Chapitre 14 (Première partie)

PDV Lisa :

Cela fait quelques semaines maintenant que je vis au QG des Stars. Le quotidien est assez prospère, Blueberry fait toujours de son mieux pour nous donner le sourire. À vrai dire cela devenait démoralisant de vivre seule dans une grande maison alors mon nouvel atmosphère me convient bien. Et même si tout est différent désormais, mon rite avec Error n'a pas changé.

J'entendis un bruit de téléportation derrière moi. Le dos reposant sur la solide écorce de notre arbre, je laissai Error me rejoindre sans un mot, mes yeux détournés des étoiles ce soir. Ils se penchaient à la place vers un pittoresque petit village bien au loin, connu sous le joli nom de Stardin. Je soupirai, mélancolique.

Le marionnettiste s'installa à côté de moi, un peu confus.

Error : Lįså...? Tøut vås bįēn ? Demanda-t-il même s'il se doutait déjà de la réponse.

Moi : ...Les lumières de la ville... Murmurai-je. C'est un peu comme des étoiles... Les points lumineux représentent des gens, des maisons, des foyers... Et quand quelqu'un disparaît... L'étoile s'éteint.

Je voyais bien qu'il ne savait pas quoi répondre. En même temps que dire de plus ? Je fixais là où je n'étais plus chez moi. Un souvenir ? Non. Je n'y avais jamais vécu après tout. N'était-ce pas là l'objectif de ce sort que j'avais moi-même réclamé ?

Je vois encore Papyrus me reprocher, doigt levé et arcades autoritaires, de m'endormir dans le froid ici même, sur cette colline où l'herbe poussait.

«Mais ça ne s'est jamais passé.»

J'entends encore Sans faire son numéro chez Grillby's pendant que je m'étouffe avec mon hamburger, la sauce tomate giclant sur mon pull de montagne dans l'atmosphère chaude et accueillante du bar.

«Mais ça n'est jamais arrivé.»

J'écoute encore le chant lointain et mystérieux des cristaux de Starfall, déroulant la colonne vertébrale sur la roche dans la compagnie silencieuse de Frisk.

Je goûte encore les pâtisseries sucrées de Muffet ou les spaghettis glacés de Papyrus.

J'hume encore le doux parfum salé des frites du bistrot où nous riions tous ensemble, dans l'allégresse et la gaité. Dans la naïve perception de l'avenir où tout cela ne s'arrêterait pas. Avant la bataille de Stardin, avant les Bad Guys, avant les Stars, avant Error.

«Mais tout ça n'a jamais existé.»

«Je ne suis plus... Je n'ai jamais été de ce monde.»

«C'est sans doute mieux ainsi...»

Une main se posa sur la mienne. Le marionnettiste me souriait tendrement. Il m'entoura de ses longs bras protecteurs et enfonça ma tête dans son écharpe pendant que je l'imbibais de larmes.

Moi : Il me manquent... Sanglotai-je. Ils me manquent tellement...

Error : Jē sãis... Jē sãis... Chuchota-t-il. Nę t'ēn fãis pås... Jē sūįs lå...

Nous nous enlaçassâmes sous le ciel étoilé resplendissant d'une trop belle soirée d'été, où seules les pluies de météores semblaient ne pas m'avoir oublié.

Heureusement qu'il était avec moi...

Mon beau squelette d'ébène...

★★★

Les Bads, en revanche, multiplient les attaques en ce moment. C'est pour cela qu'il est important que je me rende toujours à Epictale pour mes entraînements. En ce moment j'étudie la performance à la magie, c'est bien plus intéressant que les renforcements musculaires. Depuis le raid sur Outertale, mon Sansei a pu retourner chez lui avec sa famille, n'ayant plus besoin de me protéger. Au moins tout ça aura fait une chose de bien.

Je suivais du regard, coudes affalés sur la table du laboratoire, mon mentor tout excité faire des allers et retours. Il tenait un calepin à la main droite et un crayon à la main gauche qui produisait un "clic clic" continu par son pouce survolté.

Epic : C'est pas possible c'est trop cool, Bruh ! Je ne savais pas que de âmes humaines pouvaient faire ça ! Détermination, oui, à la limite mais Justice ?! C'est une première, Bruh !

Moi : Oui enfin... C'est un pouvoir comme un autre, Epic. Tentai-je mollement, dans l'espoir de le calmer.

Le squelette violet frappa ses paumes sur la table, me faisant sauter sur ma chaise, les étoiles dans les yeux.

Epic : Tu ne te rends pas compte, Bruh ??! Tu es capable de produire de la fourde !!!! Je n'ai jamais vu les âmes humaines lambdas faire ça, d'habitude c'est Détermination, celle pleine de surprise !

Moi : C'est peut-être parce que les créateurs mettent les autres âmes trop sous-côté, du coup on fait moins attentio-

Mais Epic était déjà reparti dans ses délires.

Epic : Est-ce que la foudre est une capacité spécifique de Justice ou c'est juste parce que ça te correspond, Bruh ? Est-ce ton instinct qui t'as fait créer de l'électricité parce que c'était nécessaire à ce moment-là ? Non parce que tu en avait déjà fait avant, Bruh. Mais... Tu pourrais faire autre chose ??? Du feu par exemple ? Peut-être que c'est plus une caractéristique de Bravoure mais on sait jamais, Bruh. Et les autres âmes, ont-elles des super pouvoirs elles aussi ??! Sûrement mais bon, on est jamais sûr, Bruh. Et si...

Et voilà je l'avais perdu... Je souris, tout de même amusée par son tic de langage qui se répétait plus que d'habitude.

L'œil zébré serrait tellement fort son crayon que celui-ci se brisa dans son poing. Il ne parut cependant pas le remarquer.

Epic : EST-CE QUE TU POURRAIS LE REFAIRE, BRUH ?!! S'écria-t-il pratiquement en me bondissant dessus.

Moi : Euh...et bien...

Je réfléchis. Cet état "Super Saiyan" comme Epic aimait l'appeler était assez imprévisible. Et puis, ça ne m'était pas arrivé souvent, uniquement lorsque l'enjeu avait été fatidique. Peut-être était-ce un mécanisme d'auto-défense... Ou quand ma rage était assez ardente.

Moi : ...Sincèrement je ne pense pas... C'est... Ça vient naturellement, tu vois ?

Epic : Parce que tu n'a pas encore l'expérience requise, Bruh. Mais avec de l'entraînement, peut-être que tu réussiras à entrer en mode "Super Saïenn" par toi-même. Ça pourrait être très utile, après tout, tu as prouvé que l'électricité était une arme à utiliser contre Nightmare.

Je passai mes bras autour de moi en ressassant dans ma tête mon dernier combat contre lui, fronçant les sourcils, l'air grave. Je ne pouvais plus entendre ce nom sans ressentir une profonde hargne.

Moi : Utile peut-être, mais je ne pense pas être en mesure de le battre, même avec ce pouvoir. Lâchai-je en détournant les yeux.

Mon souvenir était encore aussi frais que l'air de la nuit où la bataille avait eu lieu. Mon ardeur, ma détermination... Puis mon impuissance. Et enfin les tas de poussière, les ruines de mon chez moi, surplombé par le sourire cauchemardesque et déformé du squelette de pétrole.

Le Sans violet posa une main réconfortante sur la mienne.

Epic : Ne t'inquiètes pas, p'tite Bruh. C'est là le plus gros point fort de ce sashimi. Increvable... Mais... Pas inarrêtable. On l'a déjà vaincu lui et ses sbires à mainte reprise. Et on le repoussera autant de fois qu'il le faudra.

Il était vrai que je m'inquiétais un peu... mais cela renforçait également mon désir de l'empêcher de nuire. Je levai la tête vers le squelette encapuché et souris à mon tour.

Epic : Allez, c'est l'heure de s'entraîner, maintenant, Bruh !

Moi : Ai Sansei ! Lâchai-je, enjouée.

À ces mots les orbites d'Epic se mirent à briller.

Epic : Sansei ? Comme Sans et... Sensei ??

Moi : Euh... Oui ?

Epic : Tu... Tu ne m'avais jamais appelé comme ça...

Moi : Ah bon ? Je l'ai souvent pensé pourtant.

Oh ooooh... Je sentais que le fan d'animé et Sans amateur de jeu de mot qu'il était allait exploser dans pas longtemps...

Deux grosses larmes se versèrent et il se mit à courir dans tout les sens, créant des volutes de poussière en zig-zag passant autant sur le sol que sur les murs et le plafond.

Epic : ÇA Y EST MON RÊVE S'EST ENFIN RÉALISÉ, BRUH !!! JE SUIS UN SANSEI !!!!! JE SUIS UN SANSEEEEEEEEEEEEEEEEEI TvT !!!!!!

Mettaton, alerté par son cri entra subitement dans la pièce.

Mettaton : Docteur Sans, calmez-vous !!! Lui ordonna le robot, surmené pendant que je riais aux éclats.

★★★

Chez les Stars, il y a toujours quelque chose pour ajouter une touche de vie. En partie à cause de Ink. Il met de la peinture partout quand il veut faire ses toiles. Il est toujours surexcité dans ces moments-là. Il appelle ça son "élan de création quotidien". Dream et Blue n'arrivent jamais à s'en sortir. Heureusement, je suis là pour les aider maintenant. Blueberry est comme d'habitude. Il s'occupe bien de la maison et réprimande toujours Ink pour son inconscience, comme un Papyrus le ferait sur un Sans. On ne s'en rend pas toujours compte, mais s'il n'était pas là... Je pense qu'on ne s'en sortirait pas. C'est vraiment un magnificiant garde royal.

Quant à Dream, je le trouve plus heureux en ce moment, ça me rend donc joyeuse aussi.

Moi : Qu'est-ce que c'est ? M'enquis-je auprès du maître des songes qui enroulait une lettre sur elle-même et maintenait le tout avec un petit ruban.

Dream : J'ai découvert un nouveau pouvoir. Répondit-il en souriant. Tu veux que je te montre ?

Nous sortîmes à l'extérieur où le soleil tapait fort sur nos têtes. Après tout nous étions en plein été.

Moi : Qu'est-ce qu'il y a dans cette lettre ?

Le petit squelette fit apparaître une flèche de magie positive.

Dream : Et bien... Je voulais remercier Cross pour ce qu'il a fait. Expliqua-t-il en ficelant le message.

Il invoqua son arc et encocha la flèche. Il visa alors vers le ciel et tira. Le projectile fonça droit vers le soleil et disparut d'un coup dans un flash aveuglant.

Moi : Tu... Lui envoies un message, c'est ça ? Devinai-je.

Dream : C'est ça. Aquiesça-t-il. Je peux utiliser mes flèches pour tirer vers n'importe qui si je perçois ses émotions positives. Mais bien sûr, ce n'est pas un tir précis, je ne peux pas m'en servir pour blesser quelqu'un. Juste pour envoyer des messages. Ainsi... Je peux communiquer avec lui.

Moi : C'est vrai qu'avec tout ce qui s'est passé je n'ai pas eu le temps de le remercier... Soufflai-je avec regret. Mais dis-moi... Tu n'as pas écrit tout ça juste pour le remercier, non ? Qu'est-ce qu'il y avait dedans ?

Dream me répondit par un sourire embarrassé.

Dream : Disons... que je prenais aussi de ses nouvelles. Allez, on rentre ?

★★★

Ce quotidien est tout ce dont j'ai besoin en ce moment. J'enchaîne les missions, je repousse le mal, ça m'empêche de trop penser. Me vider de mon énergie physique permet de ne pas me fatiguer psychologiquement. Bla, bla, bla...blablabla. bla.

Moi : Blablabla, je ne sais pas quoi écrire, je marque n'importe quoi... Marmonnai-je tandis que ma plume traçait machinalement ce que je dictais.

Je me pris l'arrête du nez, prise d'une soudaine migraine. Le truc du journal intime n'avait jamais marché sur moi, mais Ink avait dit que ça pouvait m'aider. Je pense surtout que c'est dans le but de lire en cachette ce que je pourrais potentiellement écrire sur Error mais qu'importe. Écrire mes problèmes d'ordre émotionnels sur papier était les rendre permanents à mon goût, réels. Et je ne supportais pas cela.

Je jetai mon stylo sur les pages à moitié vierge et basculai ma tête en arrière, nuque enfoncée sur le haut du dossier de la chaise, en contact visuel avec ce qui troublait la clarté de ma toute nouvelle chambre puis soupirai, fatiguée.

Moi : Manquait plus que toi pour compléter le tableau, hein...? C'était vraiment nécessaire, Nightmare ?

En effet, le squelette de pétrole se présentait bien derrière moi, affalé en toute insouciance sur mon lit dont je notai intérieurement de changer les draps plus tard.

Nightmare : Comment fais-tu pour savoir je suis là à chaque fois ? S'enquit-il comme si ça l'étonnait.

Moi : Frisson froid dans le dos égal arrivé d'un poulpe au grand culot. Répliquai-je simplement en me levant. Pourquoi j'ai l'impression que tu me fais chier à chaque putain de chapitre ?!

Nightmare : Techniquement cela fait au moins deux semaines que nous ne nous sommes pas croisés. Pensa-t-il bon de préciser, accompagné de son fidèle sourire narquois que je ne supportais plus.

Bien qu'il faille rester sur ses gardes, je n'avais pas à autant me méfier qu'avant. Nightmare n'avait plus jamais essayé de me capturer depuis...ce jour. Je me réinstallai à mon bureau sans plus de mot, bouchonnai le crayon, le rangeai dans ma trousse, refermai le carnet et le plaçai dans le tiroir.

Nightmare : Mmh. Fit-il, avec un ton à la fois songeur et grave, derrière mon dos.


Moi : Si tu n'as rien à dire tu n'as qu'à t'en aller.

Nightmare : Je ne sais pas, je m'attendais à ce que tu sortes une phrase du genre : "Comment t'as fait pour t'introduire dans ma chambre en plein territoire ennemi espèce de stalker ?" Quelque chose propre à toi-même, en somme.

Moi : Je ne veux pas me laisser embarquer dans un autre de tes plans foireux que tu conserves dans la bouillie noire qui te sert de cerveau.

Je pus l'entendre ricaner.

Nightmare : Allons, ne vas pas penser que j'ai toujours un plan machiavélique contre toi... Tu as déjà eu ta dose en émotions après tout, avec ta famille qui ne sait même plus que tu existes et qui ont oubliés tout les moments de bonheurs passés avec toi parce que tu n'es plus rien pour eux... Enfin trois fois rien, quoi.

Moi : Tu sais que tu n'es même pas drôle ? Le stoppai-je en me campant en face du lit, bras croisés.

Nightmare : Oh, tu me blesses, là, moi qui pourtant croyais t'avoir manqué. Susurra-t-il, faussement dramatique, en se levant à son tour pour me toiser de ses quinze centimètres de plus. C'est vrai après tout, tu as l'air de plutôt t'ennuyer en ce moment, plus adulte, plus... Blasée.

Je roulai les globes et me dirigeai d'un pas lent vers la sortie.

Nightmare : Et bien que se passe-t-il, Justice ? Se moqua-t-il. Tu me boudes ?

Je ne répondis rien et disparus dans le couloir sans plus de différence.

Je pouvais ouïr ses tentacules battre l'air en constatant que j'étais réellement en train de le "ghoster". Visiblement il avait mal encaissé le vent incommensurable que je venais de lui mettre, car tandis que j'allais vers les escaliers, un tentacule me saisis tout à coup avec rage, me ramena dans la chambre et me propulsa contre le bureau, mon abdomen heurtant le bord du plateau de bois, avec une violence qui me fit m'écraser sur le plancher. La douleur à l'estomac dura quelques secondes où je me tenais le ventre en pestant alors que Nightmare, dont le visage s'était déformé sous la colère, reprenait son ton enjaillé, d'une bipolarité déconcertante.

Nightmare : J'admets nous ne nous sommes pas quitté en très bons termes la dernière fois. Reconnut-il pendant que je me redressais difficilement.

Il me prit par le tee-shirt et passa un bras amical par dessus mon épaule, comme pour m'empêcher de partir.

Nightmare : C'est pourquoi j'ai envie de me faire pardonner. Parlons un peu autour d'un café, qu'en dis-tu ? Je t'invite quelque part ? C'est moi qui offre !

Prise d'une pulsion purement meurtrière, je tranchai son bras avec mon sabre jaune fraîchement invoqué.

Moi : Je ne veux pas, c'est clair !? Dégage !!! Si tu crois que je vais accepter de taper la conversation avec toi tu te fourres tes quatre tentacules dans l'œi–!

Je n'eus même pas le temps de finir ma phrase qu'il rabattit un appendice de haine liquide sur moi et nous nous retrouvâmes dans qui semblait être un bistrot.

Moi : Mais ?! Lâchai-je, indignée.

Je grognai. Qu'est-ce qu'il m'énervait quand il faisait ça !

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