ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ {𝟏𝟗}
19.
« I let you get too close »
~Let the world burn~CHRIS GREY
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—{ F L A S H B A C K }—
{ P O V D E N A M J O O N }
Après la mission au « LBongos » et l'annonce du mariage.
- Hôtel, México -
Après avoir accepté le mariage de convenance avec Jyi-ha, je m'étais décidé à prendre l'air devant l'hôtel. Il faisait bien nuit, pourtant la ville semblait toujours en activité : les familles en vacances, les groupes d'amis bourrés quittant les boîtes, les couples près de la plage.
La décision prise tantôt ne m’affectait plus autant. Mon esprit était plutôt orienté vers la scène qui s’était déroulée au LBongos. Je venais de revoir l’homme qui avait fait de ma vie un enfer, bon sang, mon propre père. Pourtant, sur le moment, je ne souhaitais bien qu’une chose, c’était de protéger Jyi-ha.
Désormais avec plus de recul, mon souci de protection s’était transformé en une colère noire que je réussissais à maîtriser malgré tout. Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas redevenir celui que j’étais il y a quelques mois, à l’arrivée de l’ex-agente.
- Nam ? Ça fait une heure que je te cherche ! Après l'annonce du mariage, tu as complètement disparu.
La voix de mon bras droit et ami d’enfance me sortit de ma transe. Je me tournai vers sa grande silhouette élégante qui se tenait derrière moi. Je le rassurai d’une œillade confiante accompagnée d’un léger sourire en coin.
- Je suis un grand garçon, Jin. Je peux encore profiter de México sans ton accord ? Plaisantais-je.
Le rire contagieux du médecin me fit sourire davantage lorsqu’il s’avança à mes côtés. Il posa fraternellement sa main sur mon épaule avant de rétorquer :
- Pas à une heure pareille, jeune homme. Il me fixa un court instant, constatant que je ne répondais pas. Ça va ?
Je hochai la tête. Mais, je le savais, il le savait, nous le savions : ce n'était pas le cas.
- Tu sais tout, tu étais là.
- C'est vrai. J'ai vu à quel point ton père n'avait pas changé. Toujours aussi méprisable, lança-t-il d'une voix sérieuse. Je ne le regardais pas, mais je sentis son visage s'orienter vers le mien. Tu voulais le tuer, n'est-ce pas ?
Je passais l’une de mes mains dans mes cheveux tandis que l’autre se logeait dans la poche de mon pantalon.
- Tu n'imagines pas à quel point le voir vivant, rieur et plein de pouvoir, capable de sauter sur Jyi-ha à tout moment m'a retourné l'estomac.
- Pourtant, tu n'as rien fait parce que tu es plus intelligent que lui, Namjoon.
Aucun mot ne pouvait franchir mes lèvres car je ne cessais de réfléchir.
- Tu sais ce que j'ai vu d'autre ? Mon aîné m'interpella. À quel point tu draguais sacrément bien cette blondasse en boîte.
Et Jyi-ha avait filmé la mascarade à laquelle j'avais accepté de participer.
Jin reprit en riant :
« Ne fais pas cette tête ! J’étais moi-même le plus surpris de nous deux. Ah ! Et puis ça fait combien de temps que tu ne t’es pas lâché comme ça ? Tu fais toujours vœu d’abstinence ? »
Les bêtises que racontait mon bras droit me firent lever les yeux au ciel. Je lui tournai le dos afin de rejoindre l’hôtel sans plus attendre, déterminé à discuter avec les hackers.
Seokjin me courut après, s'excusant machinalement, mais il n'y avait rien de bien sincère : il riait à gorge déployée, fier de ce qu'il venait de me lancer au visage.
Il s'arrêta soudainement lorsqu'il se rendit compte du trajet emprunté. Je le vis froncer les sourcils.
- Les hackers ?
- Exact.
Sans plus tarder, je rejoignis l’intérieur de la pièce où je retrouvai Jeongin, son téléphone à la main et ses pieds étendus sur une chaise en face de lui, et Yoongi, qui s’était assoupi devant son ordinateur, la capuche de son sweat le recouvrant.
- On se réveille. J’ai du travail pour vous, dis-je d’une voix autoritaire en balançant mon téléphone sur le bureau.
- Boss ? s'étonna I.N.
- J'ai testé votre nouveau joujou relié à mon téléphone. Analysez le signal reçu et faites des recherches sur le lieu localisé.
- Attends, tu veux dire que tu as testé l'implant géolocalisateur qu'on a mis en place ? ajouta Yoongi.
Je hochai la tête. Seokjin me fixait, incrédule.
- Quand as-tu eu le temps de tester ça ? me demanda mon bras droit, les sourcils haussés.
- Lorsque Isabella était assise sur mes cuisses.
Les trois mafieux se regardèrent, l'air d'avoir compris ce qui s'était passé.
- Nous qui pensions que tu la draguais vraiment, pouffa Suga.
- En fait, ce n'était que du bluff. Tu la touchais pour faire diversion et implanter le traceur en elle, poursuivit Jeongin en se plaçant devant son ordinateur.
- Je n’y crois pas. Elle n’a rien senti lorsque tu l’as piquée ? interrogea le médecin.
- Je n'en ai aucune idée. Mais ce n'est pas bien important. Elle n'a pas essayé de le retirer sur le moment, ce qui veut dire que l'implant a eu le temps de se loger profondément dans sa chair, dis-je.
Les pirates informatiques hochèrent la tête tandis que Seokjin me répondit qu’il trouvait cela ingénieux.
Jeongin et Yoongi se mirent ensuite au travail et analysèrent le signal reçu, comme convenu. Après environ une heure, ils réussirent à me donner une réponse :
« On a localisé Isabella. Elle loge dans un penthouse, au 53e étage du Da Getto, un club affilié au LBongos. »
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- Hôtel, Suite de Namjoon.
21 h 30, México -
Rien ne valait mieux qu’une bonne douche bien chaude après une longue journée pleine de stress. En effet, même si je ne laissais rien transparaître, je n’en étais pas moins anxieux. Mon esprit en constante réflexion ne me permettait aucunement de demeurer libre de toute responsabilité.
Mais finalement, ce mariage n’avait rien de bien monstrueux, jusqu’à ce que l’on m’annonce ma cohabitation temporaire avec Yong Jyi-ha. Je n’arrivais d’ailleurs pas à croire que cette femme portait mon nom.
À présent séché et habillé, je déverrouillai la porte de la salle de bain et rejoignis ma chambre où je vis Jyi-ha étendue sur mon lit, son téléphone à la main.
Cet instant sous la douche m’avait permis de repenser à notre petite querelle concernant le lieu du coucher. Je ne dormais presque pas la nuit, alors je préférais céder le lit à Jyi-ha.
- Jyi-ha.
- Quoi ? répliqua-t-elle, le regard toujours planté sur l'écran de son téléphone.
- Tu peux prendre le lit.
La brune se redressa subitement en position assise sur les draps blancs, balançant son téléphone sur un coin de l'oreiller à ses côtés.
- Tu me fais une blague ? Tu as piégé le lit ?
Je levais les yeux au ciel.
- Non, j’ai énormément de travail à faire, alors je ne pense pas dormir cette nuit. Il sera donc plus profitable pour toi. Disons que tu as de la chance, dis-je.
Mensonge. J’étais juste insomniaque. Il m’arrivait effectivement de travailler très tard la nuit, mais je m’étais déjà avancé la veille en rentrant de mission.
Elle m'examina un instant, immobile. Puis, l'ex-agente se leva du lit et se dirigea vers moi à toute vitesse.
- Si tu insistes alors, souriait-elle satisfaite. Allez, bonne nuit !
Elle me poussa hors de la chambre et me claqua la porte au nez. Génial.
« Depuis quand est-ce que je cède à ses caprices, moi ? Reprends-toi, Namjoon. » murmurai-je à moi-même en allant prendre place sur le canapé.
—
Il était désormais une heure du matin. Les lumières étaient toutes éteintes et seule la clarté de la lune, traversant la baie vitrée du salon, éclairait les pages blanches de mon livre. Ce manque de lumière ne tarda pas à faire s’alourdir mes paupières et à les fermer peu à peu sous le poids de la fatigue.
J’aimais lire. La lecture était pour moi à la fois un échappatoire et un moyen d’en apprendre plus sur le monde et la nature humaine. Il n’y avait pas de plus bel héritage qu’un bouquin regorgeant de savoir et de passion.
À vrai dire, mes nuits sans sommeil étaient comblées par une multitude d’ouvrages que je dévorais jusqu’au petit matin, dormir étant devenu une véritable torture pour moi. Je me contentais de quelques siestes écourtées par mon travail dans la journée.
Malheureusement, n’ayant pas de lampe de chevet à proximité, l’obscurité eut raison de moi : les mots perdaient tout leur sens, devenant difformes et illisibles. Ma main commençait à relâcher la pression sur le livre qui commençait à tomber sur moi et ma vision se troublait jusqu’à ce que j’en perde complètement l’usage. Je m’étais endormi.
Sans grande surprise, je me réveillai en sursaut quelques minutes plus tard, la sueur dégoulinant le long de mes tempes et de ma nuque. Je reprenais tant bien que mal ma respiration qui peinait à reprendre son rythme régulier. Mon regard fut soudainement attiré par une ombre se trouvant dans la cuisine ouverte sur le salon.
Mes yeux s'écarquillèrent et j'adoptai un léger mouvement de recul lorsque je constatai que Jyi-ha me fixait, assise derrière le bar, un verre d'eau à la main.
- Ça fait combien de temps que tu es là ? Finis-je par demander en inspirant tout l’air dont j’avais besoin.
- Assez longtemps pour constater que tu passais une très mauvaise nuit.
- Et tu ne pouvais pas me réveiller au lieu de m'observer comme une bête de foire ?
Elle haussa les épaules, bondit de sa chaise et déposa son verre vide dans l'évier. Elle marcha ensuite jusqu'à moi, le pas discret et léger. Jyi-ha était gracieuse, et c'était un fait que j'eus l'occasion de remarquer dès son arrivée chez Black Tears.
- Non, je menais ma petite enquête. Elle s’assit à côté de moi. Son regard se perdit sur mon livre. Je pensais que tu devais travailler ?
- Laisse tomber. Retourne te coucher, soupirai-je en m'éloignant d'elle.
- Pourquoi ? Tu m'as menti ? Tu ne veux pas me dire ce qu'il se passe ? Tu as fait un cauchemar ?
- Jyi-ha ! M'exclamais-je. Arrête ça.
- Pour une fois que j'essaie d'être avenante, franchement, roulait-elle les yeux.
- Je ne t'ai pas demandé de l'être.
Elle se tourna vers moi.
- C'est quoi ton problème ?
- C'est toi mon problème.
Nous nous regardions dans le blanc des yeux durant plusieurs longues secondes.
Pourquoi avais-je dit ça ? Jyi-ha n'avait rien à voir avec mon mal-être.
- Moi ? C'est la meilleure, lança-t-elle d'un air faussement indigné. Pas besoin d'en faire tout un plat, je te rends ton lit à partir de demain soir.
- Jyi-ha, je-
- Tu es assez grand pour savoir ce que tu veux, Namjoon. Elle se leva. Je retourne me coucher comme tu le voulais.
Et sur ces mots, elle rejoignit sa chambre, me laissant perplexe et décontenancé. Décidément, cette colocation s’annonçait plus compliquée que prévu : dans ces conditions, Jyi-ha allait être capable de me mettre à nu et découvrir chaque parcelle de mon être.
Ce mariage était bien plus emmerdant que je ne voulais me le faire croire.
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{ P O V D E J Y I H A }
- Suite de Namjoon, hôtel.
México, Mexique -
- Bien dormi ? lançai-je ironiquement à l’attention de Namjoon.
Ce dernier était assis derrière le comptoir de la cuisine ouverte de la suite, une tasse de café dans une main et une tartine dans l'autre. Il était d'ailleurs déjà débarbouillé, habillé et coiffé tandis que je me prélassais toujours en pyjama.
Contrairement au leader, je venais à peine de quitter le lit. N'étant pas habitué à dormir sous le même toit qu'une tierce personne, mon corps et mon esprit ne purent se résigner à lâcher prise et me laisser profiter d'une longue et douce nuit de sommeil réparatrice. Mon temps de repos se résumait donc en plusieurs siestes.
- Je te retourne la question.
Je me dirigeai vers le réfrigérateur afin d'en sortir une bouteille de jus d'orange fraîchement pressé.
- Il n'y a que de l'eau dans ton frigo, et du jus d'orange accessoirement, dis-je en refermant la porte de l'engin.
- Je déjeune très rarement dans la suite, répondit-il simplement. Puis il prit une gorgée de son expresso.
- Et tu ne grignotes pas ? Ou, je ne sais pas, tu n'as pas envie parfois de manger industriel pour te remplir la panse à minuit?
L'homme aux fossettes leva les yeux ciel en reposant sa tasse contre le plan de travail.
- Non Jyi-ha. Il se mit à rincer son verre avant de saisir une éponge qu'il imbiba de liquide vaisselle. Tu es bien curieuse ce matin, qu'est-ce qui te prend ?
Je m'asseyais, munis de mon
petit-déjeuner et m'offrant pour modeste vue, le dos du mafieu qui se mouvait au rythme de sa corvée.
- Je me suis réveillée avec la résolution de devenir aussi intrusive que toi, ironisais-je. Ah, et je te remercie de m'avoir réveillé en rentrant dans la chambre ce matin.
- J'ai été si bruyant ? ricanait-il, fier. J'étais obligé de passer par la chambre pour me doucher.
- J'ai le sommeil très léger, terminais-je en ingurgitant le liquide jaunâtre.
Soudain, on toqua virulemment à la porte. Nous abandonnâmes nos activités durant un court instant et relevâmes nos visages en direction de la porte d'entrée à l'unisson.
- On ne peut même plus prendre son petit-déjeuner calmement dans cet hôtel. Rouspétais-je.
Namjoon termina de rincer sa tasse lavée avant de la sécher à l'aide d'un torchon propre. Il la rangea ensuite dans l'un des placards à proximité.
- Je vais ouvrir. Se contenta-t-il de m'informer après avoir terminé sa tâche.
Je le regardais déambuler vers l'entrée puis actionner la poignée. Alors que je m'attendais à voir l'un des membres de Mystery Ace pénétrer la suite, je ne fis que distinguer une voix masculine qui débita en espagnol devant le corps imperturbable de Namjoon. Je pris alors conscience de la situation : le parrain ne comprenait pas un seul mot de cette langue.
Je quittai péniblement la chaise qui maintenait mon postérieure, avalant d'une traite le peu de jus d'orange qui me restait avant de lourdement reposé le récipient vide sur le comptoir. Je rejoignis enfin Namjoon qui n'avait pas bougé d'un poil.
Quelle fut ma surprise lorsque je constatai qu'une unité entière de police se trouvait devant la porte de notre suite. Les sourcils froncés, je me permis de m'exprimer en espagnol :
- Je peux vous aider ?
- Mademoiselle, me saluait l'un des agents mexicains. Nous demandions à cet homme de confirmer son identité.
Quelque peu troublée, je me tournai vers mon supposé époux, sans ne jamais lâcher les policiers du regard.
- Il te demande de confirmer ton identité.
- Êtes-vous Monsieur Kim Namjoon ? Reprit l'américain.
Le mafieu hocha la tête pour toute réponse.
- Vous êtes en état d’arrestation pour l’enlèvement de Yong Jyi-ha et sa séquestration. Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous, dicta le défenseur de l’ordre en emprisonnant les poignets du mafieux dans des menottes.
Je fronçais les sourcils de surprise, les lèvres entre-ouvertes.
- De quoi m'accuse-t-on ? Me questionna-t-il.
- De m'avoir enlevé Namjoon, lui répondis-je déconcertée.
Je le vis sourire, témoignant de l'absurdité de la situation. Le dit Kim se contenta de rester calme et impassible, comme il savait si bien le faire, et se laissa conduire par les policiers mexicains.
Il me lança un regard, que je jugeai anormalement détendu. Cette simple œillade me permit d'en déduire les détails de ma prochaine mission : en d'autres termes, débouler au poste avec notre acte de mariage coréen entre les mains.
Le reste des mafieux ne tarda pas à rejoindre notre étage, alarmés par le boucan. Christopher, les bras droits, quelques membres ou encore mes deux amies : ils assistaient tous à l'arrestation de Namjoon avec surprise.
Je vis Hana, suivie de près par Chris, Soekjin, Minho et Rose accourir vers ma personne qui était stupidement planté devant l'entrée de ma suite, en pyjama.
« Que se passe-t-il, Jyi-ha ? »
Je souhaitais tant répondre à leur question, mais je n'avais aucune réponse à leur fournir. Mon esprit était embaumé d'un brouillard qui m'empêchait d'y voir clair dans cette histoire.
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{ P O V D E H A N A }
- Hôtel, Mexique -
- Bon, récapitulons. Rose ne va pas mieux, Jungkook ne l’aide pas, tu me fais encore la tête à propos de ton mariage, ton mari est d’ailleurs en salle d’interrogatoire et ne parle pas un mot d’espagnol et, cerise sur le gâteau, on ne sait absolument pas ce que manigancent Man-soo et Hwa-pyung. Disais-je, les bras derrière la tête, assise sur le lit de Jyi-ha.
- Beau résumé, répondit mon amie qui se préparait à rejoindre Namjoon au poste de police.
Je me levais et me regardais dans le miroir de la coiffeuse où Jyi-ha était assise.
- Cet enchaînement de situations me stresse et le stress, ce n’est pas bon pour la peau. Je vais finir avec plein de rides, disais-je sur le ton de la rigolade.
- Je suis sûr que ça irait mieux avec un peu de crème solaire. Bon, ce n’est pas que je ne t’aime pas, mais…
- Mais tu dois aller au secours de ton chéri. Je ne me souviens pas du jour où tu as décidé de placer ton mari avant tes amies.
Jyi-ha se contenta de soupirer en me poussant hors de sa nouvelle suite.
- N’as-tu pas mieux à faire que de me raconter n’importe quoi ?
- Pas vraiment. À vrai dire, je m’ennuie.
- Bah va t’occuper. Qu’est-ce que tu fais habituellement quand tu t’ennuies ? demanda Jyi-ha en mettant ses chaussures.
- J’appelle Minhwan et je lui demande ce que l’on peut faire.
- Pourquoi ne l’appelles-tu pas ?
- Quand j’ai intégré la mafia, on m’a dit de couper les ponts avec toutes les personnes de l’extérieur.
Mon amie me fixait, comme choquée par mes dires.
- Et tu les as écoutés ? Va appeler ton meilleur ami, s’il y a des conséquences, elles seront sur mon dos.
- Je peux ? Merci, Jyi-ha !
- Pauvre enfant.
Je me dirigeais vers ma chambre tout en téléphonant à Minhwan, qui répondit rapidement.
« - Ça fait des mois qu’on ne s’est ni vus ni parlé, et c’est aujourd’hui que tu décides de m’appeler ? Dit mon meilleur ami, étonné.
- Ni « bonjour », ni « ça va », ni « tu me manques ». Quelle joie de t’appeler !
- Excuse-moi, ces longs mois sans aucune nouvelle m’ont fait perdre mes manières. Pourquoi m’appelles-tu ?
- Je m’ennuyais, je voulais que l’on discute un peu, ça fait si longtemps.
- En effet, cela fait un bon bout de temps, mais malheureusement, je vais devoir raccrocher. Je suis vraiment occupé là, et en plus, je ne suis pas chez moi. Je te rappellerai une fois rentré. Ça prendra à peine 45 minutes. »
Il raccrocha immédiatement après cela. Je restai bouche bée un moment avant de comprendre ce qui venait de se passer.
« On ne me l’a jamais faite, celle-là ! »
Je retournais à mon bureau, là où était disposé un livre de droit mexicain. Effectivement, j’étais déterminée à le lire. Cependant, je ne pouvais pas me concentrer, alors je décidais de faire un tour à l’extérieur.
Je descendais les étages grâce à l’ascenseur, mais celui-ci s’arrêta avant le rez-de-chaussée et les portes s’ouvrirent pour laisser entrer Jisung.
- Salut Hana, tu vas bien ?
- Pas vraiment, personne ne fait attention à moi. Disais-je dramatiquement afin de faire comprendre que ce n’était que du second degré.
- Tu me fais de la peine. Que dis-tu d’aller dans un café manger quelque chose ?
- Avec grand plaisir, je connais un café pas très loin.
Jisung me répondit par un simple sourire et, une fois à l’extérieur, il m’offrit de m’y conduire. Nous montâmes dans sa voiture et il démarra la conversation directement.
- J’aime beaucoup ton trench, ça fait longtemps que j’en cherche un en cuir, pareil que toi.
- Je l’ai acheté chez The Row, mais tu peux me l’emprunter si tu veux.
- À combien tu l’as acheté ?
- On est obligé de parler d’argent ?
- J’aimerais bien l’acheter moi aussi.
Jisung me regardait, un air innocent dans les yeux.
- Je l’ai acheté pour environ six mille dollars.
- Bah voilà, ce n’était pas si compliqué.
- Ouais, ouais. Mais la plupart du temps, ça finit en leçon de morale sur le fait que je dépense trop. Mais j’ai grandi dans une famille riche et ma mère m’a toujours dit : « Si quelque chose te plaît, achète-la. On ne vit qu’une fois, alors fais-toi plaisir. » Mais les gens ne sont pas d’accord avec cette philosophie.
- Je suis un mafieux, je n’ai aucune morale à te faire sur l’argent. Dis-moi, tu étais proche de tes parents ?
- Plus ou moins, oui. Ils avaient souvent la tête plongée dans les procès et les archives, ils travaillaient tout le temps et ne me donnaient pas beaucoup d'attention. Mais ne te méprends pas, j'avais quand même une très bonne relation avec eux, les rares fois où l'on passait du temps ensemble n'étaient qu'amour. De plus, ils ont toujours pris les meilleures décisions pour moi, comme commencer les cours de droit très tôt ou me faire apprendre plein de langues, et j'ai toujours bénéficié de nombreux privilèges grâce à eux.
- Vous vous êtes toujours entendus ? demanda Jisung en se garant.
- Nos avis n'ont différé qu'une seule fois, et c'était par rapport à mon ex-petit ami. Mes parents disaient que j'étais trop jeune, mais je ne les ai pas écoutés.
- Tu avais quel âge ?
- Regarde, on est arrivés.
Je sortais de la voiture, et Jisung me suivit jusqu’au café. Deux personnes se tenaient devant nous dans la file d’attente. Alors qu’on attendait, mon ami me questionna :
- Allons, dis-moi. Je suis sûr que tu n’étais pas si jeune que ça.
- J’avais 13 ans, j’avoue, j’étais très jeune, mais j’étais aussi très mature.
- C’est vrai que 13 ans, c’est très tôt.
- Honnêtement, ce n’est pas ça le plus grave. Tu ne sais pas combien de temps nous sommes restés ensemble.
- Combien ? Deux mois ? Quatre s’il était sérieux. À cet âge-là, ça ne dure pas plus longtemps.
- Bien plus que ça !
- Combien ?
C’était à notre tour de passer notre commande.
- Je vais prendre une part de gâteau aux fraises et un café frappé.
Je me retournai vers Jisung.
- Un Cheesecake et un americano.
À la suite de cela, la serveuse nous demanda de payer. Je dégainais alors ma carte plus vite que Jisung, qui avait tenté de me devancer sans succès.
- La prochaine fois, c’est moi qui paie. Alors, vous êtes restés ensemble combien de temps ?
- Trois ans, je crois.
- Wow, jusqu’à vos seize ans !
- Jusqu’à mes seize ans. J’appuyais sur « mes » afin de lui faire comprendre que nous n’avions pas le même âge.
Très rapidement, une serveuse vint à nous afin de mettre à table ce que nous avions commandé.
- Oh ! Déjà ? S’exclama celui qui m’accompagnait.
- C’est sûrement parce qu’il y a très peu de monde aujourd’hui que c’est aussi rapide.
- Revenons à nos moutons, tu ne vas pas esquiver mes questions plus longtemps.
- C’est toi qui as changé de sujet, je te rappelle.
- Vous n’aviez pas le même âge ?
- En effet, Sherlock. Il était plus âgé de trois ans.
Notre détective me regardait, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés, connectant toutes les pièces du puzzle que constituait ma première et unique relation.
Je pris une gorgée de ma boisson avec le sourire en observant l’attitude de la personne en face de moi. Les réactions étaient similaires à chaque fois. En effet, le choc était présent à toutes les fois où j’ai fait cette révélation : d’abord Jyi-ha, ensuite Rose, puis Minhwan et maintenant Jisung.
Après que ce dernier se fut remis de ses émotions, il voulut riposter.
- Mais-
- Oui, je sais. Il avait dix-neuf ans lorsque nous nous sommes quittés, ce qui fait de lui un homme majeur et de moi une fille mineure.
- Tu te rends compte du danger de la chose ou pas ?
- Du calme, il était très sain d’esprit.
- C’est pour ça qu’il est sorti avec une mineure ?
- Je te rappelle que nous étions tous les deux mineurs au début de la relation.
- Mais c’est qui ce type ?
- Impossible de te donner son nom, tu as sûrement dû le croiser si tu passais devant le collège ou le lycée de Rose.
- Allez, dis-moi son nom, de toute façon, comment pourrais-je me rappeler de lui ?
- Oh, je t’assure que si je te dis le nom, il va vachement te rappeler quelque chose. Enfin bref, lâche-moi la grappe avec cette histoire, j’ai répondu à assez de questions, passons à autre chose. Je ne savais pas que tu aimais la tarte aux pommes.
- J’aime trop ça, bien que je préfère le cheesecake d’abord. Tu veux en goûter ?
- Non, je n’aime pas trop la tarte aux pommes, bien que l’on m’ait dit que j’en préparais de très bonnes.
- J’aimerais bien y goûter, mais qui est-ce qui te dit ça ? Je ne t’ai jamais vue en faire.
- Avant, j’en faisais presque une par semaine lorsque Minhwan venait chez moi. D’ailleurs, en parlant de ce fou, il m’a raccroché au nez tout à l’heure !
- Ah oui ? Pourquoi ?
- Qui sait ?
Nous continuâmes notre discussion jusqu’à terminer nos desserts et nos boissons. Puis nous nous dirigeâmes vers la voiture afin de rentrer à notre hôtel. En arrivant, mon acolyte avait été appelé par Hyunjin pour X raison et s’en alla.
À la suite de cela, Minho m’accosta pour me dire qu’une surprise m’attendait dans ma suite. Je m’y rendis donc.
Sur mon bureau se trouvait un bouquet de lavande et d’œillets. Je m’approchai du bouquet afin d’en humer l’odeur, mais mon attention fut attirée par une petite enveloppe brune décorée avec les couleurs des fleurs qui l’accompagnaient. Elle était signée, et il ne fallut pas plus de temps à mes yeux pour s’écarquiller devant le nom de l’expéditeur : Minhwan.
J’aurais dû m’en douter, ce sont ses fleurs préférées. Un sourire se dessina sur mes lèvres, et je tournai la tête pour voir deux valises près de mon lit. Mais avant même que mon cerveau puisse réagir, quelqu’un me toucha l’épaule. Je me retournai et n’en crus pas mes yeux ; mes yeux devinrent humides.
- Surprise !
- Mais qu’est-ce que tu fais là ?
- C’est bientôt ton anniversaire, alors je me suis dit que je pourrais venir te voir. On a fait pas mal de destinations ensemble, mais Mexico, c’est nouveau.
- Minhwan, tu ne peux pas rester là.
- Pourquoi ? Parce que tu es en mission pour trouver l’ancien chef de la mafia Wolfgang avec ton petit Christopher et tes soi-disant cousins ou je ne sais pas quoi ?
- Hein ? Mais de quoi parles-tu ?
- Tu penses vraiment que je suis un imbécile de première ? D’abord, ils se sont infiltrés à la fête du cabinet. Puis, comme par hasard, tu prends du repos. Ensuite, tu nous quittes pour vivre avec tes « cousins ». Sans oublier que l’on ne devait plus se parler pour une raison quelconque, mais que tu viens me voir pour des dossiers qui datent tellement qu’ils sont poussiéreux. Et après ça, tu t'envoles pour un autre pays. Ce n’est pas du tout suspect, hein ?
- Alors là, pas du tout, répondis-je avec un signe des mains.
- J’ai oublié d’omettre un détail : j’ai croisé l’un de tes cousins éloignés avec une dizaine d’autres mecs assis dans ce qui semblait être un salon. Pourquoi vis-tu avec autant d’hommes ? C’est une partouze ou quoi ?
- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu me crois capable de faire ça ?
- Effectivement, non. Mais je ne te pensais pas non plus capable de t’allier à une mafia.
Je le fixais, simulant un regard d’incompréhension alors qu’en réalité j’étais incrédule.
Je n’ai jamais essayé de lui cacher que j’avais rejoint une mafia, mais je n’aurais jamais imaginé qu’il allait relier les points et faire sa propre petite enquête. Il continua de déceler les derniers événements comme un inspecteur qui racontait son investigation.
- Eh oui. En arrivant ici, je surpris une conversation et crus reconnaître la voix de la personne qui t’avait aidé à déménager. Durant cette discussion, j’entendis parler de drogues, d’armes, de mafia et d’un certain « Han » qui, je cite, est sorti avec Hana. À ce moment-là, je compris que je ne m’étais pas trompé de lieu, mais plutôt que tu manigançais quelque chose. À la suite de ce que j’avais entendu, je compris deux choses : premièrement, il n’y a aucune autre femme ici, pas étonnant connaissant ton amour pour les hommes, et deuxièmement, tu fais partie de cette mafia.
- Mauvaise réponse.
- Hein ?
- Tu as tort sur l’un des deux points que tu as relevés. Je ne suis pas la seule femme ici, nous sommes trois, l’une est au commissariat et l’autre ne se sent pas très bien.
- Mentalement je suppose.
- Elle a perdu son enfant, elle a fait une fausse couche.
- Comment ça se passe avec son petit ami ?
- Digne des procès de divorce que l’on connaît si bien.
- Oh ! J’ai failli oublier, je t’ai apporté quelque chose.
Il attrapa un petit sac accroché à sa valise avant d’en sortir une boîte rectangulaire en velours noir que je ne connaissais que trop bien.
- Ah ! Même pas en rêve !
- Allez ! S’il te plaît, tu es super belle avec, je t’assure !
- Non, je n’ai pas envie. Personne ici ne sait que je porte des lunettes.
Enfin, Jyi-ha et Rose savent que je suis censé les porter, mais elles ne m’ont jamais vu avec. Ah, il y a quelqu’un d’autre ici qui m’a vu avec.
- Allez, mets-les, je veux te voir avec.
Il me donna la boîte. Alors, pour lui faire plaisir, je mis mes lunettes sur mon nez, puis je le fixai comme pour attendre une réaction de sa part.
- Tu es magnifique. Garde-les pour la journée et la réaction des autres définira si tu les mets pour toujours ou pas, d'accord ? Tu es belle à en couper le souffle.
- Tu pourrais me marier comme ça ?
- Quand tu veux.
Sa réponse me fit sourire bien que je ne souhaitais pas vraiment me marier avec lui.
- Dis-moi, tu m’en veux de t’avoir caché tout le tralala sur la mafia ou même d’en faire partie ?
- Bien sûr que non. Ce sont tes choix et tu prends toujours de bonnes décisions. Et puis, qui sait ? Peut-être que tu rencontreras l’amour de ta vie ici. Après tout, il y a du choix.
- Orh ! Ferme-la et va te doucher. Le chemin a dû être long et éprouvant, tu dois être tout transpirant. Vagabond sale ! dis-je en le poussant en direction de la salle de bain.
La présence de Minhwan avait purifié l’air de ma suite et m’avait rendu de bonne humeur.
Mais à présent, je devais réunir mes meilleurs arguments afin de persuader Christopher de persuader Namjoon de laisser Minhwan rester quelques jours avec nous.
Je me dirigeai vers la porte de la salle de bain afin de prévenir Minhwan que j’allais m’absenter pendant quelques minutes, puis je quittai ma chambre en direction du bureau de Christopher.
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