Chapitre 16: Rapprochement


En y repensant, elle se remémora la soirée qui a suivi après la venue de Rafe Cameron. La silhouette et les récents événements qui s'associaient avec ce personnage envahissait l'esprit de la jeune fille, qui se senti vite happer par tout cela. Elle s'arrêta et sa respiration sifflait.


Cette crise de panique...cela fait longtemps qu'elle n'en avait pas vécue. Elle essaya de prendre une certaine contenance, une respiration normale, mais cela s'empirait. Yeva regarda autour d'elle tout en agitant sa main près de son visage pour ventiler et lui amener de l'air frais. Elle n'était même pas arrivée à Figure Eight, qu'elle paniquait déjà.


Un passant la prit sous son aile. Il lui calma sa respiration sifflante en lui imitant une respiration plus régulière et doux. Ensuite, l'homme l'emmena à l'intérieur d'un magasin près du port et sous le regard inquiet d'une femme à la peau foncée, qui était à la caisse et aux cheveux court, habillée d'une robe orange à rayures blanches, rappelant fortement les vagues. Avant d'entrer, elle ne put voir que l'enseigne du magasin était un poisson et que sous l'illustration la phrase inscrite en petite police : « seafood ». L'homme d'une forte corpulence l'avait fait asseoir sur une chaise en bois, qui craquela sous son poids.


—Tiens, bois ça...lui dit doucement l'homme d'un certain âge en lui tendant une bouteille d'eau qu'il venait d'ouvrir devant ses yeux.


La jeune fille l'empoigna délicatement et d'un bras tremblant. Yeva la remercia d'un regard doux et il hocha la tête.


—Chéri ? l'interpella la femme d'un œil curieux.


L'homme leva les mains paumes montrés vers le ciel et lui montra de la tête, la demoiselle qui buvait à gorge déployé.


—Elle faisait une crise de panique. D'ailleurs, qu'est-ce qui t'a mi dans cet état ?


La jeune fille croisa le regard curieux et inquiet de l'homme âgé ainsi qu'elle croisa, du coin de l'œil droit, celui de la caissière, qui semblait être son épouse.


—Eh bien...je ne sais pas...Ça fait longtemps que je n'en ai pas fait...

—La fatigue peut-être ? Tu sembles avoir passée une dure semaine, jeune fille, lui dit l'homme.

—Oui...probablement cela, mentit Yeva.


Elle ne voulait vraiment pas croire que sa crise de panique provenait du fait d'avoir pensée à Rafe Cameron. Elle tressaillit et secoua la tête. Elle ne voulait vraiment pas que cet homme puisse la pensée folle à lier.


—Repose-toi encore un peu avant de repartir.

—Merci, euhm...

—Bobby...Bobby Heyward. Tu peux juste m'appeler Mr.Heyward, rigola ledit Bobby.


Yeva hocha positivement la tête et lui sourit timidement juste avant de tiquer.


—Heyward ?

—Oui ?

—Vous aviez dit « Heyward » ? Comme Pope Heyward ?

—Comment Pope, mon fiston hyper studieux et candide peut connaître une jeune fille aussi poli et joli ? se demanda Heyward dans un ton amusé.

—Je suis son amie, assura Yeva.

—Ha! Son amie ? Pope n'a aucune amie à part Kiara !

—Je le suis vraiment.


Mr. Heyward jeta un coup d'oeil entre Yeva qui l'observait et sa femme, qui écoutait la conversation étrange qui se déroulait devant ses yeux. Heyward soupira.


—Petit cachottier, pouffa Heyward, ne sachant comment jongler entre son amusement et son sérieux devant cette situation.

—En parlant de Pope, où est-ce qu'il est ?

—Il est allé faire des courses avec JJ à Figure Eight.

—À Figure Eight ? s'enquit Yeva.

—Oui. On fait quelques livraisons là-bas. Il est allé sur le terrain de golf le plus prisée de Figure Eight et—

—Ne t'en fait pas, mon fils reviendra vite; tu n'auras pas à attendre longtemps ton ami, il est rapide dans ces tâches... charria la caissière coupant la parole à son mari.


Yeva lui émit un sourire contrit et hocha positivement la tête avant de baisser le regard pour le plonger dans l'ondulation de l'eau embouteillée qu'elle secouait légèrement. Puis, plus elle restait silencieuse, plus elle réfléchissait et se remémorait la conversation avant de relever vivement la tête pour croiser le regard surprit des Heyward.


—Faut que j'y aille. Merci beaucoup pour votre aide, je vous revaudrai ça.


Puis, aussi vite qu'elle était apparue dans le magasin des Heyward, plus vite elle se dirigeait vers le terrain de golf. Elle courrait, à présent, sur le sable du terrain de golf. Sa respiration sifflante envahissait son esprit et bourdonnait dans ses oreilles. Heureusement, que Mr. Heyward lui avait fait boire de l'eau ! Elle se serait évanouie en plein milieu du trajet, si ce n'était pas le cas !


 Le combo d'une course et d'un après-coup de crise de panique n'avait pas une issue glorifiante. Elle haletait lorsqu'elle pénétra le club de golf, se dirigeant automatiquement vers les terrains et ne se préoccupa guère de l'interpellation que lui faisait un employé sur son « effraction ». Elle gravit les marches d'un escalier menant à un horizon de plaines verdoyantes et sablonneux digne du Sahara. Toutefois, l'odeur de la mer étant proche de ce terrain de golf modifiait la teneur et la chaleur écrasante de cette imagerie.


Yeva n'eut pas plus de pas à faire sur le terrain de golf qu'elle entendit des cris et des coups métallique et physique, qui ne l'a rassurait pas. Devait-elle y jeter un œil ? Elle était là pour voir Rafe, mais aussi pour s'assurer que Pope allait bien. Les deux ne feraient pas bon ménage dans le même terrain. L'un était plus candide et pacifique et l'autre plus baraqué et agressif. C'était comme un loup et son mouton.


Yeva déglutit et sentit la nervosité l'a happé de plein fouet avant qu'elle ne se décide de marcher plus rapidement vers le bout du sentier, puisque les bruits résonnaient de quelques pas devant l'entrée du terrain de golf. Personne ne semblait s'en préoccuper, sauf elle et cela semblait l'inquiété davantage. Elle se stoppa net lorsqu'elle fixait une canette de bière blanche dégringoler la pente sablonneuse jusqu'à s'arrêter contre ses pieds. Elle se pencha et l'attrapa avant de marcher quelques pas, haussant un sourcil et l'estomac nouer.


Elle s'arrêta net lorsqu'en relevant ses yeux de la cannette, elle croisa le dos de son grand-frère, une main tendue vers Rafe et gueulant sur celui-ci. Rafe aussi gueulait ou plutôt non, murmurait agressivement, elle aurait pu entendre quelques insultes glissés entre ses lèvres charnues et laissait son corps se pencher d'en avant en arrière pour avoir plus d'élan dans ce qu'il frappait avec son bâton de golf. 


Ce qu'il frappait ? 


Yeva regardait dans la direction de l'extrémité du bâton de golf et sentit son corps se paralyser progressivement jusqu'à en trembler tandis que sa gorge devenait sèche et ses poils s'hérissèrent. Ses yeux s'écarquillaient de plus en plus et lorsqu'elle voulut crier pour intervenir, sa voix se bloqua dans son œsophage. Lorsqu'elle comprit que Rafe Cameron, son ex-petit-ami, frappait Pope Heyward: elle resta immobile. Et pendant qu'elle observait Rafe frapper Pope sans pouvoir bouger à cause de l'étonnement et de la peur, ce sont les paroles de Topper qui essayait de stopper son meilleur ami, qui la fit revenir à la réalité.


Sans plus attendre, Yeva se dirigea vers Rafe, Pope et Topper en poussant Rafe de ses bras, une fois arrivée à la hauteur des garçons, mettant toute sa force dans son mouvement en penchant son corps vers l'avant. Son mouvement fit tituber Rafe. Topper se poussa de lui-même, reculant de quelques pas et mettant les mains en l'air comme s'il venait de se faire arrêter par la police. Il fixait avec étonnement Yeva, qui scrutait avec incompréhension et haine Rafe Cameron. Rafe regardait Topper, Pope et Yeva, un par un, le regard surprit, semblant ne pas saisir l'ampleur de la situation.


—NON, MAIS QU'EST-CE QUI TE PREND, TU ES MALADE ??! cria Yeva, les yeux écarquillés et semblant restreinte un hoquet de frayeur, dégradant le ton de sa voix.

—QUOI ? TOI QU'EST-CE QUI TE PREND À ME POUSSER COMME ÇA, HEIN ?! TU VEUX QUE JE T'EN COLLE UNE ?


Rafe se rapprochait dangereusement de son ex et en levant son bâton de golf, mais se fit stopper par Topper qui s'interposa en mettant ses mains entre son corps et celui de Rafe, lorsqu'il voyait Yeva reculer de quelques pas, pour s'éloigner de Rafe le plus vite possible. Quant à celle-ci, elle vit, dans son champ de vision, Pope essayer de se relever et de reprendre son souffle.


—NE TOUCHE PAS À MA SŒUR ! ARRÊTE, RAFE, C'EST BON !


Rafe n'écoutait pas son meilleur ami et le repoussait pour se rapprocher de Yeva, mais celle-ci effrayée reculait de quelques pas jusqu'à cogner une nouvelle cannette de bière. Elle la prit et la balança sur Rafe, cannette de bière qui rencontra l'épaule gauche de Rafe. Ce dernier tangua légèrement tandis qu'il sentait des gouttes du liquide de la cannette de bière tremper son épaule et gicler sur le côté droit de son visage. Rafe scrutait Yeva méchamment. Il serrait fortement le bâton de golf, prêt à le relever pour la frapper. Topper prit sa tête entre ses mains et faisait les cent pas, la situation semblait le dépasser. Rafe et Yeva se regardaient en chien de faïence, laissant le temps à Pope de se relever et de plaquer son corps contre celui de Rafe, mais celui-ci le cogna d'un revers de poing droit le faisant tanguer et tomber contre le sable.


—POPE ! cria Yeva, effrayée pour son ami.


Elle fixait Rafe et voulut le pousser de nouveau, mais une emprise sur son avant-bras gauche la stoppa, la faisant reculer de quelques pas et elle croisa le regard de son grand-frère.


—Non, non, non, avait-il dit en l'empoignant.

—LÂCHE-MOI ! JE DOIS AIDER POPE DE TON CINGLÉ DE MEILLEUR AMI!

—Non, sinon, il va s'en prendre à toi et je n'en ai pas envie ! cria Topper, haussant un peu la voix.


Yeva le fusilla du regard et pointa Rafe du doigt.


—TU CROIS QU'IL NE FAIT PAS ASSEZ DE MAL COMME ÇA ? TU CROIS QU'IL VA FRAPPER QUI APRÈS ? IL EST DEVENU CINGLÉ ! s'écria Yeva en pointant Rafe, qui avait recommencer à frapper Pope.

—Yeva...s'il-te-plaît...

—LÂCHE-MOI !


Yeva se débâtie et réussie à se défaire de l'emprise de Topper avant de se lancer sur Rafe, le poussant une fois de plus. Son geste le fit propulser. En revanche, son mouvement fit relever le bâton de golf en direction de la jeune soeur de Topper tandis que Rafe tombait, lâchant abruptement et maladroitement son bâton de golf ensanglantée. Yeva cria en recevant le choc sur sa tempe et en se sentant tomber sur le côté droit sous les appels de Topper et de Pope. Rafe se releva et voyait autant le corps allongé de Pope que de Yeva sur le sol sablé. Il fixait Yeva en train de geindre et de toucher sa tempe pour analyser et observer les dégâts sur son corps. Il la vit fixée ses doigts ensanglantés. 


Celle-ci se redressait difficilement en tenant sa tempe gauche de sa main. Elle grogna et croisa le regard de ceux qui l'entouraient. Rafe se rapprochait de Pope et de Yeva pour récupérer son bâton de golf. Il se rapprocha de Yeva et la fixa avant de mettre sa main dans sa poche droite pour en ressentir quelque chose de brillant, qui la fit papillonner des yeux à cause du reflet des rayons solaires sur l'objet argenté. Rafe tendit sa main gauche et laissa pendouiller des clés entre ses doigts—clés qu'elle reconnut entre milles— et le vide avant de les faire tomber sur la jupette de la robe blanche de la jeune fille.


—Tien, je pense que tu en auras le plus besoin que moi, Yeva. Disparaissez de Figure Eight, toi, tu n'es plus la bienvenue. Écoute-moi bien Eva, toi et les Pogues, on ne veut plus vous voir traîner ici. Ok ? Restez comme cul-et-chemise cela semble bien vous aller, annonça Rafe Cameron.


Yeva fronça les sourcils et regarda son grand-frère s'éloigner en compagnie de Rafe Cameron par-dessus son épaule droite, tenant de ses frêles main le double des clés de sa maison. Pope se redressa pour la quatrième fois et se dirigea vers Yeva, pour s'asseoir près d'elle. La jeune fille regardait son grand-frère parler avec véhémence à Rafe et elle baissa les yeux pour fixer la cannette, qu'elle avait balancée sur Rafe et qui dégoulinait son contenu contre le sol d'entrée du terrain de golf. Leurs épaules se touchèrent et ils se laissèrent reprendre leurs souffles, laissant le silence être brisé par quelques respirations sifflantes.


—Et toi, ça va, Eva ? s'enquit Pope, encadrant de ses mains le visage légèrement amochée de la jeune fille.


Yeva regarda de son œil gauche le jeune homme à ses côtés et enleva sa main.


—J'ai l'air d'aller bien ? demanda-t-elle, sans pour toutefois être blessante.

—Non, définitivement pas. 

—On est dans le même bateau, Pope, déclara Yeva.

—Maintenant, ouais. Pourquoi tu as fait ça ?

—Fait quoi ?

—Ça. Tu le sais...intervenir.

—Tu crois que je serais restée immobile alors que mon ami se faisait frapper par mon grand-frère et son meilleur ami ? Mon œil !


Pope observait la jeune fille du coin de l'œil et se pencha un peu plus sur la droite pour que son regard se rapproche de plus en plus sur la tempe gauche de la jeune fille.


—Quoi ?

—Ça à l'air pas très profond. Ça va. J'ai cru qu'il t'avait frappée plus que moi en un seul coup en plus de cela... le connard.


Yeva pouffa de rire et elle haussa les épaules.


—On devrait y aller, JJ va nous attendre si on traîne trop longtemps. 

—Nous ?

—Ouais ! Tu viens avec moi, ne discute pas.


Yeva fixa Pope se lever et lui tendit sa main droite pour qu'elle l'empoigne, ce qu'elle fit et suivie docilement Pope jusqu'au ponton où il avait amarré le bateau de son père. Un lien commençait à se forger entre eux et Yeva, elle le sentait, que ce lien amical allait être fort, si la construction de ce lien prenait le bon chemin.  


***


Pope aida Yeva à monter par-dessus bord, puisque celle-ci était très peu rassurée de la stabilité du bateau des Heyward et l'installa sur le ban du bateau, dos à la mer et au soleil. À peine, Yeva s'était assise qu'ils durent attendre juste deux minutes pour que JJ fasse son apparition sur le ponton, montrant dans sa main droite des billets. Il criait jovialement, montrant son butin fièrement à Pope. JJ, de sa position, n'avait pas remarquer la présence de Yeva, puisque celle-ci était sur le côté droit du bateau, assise non loin de la cabine du gouvernail, restant camouflé à la vue de possibles nouveaux arrivants comme JJ à l'instant.


—Ce sont les cent dollars les plus faciles que j'ai récupéré! Voici vos courses Mme. Paige, merci beaucoup pour les cent dollars, rigola JJ en montant à bord du bateau.


Ni plus ni moins, Pope démarra le bateau sans discussion, restant de marbre, fixant l'horizon sans jeter un coup d'œil de plus à JJ et Yeva. Celle-ci avait le visage contrit et maintenait un mouchoir en tissu contre sa blessure de sa main gauche, que lui avait donné Pope. C'est en se positionnant sur la droite de Pope dans la cabine, qu'il remarqua par la fenêtre sans vitre la présence de Yeva.


—Qu'est-ce qu'elle fait là ?

—Salut, moi aussi, ça fait plaisir de te revoir, JJ, salua Yeva sur le même ton sarcastique.


JJ leva les yeux au plafond et remarqua la mine sombre de Pope. JJ fronça les sourcils. Le silence de Pope lui disait que quelque chose n'allait pas. Et visiblement, son intuition ne mentait jamais. Toujoursles sourcils froncés, il remarqua des détails comme des marques et du liquide séché qu'il n'y'avait pas avant sur le visage foncé de Pope. Yevaavait tourné son regard sur le mur de la cabine, baissant les yeux et tournantla tête légèrement sur le côté gauche, trouvant soudainement la corde du bateauplus intéressante que l'inquiétude et la colère sur le visage de JJ. Ellevoulait éviter, à tout prix, de se faire sermonner par JJ elle-aussi. Elleperdait déjà sa famille et son ex, elle ne voulait pas perdre encore ce lien naissantentre elle, JJ, Pope et le reste des Pogues.


—Qu'est-ce qui t'est arrivé au visage ? demanda-t-il brusquement, se rapprochant dangereusement de Pope.


Le vent qui les entourait faisait virevolter des mèches noires de la chevelure de Yeva et les quelques mèches blondes qui encadraient le visage inquiet et colérique de JJ, qui tendit sa main pour relever la casquette verte de Pope. Pope l'arrêta dans son mouvement alors que JJ avait bien vu la grave blessure de Pope sur le haut de son crâne.


—OH PUTAIN ! cria-t-il, la colère explosant et parlant pour lui sa frustration. 


JJ regarda derrière lui en lâchant un juron tandis que Pope remettait sa casquette. JJ reporta son regard sur Pope, délaissant Figure Eight dans son dos. Il fixait Pope et zyeutait Yeva.


—Il s'est passé quoi exactement ?


Yeva resta silencieuse puisque cela pourrait aggraver plus que nécessaire la situation puisque sa prise de parole pourra encore plus nourrir la colère de JJ, puisqu'elle était une résidente de Figure Eight. De plus, elle évitait encore le regard cinglant de JJ. Pope resta silencieux quelques secondes avant de jeter un œil à JJ rapidement pour refixer son regard sur la mer scintillante, s'accordant sur le silence de sa nouvelle amie.


—Pas grand-chose, finit par murmurer Yeva en triturant de sa maindroite le rebord du ban, raclant ses ongles sur la peinture, qui s'écailla unpeu plus sous son toucher.

—Pas grand-chose ? Tu appelles cette blessure sur le haut de son crâne « pas grand-chose » ? lui cria-t-il avant de regarder furieusement Pope, qui restait muet comme une carpe. Et la présence de Yeva ? Elle a quelque chose à voir là-dedans? continua-t-il de demander.


JJ essayait tant bien que mal de se calmer et de comprendre l'ensemble de la situation. Même si intérieurement, il était content d'avoir revu Yeva, la situation de son ami empiéterait sur la chaleur qu'il avait ressenti durant ces 12h de temps de cette belle journée ensoleillée.


Sa jovialité avait disparu après avoir remarqué le mal-être de son meilleur pote et Yeva, qui lui semblait trop silencieuse ne lui plaisait guère. Avait-elle quelque chose à voir avec cette histoire de « blessure » ? Il ne l'espérait pas. 


—Dis-moi ce qu'il s'est passé, que ce soit Toi ou Yeva, racontez-moi.


Pope fixa le regard de Yeva et croisa celui bleuté de JJ.


—Topper et Rafe m'ont frappé avec un bâton de golf. Enfin, plus Rafe que Topper, mais cela ne change rien sur le fait qu'il était présent.


JJ leva les yeux au ciel à cela et mordillait ses lèvres, contractant sa mâchoire pour retenir son accès de colère éminent. Il portait ses mains à ses hanches dans ce mouvement de tête et de soupir frustré. JJ serrait les poings et fixait furieusement le bout de l'île.


—Ils ne veulent pas de Pogues de l'autre côté de l'île. Du coup, ils m'ont frappé pour qu'on retienne la leçon. Et...


JJ reporta son attention sur Pope, le regard assombrit et le nez plissé.


—Rafe a frappé Yeva, aussi, révéla-t-il en donnant un bref coup d'oeil à la jeune fille, qui ferma les yeux avant de les rouvrir aussitôt, les relevant afin de fixer les garçons, qui l'accompagnait.


JJ releva la tête pour croiser le regard caramélisés inquiet et empli de peine de Yeva lorsque celle-ci comprit que Pope pleurait lorsqu'il racontait les événements à son meilleur ami. Yeva décela plus que de la colère dans le regard de JJ posé sur elle, amplifiant la chaleur qui l'avait enveloppée lorsqu'elle avait entendu les premières notes de la voix grave de JJ comme une partition de musique. Elle détourna le regarda et fixa la proue du bateau.


—Qu'est-ce que vous comptez faire ? demanda JJ, le regard braqué sur eux.


Pope jeta un coup d'œil à Yeva avant de regarder JJ, le regard perçant et JJ laissa Pope voguer son bateau avant que ce dernier ne s'arrête sur un lieu familier à Yeva, qui se leva de son ban pour se tenir au rebord du toit de la cabine. Pope jeta un coup d'œil à celle-ci avant de sortir de la cabine. Ils se retrouvèrent tous sur le pont du bateau, à gauche pour être devant le trésor de la famille Thornton.


—Le Malibu 24 des Thornton. JJ, tu avais bien dit que c'était une grosse tuerie, ce truc ?

—Ouais, carrément.

—Eva, tu es correct avec ce que l'on s'apprête à faire ? s'enquit Pope en se tournant vers la jeune fille.


Celle-ci s'était, elle aussi, rapprochée de l'autre côté du bateau sur le plat-bord non loin de la proue et du bouge, mais restait cachée dans la cabine pour ne pas être trop près de l'eau. Elle avait posé ses frêles bras à l'intérieur de la fenêtre sans vitre et enlevait de ses doigts les copeaux de peintures blanches qui s'écaillait. Elle releva la tête pour croiser le regard noir de Pope et celui électrique de JJ.


Elle hocha la tête.


—Fais ce qui te semble juste. Topper et Rafe sont allé beaucoup trop loin, cette fois, c'est impardonnable, déclara Yeva en arrachant un sourire satisfait à JJ et un hochement de tête de Pope.

—C'est la guerre, ajouta JJ en fixant Yeva, Pope et le Malibu 24 tout en arrêtant son regard plus longuement sur la jeune fille qui les avait rejoints.


Yeva le regarda et hocha définitivement et positivement la tête. JJ enfila un foulard dans les tons gris et noirs par-dessus sa tête, l'enfilant jusqu'au nez et où seul ses petits yeux ainsi que sa chevelure ébouriffée blonde furent à découvert.


—Ils attaquent...on contre-attaque, déclara JJ, crachant sa colère dans cette phrase.


Pendant ce temps-là, Pope avait retiré sa camisole de couleur bordeaux et la déposa sur le rebord de la fenêtre, près du bras gauche de Yeva. Ainsi, que sa casquette tandis qu'elle vit JJ camoufler ses yeux par ses lunettes de soleil.


—Allez, on y va, assura JJ.


Sans plus attendre longuement, Yeva sursauta et retient un pouffement de rire en voyant le maigre plongeon de Pope. JJ regarda la jeune fille et sans que celle-ci ne puisse le voir, un sourire amusé s'affichait sur son visage lorsqu'il avait entendu le rire retenu de la demoiselle.


Sentant le regard de JJ sur elle, Yeva passa son regard sur Pope à JJ. Elle remarqua que sur les poignets de JJ, il portait divers bracelets de couleurs différentes, mais restant sur les couleurs chaudes. Le soleil se couchait et se reflétait ses rayons solaires sur la cabine du bateau de Pope, éblouissant la jeune fille d'un côté. Yeva se retourna en remarquant dans son champ de vision que Pope venait de remonter à la surface et se dirigeait sans problème vers le bateau de son grand-frère. Yeva et JJ virent que Pope avait réussi à monter sur le bateau et s'affairait à effectuer sa vengeance.


Quant à JJ, Yeva remarqua qu'il s'était penché et mettait l'échelle contre le liston du bateau et légèrement dans l'eau pour que Pope puisse remonter sans problème sur le pont du bateau. Yeva sortie de la cabine et passa une main contre sa tempe droite en raison du coucher de soleil qui lui faisait plisser les yeux et flouter sa vue.


Pope remonta au bout d'un certain temps et leur montra un objet métallique en bronze, qui ressemblait à un bouton de vidange.


—Oh, je n'en reviens pas que tu l'ais vraiment fait, Pope ! Tu me surprendras toujours! S'écria JJ en rigolant et en enlevant ses lunettes de soleil, montrant son visage à son ami.


JJ attacha une branche de ses lunettes de soleil sur son foulard.


—Si tu savais à quel point je suis fière de toi, Pope ! C'est magnifique !


Pope remonta sur le plat-bord du bateau et secoua la tête, passant une main dans sa chevelure noire nuancé de plusieurs tons de brun pour évincer l'eau qui dégoulinait sur lui et restait coincer dans sa chevelure. Il regarda ses amis.


—Eva, JJ, personne ne doit savoir. Ok ?

—Ouais, pas de problème, assura aussitôt Yeva en hochant la tête, appuyant ses dires.

—Pas de souci de mon côté, aussi, c'est ok.

—Non, mais je suis vraiment sérieux ! Personne, j'ai dit ! Ni à Kiara ni à John B ni à Sarah ou à qui que ce soit d'autres, précisa Pope.


JJ et Yeva se regardèrent avant de réitérer leur accord.


—Ça reste entre-nous, confirma Yeva.

—On sera de vraies tombes, Pope. Donne-moi ça.


Pope donna l'objet métallique et JJ se retourna du côté droit, tournant le dos à Pope et Yeva.


—Est-ce que ça va ? s'enquit Yeva, sortant de la cabine.


Pope la regarda un instant avant d'hocher la tête.


—C'est à moi de te demander ça, mais ouais, je vais beaucoup mieux. Tu devrais te faire soigner cette blessure.


Pope lui avoua cette phrase, qui la fit hocher la tête et ils laissèrent leur regards sur JJ. Il était près de la poupe lancer d'un bout portant le bouchon de vidange qui tomba facilement et dans un bruit sonore dans le fond du marais. Ensuite, JJ rejoint Pope dans le cockpit aidant Pope à démarrer le bateau. Yeva les regardait s'agiter à l'intérieur de la cabine de pilotage et se maintient fermement sur le rebord de la fenêtre sans vitre afin de ne pas passer par-dessus bord comme les autres fois. Ils quittèrent, assez rapidement, les lieux de leur crimes sans savoir qu'une caméra les avait filmé. À les regarder faire, Yeva ne sentit pas qu'elle était sur un bateau et elle se surprit à regarder longuement JJ manipuler le gouvernail pendant le trajet du retour. Sonmalaise disparu complètement et elle se sentait merveilleusement bien, là, encompagnie de Pope et de JJ malgré les durs événements de la journée. À côté, le bateau de luxe de la famille Thornton commençait progressivement à couler.


Yeva suivait Pope et JJ, qui amarraient le bateau au port près du magasin des Heyward. Yeva tenait toujours dans ses mains les clés que Rafe lui avait lancée, avant de les remettre dans son petit sac-à-main beige offert par Kiara, lorsqu'elles étaient des amies inséparables avec Sarah, auparavant. Elle fixa JJ, qui l'observait avant qu'il ne détourne le regard pour voir Pope.


—On rejoint les autres ? demanda-t-il.

—Ouais, faut qu'on aille juste récupéré nos planches.

—Vous allez surfer ? demanda Yeva, s'imaginant se retrouver toute seule le restant de la soirée.


Elle craignait de se retrouver seule avec Topper ou Rafe lorsqu'elle devrait rentrer chez elle. Après tout ce qu'il venait de se passer, elle ne voulait pas croiser leur chemin le restant de la journée. 


—Oui, tu veux venir ? lui proposa Pope.

—Je te rappelle que je ne sais pas nager et que j'ai de l'aquaphobie. Neme regarder pas comme ça!! Je sais, c'est illogique alors que je viens de descendre d'un bateau, mais ça c'est une autre histoire. Alors, surfer ? Je ne sais pas faire.


Pope regarda Yeva et jeta un œil à JJ.


—Tu peux toujours venir avec nous.

—Pour vous regarder vous s'amuser pendant que je serais seule sur la plage à me morfondre ? ironisa Yeva haussant un sourcil et les épaules.


Pope et JJ se regardèrent nerveusement.


—Euh, ouais...c'est l'idée, dit JJ avec hésitation, peu assuré par sa réplique.

—Ce n'est pas vrai, murmura Pope devant la maladresse des mots de JJ.


Si JJ et Yeva avaient entendu le chuchotement de Pope, ils ne le relevaient pas.


—Ok, je viens, céda Yeva.


Ainsi, Yeva suivit Pope jusqu'à chez lui pour récupérer sa planche de surf et celle de JJ. Ensuite, ils marchèrent jusqu'à la plage où Yeva vit que John B et Kiara étaient déjà dans l'eau à discuter.


—Qu'est-ce qui vous a pris si longtemps, les gars ? demanda Kiara tandis que JJ et Pope se jetèrent à l'eau avec leur planche de surf.

—On a eu un contre-temps ! s'exclama Pope en nageant vers ses amis.

—Un joli contre-temps, renchérit JJ en suivant Pope et en montrant du pouce droit Yeva, assise sur une branche non loin de la rive qui les regardait.


Kiara la fixa avant de lever les yeux au ciel et de s'éloigner tandis que John B l'interpella en levant un bras, saluant la nouvelle venue avec entrain. John B rigola lorsqu'il vit Yeva secouer son bras gauche frénétiquement en les saluant.


—Allez, allons-y avant qu'il n'y ait plus de vague, proposa Kiara.

—C'est parti ! lâcha JJ.


Et sur ce, Yeva regardait les Pogues surfer et mouver leur corps et leur planche au rythme des vagues, s'élançant les uns après les autres sur de nouvelles vagues ou tous en même temps, parfois en se lançant des compétitions pour pimenter leur jeu. Le soleil éblouissait et épousait parfaitement les courbes des surfeurs, qui criaient leur joie de temps en temps lorsqu'ils réussissaient à surfer sur une belle et puissante vague.


Yeva, de sa position, mettait de temps en temps sa main droite en visière pour mieux observer chacun de ses amis surfer, serrant sa jambe gauche de sa main libre qu'elle avait ramené contre sa poitrine. Elle sentait le grain des sables s'infiltrer entre ses orteils et lui caresser la peau comme le vent qui était levée depuis quelques temps, faisant virevolter quelques mèches noires de sa chevelure, qui encadrait son visage et reposait contre ses épaules et son dos. Elle sentait quelques croutes de sang séché provenant de sa blessure et se promit de la traiter dès qu'elle rentrerait. 


Elle restait sur la rive, assise sur sa branche jusqu'à ce que les Pogues reviennent vers elle et qu'aider de la main de JJ, elle se releva pour les suivre une fois la nuit tombée. Ils rejoignirent la maison des Routledge discutant de tout et de rien, de leur journée jusqu'à ce qu'ils arrivent. Ils se posèrent autour du feu qu'allumait John B. Pope et Kiara s'asseyaient sur un des deux hamacs présents sur la propriété. JJ était contre un arbre, les pieds près du feu et les mains encerclant ses genoux. John B était assis sur une chaise de camping qui trainait sur son terrain et poussa du doigt une araignée qui gravissait le dossier de la chaise avant de s'asseoir sous le regard dégoûté de Yeva.


Elle s'écarta aussi vite que possible de John B sous le rire de JJ puisque la jeune fille venait dans sa direction en position crabe.


—Ne rigole pas, j'n'aime pas les araignées, annonça Yeva.

—Oouh, alors ne bouge pas, y'en a juste une au-dessus de ta tête ! s'écria JJ.

—Quoi ? ENLÈVE-LÀ ! TOUT DE SUITE ! JJ! CE N'EST PAS DRÔLE ! ENLÈVE-LÀ !


Yeva s'agita sous les rires de ses amis. JJ leva son bras et tendit sa main au-dessus du crâne de la jeune fille avant de poser brusquement sa main robuste sur le haut de la tête de la demoiselle qui sursauta et cria de mécontentement tandis qu'elle sentait la main rugueuse de JJ ébouriffer ses cheveux.


—Je plaisantais, y'en avait pas, rigola JJ.

—Ne me teste pas comme ça ! Ça ne me fait pas plaisir, ronchonna Yeva.


Le silence revint, faisant taire les rires au bout de quelques minutes. Seul le bruit des criquets et le crépitement du feu remplaçaient les rires. Tout le monde regardait silencieusement les flammes danser et virevolter au rythme du chant du vent ou d'une musique qu'ils ne pouvaient pas entendre.


—Tu crois qu'il est vraiment là? demanda Pope, posant la question que tout le monde se posait.

—De quoi ? demanda John B en posant son regard marron dans celui noir de Pope.

—L'or. Y'a vraiment un trésor, hein?

—Mon père en était persuadé.

—Ouais, mais tu n'es pas ton père. Tu en dis quoi, toi ? demanda Pope, en insistant, voulant savoir les pensées de son meilleur ami.

—Ben...après avoir entendu sa voix sur l'enregistrement, je me dis que ce n'est pas impossible qu'il y en ait un.

—Donc, tu y crois vraiment ?


John B regarda les yeux pétillants et illuminer par le feu de Yeva, qui venait de prendre la parole.


—Oui, j'y crois aussi, affirma-t-il.

—Alors, y'a qu'un moyen de le savoir, décréta Pope.

—Moi, je suis certaine qu'il est là et qu'on va le trouver, trancha Kiara, en tout cas, JJ y croit à mort, pensa-t-elle nécessaire de rajouter.

—Wow, JJ, tu y crois à mort ? s'amusa John B.

—Mais grave ! On parle bien de quatre millions, non ?

—Quatre-cents-millions, tu écoutes ce que l'on te dit ? répliqua Yeva.

—Et toi, tu réponds au message ou bien ?


Yeva regard avec surprise la provocation de JJ et s'offusqua en tapant l'épaule gauche dénudé de JJ faisant rire les trois autres.


—Ok, bon, je vais rêver d'épave toute la nuit, déclara JJ en s'allongeant sur le dos après avoir empoigner la main de Yeva dans la sienne, l'empêchant de se débattre pour le taper.

—Lâche ma main, crétin !


Yeva essayait de retirer sa main de la poigne de JJ, mais celui-ci plus il sentait la jeune fille se débattre, plus il resserrait son emprise sur la main frêle de la demoiselle. JJ posa sa tête contre la paume de sa main gauche qui était libre et regarda narquoisement la jeune fille.


—Attention, Yeva, si tu te fais attraper dans les filets de JJ, tu auras dû mal à t'en sortir, le prévint John B en pouffant.

—Nul n'en est sorti sans être blessé, renchérit Pope.

—Eh, ne lui faite pas peur comme ça ! Elle risque de s'enfuir de nous !

—De nous ? De toi plutôt ! railla Kiara.

—Bonne nuit, les gars ! DORMEZ-BIEN BANDE DE CANARD!

—Bonne nuit, fiente de canard !

—Ha ha...

—Bonne chance, Eva ! rigola John B.

—Ne me laissez pas comme ça, faites-quelques chose ! supplia-t-elle tout en sentant les fourmillements de sa main commencer à paraître.


Les rires fusèrent avant qu'ils ne se tarissent puisque Morphée commençait progressivement à les emportées dans un sommeil profond. Yeva avait posé sa tête contre son genou droit et fixait les flammes vacillées longuement avant que ses iris caramélisé s'en détourne pour scruter le visage paisiblement endormi de JJ, allongé près d'elle. Elle regarda sa petite main enlacée dans celle plus grande du jeune blondinet.


L'image qu'elle voyait la réconfortait et lui plaisait extrêmement bien. 


Elle fixa JJ dormir. 


Elle sourit et repensa aux propos des Pogues. Elle fixait sa main qu'elle bougea légèrement pour effectuer quelques mini-caresses à l'intérieur de la main de JJ avant de s'arrêter en sentant ce dernier remuer dans son sommeil. Yeva se retient de rire en le voyant gigoter. Elle finit par fermer les yeux et elle s'endormie, laissant ses cheveux caresser ses épaules dénudés. Elle ne vit pas les iris électriques de JJ l'observer discrètement ni le léger sourire s'afficher sur le visage de JJ avant qu'il ne se rendorme grâce à la brise et au rythme de la respiration apaisante de Yeva, endormie près de lui.

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