Chapitre 22 : Le Patron

Mitsuri était convoquée dans le bureau de son patron. Kana voulait venir avec elle mais elle n'avait pas le droit. Elle la soutenait à distance et attendait dans la voiture en étant stressée. Le temps semblait passer si lentement, c'était horrible de devoir patienter pour un sujet si grave.

La Sanzu voulait savoir ce que la Kanroji et elle-même allaient devenir. Garderaient-elles leur travail ? Seraient-elles virées ? La brune-violette n'en savait rien et ne connaîtrait pas la réponse tant que sa petite amie n'aurait pas terminé de parler à son supérieur. Kana ne faisait que regarder l'heure sans cesse, sa main gauche tapotant l'accoudoire.

Mitsuri, elle, était face à son patron, debout. Celui-ci était assis et la fixait de haut en bas avec sévèrité. La rose-verte se sentait intimidée mais elle ne le montrait pas, elle devait à tout prix convaincre son patron de dire aux autres qu'il ne s'était rien passé avec Kana. Ne disant rien, la femme aux nattes attendait que son patronne prenne la parole. Celui-ci semblait chercher ses mots ou pire que ça : Prendre son temps. Comme si il pouvait sentir la panique de Mitsuri et qu'il la savourait. Si c'était le cas, c'est qu'il était un vrai sadique.

Enfin, l'homme se mit à parler tout en cherchant quelque chose dans son tiroire :

— Nombreux sont les stylistes qui sont venus se plaindre auprès de moi pour ta relation avec la petite nouvelle.

Il en sortit un paquet de cigarettes qu'il ouvrit dans le but d'en prendre une. Il la plaça entre ses dents avant de redéposer la boîte et de chercher autre chose. Le patron poursuivit :

— En tant que patronne, tu es censée traiter chaque employé de manière égale et à tous les pousser vers le haut afin de choisir au mieux un futur chef qui te succèdera lorsque le moment sera venu.

De sa main musclée, le patron aux courts cheveux noirs bien peignés sortit un briquet et l'alluma afin d'enflammer la cigarette. Mitsuri n'appréciait guerre l'odeur du tabac mais elle ne dit rien.

— Je n'apprécie pas le fait que tu sortes avec cette Sanzu Kana. Pas que je sois homophobe, mais plutôt que ça fait ressentir aux autres un sentiment d'infériorité. De plus, tu as mentie en prétendant qu'elle était ta soeur alors que je sais tout de la vie de mes employés. Je me renseigne toujours sur eux afin de m'assurer de leur fiabilité et vous n'avez aucun lien de sang. Vous ne vous connaissiez même pas il y a un an de cela !

Gardant tout son calme, Mitsuri inclina son buste vers l'avant afin d'exprimer de la politesse. Elle rétorqua par la suite :

— Je suis navrée que cela vous offense, vous ainsi que les employés. Mon but n'était pas de faire du mal à qui que ce soit. Je voulais juste rester avec Kana tout en continuant à travailler normalement. Je n'ai jamais pensé à faire de favoritisme et j'ai toujours tout fait pour que tout le monde se sente à sa place.

Après avoir dit cela, elle se redressa en regardant son patron droit dans les yeux et continua :

— Cependant, un employé avait été jusqu'à frapper Shinobu. C'est un acte que je ne peux pas tolérer alors je l'ai fait partir pour de bon. Je ne veux que protéger mes employés, je ne vire jamais personne pour me divertir. Je suis très sérieuse vis-à-vis de cette situation.

— Tout le monde l'est, Kanroji. Moi le premier. Tu as eu raison de renvoyer cet employé mais ce n'était pas le sujet. Le problème est ta relation avec elle et ça ne peut pas durer. Je te demande alors de faire un choix.

Ces paroles faisaient très peur à la femme aux yeux verts. Elle se demandait quel choix allait-elle devoir faire et si il y aurait de lourds sacrifices. Elle était prête à entendre sa proposition mais son coeur était prêt à sortir de sa poitrine. La Kanroji espérait juste que le dilemme ne soit pas trop rude, même si son patron était une personne très sévère. L'homme retira la cigarette de sa bouche et souffla un coup, la fumée passant entre ses lèvres. Mitsuri ne put s'empêcher de tousser un petit peu à cause de l'odeur abominable.

— Je vous écoute, patron, dit la femme.

Esquissant un sourire malveillant, le supérieur rétorqua de sa voix rauque :

— Soit tu vires Kana et tout est réglé, soit je vous mets toutes les deux à la porte.

Se figeant sur place, la Kanroji s'y attendait un peu mais l'entendre en direct était encore plus dur. Soit elle se montrait égoïste et ça signerait sa rupture avec la Sanzu, soit tous ses efforts seraient envolés en éclats. Mitsuri n'avait pas envie de choisir entre l'amour et le travail. Elle voulait les deux. La mode était toute sa vie mais elle pensait que Kana était l'amour de sa vie.

— Je... Je peux y réfléchir quelques jours ? interrogea-t-elle en étant déstabilisée.

— Malheureusement, non. Tu dois me donner ta réponse ici et maintenant, Kanroji. J'ai déjà beaucoup de choses à régler alors autant achever cette histoire en premier. Soit tu restes, soit tu pars. Mais tu ne peux rester et continuer ta petite histoire d'amour avec la nouvelle.

— Sauf que, peu importe mon choix, Kana perdra son boulot. Elle a travaillé tellement d'années pour en arriver là. Travailler à True Love était son plus grand rêve et là elle est en train de tout perdre à cause de moi.

— Se blâmer soi-même est une toute autre chose, répliqua le noir en remettant la cigarette dans sa bouche. Si tu te sens si coupable que ça, tu pars toi et Kana reste. Mais rester toutes les deux ici c'est impossible pour moi.

Fronçant les sourcils, la Kanroji ne céda pas à la colère et continua de parler avec calme :

— Pourquoi vous ne me croyez pas ? Je n'ai jamais fait de favoritisme, j'aide tout le monde à progresser à leur rythme. Ce n'est pas suffisant ?

Lâchant un rire grossier, le supérieur de la femme rétorqua sur un ton moqueur :

— Ça ne suffit pas, non. Je ne peux tolérer que mes employés se sentent aussi rabaissés. J'entends bien que ce n'était pas ton intention, mais le mal est fait. Ils n'accepteront plus que vous travailliez ensemble. La confiance a été brisée. À toi de voir qui partira pour retrouver une atmosphère de sérénité.

Mitsuri se trouvait dans une impasse. Impossible de négocier avec le boss alors qu'il avait pourtant le pouvoir de raisonner ses employés. La Kanroji était là depuis quelques années et c'était seulement maintenant qu'elle voyait le vrai visage des gens avec qui elle travaillait. Si elle rentrait pas dans leurs cases et leurs normes, elle était vue comme un cas désespéré. Elle était vue comme un insecte qui fallait à tout prix écraser. Elle était tout simplement indésirable.

L'homme ne faisait aucun effort, pas parce qu'il ne pouvait rien faire, mais parce qu'il n'en avait pas l'envie. Ça lui faisait marrer de voir tous ses travailleurs se vautrer mais le plus marrant pour lui était de les voir se mettre le reste du groupe à dos. C'était un spectacle des plus excitants pour lui. Comme si il s'agissait d'une comédie qui le divertissait dans un théâtre qui lui servait de bureaux.

— Alors vous ne voulez pas m'aider... fit doucement la Kanroji. Vous allez me laisser crouler sous les plaintes et faire un gros sacrifice à la place de raisonner les employés ?

— Allons, calmons-nous. Si tu fais un choix raisonnable, je m'arrangerai pour que les plaintes soient levées et que vous n'ayez rien à payer. Et, comme je l'ai déjà dit, la confiance a été brisée alors je ne peux pas les "raisonner".

— Depuis le début vous vous moquiez de nous en fait ? Vous nous voyez seulement comme des pantins qui vous servent de divertissement car vous n'avez rien de mieux à faire dans votre vie ennuyeuse !

— Si tu continues de me parler ainsi, je m'arrangerai pour que tu doives payer une grosse somme que même moi je ne saurai payer. Alors je te conseille de te tenir à carreau et de me répondre : Tu pars avec elle ou tu la vires ?

Sans hésitations, Mitsuri répondit avec une expression qui montrait bien sa colère face à cette trahison :

— Je pars ! Je croyais que True Love ferait mon bonheur mais en fait j'avais tort !

Suite à cette discussion, elle s'en alla et rejoignit sa petite amie dans la voiture. Kana était si heureuse de la voir mais le stresse monta en flèche, inquiète de la réponse finale. Ne voulant pas perdre plus de temps, la Sanzu interrogea la femme :

— Alors, qu'a-t-il dit ?

— Nous sommes virées. Il ne voulait rien savoir. En fait, cette histoire le fait rire alors il n'avait aucune envie de nous aider.

— Vraiment ?! C'est une sale ordure ce type !

Hochant la tête et restant calme, la rose-verte dit :

— En fait, j'avais un choix. Soit je te virais et je reste, soit nous partions toutes les deux. Je ne voulais pas devoir faire un tel choix mais... Je préfère largement perdre mon travail plutôt que de prendre le risque de perdre mon âme-soeur.

Stupéfaite, ces paroles faisaient chavirer le coeur de la Sanzu. Celle-ci prit Mitsuri dans ses bras et dit joyeusement :

— Je suis si heureuse que tu me dises cela ! Tu sais quoi ? On s'en fiche de True Love ! On trouvera du travail, promis ! On trouvera un endroit où on sera acceptées telles que nous sommes et où personne ne cachera leur vraie personnalité derrière un masque attendrissant. Je veux que nous soyons dans une boîte où tout le monde est aussi sincère et authentique que tu l'es !

— Kana... commença la Kanroji. Tu ne sais pas à quel point ça me fait plaisir... J'en oublie presque que je viens de perdre le travail de mes rêves...

Sur ces mots, elle se mit à pleurer. Mitsuri rêvait depuis sa plus tendre adolescence d'obtenir un poste à True Love. Elle n'avait pas eu le temps de faire assez ses preuves qu'elle se retrouva sans travail. Elle allait devoir aller voir ailleurs, ce qu lui fendait le coeur. Kana comprenait sa peine, la partageant également. Elles se contentaient de se serrer dans les bras de l'autre pour se réconforter mutuellement.

Ensuite, elles se séparèrent et Kana mit la voiture en route. Elles allaient rentrer à la maison et elles allaient devoir expliquer la situation aux garçons. Haru serait certainement triste pour sa grande soeur adorée mais la brune-violette ne voulait rien lui cacher. Elle lui disait toujours tout alors Kana n'aurait aucune crainte de raconter la perte de son job.

Mitsuri, de son côté, réfléchissait à comment l'annoncer à Shinobu. Elle ne travaillerait plus aux côtés de sa meilleure amie avec qui elle avait passé tant de bons souvenirs. Ce serait peut-être la Kocho la nouvelle patronne. C'était ce que la Kanroji désirait de tout son coeur. Sauf que ne plus la voir lui faisait également de la peine. Shinobu était la seule de True Love avec Kana a être vraie et à n'utiliser aucun masque. C'était une fille débordante de joie et de créativité. Ne plus pouvoir être à ses côtés était une tragédie.

Que dirait Shinobu ? Qu'en penserait-elle ? Mitsuri se disait qu'elle serait certainement triste mais elle s'en remettrait. Shinobu était une personne forte qui s'était relevée après chaque dure épreuve. Mitsuri ferait de son mieux pour ne pas la perdre de vue et continuer à se voir comme de vraies meilleures amies. Leur amitié ne devait surtout pas se limiter au boulot. Leur relation était bien plus que des croquis, des machines à coudre ou bien des mannquins. Elles avaient rejoins True Love presque en même temps, l'aventure avait commencée à deux. Et jamais la Kanroji ne regretterait ses agréables moments avec elle, elle les chérissait de tout son coeur et ne les oublierai jamais. Et puis... Ce ne serait certainement pas aujourd'hui que Mitsuri tirerait un trait sur son amitié avec elle !

◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇

Coucou, j'espère que ça vous aura plus !

On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !

Bye !

Chapitre suivant : En Famille.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top