Chapitre 27 : Se Serrer Les Coudes
Kana faisait à manger, c'était tôt le matin et elle semblait vraiment de bonne humeur. Senjuro, Haru et Kyojuro étaient encore dans leur chambre tandis que Mitsuri était assise à table en train d'observer la femme.
Ce n'était pas un regard rempli d'amour, au contraire, elle semblait hésitante et peinée. La brune-violette fredonnait, se concentrant sur les oeufs brouillés. Elle avait un sourire étincelant et Mitsuri se sentait mal de devoir gâcher sa bonne humeur, même si le problème concernait son meilleur ami et le petit garçon.
Alors que Kana n'arrêtait pas ce qu'elle faisait, Mitsuri se décida à parler avec crainte :
— Je dois te parler...
Sa petite amie, sans se tourner vers elle, rétorqua :
— Je termine de faire les oeufs, d'abord !
— Non, c'est important. S'il te plaît, écoute-moi...
— D'accord.
La Sanzu fit cesser les oeufs de cuire et elle les mit sur le côté en suspens. Elle s'installa en face de son amoureuse à table, celle-ci mit ses mains sur les siennes en regardant dans ses étincelants yeux violets. Mitsuri inspira profondément avant de se mettre à parler.
— Hier, quand tu t'étais endormie, Senjuro s'était mis à pleurer. Je suis allée le voir et... Il demandait sa mère...
Prenant une expression remplie de tristesse, Kana baissa le regard vers leurs mains. Elle ne savait pas que Senjuro avait encore du mal à passer à autre et elle s'en voulait pour cela. En tant que nouvelle figure maternelle, Kana se devait d'être attentive au petit blond et à veiller à ce qu'il soit heureux. Mitsuri continua :
— Je pense que Senjuro et même Kyojuro ont encore beaucoup de mal à passer à autre chose et ressentent encore beaucoup de chagrin. Leur deuil n'est pas encore terminé et... Je me sens mal pour eux.
Versant des larmes, la Sanzu ressentait énormément de culpabilité et se sentait vraiment nulle. Elle, elle avait réussi à faire son deuil mais apparement les Rengoku ne l'avaient pas encore réussi.
— Je suis un monstre... dit Kana de sa voix brisée de douleur. Je croyais qu'ils allaient mieux... J'aurais dû m'en apercevoir...
— Eh... Ma chérie, il ne faut pas t'en vouloir, tu ne pouvais pas le savoir et même moi je m'en étais pas rendue compte jusqu'à hier soir. Tu m'entends ? Tu n'as rien fait de mal.
La plus âgée posa une main sur la joue de la brune-violette afin de sécher ses larmes et de la réconforter d'une douce caresse. Kana se laissait faire, son regard toujours mélancolique.
— C'était donc pour ça que Kyojuro se couchait plus tôt le soir... conclut Kana. Je croyais que c'était parce que son travail le fatiguait vu qu'il avait enchaîné plusieurs interventions...
— Surtout, ne t'en veux pas, d'accord ? Il n'est peut-être pas à l'aise avec le fait d'en parler alors si nous faisons le premier pas il réussira sûrement à nous dire ce qu'il a sur le coeur.
La brune-violette regardait de nouveau sa petite amie dans les yeux. Ses larmes avaient cessés de couler et elle hocha la tête positivement. Kana voulait vraiment aider son meilleur ami. Kyojuro avait toujours tout fait pour son bonheur alors c'était maintenant au tour de la femme de lui faire son bonheur.
— Je termine le petit-déjeuner et on parlera avec lui après avoir mangé, fit la plus jeune.
— Bien sûr.
Kana se leva et reprit la cuisson des oeufs brouillés. Elle se sentait maintenant tendue et elle réfléchissait à une douce manière d'aborder le deuil avec le pompier. La Sanzu ne voulait pas le voir pleurer, ça lui faisait beaucoup trop de mal de le voir dans cet état sauf que c'était sûr qu'il verserait des larmes. Ce n'était pas le genre de sujet dont les gens pouvaient en parler de manière si calme en gardant son sang froid.
Quand le petit-déjeuner fut enfin prêt, Mitsuri alla réveiller tout le monde et ils passèrent à table. Kyojuro semblait en forme comme d'habitude et c'était en le voyant ainsi que Kana se demandait si il jouait la comédie pour cacher son chagrin.
Senjuro, lui, paraissait calme et content d'être là. Les enfants de son âge n'avaient pas l'intelligence de faire semblant pour ne pas avoir à parler. Si il se sentait triste, il pleurerait sans hésiter et sans en avoir honte. Tout ce que souhaitaient les enfants c'était d'être aimés et qu'on prenne soin d'eux. Ils ne demandaient rien d'autre que cela.
Une fois finis de manger, Kana demanda discrètement à Haru d'aller dans une autre pièce. L'adolescent accepta et en profita pour aller se doucher. Mitsuri, Kyojuro, Kana et Senjuro se trouvaient tous les quatre réunis autour de la table débarassée et bien propre. L'homme aux cheveux de flamme se demandait de quoi elles voulaient parler.
— Il y a un problème ? demanda gentiment Kyojuro.
— On voulait évoquer un certain sujet... fit la brune-violette avec hésitation.
— Pourquoi sembles-tu inquiète ? interrogea-t-il. Quelque chose de grave s'est produit ?
Secouant la tête négativement, Mitsuri rétorqua doucement :
— Nous nous inquiétons pour toi, Kyojuro. Tu ne sembles pas bien et tu vas te coucher plus tôt que d'habitude... Tu pourrais nous dire ce qui ne va pas ?
Étant étonné de cela, le blond ne dit rien pendant quelques secondes comme si il réfléchissait à ce qu'il allait dire. Ensuite, il répliqua :
— Il n'y a absolument rien, ne vous en faites pas !
— Je sais que c'est faux ! s'exclama la Sanzu.
Les yeux s'agrandissant de surprise, Kyojuro ne disait plus rien. Kana reprit la parole aussitôt en parlant d'un air qui laissait montrer sa détermination de tout lui faire avouer :
— Tu as toujours tout fait pour moi ! Tu m'as soutenue dans les moments les plus difficiles ! Quand j'étais à l'hôpital après mon accident tu venais tous les jours sans exception ! C'est grâce à toi que j'ai pu guérir et reprendre une vie normale ! Moi, j'ai fait trop peu de choses... Je veux être là pour toi... S'il te plaît, parle-moi ! Dis-moi ce qui te pèse même si tu es persuadé que ça ne changera rien du tout !
Moment de silence, Kyojuro ne regardait plus les femmes. Il avait perdu sa voix comme si il avait perdu le courage de parler, de dire ce qui le chagrinait. Mitsuri et Kana lui laissaient le temps, ne voulant pas lui mettre la pression. L'homme se tripotait les mains, se sentant nerveux et se retenant de craquer. D'une faible voix il dit :
— Je me sens encore très mal pour mes parents... J'ai beau tout faire pour me dire qu'ils sont mieux là où ils sont mais d'un autre côté je me sens mal... Je me demande souvent si... Si ils ont eu mal à cause de l'explosion ou si c'était instantané... Je ne peux pas me faire à l'idée que leur mort était si brutale et que je ne pourrais plus les revoir... Senjuro ne pourra même pas grandir avec sa mère...!!
En disant cela, il craqua comme il ne le désirait pas. Son corps entier tremblait tandis que les larmes coulaient à flot. Il se sentait si mal et l'angoisse commençait à monter en lui. C'étair hyper rare qu'il fasse une crise d'angoisse, Kana ne l'avait jamais vu dans un tel état.
Se levant, la Sanzu le prit dans ses bras. Sa main s'enfonçait dans ses cheveux tandis que Mitsuri tenait ses mains dans les siennes. Le Rengoku se laissait aller et se laissait réconforter, il en avait si besoin. Voyant et entendant tout cela, Senjuro se mit à pleurer à son tour et Mitsuri vint le prendre dans ses bras. Kana réconfortait son meilleur ami, sa petite amie réconfortait l'enfant.
Le pompier s'accrochait à son amie comme pour la supplier de rester. La femme aux yeux violets ne comptait pas le laisser dans cet état, elle ne le lâcherait pas tant qu'il n'irait pas mieux.
— Je suis là pour toi, Kyojuro... rassura la Sanzu. Je ne te laisserai jamais tomber, je te le jure !
Les filles continuaient de les rassurer et les réconforter, ils en avaient vraiment besoin. Kyojuro avait tout gardé au fond de lui en se disant que sa souffrance passerait sauf que ça avait fait l'effet inverse de ce qu'il espérait. Ça avait commencé à le consummer de l'intérieur et maintenant il n'a pas eu d'autres choix que de craquer et extérioriser sa peine. Plus il pleurait, plus il se sentait léger. Il sentait que sa meilleure amie était là pour lui et c'était tout ce qu'il désirait.
L'homme aux longs cheveux s'était enfn calmé mais ses mains continuaient de s'accrocher à Kana. Il voulait rester dans ses bras encore un peu même si il ne pleurait plus. La Sanzu était rassurée de voir qu'il était dorénavant tranquille.
Après cela, tout le monde retourna à ses occupations. Haru avait terminé de prendre sa douche alors il allait dessiner avec Senjuro. Kana avait bien remarqué que les deux garçons étaient très proches et elle en était contente. La Sanzu se sentait si fière de son petit frère qui se montrait très mature pour son âge.
La brune-violette était devant la porte ouverte de la chambre des garçons. Elle les regardait dessiner ensemble et elle en esquissa un doux sourire affectueux. Son cadet la remarqua et il lui sourit agréablement comme pour exprimer qu'il aimait ce moment avec l'enfant.
Kana alla s'asseoir au bord du lit de son frère et elle continuait d'observer Haru et Senjuro. En même temps que le Sanzu aidait le petit avec son dessin, il lui racontait une histoire en lien avec leur oeuvre. Le Rengoku avait dessiné un dragon et dans le ciel il y avait des éclairs, Haru narrait alors un petit conte qui parlait d'un dragon maîtrisant la foudre.
Senjuro lâchait des rires de temps en temps, il était vraiment heureux et Kana voudrait le voir ainsi tout le temps. Elle le regardait avec les yeux d'une mère qui aimait tant son enfant et qui ferait tout pour le protéger. La brune-violette n'hésiterait pas à le défendre si besoin, elle se sentait capable de tout pour que sa vie soit heureuse.
Mitsuri était arrivée à son tour, les deux femmes s'échangeaient un regard attendri et Kana alla vers elle. La Kanroji lui prit la main et la fit sortir de la chambre, l'emmenant dans la leur. La femme aux yeux verts porta sa copine dans ses bras et la posa dans le lit avant de se mettre au-dessus d'elle et de l'embrasser tendrement.
La plus jeune se laissait faire, passant ses mains derrière sa nuque afin d'empêcher Mitsuri de partir. Celle-ci bougea sa tête vers le cou de Kana, déposant quelques baisers sur sa peau de bébé.
— Mitsuri... dit la brune-violette dans un soupir.
— Oui ?
— Je t'aime beaucoup...
Exprimant un sourire, la Kanroji caressa la joue de son amoureuse en la regardant dans les yeux avec romantisme.
— Moi aussi, je t'aime vraiment beaucoup.
Mitsuri se coucha sur elle, posant sa tête contre la poitrine de sa petite amie et elles restèrent ainsi. Elles se disaient des mots doux, s'échangeaient des caresses ainsi que des baisers. Ça se voyait qu'elles étaient très amoureuses, leur relation était vraiment très belle et stable.
— Tu me promets qu'on restera ensemble pendant des années ? demanda Kana.
— Bien évidemment, je resterai même avec toi toute ma vie... Tu es si douce, Kana...
La femme aux yeux violets la serrait plus fermement contre elle. Mitsuri était si bien dans ses bras au point qu'elle pourrait s'endormir sans difficulté même si la journée n'était pas encore terminée. Kana ne pouvait s'empêcher de lui exprimer son amour et de déposer pleins de bisous sur le front de sa belle petite amie.
—J'aime beaucoup quand tu fais ça... chuchota doucement la rose-verte.
— Alors je vais continuer. Je veux juste que tu soies bien.
— C'est très réussi...
Kana continua, Mitsuri était en train de s'endormir et elle ne luttait pas. Au bout d'un moment, elle sombra dans le sommeil tandis que la Sanzu ne cessait pas ses petites attentions. Elle prenait soin d'elle dans son sommeil.
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Coucou, j'espère que ça vous aura plus !
On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !
Bye !
Chapitre suivant : L'Entreprise.
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