chapitre 4 (partie 2)

POINT DE VUE ALYANA

Je n'aurais pas dû y aller. C'était l'une des pires idées qui m'étaient passées par la tête sur le moment. J'aurais dû écouter Nate. Chase est un connard, rien de plus. Je ne veux plus entendre parler de lui et encore moins le revoir.

Je ne suis peut-être pas une sainte mais il était vrai que si j'étais venue ici c'était pour recommencer ma vie, me réinventer. Chase était tout ce que je voulais justement éviter. Et je le ferai.

Je décide de rentrer à la chambre avant de retourner en cours. Philosophie cette fois. J'aimais beaucoup cette matière. Lorsqu'une question était posée, on pouvait y répondre avec franchise en toute honnêteté et trouver des réponses qui nous correspondaient. Ce cours était un cours de seconde année mais mon grand-père a réussi à m'y inscrire, je ne sais trop comment.

En entrant dans la chambre, la première chose que je vis était Quinn. Je ne pensais pas la voir ici mais plutôt le nez dans son emploi du temps dans les couloirs, cherchant sa salle de cours pour arriver première en classe.

Lorsqu'elle m'entendit entrer, elle se leva et me prit dans ses bras.

-          Je suis tellement désolée, me dit-elle soudainement.

Je ne savais pas vraiment comment réagir à cette étreinte mais je place mes bras autour d'elle à mon tour.

-          Je suis aussi désolée, dis-je tout bas. Nat m'a tout raconté et il est vrai que ton frère est un vrai connard.

Elle se détache de moi et rit.

-          S'il te plaît, un minimum de respect, ce n'est que mon demi-frère.

Ce fut mon tour de rire. J'étais contente d'avoir renoué avec Quinn. C'était ma seule connaissance à Harvard et ma colocataire. De plus, elle et son groupe d'amis sont vraiment cools. Et puis, ne pas s'entendre avec la personne avec laquelle tu vis pendant deux semestres ne doit pas nécessairement être une partie de plaisir au quotidien.

-          Quinn ? Plus de mensonge entre nous, on est d'accord ? demandai-je. Si tu veux me dire quelque chose, je ne veux pas que tu inventes des choses par crainte de me le dire. Je suis tout le temps ouverte à la discussion quand je suis de bonne humeur, rigolai-je.

-          Promis, me dit-elle sincèrement.

Je lui souris avant de lui annoncer que je devais partir rejoindre mon cours de philosophie.

-          Quoi ? Tu as été accepté dans ce cours ? Je savais que tu avais l'air intelligente, mais au point d'être accepté dans un cours restreint de deuxième année... Tu me surprends. Mais dans le bon sens !

Je ne dis rien sur le fait que ce soit mon grand-père qui m'ait fait passer dans ce cours. Sans lui, je n'y serais sûrement pas. Il m'avait disons facilité les choses.

-          Je sais que Chase y est aussi, dit-elle en me regardant inquiète. Mon père s'en voulait pour le mal qu'il lui a fait et voulait arranger leur relation alors il a forcé sa candidature dans ce cours pour qu'il ait une belle institution sur papier. Mais il ne va sûrement pas y assister, donc ne t'en fais pas.

Le fait que Quinn parle de son père et celui de Chase comme s'il était seulement le sien me fait poser un tas de questions dans ma tête. Questions que je garderais pour le moment pour moi. Ce n'était pas vraiment approprié de lui poser ce genre de questions le deuxième jour de notre rencontre.

-          Bon cours, me dit-elle alors que je m'apprêtais à sortir de la chambre. Au moins toi tu as mérité ta place. Je haie ce genre d'étudiants ayant eu l'avantage sur les autres. Comme s'ils étaient supérieurs.

-          Peut-être que certaines personnes ont eu de la facilité pour rentrer dans le cours mais en sont quand même dignes d'avoir gagné une place, répondis-je me sentant clairement visée.

-          C'est ça le problème. Ils ne « gagnent » pas leur entrée. On la leur donne. Alors que d'autres se donnent cœur et âme pour l'avoir. Ils trichent, c'est tout.

-          Je trouve que ton esprit est un peu fermé sur le sujet mais je n'ai pas le temps de débattre, je dois aller à un cours, dis-je froidement en sortant.

D'où elle se permettait de juger l'ensemble des personnes comme si elle était le centre du monde et qu'elle avait tout le temps raison. Sur le fond elle n'a pas tort, mais moi non plus : certains la méritent même en ayant été aidé.

Lorsque j'arrive devant la salle de cours, je pus remarquer qu'elle était vraiment plus petite que les autres. Les places devaient effectivement être très sélectives.

-          Oh, tiens, quelle bonne surprise ! dit une voix qui me fit frissonner le dos.

Je rentrai dans la salle, bien décidée d'ignorer la personne m'ayant abordée. Je m'assois à la première place que je trouve, à l'avant-dernier rang. Je n'aimais pas être devant, cela me faisait trop remarquer. Lorsque je le vis s'assoir juste à côté de moi alors qu'il y avait encore beaucoup de places de libres restantes, je ne pus m'empêcher.

-          Tu fous quoi là ? lui demandai-je offusquée. Tu vas vraiment me pousser à bout Chase.

Je décidai de me lever pour aller ailleurs mais la salle s'était bien remplie depuis. Je le vis rire.

-          Alors ça va être comme ça ? me demanda-t-il en me voyant me rassoir. Tu viens me voir tout à l'heure pour me dire de ne pas t'ignorer parce que « je ne suis pas en porcelaine » et tu veux changer de place quand je fais ce que tu me dis ?

Je ne sais pas si c'était sa suffisance, son arrogance, son sourire narquois ou le fait qu'il marquait un point qui m'énervait le plus. Le tout me donnait malgré tout l'envie de lui en coller une. Lui et sa bouille d'ange.

-          Je te signale, dis-je, qu'entre notre conversation de tout à l'heure et maintenant, j'ai appris que tu n'étais vraiment pas fréquentable ou bien-même aimable.

Il ne répondit pas, levant simplement les yeux au ciel, ce qui m'agaça de plus belle.

Lorsque le cours commença, la professeure débuta par se présenter et par expliquer ce que l'on allait faire tout le long de cette année. Elle reconnut quelques visages de l'année précédente et nous annonça que nous allions devoir faire un projet en binôme sur un sujet qu'elle nous donnerait binôme par binôme. Ce projet allait durer tout un trimestre. Bien évidemment, c'était un cours de seconde année. Tout le monde se connaissait. J'étais destinée à être seule pour ce projet.

Je sursautai lorsque je senti un souffle sur mon oreille.

-           Ne t'en fais pas princesse, je serais ravi d'être ton partenaire, me chuchota Chase sur un ton sensuel.

Pourquoi à chaque fois qu'il prononçait un mot, il devait faire une allusion sexuelle ? En plus d'être complètement collé à moi, mon corps est obligé de réagir à lui. Je ne veux pas mais il faut croire que mon corps ne m'écoute clairement pas. Lorsqu'il me parla à l'oreille, son murmure, son souffle venant effleurer cette dernière me fit frissonner tout mon être. Je ne savais pas pourquoi il avait un tel effet sur moi.

-          Je veux les paires de créées pour demain matin. Chaque binôme aura un sujet indépendant, précisa la professeure Rayane.

Ce n'était pas possible. Je n'arrêtais pas de me réptéter en boucle dans ma tête que ce n'était que ma première journée mais impossible, j'avais l'impression d'être ici depuis des semaines. J'espère de tout cœur que cela allait s'améliorer. Je n'étais pas venue me réinventer si cela voulait dire devoir être dans un endroit que je n'aimais pas.

Quoique ce n'était pas l'endroit qui ne me plaisait pas. C'était bien qu'une seule personne me tapant énergiquement sur les nerfs. Etonnement, cette dernière ne fût pas le moindre bruit le restant de l'heure, ce qui me surprit venant de sa part.

A la sonnerie, alors que je voulais sortir de la salle, Chase me prit la main, un geste qui me déstabilisa, encore. Tout ce qu'il fera me fera de l'effet j'ai l'impression malheureusement.

-          Tu fais quoi ? lui demandai-je en retirant ma main de la sienne.

-          Demain il y aura tout le monde qui ira s'inscrire, on devrait y aller maintenant.

-          Je ne ferai pas ce projet avec toi Chase, dis-je une nouvelle fois.

Il rit légèrement.

-          Regarde autour de toi Alyana. Avec qui d'autre voudrais-tu le faire ? me demanda-t-il d'un air vainqueur.

Il rigola une nouvelle fois et me laissa passer. Je sortis immédiatement de la salle qui me semblait si étroite et étouffante sur le moment. Ce ne fut qu'en en sortant que je pus prendre une grande inspiration et reprendre mes esprits. Moi qui ne voulait ni entendre parler de Chase ni le voir, c'était gagné d'avance.

« Il ne va sûrement pas y assister », j'entendis Quinn me dire encore dans ma tête. Il y avait bien assisté. Parlant de Quinn, je ne pouvais pas lui dire tout ça ou elle prendrait ça pour une trahison. 

Quand je regardai l'heure, je me rendis compte qu'il était 17 heures et que j'avais fini ma journée. Maintenant, je mourrais d'envie de m'allonger dans mon lit et de dormir 24 heures d'affilées.

Sur le chemin du retour, je vois Chase embrassant une petite blonde à pleine bouche. Cette vision me fit rire et me répugna en même temps. J'en fis abstraction. Nous n'étions rien, lui et moi. Donc ce n'était rien. Mon subconscient me poussait à me demander pourquoi il avait tant tenu à faire ce projet avec moi. Un projet qui allait en plus durer trois mois entiers. Il m'avait dit hier soir des paroles très nettes et précises et, pourtant, il n'avait pas l'air de les tenir.

Dans ma chambre, j'étais seule. Quinn n'était pas là. Elle m'avait envoyé un message comme quoi elle était dans la chambre de Spencer pour se préparer à une fête se déroulant dans son dortoir ce soir. C'était la colocataire de l'amie de la mienne qui l'organisait. Du peu que je connaissais Spencer, elle ne devait pas être enchantée du tout. C'était sûrement pour cela que Quinn était dans sa chambre si tôt. Cette dernière me dit qu'elle n'avait pas forcément envie d'y aller mais qu'elle était un peu obligée pour Spencer. C'était sa deuxième soirée en deux soirs. Elle me dit que c'était un rythme qu'elle ne voulait pas prendre ou elle ne tiendrait pas deux jours. La moi d'aujourd'hui est complètement d'accord avec elle, mais celle d'il y a six mois pouvait enchaîner trois soirées en une seule nuit et sortir en boîte par la suite. Je ne voulais plus être cette personne alors je lui dis que je ne viendrai pas.

Quand les douches se libèrent aux alentours de 18 heures, je décidai d'aller en prendre une pour décompresser de toute la journée qui venait de se dérouler. Une seule journée, autant d'histoires. J'avais l'impression d'être dans un film ou je ne sais quoi. Sous la douche, je pensais au fait que je ne connaissais personne qui avait au final mon âge. Quinn était en première année mais était redoublante et ses amis étaient tous en seconde année. Chase était en seconde année.

En sortant de la douche, j'enfile ma serviette et ouvre la porte qui mène directement à notre chambre. J'allais chercher mon pyjama mais lorsque je vis Chase, allongé sur mon lit, je sursaute.

-          Putain, mais tu fais vraiment flipper toi ! dis-je d'un ton énervé. On n'est pas dans After et tu n'es pas un sociopathe, du moins je l'espère, alors sors de ma chambre tout de suite.

Il a de nouveau ce petit sourire narquois qui ne le quitte désormais plus en ma présence. Il se leva pour se rapprocher de moi et bien sûr, mon premier réflexe fut de reculer mais je fus bloquée par mon placard. Quelle chance.

-          Je ne me crois pas dans After, non, dit-il en souriant. Je ne te vois pas comme une Tessa, tu en es tout l'opposé.

Je ne savais vraiment pas comment prendre sa remarque. Etait-ce un compliment ou l'inverse ? Il me prenait pour une étudiante écervelée et une fille facile, c'était ce qu'il voulait dire ?

-          Je te vois bien en Hardin moi, dis-je alors qu'il se rapprochait de plus en plus de moi.

-          Hardin était peut-être un personnage décrit comme assez audacieux, mais je ne pense pas qu'il aurait eu cette audace-là.

Sur ces belles paroles, il m'enleva d'une manière extrêmement rapide la serviette couvrant mon corps, me laissant complètement nue devant lui. Mon cœur battait à mille à l'heure et je ne sais pas pourquoi mais je n'avais pas la force de bouger. Il posa ses mains sur mon placard derrière moi, de sorte à m'emprisonner. Comme si j'allais m'enfuir. Je suis paralysée devant lui. Il rapprocha son corps entièrement habillé contre le mien. Nos corps ne se frôlaient plus désormais, ils étaient complètement collés. Je ne pouvais plus respirer tant la tension entre nous était forte.

-          Tu le comprends maintenant, me dit-il doucement en rapprochant ses lèvres de mon cou. Nous sommes comme deux aimants. On s'attire. Nous sommes magnétiques. Dès le premier soir, j'ai pu le ressentir.

Je fronçais les sourcils.

-          De quoi tu parles ?

Je jouais l'innocente alors que je savais exactement de quoi il parlait.

-          Quoique je fasse, tu frissonnes. Tu peux le sentir toi aussi, tu me fais de l'effet aussi.

Encore une de ses allusions sexuelles. Bien sûr que je pouvais le sentir. Il était tant collé à moi que j'avais l'impression que le placard allait nous avaler.

-          Je t'en prie, éloigne-toi, murmurai-je.

-          Pourquoi ? De quoi as-tu peur ?

-          Je ne veux pas de ça... De nous...

-          De nous ? Il n'y a pas de nous Alyana. Moi non plus je n'en veux pas mais dès que je suis avec une fille, je pense à toi depuis hier soir.

Je rigolai. Evidemment, il a du pouvoir être avec beaucoup de filles depuis hier soir. Il était sûrement sous l'effet d'une drogue, ce qu'il disait n'avait aucun sens. Comment était-ce possible d'être autant attiré par une personne ? En ce moment-même, tout mon être résistait pour ne pas lui sauter dessus et l'embrasser.

-          Je te veux tout le temps Alyana. Tu m'attires tant. Putain j'ai jamais été autant attiré par quelqu'un de toute ma vie.

-          Tu as pris quoi Chase ? lui demandai-je.

Je ne le connais que depuis une journée mais c'était suffisant pour savoir qu'il ne dirait pas ce genre de propos en temps normal. Je regardai ses pupilles. Dilatées, évidemment.

-          Génial, dis-je en soupirant tout en le repoussant de moi. Tu viens me voir quand t'es stone, c'est ça ?

-          Putain Alyana ! cire-t-il soudainement alors que je remettais ma serviette en place.

Le fait qu'il crie ainsi ravive en moi un tas d'émotions que j'arrivais que rarement à contrôler.

-          Dégage Chase, dis-je tout bas.

Je voyais qu'il ne bougeait pas. Il restait sur place, les bras béants, me regardant, complètement à l'ouest. Je décidai de me rapprocher rapidement de lui et de le pousser brusquement vers la porte.

-          Dégage j'ai dit ! lui dis-je en hurlant cette fois.

Il lève les mains, faisant l'innocent.

-          Stone ou pas, ce que je dis est vrai. Tu le sais et je le sais. Il y a quelque chose de spécial entre nous. C'est chimique, lâche-t-il avant de partir de la chambre, me laissant à nouveau seule.

Une fois qu'il fut sorti, je me laissai glisser contre le placard et laissai toute la pression redescendre d'un seul et brutal coup. Il fallait que tout sorte alors je pleurai toutes les larmes de mon corps. Comment se faisait-il qu'il faille que j'attire les mauvaises personnes ? En pensant à cela, je réalisai que moi aussi, j'attirai Chase. Le problème venait de moi dans tous les cas. J'étais foutue en l'air. Je l'étais depuis longtemps mais je pensais que cela changerait une fois à l'Université.

Je ne pouvais m'enlever de la tête Chase. Il était constamment là, que je le veuille ou non. Lorsque je fermais les yeux, je voyais ses yeux verts, sa mâchoire carrée, ses mains aux veines apparentes et à son visage si fermé mais ouvert à la fois. Il était si mystérieux. Il était attirant. J'     ai su dès que je le mis à la porte  que c'était foutu. Maintenant, tout était foutu. Il va falloir que je me distraie pour ne plus penser à lui et à son sourire narquois. Pour ne plus penser à Dan aussi.

J'enfile un jean noir plutôt moulant et un crop top en dentelle de la même couleur, me maquille légèrement et envoie un message à Quinn, la prévenant que j'avais changé d'idée et que je venais.

Chase me fout en l'air et je le laisse faire. Je le laisse entrer dans ma tête si facilement. Je n'avais plus aucune protection, plus aucune barrière contre lui. Quand il a crié, je me suis retenue de me mettre au sol et de me protéger le visage. Des réflexes que je pensais avoir perdus. Si je l'avais fait, il aurait vu la partie de moi que personne ne connaît et que personne ne connaîtra jamais.

Maintenant, allons célébrer ma première journée en tant qu'étudiante à Harvard. Quel terrible succès cela avait été !

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