Saison 1 - Épisode 7 : Des dettes et un million (partie 1/2)
— Salut, toi.
— Bonjour, mademoiselle.
— Je sais que t'aime me regarder, mais je sais que t'adore aussi entendre ma voix...
— Quel homme ne tomberait pas sous le charme de votre voix ? Je plaide coupable.
— Je sais que tu aimes aussi ce que je fais avec ma bouche, avec cette voix. Comme te donner des indications, que je te dise comment faire... comment accélérer, ralentir et te retenir...
— J'ai toujours préféré les femmes dominatrices et entreprenantes.
— Et je finirai par te dire quand laisser monter l'orgasme et quand tu pourras enfin jouir... Et t'en mettre partout pour
— OOOooohhh ! Je dis oui ! Je suis tes ordres !
— Si tu es habillé, caresse ta queue au-travers de ton vêtement. Sinon, effleure-là du bout des doigts juste pour éveiller la sensation. Et pour qu'elle se dresse.
— Tout de suite, maîtresse.
— Masse-là un peu plus fort dans ta paume. Déforme tous les volumes qui se présentent à toi.
— Oh, oui... oui... oui... oui, maîtresse...
— Descend pour aller jusqu'à tes testicules.
— Je les sens, maîtresse...
— Déforme-les entre tes doigts.
— Je trouve ça extrêmement tortueux, mais j'accepte...
— Laisse des bourrelets de chairs se former et fuir de tous les côtés. Masses les l'un contre l'autre avant de serrer ta prise et de tirer dessus, pour sentir la peau qui glisse et qui libère ton gland.
— Aïe, aïe, aïe ! Tout va bien, t'inquiète pas !
— Pour ne pas être gêné par le frottement des vêtements, déballe-moi tout ça et attrape-toi !
— Vous commencez à passer à une vitesse supérieure ? Sachez que ma mère m'a bien éduqué et que ce n'est pas pour autant que je dénigre les femmes qui couchent dès le premier soir.
— Maintenant que tu as ta queue dans la main, on va pouvoir commencer doucement...
— D'accord, je suis à vous.
— Suis mes mouvements.
— Ô mon Dieu ! Ou-oui, je les suis.
— Fais des va-et-viens amples...
— Je les fais...
— Monte et descend jusqu'à obtenir une gaule dure... une queue bien droite.
— Ooooohh ! AAAhhhh, Seigneur !!!
Contre toute attente, quelqu'un frappe à la porte. L'homme bondit de la cuvette par instinct. Dos au mur, la respiration haletante, il se demande qui ça peut être. Il était seul ! À moins qu'il n'ait oublié la vie qui se passait autour.
— Lucien ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Ça fait presque vingt minutes que tu es aux toilettes !
— Que tu sentes toute la puissance de ta verge à l'intérieur de ta paume...
— Quoi, encore ?! Je... Je suis au téléphone !
— Ah bon ? ricane une voix de vieille dame. Avec qui ?!
— A-avec Florent !
— Je ne savais pas que Florent prenait une voix de péripatéticienne pour t'aider à te caresser le poireau !
— Tu... tu m'espionnes, Yolande ! Tu n'as pas le droit ! C'est ma vie privée !
— Tu as perdu ce droit depuis le jour où tu es venu t'installer chez moi sans me demander mon autorisation.
— Pour que ton sexe suffisamment gonflé, que si tu me le mettais là-maintenant, je pourrais sentir ce gros cylindre et casser les parois de mon vagin.
— Merde, comment on arrête ça...
— Tendu sous le fluide de ta bite en érection.
— Bien le bonsoooiirrr, Florent ! Tu vas bien ?
— Fous-moi la paix, Yolande !
— Arrête de pleurer et sors de là ! On va bientôt passer à table.
La seule chose que Lucien empoigne, à présent, est le portable qui menace de se briser sous sa paume, emplie de frustration.
— Je vais ouvrir la porte.
— ... surtout pas !
Qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Le manche de la poignée s'abaisse et il avait oublié de se condamner à l'intérieur des toilettes. Il regarde à droite, à gauche, puis les murs qui le cercle.
En jetant son dévolu par le bas, Lucien par jeter son portable dans la cuvette et tire la chasse. Il profite pour remonter son pantalon et se laver les mains, en espérant avec conviction que cette fichue bosse au niveau de son entrejambe allait finir par s'en aller.
— C'était une blague, espèce de crétin ! s'exclame Yolande en regardant par-dessus son épaule. Tu as jeté ton...
Elle termine sa phrase par un soupir et tente d'attraper le portable qui s'était coincé au fond de la cuvette.
— Continue tes imbécilités et tu vas boucher mes toilettes.
— Roh, ça va, ça va !
— Non, ça ne va pas, Lucien ! C'est toi qui va payer le plombier si tu abimes mes toilettes, peut-être ?
Il se contente de marmonner des injures en se dirigeant d'une démarche traînante jusqu'à la cuisine. Il se baisse malgré lui pour piocher une assiette dans le tiroir et lève la tête sur la marmite qui laissait échapper ses derniers souffles de vapeurs.
— Quoi ?! Encore des brocolis et du poulet blanc ?!
— Lucien, je ne suis plus toute jeune et toi non plus, d'ailleurs ! Il faut faire attention à ton alimentation...
— Tu sais quoi, ça m'a coupé l'appétit.
Il lâche l'assiette d'un geste désinvolte dans l'évier et part dans la chambre.
— Eh, eh, eh ! Petit garçon, tu vas faire ta crise ailleurs mais pas dans ma chambre ! Et ne claque pas la porte, ce n'est pas toi qui va payer le serrurier !
Il ne répond pas. Pire encore, il s'enferme bel et bien à double-tour cette fois-ci. Yolande s'approche et colle une oreille contre la porte.
— Lucien, j'espère pour toi que tu n'es pas en train de souiller mes draps avec tes cochonneries ! Lucien ? Lucien ? Où est ton ordinateur ?! Ne regarde pas tes sales vidéos dans ma chambre !
Soudain la porte s'ouvre et Yolande manque brusquement de tomber sur la moquette de sa chambre. Lucien apparaît face à elle, le visage aussi raide qu'une façade et la contourne sans prendre la peine de lui adresser la parole.
— Tu comptes bouder encore longtemps ?!
Il ne répond pas et attrape le portable de la dame dans un sac à main Dior, suspendu au porte-manteau qui faisait office de garde pour la porte d'entrée.
— Qu'est-ce que tu fais, là ?!
— Je commande une pizza.
— Mais je rêve ?! Et avec quel argent tu comptes régler, parce qu'il est hors de question que je te passe de l'argent. Soit tu manges ce que j'ai fais, soit tu te démerde !
— Je n'ai pas besoin de ton approbation. Les coordonnées de ta carte sont déjà enregistrée sur le téléphone.
— Salopiot, rend-moi ce portable !
— Tu peux toujours courir, la vieille !
***
Une demi-heure plus tard, la nuit tombée et grillons en plein concert dans le jardin, Florent gare sa Nissan Juke en face de la terrasse et manque de tituber lorsqu'il prend appui sur ses jambes. C'est que la bouteille de Hennessy faisait très bien son effet. En plus d'avoir un effet déshinibant, il ignorait qu'elle était suffisamment efficace pour lui donner des hallucinations.
Son fils était littéralement accroupit au sol, en contre-plongé face à sa petite abeille, celle-ci recouverte de peinture sur un corps entièrement nue. Il n'avait pas toute sa tête, mais Florent savait pertinemment que ce genre de situation alimenterait les scénarios obscènes que son abruti de fils utilisait pour se masturber une fois reclus dans sa chambre.
Pour être convaincu de son rêve, Florent casse la bouteille sur le mur – au diable le fond de Hennessy qu'il restait et le regard que Kevin et Maya lui braquait – et se tranche l'intérieur de la main avec. Il ne sentait aucun picotement. Obligé, il était en train de rêver. À moins que l'alcool dans son sang soit suffisamment puissant pour lui ôter toute sensibilité au niveau de la douleur. Peu importe qu'il s'agisse d'une hallucination ou de la réalité, il allait tout de même se jeter sur son fils et l'égorger avec la partie tranchante de sa bouteille. Au pire, il n'a plus la pension de Carine comme argent de poche, au mieux, ça serait le seul rêve qu'il fasse sans que la sorcière Pécome ne vienne le hanter.
— Mais Flo, tu fous quoi ?! s'écrie Maya. C'est moi qui lui ai dit de me faire en dessin.
— Argh ! marmonne Kevin. Lâche-moi, c'est pour le Onlyfans de Maya !
— Tant que tes sales yeux de tapettes n'y ont pas accès... gronde l'homme d'un ton ferme en lâchant son emprise sur le bras du garçon.
Pendant que Kevin se masse l'avant-bras, craignant l'ématome qui allait se former, Maya se rhabille et emmène Florent dans la sale de bain.
— Regarde-toi, tu es complètement torché. Quand tu as lâché Kevin, j'ai cru que t'allais tomber, carrément.
Elle attrape le bras de Florent et le fait passer par-dessus son épaule.
— J'vais te faire du sale, ma petite abeille. Ce soir, on va tourner notre première sextape ! beuglait Florent.
— Ah oui ? ricane Maya, qui ne le prenait pas du tout au sérieux dans son état. Il va falloir que je me donne à fond, alors.
— Prépare la caméra et mets l'éclairage au max ! Quoi que, j'ai un peu mal aux yeux. On va gérer l'éclairage un peu plus tard. Mais il faut qu'on soit en 4k soixante images par secondes, tu comprends ? Parce que là c'est bizarre, je te vois en 144p...
— Je comprends complètement, Flo. Est-ce que tu peux juste pencher ta tête dans la cuvette des toilettes ?
— Mais attends, ma petite abeille. Où tu vas ?
— Garde la tête dans la cuvette. Je vais prendre un grand verre de lait, je reviens tout de suite.
Les minutes passèrent pendant lesquels Florent tentait désespérément de déglutir quelque chose de sa bouche. La gueule en cul de poule, la seule chose qui sortait était la bave qui lui pendait aux babines.
Il entend des bruits de pas et regarde à la fois sur le plafond et au sol. À vrai dire, il ne savait pas comment c'était possible mais ses yeux réussirent à voir deux endroits différents à la fois. L'illusion, que Maya arrivait depuis les persiennes en bois encastrées dans la douche, se dissipa au moment où l'abeille lui caressa le bras.
— Bois-ça, mon chou.
— C'EST QUOI CETTE LUMIÈRE BLANCHE ?! s'écrie Florent en tombant à la renverse des toilettes.
— T'as rien à craindre, bébé. C'est ma popo magique.
Florent la fixe avec de grand yeux ronds et fini par apaiser sa respiration quand il prend le temps de se concentrer sur son sourire. Il s'approche en rampant et renifle le verre de lait comme le ferait un chien sceptique.
— T'inquiète.
Il l'attrape et le déverse dans sa gorge, cul sec.
— Et maintenant...
Maya l'attrape par le col et le force à replonger sa tête dans la cuvette. La seconde d'après, un bruit aussi puissant que le gargouillement d'un mort détonne et s'étire jusque dans le salon.
— Wesh ! sursaute Kevin qui avait abandonné la séance photo pour faire une partie de Call of Duty. Il a vomit un démon ou quoi ?
Il n'avait aucune envie d'aller voir si son père allait bien et continua sa partie. D'abord affalé sur le canapé, il se redresse face à l'écran pour affronter un steamer qui passait dans son salon multijoueur. jusqu'à ce qu'un bruit surgisse dans son dos. Sous la panique, il balance la manette dans son dos qui vient s'écraser contre l'écran. L'objet, d'abord bringuebalant, se met à tomber sur l'étage du salon et laisse pleuvoir un bain de verres cassés sur le carrelage.
— AAARRRGGHHH !
En entendant le hurlement strident de son abruti de fils, Florent lève automatiquement la tête face au mur qui riait de son état. Ses yeux lui donnaient un peu moins l'impression de partir chacun de leurs côtés et il arrivait enfin à voir Maya à ses côtés.
— Bob Marley, regarde la femme que tu m'as envoyé ! gémit l'homme en joignant ses mains, les yeux rivés vers le ciel. En vingt ans de vie commune, mon ex-compagne n'a jamais réussi à me sauver d'un coma.
— La vieille momie qui te servait de go avait pas l'habitude d'aller en soirée. À force de voir mes potes et moi-même dans des états pas possibles, j'ai appris des bonnes astuces pour éviter d'être complètement torchée.
« En parlant de momie », disait une voix inquiète sur le pas de la porte. Florent lève la tête et se prend d'une irrésistible envie de mettre une correction à son fils. Le visage de binoclard chétif qu'il affichait avait le don de chatouiller sa nervosité. Heureusement pour Kevin, Maya le neutralise dans le dos et ne semble pas prête à le lâcher.
— Elle est devant la porte et elle demande papa.
— Qui ça ? Carine ?! Madame a tellement de mal avec les virements bancaires qu'elle est obligée de venir jusqu'ici pour me donner ta foutue pension !
Son rire se confond avec son vomi lorsqu'il lâche une avalanche de plein fouet sur le t-shirt Pulp Fiction de Kevin. Pauvre Mia Wallace.
— Tu pouvais pas rester devant la cuvette ?! s'énerve Maya. Et c'est moi qui vais encore devoir me taper ça...
— Tu peux l'emmener, s'il te plaît ? demande Kevin, embarrassé.
— Attends, tu vois bien dans quel état il est ? C'est à peine s'il se rappelle de notre adresse.
— J'ai qu'un seul fils ici et c'est Pacha !
Elle lui fait un signe de tête en direction de Florent comme pour lui dire : « Tu vois ? J'te l'avais dit ».
— Sauf que j'arrive pas à la faire partir.
— Comment ça ? C'est pas ta mère ?
— Bah non, pourquoi vous pensez que c'est maman ? C'est pas parce que je parle d'une vieille que c'est forcément elle.
— Oh, s'étonne Maya en arquant un sourcil. Autant pour moi. Mais c'est qui, alors ?
— Aucune idée. Je l'ai jamais vu et elle a l'air très remonté.
— Dans quel sens ?
— Dans le sens où elle ne partira pas d'ici tant qu'elle n'aura pas vu papa.
— Mais... balbutie Maya en tournant le regard sur son homme, gisant sur le sol.
Elle lâche un profond soupir et tente de relever Florent du mieux que son petit corps d'un mètre soixante le peut.
— Dit-lui de s'asseoir et propose-lui de quoi manger. J'arrive.
***
Pour ne pas croiser la dame dans le couloir, Maya devait faire avec les moyens du bord afin de donner une allure des plus présentables possible à Florent avec ce qui se trouvait dans la salle de bain.
Elle lui mouille la tête au mois trois fois dans le lavabo pour masquer son visage fatigué et lui brosse les dents avec l'espoir d'ôter l'odeur de vomi qui lui gangrénait l'haleine. Par chance, des lunettes de soleil dormaient dans l'une des commodes face au lavabo. Vu leurs contours grossiers et arrondis, elles devaient forcément appartenir à Carine mais qu'importe, tant qu'elle cachait les yeux boursoufflés de Florent.
Elle les échange avec ses véritables lunettes de vue mais comprend très vite que la tâche ne sera pas évidente lorsqu'il essaye de prendre la porte et se bute la tête contre le mur d'à côté.
Tout en maintenant Florent loin de la porte – comme un objet – Maya abaisse aussi lentement que possible la poignée. Derrière ses pas de chats, Florent ne dit rien et semble avoir prit sommeil. Il ronfle dans son dos au pire moment : celui où elle tente de passer le couloir et faire bonne impression.
La mégère qui l'attend sur son canapé tient une tasse de thé avec l'index en l'air, un peu comme les gens de la haute royauté anglaise. Mais le pire restait la lueur démoniaque qui respirait dans ses petits yeux.
— Bonsoir, Florent.
— Bonsoir, Carine.
Maya lui donne une tape sur le dos en espérant que cela lui redonnerait les idées claires. Kevin, gêné de la présence de la dame, trouva préférable de courir s'enfermer dans sa chambre en profitant du fait que Maya venait de débarquer dans le salon. Une chose était sûre : il n'allait clairement pas se masturber, elle ôtait toute atmosphère aphrodisiaque au sein de la maison par l'aura occulte qu'elle dégageait.
— Je suppose que tu mènes la belle depuis ton... Out Opus, là.
— Super ! À donf ! On est sorti boire un bon coup, au bar Caramel avec les frangins.
— Oui, oui, répond la vieille dame d'un air évasif. Puisque ce sont tes « frangins », comme tu le dis si bien, je suppose que tu n'auras aucun mal à aider l'un d'entre eux.
— Hein, comment ça ? Il faut donner la pension à Pacha !
— En parlant d'argent, Florent, il faut que tu fasses un prêt.
— Un prêt ? s'étonnent Florent et Maya, en chœur. Pourquoi faire ?
— J'en ai marre de Lucien ! hurle la vieille dame en fessant la tasse sur la petite table en bois qui prenait le centre du salon. Ça fait des années que je suis derrière lui, comme ça !
— Il arrive pas à gérer des meufs, hoquète l'autre ivrogne.
— Il n'arrive pas non plus à payer un loyer. J'ai fais exprès de quitter ma maison après que mes enfants soient partis et il m'a quand même suivi dans mon studio ! Il n'arrive pas à acheter de quoi manger, ni payer les factures, ni être une seule fois au vert sur son compte en banque.
Florent se met à rire, pour le peu de chose qu'il comprend de la bouche de Yolande, mais est très vite rattrapé par la réalité lorsqu'elle lui lance son plus mauvais regard.
— Tu oses te moquer de moi, espèce de malappris ! C'est de ta faute si Lucien ne cesse de dépenser dans des conneries !
— Et tu veux que je fasse quoi ? Une prière au bon vieux Dieu pour lui demander de bénir Lucien ?
— Une prière de un million d'euros serait bien mieux que toutes les fois où tu vas te mettre à genoux pour prier dans le vent. On sait très bien que Dieu ne va jamais t'écouter et surtout pas pour un idiot comme mon frère.
— Quoi ?! s'étrangle Florent, à deux doigts de vomir sur la dame.
Il se retient de déglutir et racle sa gorge en espérant ne pas vomir sur Yolande.
— Un million ? Mais où je trouve un million ?
— Je sais pas moi, peut-être dans la fortune que les Cerf t'ont donné à la vente aux enchères. Tu n'es pas assez stupide pour tout dépenser, je te connais par cœur.
— Justement, dit lui de faire comme moi : économiser.
— Tu ne réalise pas toutes les conneries que Lucien trafique... soupire Yolande. La dernière fois qu'il a économisé, tout l'argent est parti le mois d'après dans l'abonnement Onlyfans d'une fille qu'il ne connaît ni d'Adam ni d'Ève.
— Rooh ! Mais Yolande, c'est encore un petit garçon, Lucien.
— La faute à qui ? Depuis que vous connais, toi et ta bande de compères, vous avez dégradé mon petit frère !
— Eh, eh, eh ! Moi je l'ai toujours encouragé à brouter du gazon. C'est Léo qui se moque de lui tout le temps.
— Justement, c'est bien ça le problème ! On sait que toi et Léo, vous êtes des véritables chiens sans vergognes mais mon petit Lucien, il est juste innocent et essaye de faire du mieux qu'il peut pour montrer à tout le monde qu'il a des crocs.
— Je préfère le terme de lion. D'après un quizz sur internet, j'ai appris que c'était mon animal totem. Il me ressemble sur pas mal de point, d'ailleurs.
— Je m'en fiche de ton quizz, que nenni ! s'énerve brusquement la dame en tapant du poing sur la table.
— Tu devrais éviter de faire ce genre de folies. Ton arthrose ne va pas te le pardonner, ça.
— J'en ai rien à foutre ! s'énerve Yolande. Si je dois mourir pour que tu te décides à donner cet argent à Lucien, je le ferais.
— Wow, je te trouve un peu extrême, quand même.
— Avec tous les maux de têtes que ce parasite me donne depuis qu'il s'est greffé à moi, j'espérais au moins contracter un cancer qui aurait la générosité de m'achever.
— Voyons, voyons, qu'est-ce que dirais vos enfants. Vous en avez quand même quatre.
— À cause de toi, j'en ai cinq et le dernier n'est pas prêt de partir.
Les paroles de Yolande avaient le même effet qu'un coup de barre administré par une subite gueule de bois. Si bien que Florent arrivait à retrouver le tunnel de la lucidité dans son théâtre d'ébriété.
— Bon... c'est d'accord ! finit-il par lâcher en laissant tomber ses bras.
Yolande reste bouche bée. On voyait les étincelles briller dans ses petits yeux émaciés. Pensait-elle peut-être que tirer les verres du nez de Florent aurait été plus compliqué. Maya lance un regard noir à Florent.
— Bébé, t'es sûr de toi ?
— Je connais la sœur de Lucien et crois-moi qu'on avait déjà perdu d'avance. Quand elle veut quelque chose, il est rare qu'elle se mette à abandonner.
— Pour le coup, elle aurait vraiment dû attraper ce fichu cancer, marmonne Maya.
Même la petite abeille ne s'entendait plus jurer. La voix de Yolande recouvrait toute la maison et le Morne Manicou tout entier connaissait désormais son nom. La vieille dame pose une main sur son cœur puis s'agenouille sur le sol. Pacha, qui ne comprend pas d'où cette inconnu a bien pu débarquer, se met à renifler son sac à main et mâchouiller ses chaussures.
— Ô Seigneur, que tu es grand !
— Euh, je crois que c'est plutôt moi que tu devrais re...
— Permets à Lucien de payer toutes ses dettes, Seigneur ! Ô Seigneur, j'espère de tout cœur que mon abruti de frère saisira ce pain béni que tu lui donne et qu'il deviendra enfin un homme, qu'il quittera enfin ma maison...
Pendant que Yolande priait à voix haute, Florent attrapa l'une de ses statuettes de Boudha et lui boucha les oreilles. Il ne voulait pas semer la jalousie au sein de sa religion au profit de la sienne.
— Ne t'inquiètes pas, mon bébé, elle ne fait que réciter une vulgaire poésie dans le vent. Considère qu'elle est folle, murmurait Florent en bordant la statuette blottit contre lui comme s'il s'était agit d'un nourrisson.
Quand tout fut fini, que la prière et son péril eut cessé de traquer sa menace obscure, Florent observa Yolande se lever et prendre la porte sans dire au revoir. Elle s'arrêta juste au pas de la porte, ce que Maya prit d'abord pour un élan de politesse en s'attendant à un « Merci ».
— Au fait, tu connais l'adresse ?
— Euh, ouais, je crois.
— Super, tu sais où envoyer le chèque, alors.
Et elle disparut dans le crépuscule de la nuit. On entendait seulement le grondement de sa Peugeot 108 détonner dans l'allée qui parcourait la route du Morne Manicou.
— Si je pensais qu'une autre vieille peau que Carine en aurait après mon fric, j'aurais vraiment essayé de détourner mes fonds un peu plus vite que ça, soupire Florent en se rendant compte dans la bourde dans laquelle il s'était empêtré.
— Ton Lucien, là, j'espère qu'il va vraiment gérer.
— Le connaissant, je viens de perdre bêtement mon argent. Mais bon, Bob me le rendra.
— Je ne te savais pas aussi croyant, continue Maya avec une pointe de sarcasme.
— Tais-toi, j'essaye de me rassurer comme je peux.
— En attendant, je vais supplier l'un de mes moneyslaves de me faire un virement. Si les gens commencent à te demander un million à chaque fois, comme ça, on va finir par manger que des pâtes et j'ai pas envie de ça.
— Mais attend, ma petite abeille, tu vas où ?
— À l'hôtel avec Léa, cette histoire m'a gonflé et j'ai vraiment besoin de manger de la langouste au bord d'une piscine.
À SUIVRE...
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