent, ni la pluie qui tombait. Le monde était silencieux, froid, un néant de ténèbres. Et pourtant, il parvenait toujours à se distinguer sans problème, comme dans un void.
Malgré la situation, il garda son sang-froid. Il était peut-être perdu dans une maison de cent mètres carré, à minuit le soir d'Halloween, tout seul, sans repaire et avec sans doute un mauvais esprit frappeur mais il en fallait un peu plus pour l'effrayer.
Epic : P'tite Bruh ? Dream ? Ink ? Appela-t-il calmement. Error ? Blue ?
Il entendit soudain un bruit de pas peu discret courant vers lui. Il ne bougea pas, attendant qu'il soit assez près. Quand le bon moment vint, il se retourna vivement, sauta sur son adversaire et lui fit une clé de bras qu'il connaissait si bien. Le squelette en question brailla de douleur et d'exaspération, le timbre de la voix d'un glitché unique.
Error : BØRDĘŁ DĒ MĘRDĒ ĒPĮC C'ĒST MØĪ !!! S'exclama Error en gigotant dans tout les sens.
Epic : Ah merde ! Désolé, Bruh. S'excusa celui-ci en le relâchant, un tantinet amusé.
Error : Øù sønt łęs åūtręs ? Ēpįc, øù ęst Lįså ?! L'agressa-t-il presque tant il se faisait du mourront.
Epic : Je... J'en sais rien... Avoua le mentor, lui aussi anxieux. On était dans l'escalier quand il s'est transformé en toboggan, on a glissé ensemble puis j'ai atterri tout seul en bas, Bruh. Incompréhensible.
Error : Øn dįråit qū'ūn płåsantįn s'åmūsę à nøūs fåįre pęūr...
Epic : Tu crois que c'est une blague de Blue ? C'est lui qui a disparu en premier.
Error : Tū łę vøįs fåįre ūn trūc påręił, tøį ?
Epic : Nightmare alors ? Ce serait bien son genre.
Error : Pøssįbłę. Mãįs pås...
Ils sursautèrent d'un coup. Un rire sournois avait retentit dans le néant noir. Presque instinctivement, les deux compères se collèrent dos à dos et regardèrent autour d'eux, l'âme battante. Aucun ne voulait prendre le risque d'invoquer leurs attaques destructrices, trop dangereux. S'ils étaient en plein délire... Ou s'ils se trompaient de cible...
Error : Qūį ęst łà ?! Grogna le squelette glitché, aux aguets.
Le rire s'accentua, plus insupportablement chiant qu'effrayant aux yeux de nos amis. Error vit alors, sortant de l'ombre, la silhouette de Lisa. Tête baissée, les bras ballants, affreusement pâle, elle n'était pas consciente. C'était la seconde d'après que le destructeur remarqua qu'un couteau était planté dans son abdomen. La lame ensanglantée fut ensuite retirée par son propriétaire qui poussa le corps sans vie de la brunette devant les orbites horrifiées d'Error et Epic.
Blue : Oops, excusez-moi mes chéris, je ne l'ai pas fait exprès ! Chantonna Blue, d'un sourire plus que psychopathe en portant sa main à sa bouche, comme s'il venait de faire une petite bêtise.
Les deux compagnons restèrent paralysés un instant, figés par la stupeur et l'horreur de la scène. Error se précipita soudain sur Lisa alors qu'Epic, hors de lui, s'attaqua au squelette bleu. Ils ne savaient pas ce qu'il lui prenait, ils se comprennaient rien mais une chose était claire et nette dans leurs esprits communs, et elle se résumait en quatre mot : Blue avait tué Lisa.
Autour d'eux la lumière de la cuisine revint, illuminant le sang qui coulait de la blessure mortelle de la jeune fille ainsi que de sa bouche, teintant ses lèvres de rouge sombre. La pièce faisait à présent plus boucherie que cuisine avec l'odeur âcre de viande en décomposition, le sang sur les murs et les couteaux aiguisés en arrière-plan.
Epic, instoppable, transperça de ses os acérés les côtes de Blue qui tomba sur le carrelage. Ses épaules montaient et descendaient, essoufflé par l'émotion. Peu à peu, il sembla reprendre ses esprits. Ses orbites s'écarquillèrent. Qu'est-ce qu'il avait fait ?
Error, quant à lui, caressait la joue glacée de Lisa, une haine naissante faisant trembler ses phalanges. Quand soudain, il cligna plusieurs fois des orbites, septique. Un mort fraîchement tué n'avait pas le temps de devenir si pâle et froid. Et si...
Son âme fit un bond dans sa cage thoracique quand sa main traversa littéralement la joue de la brunette, comme un fantôme.
Error : ...Ēpįc... Articula le squelette glitché, le souffle coupé. Ēst-cę qūę tū ås vérīfįé łę ŁØVĘ dę Błūe...?
Epic : Hein ?
Le mème incarné jeta un coup d'œil à l'assassin, stupéfait. Il était toujours de Nv 1.
Error : Įł n'å tūé pērsønnę !!! Tonna le destructeur. Ēpįc, jē crøįs såvøir cę qū'ił sę påssę ! C'ēst-
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une ombre sortie de nulle part passa sur eux et les emporta.
★★★
PDV Lisa :
Un cri lointain se glissa dans mes oreilles. Je me retournai vivement vers là où les escaliers avaient disparu, le sang glacé.
Dream : Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Dream.
Moi : Je... C'était Error, je crois...
Ink : T'es sûre ?
Moi : Je reconnaîtrais ce cri entre mille. Affirmai-je.
Dream : Qui peut bien se payer notre tête, comme ça ? Réfléchis le maître des songes, qui malgré que son poing tremblait dans le mien, faisait de son possible pour nous accoiser.
Ink : C'est peut-être une malédiction divine...
Moi : Ink, t'es bête. Soupirai-je, agacée.
Ink : Non, je suis sérieux. Insista-t-il en me jetant un œil froid. Moi je pense que c'est à cause de toi que tout ça arrive.
Je le fusillai du regard, outrée.
Moi : Comment ça à cause de moi ?
Ink : Ben ouais, à force de mettre en l'air les Timelines et à faire ton impertinente. T'as foutu les Créateurs en rogne.
Dream : Les gars...
Moi : Et alors, c'est p'tête bien ce qu'ils méritent, tes Créateurs à la con !
Ink : Ah ! Tu vois comment tu parles ? Tu vas tous nous tuer !
Moi : T'es qu'un parano égoïste et insensible !! Et en plus tu cuisines super mal !
Ink : Et toi tu n'es qu'une gamine sentimentale qui ne comprends jamais rien !!! T'es sûre que tu nous mens pas et qu'en fait t'as vraiment douze ans ?! Parce que là j'ai des doutes !
Dream : Arrêtez s'il vous plaît...
Moi : Peut-être que j'ai un corps d'enfant mais toi tu-
Dream : STOP !!!!
Nous nous tûmes d'un coup. Dream, qui nous avait lâché, flancha, à genoux, les mains plaquées sur ses temporaux. Il pleurait à la mort comme si quelque chose le pourrissait de l'intérieur.
Dream : Je...je...qu'est-ce qui m'arrive...? Murmura-t-il, guttural, entre deux cris de douleur.
Le teint livide, Ink et moi reculions pas à pas, contemplant avec effroi des larmes noires visqueuses sortir des orbites du maître des songes. De la haine liquide.
Moi : Dream !!! M'affolai-je. Que-
Il hurla de nouveau à l'agonie quand la concentration de fluide noir fissura son crâne, me donnant un haut-le-cœur. Quatre tentacules transpercèrent ses côtes et fouettèrent l'air, découvrant le monde. Ses gémissements à me déchirer le cœur se transformèrent frénétiquement en un rire amère.
Moi : D...Drea... Essayai-je de dire, suffocante.
Dream : Sainte Joku que c'est bon... Soupira cette chose quand la transformation fut complète, un sourire étiré jusqu'au niveau de son œil unique, côté droit, d'une voix emplie de pétrole.
Je demeurai paralysée, mon corps incapable de ciller. C'était à peine se mes oreilles captaient encore des sons. Je ne pouvais que contempler ce que j'avais en face de moi. Dream ? Nightmare ? Pourquoi ? Comment ? Quel était ce regard ?
Le tentaculaire se releva, bien plus grand que l'ancienne forme de Dream, à moins que ça soit la terreur qui me le représentait ainsi. Il parlait pas, ne faisait que sourire en plongeant son œil perçant dans mes pupilles délavées. Mes membres refusaient toujours de bouger, comme dans un rêve.
Comme... dans un cauchemar.
Ink : LISA !
Je sentis soudain qu'on me tirait en arrière par le bras. C'était Ink qui m'entraînait dans sa fuite.
Ink : Faut pas rester là !!!
Je repris aussitôt conscience de moi-même et me défit de son étreinte pour courir à ses côtés. Le couloir, qui d'ordinaire ne se prolongeait pas à plus de cinq mètre de long, nous semblait infini. Autour de notre course folle les murs se rabattaient comme du caoutchouc. Les nuances de couleurs, toujours pâles, variaient en continue, passant du vert au jaune, du jaune au orange, du orange au rouge. La luminosité, elle, clignotait sans arrêt.
Où était Dream ? Est-ce qu'il nous poursuivait ? Et Error ? Est-ce qu'il allait bien ? Epic ! Blue ! Est-ce que c'était toujours Ink que je voyais fuir avec de moi ? Bordel ce couloir n'avait-il donc pas de fin ?!!
Ink : Là !! Indiqua soudain le peintre en montrant sa chambre.
Nous entrâmes et refermâmes brusquement la porte après notre passage. Tout semblait s'être calmé, ou du moins, la pièce dans laquelle nous nous trouvions avait l'air normale.
Moi : C'est... C'est pas comme ça que c'était censé se passer... Radotai-je en me prenant les tifs, encore choquée par ce qui venait de nous arriver. Bordel on était juste en train de passer un bon Halloween ! Pourquoi mais pourquoi...?!
Ink, l'ouïe collée à la porte avec concentration, m'ordonna sèchement de me calmer et de réfléchir à comment sortir de la maison, vu que toute fuite par portail ou téléportation nous était impossible.
Moi : Oh, ça va tu peux me laisser un peu encaisser !!! Rétorquai-je, hors de moi. Error, Epic et Blue sont peut-être morts et Dream s'est transformé en Nightmare bizarre, merde !!!
Ce n'était certe pas le moment de se disputer, mais à cet instant mes nerfs avaient lâché. Je ne saurais dire si c'était plus dû à ma peur face à mon impuissante devant cette situation où bien à ma colère face à l'indifférence du protecteur.
Moi : Ce sont tes amis, ça ne te fait vraiment rien ?!
Ink : Non, parce qu'on va arranger la situation. Répliqua-t-il en se tournant vers moi. Mais d'abord, il faut que tu t'excuses.
Moi : Que je m'excuse de quoi ? M'enquis-je, perplexe.
Ink : Ce qui se passe. Les Créateurs doivent te faire passer un message ! À force de modifier leurs histoires, tu les as mis en colère ! Excuse-toi auprès d'eux et ils remettront sûrement tout à la normal.
Moi : Pardon ?? Fis-je, indignée.
Ink : Oui, mais non, pas sur ce ton là. Grimaça le protecteur.
Moi : Je ne ferai rien, Ink. Contestai-je froidement. Les Créateurs que tu décris sont ignobles.
Ink : Ignobles ? Répéta-t-il, les poings sur les hanches. Sérieusement, qu'est-ce que tu as contre eux ? C'est grâce à eux que nous sommes vivants, on leur doit tout !
Et ça recommençait, encore un débat qui ne mènerait à rien. Exaspérée, je voulus ouvrir la porte, mais elle se révélait verrouillée. L'énervement eut alors pris plus de place que la crainte sur la balance. Ah oui ? Très bien qu'à cela ne tienne ! Si ces fichus Créateurs voulaient du divertissement j'allais leur en donner.
Moi : Quand tu dis qu'on leur doit tout, tu penses aussi aux univers alternatifs plongés dans le malheur et de désespoir ? Ouvre les yeux sur ce que tu dis protéger, Ink ! Protestai-je en écartant bras. Et ne me fait pas croire que changer le "destin" pour un meilleur est mal.
Ink : Si, car tu écrases l'esprit créatif en faisant ça !
Je compressai les poings avec rage. C'était comme si quelque chose m'appuyait dans le dos et que seul le fait de me défouler ôterait cette sensation désagréable. L'envie de le baffer me vint, mais je me contentai de foncer sur lui et lui crier à la face.
Moi : Même en admettant que tu dises vrai les Créateurs n'ont pas leur mot à dire, tu m'entends ?! Nous sommes vivants ! VIVANTS !!! Et s'ils en doutent c'est qu'ils n'ont vraiment aucune idée de qui nous sommes !! Ils nous laissent galérer avec la merde dans laquelle ils nous ont laissé ! Et après ils se permettraient de nous critiquer sur la manière de nous occuper de NOTRE monde ?!
Bien que je savais que c'était en partie à cause de ses fioles, sa placidité participait en grande partie à mon exaspération. Sa voix était calme, à peine élevée, se perdant dans son propre rêve. J'avais l'impression de parler à un mur.
Ink : Et tous les beaux récits que tu vas gâcher, alors ? Aucun n'est à jeter, Lisa ! Tous méritent d'exister, la créativité mérite d'exister, toute émotion aussi, qu'elle soit positive ou négative. Ces univers... Il valent tous la peine, ils ne méritent pas qu'on les change, les Créateurs ont le droit d'exprimer leurs émotions à travers leurs histoires sans que ça ne se termine obligeamment bien !
Moi : Ink... Tu te rends compte ce que tu dis...? Articulai-je.
Ink : Allez, excuse-toi ! Insista-t-il en me prenant les épaules. Ou sinon ça pourra mal finir...!
Je tombai des nues. Comment pouvait-on être aussi extérieur à la réalité ? Ink affichait un sourire encourageant, mais avec ses orbites arrondies, ses pupilles rétrécies, l'une verte et l'autre prenant la forme d'un tourbillon, il me parut presque terrifiant, fou. Chez lui, cela pouvait très bien être une menace. Il était sûr de ce qu'il affirmait.
Moi : Tu ne vaux pas mieux que les Créateurs. Lâchai-je sans le quitter des yeux. Tu es exactement comme eux.
Ink : Hein....?
Fronçant les sourcils, je me dégageai en envoyant balader ses mains d'une gifle.
Moi : T'es complètement taré !! Que ce soit tes amis ou ceux des univers, tu n'as aucune empathie, tu ne penses qu'à ta petite gueule !!! Qu'ils meurent ou qu'ils souffrent t'en a rien à cirer ! Tu es...!!
Ink : SANS ÂME ?? TU PEUX LE DIRE, OUI !!!
J'écarquillai les globes, tandis que Ink me fixait, une pupille en forme de cible carmine et une en forme de croissant de lune renversé, comme si elle s'affaissait tristement.
Ink : Quoi, tu crois que c'est de ma faute si je ne peux pas compatir aux douleurs des autres ? S'il y a des sensations que je ne connaîtrais jamais naturellement ? Si je dois me construire au mieux avec mes fioles ? J'ai peut-être une mémoire moisie mais je me souviens bien du moment où je me la suis arrachée. C'était pour m'ôter la mienne, de douleur, justement !! Tout ça parce que mon Créateur ne nous a jamais terminé, parce qu'il n'a jamais eu personne pour l'inspirer ! Sans eux...! Sans eux je n'ai plus d'émotions, plus de raisons de vivre ! Et on finira tous oubli-!!!
Il ne put continuer car je lui avais sauté dessus, plaquant brutalement son crâne au sol. Déconcerté et désorienté, il se débattit furieusement lorsque je tentai d'atteindre sa bandoulière, réussissant à me repousser en frappant son pied contre mon ventre. J'encaissai le coup, revins à la charge, lui fis une prise en me glissant derrière lui pour immobilier ses jambes en croisant les miennes, volai sa fiole bleue marin que j'avais toujours vue pleine, et le forçai à l'avaler.
Ink : Qu'est-ce qui t'arrive ?? T'es folle ou qu...?!
Il luttait avec acharnement, mais ce ne fut l'affaire que de quelques secondes. Il finit par ralentir ses bras à mesure que la tristesse s'écoulait en glou-glou dans sa trachée osseuse. Des yeux s'humidifièrent, puis des larmes sortirent de ses orbites. Il geignit, toussa. Je le relâchai finalement et me mis à genoux devant lui pendant qu'il pleurait abondamment, misérable.
Moi : Et là ? Demandai-je d'un ton neutre. Tu ressens de la tristesse pour tous ces univers ?
Ink : M'en fous...!! Balbutia-t-il entre deux hoquets. Je... Je ne veux pas que tout ça disparaisse... Je ne veux juste pas être abandonné...! Personne ne me comprends...!! Personne...
Moi : Exactement, Ink. Conclus-je. Parce que ce ne sont pas tes émotions mais tes choix qui définissent qui tu es. Tu ne peux peut-être pas ressentir de compassion, ni savoir lorsque quelqu'un va mal, mais si tu choisis par toi-même de t'en ficher ce n'est pas à cause de ton âme absente, c'est parce que tu es égoïste. Ton excuse n'est qu'une façade.
Il larmoya encore plus. Je soupirai, le cœur un peu gros. J'avais pour mauvaise habitude de me laisser aller à mes émotions, mais lorsque ma colère retombait, je ne me sentais jamais satisfaite d'avoir crié sur quelqu'un.
Moi : Écoute... Dis-je avec douceur. Dream fait des efforts pour que notre équipe tienne en place, alors je ne vois pas pourquoi je n'aurai pas la sagesse de faire de même. Je sais bien que je ne peux pas te forcer à jouer aux héros si tu n'as pas envie de changer le cours des Timelines. Mais... Peut-on au moins couper la poire en deux ? Je ne te réprimanderai plus pour ton point de vue si tu me laisses faire mon travail de mon côté. Alors ?
Ink : Et les Créateurs, alors ? Chouina-t-il en levant la tête, la bouche tremblante. Ils vont être tristes si...si leurs histoires ne sont pas respectées...
Moi : Ne t'inquiète pas, il y a tellement d'univers alternatifs que je ne pourrai pas toutes les changer. De toute manière je ne réussis pas à tous les coups. Le rassurai-je avec un rire timide. Et puis... N'est-ce pas justement là la beauté de changer notre destin ? Tracer notre propre aventure en inspirant la création ? Détourner leurs histoires pourrait leur faire connaître d'autres possibilités, qu'en dis-tu, Ink ?
Je tendis ma main, l'invitant à la prendre, affichant un sourire déterminé.
Moi : Offrons aux Créateurs une histoire que même eux pourront découvrir.
Il plongea ses pupilles presque blanches de reflets dans les miennes, et, hésitant, finit par décider de me saisir la main. Nous échangeâmes alors un regard convenu, enfin entendus.
Le peintre prit une autre fiole et la bue goulûment. Il sembla se calmer, essuya ses larmes puis rigola avec légèreté.
Ink : T'as complètement vidé ma fiole de tristesse, ça a faillit me ressortir par le nez.
Moi : Oh, mince, désolée... M'excusai-je en renvoyant son rire par réflexe, un peu gênée et amusée à la fois.
Il inscrivit notre marché dans son écharpe afin de ne pas oublier, puis nous nous aidâmes à nous relever. Trêve d'émotions, on ne savait pas où se trouvaient les autres et on était coincés dans cette chambre.
Moi : Il n'y a plus eu de trucs bizarres depuis un petit moment... Remarquai-je en zieutant les murs. Si ça se trouve c'était vraiment les Créateurs qui voulaient que...
Ink : Putain de... Lisa, dégage !!!
Je fis volte-face vers lui, alertée. Courbé en avant, il se tordait de douleur, comme Dream tout à l'heure, s'accrochant désespérément à la poignée pour tenir debout.
Ink : Je... Je crois bien que c'est mon tour... Gémit-il en secouant la tête pour résister au maléfice qui le prenait. Cours, Lisa, va-t-en !!!
Sa bouche se fendit en deux, ses orbites devinrent noires puis il éclata d'un rire affreusement monotone. Il se redressa et me fit face, me fixant avec un vide effroyable. On aurait dit plus rien d'autre qu'une coquille vide, sans émotions, factices ou véridiques. Juste... Sans âme.
Ink : Je connais un jeu... Souriait le nouveau Ink en inclinant la tête sur le côté, lui aussi devenu monstre.
Je reculai, épouvantée, puis, sans réfléchir fonçai dans le placard et refermai la porte, au moment où le squelette décoloré fondit sur moi. Il tembourina fortement sur le bois en me demandant de le laisser entrer.
Ink : Tu ne veux pas connaître ce jeu ?! Allez, ouvre cette porte !! AMUSONS-NOUS ENSEMBLE !!!!
D'abord Blue, puis Error, Epic, Dream et maintenant Ink... Mais qu'est-ce qui leur prenait, à la fin ?!! Je plaquai le plus fort possible mes mains sur mes oreilles en reculant, ne trouvant même pas le placard étrangement profond sur le coup, et m'assis dans un coin, en boule, criant que c'était un cauchemar et que j'allais me réveiller.
Moi : C'est... C'est pas possible... C'est pas possible, non, CE N'EST PAS RÉEL !!!
??? : Ne te souviens-tu donc pas ce que je t'ai dis, ma chère~ ? La réalité n'est rien d'autre qu'une illusion. Fit une voix à côté de moi qui ne me laissa même pas le temps de sursauter.
★★★
J'émergeai doucement de mon sommeil, petit pas par petit pas. Le monde était flou, mon esprit embrouillé et ma tête lourde, si lourde... Puis ma vision s'affina et mes paupières papillonnèrent, interloquées. Qu'était-il arrivé au QG des Stars ?
Le salon que je reconnaissais bien était réapparut, excepté que ses couleurs avaient changé pour des nuances de noir et de rouge, orange et ocre. Ce fus à ce moment-là que je vis que j'étais suspendue à l'envers. Mon oreille droite perçut alors un son qui ressemblait étrangement à mon nom, ce me qui fit tourner la tête. J'ouvris de grand yeux ronds en voyant Error, dans le même sens que moi, afficher un grand sourire. Il était menotté au niveau des poignets et des chevilles par des chaînes bleues électrique lumineuses qui paraissaient le maintenir dans les airs.
Mon regard se prolongea sur ce côté et je constatai que Ink, puis Epic, puis Dream et enfin Blue étaient là aussi, tous revenus eux-mêmes et en parfaite santé. Mais je me mis à paniquer en voyant que j'avais subis le même sort. Tous les sens se réveillèrent subitement et je tirai de toute mes forces avec une colère farouche, au moment où une voix se mit à chanter derrière nous, accompagnée d'accords de piano secs et bondissants.
♪♪Cause it's Happy Happy Halloween
We're gonna go all night, so wake the dead
Even tired Jack'll wait
'Til the morning comes again♪♪
Je me tortillai dans tous les sens sans parvenir à me retourner. Une minute... J'avais déjà entendu cette voix. Extravagante, railleuse et résonnante. Nos entraves firent tout à coup un 180° sur elles-mêmes et nous pouvions voir le squelette responsable de toute cette comédie, installé à son instrument quelques mètres plus loin, bien à l'aise dans son costume black and jaune, frappant les derniers accords.
♪♪Now it's Happy Happy Halloween
So come on, Let's Trick or Treat.
Rolling out, red candy bleeds.
So tonight, don't fall asleep !♪♪
Le squelette s'éleva alors dans les airs, et, tandis que le piano, découvrant une langue verreuse et des grosses dents, prenait vie et partait sur ses petites pattes de piano hors de notre champ de vision, ôta son petit chapeau et nous fit une révérence.
Bill : Oui oui, je sais, je suis un fabuleux pianiste, applaudissez moi !
Moi : Bill ??! Laissai-je échapper, subjuguée.
Bill : Alors, comment te portes-tu, la Ramoneuse d'étoiles ? S'enquit-il, poings sur les hanches, droit comme un I en tournant sur lui-même pour se retrouver dans notre sens. Pas trop secouée ?
Je demeurai bouche bée. Alors c'était lui qui s'amusait à nous faire peur depuis tout à l'heure ? En même temps, vu qu'il contrôlait la réalité, ça paraissait logique, j'aurai dû le deviner depuis le début. La théorie de Ink sur les Créateurs me paraissait grotesque à présent.
Error : Qū'ęst-cē qūę tū fåįs łà, ēspècę d'ēxcįté ēn cøstūmę dū dįmånchę ? Maugréa le squelette d'ébène, déjà exacerbé.
Bill : Je fais du porte à porte, bien sûr ! Lui répondit-il en toquant sur son crâne. Toc toc, des bonbons ou un sort ?
Il fit ensuite flotter l'énorme bol de friandises que nous avions récolté jusqu'à lui et piocha dedans. Puis, tout en mâchant un bonbon, il revint à moi et passa un bras amical autour de mes épaules, bloquant ma cavité respiratoire.
Bill : Alors, que penses-tu du petit tour que je vous aie joué ? Me demanda-t-il, son éternel sourire satisfait aux dents, il désigna les autres d'un revers de canne. Ça a été vraiment amusant de vous entendre hurler, tu sais que les petits cris que tu pousses quand tu as peur sont adorables ?
Tête en bas, complètement désorientée, attachée et à moitié étranglée, je ne pouvais que détourner le regard, contrarié. L'illuminati avait vraiment le don de faire perdre ses moyens en rabaissant son interlocuteur. Error ne perdit pas l'occasion de glitcher avec fureur en tirant sur ses chaînes.
Error : SÅLĘ FĪŁS DĘ THÅLÈS !!! JĒ VÅĮS TĘ-
Bill claqua des doigts et la bouche du marionnettiste disparut subitement, ne laissant que le noir de ses os a la place.
Bill : Error, Error, Error ! Chantonna l'illuminati en volant jusqu'à lui.
Il le prit par la taille et cala sa tête dans son cou, histoire de le toucher le plus possible. Le plaisir qu'il y prenait me faisait voir rouge, mais je savais bien que ce serait entrer dans son jeu de protester.
Bill : Toujours aussi... Euh... Haptophobe. Constata-t-il en voyant que le pauvre Error avait complètement planté.
Il s'enleva de lui et alla ensuite voir les autres, un à un.
Bill : Et nous avons bien sûr le pot de peinture, le mème sur patte, le marchant de sable et la pétillante myrtille ! Tous les héros du Multivers entre mes mains, magnifique, n'est-ce pas ?!
Moi : Ça suffit ! M'énervai-je. Pourquoi tu as décidé de faire ça ?! C'est Nightmare qui t'as demandé de-
Bill : Non non non, pour une fois il n'y est absolument pour rien. Me détrompa le chapeau haute forme en revenant me voir.
Puis il fit semblant de réfléchir en portant sa main à son menton.
Bill : Mmh... Il faut dire qu'il est un peu en colère contre moi depuis que je lui ai livré tout une caisse de chat.
Moi : Attend, t'as fait quoi...? Repris-je, pour une fois amusée par les conneries de l'illuminati, en imaginant la scène.
Bill : Ouais, c'était hilarant, la tête qu'il a tiré était à mourir de rire ! Je pourrais te montrer une rediffusion, je crois que je peux mettre ma mémoire sur écran, ça sera-
Error :MMMM-MMMM-M-R-R-R-R-R-RRRRRRHHHHHH !!!! Beugait le squelette d'ébène, toujours bâillonné, les orbites emplies de petit "error".
Bill : Ah, oui, c'est vrai, j'oubliais. Error est jaloux que je ne prête pas plus attention à lui, il était si content de me voir ! Se rappela soudain l'illuminati, faisant une mine un peu déçu. Si je vous ai tous amené ici et donné en spectacle, c'est parce que j'ai un invité spécial, un voyageur de passage. Je lui ai parlé de toi, Lisa !
Moi : Moi ?
Bill : Oui, enfin... Fit l'illuminati en faisant des moulinets avec ses mains. D'abord je lui ai proposé une gardienne badass mais ça ne l'a pas intéressé ! Du coup je lui ai parlé d'un pigeon jaune (Bill a décidément un truc avec les pigeons et le jaune), puis d'une gamine amnésique, un plombier, une guerrière grise, une laitière et quatre camemberts et ce n'est qu'après que j'ai parlé de toi, mais ça revient au même !
Il me libéra de mes étaux magiques et fit apparaître une porte, qui on ne savait pas par quel miracle, tenait toute seule debout. Il mit la main sur la poignée et l'ouvrit. Devant moi se tenait un squelette un peu plus grand que les autres, tout de rouge vêtu. Il portait un costume élégant, une capuche avec de longues oreilles poilues qui semblait en faire partie, et un long bâton qui se terminait par une sorte de plaque ronde avec un œil au milieu. Il souriait de toute ses dents jaunes, tel un vrai sirial killer. Il leva alors la main pour me saluer.
??? : BON-
Bill referma la porte brusquement sur lui et me souffla...
Bill : Ah, et fais attention, il est encore plus excité que moi.
... Avant de la réouvrir. Et de se téléporter un peu plus loin.
??? : -JOUR !
L'étrange squelette entra en trombe et n'attendit pas pour me serrer la main avec entrain.
??? : Alastor!Sans ! Ravi de vous rencontrer, mon cœur, c'est un plaisir ! Me dit-il avec toute sorte de gestes exagérée et une voix de présentateur radio. J'ai vu vos réactions durant cet épisode et j'ai adoré ! Le timbre de votre voix en souffrance est une vraie mélodie aux oreilles, et ce final, quel talent ! Je n'avais jamais entendu de discours aussi idéaliste et pathétique que celui-là, j'en ai explosé de rire !!! Vous et votre ami m'avez gâté, je ne suis pas déçu !
Surgit soudain une ombre derrière moi qui ressemblait étrangement à cet Alastor. Qui sembla mettre ses mains sur les épaules de ma propre ombre. Je fus alors poussée vers son propriétaire, comme si elle avait une constitution solide.
Alastor : Mademoiselle, je pense que vous serez parfaite pour la prochaine émission que je sortirai !
Moi : Je euh... Merci...? Fis-je mécaniquement, trop déstabilisée pour prendre en compte le simple fait qu'il se foute de ma gueule. Mais euh... Qui êtes vous exactement ? Une version Space-vaudoue d'un Sans Mettaton ?
Il éclata alors de rire, comme si ce que j'avais dit était la chose la plus drôle qu'il avait entendu. Je grimaçai, malaisée, en me demandant à quel point il se forçait.
Alastor : Absolument pas ! Je ne suis pas de ce monde, je viens de plus loin, encore !!
Ink : Je crois que c'est... Intervint le protecteur des AUs, avant de s'arrêter timidement, ne sachant pas trop s'il avait le droit de parler.
En voyant le regard encourageant d'Alastor, il avala sa salive et reprit :
Ink : De pense que c'est un Cross-over.
Moi : Un Cross-over ?
Ink : Oui... En fait, comme Bill, il ne vient pas directement de la dimension d'Undertale, mais d'une autre. Pas un univers alternatif éloigné, mais d'une dimension complètement différente de la nôtre.
Bill : Tout à fait ! Confirma l'illuminati, affalé sur le canapé en train de manger sans gêne les bonbons d'Halloween qu'on avait durement gagné. Mais contrairement à moi, notre cher ami ici présent n'a pas été banni de sa dimension d'origine.
Il serrait fort une friandise entre ses doigts, ruminant sa colère.
Bill : Après m'être fait avoir comme un bleu par ces maudits jumeaux maléfiques, j'ai prié à l'Axolotl de me reformer. Et me voici, sous une autre forme, à une autre époque. Dans une autre dimension.
Il lâcha un petit rire et lança un regard au squelette vaudou.
Bill : Mais rien à voir avec Alastor, bien sûr. Lui, c'est grâce à un créateur qu'il peut alterner Undertale et sa dimension.
Ink : La liaison entre deux dimensions est la plupart du temps impossible mais lorsqu'un créateur créé un personnage métisse, comme Alastor!Sans, il lui est donc possible d'entrer ici sous la forme d'un Sans, puisque c'est comme ça que le créateur l'a imaginé. Il s'appelle Yama... Yatam... Tayama... J'ai oublié.
Alastor reprit la parole en me tirant par le bras pour me coller à lui, tendant l'autre main vers l'avenir.
Alastor : En effet ! Je suis un dénicheur de Scoop et de talent, de la dimension où je vis, plus rien ne m'intéresse !! Mon inspiration est venu me dire adieu et mon travail est devenu ennuyeux. C'est alors que j'ai découvert votre dimension et que Bill m'a parlé de vous, fabuleuse petite demoiselle ! Je lui ai alors demandé d'offrir un spectacle divertissant et je n'ai pas été déçu, c'était magnifique !!! On vous a déjà dit que vos cris étaient adorables quand vous étiez effrayée ? Termina-t-il en passant rapidement son doigt sur mon nez.
Moi : ...Où est-ce que vous voulez en venir...?
Alastor : Vous ne perdez pas votre temps, vous hein ? Remarqua-t-il en me propulsant sur le côté d'un coup de hanche. Et bien j'ai entendu dire que vous aviez quelques différents avec une certaine personne. Si vous acceptez que je suive vos aventures et que je les diffuse dans ma dimension je vous aiderai à le combattre !
Alastor me montra alors sa paume. Des rafales de vents teintées de vert apparurent autour d'elle. L'ombre du squelette vaudou se glissa derrière moi et saisit fermement mon poignet de sa fraîcheur obscure pour l'approcher lentement vers la main du dealer. Je me laissai faire, quoique pas très rassurée.
Alastor : Pouvons-nous passer un marché, mon cœur ? Demanda Alastor, son sourire étiré jusqu'aux orbites.
★★★
PDV Extérieur :
Apparemment il avait fait chou blanc. Le démon cerf, revenu chez lui sous sa forme originelle, déambulait sans but dans les ruelles de la ville. La jeune demoiselle avait refusé de conclure le pacte au dernier moment. C'était vraiment dommage, ses réactions auraient fait rire son auditoire.
Il continuait sa route en fredonnant, accompagné de son ombre, en se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire, maintenant qu'il n'avait plus de sujet de divertissement.
Il remarqua alors que la plupart des démons étaient tous focalisés sur les télés, plus que d'habitude. Alastor fulmina. Tous ces incultes n'avaient pas de goût, scotchés à leurs écrans. Mais quelqu'un attira son attention, la petite princesse des enfers, assise sur la table d'émission, présentant son projet d'hôtel.
Le sorcier vaudou inclina la tête sur le côté. Voilà une nouvelle et bien belle occasion de s'amuser.
★★★
PDV Lisa :
Error : Jē nę cømprēnds pås, Lįså... Pøūrquøį tū ås ręfūsé ? Demanda le marionnettiste alors que je l'aidais à se relever. Øn ãuråit pū åvøįr ūnę åįde précįēusę cøntrę Nįghtmårę.
Après que j'eus décliné son offre, Alastor était repartit dans sa dimension et Bill aussi prenant soin de tout remettre à la normale ; en emportant le bol de confiseries au passage. Je souris en embrassant le front de mon squelette d'ébène.
Moi : On m'a toujours dit de ne pas faire confiance à ceux qui faisaient des pactes. Expliquai-je. Et puis...
Je lançai un doux regard à Ink.
Moi : S'il y a bien des gens qui nous observent en ce moment en jugeant tout ce que l'on fait... J'imagine qu'on en n'a pas besoin davantage.
Le peintre me répondit par un petit sourire. Au fond, même s'il ne faisait pas le bien, Ink n'avait jamais fait vraiment le mal non plus, alors je pouvais bien faire l'effort de le tolérer. C'était après tout un ami précieux, créatif et drôle, qui prenait une place importante au sien de notre groupe, et ce aussi psychopathe était-il.
____________________________________
Si vous avez la chance de le voir à Halloween xD
Ayeh (づ。◕‿‿◕。)づ !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top