Saison 1 - Épisode 17 : Chère Zazou (partie 2/3)

  Bien que Johan s'était juré de ne plus jamais prononcer son nom, il l'avait toujours qui résonnait dans sa tête et les images de ses petons ressortaient à chaque fois qu'il fermait l'œil.

  Cette fois-ci, il la voyait sur la plage, en train de regarder le Joyau d'Améthyste. Un verre de cocktail à la main tandis qu'il... était en train de lui masser les pieds. Un spectre qui ressemblait à Florent Bonos, le père de Kevin, venait le tourmenter avec cette petite phrase qui résonne comme un écho : « OH, LE CON ! »

  — Argh !

  Les palpitations le réveillent du rêve. Des auréoles s'étaient formées sur son t-shirt gris et une mare de sueur lui colle au dos. Johan garde les yeux à demi-fermés pendant qu'une silhouette ne cesse de roder devant sa chambre. Il le sait à l'ombre qui danse sur le plancher et s'étire sous la fente de la porte.

  — Johan ! Ouvre, s'il te plaît !

  Il râle un bon coup avant de sortir du lit. Sa démarche trainante prend cinq minutes à se mettre en action. Johan tourne la serrure et tombe sur sa mère.

  — Quoi, encore ?

  — Comment ça « encore » ? Je ne t'ai pas vu de la matinée.

  — Et c'est déjà suffisant pour m'emmerder.

  — Qu'est-ce que tu peux être malpoli, quand tu t'y mets.

  Il marmonne pour lui signifier d'abroger ses remarques et d'aller droit au but.

  — Ta tante me demande pourquoi tu n'es pas revenu cette semaine pour la fête qu'elle avait organisé avant de quitter la villa...

  — Forcément, répond Johan d'un long soupir. J'la voyais venir, cette question...

  — Alors ?

  — Déjà, son dress-code à la con en mode « tout en blanc », c'est pas mon délire. Ça, c'est un bail pour que je me salisse et ça m'arrive toujours dans ce genre de merdes. Ensuite, j'avais pas envie de revoir... de...

  Le visage de Ysaleene se dessinait dans son esprit mais il ne tenait pas à mettre un énième doute sur la conscience de sa mère. Il la savait extrêmement fouine, si l'occasion de s'immiscer dans sa vie privée se présentait. Chose qu'il ne retrouve d'ailleurs pas chez son père et qu'il apprécie fortement.

  — L'ambiance. L'ambiance de la dernière fois était grave chiant à mourir. Ça... ça m'a pas intéressé d'y retourner. Surtout que j'avais pleins de trucs de prévus avec...

  — Kevin, Dylan et Régis ! Je sais, tu le répètes tout le temps.

  — Heureux que ça te déplaise, maman. Je suis plus un petit garçon et j'ai ma vie, moi aussi.

  — Là n'est pas la question, Johan. Je t'ai demandé de m'accompagner à cette fête juste pour une misérable journée. Crois-moi qu'elle ne va pas te lâcher comme ça, tu dois mal connaître ta tante. Ça fait très longtemps qu'elle ne t'avais pas vu et telle que je la connais, le peu de temps que tu as passé avec eux ne lui a pas suffi.

  — Je vois pas ce qu'elle pourrait me faire, rigole Johan et décidant de s'asseoir sur son lit. M'enlever, peut-être ?

  Yves-Lise hausse des sourcils sur lui et commence à tourner les talons.

  — Si je peux te donner un conseil, ça serait de commencer à préparer tes affaires.

  — Hein, comment ça ?! s'étrangle Johan.

  — Tu verras bien, glousse sa mère en longeant le couloir.

  « Bordel, elle serait capable de me forcer à venir chez elle ?! À ce rythme-là, c'est clairement un kidnapping » pense Johan en essayant de se dire que tout ça était complètement stupide.

  Il n'allait rien préparer du tout – parce qu'il savait que rien n'allait se passer – puis quitterait son domicile pour aller manger un Pallo dans la ville avec ses amis, comme à son habitude depuis le début des vacances d'été. Il n'y avait strictement pas de quoi s'inquiéter.

***

  Johan est un fervent fan d'Ariana Grande. Du moins, les seules fois où il tend à l'assumer est lorsqu'il se retrouve sous la douche, comme à ce moment précis où il se met à chanter tous les morceaux de Positions.

  Sauf que cette fois-ci, la chanteuse stoppe sa prestation avant d'arriver jusqu'au tant attendu 34+35. Johan tire le rideau de douche et constate qu'elle est interrompue par une sonnerie. Le portable, posé la cuvette des toilettes, manque de s'écraser au sol, entraîné par le mode vibreur jusqu'à ce qu'il tende une main suffisamment longue pour l'attraper.

  — Allô ! rugit-il derrière le combiné.

  — Saluuuuuttt, tu sais c'est qui ?

  Il lâche le pommeau qui tombe à ses pieds, laissant le jet lui inonder le visage sans même ciller des yeux. Comment oublier cette voix ? Johan, bouche bée, essaye de comprendre s'il dormait encore dans l'un de ses cauchemars pittoresques. À vrai dire, personne avant cet appel, n'avait jamais osé interrompre une chanson de Ariana Grande.

  — J'espère que t'as pas oublié de me prendre ma chaîne de cheville.

  — Qu'est-ce que ça peut te faire ? On est pas prêt de se voir.

  — C'est pas ce que ma mère m'a dit.

  — Comment ça ?

  — On vient te chercher ce soir. Tatie Yves-Lise ne t'as rien dit ?

  — Oui, mais je m'en fiche. Il est hors de question que je vienne.

  — Pourquoi t'es aussi froid ? Ça devrait te faire plaisir, non ? Toi et moi, dans ma maison...

  — Je préfère ne pas y penser ! balbutie Johan.

  — T'es pas obligé d'être agressif. Ça va bien se passer, t'as pas à t'en faire.

  — Je... j'en sais rien.

  — Tu sais, si je voulais vraiment te provoquer des ennuis, j'en aurais parlé à Enzo et Jarvis.

  — Ah... ah ouais ? Pourtant, ils ont l'air assez sympa.

  — Ils t'auraient défoncé sans pitié. Comme une piñata.

  — Oh, le bordel.

  Ysaleene s'étouffe de rire dans le combiné.

  — Parce que ça te fait rire, en plus ?!

  — Depuis que je t'ai rencontré, je dois admettre que je me suis pas ennuyée. Ça rajoute un peu de piment à mes vacances...

  — Fais attention, t'es quasiment en train de parler comme une vieille, là.

  — En parlant de ça...

  — Seigneur...

  — Tu t'en es remis ?

  — Que tu sois une sale gosse ? Bien sûr, menti Johan.

  — T'es drôle, toi ! rigole Zazou. Tu veux que je te confie un secret ?

  — J'ai le droit de dire non ?

  — C'était une question théorique, en fait.

  — On dit « rhétorique », pas « théorique ».

  — Ouais, ouais ! On s'en bas les couilles !

  Johan ferme les yeux pour se concentrer uniquement sur le son de la voix qui le portait derrière le portable.

  — Ok... je suis encore vierge.

  Johan écarquille des yeux et manque de déglutir avec difficulté. Il s'agrippe au lavabo au cas où l'accident se produirait tout en mirant une face décontenancé dans le miroir.

  — Et alors ? Pourquoi tu me dis ça ?

  Sa phrase semblait respirer l'assurance, mais il pouvait sentir son rythme cardiaque s'emballer et ses mains devenir moites.

  — Je sais pas, lance Ysaleene d'une voix claironnante. Je pensais que ça te ferait plaisir de le savoir. Peut-être que tu serais tenté de changer d'avis et venir à la maison, maintenant ?

  Le type qui l'observait dans le miroir tente de réprimer un spasme sur sa tempe. En réalité, il luttait contre lui-même. Cette petite voix qui lui hurlait de sauter au cou de Zazou, de lui dire qu'il serait le premier et qu'il était honoré de le savoir. Mais Dylan apparaissait sous la forme d'un spectre sur son épaule. Il avait la même tenu qu'un des apôtres de Jésus, et l'auréole qui planait au-dessus de sa tête lui allait si bien.

  Johan se mord la lèvre inférieure et prend une inspiration – hachée, que Ysaleene prend en compte comme un aveu de faiblesse, pensant l'avoir définitivement déstabilisé.

  — Écoute, Ysaleene. Je sais que j'ai été un peu con, la dernière fois qu'on s'est vu. Mais tout ce que j'ai fait, c'était une erreur.

  — Comment ça ? Tu parles des photos ?

  — Pas seulement les photos, ce que j'ai pensé quand je t'ai vu, ce que j'ai ressenti... Tout ça, c'était complètement stupide. Et puis, quand j'ai appris que t'avais quinze ans, c'était vraiment la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

  — Attends, tu veux dire quoi par-là ? Qu'tu veux pas d'moi ?!

  — C'est un peu ça. Comprends-moi, Zazou, quelle gueule j'aurais si mes potes apprenaient que je suis en kiffe sur une gamine ?

  — C'est Ysaleene, pour toi, maintenant.

  — Jure, tu me fais la gueule pour ça ?

  Sans même qu'il ait le temps de se justifier davantage, il entend la voix de la jeune fille se couper.

  — J'y crois pas, elle m'a raccroché au nez, là ?!

  Pendant que shut up se lance, Johan mouille son visage et se regarde dans le miroir. Même si la situation l'embarrassait, il savait qu'il y aurait plus de quoi se reprocher quoique ce soit.

***

  — Je te déteste. Mes doutes sur le fait que papa et maman t'ont repêché dans une poubelle se confirment de jour en jour.

  — Ferme-là et sors de ma voiture, maintenant ! Si tu ne voulais pas te retrouver dans ce genre de situations, t'avais qu'à venir à la villa plus souvent.

  Mélanie démarre le moteur. L'odeur d'essence laisse une sensation de gêne dans la gorge de son petit frère pendant qu'il s'étouffe avec.

  — Par pitié, ne m'oublie pas ! Tu dois venir me chercher ici dans trois jours.

  — C'est la quatrième fois que tu me le répètes depuis ce matin ! Oui, j'ai compris, Johan !

  — Trois jours, pas un de plus ! Retiens bien ça !

  Sa sœur souffle avant d'enclencher la première. La voiture quitte le trottoir d'une résidence privée et s'enfonce vers le portail. Les phares commencent à se dissiper derrière la barrière blanche, bientôt engloutie par la grande haie qui encadre la structure de la résidence.

  Lorsqu'il fait volte-face, Johan sursaute en voyant le sourire de sa tante briller dans le crépuscule. Ses dents étaient peut-être la seule source de lumière vacante des environs jusqu'à ce qu'il se décide à la suivre jusqu'au grenier.

  Éclairé par une faible lumière qui grésillait au plafond, le grenier reste sous la surveillance d'un staff américain du nom de Bully. Johan comprend qu'il porte très bien son nom lorsque la bête lui saute dessus, le faisant tomber à la renverse. Il suffirait de l'absence d'un simple mot de la part de tante Coralie pour que la bête de quarante centimètres de haut et dix-sept kilos lui croque le crâne comme un Maltesers.

  Pendant que Johan se relève en essuyant les filaments de bave qui pendaient à son col, une ombre descend depuis le haut des escaliers. Ses yeux se révulsent lorsqu'ils entrent en contact avec le verni blanc des orteils qui déboulent.

  — Ah, c'est toi.

  Le timbre de sa voix devient monocorde. Aucune expression ne préfigure son visage. Ysaleene semble comme être éteinte de l'intérieur.

  — Sa-salut, Zazou ! s'écrie Johan en s'approchant d'elle.

  La fille remonte deux marches pour l'éviter en poussant un frisson d'effroi.

  — Eurk ! T'allais vraiment me toucher avec la bave du chien sur ton t-shirt ?

  — Ysaleene ! gronde sa mère dans le dos de Johan.

  — Au fait, maman. Je suis descendue juste pour te prévenir que Jordan est avec moi en haut.

  — Jordan ? s'étonne tante Coralie. Je ne me rappelle pas t'avoir autorisé à l'inviter ici...

  — Il est venu jusqu'à Cap-Pilote en vélo à cause de sa compétition de football. On peut pas le laisser repartir aussi tard, tu comprends, chère maman ? Et puis, je te rappelle qu'il y a un couvre-feu dans toute la ville...

  Coralie laisse un ricanement s'échapper de son sourire en coin. Bien qu'elle incline le visage au sol tout en secouant la tête, elle tente de garder son sérieux.

  — Foutu préfet de merde... murmure-t-elle dans son coin avant de relever la tête. T'as bien joué ton coup, pour cette fois... il peut rester dormir.

  Ysaleene tente de ne pas sauter de joie, mais la façon dont elle cambre ses pieds trahissent sa retenue. Bien sûr, Johan était le seul à le remarquer.

  « Jordan ? C'est qui encore, celui-là ? »

  Son intuition – et sa tante qui le presse par derrière – l'oblige à monter les escaliers, juste derrière les pieds nus de Zazou qu'il se retenait de regarder fixement.

  En passant une porte bancale, qui menait au salon, Johan est brusquement arrêté par un homme qui faisait deux fois sa taille. Il n'avait pas l'air plus enthousiaste que ça et semblait ne pas avoir remarqué la présence du garçon. Il marche d'un air machinale jusqu'au canapé, les yeux rivés sur le journal qu'il tient dans une main, un stylo dans l'autre.

  — Papa, maman a dit oui !

  — Luna, c'est l'heure du tiercé. Évite de déconcentrer papa.

  — Euh, papa, c'est moi, Ysaleene...

  — Chuuuuttt !

  Elle lève les sourcils et lâche un soupir. Johan reste cramponné à ses semelles sans savoir s'il déranger le monsieur pour lui adresser un bonsoir en valait la peine.

  — Chérie, Johan est arrivé ! annonce sa tante juste derrière lui.

  Soudain, l'homme qui tenait le journal le rabat en deux et se tourne lentement sur le jeune homme. Une sensation étrange s'installe en Johan. Il se sent comme « traqué » dans l'âme.

  — Tu es bien le fils de Yves-Lise, c'est ça ?

  — O-oui, monsieur.

  — Monsieur ? Ah, ah, ah ! Il est marrant ! Appelle-moi « tonton Léon » ou « oncle Léon », c'est toi qui voit.

  Son visage suspicieux s'était détenu, Johan dégage la bouffée d'air qui était restée coincée dans sa poitrine.

  — Ysaleene, sois gentille et emmène ses affaires dans ta chambre.

  — Attends, mais papa...

  — Oui ?

  — Jordan doit passer, ce soir. Où est-ce qu'il va dormir ?

  — Sur le canapé, comme tout bon invité qui se ramène à l'improviste.

  — Attends, t'es sérieux, là ?

  — Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne comptais quand même pas laisser ton cousin dormir seul dans le salon ? La famille avant tout, n'est-ce pas ? demande-t-il à sa femme d'un ton claironnant.

  « Je vais... dormir dans sa chambre... avec elle ? »

  Ysaleene souffle et marche bruyamment jusqu'à Johan – la façon dont elle tapait du pied sur la moquette avait le don de l'émoustiller mais il se contenait. Elle sent bon. Lorsqu'elle se baisse pour prendre ses affaires, l'odeur des fruits rouges s'échappent de ses cheveux quand ils viennent légèrement fouetter le visage de Johan par son mouvement de nuque.

  — En monte les marches deux par deux, ça va te muscler un peu les jambes ! lui hurle son père d'un ton goguenard.

  — Fiche-moi la paix ! gronde Ysaleene tandis que ses pas deviennent de plus en plus rapide à mesure qu'elle s'enfonce dans le premier étage.

  Quand elle se dirige enfin dans le couloir de sa chambre, oncle Léon se met à rire et pose une main sur son nouveau neveu.

  — Mon garçon, tu ne pouvais mieux tomber. Il est hors de question que ce petit enculé dorme dans la chambre de ma fille.

  L'information avait du mal à monter au cerveau de Johan jusqu'à ce qu'il entende quelqu'un frapper à la porte. Le toc reste assez fort pour qu'on puisse l'entendre depuis le salon mais suffisamment doux pour ne pas qu'il se mette à sursauter.

  — Bonsoir, monsieur Choufleur... si c'est bien comme ça que ça se prononce.

  Johan n'arrive pas à le voir à cause de son oncle qui venait de se poster devant la porte avec les bras croisés, mais à la simple écoute de sa voix grave, il sentait que ce n'était pas un petit bout de personne. Il cherche à adopter un air de « gentil petit garçon bien éduqué » devant le père de Ysaleene, mais ça ne sert à rien.

  « Qu'est-ce qu'il fait ici, d'abord ? Pourquoi ses parents ne viennent pas le chercher ? » pense Johan en se mordant les lèvres pour essayer de garder ses commentaires pour lui. De toute les façons, il se sentait à l'aise en sachant que le père de Ysaleene devait probablement se demander la même chose que lui.

  — Jordan, Jordan, Jordan... souffle l'homme d'une voix presque monotone.

  Il gravite autour du garçon qui venait de se présenter à son palier, un peu comme une sorte d'âme errante qui cherchait à faire peur. Le méchant flic de l'interrogatoire attendant la moindre faille de la part de son suspect.

  Johan tourne le visage pour observer le garçon, maintenant que l'oncle Léon laissait le champ libre. L'air vient se couper dans sa trachée. Quand il pose ses yeux sur le jeune homme, une chose l'étrangle. Cette force le prend aux tripes et il sent une subite sensation qui lui ordonne de vomir dans les toilettes.

  « Bordel de merde... ce type... »

  Il est tatoué, piercé, tout ce que Johan redoutait du cliché typique du bad boy digne des comédies romantiques pour adolescentes ou encore des histoires bateaux qu'on pouvait trouver sur internet écrites par des pucelles de quatorze ans. Mais, il y a un détail qui le trouble. Un détail suffisamment effrayant pour que le garçon se demande s'il n'était pas en train de rêver.

  « Il me ressemble ! »

  — Je suis vraiment désolé de venir vous déranger chez vous, disait le garçon qui n'avait pas l'air désolé.

  — Ne t'en fais pas. C'est le couvre-feu, après tout. Les gens qui trainent dans la ville à cette heure-là ne sont pas très recommandable et il faudrait mieux pour toi que tu ne tombes pas sur eux.

  — Vous avez raison, monsieur Choufleur.

  Alors que Johan s'approchait pour mieux observer le type qui venait de débarquer, un bruit se grouille dans le plafond. Il tambourine jusqu'aux escaliers quand une paire de pieds détale dans le salon. Ysaleene arrive devant eux.

  Jamais Johan ne l'avait vu aussi dépourvu de ses moyens. La jeune fille, appuyée sur ses genoux, pousse quelques halètements tout en plongeant son regard dans le celui de Jordan.

  « Qu'est-ce qui se passe entre eux ? »

  L'oncle Léon place son bras au-dessus de ses épaules et commence à le blottir contre lui.

  — Maintenant que j'y pense, ma fille nous a dit que tu venais tout juste de sortir d'une compétition. Tu dois avoir sacrément faim !

  — Euh, ça va aller, monsieur Choufleur.

  — Roh, il ne faut pas te gêner, tu sais ? À ton âge, vous mangez comme des ogres et c'est bien normal. Et vu ton gabarit, tu ne dois pas déroger à la règle ! s'exclame Léon avant de lui assigner une petite tape dans le dos. Chérie, dit-il en se tournant vers tante Coralie. Sers un bol de pâté en pot au petit !

  — Allez, suis-moi ! La salle à manger, c'est par ici !

  Il ne laisse pas le choix à Jordan. L'oncle Léon lui attrape les bras et le traîne juste devant lui. Les deux adolescents ont juste eu le temps de se faire un signe de la main avant de se quitter.

  — J'oubliais... Ysaleene !

  — Quoi, encore ?!

  — Montre à Johan où est la chambre. J'espère que c'est pas trop te demander ?

  — Bien sûr que non, mon cher père ! sourit nerveusement la jeune fille.

  Soudain, le cœur de Johan s'arrête quand il sent quelque chose de doux lui effleurer la main. C'était celle de Zazou, ornée du verni blanc qui revêtait ses pieds, elle lui lacère la paume avant de l'emmener dans les escaliers.

  — Suis-moi, toi ! souffle-t-elle.

  Johan manque de trébucher sur la première marche tellement Zazou marchait vite devant lui. Un travail mental s'exerçait pour ne pas que son regard croise le postérieur de la fille, mais c'était mission impossible dans les escaliers au vu de sa hauteur. Il ne voyait que ça et heureusement que l'oncle Léon ne le voyait pas du tout, quant à lui.

  — Écoute, Ysaleene, je sais que tu m'en veux...

  — Ferme-là, j'ai pas envie de te parler.

  — Ce que j'ai dit au téléphone, c'était pas du tout pour te vexer. Je voulais juste que tu comprennes que...

  — Mais bordel, c'est quand que tu vas la fermer ?!

  Elle s'arrête au moment où ils arrivent dans le couloir du premier étage. Pour la première fois, elle se tourne face à lui et approche son visage du sien.

  Désemparé, Johan n'arrive pas à soutenir le regard, et, comme s'il avait prévu cette éventualité, se met à fouiller dans sa poche en penchant son visage vers le plafond.

  — Au fait, j'ai quelque chose pour toi...

  Elle fronce des sourcils et recule d'un pas. Johan sort sa main de la poche et lui tend son poing.

  — C'est bien ce que tu m'avais demandé, non ?

  L'adolescente reste bouche bée. Quand Johan se décide à ouvrir la main, c'est une chaîne de cheville en or qui se love dans le creux de sa paume.

  — Wow ! Alors là, t'as fait fort, sugar daddy.

  Le visage sans âme que Zazou essayait de maintenir face à lui commençait à laisser échapper un timide sourire sur les côtés.

  Elle attrape le col de son polo avant de le pousser au sol. Johan, bouche bée, tombe sur les fesses. Désormais assis devant elle, le garçon sent l'ombre de la jeune fille planer sur lui. Face à son regard, les jambes de Zazou s'avancent. Bientôt, la chose qu'il tenait à éviter lui fait face.

  Elle tend sa jambe de suffisamment près pour qu'il arrive à sentir les orteils de la fille lui chatouiller la cuisse. Elle pose son pied sur sa jambe, glissant d'une posture cambrée à quelques centimètres de son entrejambe. Et son verni, ce putain de verni blanc s'enfonce dans le tissus de son bermuda, réduisant les plis du vêtement à néant.

  — Ysaleene, mais qu'est-ce que tu fais...

  — Mets-la moi. La chaîne.

  — Qu-quoi ?

  — Je veux que tu la mettes.

  — M-mais, il y a des gens autour de nous, on est pas seul ! A-arrête, s'il te plaît...

  — Ah oui ? Ça te gêne que mes parents te voit m'offrir un bijou de pied ? Je trouve ça mignon, moi.

  — C'est très suspect, au contraire !

  — Tu n'as qu'à te dépêcher, alors...

  Elle fait des cercles sur sa cuisse avec son orteil, Johan ne sait pas si elle est motivée par le fait de le stimuler ou de le dépêcher. Le garçon essaye d'ouvrir le petit étui avant de passer la chaîne autour de la cheville de Zazou.

  — Oh... bordel... halète le garçon.

  Ses mains tremblent, CLACK. L'étui se resserre et glisse sur son pouce avant qu'il n'ait le temps de condamner le fermoir dans la chaîne. Johan doit recommencer.

  — Plus vite, cousin, plus vite... Je commence à perdre patience.

  « Par pitié, Ysaleene, ne fais pas ça »

  À mesure qu'il prenait du temps à débloquer le fermoir, les orteils de la jeune fille grouillaient de quelques centimètres supplémentaires en direction de son entrejambe. Le garçon, penché comme un chien sur sa jambe, attrape son mollet et tente d'ouvrir le fermoir en pinçant la gâchette avec son pouce et son index.

  — Ô Seigneur !

  Un frisson lui parcourt le corps tandis qu'un ricanement s'échappe des lèvres de l'autre. Il est perturbé par la sensation qui lui caresse l'entrejambe. Une bosse s'était formée au beau milieu de son bermuda, et le pied d'Ysaleene vient l'écraser avec ses orteils, le presser jusqu'à ce que Johan se mette à gémir.

  — J'arriverai jamais à comprendre ce délire de fétichiste, mais c'est vraiment amusant.

  — Ysaleene... je t'en supplie...

  — Ça t'excites, hein ? On dirait que tu n'as pas l'habitude de te faire branler le kiki avec des pieds... c'est ta première fois ?

  — Ça... ne te regardes pas...

  — À part moi, qui sait que tu es fétichiste ?

  — Qu'est-ce que ça peut te faire ?

  — Je peux garder le secret jusqu'au tombeau, si tu es gentil.

  — Si ton père apprend ce qu'on est en train de faire, je suis mort.

  — Justement, t'es déjà dans la merde. Alors dis-moi tout ce que je veux savoir. Tu n'as pas d'autre choix que de me faire confiance.

  Le mouvement s'accélère. Bientôt, elle coince la bosse qui palpite avec le gros pouce et le second orteil. Johan se mord la lèvre si fort qu'il manque de se la couper, n'ayant d'autre alternatives pour calmer l'excitation qui brulait en lui.

  Le monstre, malgré tout la bonne volonté de son hôte, commence à se réveiller.

  — AAAAAHHHH... bordel...

  — Allez, Johan... dépêche-toi d'accrocher cette foutue chaîne à ma cheville !

  Ses yeux convulsent, il n'arrive pas à poser son attention sur le bijou qui repose dans sa main. Johan secoue sa tête, bien qu'il sente une pression remonter jusqu'à son gourdin, bien qu'il sente que le pétard n'allait pas tarder à exploser, le garçon pince à nouveau la gâchette et bloque sa respiration pour ne pas trembler quand il passe la chaîne en or autour de sa cheville.

  — Putain de merde ! souffle Johan.

  Dans un soupir profond, il bascule la tête en arrière et se lâche sur le sol. Alors qu'il tente de récupérer sa respiration normale, il essuie la sueur qui perle sur son front et fixe le plafond d'un regard épuisé.

  — Bah tu vois que c'était pas compliqué.

  — Pourquoi... tu m'as... fait ça...

  — Et tu as de la chance, il y a quelqu'un qui arrive.

  Une porte grince avant de claquer pendant que des pas se hâtent dans leurs directions. Johan essaye de tourner la tête mais n'en trouve pas la force. Soudain, un petit visage rond lui apparaît devant le nez, le bout de ses longs cheveux ondulés lui chatouillait les joues.

  — Jojo ! s'écrie Luna en sautillant autour de sa dépouille.

  — Sa... salut, petite, répond Johan avec un sourire forcé.

  — Tu devais pas être au lit, toi ? demande Ysaleene.

  Luna fait comme si sa sœur n'était pas là et s'accroupit à la hauteur du garçon. Elle pose sa girafe en peluche sur son ventre avant de se pencher à son visage. Johan arrivait à distinguer les résidu de chocolat sur ses lèvres quand elle prenait la parole.

  — Qu'est-ce que tu fais ici ?

  — Eh... eh, bah... comme tu vois, tes parents m'ont demandé de venir vous voir alors... alors je suis venu.

  Elle commence à rire brusquement après que son regard se soit penché sur son bermuda.

  — Tu t'es fait pipi dessus ?

  Zazou lui lance un regard amusé et tourne la tête pour éviter de rire devant eux.

  — E-euh... oui... on va dire ça.

  — ... tu devrais être contente, il dort à la maison, ce soir, ajoute Ysaleene comme pour l'exempter des explications farfelues qu'il devrait donner à la petite fille.

  Avant qu'il n'ait le temps de finir sa phrase, la petite Luna se met à bondir dans le couloir. Bientôt, elle s'agite autour de lui en chantonnant comme les gosses de son âge le faisait si bien.

  — Jojo dors avec nous, Jojo dors avec nooouuusss, Jojo dors avec nooooouuusss !!!

  Ysaleene lève les yeux au-ciel avant de plaquer ses mains contre sa bouche dans l'espoir de l'étouffer. Elle lui mord les doigts et tourne s'asseoir à côté de Johan.

  — Viens dans ma chambre, on va jouer à la dinette !

  — Tu joueras demain, la corrige Ysaleene. Tu devrais déjà être au lit, à cette heure.

  — Non, je veux que Johan dort avec moi !

  — Apprend à parler correctement, après on verra.

  Ça y est, Luna reprend le visage ronchon avec lequel Johan avait fait sa connaissance. Elle croise les bras et marche en tapant du pied jusqu'à sa sœur.

  Avant que Zazou n'ait le temps de la conduire jusqu'à sa chambre, Luna lui donne un coup de girafe dans le tibia – avec la partie en plastique, pour être sûr qu'elle se soit fait mal – puis déboule dans les escaliers en hurlant son père.

  — Mais qu'est-ce qui se passe, ici ?! gronde son père.

  Luna cours s'asseoir sur les jambes de son père pour éviter le courroux de sa sœur et se blottit contre lui.

  — Zazou veut me tuer, papa ! Au secours !

  — Attends un peu, petite peste...

  — Qu'est-ce que tu as dit ?

  — Rien, papa ! sourit Ysaleene avec un grand sourire.

  Elle prend place sur une chaise en face de celle de son père, là où sa petite sœur faisait semblant de s'endormir pour ne pas croiser son regard. Elle permute son visage aigri avec celui d'un ange lorsqu'elle croise l'attention de Jordan. Le garçon, assis entre l'oncle Léon et la tante Coralie, se forçait à finir le pâté en pot jusqu'à la dernière miette.

  — Au fait, où est passé Johan ?

  — Il a fait pipi sur lui, alors je pense qu'il est parti se changer, répond Ysaleene.

  — Hein ? balbutie tante Coralie.

  — Zazou est tellement méchante qu'elle a fait exprès de ne pas lui dire où sont les toilettes ! tâcle Luna en lui tirant la langue.

  — Quand papa et maman vont s'endormir, je vais te mettre dans la cuvette et tirer la chasse. Avec un peu de chance, tu tomberas sur Jorge le Crocodile pendant ton petit séjour dans les égouts.

  Luna se met à hurler en s'enveloppant autour des bras de son père. Jordan lâche un sourire en réponse aux menaces d'Ysaleene en touillant le peu de pâté en pot qui lui restait.

  — Ysaleene, arrête de faire peur à ta sœur ! gronde tante Coralie.

  — Maman... demande sa petite princesse d'une voix timide.

  — Oui, ma puce ?

  — Est-ce que Jojo peut dormir avec moi, ce soir ? J'ai peur que Zazou me mette dans les toilettes...

  Le regard exténué de sa mère disait quelque chose comme : « Voilà, Ysaleene, j'espère que tu es fière de toi », mais sa fille ainée semblait s'en foutre.

  — Eh bien, je suppose que... si ça ne dérange pas Johan, il pourrait très bien rester dormir avec toi.

  — Ouiiiii !!! s'écrie Luna, dont les aigus sifflaient dans les tympans de son père. Merci, maman !

  Tante Coralie se lève de sa chaise et se poste en bas de l'escalier qui mène aux chambres du haut.

  — Johan, est-ce que tu peux descendre, s'il te plait ?

  — Oui, tatie, j'arrive ! Juste une petite minute, je finis... un truc.

  Il enfile un bas de survêtement que sa mère avait plié consciencieusement dans son sac et s'assure d'avoir bien essuyé les traces sur son bermuda avant de le mettre à sécher sur le lavabo de la salle de bain.

  — Me voilà, me voilà !

  Quand Johan arrive au bas des escaliers, Jordan se met à regarder Ysaleene dans les yeux. Il ignorait pourquoi ses deux-là se mettaient à sourire et ça avait le don de l'intriguer.

  — Dis-moi, ça te dirais de dormir avec Luna, ce soir ? demande tante Coralie.

  Avant qu'il n'ait le temps de répondre, une voix s'élève au beau milieu de la table.

  — Justement, à ce propos, vu que Johan va dormir avec Luna, est-ce que je peux emmener Jordan avec moi ? demande Ysaleene avec en train.

  « Alors c'était pour ça, le jeu de regard » pense Johan d'un air déçu.

  — Tu peux toujours courir ! rétorque son père. Il en est hors de question. Si j'ai acheté un canapé qui peut faire office de clique-claque, ce n'est pas pour rien.

  — Mais, papa... je ne peux pas laisser Jordan tout seul en bas.

  — Et pourquoi pas, hein, mon garçon ? Tu es fort et robuste, et avec tout le pâté en pot qu'on t'as donné, tu suffisamment ravitaillé pour monter la garde au cas où un petit rigolo tente de s'introduire dans la maison.

  — C'est une blague ou quoi ?! s'énerve Ysaleene. T'as cru que Jordan était un chien ?!

  — S'il a une famille un jour, il faut qu'il soit en mesure de la protéger, affirme l'oncle Léon avant de poser une main sur l'épaule du garçon. Je n'ai pas raison, Jordan ?

  Le garçon lance un sourire aussi scintillant que les boucles d'oreilles en or qui habillent ses lobes avant de répondre :

  — Bien sûr, monsieur Choufleur !

  Et il savait qu'il n'avait d'autre choix que de répondre en son sens, « ma maison, mes règles » régis ce qu'il y a de plus authentique dans les valeurs de Léon Choufleur, c'était presque à l'échelle d'une loi martiale.

  La tape qu'il lui inflige à l'épaule le fait presque chanceler sur le bord de la table.

  — Considère cette soirée comme un stage de la vie, mon garçon. Celui où tu apprends à devenir un homme.

  — Oui, je prends conscience de la chance que j'ai...

  — Allez, ça suffit, maintenant, interrompt tante Coralie. Prépare le clique-claque, Ysaleene. Et ne t'en fais pas, Jordan, je reviens avec des draps.

  La famille Choufleur sort de table, une fois qu'ils arrivent au niveau des escaliers, Johan pose une main sur Ysaleene pour la retenir. Désormais seuls, elle se retourne face à lui.

  — Quoi ?!

  — Je voulais juste savoir une chose...

  — Hum ?

  — Ce type, au salon, c'est qui pour toi ?

  — Pourquoi tu veux savoir ça ? s'étonne Ysaleene. La branlette de tout à l'heure t'as plut au point où tu commences à regretter, hein...

  Elle se met à rire en lui décochant ce clin d'œil qui la rendait irrésistible.

  — Pas du tout ! balbutie Johan. S'il te plaît, j'aimerais qu'on arrête de parler de ça.

  — Impossible, pas tant que tu ne m'auras pas dit pourquoi tu me demandes ça...

  — C'est ton copain, hein ? J'ai vu la façon dont vous vous regardiez, tout à l'heure. Ça ne trompe pas, ça.

  — Et même si c'est le cas, qu'est-ce que ça peut te faire ?

  — Je trouve qu'il me ressemble beaucoup, ce Jordan.

  — Le six pack en plus, rigole Ysaleene et tentant de relever le polo de Johan.

  Il chancèle et tapant le bras de Zazou.

  — Si tu avais un copain, pourquoi tu as cherché à faire ce petit truc avec moi ?

  — J'sais pas trop... je me suis peut-être dit que comme tu étais plus vieux, tu devais avoir plus d'expérience que lui. Mais vu la façon dont tu as faillit mourir juste pour une petite caresse sur le kiki, je commence à avoir des doutes.

  — Ça n'a aucun rapport avec mes expériences ! C'est... c'est juste que la façon dont tu l'as fait... je-je ne m'y attendais pas, voilà tout !

  — Ah oui ?

  Elle se colle dos contre le mur et pose un pied dessus tout en jouant dans ses cheveux.

  — Tu veux dire que je suis la première personne à te faire un truc comme ça ?

  — On... on peut dire ça, oui.

  — Est-ce que tu trouves que je suis spéciale ?

  — C'est-à-dire ?

  — De toutes les filles que tu as connu, tu dirais que je suis la meilleure ?

  — C'est assez difficile à jauger, c'est vrai qu'il y en a eu pas mal, a-avant toi. M-mais... je dirais que... tu es très...

  Johan ferme les yeux en repensant une dernière fois à son ami Dylan. La seule barrière qui l'empêche encore de répondre.

  — C'est n'importe quoi... je ne peux pas répondre.

  — Pas besoin, j'ai compris ce que je voulais savoir.

  — Co-comment ça ?

  Elle se rapproche suffisamment de lui pour sentir sa respiration se condenser dans un souffle sur son visage. Ysaleene pose une main sur le torse de Johan puis se met sur la pointe des pieds pour arriver à son oreille.

  — C'est ça que je veux... ma première fois doit être spéciale, aussi.

  — Ysaleene, ce n'est pas possible.

  — Sale menteur, tu meurs en d'envie. Ta bite m'as dit le contraire, elle.

  Johan allait riposter quand un bisou sonore vient se greffer sur sa joue. Il sent des traces froides de baves lui coller à la peau. Étrangement, ce n'était pas désagréable mais il savait pertinemment qu'elle l'avait fait exprès.

  — Tu ferais mieux de rejoindre ma sœur, ma mère arrive dans le couloir avec les draps de Jordan.

  Il tourne les talons et marche d'un pas pressé jusqu'à la porte de Luna – celle ornée d'un dessin de licorne à son milieu. Dans sa hâte, il passe devant la tante Coralie et lui heurte l'épaule par inadvertance.

  — Oups, désolée, Jo...

  — BONNE NUIT, TANTE CORALIE !

  Elle s'arrête devant la porte qui claque. Le dessin se détache et plane dans le couloir pendant quelques secondes avant d'atterrir aux pieds de la dame. D'un sourcil froncé, elle penche son cou aussi raide que celui d'une tortue et fixe la porte, comme si elle avait une vision infrarouge qui lui permettait de voir au travers.

  — Hmm... bizarre, lâche-t-elle avant de hausser des épaules et reprendre sa démarche.

À SUIVRE...

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