Chapitre 30 : Le Passé Capturé

Senjuro semblait troublé ces derniers jours. Kana ainsi que Kyojuro essayaient de lui faire dire ce qui n'allait pas mais le jeune garçon refusait de parler. Le cadet du Rengoku passait beaucoup de temps dans sa chambre, la porte fermée. Personne ne savait ce qu'il faisait et il sortait très peu.

Kyojuro frappait gentiment à la porte de la chambre de son frère en lui demandant de sortir. Sans ouvrir, Senjuro lui répondit :

— Je suis fatigué... Je me repose...

— Tu es malade ? interrogea le plus âgé.

— Non, je ne suis juste pas en forme...

— Tu peux ouvrir ? Je vais quand même vérifier ta température.

La porte était verrouillée alors le plus âgé ne pouvait pas entrer. C'était à Senjuro de le faire mais il refusa :

— Non, ça ira...

— Senjuro, ouvre.

— Non...

Kyojuro se sentait impuissant, il ne savait pas quoi faire. Il se mit à réfléchir et se demanda à voix basse :

— Qu'aurait fait maman si elle était à ma place...?

Il continuait de réfléchir, pensant à ses parents. Le Rengoku devait agir en tant que père envers Senjuro malgré le fait que le plus jeune était conscient qu'ils étaient frères. Kana arriva et voyait son meilleur ami face à la porte, la tête légèrement baissée. Elle se rapprocha de lui et l'interrogea :

— Il ne veut toujours pas sortir ?

— Non... soupira le blond. Il est aussi têtu que notre mère. Je n'arrive pas à le convaincre d'ouvrir... Je suis un mauvais parent.

La Sanzu posa sa main sur l'épaule de l'homme de manière réconfortante.

— Ne dis pas ça, tu es un très bon père et un très bon frère ! C'est un adolescent alors c'est normal si parfois il fait le rebelle et s'enferme. Même si le mieux à faire est de communiquer avec lui et non le laisser faire...

Kana frappa à la porte en parlant d'une voix douce :

— Chéri, je peux entrer ?

Senjuro ne répondit pas, la styliste retenta et se mit à frapper une nouvelle fois.

— Senjuro ? fit-elle gentiment.

Les deux amis pouvaient entendre comme de légers pleurs. Ils se regardèrent tous les deux.

— Tu sais, commença la brune-violette, on est là pour t'aider. Tu peux nous dire ce que tu veux, on ne se fâchera pas sur toi. Je te le promets.

— Senjuro, je m'inquiète beaucoup pour toi, ajouta Kyojuro.

L'adolescent se décida à ouvrir la porte. Ses yeux, qui évitaient le contact visuel avec les adultes, étaient rouges à cause du fait qu'il ait pleuré. Kana et Kyojuro eurent le coeur brisé en voyant le garçon dans cet état. La femme serra Senjuro contre elle de manière douce et tendre.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

Le jeune Rengoku ne disait rien et se contentait de pleurer dans les bras de sa maman. Kana caressait ses cheveux tandis que l'adolescent s'accrochait à elle et, au bout de quelques minutes, il finit par cesser de pleurer.

— Tu veux nous en parler ? demanda Kyojuro.

Le jeune blond se sépara de Kana et hocha la tête affirmativement. Les trois s'installèrent alors autour de la table à manger. Mitsuri, Haru et Tengen étaient absents alors ils pouvaient discuter sans gêne et en toute tranquilité.
Senjuro se tripotait les mains nerveusement, il ne regardait toujours pas les deux amis dans les yeux.

Kana et Kyojuro attendaient patiemment, ils lui laissaient tout son temps. Senjuro ne se pressait pas, réfléchissant à la formulation de ses phrases. Après trois minutes il se mit enfin à parler :

— En ce moment je me sens beaucoup trop bizarre... Je sais pas comment expliquer... Je...

— Prends ton temps, rassura le styliste.

— J'ai l'impression que quelque chose cloche avec mon corps...

Les deux meilleurs amis se taisèrent, ils se doutaient de quoi voulait parler le blond. Le pompier afficha un sourire et prit la main de son frère dans la sienne.

— Tu ne dois pas t'en faire, crois-moi. Le corps de tout le monde change à ton âge, tu deviens juste un adulte, expliqua le pompier.

— Donc c'est normal tout ce que je ressens ? fit Senjuro avec étonnement et une lueur de soulagement.

— Oui, affirma son frère. Tu ne dois vraiment pas t'en faire et dis-toi que c'est pire avec les filles.

En disant cela, le plus âgé se mit à rire avec Kana qui ajouta :

— Tu peux le croire, avoir des règles c'est une torture.

— Ça me rassure beaucoup d'entendre ça... avoua-t-il.

Malgré cela, il restait encore une chose dont l'adolescent voulait parler. C'était un sujet encore plus sensible.

— Hum... commença-t-il de manière hésitante. Je me demandais...

Il marqua une pause, se demandant si c'était une bonne idée d'en parler. Maintenant qu'il avait commencé, autant finir et le dire sans tourner autour du pot.

— Comment étaient mes parents biologiques ?

L'homme se doutait qu'il poserait un jour la question, il s'était préparé à cela. Parler de leurs parents ne rendait plus le Rengoku âgé triste. Il avait terminé son deuil depuis longtemps maintenant.

— Tu veux savoir comment ils étaient ? interrogea Kyojuro.

— Oui, leurs noms, leurs personnalités, tout...

Esquissant un léger sourire exprimant la nostalgie, le Rengoku rétorqua à son cadet :

— Maman s'appelait Ruka et papa s'appelait Shinjuro. Maman était très calme, elle avait un fort caractère et était têtue. Mais elle était d'une extrême bonté et elle était très douce. Papa, lui, était extrêmement protecteur et il était toujours franc mais ce n'était pas une personne désagréable. Il s'en faisait toujours pour nous.

Senjuro semblait captivé par les explications de son aîné, il pouvait enfin en savoir sur ses parents. Le garçon se posait la question depuis des semaines, c'était seulement maintenant qu'il osait en parler.

— Comment sont-ils morts ?

Kana et Kyojuro ne cessaient pas d'afficher un doux sourire sur leurs visages malgré le fait que ce sujet-là soit très secouant. Les deux meilleurs amis étaient sous le choc lorsqu'ils avaient appris ce qui s'était passé avec leurs parents.

— Tu es sûr que tu veux savoir ? demanda la femme. C'est pas une mort comme on a l'habitude de voir...

— Je veux tout savoir d'eux même si c'est dur.

Kyojuro voulait le lui dire lui-même. Il regardait Senjuro, se remémorant certains moments de quand il était petit puis il se lança :

— Nos parents partaient souvent en voyage d'affaire ce qui faisait que je te gardais dans mon ancienne habitation le temps qu'ils reviennent. Mais lors de leur dernier voyage, il y a eu une attaque à la bombe... Personne n'a pu voir les corps avant de les enterrer car ils étaient bien amochés. Ce mot est même trop faible mais tu vois ce que je veux dire. Et puis, je ne voulais pas avoir cette horrible image en tant que dernier souvenir d'eux.

— ...

L'adolescent semblait secoué face à ça, il n'imaginait pas que c'était si horrible que cela. Il se posait maintenant une autre question qui le démangeait beaucoup :

— Est-ce qu'ils ont souffert ?

— Je me posais la même question que toi lorsque j'étais en plein deuil. Cette question me rongeait et j'y pensais beaucoup trop. Mais je préfère me dire que ça a été rapide et qu'ils ne s'en sont pas rendus compte. Je préfère me dire cela et au moins, maintenant, ils ne souffriront plus.

— Tu as raison, je devrais penser pareil. Ça ne sert à rien de se prendre la tête avec ça... J'aurai une dernière question...

— Oui ? demanda Kana.

— Avez-vous des photos d'eux ?

La femme hocha la tête et se leva tout en disant :

— On en a beaucoup. Nous avons récupéré leurs albums alors nous avons même des photos de quand ils étaient enfants et adolescents.

Kana s'absenta durant quelques minutes avant de revenir avec trois albums différents. Un était sur la vie de son père, l'autre sa mère et le dernier qui démarrait depuis la naissance de Senjuro. Ce dernier commença par celui de sa naissance afin de voir sa famille réunie. Il ouvrit l'album et regarda les photos, ses yeux s'attardaient sur ses parents.

— Maman était vraiment très jolie... commenta-t-il. Et papa te ressemblait beaucoup, Kyojuro.

— Toi aussi, tu lui ressembles. Mais ton caractère est comme celui de maman.

Senjuro sourit en entendant cela et le voir ainsi rassurait beaucoup les adultes. Ils avaient réussis à faire en sorte que le blond se sente mieux et qu'il en sache plus sur sa famille biologique. Il voulait beaucoup rencontrer Ruka mais il savait que c'était impossible. Malgré cela, il considérait Kana et Mitsuri comme des mamans tandis que Kyojuro était son frère et en même temps comme un père pour lui.

— Je peux garder les albums dans ma chambre, s'il vous plaît ? Je pense que ça m'aiderait de les feuilleter tous les soirs... demanda timidement le jeune blond.

— Bien sûr, fais comme tu en as envie. Je sais que tu en prendras soin, accepta son grand frère.

Senjuro continuait de regarder les photos, il en avait même vu avec Kana et Kyojuro ensemble. Son grand frère avait dix-huit ans et la Sanzu en avait dix-sept à cette époque-là. Les yeux rougeâtres du plus jeune se posèrent sur les meilleurs amis en face de lui comme si il comparait le changement entre maintenant et le moment de la photo.

— Est-ce que tu te sens mieux ? As-tu d'autres choses dont tu aurais envie de parler ? demanda Kana.

— Non, merci, rétorqua poliment l'adolescent. J'ai eu toutes mes réponses et je vous en remercie. Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans vous.

— C'est normal, tu sais, rétorqua la femme. Kyojuro, moi, et tout le reste de la famille sommes là pour toi. Tu ne dois avoir aucune honte car nous voulons juste te comprendre et t'aider.

Le début de la soirée, Senjuro observait les photos avec attention. Il restait longtemps sur chaque photo comme si il les analysait et essayait de mémoriser chaque trait de ses parents biologiques.

Kana restait à ses côtés, elle lui racontait de temps en temps des anecdotes ce qui amplifiait la bonne humeur de Senjuro. Il en apprenait de plus en plus sur sa famille et il en était très heureux. Le vide qu'il ressentait en lui se comblait petit à petit, se sentant beaucoup mieux et voulant connaître tout de sa mère et de son père.

Afin d'être sûr que Senjuro aille vraiment mieux, Kyojuro cuisina son plat favori. L'adolescent était vraiment bien entouré et sa famille prenait énormément soin de lui. Le plus jeune ne voulait pas du tout arrêter de regarder les photographies, il était en admiration face à ses parents et sa mère lui semblait être un ange tellement elle était belle.

Tard dans la soirée, Senjuro était dans son lit, toujours avec les albums et il ne dormait pas. Kana était entrée dans sa chambre et s'assit au bord du lit. Elle posa sa main sur sa joue, la caressant tout en lui souriant.

— Ça va ? demanda-t-elle.

— Oui et c'est grâce à toi et Kyojuro ! Je suis vraiment content de tout ce qui a été dit. Je ne me lasserai jamais de voir les photos de papa et maman !

— Je t'aime beaucoup, Senjuro. Je veux vraiment que tu soies heureux. Je te promets que je ferai tout pour toi.

Le blond déposa l'album et se plaça dans les bras de sa mère actuelle. Kana était heureuse de voir que leur lien était toujours aussi fort que quand il était petit. Les deux étaient vraiment proches.

— Je t'aime, maman... chuchota le plus jeune.

La Sanzu fut bouche-bée, ce surnom la toucha beaucoup, elle en était très émue. Le serrant plus fort dans ses bras, Kana rétorqua d'une voix remplie d'émotion et de douceur :

— Je t'aime, Senju... Je t'aime comme si tu étais mon propre enfant...

Sur ce, ils passèrent un long moment ensemble à se câliner comme un fils dans les bras de sa mère. Senjuro voyait la brune-violette comme sa maman, il ne la voyait pas autrement et jamais il ne la remplacerait. Mitsuri aussi avait une place de mère dans son coeur. Il se sentait si heureux dans sa famille et c'était tout ce qui comptait.

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Coucou, j'espère que ça vous aura plus !

On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !

Bye !

Chapitre suivant : Ensemble Pour Toujours ?

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