Chapitre 14: Discussions
Alors qu'elle s'éloignait de plus en plus de la demeure des Cameron, Yeva soupirait. Un mal de tête semblait naître. Logique, c'est l'après-coup d'une soirée. Soit c'étaient les gueules de bois ou les maux de têtes pour les lendemains de soirée. Yeva était, dans la majorité des cas lorsqu'elle revenait de soirée, dans la seconde catégorie. Elle sortit son téléphone qu'elle portait dans une sacoche, qu'elle avait récupérée à l'entrée dans le placard du hall des Cameron avant de sortir en trombe. La hanse était tout aussi métallisée et froide que la nuit. Elle ouvrit son écran de veille et fixa l'heure.
—23h59...lu-t-elle lacement et en murmurant.
Elle serra les rebords de son téléphone. Il n'était même pas deux heures du matin, qu'elle quittait déjà une soirée digne des Kooks. La soirée l'avait complètement achevée. Son visage criait clairement : « laissez-moi mourir ». Et ses talons rouges que lui avaient prêtée Sarah pour compléter sa robe lui faisait mal aux pieds.
Lassée, elle retira ses chaussures et continuait à marcher...pieds nus. De sa main droite, elle tenait son téléphone et de l'autre, ses talons rouges, qu'elle devait maintenant pensée à rendre à Sarah. Yeva se demandait ce qui se passait du côté de sa meilleure amie. Elle reporta son attention sur l'écran de son téléphone et fronça les sourcils en voyant un texto de sa meilleure amie.
De Sarah à Yeva
J'ai besoin de parler. Tu es où ?
Alors, qu'elle cliquait sur sa conversation virtuelle, son regard balaya le lieu où elle se trouvait, espérant que Sarah vienne la rejoindre à l'extérieur pour discuter tranquillement sans oreilles indiscrètes et ses iris caramélisés accaparèrent un restaurant illuminer, scintillant la rue dans laquelle elle se trouvait. Elle ne se trouvait entre la jonction du territoire Kooks et celui des Pogues. Elle s'approcha du seul restaurant allumée doucement, curieuse et elle se stoppa net en voyant Kiara danser presque sensuellement avec John B. Elle vit Pope accouder sur le rabat d'un comptoir et vit le dos de JJ, qui semblait manger tous seul à la table, regardant de temps en temps ses deux amis danser. Yeva les fixait longuement, sa réponse pour Sarah à moitié écrite.
Ils semblaient s'amuser et sans artifice. S'amuser...Pour de vrai. Yeva les voyait et cela lui rappelait grandement la première soirée qu'elle avait passée avec eux. Son cœur se comprima et elle grimaça timidement avant de tourner les talons et se diriger vers la droite, pour bifurquer de nouveau sur le territoire des Pogues. Elle ne vit pas le regard perçant de Pope sur son dos, lorsqu'il regardait l'extérieur et qu'il l'aperçut retourner les talons pour partir. Pope s'était quelque peu éloigné de son groupe d'ami pour prendre l'air afin d'oublier, pendant quelques secondes, sa jalousie et sa déception amoureuse.
De Yeva à Sarah
Je rentre chez moi. La porte t'est ouverte.
Court et concis. Parfois, Sarah et elle n'avaient pas besoins de détailler ou d'expliquer de long en large et en travers en mettant un contexte pour être là pour l'autre. Toutefois, Yeva espérait fortement que Topper n'ait pas fermé les portes de chez eux à clés, puisqu'elle n'avait toujours pas récupéré le trousseau des clés de Topper—tombée dans le sable et qui a dû être emportée par la mer depuis le temps— ni le double des clés que Rafe conservait avec lui. Il n'existait pas de troisième clé puisque c'était son paternel qui l'avait et il était tout le temps en voyage d'affaire et peu présent à la maison. Tandis que Yeva fit le chemin l'amenant à sa maison, elle sentait ses poils s'hérisser par le froid qui l'accaparait et la nervosité qui diminuait progressivement.
Une fois devant sa porte d'entrée blanche à fenêtre, Yeva grimaça et serra sa main en un poing fermée. Elle inspira et expira avant d'empoigner de sa main droite la poignet de porte. Elle la fixait longuement comme si elle passait une épreuve d'action ou de vérité. À sa troisième respiration, elle actionna la poignée et la porte s'ouvrit la soulageant fortement.
Elle déposa ses talons près de l'entrée, les mettant en vrac entre ses baskets noires et ceux blanches de son grand-frère avant de promptement gravir les escaliers menant à l'étage supérieure. Elle se dirigea vers la salle de bain directement, se déshabilla, passa à la case toilette et prit sa douche. Durant ce temps seule plus qu'agréable sans toute cette superficialité qui l'entourait depuis sa naissance, elle laissait le plaisir de ressentir l'eau sur son corps pour une des rares fois comme si elle espérait que l'eau dégagerait toutes ces mauvaises auras, odeurs d'alcool ou de substances illicites sans qu'elle le veuille lui collaient à la peau et qui l'avaient entourée depuis le début de cette stupide soirée. Lorsqu'elle prenait sa douche, elle se sentait plus stable et en contrôle de soi-même que près de la mer. L'imprévisible n'était pas en dominance continuelle lorsqu'elle se douchait.
Yeva ne put s'empêcher de ressasser les dernières minutes de la soirée. Au début, elle était en compagnie de Sarah, essayant de discuter malgré la forte musique qui leur cassait les oreilles. Elles discutaient soient des ragots de la soirée, des tenues vestimentaires de leurs invitées ou d'essayer de deviner les couples parmi la foule ou même d'imaginer des pseudo-romances, anecdote : elles adoraient faire ça, c'était leur plaisir coupable. Bien vite, Sarah fut emportée par l'envie de danser et Topper l'avait vite rejoint laissant Yeva toute seule sur les premières marches de l'escalier, bloquant avec Sarah l'entrée à l'étage supérieure.
Ses souvenirs de la soirée passèrent en flash-rapide dans son esprit et elle se remémora de ce qu'elle avait vu entre Kelce, Topper et Rafe. Elle grimaçait, peu rassurée de comprendre ce qu'elle avait réellement vue là-bas. Que faisait Rafe ? Pourquoi se comportait-il ainsi ? Pourquoi cela l'intéressait-elle, alors, qu'elle avait rompue avec lui ? Rafe ne devait plus être son problème, depuis que Rafe l'avait poussé dans l'eau et qu'elle faillit retrouver la mort. Elle l'avait mal vécue jusqu'à rompre avec lui pour ne pas lui donner une seconde chance comme il le voulait peut-être. Elle se souvient de son regard perçant et neutre lorsqu'il avait croisé son regard dans la foule. Yeva plissa le nez, faisant relever ses joues rebondies et faire apparaître quelques rides sur ses tempes tout en contractant sa mâchoire.
Elle se rappelait la conversation houleuse qu'il avait entretenu avec son paternel quelques heures plutôt et cela la confrontait dans l'idée que Rafe avait bien changée depuis l'été dernier même si avec tous ces nouveaux éléments qu'elle avait recueillis en une journée et qu'elle pouvait comprendre son changement et la distance de ce derniers envers elle, cela ne l'excusait pas de son geste associé étroitement avec celui de Topper envers John B et les autres Pogues. Non, elle ne pouvait définitivement pas pardonnée à Rafe Cameron.
Yeva arrêta la douche, s'enroula dans une serviette bleue qu'elle déposa délicatement sur son corps svelte à la peau mate et mit une autre serviette dans sa chevelure pour les sécher. Elle se regardait dans le miroir et soupira. La fatigue était quelque peu partie, mais elle la ressentait encore. Elle se sécha et allât mettre sa nuisette qu'elle avait mis la vieille, mais s'arrêta en tendant sa main vers le comptoir du lavabo. Pas là. Sa nuisette grise avait disparue. Et elle fronça les sourcils, essayant de se rappeler ou est-ce qu'elle l'avait posée avant d'écarquiller les yeux et amener sa main gauche contre sa bouche fine. Surprise, elle-même.
Elle l'avait laissée nonchalamment dans la chambre de JJ, au bord du lit bleu de ce dernier, croyant qu'elle allait la récupérée dans la journée, mais à cause de Topper, elle n'avait pas pu rejoindre les autres à temps et ils l'avaient abandonnée. Avait-elle trouvé, enfin, une excuse pour les revoir ? Cela lui fait, aussi, rappelée qu'elle avait oubliée de reprendre les vêtements de JJ, qu'elle avait laissée dans la chambre de Sarah.
Elle n'avait pas arrêté de penser aux Pogues et au fait qu'elle voulait les revoir, passer de nouveau du temps avec eux. Les Pogues lui faisaient penser à autres choses, lui faisait évader de sa prison dorée le temps d'une journée ou de quelques heures, lui faisait respirer de nouveau un air plus pur. Et le fait d'être retournée à Figure Eight le temps d'une demi-journée lui avait donnée le tournis d'une certaine manière.
Yeva soupira et se sécha les cheveux manuellement tout en se dirigeant vers sa chambre. Elle s'arrêta lorsque son regard s'attarda sur la mer et se remémora avoir vu JJ et John B surfer longuement avant de se faire interrompre par l'arrivée de Sarah. Yeva secoua la tête, effaçant ce souvenir de sa mémoire quelques instants et retira sa serviette blanche pour la laisser sécher sur le dossier de sa chaise près de sa coiffeuse. Elle laissa ses cheveux sec tomber en cascade sur ses frêles épaules dénudées jusqu'à s'arrêter un peu en bas de son dos et se dirigea vers sa grande armoire. Elle l'ouvrit et prit, cette fois, un pyjama deux pièces.
Elle sécha de nouveau son corps pour évincer toute l'humidité sur elle et enfila son mini-short de couleur ivoire et qui laissait apparaître des illustrations lunaires et étoilées bleutés et noires. Le short lui arrivait à moitié des cuisses. Elle enfila, par la suite, un crop-top à bretelles avec écrit en grosses lettres gras de couleur blanche : « dream », inscrit en plein milieu. Le pan du haut était en forme de vaguelettes lui rappelant les vagues de l'océan.
Yeva se dirigea vers son lit et sauta pour laisser son corps rebondir sur le matelas moelleux. Elle prit sa taie d'oreiller et la cala entre ses bras et sa tête avant d'observer l'obscurité de la nuit à travers sa fenêtre dans un silence apaisant. Elle était seule et isolée pendant que les autres s'amusaient à la fête de Topper et de Sarah chez les Cameron. Elle inspira et expira. La jeune pré-adulte se demandait si sa meilleure amie allait la rejoindre. Elle n'avait obtenu aucune réponse de sa part depuis qu'elle était rentrée.
Plus elle réfléchissait à tout, de long en large et en travers depuis qu'elle était sortie en trombe de cette soirée chaotique pour elle, plus la fatigue l'envahissait et plus ses yeux papillonnaient, la laissant progressivement rejoindre les bras de Morphée.
***
Pendant que la moitié de l'île paradisiaque qu'était Outer Banks faisaient la fête et l'autre partie dormait, au port de l'île, deux personnes marchaient sur le ponton du port principal d'Outer Banks. Leurs pas étaient lourds et faisaient craqueler le ponton à chacun de leur pas, brisant le silence de la nuit et le repos de quelques poissons.
—Merci d'être venue, Sherif.
—Pas de souci, j'effectue mon travail, lui dit la voix féminine du Sherif.
—C'est vraiment très étrange ce que l'on a pêchée cette après-midi, Sherif Peterkin.
—Nous allons voir cela.
La shérif était intriguée et inquiète des propos du pêcheur, qui la guidait dans le port jusqu'au bateau de pêche. L'odeur de la mer mélangée à celle de pétrification la fit plisser le nez et les yeux. L'odeur de pétrification...quand on l'a sent, au moins, une fois dans sa vie, on ne l'oublie jamais. Et ça, la shérif Peterkin l'avait bien comprise durant sa carrière. De son regard noir, elle fixait le pêcheur qui lui montra l'entrée de son bateau d'une main tendue vers son bien.
—Je n'avais jamais pêchée ça auparavant et j'aurais souhaité que cela continue comme ça...parce que ce que je peux vous affirmer, que ça...ça va me hanter encore longtemps, dit le pêcheur tout en s'assurant que la shérif le suivait dans son bateau jusqu'à l'arrière.
Le pêcheur gratta sa moustache de sa main droite, relevant quelques poils vers le haut montrant à la shérif sa nervosité. Celle-ci restait silencieuse, même si son inquiétude concernant le pêcheur augmentait lorsqu'ils se rapprochaient du bac blanc du bateau de pêche, où les pêcheurs stockaient leur prises. L'homme habillée de blanc, cala sa casquette d'un mouvement rapide et toucha la bâche qui recouvrait les poissons morts qu'ils avaient réussie à récolter durant l'après-midi. Ils n'avaient pas chômé et avec ses amis, voir tous ces poissons les gratifiaient.
L'homme âgé, empoigna les coins gauches de la bâche bleue et la souleva pour montrer à la shérif Peterkin la raison de sa venue sur son bateau de pêche.
—Ils ne ressemblent pas à des hommes du coin, Shérif Peterkin. Ce sont des étrangers, ça s'est sûr. Je me demande, d'une certaine façon, comment cela a pu leur arrivée et comment ils sont arrivés jusqu'ici, mais ça je vous laisse trouver ces réponses, Shérif. J'espère que cela vous dit quelque chose.
La shérif Peterkin regardait ce que contenait l'immense bac de stockage de ce bateau de pêche et fixait, avec un regard voilé et énigmatique. Son regard fixe croisait le regard pétrifiée des deux hommes. L'un semblait plus grand et plus musclé que le second, qui semblait être plus gringalet. Ils avaient leur buste nu montrant leur musculature et dévoilaient des marques inquiétantes, profondes et sauvages. Le sang qui sortait de ces blessures étaient sèches et humides, certaines avaient dégoulinées de quelques blessures.
***
Yeva venait tout juste de finir de s'habiller. Elle portait une robe d'été de couleur bleu pastel courte, lui arrivant jusqu'à la mi-cuisse. Elle avait les épaules dénudées, puisque les manches longues s'arrêtaient juste avant l'extrémité de ses épaules. La robe contenait un buste, qui moulait sa taille svelte. Elle eut juste le temps d'ébouriffer ses cheveux que la porte blanche de sa chambre s'ouvrit, laissant entrer sa mère.
—Eve, tu es prête ? Cette soirée avec Rose et Sarah Cameron ne va pas se faire toute seule!
—Je suis prête !
La mère releva les yeux et scrutait sa fille de haut en bas, le regard sévère et les lèvres pincées. Elle secoua négativement la tête.
—Non, ne met pas ça ! Ça ne te va pas. Attend, je reviens.
—Mais maman!
—Attend, je te dis.
La mère se dirigea vers l'armoire de sa jeune et unique fille. Elle fouilla dans les vêtements de sa fille méticuleusement, commentant certains vêtements qui vexait ouvertement sa fille. Elle se retourna faisant virevolter les pans de sa longue robe bleu. Elle fixait sa fille avec un sourire pincée et lui tendit le vêtement. Yeva se rapprocha et prit le combi beige à manches longues que lui tendait sa génitrice d'un air contrit.
—Change-toi et porte-ça, avait dit sa mère avant de se diriger vers la porte.
—Non ! Je veux porter ce que je veux ! Tu n'as pas à m'interdire quoi porter, je n'ai plus six ans, j'en ai 15.
—15 ans et demi. Tu es encore mon bébé, ma fille. Change-toi.
—Mais, ma—
—Pas de mais! Ce sera non. Non et toujours non.
Yeva fronça les sourcils et recula, mais cogna contre un objet et elle baissa la tête pour voir ce qu'elle avait cognée et ne trouvant rien, elle releva la tête. Haussant un sourcil, elle remarqua qu'elle se retrouvait subitement seule. Elle vit le miroir de sa coiffeuse et vit qu'elle avait aussi changée de tenues. Que se passait-il donc ? Cette fois, elle portait une jupe mi-longue de couleur bleu, qui lui rappelait la robe de sa mère. Elle portait un crop-top dans les tons orange et bleu. Un nœud était installé au centre du crop-top. Elle portait un chapeau de paille évasif sur la tête, elle semblait prête pour passer du temps avec Sarah Cameron.
À cette pensée, elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et laisser sa meilleure amie l'emmener hors de la chambre, excitée comme une puce. Elles dévalèrent les escaliers, mais elles s'arrêtèrent une fois en bois puisque la marâtre de la famille Thornton se tenait devant les deux jeunes filles, bras croisés. Elle semblait tenir quelque chose dans ses mains, mais Yeva comme Sarah ne surent deviner ce qu'il en était.
—Bonjour, madame.
—Bonjour, Sarah. Peux-tu me laisser une minute avec ma fille ?
—Oui.
Sarah se retourna vers Yeva.
—Tu me rejoins à la plage ?
Yeva hocha positivement la tête et laissa filer sa meilleure amie, qu'elle suivit du regard avant de porter son attention sur sa génitrice. Celle-ci se rapprochait tandis que le bruit de ses talons claquant le carrelage de l'entrée parvenait aux oreilles de la jeune fille de seize ans.
—Qu'est-ce que c'est ? demanda la marâtre en montrant l'enveloppe à sa fille.
Celle-ci fronça les sourcils et prit l'enveloppe des mains. Elle la fixa et ne vit rien d'inscrit.
—Je ne sais pas...À ton avis ?
—Ne me parle pas sur ce ton hautain, ma fille. Tourne-là.
Haussant un sourcil, Yeva fit ce que sa mère lui dicta et tourna l'enveloppe. Elle écarquilla les yeux et sourit à sa génitrice.
—C'est mon admission ? Je suis prise ?
L'excitation s'emparait d'elle tandis qu'elle ouvrait l'enveloppe frénétiquement. Elle en sortit la lettre et vit que c'était bel et bien une lettre d'admission.
—...Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà une place de premier choix dans notre faculté de droit! Maman, tu as entendu ! Ils m'ont accepté ! Je pou—
Yeva se tut et lâcha la lettre tout en sentant une vive douleur se propager à partir de sa joue droite jusqu'à sa mâchoire. Elle tourna la tête pour plonger son regard caramélisé dans celui noir de sa mère tout en amenant sa main contre sa joue. Sa mère venait de la gifler.
—Tu n'iras pas à cette faculté.
—Q—Quoi ?
—Tu n'iras pas à cette faculté de droit et tu ne seras pas sur le marché du travail en tant qu'avocate, mais dans celui médical comme je l'ai été et comme ma propre mère l'a été.
—Mais, maman, ce n'est pas ce que—
—Dès demain, j'enverrais un courrier auquel cas tu refuseras aimablement leur lettre d'acceptation. Tu n'iras pas. Tu n'as pas le droit de briser l'héritage de la famille Thornton de cette manière, Eve. Tu aurais dû m'en parler si tu étais perdue. Mon bébé, tu aurais dû m'en parler de ce qui te tracassait.
—Non! Je t'interdis ! Je t'interdis d'aller loin de moi.
—M'interdire de quoi ? Tu ne peux rien faire ! TU N'ES QU'UNE SOTTE! UNE SOTTE QUI NE SAIT PAS S'OCCUPER D'ELLE-MÊME, MÊME À SEIZE ANS !
—Si ! Je SAIS me débrouiller ! Tu ne vas pas m'interdirent ou aller pour mes études ! Je veux pouvoir vivre mon rêve !
—Être avocate est ton rêve ? Ça ne rapporte rien !
—Comme tu l'as dit, j'ai seize ans, maintenant. Tu ne peux plus m'interdire quoique ce soit comme tu l'as ces dernières années pour moi. À partir de MAINTENANT, je VEUX pouvoir, DÉCIDER, ce que JE VEUX DEVENIR !
Plus elle parlait, plus Yeva s'approchait de sa mère, plus elle se rapprochait, plus elle forçait sur sa voix pour que sa mère puisse l'écouter et la comprendre. Puis, plus elle avançait, plus sa mère reculait devant les grands gestes que faisaient Yeva. Celle-ci, au dernier moment, avant de pouvoir sortir, elle poussa sa mère de son passage. En se retournant, Yeva ne vit pas le crâne de sa génitrice se cogner fortement contre le rebord du meuble à chausse et ne s'arrêta, même pas, pour la regarder lorsqu'elle entendit sa mère l'appeler en murmurant et son corps tomber contre le plancher. Sans un regard en arrière, Yeva sortait en trombe de la maison des Thornton.
***
Yeva sursauta et se réveilla en retenant son souffle saccadée. Elle restait immobile, les mains sous ses taies d'oreiller et elle sentait son corps être moite. La bouche sèche, elle entendit des pas venir dans la chambre et elle ferma les yeux automatiquement. Le visage de sa mère floue revint dans sa mémoire tout comme les deux cauchemars qu'elles venaient de faire vinrent s'y superposer. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas cauchemardé. Surtout, quand cela concernait des passages déformés de ses souvenirs avec sa marâtre.
Elle sentit le matelas s'affaisser et un corps se coller contre son dos.
—Eve ? Pourquoi je suis aussi idiote et naïve? Demanda la voix féminine de sa meilleure amie, en chuchotant.
—Sarah ?
—Oui, c'est moi, murmura celle-ci.
—Tu vas bien ? La route n'a pas été trop longue pour venir jusqu'ici et toute seule?
Sarah secoua négativement la tête.
—Non...Ça m'a permis d'aérer un peu mon esprit de venir jusqu'ici, Eve, ne t'inquiète pas.
—Tu en es certaine ? Il s'est passée quelque chose durant ta superbe soirée avec Topper, Kelce et Rafe ? ironisa Yeva, se redressant sur le dos pour fixer le plafond.
Sa position changée, laissa à Sarah de se mettre dans une position plus confortable contre la jeune fille. Sarah avait besoin d'une chaleur et d'une présence réconfortante et elle espérait que sa meilleure amie serait présente pour elle. L'ambiance lui était agréable et elle sentie un vent d'air frais, laissant le bruit des vagues parvenir jusqu'à leur oreilles. Sarah pensât, alors, que Yeva avait préalablement ouvert sa fenêtre avant de se coucher. Sarah sourit à cette observation discrète. Même si elle savait que Yeva avait l'aquaphobie, il n'en était pas moins qu'elle avait remarqué que sa meilleure amie observait et écoutait régulièrement l'océan. Certes, de loin, mais elle le fixait et l'écoutait très souvent. Sarah en profita, pour elle aussi, écouter le bruit de la mer mélangé à leurs respirations. Le silence se brisa lorsqu'elle répondit, après réflexion, à la question attendue de Yeva.
—Ouais...ou plutôt...Il ne s'est rien passé...
—Pas plus, pire que ton stupide saut avec Topper sur le toit ? railla Yeva.
—Ouais...pas plus...pire que ce moment de dingue.
Sarah sentit sa meilleure amie se crisper et retenir un sourire contrit tandis qu'elle-même voulait lâcher un rire nerveux.
—Vas-y...raconte. On a tout le restant de la nuit devant nous.
Sarah inspira et expira, son souffle chaud se répercutant contre l'épaule droite de Yeva. Cela ne semblait pas déranger celle-ci.
—J'ai...possiblement dit à Topper que je voulais le faire, tu sais...vraiment le faire.
Yeva se retourna vers sa meilleure amie pour que leur regard se croise. Elle passa sa main gauche sous la taie d'oreiller qui maintenait sa tête, la maintenant plus fermement.
—Tu...tu lui as vraiment dit ? demanda Yeva, en lâchant un faible sourire.
—Oui...
—J'imagine que si tu es là, c'est que ça s'est mal passée ? s'enquit Yeva.
Sarah ne répondit rien, mais hocha positivement la tête. De sa main droite, Yeva prit la main de Sarah pour la câliner, faisant des dessins d'arabesque sur le dos de sa main afin de la rassurer, de la réconforter. Dans ces moments-là, certaines personnes n'aimeraient pas ce geste, mais concernant Sarah, Yeva savait que celle-ci en avait besoin. Sarah hocha positivement la tête pour répondre à la question de sa meilleure amie.
—Quand...on a failli passer à l'acte, commença-t-elle, j'ai...reculée, à la dernière minute. J'ai dit à Topper que c'était trop rapide pour moi...Que je pensais que c'était le bon moment, mais que finalement...je ne sais pas...J'ai...je...pense que ce n'était pas le bon moment.
—J'imagine que cela ne lui as pas plu ?
—T'imagine bien...
—N'y pense pas trop. Topper est régulièrementvoir toujours sur les nerfs en ce moment. Et tu dis toi-même qu'il faut lefaire quand on le ressent vraiment. Je dois t'avouer, qu'avec Rafe, on n'a paseu le temps de le faire non plus et comme tu t'en doute, on ne le fera jamaisparce qu'on a rompu et je ne veux plus rien à faire avec Rafe. Donc, ne tedévalorise pas et ne te culpabilise pas, parce que ce n'est pas ta faute sic'est ce que tu penses. Et la colère de Topper n'a pas à être justifier en tefaisant culpabiliser pour rien parce que ne pas en avoir envie après-coup est,tout à fait, normal, Sarah. Parfois, l'envie peut arriver rapidement commerepartir aussi vite. Tu n'es pas la seule.
—Je sais...Je croyais que c'était le bon moment. Je l'ai cru jusqu'au bout. Aujourd'hui a été une journée parfaite avec Topper. On était sur la même longueur d'onde...chuchota-t-elle avant de se taire dans un murmure.
Yeva baissa le regard pour fixer le visage fatiguée de sa meilleure amie. Sarah avait fini par fermer les yeux et s'endormir grâce aux douces caresses de sa meilleure amie, qui l'apaisait et amplifiait la fatigue que son corps émanait depuis plusieurs heures, déjà. Celle-ci fixait Sarah, inquiète et en colère contre son grand-frère pour avoir laissée Sarah seule le restant de la soirée, soirée qu'ils avaient organisé ensemble. Eva repensa encore à ses cauchemars et se refusa à fermer les yeux, observant plutôt sa meilleure amie avant de —sans le voir—fermer ses petits yeux, à son tour.
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