chapitre 4 (partie 1)
POINT DE VUE DE CHASE
Sans pouvoir m'en empêcher, malgré ma conversation avec Quinn hier, je ne cesse de penser à Alyana.
Alyana. Ce prénom était mélodieux. Il ne demandait qu'à être prononcé.
Je ne m'attache à personne. C'est comme cela que je suis. Du moins, je le suis devenu. Personne autour de moi ne s'attend à ce que je l'appelle ou que je leur dise à quel point ils comptent pour moi. De toute façon, à qui dirai-je cela ? Personne ne tient à moi et c'est réciproque.
Vivant dans une fraternité, je suis obligé de paraître un minimum sociable avec le reste de la population bien que je préfèrerait rester enfermé, seul avec mes pensées. Je traîne avec les gars de la fraternité. Je ne peux pas les appeler des amis, non. Mais je fais presque toutes mes conneries avec eux et je sors en soirée avec eux. Ces personnes sont plus des distractions pour moi que des personnes sur lesquelles je pourrais compter.
J'ai vingt ans et j'ai déjà été trahi tant de fois que je ne peux plus me permettre de baisser ma garde une seule seconde désormais. Certains disent que j'ai un cœur de pierre car je ne montre aucun sentiment. Ils ne comprennent pas la nuance. Je les trouve stupides. Je ne suis pas insensible, j'essaie juste de l'être. Tout est la différence. J'ai peur de souffrir de nouveau. Je savais très bien ce que les autres voyaient en moi. Un bad boy sortant tout droit des fictions des préadolescentes en manque de compassion. Il faut dire que je ne fais rien pour les contredire. De mon style vestimentaire jusqu'à mon comportement. Tout collait. Pourtant, je ne voulais pas être désigné ainsi. Les bad boys le sont par choix dans les films ou dans les livres. Ils prouvent à tout le monde qu'ils ont raison de penser cela d'eux. Moi, je ne leur dit juste pas non. Je leur rends la tâche facile mais je n'en ai rien à faire de ce qu'ils pensent. J'ai un passé qu'ils ignorent et ils ne peuvent pas me juger sans me connaître. Pourtant ils le font.
Je ne veux pas d'embrouilles. Je veux juste avancer, vivre ma vie tranquillement sans le regard des autres, leur avis et leurs rumeurs à la con. Je ne sais même pas pourquoi je suis dans une université comme Harvard. Sûrement grâce à mon père adoré se sentant coupable que sa fille s'y soit fait admettre. Il a sûrement forcé ma candidature, j'en suis certain. Les autres me jugent pour cela aussi. Parce qu'ici, pour être admis, il faut forcément avoir travaillé sans relâche pendant des années pour préparer sa candidature. Je suis sûre que beaucoup de personnes méritent ma place plus que moi mais ce qui est fait est fait. Honnêtement, qui peut vivre en ne faisant que travailler en pensant sincèrement que leur vie sera sans problème, sans dérapage. Dans la vie il y a des merdes. Il y en a beaucoup et certains ne le réaliseront que trop tard. Mais un jour, ils seront confrontés à quelque chose de terrible et ils seront obligés d'improviser.
Heureusement pour moi, je m'y suis déjà confronté de nombreuses fois. Cela ne m'a pas endurci comme pourrait le faire croire tout le monde. Non, cela m'a rendu vulnérable et très vicieux. C'est en parti pour cela que je suis arrogant et que je joue un rôle de garçon intouchable. On me dit coureur de jupons. Je trouve cela plutôt ironique puisque la majorité des filles avec lesquelles je couche viennent d'abord m'aborder. Je ne dis pas non, c'est certain mais me faire porter ce rôle est plutôt culoté. De plus, après l'acte, les filles s'empressent de dire à leurs amies qu'elles ont couchées avec moi. Cela pourrait paraître flatteur pour certains mais pas pour moi. J'ai juste cette impression d'être cette personne mythique que personne n'ose approcher alors que je ne suis rien de plus qu'un étudiant. Je ne dis rien et laisse passer car qu'est-ce que je pourrais faire d'autres ? Je préfère passer pour ce gars intouchable et insensible plutôt que ce petit garçon blessé et au sol dont tout le monde aurait pitié.
Je sortais de la douche lorsqu'Hardin, un membre de la fraternité vient m'avertir que quelqu'un était là pour me voir. Je sus de la manière dont il l'avait décrite qu'il s'agissait d'Alyana. « C'est la bonne meuf d'hier soir », m'avait-il dit. Cela m'avait remonté mais je laissai passer et m'habillai rapidement avant de descendre.
La fraternité en journée était plutôt calme et vide. D'une, la moitié des occupants sont en cours et le reste sont en train de cuver de la veille. C'était seulement lors des soirées se déroulant presque tous les soirs qu'elle était alors vraiment pleine. Nous avions une sacrée réputation et chaque soirée est réussie.
Enfin bon, en arrivant en bas, je vis Alyana assise sur l'un de nos canapés, parlant avec Alec. Alec et moi ne nous aimions pas vraiment. Déjà le fait qu'il couche avec tout le monde en s'en ventant est un léger souci pour moi mais le plus étant que l'un de ses nombreux plans culs est ma demi-sœur, Quinn. Bien qu'elle et moi n'avons pas une bonne relation, ce détail me reste toujours au travers de la gorge.
- Oh tiens, salut Chase ! me lance Alec de sa fausse politesse.
- Salut, dis-je mais en m'adressant à Alyana, ignorant complètement l'autre individu présent dans la pièce.
Très vite, le silence s'installe et je vois bien Alec nous scruter des yeux, Alyana et moi. Au bout d'un moment qui me parut in terminable, il finit par dire que sa présence ici était de trop et qu'il devrait partir.
- Tu as toujours de très bonnes idées Alec, lui lançai-je froidement.
Il partit alors à l'étage sans répliquer, une première chez lui. Désormais, plus personne n'était présent dans le salon mise à part Alyana et moi.
- Tu voulais me voir ? demandai-je d'un ton détaché.
Je ne voulais pas être trop courtois avec elle ou elle pourrait commencer à s'attacher à moi.
- Très belle entrée en conversation, dit-elle ironiquement.
- Je suis d'accord. Bon, qu'est-ce que tu veux ? J'ai pas toute la journée.
J'avoue que d'agir avec elle ainsi me demandait un peu plus de force que d'habitude mais c'est devenu tellement inné chez moi, que je l'effort n'était vraiment pas très important.
- Je suis au courant de votre plan avec Quinn, dit-elle de but en blanc.
Je hochai la tête, l'air de m'en ficher. C'était d'ailleurs le cas. Je savais que ce plan ridicule auquel m'avait contraint Quinn n'allait pas tenir une journée complète.
- Donc ? fini-je par dire car je voyais qu'elle ne bougeait pas.
- Donc ? Tu es sérieux ? Je suis venue te dire que je ne suis pas en porcelaine. Je ne sais pas pourquoi tout le monde a voulu voir ça en moi mais ce n'est pas le cas. Tu n'as donc ni besoin de m'éviter ou quoique ce soit d'autres que Quinn t'ait dit. Je ne sais pas pourquoi tout le monde te trouve si horrible.
Ce qu'elle vint de dire m'intriguai.
- Que veux-tu dire par « tout le monde te trouve si horrible » ?
- Tout le monde a l'air de dire que tu es le mauvais gars à ne pas approcher. Je trouve ça plutôt stupide, c'est tout.
- Et pourquoi ?
- Parce que toi non plus tu n'es pas mieux ou pire que les autres Chase, me dit-elle en faisant bien évidemment référence à ce que je lui avais dit la veille.
Je soupire et, ne m'étend toujours pas assis auprès d'elle, je le fis délicatement en la frôlant légèrement. Je sens qu'elle se raidit quand je le fis.
- Donc tu es comme moi ? lui demandai-je. Tu veux vraiment me faire croire que tout le monde se trompe sur toi ? Que tu n'es pas cette simple étudiante venue de l'autre bout du pays pour recommencer une nouvelle vie parce que son ancienne était trop insupportable à gérer pour une adolescente ?
- T'es vraiment un connard, tu le sais, ça ?
J'avais clairement touché un fil sensible de sa vie. Parfait. Pour pousser jusqu'au bout et me débarrasser d'elle, je vais continuer à appuyer là où ça fait mal.
- Quoi ? Tu es surprise ? Je te l'avais dit pourtant. Quand je couche avec une meuf, j'apprends à la connaître si je le veux. T'es banale Alyana, c'est tout. Je ne sais même pas pourquoi tu es venue me prévenir que le petit plan de Quinn était tombé à l'eau.
Elle se mordit la lèvre. Ce n'était pas un geste sensuel mais plutôt comme si elle s'empêchait de pleurer.
- J'étais juste venue te remercier pour hier, dit-elle en me regardant droit dans les yeux. Mais je n'aurais pas dû.
Ses yeux étaient d'un bleu océan foudroyant. J'avais l'impression qu'elle me traversait rien qu'avec un regard. Elle se leva soudainement.
- Au fait, t'aurais dû me laisser là où tu m'as trouvé hier si tu te fatigues tant à me faire croire que tu me détestes sans même me connaître, me dit-elle juste avant de sortir de la pièce.
Je ne vais pas la suivre. Je ne suis pas son prince charmant, il faut qu'elle s'en rende compte. Je ne regrettais pas de l'avoir ramené à sa chambre hier soir. Je l'aurais fait pour n'importe qui, c'est tout. Je suis peut-être un connard mais je ne laisserais pas une fille inconsciente au sol la nuit sur un campus remplis d'étudiants sortants de soirées. Quand elle fut sortie, je fis de même. Malgré mon manque d'envie, je devais aller en cours.
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