À Nippon Fashion, tout le monde était réuni dans une pièce spéciale. Elle était grande, avec une immense table circulaire au centre. Tout le monde était assis autour, dont Mitsuri qui était à côté du patron. Chaque employé se demandait ce qu'ils faisaient là, pourquoi ils étaient convoqués.

Après quelques minutes, le patron et la Kanroji se levèrent, tous se taisèrent afin de les écouter. S'éclaircissant la voix, l'homme à la tête de la boîte prit la parole en premier :

— Bonjour, je vous ai convoqués afin de vous transmettre une nouvelle qui va tout changer à Nippon Fashion.

Il prit une pause, son regard balayant la pièce durant plusieurs secondes avant de reprendre :

— Mitsuri Kanroji, ici présente, deviendra la nouvelle cheffe. Je l'ai choisie non pas parce qu'elle est la plus talentueuse, mais parce qu'elle a su prouver qu'elle est une bonne leader. Moi, je serai plus haut placé dans l'entreprise, je ne pourrais pas alors être votre patron en même temps. Je vous demande du respect lorsque vous vous adressez à elle. Traitez-la comme vous m'avez traité jusqu'à maintenant.

Tout le monde se mit à applaudir comme pour féliciter la Kanroji d'avoir obtenu ce poste. Celle-ci souriait et remerciait ses collègues en inclinant son buste vers l'avant.

— Merci beaucoup. Je ferai de mon mieux pour que la boîte continue de fonctionner et de faire fureur dans tout le Japon. J'ai bien réfléchis et je souhaite renommer la boîte True Love.

Réagissant positivement, personne ne semblait désapprouver l'idée de la femme. Celle-ci était assez créative alors ce n'était vraiment pas mauvais goût.

Par la suite, ils restaient tous dans la salle afin de célébrer cet évènement qui chamboulerait toute l'histoire de True Love et révolutionnerait le monde de la mode. Mitsuri recevait des compliments, elle était si heureuse et personne ne semblait lui en vouloir pour ce travail.

Shinobu se précipita vers son amie et elle se jeta dans ses bras. La Kanroji la serra en retour et manquait de tomber par terre.

— Je suis si contente pour toi ! Tu vas être une patronne extraordinaire ! félicita la Kocho.

— Merci ! Mais, s'il te plaît, ne m'appelle pas "Madame Kanroji", d'accord ? Notre amitié reste la même.

— Pas de soucis, j'avais prévu de continuer à t'appeler par ton prénom.

Le temps passa, la petite fête continuait sauf que le téléphone de Mitsuri reçut un message. Celle-ci le prit afin de le lire et c'était l'inconnu qui la félicitait pour son nouveau poste. Le coeur de la rose-verte rata un battement, elle était dans l'incompréhension car elle ne lui en avait jamais parlé.

"Merci ! Mais comment tu le sais ?" questionna la jeune femme.

"Je sais bien plus de choses que tu ne le crois."

"En fait, tu me connais en vrai et tu te fais passer pour un inconnu ?"

"On peut dire ça."

Voyant qu'elle était sur son téléphone, Shinobu le vola et le mit dans son sac. Mitsuri fut prise d'un sursaut à ce soudain geste auquel elle ne s'y attendait pas.

— Eh ! fit la Kanroji.

— Arrête d'être sur ton téléphone alors que tu es la reine de cette fête !

Soupirant, Mitsuri savait qu'elle avait raison. Dans tous les cas, elle verrait l'inconnu au soir alors ça ne lui ferait pas de mal de se déconnecter pendant quelques heures.

Les deux amies restaient ensemble, elles étaient inséparables et elles s'amusaient plus que jamais. Mitsuri se sentait si comblée d'être entourée de bonnes personnes. À aucun moment elle ne regrettait d'avoir suivie la voie de la mode et encore moins d'être entrée à True Love. C'était comme sa deuxième maison, elle se sentait elle-même et elle ne devait pas se cacher derrière un filtre, derrière un masque rempli de mensonges.

Petit à petit, la journée se terminait et il était temps pour la nouvelle patronne de partir pour son rendez-vous. Ne voulant pas partir comme une voleuse, elle prit le temps de remercier tout le monde tout en répétant qu'elle ferait de son mieux pour être à la hauteur dans son nouveau rôle.

Repartant chez elle, un sourire ne voulait pas quitter son beau visage rayonnant de joie. Elle ne ressentait pas de peur ni d'anxiété, elle était au contraire très excitée et impatiente d'y être. Mitsuri passa chez elle afin de se changer. Elle se coiffa, faisant une queue de cheval haute à la place de trois nattes dont elle avait l'habitude de faire. La Kanroji mit également un peu de gloss et s'habilla d'une robe blanche à motif de sakura.

Se regardant dans le miroir, Mitsuri ne voyait rien d'autre à faire. Elle était enfin prête à rejoindre le mystérieux homme. Ses yeux brillaient de bonheur, c'était une fille toujours enthousiaste et énergique.

Suite à cela, elle sortit de chez elle et partit en direction du cinéma en voiture. Elle gara sa voiture et entra dans le bâtiment. Personne ne lui semblait familier, elle cherchait autour d'elle en vain jusqu'à recevoir un message.

"Je t'attends dans la salle quatorze. Je suis dans la rangée de tout au fond au siège huit."

"D'accord, j'arrive." rétorqua Mitsuri.

Enfin, la femme aux cheveux bicolores trouva la salle sans difficulté et rejoignit l'homme sans s'attarder. Elle était sur le point de le saluer avec gaieté mais, dès qu'elle vit son visage, son regard se déforma pour passer à une expression de peur et de confusion. Elle le regardait silencieusement, comme si aucun mot et aucun son ne voulait sortir de sa bouche.

— Eh bah... commenta-t-il en poussant un doux rire. Tu n'es pas très bavarde et souriante pour un premier rendez-vous.

— K... Kento...? dit-elle en réussissant enfin à prendre la parole.

— Ne prends pas cet air effrayé, ça va gâcher la soirée. Assieds-toi, je t'en prie.

Ne voulant pas faire de drame et attirer l'attention des autres, elle s'assit à côté de lui. La Kanroji se sentait si tendue, elle ne voulait pas faire de mal à Shinobu. La femme se disait qu'elle n'avait pas le droit de sortir avec le petit ami de sa meilleure amie mais elle trouvait également bizarre que Kento ait flirté avec elle.

Les lumières de la salle diminuaient lentement pendant que les portes se fermaient. Le film ne commençait pas encore, laissant place aux publicités. Les yeux verts de la styliste se posèrent sur Kento, elle se posait des questions sauf qu'elle ne trouvait pas le courage de lui parler. Sentant son regard sur lui, le ténébreux la regarda à son tour en souriant d'une douce expression innocente.

— Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Profitons de cette soirée, Mitsuri.

— Je croyais que tu étais le petit ami de Shinobu... Pourquoi lui avoir fait ça...? Elle est censée être à ma place en ce moment, je n'y comprends plus rien...

La culpabilité se faisait sentir dans sa voix alors qu'elle n'y était pour rien. Si elle avait su plus tôt qui se cachait derrière ces messages, Mitsuri en aurait directement fait part à son amie. La Kanroji voulait pleurer mais elle se retenait, elle ne devait pas attirer l'attention des autres personnes. Elle voulait régler cela dans la plus grande discrétion et, pour y arriver, elle n'avait d'autre choix que de garder son sang froid.

— Je sais, je suis son petit ami. Mais pourquoi me limiter à une seule copine ? Je pourrais en avoir autant que je le souhaite. Les femmes sont toutes à mes pieds face à ma splendeur. J'ai toujours su charmer les femmes, c'est comme un don que les Divinités m'ont faite.

L'apparence soignée et la personnalité polie du Kuroshi n'était en réalité qu'une couverture. C'était en entendant ces paroles que la rose-verte comprit qu'il n'était qu'un manipulateur narcissique. La Kanroji en étant presque bouche-bée, elle voulait le frapper en plein visage mais l'endroit ne le permettait pas.

— Tu ne devrais pas agir ainsi... Tu te rends compte que tu la trompes en faisant ça ? Shinobu est éperdumment amoureuse de toi, elle n'a jamais eu de chance en amour et elle espérait que tu sois celui qui la rendrait heureuse.

— Je peux faire cela mais tout en étant avec d'autres jolies femmes, répliqua-t-il en passant son bras derrière la femme.

Ensuite, le film commença et ils cessèrent de parler. Le temps semblait passer si lentement pour Mitsuri qui se sentait oppressée. Elle voulait quitter la salle, téléphoner à Shinobu pour tout lui raconter sauf qu'elle n'en était pas capable. Kento la retiendrait sûrement jusqu'à la fin de la soirée.

Un moment, le professeur aux yeux noirs posa sa main sur celle de Mitsuri. Il la caressa doucement, bougeant délicatement ses doigts sur sa douce peau bien lisse avant d'entrelacer leurs mains ensemble. La Kanroji ne réagissait pas mais, au fond d'elle, elle hurlait de détresse.

Le film continuait, Mitsuri n'écoutait même pas et réfléchissait à une façon d'en parler à sa meilleure amie sans la blesser. Kento, lui, semblait passer un agréable moment comme si il s'agissait d'un rencard normal entre deux adultes qui s'aimaient.

À la fin, la rose-verte se leva sans tarder et se dirigea vers la sortie. Ses pas se faisaient rapides, elle avait besoin d'être dehors et de prendre l'air mais surtout de relâcher ses larmes. Kento la suivit et, une fois dehors, il attrapa son bras afin de la tirer vers lui et de déposer ses lèvres contre les siennes. La femme fut surprise et n'appréciait guerre ce geste qui la dégoûtait. D'un coup, elle le repoussa.

— Tu ne peux pas faire ça ! Tu es avec Shinobu et je ne peux pas me permettre de faire cela avec toi comme si je me fichais de ses sentiments ! C'est ma meilleure amie alors je ne vais certainement pas lui piquer l'homme dont elle est amoureuse !

— C'est dommage, Mitsuri. Tu vas rater un homme qui pourrait te faire plaisir dans tous les sens du terme dont tu le souhaites.

— Tu me dégoûtes... Garde-toi une seule petite amie. Tu ne te rends pas compte du mal que tu fais. Ou au contraire, peut-être que tu le fais même exprès pour nous faire souffrir toutes les deux.

Se mettant à glousser sadiquement, Kento n'effaçait pas son sourire qu'il avait depuis le début de la soirée. Cet homme qui semblait si inoffensif était un vrai malade qui prenait plaisir à voir la souffrance des autres.

— Malheureusement, ça ne marchera pas comme tu le voudras, commença-t-il.

— C-Comment ça ?

— J'ai des contacts, tu sais. Ils sont aussi silencieux et discrets que des ninjas. Ces contacts ont su me procurer certaines photos de toi...

Écarquillant les yeux, la femme se doutait de quelles genres de photos il parlait mais, dans le doute, elle lui posa tout de même la question en déglutissant :

— Quoi comme photos...?

Rapprochant sa bouche de son oreille, Kento chuchota de sa voix mielleuse :

— Comme par exemple quand tu es sous la douche... Là où ton magnifique corps tout entier y est exposé...

Rougissant et ayant une boule au ventre par l'angoisse, Mitsuri ne savait plus quoi faire. Cela était clairement une mise en garde pour qu'elle garde le silence et que Shinobu ne sache rien. Cette histoire allait trop loin. Dire que la Kanroji avait poussée la Kocho à aller l'inviter...

— Tu m'as bien compris, maintenant. Tâche à ne pas mettre dans ton répertoire mon vrai nom car, si la vérité éclate, les photos feront le buzz sur Internet. Sauf si ça te tente de devenir actrice porno...

Étant au bord des larmes, Mitsuri se sentait humiliée et prise au piège. Personne ne savait quoi faire dans de telles situations à part obéir au chanteur. Ne pouvant rien faire, elle céda et accepta de devenir son autre petite amie. Sa vie commençait à devenir un enfer, elle avait l'impression que toute sa vie pouvait se détruite en une seconde, si ce n'était pas littéralement le cas.

Kento était content, il allait bien profiter de sa situation pour faire tout ce dont il désirait tout en continuant à faire croire à Shinobu que leur relation était saine et honnête. Mitsuri allait devoir trouver un moyen de cesser tout cela sans perdre sa dignité et sans perdre sa meilleure amie.

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Coucou, j'espère que ça vous aura plus !

On se revoit bientôt pour le prochain chapitre !

Bye !

Chapitre suivant : Liées par L'Amour.