Chapitre 14 : La Réponse
Ça faisait maintenant deux jours depuis que Kana connaissait la triste histoire de Shinobu et Mitsuri. Elle ne culpabilisait plus, se disant que ce n'était pas de sa faute, mais elle se disait qu'elle ferait plus attention afin de n'éveiller aucun de leur traumatisme.
La Kanroji avait décidé de donner sa réponse à la Sanzu au soir lorsque la journée de travail serait terminée et que tout le monde serait parti. La patronne avait également appelé Shinobu dans son bureau dans le but de la prévenir qu'elle avait tout avoué à l'employée et bien plus que cela. Mitsuri ne savait pas quelle réaction cela provoquerait chez Shinobu sauf qu'elle se devait de tout lui raconter. Ça la concernait alors elle devait le savoir.
Ouvrant la porte du bureau de la rose-verte afin d'y entrer, la Kocho lui sourit et referma la porte derrière elle. Celle-ci s'approcha de la patronne aux yeux verts, ne sachant pas encore la raison de sa convocation. Sur un ton gentil et chaleureux, la Kocho dit :
— Bonjour, tu m'as appelée ?
— Oui, assieds-toi, répliqua la supérieure.
La violette s'exécuta et s'assit en face de sa meilleure amie. Mitsuri semblait tendue sauf qu'elle cachait ce sentiment derrière une attitude plus ferme et sérieuse. Shinobu s'inquiéta :
— Il y a un problème, Mitsuri ?
— Non, je voulais seulement te parler de quelque chose...
— Je suis toute ouïe ! dit la violette sur un ton rassurant.
Prenant une profonde inspiration, Mitsuri se lança sans tourner autour du pot dans le but de ne pas perdre de temps et surtout de se débarrasser rapidement de sa tension :
— J'ai raconté à Kana l'histoire avec Kento. Elle sait tout du début à la fin et dans les moindres détails.
Restant figée, Shinobu ne savait pas quoi dire ni quoi en penser. Elle se demandait si c'était une bonne chose ou si au contraire ce n'en était pas une. Malgré cela, elle gardait son calme et ne semblait pas en colère. Mitsuri trouvait que c'était plutôt un bon début. Ensuite, Shinobu demanda :
— P-Pourquoi ?
— J'ai confiance en elle, c'est une bonne personne. Je me suis dit qu'elle avait le droit de le savoir. C'est tout.
— Mais... Il y a d'autres personnes en qui tu as confiance sans pour autant leur dire. Pourquoi Kana en particulier ?
Baissant légèrement ses yeux verts afin d'éviter le regard de son amie, Mitsuri rétorqua avec embarras :
— Parce que, tout comme toi, j'aime Kana. Si l'une de nous est avec elle, il faut bien qu'elle le sache.
— Tu aimes aussi Kana ?! s'exclama la Kocho choquée.
— Oui, j'en suis désolée.
Ensuite, la femme aux yeux violets repensa à quelque chose. Un jour, Mitsuri lui avait dit "À croire que nous sommes liées par l'amour". Shinobu n'avait pas compris pourquoi elle avait dit cela mais, maintenant, cette phrase prenait tout son sens. C'était comme une évidence pour la Kocho.
— Ce n'est pas ta faute, Mitsuri. Nous ne choisissons pas la personne qu'on aime... Depuis quand as-tu des sentiments pour elle ?
— Depuis quelques mois.
Hochant la tête, Shinobu avait perdu son sourire. La situation était plutôt délicate. Le temps passait si vite, elles avaient l'impression que c'était hier le jour où la Sanzu avait mis les pieds pour la première fois dans les bureaux de True Love.
— Le lui as-tu déjà dit ? demanda la Kocho d'une voix basse.
— En quelques sortes. Nous avons eu une relation assez spéciale sauf qu'elle m'a dit qu'elle ne voulait pas continuer ainsi si nous n'étions pas un vrai couple. C'est une réaction normale, je trouve.
— Une relation spéciale... répéta la violette qui pensait avoir compris mais qui ne demandait pas plus de détails.
— Je suis censée donner ma réponse ce soir à Kana, informa Mitsuri.
Déglutissant, la tristesse s'empara de Shinobu mais elle se faisait violence pour garder son sang froid afin de ne pas craquer devant sa meilleure amie.
— Fais-le alors, dis-lui que tu l'aimes, fit la violette.
— Quoi ? Tu ne veux pas être avec Kana ?
— Si, mais tu l'aimes depuis plus longtemps que moi. Je ne peux pas débarquer et te la prendre comme si de rien n'était.
— Mais tu l'as embrassée en premier, répliqua la rose-verte. Tu as sûrement gagné son coeur en faisant cela.
— Quoi ? Tu ne l'as jamais embrassée ?
Secouant la tête, la patronne avoua ce fait. Malgré tous les moments intimes entre elles, leurs lèvres ne s'étaient jamais rencontrées. Ça étonnait Shinobu mais, pour elle, le premier baiser n'était pas une excuse pour savoir qui peut être avec la Sanzu.
— Je ne suis pas d'accord, s'opposa la Kocho. Je l'ai embrassée par surprise sans rien lui demander. Je sais que c'est toi qu'elle aime, tu as bien plus de chances avec elle que moi j'en ai, alors dis-lui oui !
— Shinobu, pourquoi me dis-tu cela alors que tu l'aimes aussi ?
Versant des larmes, la Kocho affichait un air bienveillant tout en souriant légèrement comme pour convaincre Mitsuri de l'écouter.
— Parce que tu es mon amie et que je veux ton bonheur... Ne t'en fais pas pour moi, je trouverai quelqu'un un jour. Je dois être patiente, c'est tout.
— Moi aussi, je ne veux que ton bonheur. Je peux lui dire non pour que tu aies tes chances avec elle... Tu serais si heureuse avec elle...
— Non, Mitsuri. Ça me ferait bien plus de mal que tu ne soies pas avec elle. Ne pense pas à moi. Tu penses toujours aux autres, sois un peu égoïste pour une fois. Ne gâche pas une relation qui pourrait durer longtemps juste pour moi.
Ne sachant pas quoi dire, la Kanroji savait que son amie ne lâcherait pas l'affaire. Le bonheur de cette première était l'une des choses les plus importantes pour la violette. La plus âgée n'avait d'autres choix que d'accepter la requête de Shinobu. Se levant, la rose-verte s'approcha de sa meilleure amie afin de la serrer dans ses bras.
— Merci infiniment, Shinobu. J'espère tellement que tu pourras trouver quelqu'un bientôt...
— Ne t'en fais pas, je trouverai une bonne personne pour moi. Je te le promets.
Leur étreinte dura plusieurs minutes avant qu'elles ne se séparent. Ensuite, Shinobu sortit du bureau afin de poursuivre son travail. La femme aux cheveux violets ne parlait pas à Kana de leur conversation et elle ne lui avait pas encore reparlée depuis leur baiser. Shinobu lui parlerait après que Mitsuri aurait donnée sa réponse.
La journée passait lentement mais sûrement. Mitsuri bossait mais elle pensait également à ce qu'elle dirait à Kana. Parfois, la femme aux nattes craignait de regretter sa décision mais c'était son traumatisme avec Kento qui lui faisait penser cela. Au fond d'elle, elle savait qu'elle serait heureuse auprès de la Sanzu, elle devait apprendre à écouter son coeur.
En fin de journée, Kana attendait que tout le monde soit parti. Elle en profitait pour faire du rangement à son bureau qui en avait grandement besoin. Quand aucun collègue ne se trouvait plus dans les parages, la Kanroji fit son apparition. Celle-ci s'avança vers la plus jeune qui était encore à son bureau et qui venait de terminer de ranger.
— Kana, tu es prête pour en discuter ?
La concernée hocha la tête en signe d'affirmation et elle gardait les yeux posés sur sa supérieure, attendant qu'elle poursuive.
— J'ai beaucoup réfléchi, j'ai même parlé à Shinobu de ce qui s'est passé entre nous. Pas en détails, naturellement. Elle est amoureuse de toi comme tu le sais mais, malgré cela, elle ne voulait pas se mettre entre nous.
— Oui, je sais qu'elle m'aime. Je vais devoir lui en parler un jour mais je préférais attendre un peu.
— Je comprends.
Pendant quelques minutes, le silence régnait de nouveau. La Sanzu ne prit pas la parole, voulant laisser le temps à Mitsuri de se lancer. Au bout d'un moment, elle reprit :
— Je t'aime énormément, Kana. J'aurai dû te le dire dès le départ à la place de jouer avec toi... Je ne savais pas comment m'y prendre et je l'ai fait de la mauvaise manière.
— Cette histoire-là était réglée, non ? interrogea la brune-violette tout en penchant la tête sur le côté.
— Oui, mais c'était juste pour te dire que cette fois je ferai très attention à toi et que je m'y prendrai de la bonne manière.
Affichant un sourire, Kana se doutait que tout cela signifiait une réponse positive. Pourtant, elle voulait tout de même l'entendre mot pour mot et non de manière indirecte.
— Kana, reprit la Kanroji, je veux que nous soyons un vrai couple.
La plus jeune rougit en entendant cela mais son expression restait joyeuse. C'était un moment très agréable pour elle, ça la rendait heureuse de voir que la femme aux nattes l'aimait également d'un amour sain et sincère.
— Je suis heureuse, commenta la Sanzu.
Ensuite, la plus âgée se pencha doucement vers Kana, leurs visages se rapprochaient peu à peu et leurs coeurs battaient à l'unisson. Quelques secondes, qui semblaient durer une éternité, et elles s'embrassaient. C'était leur tout premier baiser entre elles deux, ça leur procurait beaucoup de satisfaction et elles ne voulaient plus se lâcher. Après trois minutes, les deux femmes cessaient de s'embrasser.
— C'était génial... avoua la jeune styliste aux yeux violets tout en ayant l'air timide.
— Oui, j'ai adoré aussi. Je n'ai jamais imaginé qu'un vrai baiser pouvait être si doux et agréable.
N'ayant eu que Kento comme relation avant, Mitsuri ne connaissait pas le vrai bonheur d'un couple. Les baisers forcés de l'homme étaient écoeurants, la Kanroji avait horreur de ces moments-là au point que ça lui en donnait des nausées. Mais avec Kana, c'était différent. Ses lèvres étaient chaudes et sucrée, ça lui procurait un sentiment de réconfort et de sécurité.
— Kana, on peut recommencer ?
— D-D'accord.
Mitsuri l'embrassa de nouveau, elle l'embrassait comme si c'était la première fois et elle ne s'en lassait pas. La Kanroji était si heureuse avec elle et elle voulait que ce moment dure pour toujours. Afin de reprendre son souffle, la rose-verte recula son visage de celui de la plus jeune.
— Eh bah... fit la patronne. J'aime beaucoup.
— Je suis contente d'entendre cela. Je vais faire de mon mieux pour que tout se passe bien dans notre couple !
— J'en ferai de même, rétorqua Mitsuri.
Alors qu'elles s'échangeaient un câlin comme pour fêter leur mise en couple, le téléphone de la Sanzu se mit à sonner. En le regardant tout en reculant des bras de la femme, elle voyait que c'était Kyojuro qui l'appelait. Pourtant, le Rengoku était au courant que son amie était avec Mitsuri durant la soirée. C'était étrange.
— Désolée, Mitsuri. Je vais répondre.
— Pas de soucis, rétorqua-t-elle avec bienveillance.
Kana répondit au téléphone, c'était bizarrement calme et elle pouvait entendre un son de reniflement.
— Kyojuro ? fit la jeune styliste au téléphone.
— Kana... Tu sais venir tout de suite...?
La voix de Kyojuro se faisait basse et triste, lui qui était si joyeux et énergique en temps normal. Il devait se passer quelque chose de grave pour qu'il se mette dans un tel état.
— Q-Qu'y a-t-il ? demanda la brune-violette avec inquiétude.
— Je préfère te le dire en vrai... C'est mieux que tu viennes...
— D'accord, je me dépêche.
Ensuite, elle raccrocha et s'excusa auprès de sa petite amie :
— Je suis désolée. Kyojuro a l'air d'aller très mal, je ne sais pas ce qui s'est passé mais ça m'inquiète. Je suis heureuse d'être avec toi, on se voit demain.
Kana l'embrassa et se précipita vers les ascenceurs alors que Mitsuri lui fit un signe de la main. La jeune brune-violette sentait son coeur se serrer et battre rapidement. Elle avait un très mauvais présentiment et ce n'était pas une simple apréhension. Kyojuro attendait sa meilleure amie, il devait absoluement lui parler et il avait besoin d'elle.
De quoi s'agissait-il ? La Sanzu se répétait cette question en boucle dans sa tête comme si une Divinité allait lui souffler la réponse à l'oreille. Malheureusement, elle ne le saurait qu'une fois sur place. Dans sa tête, elle imaginait tous les scénarios possibles sans vraiment penser à des choses extrêmes. Et pourtant, l'extrême c'était la bonne voie pour trouver la bonne réponse...
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Coucou, j'espère que ça vous aura plus !
On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !
Bye !
Chapitre suivant : Chagrin.
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