Chapitre 06: Chez Lana
Aucun bruit résonnait dans la maison sauf peut-être le tic-tac de l'horloge, qui sonnait comme une berceuse aux oreilles de John B avant qu'il ne l'entende plus, se plongeant dans un lourd sommeil comme la jeune fille, qu'il avait observé quelques instants plutôt.
Soudain, Yeva sursauta la faisant papillonner des yeux et relever brusquement la tête à en lui faire mal au cou en entendant quelqu'un tambouriner contre la porte comme un forcené. Elle regarda autour d'elle à la recherche de ce bruit, qui lui avait tirée de son sommeil réparateur. Elle fixa John B, qui dormait paisiblement sur le ventre dans le canapé-lit du salon de la maison Routledge.
—Service sociaux ! Je sais que vous êtes là !
De ses frêles mains, Yeva se leva de son siège tout en entendant les coups de poings sur la porte se répéter et se regarda pour voir si rien ne s'était dégradée de sa tenue lorsqu'elle dormait sur le fauteuil. Elle passa ses mains sur ses habits du jour et elle se dirigea promptement vers la porte, mais elle cria de surprise en voyant la silhouette de JJ se coller à la vitre en gueulant de joie avant d'éclater de rire en voyant John B se redresser tout d'un coup etle visage scotché de la jeune fille. La porte s'ouvrit et JJ se moqua aimablement de son meilleur ami avant de se tourner et de se stopper en voyant, enfin, Yeva.
Entre-temps, celle-ci avait croisé les bras contre sa poitrine et à la vue de JJ, elle haussa les épaules et sa main droite lui signalant qu'elle ne trouvait pas son action très drôle.
—Toi, tu n'as pas d'humour, dit-il en fixant de haut en bas la jeune fille avant de taper l'épaule droite de John B pour le secouer à se réveiller.
—Non, tu m'as juste fait le saut, JJ.
—Allez mec, faut se lever! pressa JJ à John B.
Yeva leva les yeux au plafond devant l'ignorance de JJ sur elle.
—Tu sais ce que j'essaie de t'expliquer, au moins ? demanda Yeva.
JJ croisa son regard tandis qu'il passait à côté d'elle, se décalant d'un pouce pour la contourner et se diriger vers la cuisine afin de se servir.
—Non, je ne vois pas ce que tu essaies de me dire, la Kook, répondit JJ à la jeune fille qui le suivait et en scrutant son visage.
Yeva soupira et finit par poser ses bras contre le comptoir de la cuisine. Elle se pencha légèrement en avant, presque sur la pointe des pieds tandis qu'elle savait que dans son dos, John B, émergeait encore de son sommeil.
—En arrivant comme un forcené, tu as failli me faire une crise cardiaque. Crise cardiaque égale la mort assuré. Alors, sois plus en douceur la prochaine fois. Je n'ai pas envie de mourir de tes mains, le psychopathe.
—Je m'excuse d'avance, la Kook, mais je risque de te décevoir.
—Arrête de me surnommer comme ça ! J'ai un prénom! Répliqua Yeva en se redressant droite comme un « i » et en mettant ses mains contre ses hanches pour montrer son énervement.
—Quoi, tu préfères « ma jolie » ?
—Ringard, cracha Yeva, déjà las de ce deuxième surnom débile.
JJ se retourna pour ouvrir le frigo, une tranche de pain de mie dans la bouche, une main tenant la porte du frigo et l'autre s'apportant une bière qu'il ouvrit d'un coup sec. Il finit de manger le pain de mie et amena le goulot de la bière à sa bouche pour le boire sous les yeux de Yeva.
—Une bière à sept heures du matin ? Sérieusement, JJ ?
—C'est comme ça, ici, va falloir t'y habitué, décréta le blondinet.
JJ sorti de la cuisine, Yeva le suivit de près.
—Tu devrais voir ta tête, mec, elle est hilarante, se moqua JJ en fixant John B.
—Ouais, bon, prêt pour aller chez Lana ?
—C'est parti !
—Qui est Lana ?
À sa question, John B et JJ rigolèrent, se moquant gentiment d'elle, mais cela la vexa puisque c'est comme si elle avait posé une question idiote ou qui ne fallait pas poser. De plus, les garçons se dirigèrent soudainement vers un vieux combi rouge installé patiemment sur l'allée principale de la maison des Routledge. Voiture rouge que John B ouvrit pour s'installer au siège conducteur. Voulant découvrir l'identité de cette fille et assouvir sa curiosité —et croyant plus que tout que John B ou JJ peut la nourrir de ce côté-là, car ils semblaient tous deux pleins de surprises et de secrets—Yeva ne put s'empêcher de suivre John B et JJ. Parallèlement, la maison dans laquelle, elle se trouvait n'était pas la sienne et elle était en territoire Pogue. Aprèstout, tout peut lui arriver en territoire Pogue puisque comme JJ lui a rappelé :elle était une Kook. Elle ne put s'empêcher de se sentir beaucoup plus en sécurité quand elle se trouvait près de John B et JJ que d'être seule.
Enfin, pour le moment.
—En route ! s'exclama John B.
Yeva s'arrêta net en voyantle vieux véhicule que John B et JJ s'apprêtaient à démarrer. Devant elle, setrouvait un combi, qui était une marque de Volkswagen et selon elle, s'il démarraitce serait un miracle vu la vieille carrosserie du combi. Elle souffla, ouvrit la portière arrière du combi et ferma la porte en la claquant quand elle monta à l'arrière, laissant John B conduire le vieux véhicule. JJ était installé sur le côté passager de la Volkswagen.
—Vous êtes sûr qu'il est en bon état de rouler ? s'enquit Yeva, ayant inspecter l'intérieur du véhicule après s'être installer sur l'un des fauteuils arrière.
—On ne peut plus sûr ! Ce combi peut nous emmener vraiment n'importe où!
Yeva ne put s'empêcher de sourire devant la joie qu'émanait John B en parlant de son combi.
—On dirait qu'elle a trois-cents ans d'âge, répliqua, tout de même, Yeva.
—Elle n'est pas si vieille que ça, finit par dire JJ, hein John B ?
—Tu connais le sarcasme, JJ ? ironisa Yeva.
Le rire de John B coupa la prochaine réplique de JJ et le calme revient entre les trois adolescents jusqu'à ce que Yeva se mette à bailler, que ses yeux lui picotèrent. Alors, elle amena son index pour frotter ses yeux et cela ne passa pas inaperçu au blondinet, qu'il la vit faire dans le rétroviseur.
—Tu peux dormir, si tu veux, lui prévint JJ.
—Ouais, on te réveillera quand on sera arrivé chez Lana.
—Merci les gars.
Son manque de sommeil de lavieille se faisait ressentir. Après tout, elle n'avait pas dormi de la nuit. Ellese plaça mieux contre le fauteuil afin de trouver une position confortable etferma les yeux s'endormant progressivement bercer par le silence à l'intérieurdu combi et le vrombissement du moteur de la Volkswagen ainsi que de larespiration des deux adolescents, qui l'accompagnaient.
Comment était-elle arrivéeà ce stade, déjà ?
Ce fut la dernière question qu'elle se posât avant que Morphée ne l'emporte.
***
—Non, franchement, mec, je ne comprends pas pourquoi tu n'essayes pas avec Kie ? Je t'assure qu'elle est à fond sur toi! Elle est là, en mode : « oooh, John B! » imita JJ, d'une voix mielleuse.
—Ah ouais, tu penses ? osa demander John B, incertain des propos de son frère de cœur.
—Mais oui ! s'écria JJ, dans un ton plus fort qu'il ne l'aurait voulu.
JJ jeta un bref coup d'œil vers Yeva pour s'assurer qu'elle dormait toujours—ce qui était le cas—avant de reporter son attention sur son meilleur ami, qui fixait la route. Son regard ne passa pas inaperçu pour John B, qui étira son extrémité gauche de sa bouche, mais ne pipa mot sur ce qu'il venait d'intercepter.
—Rien qu'hier ! Kiara a stressé grave quand tu as dû sauté à l'eau, tu ne te rappelles pas ? Elle t'a embrassée, mec! reprit JJ.
—Non, elle m'a juste embrassé la joue. C'est différent. Ce n'est pas comme si on s'était embrassé pour de vrai !
JJ roula des yeux et son regard se porta sur la jeune fille allongée sur le fauteuil derrière John B, lui laissant le loisir de l'observer quelques secondes avant de reporter son regard sur John B. JJ était assis sur le fauteuil du passager et de sa position, il pouvait voir ce qu'il se passait à l'arrière comme il le voulait.
—Je te le dis ! Elle attend que ça, mec ! Ne fais pas l'ignorant !
—Ouais, mais...
—Arrête, tu rougis tout le temps quand elle est près de toi!
—Ah ouais ?
—Ouais, puisque je te le dis ! Arrête de faire l'ignorant et écoute-moi vieux, je suis un professionnel!
John B sursauta en sentant que son combi roula sur quelque chose, faisant surélever la voiture. Ils avaient passée sur un trou. John B jeta un coup d'œil à JJ, qui observait avec inquiétude la jeune endormie. Il soupira de soulagement en voyant que le trou ne l'avait pas réveillée, mais juste secouée.
—J'espère que le pneu n'est pas crevé, pria John B en grimaçant.
—Comme ta pseudo-romance avec Kiara ? rigola JJ.
John B roula des yeux en soupirant de lassitude.
—T'es lourd, mec, le nargua John B.
—Comme si tout ce que je te disais, tu ne le prenais pas au pied de la lettre, pouffa JJ.
Quant à la belle au bois dormant, Yeva se réveilla au dos-d'âne que John B ne put s'empêcher de passer, au bout de quelques minutes plus tard sur le trajet. Elle grimaça et se senti, soudainement, inconfortable.
—Je crois que j'ai mal dormi, déclara-t-elle en grimaçant sous les courbatures.
—Bienvenu dans le monde des Pogues, ma jolie!
Sansmême ouvrir ses yeux, Yeva sut immédiatement que c'était JJ, qui venait deprendre la parole. Elle se redressa, s'étant légèrement avachi durant sonsommeil, elle fixa JJ, plongeant son regard caramélisé dans celui océan de JJ,n'osant plus le contredire sur le mauvais surnom, qu'il lui donnait depuis uneheure à peine. Celui-ci lui lançait un sourire narquois et elle détourna lesyeux, peu habituée à ce que l'on lui lance ce style de sourire et ce regardpétillant. En entendant le rire joviale de JJ en réponse d'une blague de John B,Yeva sentie les extrémités de ces oreilles rosirent, ce qui l'étonna.
Elle cogita et amena ses mains contre ses oreilles pour les camoufler et essaya de se calmer. Elle ne vit pas le regard inquiet et intrigué de John B sur elle lorsqu'il l'aperçu faire dans le rétroviseur avant que celui-ci ne s'agite à cause de JJ, alertant Yeva, qui intercepta les mouvements brusques des deux adolescents dans son champ de vision. Ils se battaient pour la boussole du père à John B, mais la seule chose qu'elle comprit, c'est que John B n'avait plus son regard posé sur la route.
—Hey, ne touche pas à ça!
—Les gars ! s'exclama Yeva en écarquillant les yeux et se tenant l'accoudoir.
—C'est bon, je veux juste y jeter un coup d'œil. Relax, mec ! Je ne vais pas te la voler !
—LES GARS !
—QUOI?
Elle déglutit en sentant le regard colérique des deux garçons posées sur elle avant de pointer de son index la distance entre les deux garçons pour montrer la route.
—Qui surveille la route ?
—Hein?
John B et JJ se retournèrent et crièrent de frayeur en voyant une voiture venir droit vers eux en klaxonnant incessamment.
—TOURNE LE VOLANT! TOURNE-TOURNE ! le pressa JJ.
D'un coup sec, John B écarta la voiture pour laisser passer l'autre voiture, qui klaxonnait. Yeva se retenait de vomir et souffla de soulagement en sentant que le calme était revenu. Elle rouvrit les yeux et vit que John B était encore un peu sous le choc. Après tout, il avait failli causer un accident.
—Merci, Eva, remercia John B.
Yeva releva la tête au surnom donné par John B et elle sentie son cœur tambouriner dans sa poitrine. Rafe, Sarah, Kelce et Topper ne seraient plus les seules à l'appeler comme ça, désormais. Elle avait trouvé des amis.
La surprise passée, elle hocha positivement la tête et surprit le regard de JJ sur elle. Yeva lui émit un léger sourire ce qui fit détourner brusquement le regard du blondinet, qui remit sa casquette fétiche sur la tête correctement.
—Ça dure encore longtemps le trajet ? osa demander la demoiselle.
—Hmm, je dirais cinq minutes encore, répondit John B.
—N'empêche...je trouve ça bizarre.
—De quoi ? Qu'est-ce qui est bizarre, JJ ? demanda Yeva, voulant s'intégrer le plus possible auprès d'eux.
Et ceci commençait par converser.
JJ l'observa du coin de l'œil et soupira en voyant que John B était tout aussi curieux que la jeune fille derrière lui. JJ porta son regard sur l'arabesque étoilé qui ornait le métal de la boussole.
—Le fait qu'on ait trouvé la boussole de Big John, le père à John B, disparu y'a neuf mois au fin fond du marais sur le bateau de Scooter. Selon vous, qu'est-ce que cela signifie ?
—Un autre mystère à élucider, répondit Yeva.
JJ pouffa ce qui amplifiale sourire de Yeva. Elle avait réussi à faire rire JJ, ce n'était pas rien ! Elleen était fière. Lui qui était distant avec elle depuis leur rencontre, tout ça,parce qu'elle était une Kook et non, une Pogue comme eux.
Pourtant,y'avait Kiara, se disait-elle tout le temps.
Etelle sentait une sensation nouvelle envahir son corps de manière incandescentelorsqu'elle entendait le rire de JJ.
—C'est pour cela, que l'on va chez Lana. Pour découvrir la vérité.
—C'est sûr qu'elle sera ravie de venir nous parler! Ce n'est pas comme si elle était en plein chagrin après avoir perdu son mari ou autre chose, lâcha JJ d'un ton ironique.
Yevane sut qui était vraiment Lana, mais elle estima que ce fut une femme proche dece Scooter qu'avait prononcé JJ ou même d'eux puisqu'ils semblaient bien laconnaître. Subitement, le combi s'arrêta sur une propriété privée. En regardantle paysage et la cime des arbres, Yeva vit un panneau où sur l'écriteau y étaitmarquée les mots suivants : « L'esprit des arbres, le temple du Reiki». John B arrêta la Volkswagen brusquement, ce qui fit avancer le buste de Yevavers l'avant, lui coupant la respiration pendant une millième de secondes avantqu'elle ne détache sa ceinture. Elle ouvrit la portière droite et sorti en même temps que John B et JJ. Ce dernier claqua la portière du passager un peu trop brusquement, la faisant sursauter.
—Hey, fais attention!
—Désolé, mon pote, pouffa JJ.
Yeva sourit, amusée du comportement nonchalant de JJ. L'air de l'extérieur était chaud et cela se répercutait sur le corps des trois adolescents. JJ replaça sa casquette correctement sur son crâne et suivit John B, se mettant entre celui-ci et Yeva.
—Ils ont abusé, niveau décoration, commenta JJ.
—C'est clair, on ne voit même plus la maison, ajouta Yeva.
JJ, les mains dans les poches de son short vert, se tourna vers Yeva pour lui sourire. Yeva vit John B souffler comme s'il fumait une cigarette, ce qui la fit plisser le nez en sentant l'odeur de la nicotine, quelques secondes plus tard, flotter dans l'air. Elle n'avait jamais aimée l'odeur de la cigarette même si Rafe, Kelce et Topper fumaient la majorité du temps, elle prenait toujours cette occasion pour s'éloigner d'eux afin de respirer un air plus agréable.
Ils marchaient dans le jardin pour venir vers la porte, jusqu'à ce que Yeva s'arrêta net.
—Vous entendez ? demanda-t-elle, peu assurée, la nervosité commençant à naître en elle.
—Entendre quoi ?
John B et JJ s'arrêtèrent pour l'observer, pensant qu'elle était tout aussi cinglée qu'eux. Le bruit sourd qu'elle avait entendu retenti de nouveau, mais cette fois plus strident et assourdissant.
—Ça ! Vous ne l'entendez pas ou c'est juste moi qui imagine des cho—
—Chut! Le coupa John B.
Yeva se tut et lorsque le bruit retentit une troisième fois. Ils pouvaient entendre des voix plus masculins crier et une seconde voix plus féminine, qui semblait être en pleur et effrayé à l'intérieur de la maison pour se réverbérer jusqu'à l'extérieur, puisqu'une des fenêtres étaient immensément ouvertes.
—Faudrait peut-être qu'on vienne un autre jour, décréta JJ.
—Ferme-là, JJ, ferme-là, lui dit John B.
Au quatrième bruit, Yeva vit les deux adolescents courir jusqu'à plaquer leur dos contre le mur de profilage de la maisonnée. JJ fit signe à Yeva de venir vers eux doucement et en toute discrétion. À ce geste, Yeva hocha la tête positivement, se courba et courra aussi vite qu'elle le put pour se coller contre le mur à son tour, derrière JJ.
—T'a compris ? Dis-nous où elle est !
La voix de la femme se mit à crier lorsqu'elle vit un des hommes retourner un autre de ses meubles, le fracassant violement contre le sol, la terrifiant. Yeva senti sa gorge se nouer, ses mains devenir moites et ses yeux lui picoter. Sa respiration se coupa instantanément lorsqu'elle entendit un nouveau bruit de verre. Elle se sentait mal à l'aise.
—Elle est dans la maison, oui ou non ?
Un nouveau bruit se fit entendre.
—Tu penses toujours qu'on devrait rester, John B? demanda JJ.
—Ferme-là, tu risques de nous faire repérer.
—Tu vas parler, merde ?! cria la voix d'homme plus fortement.
JJ se tut, leur faisant fermer les yeux aux trois adolescents. De ce que Yeva comprenait, elle n'était pas la seule à se sentir mal. Elle osa se redressa, malgré tout, pour voir ce qu'il se passait exactement à l'intérieur, mais sentit une pression sur son bras gauche, qui l'a fit s'agenouiller de nouveau. Elle se tourna et croisa le regard ferme de JJ. Celui-ci lui montra du doigt la fenêtre et elle suivit le regard. Yeva grimaça en voyant la silhouette d'un homme venir près de la fenêtre. Si elle avait trop tardé à s'abaisser, ils se seraient fait prendre par sa faute. Dans ce genre de moment, sa curiosité ressemblait plus à un défaut qu'à une qualité.
Elle regarda de nouveau JJ et elle sursauta, prête à crier lorsqu'un meuble se fracassa contre la fenêtre de leur position les faisant sursauter. Son cri ne sorti pas puisque JJ couvrit ses lèvres par sa main robuste. Yeva ne voyait plus que JJ, ne se préoccupant nullement de John B, qui les observait—nulle doute—du coin de l'œil. JJ lui fit signe de rester silencieuse en mettant son index droit sur ses propres lèvres. Elle hocha positivement la tête. Entre-temps, John B passa sa main dans sa chevelure pour enlever les écailles de peinture, qui leur étaient tombée dessus, tombant sur son short, à la place.
—Je crois qu'ils s'en aillent, chuchota JJ en entendant plus rien.
—Je pense aussi.
John B se redressa et regarda à travers la fenêtre pour voir, effectivement, les deux silhouettes sortir de la maison. Il en profita pour passer devant JJ et Yeva pour se diriger vers l'extrémité de leur cachette afin de voir les hommes embarquer sur un bateau amarrée contre le ponton de la propriété et vaguer dans le marais.
—Mec ! Ce sont les types qui nous ont tirés dessus! Leur révéla John B.
—Sérieux ?
—Puisque je te le dis !
JJ croisa le regard effrayé de Yeva à l'entente des mots prononcés par John B. JJ la rassura d'un regard et de sa main valide se débarrassa des copeaux de peintures, coincés dans sa chevelure.
—Je vais retirer ma main, mais ne crie pas, ok?
Yeva hocha positivement latête, comprenant que si elle criait, elle alerterait les deux hommes quis'enfuyaient après avoir mis le désordre chez Lana, les mettant probablement endanger, par la suite ce qu'elle refusait de causer.
Yeva ne sentie plus les doigts de JJ sur sa bouche et elle put respirer de nouveau, reprenant une respiration plus posée. JJ lui sourit et il se rapprocha d'elle, éliminant le peu d'espace qu'il y avait eu entre eux afin de tendre la main et de passer ses doigts dans les cheveux noirs ondulés de la jeune fille. Celle-ci scrutait le visage inquiet de JJ, qui finit par lui montrer les copeaux de peinture blanche, qui s'étaient aussi infiltrer dans sa chevelure. Elle sourit timidement et John B les pressa de le suivre. JJ passa devant elle, la laissant derrière et ils pénétrèrent la maison aussi vite que possible.
—Lana ?
John B, JJ et Yeva regardèrent avec effarement le désordre qui comblait la maison, autrefois, propre et ordonnée. Les débris s'entassaient, montrant les meubles brisés et renversés. John B brisa le silence effrayant qui régnait dans la maison en appelant la femme dont Yeva n'avait jamais vu comparé aux deux garçons, qui l'accompagnaient. Yeva sentie que JJ n'étaient pas à l'aise dans cette ambiance lourde. Elle vit son corps tressauter à quelques reprises tandis qu'ils suivaient John B comme un troupeau de mouton. Ils se dirigèrent vers la salle de bain où Yeva vit John B s'agenouiller pour être à la hauteur d'une femme.
Elle tremblait et pleurait, en même temps. Ses traits marqués par son âge avancée se trouvaient beaucoup plus imposantes, tirés et marquantes. Elle se tenait contre la chambranle de la porte de la salle d'eau, les bras croisés contre son ventre. Ses cheveux bruns légèrement frisés encadrant son visage strié par la peur et la tristesse. Yeva pouvait voir le lavabo fissuré et prêt à tomber de son piédestal. Yeva entendait John B essayer de rassurer la femme et voyait JJ se courber pour mieux la voir. Quant à elle, s'en était trop de voir la femme si apeurée lorsque John B mit sa main droite sur son épaule, la faisant crier de frayeur.
—Je dois prendre l'air, souffla-t-elle en tournant les talons.
Elle ne vit pas JJ l'observer s'éloigner d'un regard curieux. Elle abandonna, alors, les deux adolescents pour respirer un grand coup d'air frais afin d'éloigner l'odeur interne de la maison, qui avec tout ce désordre, se rapprochait d'un capharnaüm amplifiant une odeur nauséabonde, qui pénétrait son nez. Ainsi, en étant éloignée de la maison, elle n'entendit pas l'étrange conversation entre Lana, John B et JJ.
Sensible, Yeva fit quelques pas dans le jardin et entendit le cri d'une mouette. Elle releva les yeux vers le ciel pour essayer de la trouver, mais rien. Elle sentait plus que l'odeur du marais et des fleurs du jardin qui remplaçaient celle mauvaise de la maison de Lana, la rassurant un tant soit peu. Yeva mit ses mains sur ses hanches pour essayer de reprendre son souffle, qui s'était accélérée progressivement lorsqu'elle était à l'intérieur. Elle passa, ensuite, ses frêles mains dans sa chevelure, passant ses doigts entre chaque mèches noires et elle marcha quelques pas encore dans le jardin avant de voir, enfin, John B et JJ, quitter les lieux précipitamment.
—EVA, ON S'EN VA! VIENS!
La voix criarde de JJ la fit sursauter et la déstabilisa avant qu'elle n'entendît la porte du conducteur de la Volkswagen claquer. Elle se mit à courir pour les rejoindre. À peine, eut-elle le temps de s'asseoir sur le siège arrière de John B, que celui-ci démarra la Volkswagen en trombe. Yeva ferma sa portière en claquant pendant que la voiture commençait à rouler et son regard eut le temps de croiser celui de Lana avantde ne plus voir la silhouette de celle-ci, qui s'était relevée pour les voir partir de chez elle.
Alors qu'elle était en compagnie de John B et JJ, toute la matinée, elle passa la matinée à connaître un peu plus les deux garçons. De cette manière, Yeva ne pensât pas une seule seconde du prochain coup que préparait son grand-frère, Topper, avec Kelce et Rafe pour se venger de la fête au bord de plage de l'avant-veille.
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