17.

« You ain't even there for me »
~Alone~DOJA CAT

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—{ F L A S H B A C K }—

- Résidence inconnue,Corée -

Ses sens en ébullition, il sentait chaque parcelle de son être pulsée de désespoir et, paradoxalement, d'excitation alors qu'il avançait avec assurance dans les rues sombres d'Itaewon.

« Sombre idiot sans valeur. »

Ces mots.

Il les avait entendus toute son enfance au point où il pouvait prévoir quand son géniteur allait dénier les prononcer.

« Ferme-la le mioche. T'es minable comme ta mère et ta noire de sœur. »

Les phrases racistes, il en avait entendu : surtout à l’encontre de sa jeune sœur.

« Tu ne sais que dormir et manger, c'est ça ? »

« Femmelette. »

« Bâtard et abruti fini ! »

« Regardez-moi ce gamin qui pense être légitime pour hériter de mon trésor familial. Incapable ! »

« Je vais t'éclater fils de pute ! »

« Un quinze ? Tu me fais honte. Tu me rappelles ta mère. »

Sa tête lui faisait atrocement mal. Il souhaitait écraser son crâne contre un mur de briques pour apaiser la douleur, toutes ses douleurs finalement incurables.

« Regarde-toi, tu n’as même pas hérité des yeux du loup pour rattraper ton visage raté et défiguré. »

Les rires moqueurs, les hurlements de haine injustifiés, les abus physiques…

« Va crever, J’aurais préféré que tu ne sois jamais venu au monde ! »

D’une violence sans nom, Christopher martelait la porte à coups de poing, espérant qu’on lui ouvre afin de mettre fin à cette torture psychologique.

Une jeune femme aux longs cheveux blonds et vêtue d'une tenue de nuit osée se présenta au bout de quelques secondes :

« Oh, toi. Je t'attendais. Entre », dit-elle simplement en retirant avec douceur la veste qui reposait sur les épaules du mafieux.

Allait-il trouver la paix ?

Il se le demandait sincèrement, car il le savait : ces femmes n’étaient qu’un repos éphémère.

—{ F I N   D U   F L A S H B A C K }—

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{ P O V    D E     J Y I H A }

- Club « LBONGOS »,
Mexique, México City -

« Jyi-ha ? Jyi-ha ! »

Je quittai mes songes afin de me concentrer sur les paroles de Seokjin.
Assise du côté passager, je me tournai vers le conducteur à mes côtés.

- Tout va bien, Jyi-ha ? Ça fait cinq bonnes minutes que je t’appelle, mais tu ne me répondais pas, me dit-il avec une pointe d’inquiétude.

- Oui, je vais bien. J’étais juste un peu ailleurs, le rassurai-je.

- Tu pensais à Rose ? ajouta Felix, passant son visage par-dessus mon siège à l’avant.

- Ne t’en fais pas, son frère est là pour elle, renchérit le médecin.

Je souris en guise de réponse avant de détacher ma ceinture de sécurité et de sortir de l'habitacle. Il faisait plutôt doux dehors, bien que le temps commençait à se rafraîchir pour laisser place à l'automne.

Nous retrouvâmes Namjoon, Hyunjin, Taehyung, Changbin et Jungkook près de la boîte de nuit déjà pleine à craquer. Les garçons étaient habillés plutôt simplement afin de se fondre dans la masse. Quant à moi, je portais une robe à bretelles, pailletée, de couleur champagne. Selon les dires de Taehyung et Hyunjin, j'étais à la pointe de la mode mexicaine en portant cette robe : pour traduire, très peu vêtue et extrêmement sexy. Ce n'était tout bonnement pas mon style.

Mes iris rencontrèrent chacun des garçons afin de leur signaler que j'étais prête à entrer et qu'ils pouvaient rejoindre leur poste respectif. Ils hochèrent la tête puis la moitié de l'équipe entra : Felix, Changbin, Taehyung et Jungkook devaient se poster aux quatre coins du club et garder un œil sur le monde. Ils assuraient nos arrières.

Ce fut ensuite à notre tour de pénétrer le grand « LBongos », la boîte de nuit la plus célèbre de Mexico. Nous pouvions entendre la musique de l’extérieur, témoignant du seuil de décibels important qu’atteignait cette dernière.

La chaleur, les corps qui se déhanchaient au rythme de la musique, l’odeur de l’alcool, de la nicotine, les mains baladeuses et les couples qui se reproduisaient aux yeux de tous : tout cela était écœurant et l’envie de quitter cet endroit me traversa à la seconde où ma paire d’escarpins avait atteint le pas de la boîte.

- Défroisse ton visage, Jyi-ha. On dirait que tu vas tuer tout ces gens, ricana Hyunjin au creux de mon oreille.

- C’est exactement ce que je m’apprête à faire si je ne dégueule pas avant, criais-je afin qu’il pût m’entendre dans tout ce vacarme.

La réalité me frappa à cet instant : pour quelles raisons évidentes Lisa m’aurait-elle invitée dans un lieu pareil alors qu’elle savait pertinemment que je détestais les discothèques et tout autre synonyme de ce genre ? Était-ce donc un piège ?

J'actionnai instantanément l'oreillette qui me reliait aux pirates informatiques à l'hôtel.

- Suga, I.N, recevez-vous un signal du téléphone de Lisa au LBongos ?

- « Liberty J, ici I.N. À 60°, au nord, son signal provient de là. »

- On y va, se prononça Namjoon.

Les mafieux se dirigèrent vers la destination indiquée par les pirates informatiques, une tâche aisée pour ces trois grands hommes qui ouvraient la marche. Cependant, pour une femme telle que moi en ce moment même, c'était une mission un peu plus compliquée. Je ne pouvais avancer sans me faire siffler ou draguer grossièrement.

- Psst, ma jolie ! M’arrêta un jeune Mexicain dont la sobriété avait sûrement quitté son être à l’heure qu’il était. Je t’offre un verre ?

Sa requête fut accompagnée d'un sourire enjôleur, plus qu'abject si vous vouliez mon avis. Je le dévisageai avec indifférence puis repris mon chemin sans jamais lui répondre.

Mais le chromosome XY complètement torréfié continua à me poursuivre à travers le club.

- Allez, ma belle ! Les filles ne regrettent jamais d'avoir couché avec moi !

Et ce fut la goutte qui fit déborder le vase lorsque sa main atterrit sur mon postérieur. Je me figeai de dégoût, me tournant vers l'homme qui me souriait de toutes ses dents, le regard meurtrier.

- Retire ta main, le menaçai-je en espagnol.

- Ooh, allez, ma belle, décoince-toi un peu ce soir ! Je vais te faire découvrir des trucs sympas.

Ni une ni deux, ma main rencontra violemment sa joue, ce qui fit valser l'homme sur une table recouverte de bouteilles d'alcool en verre qui se brisèrent sous l'impact.

« Super... » soupirais-je en constatant que ce charmant connard et moi-même avions attirés les regards de la boîte toute entière sur nous en une simple fraction de seconde.

Mes coéquipiers me remarquèrent enfin. Ils m’interrogèrent du regard, car ils n’avaient évidemment pas remarqué l’homme qui me cassait les pieds depuis approximativement un quart d’heure et n’étaient donc pas témoins de la scène grotesque qui venait de se produire.

- Espèce de salope ! Je saigne à cause de toi ! hurlait le monsieur en se relevant avec aigreur.

- Oh, je te prie de m'excuser ! Je m'en veux terriblement de t'avoir blessé, connard ! Souriais-je hypocritement.

Une foule s'était formée autour de nous, malgré moi. Elle se mit à crier et à hurler de joie. C'était pathétique.

Je me recoiffai rapidement avant d'être tirée contre Hyunjin.

- Je sais que tu peux te défendre seule, mais on va éviter de divertir toute la boîte au risque de manifester notre présence à Man-Soo, dit-il, amusé.

- C'est trop tard, si tu veux mon avis.

- Il t'a touchée ? Tu vas bien ? Me demanda précipitamment Seokjin.

Inutile de l’alarmer, surtout que Namjoon m’observait du coin de l’œil, juste à côté de lui.

- Non, il ne m'a pas touchée, il a juste été un peu trop insistant et désagréable.

Mes supérieurs ne purent répliquer : les néons qui éclairaient l’intérieur du bâtiment s’éteignirent tous soudainement, nous plongeant dans l’obscurité pendant quelques secondes.

Soudain, la lumière des projecteurs fut orientée sur la scène qui se trouvait au fond du club, où des danseuses, des musiciens, des chanteurs et des DJ se produisaient. Un homme s’y tenait debout, un micro à la main.

- Vous l’attendez tous avec impatience… commençait-il. Mesdames et Messieurs, la grande Isabella ! annonça-t-il avec enthousiasme.

S'ensuivirent des cris de joie et d'excitation, des sifflements et des applaudissements.

Nous nous trouvions désormais près de la scène. Une dizaine de jeunes femmes apparurent sur le plateau. Débutant ce qui me semblait être une chorégraphie, elles ondulaient sensuellement leur corps couverts d’une lingerie prévue à cet effet.

Les regards pervers et les conversations qui parvinrent à mes oreilles me procurèrent une soudaine envie de meurtre, mais ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour assouvir mes pulsions.

Les danseuses se rassemblèrent au centre de la scène lorsqu’une voix féminine se fit entendre : cette dernière atteignit une note aiguë qui fit frissonner plus d’un au sein du club mexicain. Les danseuses se séparèrent soudainement, dévoilant la mystérieuse chanteuse à la voix lascivement captivante.

Mes yeux furent d’abord attirés par sa robe scintillante en sequins dorés. Puis ils remontèrent jusqu’à son visage : la prénommée Isabella était blonde, le teint basané et les pupilles turquoise. Sa longue chevelure était par ailleurs ornée d’une couronne faite de plumes et de perles.

Isabella prit rapidement les rênes de la soirée, sa voix ensorcelant son auditoire et ses courbes voluptueuses charmant la gent masculine à chaque pas, accompagnée de ses danseuses figurantes.

Je fus d'ailleurs surprise de constater que les hommes qui me servaient de coéquipiers bavaient devant la blondasse.

- I.N, Suga, du nouveau ? décidais-je de reprendre la mission en main puisque les mafieux avaient cédé à leurs hormones en chaleur.

- On a perdu le signal de ton amie, m'informa Yoongi, perturbé.

- Quoi ? m'exclamai-je.

Je fus interrompu par la voix de la Latina, que je trouvais étonnamment forte. Elle résonnait près de mon oreille. Et je tombai des nues en apercevant Isabella juste à côté de moi, caressant charnellement le torse du médecin de Mystery Ace. Ce qui venait de se produire était lunaire.

Seokjin ne réagissait pas, probablement embarrassé sous les rires de Hyunjin. Mais le trésorier fut rapidement courtisé par les danseuses figurantes qui suivaient la chanteuse avec précaution.

Mes lèvres s’entrouvrirent en un rictus mi-moqueur, mi-surpris lorsqu’Isabella eut la brillante idée de charmer Namjoon. Elle poussa érotiquement mon supérieur sur une chaise afin de le faire asseoir. Elle s'assit ensuite sur ses cuisses tout en chantant près de son visage. Le monde s'affola, encourageant la jeune blonde qui continua à danser sur les jambes du Coréen.

Je m’emparai, sans perdre davantage de temps, de mon téléphone portable et commençai à immortaliser ce moment inouï. Je ne cessais de sourire de satisfaction derrière la caméra de mon appareil en voyant la mine dépassée du leader.

Mais mon sourire s’effaça rapidement lorsque je le vis me fixer, les sourcils haussés. Je comptais le provoquer en mettant en évidence mon téléphone afin qu’il comprenne que j’avais une arme en ma possession contre lui, mais ma mâchoire faillit se décrocher et mon cellulaire faillit rencontrer le sol du club lorsque je réalisai que Namjoon avait décidé de répondre aux avances de la chanteuse.

Une main sur sa hanche, il enfouit son visage dans le creux du cou d’Isabella, tout en la rapprochant de lui. La blonde redoubla d’efforts en constatant qu’il était entré dans son jeu de séduction.

Alors c'était ça sa vengeance : me faire passer pour une idiote en allant voir ailleurs.

- Le boss est déchaîné aujourd'hui ! Rit Hyunjin.

- Je ne l'avais jamais vu comme ça, lâcha Seokjin, manquant de peu de perdre connaissance.

Isabella finit par quitter les cuisses du mafieux sans oublier de l'embrasser sur le bas de sa joue, tout près de la commissure de ses lèvres.

« Dédicace à mon patron qui nous a rejoints aujourd'hui ! » s'exclamait-elle, en pleine chanson.

À l’annonce de la présence de son patron, la salle fut à nouveau comblée de hurlements de surexcitation.

- Son patron ? murmurai-je à moi-même, les sourcils froncés.

- Accueillez-le comme il se doit, car il est ici pour nous annoncer une très grande nouvelle ! Poursuivit-elle.

Les braillements reprirent de plus belle. Les lumières illuminèrent soudainement l’arrière de la boîte de nuit. Nos yeux s’écarquillèrent alors : Kim Man-Soo se tenait là, acclamé par la foule.

Il avançait, encouragé par le monde qui semblait l’adorer. On prit même des bouteilles de champagne que l’on renversa sur l’homme d’âge mûr qui hurla de joie.

Je me tournai vers Seokjin et Namjoon. C’était bien la première fois que j’apercevais cette expression sur leur visage : un mélange de répugnance, de haine et de peur.

- Putain, il est encore plus fou en vrai, cracha le trésorier.

- « Ici Silver Bin, parlait Changbin à l'oreillette. Les hackers ont perdu le signal de Lisa. Elle n'est pas ici. On a même vérifié dans les salles VIP. »

- « Ici, H. Bad. C’est un piège, Man-Soo est devant nous », répondit Hyunjin.

- « On se replie. Rejoignez-nous », ordonna Namjoon.

Pourquoi Man-Soo s’était-il dévoilé aussi simplement ?

Ne m’étais-je donc pas trompé en ressentant ce mauvais pressentiment ce matin même ?

Et où était Lisa ?

Malheureusement, mes pensées furent interrompues par le père Kim. Il demanda le silence et comme par magie, la boîte de nuit tout entière s’était tue.

- Moi, Kim Man-Soo, vous annonce que je me marie dans quelques semaines !

Un mariage ?

Je cherchais des réponses dans les yeux de mes coéquipiers, mais ils semblaient tout aussi troublés.

Les criaillements de bonheur accompagnèrent l’annonce de notre ennemi. Il demanda le silence d’un geste de la main, et à nouveau, le calme reprit place au sein du cabaret.

- La mariée... Se trouve ici !

- Eh ! Les présentations Man-Soo ! hurla un groupe de jeunes femmes.

- Les présentations ! Les présentations ! Cria le monde, en chœur.

- Qu'est-ce que c'est que cette mascarade... murmura le Coréen aux cheveux rouges.

- Je n'en ai aucune idée, Hyunjin... répliquais-je avec difficulté, encore ébranlée par la situation.

- Très bien ! s’exclama Man-Soo. Je vous la présente !

Un silence de mort s'abattit finalement sur le club.

Peu à peu, des paires d’yeux commencèrent à me dévisager. Je devenais folle : la boîte entière s'était retournée vers moi, me toisant avec insistance.

Croisant les regards de mes associés, je compris que je n’étais pas complètement insensée, mais que quelque chose ne tournait pas rond. Hyunjin me fixait avec stupeur, Seokjin se laissa tomber sur une chaise et Namjoon, eh bien, ses yeux étaient prêts à quitter leurs orbites.

Je ne me rendis pas compte de la situation jusqu’à ce qu’Isabella ne m’attrape le bras, le relevant en l’air victorieusement.

La vérité me flagella avec violence : les lumières étaient projetées sur ma personne, Kim Man-Soo parlait de moi, j’étais sa future femme.

« Faites du bruit pour : Yong Jyi-ha ! » s’écriait-elle, gagnant les hurlements du monde.

Et la musique reprit, battant son plein. Isabella me quitta pour rejoindre la scène. Encore étourdie, je ne me rendis pas compte que Man-Soo était devant moi, tout près.

« Je te l'avais dit qu'on se reverrait, mon cœur, sourit-il, fier. Jolie robe, elle te met en valeur. »

Je battis des paupières plusieurs fois avant de prendre conscience de la situation et, ainsi, m’éloigner de lui en reculant à toute allure.

Cependant, mon corps rencontra le torse d’un homme, ce qui m’empêcha de m’éloigner davantage. Je me retournai rapidement, prête à riposter. Mais j’arrêtai tout mouvement, soulagée, en voyant que c’était Namjoon.

Ses yeux rencontrèrent les miens avec bienveillance, bien que son visage restât neutre.

- Notre mariage est prévu dans deux semaines, mon cœur. J'espère que tu inviteras tes coéquipiers, Black Tears.

Je me tournai vivement vers l’homme, le regard sévère. À quoi jouait-il ?

La soirée reprit son cours ; le monde dansait, buvait, batifolait. Et moi, je me trouvais actuellement entre un père et son fils, à Mexico, qui ne s’étaient pas revus depuis des années, puisque l’un était censé être en prison.

- Tu le fais exprès ? demandais-je ironiquement. Je ne me marierai jamais avec toi et tu n’as aucun moyen de m’y obliger.

- Ah bon ? Es-tu bien sûre de cela ? Plissait-il les yeux avec arrogance. Et si je te disais que ton amie Lisa est entre mes mains ?

Les yeux ronds, j'étais à présent sans voix devant le père Kim qui, lui, souriait avec insolence.

Namjoon s'interposa finalement : il créa une barrière entre son père et moi-même. Man-Soo perdit son sourire, le regard plein de jugement et de dégoût envers son fils. Il observa sa progéniture qui se contenait brillamment de lui exploser la gueule sans retenue. Mais Namjoon était intelligent, il savait que ce n'était pas le moment opportun pour confronter physiquement son géniteur.

- Toujours à la recherche de femmes plus jeunes pour assouvir tes désirs sexuels ? Maugréa le leader au visage de son paternel.

Man-Soo ricana.

- C'est ta pute ? Je ne crois pas non, alors je fais ce que je veux avec elle.

- Non, elle travaille avec moi. Il est hors de question qu'elle se range de ton côté. Que ce soit pour tes désirs tordus ou pour m'éliminer.

- Mais je ne demandais pas votre avis, gloussait-il. C'est moi le maître ici, petit bâtard, Je fais ce que je veux à Mexico. Il pencha son visage afin de croiser mon regard. Je n’ai même pas besoin de ta signature ou de ta présence pour nous marier, Jyi-ha.

Un fou rire incontrôlable s'empara alors du vieux. Et à notre plus grande surprise, il finit par nous abandonner, là, en plein milieu du club.

- Qu'est-ce qui vient de se passer ? demanda Seokjin, choqué.

La mâchoire contractée, Namjoon se contenta de me lancer un regard glacial avant de déclarer :

- On rentre.

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{ P O V     D E    C H R I S T O P H E R }

- Hôtel MX Coreano,
Mexique, México -

J’entendis quelqu’un frapper et ouvrir la porte. C’était Hana qui arrivait légèrement en retard, son ordinateur et un sac en carton dans les mains.

- Excuse-moi pour mon retard. J’ai apporté quelques petites choses pour me faire pardonner, dit-elle en posant son sac en carton sur l’une des chaises en face de moi. Un macchiato glacé, un latte glacé et une boîte de macarons. Tu savais qu’il y avait un café qui faisait des spécialités italiennes à côté ?

- Non, je ne savais pas. Mais pourquoi avoir apporté tout ça ?

- J’avais envie de café et je suis tombée sur ce café italien. Vu que j’étais en retard, je t’ai pris un café latte glacé et on partagera les macarons, ça te va ?

J’hochai la tête avant de lui demander de s’asseoir afin de commencer nos recherches. Elle s’installa en face de moi.

- Si je t’ai appelée, c’est parce que toi et moi avons des recherches à faire.

- Ce qui explique pourquoi tu as demandé aux hackers d’installer un dispositif sur mon ordi.

- Oui, c’est un puissant antivirus et un simple dispositif de recherches approfondies. On en aura besoin ce soir, puisqu’on va devoir chercher le gérant de cette boîte de nuit.

- J’étais là cette après-midi, je sais ce que l’on doit faire.

Je haussais les sourcils et lui souriais brièvement.

Ce genre de recherches était plutôt simple et je n’avais certainement pas besoin d’elle pour les faire.

En effet, c’était juste une excuse pour voir Hana. Cette fille me rendait heureux et la voir ici me faisait sourire bêtement. Récemment, je m’étais rendu compte qu’Hana était l’une des seules personnes capables de me faire sourire dans une situation critique. Les deux autres personnes étaient Minho, mon meilleur ami, et Rose, ma petite sœur. J’en avais donc déduit que je considérais Hana comme l’un des deux.

Après quelques minutes de recherches, je bus quelques gorgées de mon café au lait.

- Au fait, comment as-tu su que j'aimais le latte glacé ?

- J’ai su que c’était ton café préféré grâce à Minho. Je ne connaissais pas tes goûts, alors je lui ai envoyé un message parce que je me suis dit que c’était lui qui te connaissait le mieux.

- Tu parles souvent avec Minho ?

À ces mots, elle se mit à sourire.

- En message ? Presque tout le temps. Mais ici, il est toujours occupé, alors on ne se croise malheureusement jamais. Pourquoi ?

- Comme ça.

Ces deux-là étaient bien plus proches que ce que je ne le pensais.

Après cette courte discussion, Hana se remit à taper sur les touches de son clavier pendant que je me demandais de quoi Minho et elle pouvaient bien parler.

Se parlaient-ils aussi régulièrement qu’elle le disait ?

Que représentaient ces discussions pour Hana ?

Et pour Minho ?

Étaient-ils plus que de simples amis ?

- Je crois que j’ai trouvé la personne que l’on cherchait, dit ma coéquipière en retournant son ordinateur vers moi.

Durant ma sérieuse réflexion sur les discussions de mon bras droit et d’Hana, cette dernière avait approfondi ses recherches jusqu’à trouver notre cible.

- Miguel Hernandez, âgé de 35 ans, possède de nombreuses boîtes de nuit dans la capitale ainsi que dans les villes voisines.

- Bien, je demanderais aux hackers de le localiser et j’enverrai l’équipe prévue pour lui rendre visite. Ton travail s’achève ici.

- Au fait, on est presque sûrs que ce n’est pas le vrai gérant de toutes ces boîtes de nuit et que la personne derrière tout ça est sûrement Man-so, mais quelque chose me tracasse.

- Dis-moi.

- Même pour un faux responsable, Miguel a été vachement simple à retrouver.

- S’ils l’avaient mieux caché, cela voudrait dire que cela masque quelque chose et ce n’est sûrement pas l’effet recherché.

- Mouais… Je continue de croire que c’était un peu trop facile. Bon, je te laisse, je suis vraiment fatiguée.

Elle piocha trois macarons dans la boîte, un à la vanille, un au café et un à la pistache. Je notais mentalement afin d’éviter des erreurs telles que celle de la glace au chocolat.

- Tu peux garder le reste.

Elle me fit un clin d’œil avant de s’en aller. Son geste me fit souffler du nez.

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{ P O V    D E    N A M J O O N }

- Club LBONGOS,
Mexico, Mexique -

- On ne peut pas partir comme ça ! Et Lisa ? cria Jyi-ha qui me courait après sur le parking de la boîte.

- Jyi-ha ! m’exclamais-je en m’arrêtant à quelques mètres de ma voiture.

Je me retournai brusquement vers l'ex-agente, ce qui la freina dans sa course. Les gars s'étaient également arrêtés de marcher derrière la jeune femme.

- On s’en tape de Lisa, d’accord ? Si Man-Soo la détient vraiment, il ne la tuera pas. C’est son seul moyen de pression contre nous pour le moment, lui expliquais-je en reprenant mon calme. Ce que tu ne sembles pas assimiler, c’est que mon père était bel et bien sérieux. Il est capable de faire de toi son épouse sans même lever le petit doigt.

Jyi-ha me fixait, incrédule. C’était bien pire que ce que je pensais : elle n’était en fait pas du tout consciente de l’ampleur de la situation. Rien de bien étonnant, elle n’y croyait tout simplement pas parce qu’elle ne savait pas de quoi était capable mon géniteur.

Kim Man-Soo avait le contrôle sur tout Mexico et c'était un fait. Qu'elle le veuille ou non, il était capable de s'unir à elle sans grand effort.

Mais il en était hors de question. Il devait me passer sur le corps s'il aspirait à lui passer la bague au doigt.

- Tu rigoles ? finit-elle par me répondre, le teint blême.

- Non, Jyi-ha. Je suis sérieux.

- Bon, on rentre. On en reparle à l'hôtel avec les autres, intervint Seokjin.

Je hochai la tête, puis les mafieux rejoignirent leurs véhicules sans plus attendre.

Arrivés à l'hôtel, nous nous empressâmes de réunir le peu de monde qui était présent, autrement dit : les hackers, Hana et Chris. Les autres avaient été envoyés à la recherche du gérant officiel du LBongos, un certain Miguel Hernandez.

Désormais rassemblés dans mon bureau, je me mis à expliquer en détail le déroulement de la mission et l’annonce surprenante de mon géniteur durant la soirée.

- Sacrilège ! s’écria Hana, ce qui en fit sursauter plus d’un. Kim Man-Soo a annoncé son mariage avec Jyi-ha ?!

La concernée enfouit son visage au creux de ses mains avant de pousser un long soupir désespéré. L’avocate l’observa avec pitié, n’ayant nul besoin de réponse concrète à sa question au vu de l’état de sa meilleure amie.

- Au moins, nous sommes fixés. C’est bien Man-Soo qui a envoyé ce message afin d’annoncer cette grande nouvelle aux LBongos devant des milliers de témoins, dit Yoongi, les bras croisés et repliés contre son torse.

- Mais pourquoi vouloir Jyi-ha ? Souleva Jeongin.

C'était la question qui me tourmentait l'esprit depuis notre retour du club. Man-Soo avait-il un réel objectif derrière la tête ou souhaitait-il seulement me faire souffrir en m'arrachant le pilier qu'était devenue Jyi-ha dans ma vie, malgré moi ?

Je devais me l’avouer et être sincère envers moi-même : la brune aux bouclettes m’était bien plus importante que je ne le laissais transparaître. Ce n’était ni de l’amour, ni du désir, ni une simple amitié. Ou bien était-ce un sentiment que je ne connaissais pas ?

- C’est justement ce qu’on essaie de comprendre, répliqua Seokjin, les sourcils froncés.

Mon bras droit paraissait inquiet, car Jyi-ha comptait énormément pour lui. Et c’était réciproque pour sa cadette. Mais pourquoi agissait-elle donc aussi différemment avec moi ?

- Actuellement, ce n’est certainement pas l’enjeu le plus important ! Se releva la conseillère. Je vais me marier dans quelques jours sans même le savoir ! Man-Soo dit qu’il n’a ni besoin de ma présence, ni de ma signature pour officiellement nous unir. Et d’après son fils, il en est réellement capable.

Les mafieux se tournèrent à l'unisson vers moi, attendant que je m'exprime à ce sujet.

Je jetai un bref coup d'œil à ma coéquipière avant de me reconcentrer sur Mystery Ace.

- Si on ne fait rien, commençai-je sévèrement, dans quelques jours, Yong Jyi-ha ne sera plus. Je me mis à fixer la jeune femme. Mais vous pourrez accueillir Kim Jyi-ha.

Hyunjin et Taehyung s'exclamèrent théâtralement, suivis de l'avocate de la mafia. Je vis ensuite Jyi-ha se laisser tomber sur son siège, sa tête étant soutenue par sa main droite. Les yeux clos, la Coréenne de 24 ans se massait la tempe alors qu'elle semblait réfléchir.

- S’il est véritablement susceptible de le faire à sa guise, il n’y a aucun doute sur le fait qu’il puisse contrôler l’administration mexicaine à sa guise, s’exprima Christopher.

- D'un point de vue juridique, il n'y a pas de moyen plus efficace pour contrer Man-Soo que d'impliquer l'État coréen. Poursuivit
Hana.

- En effet. Impliquons l'ambassade Coréenne. Révélais-je.

- Que proposez-vous donc ? demanda
Jyi-ha.

- Nous n’avons pas le choix, déclara Hana. Jyi-ha doit se marier avant que Man-Soo ne décide de l’épouser officiellement.

Hana venait de lancer la bombe qui laissa les mafieux s’emporter.

Fronçant les sourcils, j’assimilais les paroles de l’avocate qui prirent finalement tout leur sens. Si Jyi-ha se mariait, mon géniteur ne pouvait l’épouser. Et s’il venait à miser sur le gouvernement mexicain contrôlé par Alma de Fuego, la jeune femme pouvait, elle, user de ses droits de citoyenne et impliquer le gouvernement coréen.

- Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, Hana ! Soupira Jyi-ha. Je ne me marierai pas ! Non, mais quelle idée de m'engager avec un homme ? Et puis quoi encore ? Terminer comme Rose ? Roulait-elle des yeux en assassinant Jungkook de ses iris colorés.

Les lèvres de l'avocate devinrent rondes comme un ballon. Felix avait pâli, Christopher avait baissé la tête et Jungkook détourna le regard, honteux.

Décidément, cette femme était folle et indomptable.

- Soit tu te plies au mariage qu'on te propose, soit tu deviens l'esclave sexuelle de mon père. Proclamais-je plus froidement que je ne l'aurais voulu.

Je réussis à captiver l’attention de tous et plus particulièrement celle de Jyi-ha qui me dévisagea avec dédain.

- Exactement, Jyi-ha ! Intervint Hana.

Cette dernière souriait d’une manière étrangement vicieuse, sourire que l’ex-agente semblait avoir réussi à déchiffrer.

- Hana, n'y pense même pas..., lui murmura sa meilleure amie.

La noireaude l'ignora intentionnellement. Ses lèvres étant toujours étirées en un sourire cruel et satisfait, elle annonça :

« Je propose que Jyi-ha épouse Namjoon. »

Hana était définitivement le clown le plus drôle que j'aie pu rencontrer dans ma vie.

Un silence pesant s'ensuivit, durant lequel je ricanai intérieurement, me moquant de la proposition ridicule de l'avocate. Il fut ensuite interrompu par les rires incontrôlés des pirates informatiques.

- Arrêtez de rigoler, je suis sérieuse, reprit Hana.

- L'idée de Hana n'est pas si infondée, approuva Chan en hochant la tête.

Quand il s'agissait de me mettre dans la merde, ce dernier n'hésitait jamais.

- Excusez-moi, se prononça Jyi-ha en se levant, mais je n’ai à aucun moment exprimé le fait que j’étais tout à fait d’accord avec cette idée.

Et je ne l'étais pas non plus.

Toutefois, je préférais garder le silence pour le moment afin d'analyser la situation comme il se devait. Pourtant, mon cerveau fumait : me marier avec Jyi-ha était réellement la seule solution ?

Bien que je ne souhaitasse guère que cette dernière ne se marie avec mon paternel, je ne comptais certainement pas l'épouser et vivre indéfiniment avec elle. Nous étions proches certes, mais pas à ce point de non-retour.

- Écoute, tu n'as pas le choix ! Renchérit son amie. C'est de la faute de son père si tu te retrouves dans cette situation, donc c'est à lui de réparer les pots cassés. Par conséquent, en tant que leader responsable, il se doit d'en prendre l'entière responsabilité. Elle soutint mon regard, tout sourire. N'est-ce pas, Namjoon ?

Jyi-ha se retourna vivement vers moi, me suppliant d'un simple regard de refuser la demande de l'avocate.

- Je suis d'accord avec Hana, dit Yoongi.

Yoongi ne payait rien pour attendre.

- Pareil. Continua I.N.

- Oui ça nous semble raisonnable. Intervinrent Changbin, Felix et Taehyung.

- Vous voyez. Ricana Chan.

Seokjin posa une main sur mon épaule avant de me souffler à l'oreille :

« Je crois que tu n’as plus le choix, Nam. Si on veut protéger Jyi-ha, il faut que tu acceptes. »

Pour protéger Jyi-ha… Cette femme allait finir par m’achever, et dans tous les sens du terme.

- Sinon, si cela ne plaît pas à tout le monde, je-

- La ferme, Hyunjin ! L’interrompit la plus jeune d’un coup de coude dans l’abdomen.

- Aïe, putain, c’est bon, je ne dis rien, geignait le trésorier.

Je rêvais ou bien ce dernier était prêt à se proposer ?

- Namjoon ? Me provoqua Christopher de son plus beau sourire.

Une nouvelle fois encore, mon géniteur me cassait les couilles sans être présent.

Je ne savais où donner de la tête : les mafieux attendaient impatiemment ma riposte, espérant sûrement que ma réponse allait leur jeter de la poudre aux yeux pour leur divertissement personnel. Soekjin m’encourageait à accepter, et Jyi-ha m’implorait le refus.

Je ne voulais pas m’engager avec cette femme, mais il fallait que je la protège du démon qui me servait de père.

Et puis, il était impensable pour moi de la laisser épouser un autre membre de Mystery Ace.

Je soupirai lourdement, le cœur lourd, puis répondis solennellement :

- C'est d'accord, j'accepte ce mariage.
Contactez Huening Kai, il doit être ici dès demain, lançai-je.

- Nous sommes de retour ! s’écria Hoseok.

 - On a raté quelque chose ? nous questionna Minho.

Jisung, Seungmin, Jimin, Hoseok et Minho venaient de rentrer de leur mission.

- Jyi-ha et Namjoon vont se marier, avoua Taehyung, un rictus au coin de la lèvre.

- Quoi ?! Criait l'unité à l'unisson.

- Qu’avez-vous découvert en premier ? demandais-je agacé.

- Ah euh bon... bredouillèrent Hoseok et Jisung, encore secoués par la nouvelle.

Je l'étais tout autant honnêtement.

- Man-Soo n’a pas placé n’importe qui à la tête de son cabaret, débuta Jimin.

- Hum, ce Miguel était plutôt résistant à la torture et n’a pas avoué grand-chose, enchaîna Lee Know.

- Ces derniers mots furent : « Bahng Hwa-Pyung contrôlera le monde. Dans un mois, il sera à la tête du pays ».

Putain de merde.

- Attendez, juste, pause. Nous arrêta Jisung. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de mariage ?

Les informations qu’ils venaient de découvrir étaient bien plus importantes. Mais ces commères préféraient les dramas.

Les témoins présents lors de mon approbation se mirent à s’exclamer avec enthousiasme, débitant simultanément les détails de la mission et les raisons qui m’avaient poussé à accepter ce mariage.

Je décidai alors de quitter précipitamment la pièce afin de rejoindre l’ascenseur de l’hôtel et ne plus avoir à radoter sur la décision la plus insensée que j’avais pu prendre depuis ma naissance. Mais je fus rapidement intercepté par celle qui allait devenir mon épouse.

- Attends, Namjoon ! Tu n’étais pas sérieux, j’espère ?

Je la regardais se positionner devant moi, m’empêchant tout accès à l’engin métallique qui me conduisait à ma suite.

- Ne complique pas les choses, Jyi-ha. Je n'avais pas d'autre choix que d'accepter.

- Bien sûr que si !

- Bien sûr que non !

Je la fixai perplexe durant quelques secondes. Je n’étais pas plus enchantée qu’elle et pourtant, je n’en faisais pas tout un plat. Me détestait-elle à ce point ? Ou bien avait-elle peur de moi ?

- Je te rends nerveuse ? dis-je sur un coup de tête, sans réflexion préalable, le timbre de voix étonnamment faible.

Jyi-ha écarquilla les yeux, sans doute prise au dépourvu. Elle ne fit que me détailler, le regard vide d’émotions.

- Et moi, je te rends nerveux ?lançait-elle.

C'était un dialogue de sourd.

- Je ne comprends pas ce qui te déplaît autant, me repris-je. Ce n’est qu’un mariage sur papier, rien de plus, la rassurai-je.

- Pas de vie de couple ? me demandait-elle, soucieuse.

- Non.

- Pas de comptes à nous rendre ?

- Non plus.

- Pas de sentiments ?

Ses prunelles entreprirent une danse endiablée entre chacune de mes pupilles, examinant mon âme au plus profond de mon être afin d’y dénoter une quelconque trace de faiblesse. Mais je gardais la tête haute face au problème qu’elle venait de me poser : des sentiments ?

- Aucun sentiment. 

Elle hocha la tête, mais je ne pouvais pas dire si elle était rassurée ou non.

Je la contournai ensuite et la laissai ainsi devant l'ascenseur. Je préférais finalement emprunter les escaliers.

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