ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ {𝟐𝟑}

23.

« It's cold out there
just like my heart and soul »
~Sunset Boulevard~HOHYUN

—{ F L A S H B A C K } —

{ P O V     D E      S E O K J I N }

- Corée, Itaewon -

- J’ai vraiment envie de tester le nouveau restaurant de Doo-Shim, dis-je à Namjoon.

Nous sortîmes du lycée, ayant terminé notre journée de cours plutôt courte. Nous étions en week-end désormais.

- Notre ancienne voisine ? Elle a ouvert son restaurant ?

- Mais tu n'es pas au courant ? Il faut vraiment que tu sortes de ta grotte.

Mon meilleur ami me dévisagea, et j'en vins à me demander qui était le plus âgé entre nous deux.

- Tu es sûr que tu ne veux pas y aller pour revoir sa petite-fille ? C'était quoi son nom déjà ? Ah, Yoona, me provoqua-t-il, un sourire au coin des lèvres.

- Eh ! m’exclamais-je gêné, en frappant mon camarade dans le dos.

Ça le faisait bien marrer tout ça car il connaissait mon histoire avec cette Yoona. Nous étions dans la même classe trois années d'affilée, et c’était vrai, j’en pinçais pour elle. Et ça, Namjoon le savait.

Il m’encourageait toujours à faire le premier pas, mais je me désistais toujours à la dernière minute.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne veux pas lui avouer tes sentiments. Je veux dire, c'est évident qu'elle t'aime aussi.

Il avait exprimé le fond de sa pensée avec une légèreté sans nom, le ton sérieux et solennel, comme en affaires.

Sa remarque me fit plisser les lèvres en une moue flattée. Mon ami était quelqu’un de très observateur et raisonnable. Je pouvais donc lui faire aveuglément confiance quant à ses déductions, ce qui faisait battre mon cœur plus fort : savoir que Yoona m’aimait aussi voulait tout dire pour moi.

- Bref, on va acheter quelque chose à manger ? Déviais-je la conversation, tout sourire.

Il haussa les épaules en me suivant dans les rues agitées d’Itaewon.

Il faisait plutôt beau. Les écoliers avaient retiré leurs vestes et les enfants avaient ressorti leurs shorts d'été.

- Je vais rendre visite à Taehyung ce soir, dit Namjoon.

Nous étions assis à l’intérieur du petit magasin sans vendeur, en train de déguster nos ramen instantanés au bœuf et nos kimbap. Il ne saurait être question de prendre une gorgée de lait à la fraise.

Je me tournai, concerné, vers le plus jeune.

- Il a des tuyaux comme tu voulais ?

- Oui, il aspira une flopée de pâtes. Il était aux États-Unis il n’y a pas longtemps. Il a fait la rencontre de personnes qui pourront nous aider à monter notre réseau.

Et c'était dans ces moments-là que je retrouvais la raison : je ne pouvais pas espérer un avenir avec qui que ce soit parce que je devais aider Namjoon à accomplir sa vengeance.

Parfois, je me surprenais à regarder Namjoon faire des choses simples, comme étudier ou faire du sport, et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’on devrait tout arrêter et seulement aller à l’université, avoir un bon boulot et un salaire convenable, fonder une famille.

- Alors, on devrait aller le voir avant qu'il ne quitte à nouveau le pays, dis-je doucement en reprenant mon repas.

Mais ni lui ni moi n'arriverions à vivre paisiblement avec cette boule de haine.

- Oui, et toi tu iras parler avec cette-

- Tais-toi, mec ! Riais-je pour ne pas le laisser terminer sa phrase.

Voilà pourquoi je ne pouvais pas proposer Yoona : car aider Namjoon était plus important.

—{ F I N    D U    F L A S H B A C K }—



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{ P O V     D E     R O S E }

J’attendais l’arrivée de mon frère, toute seule dans le stationnement du centre commercial. Jungkook était parti depuis maintenant une dizaine de minutes, et voilà maintenant cinq minutes que j’essayais de reprendre mes esprits après avoir pleuré un bon coup. Mais je ne pouvais pas continuer à m’apitoyer sur mon sort. Chris allait sûrement arriver d’une minute à l’autre et il ne devait absolument pas me trouver dans cet état, sinon il me poserait bien trop de questions.

Levant la tête vers le plafond afin de contenir les dernières perles d’eau qui menaçaient de couler, j’inspirai et expirai un bon coup. Je répétai le processus à plusieurs reprises jusqu’à reprendre le contrôle. Je pris un court moment pour réfléchir au futur mensonge que j’allais pondre à mon frère en veillant à ce qu’il soit néanmoins un peu crédible.

Pile à ce moment, j’entendis le moteur de la Bentley de Chris ronronner au loin, puis celle-ci se gara finalement devant moi. La vitre baissée, Chris fit un mouvement de tête pour m’indiquer de monter, ce que je fis directement.

On roula quelques minutes dans un silence des plus total, avec moi qui regardais le paysage, la tête posée contre la vitre et lui, une main sur le volant. Il avait le visage un peu froissé avec ces sourcils froncés, ce qui était signe de frustration chez lui.

Il me lança à plusieurs reprises des regards timides, espérant que je raconte tout ou même que je ne lui adresse ne serait-ce qu’un mot. Mais malheureusement, je n’avais vraiment pas la tête à me lancer dans une discussion qui allait sans doute aggraver les choses plus qu’elles ne l’étaient déjà.

Alors qu’on s’arrêtait à un feu rouge, Chris en profita pour lancer la discussion, vu que je n’allais visiblement pas le faire.

- T'es sûr que ça va ?

- Hm, oui, ça va, ne t'inquiète pas pour moi, lui souris-je timidement.

- Alors pourquoi Jungkook est parti soudainement comme ça ? Vous vous êtes embrouillés ou quoi ?

- Non, rien de tout cela, mentis-je. Il a juste reçu un message l’informant qu’il avait une mission de dernière minute, il a donc dû filer rapidement. C’est pour cela que je t’ai appelé.

- Mais il n’aurait pas pu te déposer d’abord avant d’y aller ? Imagine qu’il te soit arrivé quelque chose entre-temps. On est en territoire inconnu actuellement, on ne peut pas savoir où et quand nos ennemis peuvent débarquer ! annonça-t-il d’un ton beaucoup moins calme, visiblement irrité de la situation. Et puis, qui lui a donné une mission déjà ?

- Je ne sais pas Chris, d’accord, peut-être Namjoon ou l’un des autres membres, je n’ai pas demandé sur le coup. S’il te plaît, je suis exténué et je n’ai pas envie de me prendre la tête avec toi là, tout de suite. Pourrait-on passer à autre chose s’il te plaît ? Le suppliai-je d’un ton désespéré.

Ce dernier me scruta quelques secondes, tout en réfléchissant. Je voyais que tout se bousculait dans sa tête, mais il ne renchérit pas de nouveau, ce qui m’étonna beaucoup, puisque mon frère était du genre à ne jamais laisser tomber tant qu’il n’obtenait pas une réponse claire. Il était assez, comment dire, entêté, pour ne pas dire beaucoup.

Le feu passa au vert et nous reprîmes alors la route.

- Tu as trouvé alors le cadeau que tu voulais prendre pour ta copine ? Me demanda-t-il.

Surprise par cette question, je le regardai plutôt étonné qu’il s’intéresse à ceci.

- Oui, j’ai trouvé des modèles. Il faut maintenant que je voie avec Jyi-ha.

- Et aurais-tu une idée de ce qui pourrait faire plaisir à Hana pour son anniversaire ? dit-il plus timidement cette fois.

- Christopher Chahn Bahng, est-ce que je rêve ou tu rougis là ? Ne me dis pas que tu en pinces pour ma copine, Choi Hana ? répondis-je d’un ton taquin. Ce dernier tourna la tête, les joues enflammées. Aahh ! criai-je de joie. Chris a un crush !

- C'est bon, arrête de gueuler dans mes oreilles ! Et puis ne t'enjaille pas trop, je t'ai juste demandé un conseil pour un cadeau, pas pour une demande en mariage.

- Oui, mais pour la première fois de ta vie, tu es intimidé et pas sûr de toi quand tu parles de quelqu’un. Ce qui prouve que tu ressens quelque chose à son égard, pas vrai ? L’interrogeai-je.

- Je ne sais pas. À vrai dire, je ressens quelque chose pour elle, c’est sûr, mais je n’ai jamais ressenti ça auparavant et je ne vais pas te mentir, cela m’effraie un peu.

- T’effrayer, non. Tu dois juste l’accepter. Il s’agit certes d’un sentiment nouveau, mais il est réel et magnifique. Tu verras avec le temps.

- Oui, mais je ne sais pas comment m’y prendre avec elle. Je fais toujours des gaffes. Et c’est comme si je perdais toute confiance et crédibilité devant elle. C’est horrible, c’est plus que frustrant, révéla-t-il.

« Y a-t-il un jour où il n’est pas frustré ou énervé ? » murmurai-je à moi-même.

On venait d’arriver à l’hôtel. Chris se gara et avant de sortir, je lui dis :

- Pas besoin d’essayer de l’impressionner, Chris. Reste toi-même. Hana est une fille géniale, tu n’as pas besoin de jouer les Roméo avec elle. Tu serais choquée de voir à quel point tu pourrais l’impressionner rien qu’en restant toi-même. Et concernant le cadeau, tu peux lui offrir tout ce que tu souhaites, mais reste quand même dans la simplicité. Rien que le fait que tu lui fasses un cadeau malgré votre rencontre passée rude, elle sera très contente et attachée à lui, je lui avouai avec douceur.

- Vis pleinement ton amour tant qu’il est encore temps, tente ta chance, parce que lorsque celui-ci est présent c’est la plus belle chose qui puisse t’arriver, dis-je avec une pointe d’amertume et de regret. Je suis contente que tu m’en aies parlé Chris, avec ta fierté de mâle Alpha que tu prétends avoir je sais que ça te tracassait depuis un moment, alors je ne vois aucune objection à tes sentiments envers elle, au contraire je suis heureuse que tu puisses vivre ça et d’autant plus que si c’est avec Hana. Mais attention, si tu lui fais du mal, je te pète les burnes et je m’assurerai que tu ne puisses pas engendrer de descendance, OK ? Le menaçai-je.

Ce dernier ricana en levant les deux mains en l'air.

- Ok, ok, Rose !

Je lui lançai un petit sourire avant de sortir de la voiture. Il fit de même, mais avant de rejoindre les portes de l’hôtel, ce dernier m’interpella une dernière fois.

- Dis-moi, Rose, s'il s'avérait que Jungkook et toi n'alliez pas bien et que vous aviez un quelconque problème, tu me le dirais, n'est-ce pas ?

Je me tournai lentement vers lui, le visage neutre, perturbé par la question, avant de lui répondre :

- Bien sûr, Chris ! Je lui répondis tout en arborant un faux sourire qu'il me rendit par la suite.

Encore et encore, un énième mensonge.













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{ P O V    D E     Y O O N G I }

- Hôtel, salon, étage principal.
Quelques jours plus tard -

Deux semaines que Minwhan s’était joint comme un cheveu sur la soupe à Mystery Ace, et deux semaines que Choi riait à plein poumon à chaque connerie que faisait son ami.

D’ailleurs, c’était bientôt l'anniversaire de l'avocate et j’avais compris que nous étions censés lui préparer une fête surprise. Évidemment, ses deux meilleures amies étaient à l’origine de cette idée, ma foi, pertinente. Peut-être que cela remonterait le moral de tous.

J’étais assis sur un quelconque fauteuil dans le salon de l’hôtel. J’observais mes coéquipiers éparpillés un peu partout dans la pièce : Felix et Hoseok comparaient leurs carabines près du billard, Changbin et Han s’amusaient à se taper dessus, rejoints de près par Jimin. Jin, Jeongin et Minho n’étaient toujours pas arrivés, et c’étaient d’ailleurs ces trois-là que nous attendions pour commencer la réunion.

Hana et Minwhan riaient dans un coin de la pièce en jugeant les tenues du Met Gala de l’année dernière. Christopher était assis près d’eux, souriant bêtement bien qu’il n’intervienne pas.

L’ambiance était bien moins cordiale, mais tout aussi amusante du côté de Jyi-ha qui était assise, les jambes croisées l’une sur l’autre, sur l’une des tables. Elle était encerclée par les gigolos qu’étaient Hyunjin et Taehyung, qui n’arrêtaient pas de gesticuler à côté d’elle pour son plus grand malheur.

D’ailleurs, Namjoon, malgré son professionnalisme étonnant, n’arrêtait pas de fixer l’ex-agente. Cela faisait bien une semaine qu’ils ne se parlaient pas, ces deux-là.

Et l’atmosphère était encore plus morose du côté de Rose. Elle semblait être en meilleure forme. Cependant, malgré ses sourires forcés et ses réponses chaleureuses, elle avait l’air mal à l’aise, et tout le monde l’avait remarqué. Elle se tenait droite, assise élégamment, son mari étant à ses côtés.

Jungkook était tout aussi bizarre. Son aura était particulière, comme s’il n’était plus lui-même. Il faisait bonne figure, tenant la main de son épouse dans la sienne en lui souriant tendrement, pourtant ses gestes paraissaient mécaniques.

Au bout de quelques minutes, les trois retardataires finirent par arriver et Namjoon put commencer à expliquer la situation concernant la mission au Lbongos, Isabella et sa localisation.

Voyant que la fin de l'après-midi commençait à sévir, Minwhan interrompit l'introduction du parrain en se levant poliment, un sourire gêné sur le visage avant de déclarer :

« Ça commence à devenir sérieux tout ça, je ferais mieux d'aller vous commander des boissons. »

Ses paroles furent accompagnées d’un rire à la fois comique et plein d’embarras, puis il disparut de notre champ de vision.

Le parrain reprit alors ses explications.

- On la fait suivre depuis quelque temps par nos hommes. Il semblerait que la localisation qu'ont obtenue Yoongi et I.N l'autre soir soit bel et bien son lieu de résidence actuel, conclut Namjoon.

On acquiesça à l'unanimité, convaincus par le génie du leader.

- C'était une excellente idée de lui implanter le traceur, mais comment t'es-tu douté qu'Isabella travaillait avec ton père ? Souleva Chris, les yeux plissés par la curiosité.

- Je n'en savais rien, il croisa les bras contre son torse, simple intuition.

- Donc si on résume, on a la localisation d'un des larbins de Kim Man-Soo ? intervint Minho.

- Tout à fait, et il est temps qu'on passe à l'action, dit Jeongin. On a un maillon faible. Vers 4 heures, la garde est moins efficace au club.

Je décidai d’intervenir :

- En trafiquant quelques caméras du bâtiment, on en a aussi déduit qu’elle se trouvait généralement seule dans son penthouse à cette heure-ci.

- Si on se prépare bien, on pourrait infiltrer le Da Getto et s'occuper d'Isabella, parla le grand frère à Rose.

- Oui, je pense que c’est un bon début pour en savoir plus sur le merdier que prépare mon père, reprit Namjoon.

- Notamment le pourquoi du comment il s’en prend à Hana et Jyi-ha, dit ironiquement Seokjin.

On hocha la tête.

- Il s'amuse, voilà tout, intervint Jyi-ha en balançant les jambes.

- Drôle de façon de s'amuser quand même. Enfin, moi, je ne menace pas pour le plaisir, à part quand Taehyung met du colorant dans ma mousse à raser, plaisanta Hyunjin.

- La prochaine fois, ce sera dans ton shampoing, rétorqua le trésorier.

- Bref, s’exclama Chris afin de retenir l’attention, préparons-nous pour la semaine du 15. On agira le 17 au petit matin.

- Super ! La semaine de mon anniversaire, rouspéta Choi.

Loupé.

- Ton anniversaire ? Mais c'est quel jour ? Surjoua Changbin.

- Le 15 même, répondit sarcastiquement l’avocate.

- Avant tout, les interrompit Nam, Rose, te sens-tu prête à revenir sur le terrain ?

Le gentleman qu’il était devenu réussit à attirer le regard gratifiant de Christopher quant à la santé de sa jeune sœur.

Rose prit un certain temps avant de répondre par un léger sourire :

- Je vais beaucoup mieux, je me sens donc prête à revenir sur le terrain. Si vous le permettez, cela me tiendrait vraiment à cœur de reprendre mes activités.

Les parrains la considèrent un instant. Néanmoins, Rose semblait réellement sincère alors ils ne tardèrent pas à acquiescer.

- Bahng Rose est de retour, l'encouragea Jyi-ha.

- Pour nous jouer- Non laissez tomber, se corrigea Choi qui était sur le point de sortir une annerie. Je suis fière de toi Rose, sourit-elle à son amie.

- Merci les filles.

- Il en est hors de question.

La voix de Jungkook vint gâcher la bonne ambiance qui s’était installée dans la pièce. Tous les mafieux perdirent leur sourire.

- Comment ça ? Demanda Felix.

- Rose ne participera pas à cette mission. Elle a dit qu'elle se sentait prête, mais elle ment.

- Rose est ici, avec nous. C'est à elle de décider, intervint l'avocate, confuse.

Le dealer lui lança un regard noir : c’était bien la première fois que je voyais Jungkook avec un regard pareil envers les siens.

- Ma sœur veut aller de l'avant et guérir. Si tu n'es pas capable d'accepter cela, tu peux aller te faire foutre Jeon, le menaça Chris, prêt à lui sauter au cou.

- Répète ça Bahng ?

Le ton commençait à monter d’un cran et les voix paniquées des mafieux se firent interrompre par celle de la métisse :

- Calmez-vous s'il vous plaît. Jungkook a raison, je ne suis peut-être pas prête...

Elle baissa honteusement la tête, le timbre de sa voix se faisant discret.

- Et pourquoi devrais-tu tenir compte de son avis ? lança amèrement son frère.

- Peut-être parce que je suis son putain de mari ! hurla le concerné.

- Tu l'auras cherché, Jungkook, s'énerva Chris, irrité par le manque de respect du dealer.

Mais Namjoon s'interposa bien vite entre les deux.

- Jungkook, ferme-la. Et Chris, reprenons notre discussion, il n'en vaut pas la peine.

Le chef Bahng reluqua son beau-frère avec haine avant d'acquiescer en scellant son regard avec Namjoon.

La pièce retrouva son calme et la réunion put se poursuivre. Tout d’abord, les chefs s’étaient occupés d’attribuer les rôles de chacun, puis les bras droits énumérèrent les stocks de munitions, d’armes et autres bricoles utiles.

Cependant, la réunion prit un tournant dramatique lorsque nous devions aborder la question du lieu : nous allions agir dans un club mal fréquenté.

Et si le reste des membres étaient bien concentrés tactiquement parlant, moi je remarquais les coups d’œil incessants de Jungkook vers sa compagne.

Une énième personne semblait l'avoir remarqué : Jyi-ha. Ses sourcils froncés ne témoignaient en aucun cas de son amitié pour Jeon.

Une fois la réunion bouclée, les détails de la mission déterminés et les boissons que Minwhan avait rapportées terminées, nous décidâmes de nous disperser chacun de notre côté.

Seulement, un détail qui attira mon attention me poussa à suivre Jungkook et sa femme, en toute discrétion. Ils avançaient vers leur suite lorsque Jyi-ha, surgissant de nulle part, intercepta le dealer en lui donnant un coup d'épaule avec sa main.

Je décidai alors de rester discret derrière l'un des murs. De là où j'étais, je pus voir Jyi-ha demander à Rose de la laisser seule avec son mari, ce que la métisse accepta.

Une fois qu'elle s'était assurée que son amie soit hors des lieux, son regard sévère se posa instantanément sur le plus jeune.

- C'est quoi ton problème ?

Jungkook fronça les sourcils.

- De quoi parles-tu, Jyi-ha ?

- Cette façon de répondre agressive, les coups d'œil suspects que tu lançais à Rose pendant la réunion, ton autorité plus que suspecte ?

Quelques secondes de silence plus tard, Jungkook laissa échapper un rire léger qui sembla déplaire à l'ancienne agente avant qu'il ne réponde :

- Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles. On ne s'est jamais entendus avec Christopher, et tu le sais très bien. Quant à Rose, je m'inquiète pour elle, tout simplement. C'est ma femme et je l'aime, c'est tout bonnement normal que je me préoccupe d'elle.

Jyi-ha soupira, agacée.

- Ne me prends pas pour une idiote, Jeon Jungkook.

Le trafiquant roula les yeux.

- Tu relèves des problèmes là où il n'y en a pas, cracha-t-il en se rapprochant dangereusement de la conseillère. Et si je peux me permettre, au lieu de te préoccuper de mon couple qui se porte à merveille, essaie plutôt d'arranger ta relation avec le patron. Ça fait quoi ? Une semaine ? Dix jours ? Presque deux semaines que vous ne vous adressez pas la parole tous les deux.

Aie.

- Je te conseille vivement d'arrêter ce petit jeu.

- Ou sinon quoi ? Je te signale que c’est toi qui viens m’accuser sans raisons valables.

Pour la première fois depuis son intégration, je vis Jungkook manquer ouvertement de respect à Jyi-ha.

Cette dernière ne fit que le fixer dans le blanc des yeux sans vaciller tandis qu'il continuait à lui cracher au visage à quel point il se sentait humilié.

Je lui donnais deux bonnes minutes avant que la brune aux bouclettes ne perde patience.

- Alors, Jyi-ha ? Lequel d'entre nous devrait se sentir mal ? Eh bien oui, c'est moi parce que-

Et comme je l’avais prédit, le dealer se fit couper dans son discours : Jyi-ha le ramena contre le mur, le menaçant de son index pointé sur le torse.

- Tu as réussi à me faire perdre patience avec ton insolence d’un adolescent de 15 ans. Félicitations. Maintenant, nous pouvons reprendre la conversation comme deux adultes responsables.

- Laisse-moi, Jyi-ha.

- Fais attention à Rose, et que je ne t’y reprenne pas une deuxième fois.

Elle lui sourit ensuite mesquinement en pleine face avant de reculer et de le laisser bouger de nouveau.

- Jyi-ha.

La concernée se retourna en même temps que Jungkook et moi-même. C’était Namjoon.

« Que se passe-t-il ? »

La question du meneur demeura sans réponse alors qu'il s'avançait vers les deux personnages qui se disputaient tantôt.

Jungkook souffla par le nez avant de s'échapper pour rejoindre sa suite. Jyi-ha croisa les bras contre sa poitrine en observant ledit Jeon s'éloigner.

- Il me semble avoir posé une question, reprit Nam d'une voix autoritaire.

- Oh pitié ! Elle lui jeta un regard. Retourne jouer aux leaders parfaits ailleurs.

Et suite à ces paroles, le drame se termina pour moi puisque Jyi-ha rejoignit également sa suite, bien qu'elle fût suivie de près par son époux.

Le feuilleton risquait donc de se poursuivre à l’étage supérieur, mais j’avais d’autres chats à fouetter, alors je pris la direction de la terrasse pour terminer ma journée.





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{ P O V     D E     J Y I H A }

- Suite de Namjoon, Hôtel.
  Mexique, México City -

« Merde, Jyi-ha ! Je sais que tu es en colère contre Jungkook, mais ce n'est pas une raison pour déverser ta mauvaise humeur sur moi ! » Avait crié Namjoon alors qu'il m'avait suivi dans notre suite.

Assise sur l’une des chaises du comptoir de la cuisine, les bras repliés contre ma poitrine et le regard vague qui s’était perdu dans la pièce, j’écoutais d’une oreille agacée, mais néanmoins détachée, les reproches qui m’étaient destinés.

J'avais effectivement répondu de manière déplacée — remercions Jungkook — mais il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un plat.

- N’oublie pas ta place. Je suis ton supérieur, Yong, poursuivit-il plus calmement d’une voix ferme et sévère.

Mon regard nonchalant dériva enfin sur l’homme d’un mètre quatre-vingt-deux.

- Tu tentes donc de redevenir le chef que tu étais à mon intégration, comme je te l'avais demandé l'autre jour ? C'est pour ça que tu m'ignores depuis plus d'une semaine ? Renchéris-je.

Debout devant moi, Namjoon se mit à mordiller l’intérieur de sa joue comme pour témoigner de son malaise rageant.

- Tu m'as expressément demandé de m'éloigner de toi. C'est ce que je fais.

Mes sourcils se haussèrent.

- Comme c’est mignon, le provoquai-je d’une voix faussement mielleuse. Cependant, lorsque je t’ai demandé de t’éloigner de moi, j’avais l’espoir que tu aies compris dans quel sens.

- Tu te fous de moi ?

- J’ai demandé à ce que tu mettes une barrière entre tes sentiments et ta raison lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions me concernant, pas à ce que tu agisses comme un petit ami vexé qui ignore sa copine.

Sa grande paume entra brutalement en contact avec le bois du comptoir.

- Je t'ai dit de surveiller tes mots. Je reste ton chef avant tout, énonça-t-il en haussant suffisamment le ton pour me faire comprendre que je jouais avec ses nerfs.

Je hochai lentement la tête.

Je ne lui en voulais pas et je n'étais pas en colère contre lui, non. Je souhaitais seulement l'embêter afin de lui tirer les vers du nez quant au pourquoi du comment il avait décidé de m'ignorer de façon aussi enfantine.

- Veuillez m'excuser, j'ai malheureusement omis de lire la ligne du contrat qui stipulait que je devais respecter mon supérieur comme s'il était mon père.

Celle-ci était gratuite.

- Qu'est-ce que tu en sais du respect envers les parents ? Tu as vécu dans un orphelinat.

Ouch. ( Namjoon qui se rebellait, c'était tout de même amusant. )

- Certainement plus que toi qui as compris « tuer » à la place « d'aimer » son père.

Notre échange puéril avait débouché sur un silence quelque peu gênant. Je décidai donc de le briser à la seconde.

- J'admets que mon idée de jouer au parrain impitoyable avec moi était mauvaise. Tu ne parais même pas crédible, soufflai-je avec ironie.

Son visage se déforma : une expression qui mêlait exaspération et amertume vint déposer une note salée sur ma conscience.

- Tu crois que c'est simple pour moi de vivre avec une personne qui me déteste ? Lança-t-il, irrité. Alors oui, je t'ai ignoré parce que je ne savais pas comment réagir avec toi après tes confessions sur la plage l'autre jour.

Donc, je l'avais mis mal à l'aise.

- Tu es sur le point de tomber amoureux.

Le visage du brun se décomposa. Je l’avais plongé dans un mutisme inconfortable en lâchant une bombe inattendue.

- Je ne t’aime pas, Jyi-ha, du moins pas comme tu le sous-entends, finit-il par répondre, incrédule mais avec assurance.

Je décroisais mes bras et quittais la chaise sur laquelle j'étais assise afin de rejoindre Namjoon.

- Comment expliques-tu tes crises de jalousie ? Ton obsession envers ma personne ? Tes efforts considérables pour essayer de me réconforter et de ne pas me blesse? énumérai-je tout en avançant vers lui. Je m’arrêtai à quelques centimètres de sa silhouette. Et cette façon que tu as de me regarder ?

- Ma façon de te regarder ? s’offusqua-t-il, les sourcils froncés.

Je souris. J’avais menti pour le dernier.

- Tous ces petits détails me permettent de différencier ta façon de me considérer de celle de Seokjin, par exemple.

Son expression faciale se referma comme s’il venait de comprendre une chose dont il ne voulait pas connaître la réponse.

- Tu agis aussi gentiment et légèrement avec Jin car tu penses que l'amour qu'il te porte est innocent, contrairement au mien, que tu pressens comme... amoureux ?

Je hochai la tête alors que mon sourire s'élargissait de plus en plus.

Namjoon, quant à lui, ne bougeait plus. Il était imperturbable à cet instant, alors qu'il me fixait intensément.

- Ah, ajoutais-je, et je ne te déteste pas, Nam, sinon je ne m’inquiéterais aucunement de ton sort et je t’aurais laissé te faire salement piétiner l'ego.

Je repris mon sérieux lorsque je constatai que le leader ne répondait toujours pas.

Il demeura ainsi plusieurs secondes avant qu’il n’avoue à voix basse :

« Je ne suis pas et ne serai jamais amoureux de toi, Jyi-ha. Je ne sais même pas ce que ça signifie. »

Évidemment qu'il ne le savait pas.

Si je déblatérais sur toutes ces conneries qu'étaient l'amour et l'attirance, c'était bien pour essayer de manipuler Namjoon. Je comptais réussir à lui imposer cette idée en tête, qu'il croie dur comme fer qu'il m'aime et qu'il se résigne seul par respect pour son amour-propre.

Toutes les raisons que j’avais énumérées plus tôt pour justifier ses sentiments amoureux n’étaient qu’une question d’ego et de sensibilité. Ce n’était pas de l’amour, seulement des réactions humaines qui pouvaient le rendre vulnérable face à moi, car je ne partageais pas cette sensibilité émotionnelle.

« On vérifie ? » demandais-je.

Foutue pour foutue, je décidai de poursuivre mon petit cinéma jusqu’au bout.

Ainsi, je me rapprochais davantage de Namjoon au point de sentir le bout de son nez chatouiller le mien. Nos lèvres n’étaient plus qu’à quelques millimètres l’une de l’autre afin de parfaire notre position délicate.

Namjoon avait plongé son regard impassible dans mes pupilles dilatées par la comédie. Néanmoins, il paraissait calme.

Soudain, je portai ma main sur son torse, près de son organe vital.

« Tu vois, ton cœur bat très fort maintenant que je suis près de toi » murmurai-je avec arrogance.

Une arrogance qui cachait une forte inquiétude : le rythme cardiaque du parrain était, effectivement, étrangement élevé.

Sans doute la colère.

Mais il ne disait rien, se contentant de m’analyser sans m’en toucher un mot. Pourtant, les battements de son cœur semblaient perturber le silence qui s’était installé.

Peut-être avais-je réussi à le manipuler, et pensait-il avoir été pris en flagrant délit ?

Peut-être s’était-il tu de honte ?

Après plusieurs minutes, Namjoon retira ma main sans ménagement, comme un vulgaire déchet. Son regard devint sévère.

- Tu joues avec le feu en m’approchant ainsi. Dit-il.

Il me fit reculer de quelques pas.

- Là n'est pas le sujet.

Le mafieux me quitta du regard et se dirigea vers le canapé, sur lequel il ne perdit pas de temps à s'installer.

- Et si on parlait plutôt de la promesse que tu m'avais faite ? Repris-je mes taquineries.

Le mafieux rejeta sa tête en arrière, la posant sur le cadre du canapé, le regard inquisiteur.

- Quelle promesse ?

- Celle de me révéler chaque jour une anecdote de ton enfance.

Il réfléchit un instant.

- Je suis devenu ami avec Seokjin à cause d'un malheureux et honteux incident à la maternelle, avoua-t-il, un sourire dessiné au coin des lèvres.

Mes sourcils se froncèrent d'amusement.

- Comment ça ?

- J'avais environ 4 ou 5 ans. Je m'étais fait pipi dessus, mais j'avais eu beaucoup trop honte de l'avouer aux éducatrices. Alors je m'étais caché sous l'un des toboggans de la cour.

- Oh, pauvre chou, riais-je.

Namjoon me jeta un regard amusé.

- Sans me vanter, je m’étais vraiment bien caché, au point où toute l’école se mit à me chercher. Il tourna sa tête vers le plafond, pensif. Mais un enfant avait finalement réussi à me trouver : c’était Seokjin. Il m’avait retrouvé en train de pleurer.

- Quel pleurnichard tu étais, le taquinai-je gentiment.

- M'enfin, j'avais 4 ans Jyi-ha... Lorsqu'il s'est rendu compte de mon problème, il est allé chercher mes vêtements de rechange. Il a ensuite récupéré mes vêtements sales qu’il avait mis dans son sac pour qu’on ne me soupçonne pas.

- Seokjin a donc toujours été aussi protecteur envers les siens.

- Toujours.

Seokjin était sans doute l'ange gardien de Namjoon.

- Depuis ce jour-là, il s'est mis en tête de protéger le petit Kim. En grandissant, les rôles se sont un peu inversés : je le protégeais et lui m'épaulait.

- Tu savais qu'il avait arrêté la natation ? demandai-je.

- Oui, et j'étais totalement contre cette idée. C'était sa passion après tout, me répondit-il, contrarié. Mais il n'en a fait qu'à sa tête, ce vieux, riait-il légèrement.

- S’il t’entendait… Souris-je.

Il se redressa afin de me confronter du regard.

- Tu ne lui diras rien, n'est-ce pas ? Plaisantait Namjoon, un rictus sur les lèvres.

- J'y réfléchirai, haussai-je exagérément les sourcils.

Nous restâmes ainsi avant que toute expression ne se fane sur le visage du brun.

- Tu vois, notre colocation serait plus simple si tu ne compliquais pas les choses.

Je perdis mon sourire.

- Je ne veux pas faire de dégâts.

- Jyi-ha. Je n’ai pas besoin que tu me tiennes éloigné de toi. C’est complètement absurde.

- Peut-être. Mais ça m'évite d'être un problème.

- Tu n'en es pas un.

- C’est pourtant ce que tu me répétais sans cesse.

- Je t’ai blessé ?

J'examinai le parrain avec attention. Il cherchait des réponses, mais mes yeux ne reflétait rien.

- Non. Ça m'a seulement rappelé à quel point je pouvais être étrange.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

Je me mis à fixer la baie vitrée devant moi.

- « Je sais que je suis souvent froide, mais j’ai aussi des sentiments ». C’est ce que j’aimerais te dire.

- Mais ? m’interrompit-il, le sourcil gauche haussé.

- Mais je ne peux pas, parce que je me sens juste... vide.

Namjoon détourna le regard afin de se concentrer pleinement. La première fois que je l'avais vu aussi investi, c'était lorsqu'il avait creusé dans mon passé. Avec le recul, je comprenais désormais que ses intentions n'étaient pas mauvaises.

À présent, je ne savais pas pourquoi je lui avais confié me sentir de la sorte, mais je savais au moins que je pouvais lui faire confiance.

- Je t'aurais bien demandé : « Penses-tu que moi je n'en ai pas ? », mais je connais déjà ta réponse. Je comprends maintenant pourquoi tu tiens tant à ce que je reste loin de toi.

Cette histoire de sentiments amoureux n’avait à présent plus aucun sens : j’aurais dû privilégier la carte de la sincérité avec Namjoon dès le départ.

- Tu comprends, mais tu ne m'écouteras pas.

- Oui, parce que ce n’est pas nécessaire. Tu ne me feras jamais de mal, Jyi-ha. Je te l’ai dit à ton intégration : ne me trahis pas, et tout ira bien. Le reste m’est bien égal.

Je considérais sérieusement ses paroles.

- Bien, si tu le dis, monsieur je sais tout.

Il hocha la tête. Un demi-sourire sincère de la part du leader vint alors mettre un terme à notre débat.

Je ne savais pas si j’avais pris la bonne décision, mais j’étais prête à prendre le risque. De toute manière, c’était bien ce que je faisais depuis le début de ma vie : prendre des risques.

Le leader se leva alors, avançant lentement vers moi, une main dans la poche de son pantalon.

- Maintenant, il y a deux choses dont j'aimerais te parler.

- Quoi donc ?

Étant adossée contre l’îlot central de la cuisine, Namjoon put aisément me bloquer toute issue d’évasion en posant ses mains sur le meuble de chaque côté de mon corps. Il s’abaissa afin d’être à mon niveau.

- D'abord, si Jungkook te pose encore problème, je veux que tu m'en parles, dit-il.

- Si ça peut te faire plaisir, acceptais-je.

- Et deuxièmement, je veux voir ton téléphone.

Un rire sarcastique m'échappa avant même que je ne m'en aperçoive.

- Et puis-je savoir ce que tu souhaites faire avec mon téléphone portable ?

- Effacer cette foutue vidéo.

- Une vidéo ?

Une prise de conscience soudaine m'assomma. Cette fois-ci, ce fut un incontrôlable rire moqueur qui brisa la quiétude de la pièce. Namjoon n'avait pas l'air très content, contrairement à moi qui me divertissais comme une petite fille.

- Désolée mon grand, mais même si je l'efface, cette vidéo existera toujours. Je l'ai bien protégée juste pour t'embêter, expliquai-je en lui lançant un clin d'œil.

Je réussis à m’échapper en me faufilant sous son bras. Je le laissai là, planté dans la cuisine ouverte, tandis que mes ricanements résonnaient dans toute la suite.

J’étais un génie.

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