ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ {𝟏𝟑}
13.
« I don’t wanna be you, anymore »
~ BILLIE EILISH ~
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-{ F L A S H B A C K }-
{ P O V E X T É R I E U R }
- Penthouse,
lieu inconnu, Corée -
Rose lança le coussin bleu qui reposait précédemment sur le large canapé de la pièce, sur son petit ami. Le sourire aux lèvres, il le réceptionna sans grande difficulté, accompagné des rires de celle qui était sa compagne depuis un mois maintenant.
Les amoureux s'étaient retrouvés dans le penthouse secret de Jungkook, à l'abri des regards indiscrets de leurs deux familles respectives.
- T'es vraiment pas croyable, Rose, se moquait le trafiquant d'un œil rieur.
Affalés tous deux sur le canapé, ils reprirent leur souffle qu'ils avaient perdu durant leur interminable fou rire.
- C'est toi qui a commencé je te signale, Kook.
Un calme apaisant semblait maintenant remplacer le chaos alors que les lueurs du soleil couchant traversaient les baies vitrées du salon.
Jungkook tourna la tête vers sa bien-aimée qu'il vit fixer le plafond. Un sourire se dessinant au coin de ses lèvres, l'ébène roula en direction de Rose, réduisant les quelques centimètres qui les séparaient : son visage tout près du sien, son torse au-dessus du corps de la mafieuse, ses bras l'entourant amoureusement.
Rose observait l'homme qui avait conquis son cœur avec surprise. Elle ne s'attendait pas à ce soudain rapprochement qui faisait battre son cœur plus fort, prêt à quitter sa cage thoracique tandis que le rouge lui montait aux joues.
Elle était gênée, et ça, il l'avait compris, ce qui le fit sourire davantage.
Les iris de Jungkook détaillaient au millimètre près chaque parcelle du visage de la dealeuse : sa peau douce et teintée, ses grands yeux bridés pétillants, son petit nez fin et plat, ses lèvres charnues rosées par la teinte de son gloss Fenty. Pour lui, elle était parfaite.
- 1 mois, putain... murmura-t-il soudainement.
Les yeux de Rose s'écarquillèrent davantage. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il brise la bulle de silence et d'amour dans laquelle il les avait enveloppés.
- Quoi ? L'interrogea-t-elle, perplexe.
- Ça fait 1 mois qu'on est ensemble, Rose, ce n'est pas incroyable ?
Il émit un léger rire taquin et viril qui fit frémir Rose de bonheur.
- C'est incroyable, Kook. Lui sourit-elle sincèrement.
- J'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais. Je n'ai jamais été aussi heureux que ce mois-ci.
Était-il sincère ?
Cette question tournait en boucle dans l'esprit de la jeune femme. Elle avait tendance à se laisser emporter par les tortures mentales que lui infligeaient ses pensées irrationnellement excessives.
Elle avait peur, peur que ce bonheur soit éphémère, peur que Jungkook la trahisse, peur que son frère le découvre. Un mois déjà qu'elle entretenait une relation interdite avec ce bel homme, et elle ne le regrettait pas.
Le sourire qui illuminait le visage du mafieux fana lorsqu'il constata le reflet des inquiétudes de sa petite copine dans ses pupilles. Il fronça les sourcils.
- Que se passe-t-il, Rose ? Tu sais que tu peux tout me dire.
Il se maintint au-dessus de l'héritière de Wolfgang de son avant-bras alors que son bras libre amena sa main sur les cheveux de cette dernière.
Il adorait ses cheveux.
- Rien, Jungkook. Enfin, c'est juste que... Et puis merde, c'est juste que je suis un peu inquiète, Kook. Et si Black Tears et Wolfgang apprenaient qu'on sort ensemble ? Et si tout ça se terminait ? Je ne veux pas de ça, je ne veux pas être à nouveau enfermée et malheureuse. Je ne veux pas te quitter, secouait-elle la tête avec frustration.
Le visage du brun s'adoucit.
Elle pensait, lui agissait.
Jungkook déposa ses lèvres sur le front chaud et lisse de Rose.
- On s'en contre-fout de ce qui peut se passer, Rose. On vit le moment présent et on ne pense à rien d'autre, d'accord ?
Elle était si reconnaissante de l'avoir. Cet homme était sa bouée de sauvetage.
Elle secoua lentement la tête, noyée dans ses belles paroles pleines d'espoir.
- D'accord Kook, je te fais confiance. Mais s'il se passe quoi que ce soit, je dirai que c'est de ta faute. Le taquinait-elle d'un ton blagueur.
- Oui, pouffait le Coréen, fais-moi confiance Rose. On sera heureux. On vivra ensemble et je te ferai plein d'enfants !
- Oh mon Dieu ! S'exclamait-elle en le repoussant, tu es allé trop loin, comme toujours !
Jungkook se tenait le ventre tant il était hilare en se redressant.
- Bon, et qu'est-ce qu'on fait maintenant, Mademoiselle Bahng, alias future Madame Jeon ?
- Pfff, il est bientôt dix-neuf heures, roulait-elle les yeux avec amusement. Je devrais peut-être nous cuisiner quelque chose ?
- Si c'est pour m'empoisonner, non merci.
Un air offusqué habilla le faciès de la jeune femme tandis que le dealer s'abandonna à un énième fou rire.
- Tu devrais voir ta tête ! La pointait-il du doigt.
- Ouais, t'as raison, je vais rajouter du poison dans ton plat.
Ce fut au tour de Rose de rire et de J.K. de se sentir offensé.
- Ça vaaa, je plaisantais. Bon, tu as fait des courses ? Demandait-elle en se dirigeant vers la cuisine.
Les pas rapides de Jungkook derrière elle la suivaient de près.
- J'ai acheté des nouilles et du soju.
- Comme d'habitude, quoi. Moi qui voulais te faire un plat maison... soupira-t-elle en s'adossant contre le plan de travail.
- Je mangerais même le pire des plats industriels si c'était toi qui me le réchauffais avec tes doigts de fée, haussait-il les sourcils à plusieurs reprises avec exagération.
- Toi alors ! Levait-elle les yeux au ciel, tout de même attendrie par ses dragouilles.
- Je ne t'abandonnerai jamais, Rose, quoi qu'il arrive, lança-t-il d'une voix grave, pleine de promesses.
- Je sais, lui répondit la métisse après un court silence. Moi aussi, Kook.
Et c'était entre les rires et les taquineries que Rose et Jungkook passèrent une incroyable soirée l'un aux côtés de l'autre autour de deux bols de ramen instantané.
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{ P O V D E J U N G K O O K }
- Hôtel « MX coreano »,
Mexique, México, 23 h 00 -
« Détester ». Ce simple verbe réussissait-il à décrire ce que je ressentais ? Je ne le détestais pas, non, je le haïssais : lui, Bahng Hwa-Pyung, le père de mon épouse et le grand-père de mon enfant. Je ne l'avais jamais rencontré et pourtant, les aveux de Rose furent la cause de mon aversion envers ce dernier.
« Je ne comprends pas, Jungkook, pourquoi t'intéresses-tu à une femme comme moi ? » avait-elle demandé, affligée.
Ce jour-là, j'avais avoué l'aimer, avec beaucoup de difficulté certes, mais je l'avais fait.
Au départ, elle semblait heureuse et elle était même prête à accepter mes sentiments puisque ces derniers étaient réciproques.
Cependant, après avoir exprimé le fond de ma pensée quant aux raisons qui m'avaient amené à aimer mon ennemie, son comportement se transforma subitement.
En creusant un peu plus, je compris que Rose avait très peu d'estime pour elle-même, elle n'avait pas confiance en elle. Alors, pour elle, mes compliments n'étaient que mensonges.
Lors de nos rencontres secrètes, il arrivait que Rose se confie à moi avant de s'endormir. Bizarrement, la nuit semblait avoir un impact sur ma femme : elle devenait tout de suite plus sentimentale et ouverte à la discussion.
Étant la petite sœur de Christopher, Rose a toujours été choyée par les siens, à tel point qu'elle avait fini par se sentir inutile et impuissante aux côtés de Wolfgang, ce qui était ironique puisque Rthorny était la trafiquante de drogue la plus réputée de toute la Corée du Sud.
Ses traits du visage métissés et ses cheveux frisés l'avaient complexé pendant un long moment. Les remarques racistes et dégradantes de son géniteur furent notamment à l'origine de ses complexes. Il la violentait autant moralement que physiquement et cela me mettait hors de moi. Je ne rêvais que d'une seule chose : lui éclater la gueule une bonne fois pour toute.
Je faisais de mon mieux pour lui démontrer sa valeur, car Rose était une femme forte et redoutable. Elle était magnifique, mais elle n'en était pas consciente.
Ma fierté m'empêchait tout de même de lui débiter tout ça.
- Jungkook ? Jungkook ? Tu m'écoutes ?
Felix me sortit de ma rêverie.
Je me tournai rapidement vers le visage froissé de mon coéquipier.
- Hum, tu disais ? demandai-je innocemment d'un ton neutre qui se fit plus froid que je ne le voulais.
- T'es sérieux mec ? Tu pensais à quoi franchement pour être autant à l'ouest ?!
Je ricanai faussement avant de sortir une cigarette.
- Je réfléchissais à ce que nous a révélé Minho, lui répondis-je agacé.
- T'es vraiment con quand tu t'y mets, avoue juste que tu pensais à ta belle dulcinée, renchérit le sniper d'un ton taquin.
- C'est toi qui es con, riais-je. Je pensais à Rose, mais pas dans le bon sens. Je réfléchissais plutôt à la manière dont j'allais lui annoncer la nouvelle.
- Ah.
Nous nous retrouvâmes debout devant l'entrée de l'hôtel, je fumais ma clope tandis que Felix prenait l'air à mes côtés.
Il faisait nuit noire. Je tirai une dernière fois sur ma cigarette avant de la jeter au sol et de l'écraser avec la semelle de ma chaussure.
- Tu devrais éviter de fumer, c'est mauvais pour les femmes enceintes, intervint le meilleur ami de Rose qui était, jusqu'alors, absorbé par son téléphone.
- Je sais, j'évite de fumer devant Rose. Il hocha la tête. Je fis une courte pause. Je vais arrêter, révélai-je finalement.
- T'as raison. Dit-il en me tapotant l'épaule.
Il me quitta ensuite pour rejoindre sa suite. Je restai quelques instants à l'extérieur avant de rejoindre moi aussi ma chambre.
À peine avais-je posé le pied à l'intérieur de ma suite que la voix contrariée de Rose parvint à mes oreilles.
« Non ! Je vous avais prévenu avant mon départ : vous ne signez aucun nouveau contrat avant mon retour ! » criait-elle en faisant les cent pas.
Elle parlait au téléphone en faisant des aller-retour devant la grande baie vitrée du salon. Je m'assis alors derrière le bar qui était ouvert sur la pièce à vivre, d'où j'observais ma femme malicieusement.
« Je ne connais pas la date exacte de mon retour... Non, surtout pas ! Demandez à Jake et Yunjin, ils se chargent de tout pendant mon absence. » Soupira-t-elle. « Écoutez-moi bien, si j'ai l'honneur de découvrir un seul de vos faux pas à mon retour, vous ne vous en sortirez pas vivants ! Suis-je bien clair ? Bien. Je raccroche. »
Elle mit fin à sa conversation téléphonique et rangea son téléphone en jurant.
- Le stress est mauvais pour le bébé, dis-je soudainement.
Elle sursauta et se retourna aussitôt vers moi.
- Jungkook ! Tu m'as fait peur !
S'exclamait-elle, sa main posée contre sa poitrine. Tu es là depuis longtemps ?
- Assez longtemps pour savoir que les affaires se sont gâtées en Corée. Que se passe-t-il ?
- Oh, ne t'en fais pas, je vais régler ça. Soufflait-elle en s'asseyant sur le canapé, ses mains ayant automatiquement rejoint son ventre qu'elle caressait avec douceur.
- Je n'en doute pas. Mais évite de te mettre dans tous tes états, mon ange. Parlais-je en me levant.
- Oui, désolée.
- Je vais me doucher, lançai-je rapidement avant de m'éclipser dans la salle de bain.
- Mais oh ! Pas même un bonjour de ta part et tu files déjà sous la douche ! s'écriait-elle, irritée.
- Je suis fatigué, Rose. J'ai besoin de me rafraîchir avant de m'asseoir et de discuter avec toi, soupirai-je. Et je t'ai dit de ne pas t'énerver pour si peu.
- Franchement, tu m'exaspères, Jeon Jungkook !
Elle m'avait suivie jusqu'à la salle d'eau en râlant.
- Ah bah putain, l'humeur des femmes enceintes... murmurai-je à moi-même, bien que Rose ait entendu.
- Excuse-moi, mais ce n'est pas de ma faute ! Personne ne sait faire son travail correctement. Résultat : la production de LSD a été ralentie ! Mais comme vous refusez que je travaille, je ne peux pas agir pleinement ! Alors, s'il te plaît, ne mêle pas le bébé à cette histoire !
Je préférais ne pas répondre, qui sait comment je risquerais de mourir autrement.
Je retirai donc mon tee-shirt, mes gestes étant accompagnés des grognements de Rose.
- Jungkook ? Réponds-moi au moins !
Je me tournais complètement vers elle, le regard joueur, afin de la provoquer un peu. Et cela marchait comme sur des roulettes : elle détourna aussitôt le regard, visiblement gênée par la vue qui s'offrait à elle, les joues rosies (oui, même après plusieurs mois de mariage).
- Si tu ne me laisses pas me doucher, Rose-
- Ça va ! Me coupa-t-elle. Je te laisse, je n'en peux plus de sentir cette odeur de tabac de toute façon. Dit-elle en refermant la porte de la salle de bain derrière elle.
Ses mots me firent perdre le sourire narquois qui était précédemment dessiné sur mes lèvres. Il vaudrait mieux que j'arrête de fumer.
Désormais seul, je terminai de me déshabiller et me glissai directement sous le jet d'eau brûlant.
Une fois lavé, séché et habillé, je rejoignis Rose qui se trouvait au balcon de la chambre.
- Tu as fini de te laver ? Dit-elle doucement sans se retourner.
- Oui, on peut discuter maintenant.
Elle orienta son visage vers le mien puis, contre toute attente, elle ne fit que longuement me regarder.
Les bourgeons gris de Rose étaient une drogue : lorsqu'on plongeait son regard dans le sien, on ne pouvait plus s'en détourner.
J'ai toujours aimé ses yeux : les yeux du loup. C'était un caractère transmis de génération en génération dans la famille Bahng.
- C'est quoi ce regard, Kook ? Pourquoi tu me fixes comme ça ? Riait-elle légèrement.
- C'est toi qui as commencé. Ripostai-je d'un ton faussement énervé.
- Je réfléchissais, ce qui ne semblait pas être ton cas. Elle me regardait de travers.
- Détrompe-toi, ma jolie, je réfléchissais aux cernes de panda qui entourent tes yeux. Lançai-je, moqueur.
- Connard...
- Excuse-moi ? M'offusquais-je.
- Tu as très bien entendu, soufflait-elle, un sourire en coin.
Je riais légèrement avant d'être frappé par la réalité : il fallait que je lui annonce.
Après un moment de silence, je me décidais à l'interpeller :
- Rose.
Elle fronça les sourcils en entendant ma voix ferme soudainement devenue froide et autoritaire.
- Il y a un problème ? demanda-t-elle avec inquiétude.
- Oui, enfin je ne sais pas trop comment qualifier ça, parlai-je d'un ton impartial. Écoute, il faut que...
- Dis-moi si c'est de ma faute. J'ai peut-être dit quelque chose de blessant ou bien il se pourrait que je t'aie énervé à cause de mes sautes d'humeur ? Si c'est cela, j'en suis désolée. Je crois que mes hormones jouent avec moi et j'ai l'impression de devenir complètement lunatique, Kook-
Je mis fin à son discours, qui n'avait d'ailleurs aucun sens, en la serrant contre mon torse. J'enroulais mes bras autour de sa taille avant de déposer un baiser sur son front.
- Ça n'a rien à voir avec toi, Rose. Haussais-je les sourcils. Puis-je parler maintenant, Madame Jeon ? Ricanais-je.
Elle roula des yeux avant de sourire :
- Oui, c'est bon.
Je cherchais mes mots tandis que ma langue s'amusait avec le piercing qui décorait mes lèvres.
Soudain, ma femme se mit à grimacer de douleur en s'accrochant à mon bras tatoué.
- Rose, ça va ? L'interrogeais-je, inquiet.
- Oui, ça devrait passer.
Sa poigne se resserrait sur mon bras, et sa respiration se saccadait.
- Rentrons, Rose. Lui conseillais-je.
Elle hocha la tête. Nous nous assîmes donc sur le lit king-size de la chambre d'hôtel. Son état semblait s'être amélioré après quelques minutes. Elle inspira profondément avant de me rassurer avec un sourire.
- Ça doit être le stress, le bébé n'aime pas ça. Elle me livrait.
- Je te l'avais dit, calme-toi s'il te plaît. Soupirai-je en passant ma main sur son petit ventre.
- Oui, oui, ne t'inquiète pas, le papa poule, me taquina-t-elle. Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire ?
- Ça concerne la suite de l'enquête. Elle hocha la tête. La mission de la veille consistait à ce qu'Hana s'approche de Man-Soo dans un bar du coin afin de lui soutirer des informations. Ils ont pris un verre ensemble et les effets de l'alcool ont permis à ton amie d'agir.
- Et donc ? Elle a appris des choses concernant la mafia mexicaine ?
J'acquiesçai à mon tour.
Concernant le père de Namjoon hyung, je ne l'avais jamais apprécié non plus. Il avait fait souffrir l'homme que je considérais comme mon grand frère, bien que ces derniers temps je le trouvais drôlement chiant.
Kim Man-Soo était une ordure de première, un peu comme mon père. Ces deux-là avaient juré fidélité à Wolfgang : Bahng Hwa-Pyung était donc bien plus important que leur propre famille. Par conséquent, contrairement à Man-Soo qui était un père présent mais violent, mon géniteur était un père absent. Je ne le voyais jamais en dehors de ma formation : il m'enseignait l'art qu'était le trafic de drogue.
Jeon Kyu-Bok, mon père, avait mis fin à ses jours en se sacrifiant pour Hwa-Pyung. Avant cela, il n'avait pas hésité à me vendre aux dirigeants d'une maison close. Je m'étais enfui par la suite afin de lancer mon propre commerce illicite, d'abord seul, puis ensuite aux côtés de Namjoon et Soekjin.
« Eh bien, Kim Man-Soo travaille pour Alma de Fuego et il ne serait pas le seul impliqué dans cette mafia », dis-je.
Je me fis de nouveau interrompre par des geignements, témoignant de la souffrance endurée par ma compagne. Elle posa sa main sur le bas de son ventre ; je n'étais pas gynécologue, mais je pouvais être sûr que c'était un mauvais signe.
- Rose, si ça continue, je t'emmène voir les médecins. Je ne le supporterai pas s'il arrive malheur au bébé ou s'il t'arrive quelque chose, la grondai-je.
- Ça s'est calmé, je n'ai plus mal, dit-elle sincèrement. Je ne comprends pas, je ne suis pas censée avoir de contractions, c'est beaucoup trop tôt. Et puis, ces douleurs sont passagères.
- Depuis combien de temps ?
- Deux jours environ.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit, Rose ? Merde !
- Arrête avec tes reproches, je pensais que ça passerait !
En la voyant ainsi, je préférais ne rien dire pour le moment. Mes révélations risqueraient d'engendrer encore plus de stress chez elle et cela amplifierait ses douleurs. Je l'avais promis : je devais protéger cet enfant et Rose. Je me résignais donc à me taire.
- Désolé, murmurai-je. Allons nous coucher, dis-je en la prenant par la main.
- Mais, et la chose dont tu voulais me parler ?
- Une prochaine fois, ma belle. Ce soir, tu te reposes.
Ainsi, je l'aidai à s'allonger et la borda des draps disposés sur le lit.
- Je vais passer un coup de fil rapidement et je reviens.
- Hmh, d'accord, fais vite.
J'appelais donc Seokjin et lui demandais d'ausculter Rose demain matin, ce qu'il accepta avec bienveillance. J'éteignis ensuite toutes les lumières de la suite avant de me glisser sous les draps aux côtés de mon épouse qui s'était assoupie.
Rose déposa instinctivement sa tête contre mon torse. Je la pris dans mes bras en lui caressant le ventre de temps à autre. Je m'amusai ensuite à toucher ses pieds chauds avec les miens, évidemment froids.
- Eh Jungkook ! Râlait-elle. Je te déteste.
Je ris.
- Moi aussi, je t'aime.
- Ce n'est pas réciproque..., marmonna-t-elle à voix basse.
- Éloigne-toi de moi alors.
- Non, c'est bon, je rigolais, mon grand.
Nous riions une dernière fois avant de définitivement nous laisser sombrer dans un sommeil profond.
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{ P O V D E R O S E }
- Suite des Jeon,
México, 14 h 00 -
La gynécologue s'apprêtait à quitter notre suite lorsqu'elle demanda à discuter avec Jungkook. Mon mari me rassura d'un faible sourire avant de suivre la trentenaire hors de la chambre.
Ce matin, Seokjin vint m'ausculter car Jungkook le lui avait demandé la veille. Après m'avoir fait passer quelques tests et m'avoir posé une série de questions concernant ma grossesse et mes crampes inexpliquées, il en avait conclu qu'un contrôle auprès d'une gynécologue un peu plus expérimentée que lui et Seungmin serait primordial.
Par chance, une connaissance de Seungmin, Madame Gim, se trouvait au Mexique et accepta de m'examiner.
Elle procéda donc à un examen durant lequel Jungkook s'était d'ailleurs absenté. Mais il me rejoignit ensuite pour effectuer ma première échographie.
Ce fut un pur bonheur d'écouter les battements du cœur de notre enfant, main dans la main Jungkook et moi. Je fus émerveillée par les images et mon mari semblait ému bien qu'il cherchât à se cacher par respect pour sa virilité. Mais j'en étais certaine : il avait versé une larme.
Me concernant, les hormones continuaient à me jouer des tours et donc sans aucune surprise, je m'étais mise à pleurer comme une Madeleine. C'était une sensation nouvelle qui m'emplissait d'une euphorie soudaine.
Cependant, une chose me tracassait : le visage fermé de la gynécologue. Je le voyais, elle se forçait à me sourire et cela m'inquiétait car, mine de rien, je m'étais attaché à ce bébé. Je l'aimais et je refusais qu'il lui arrive quoi que ce soit. De plus, demander à parler avec Jungkook de cette manière n'atténua point le pic de stress qui m'avait envahi.
Après plusieurs minutes, Jungkook n'était toujours pas rentré. Je décidai alors de me lever afin de vérifier s'il n'était pas quelque part dans l'hôtel, mais non, il n'y était pas. Je lui envoyai donc un message afin de savoir où il s'était éclipsé et lui faire comprendre par la même occasion que je m'inquiétais pour lui. Mais mon mari ne répondit pas à mon message, et sa disparition soudaine me préoccupa.
- Un remis de quatre heures ? Il est sérieux ? Dit l'avocate en regardant mon téléphone, tandis que j'étais assise sur le canapé du salon à côté de Jyi-ha.
Elles vinrent me rendre visite afin que nous puissions passer l'après-midi ensemble, car nous ne nous voyions que très peu étant donné mon état qui m'empêchait d'aider mes amies lors des missions qui prenaient d'ailleurs tout leur temps.
- Oui, ça m'inquiète... Aucun des garçons ne l'aurait vu ? demandais-je aux filles.
- Non, personne. Répondit l'ex-agente. Que s'est-il passé ? Vous vous êtes disputés ?
Je secouai la tête négativement.
- Non, pas du tout. Une gynécologue est passée pour me faire passer un contrôle. Après l'échographie, elle a demandé à discuter avec Jungkook, puis ensuite, plus aucune nouvelle de lui, expliquai-je. Je devrais réessayer de l'appeler ?
- C'est inutile, Rose. Étant un grand adepte du téléphone portable, Jeon Jungkook aurait déjà vu tous tes appels à l'heure qu'il est, répliqua Jyi-ha d'un ton sarcastique.
Je n'étais apparemment pas la seule agacée.
- Oui, il a sûrement éteint son téléphone, intervint Hana. Patiente, il va finir par rentrer. C'est un grand garçon, ne t'inquiète pas, se moquait-elle.
- Pense à autre chose. Tiens ! Tu nous as parlé d'une échographie, on peut la voir ?
- C'est Jungkook qui l'a, soupirai-je en roulant des yeux.
Mes amies rouspétèrent de nouveau.
Finalement, nous avions fini par trouver un autre sujet de conversation qui me permit de patienter sans inquiétude.
- Mais nan, Monsieur Chung ? S'exclama Jyi-ha.
- Oui, oui, Monsieur Chung ! s'écria Hana.
- Tu veux dire LE Monsieur Chung ? Notre professeur de maths au lycée ? demandais-je.
- Celui qui portait toujours une chemise tachée de café et qui s'endormait pendant les intercours ? Ajouta la conseillère de Mystery Ace.
- Oui ! Ce monsieur Chung ! Et donc je disais que je l'avais revu un jour alors que je faisais mes courses dans une supérette en rentrant du cabinet. Je l'ai aperçu en train d'acheter des bouteilles de soju, raconta la plus jeune d'entre nous avec enthousiasme. Je lui ai demandé s'il se souvenait de moi et il avait dit que oui. On a bien rigolé en tout cas, mais il a pris un coup de vieux, le pauvre.
- Ce prof était vraiment trop sympa, même s'il ne se faisait pas trop respecter, riais-je.
- Je suis d'accord. Pouffa Jyi-ha. Il était dans sa petite bulle à lui et personne ne le comprenait.
- Il aurait dû faire des études d'art au lieu de finir prof de maths ! Râla l'avocate en mangeant une chips. Il avait une philosophie particulière qu'il aurait pu pleinement exprimer dans ce domaine et non en nous enseignant le théorème de Thalès.
Nous éclatâmes de rire, amusées par les souvenirs de nos années scolaires.
- Personnellement, j'ai revu Mi-Cha, renchérit Jyi-ha.
- Attends, Mi-Cha, la peste du collège ?
M'offusquais-je.
- Oui, rigola la plus âgée. Elle est secrétaire. Il me semble qu'elle travaille pour un député pas très commode d'ailleurs.
‐ Bien fait pour elle, grimaça Hana. Cette pimbêche raciste...
- Elle l'a bien fermé quand elle a dû m'assister pendant quelques jours.
Railla Jyi-ha.
- E-
Hana s'apprêta à ajouter quelque chose lorsqu'elle fut interrompue par un gémissement de douleur provenant évidemment de ma personne.
- Rose ! S'écrièrent-elles en se précipitant vers moi.
- Ça va, il faut juste que je prenne une profonde inspiration et que je me détende, les rassurai-je.
Mais je n'étais pas médecin, je faisais ses exercices de respiration uniquement pour atténuer ma douleur et me rassurer. Mes deux amies m'observaient en silence, bien que leur regard en dît long sur leurs pensées : elles s'inquiétaient.
- C'est pour cette raison qu'une gynécologue t'a examinée cet après-midi ? m'interrogea Jyi-ha.
Je hochai la tête tandis que mes douleurs disparaissaient petit à petit.
- Le bébé va bien, Rose ?
C'était la question de trop que venait de soulever Hana.
- Je n'en sais rien... Je baissais la tête. Pourtant, j'ai entendu son petit cœur battre. J'ai vu le fœtus, notre enfant semblait plein de vie. La gynécologue n'a rien dit, elle s'est contentée de sourire. Et Jungkook n'a même pas pu m'éclairer sur la situation puisqu'il a disparu... Je ne connais même pas la cause de mes douleurs, je ne sais pas si mon bébé va bien... Je ne sais rien ! M'écriais-je en soutenant le regard des filles.
- Ok, calme-toi. Jungkook va rentrer et tu pourras lui poser toutes ces questions, d'accord ? Essaya de me rassurer Hana.
Je me contentai de hocher la tête en guise de réponse.
- Tu as essayé d'appeler la gynéco ? s'enquit Jyi-ha.
- Elle ne répond pas, répondis-je.
Le téléphone de l'avocate émit soudainement un son de notification : elle venait de recevoir un message. Elle s'éloigna de moi avant de reprendre sa place initiale à même le sol, près de la table basse sur laquelle était déposé son cellulaire.
- C'est Yoongi, dit-elle simplement.
Jyi-ha semblait comprendre.
- Alors ? demanda la brune aux bouclettes.
- Kim Man-Soo veut me revoir, il veut un deuxième rendez-vous. Jyi-ha sourit de satisfaction. Est-ce qu'on devrait sauter sur l'occasion pour lui demander plus d'informations sur Bahng Hwa-Pyung ?
Je fronçais les sourcils à l'entente du nom de mon père.
- Pourquoi mon pèr-
Le bruit de la carte magnétique nous interrompit. Nos têtes étaient désormais toutes orientées vers la porte d'entrée de la suite. Celle-ci s'ouvrit lentement, nous laissant peu à peu apercevoir le visage de mon mari.
Je me levai rapidement et rejoignis Jungkook en lui bloquant le passage. Il referma la porte derrière lui et s'arrêta brusquement lorsqu'il se rendit compte de notre proximité. Je scrutais son visage tandis que lui avait baissé son regard, incapable de maintenir ce contact visuel.
Cela ne lui ressemblait pas.
C'était étrange, j'avais l'impression de ressentir tout son mal-être, car oui j'en étais certaine : Jungkook était attristé, angoissé et froissé. Le rouge colorait ses beaux yeux qui avaient perdu la flamme joueuse qui les habitait en temps normal.
« Je peux savoir où est-ce que tu te cachais Jeon Jungkook ? Je me suis inquiétée moi ! »
Ma voix s'était estompée dans l'air de la pièce, à présent devenue étouffante, comme si je n'avais jamais parlé. Cette fois-ci, ce ne furent pas des larmes qui me submergèrent, mais bel et bien une colère noire. J'étais furieuse contre mon époux.
« Jungkook, putain ! » hurlai-je hors de moi.
Mais il ne dit rien, je n'avais même pas réussi à lui décrocher un regard. Il me contourna sans grande difficulté et se dirigea vers notre chambre. Je le vis s'arrêter quelques secondes devant Jyi-ha et Hana qui l'observaient, les yeux ronds. Il leur murmura quelque chose que je ne pus entendre à cause de la distance qui me séparait de la pièce à vivre et du choc qui m'avait coupé le souffle. Il s'en alla ensuite s'enfermer dans la salle de bain.
Les filles se levèrent précipitamment avant de me saluer rapidement et de quitter notre suite en un rien de temps.
Pourquoi donc ?
Je me sentais à cet instant complètement seule et livrée à moi-même.
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{ P O V E X T É R I E U R }
- Bar de l'hôtel, 21 h 49 -
Jimin sirotait sa boisson alcoolisée, le regard vague tandis qu'il observait la bouteille en verre qui se trouvait devant lui, s'amusant à l'agiter de gauche à droite. Il fut rapidement interpellé par Jyi-ha et Hana qui semblaient confuses, arrivant à vive allure.
- C'est quoi cette histoire, Jimin ? demanda Jyi-ha en s'asseyant à côté du brun.
- Quelle histoire ? répliqua le tueur à gages.
- Jungkook. Il a été introuvable toute la journée et là, il vient de pointer le bout de son nez comme une fleur en ignorant complètement sa femme, expliqua l'ex-agente.
Hana s'assit à son tour, observant le visage crispé du mafieux.
- Sais-tu ce qu'il nous a dit ? intervint l'avocate. « Il va mourir... Jimin me l'a dit. »
Jimin baissa la tête, son visage désormais tourné vers son verre dont on ne pouvait apercevoir que trois pauvres glaçons puisqu'il s'était abreuvé de la totalité du liquide transparent. Il soupira lourdement.
- Je passais du bon temps au bar quand j'aperçus Jungkook arriver vers 20 h 30, il me semble. Il titubait, les yeux rouges et le visage pâle. On aurait dit qu'il était défoncé, racontait l'homme en se versant un énième verre d'alcool.
- Il a consommé ? Demanda Hana.
Il fit un signe de tête négatif.
- Non, après vérification, j'en ai conclu qu'il avait seulement énormément pleuré.
- Jungkook a pleuré ? L'interrogea Jyi-ha, perplexe.
- Oui, acquiesça-t-il en hochant la tête. Bref, il s'est assis à côté de moi sans dire un seul mot. Il avait l'air perdu, il louchait presque. Il claqua sa langue contre son palais. On aurait dit un zombie...
Les jeunes femmes froncèrent les sourcils.
- Il est rentré exactement dans le même état, souligna Hana.
- Je comprends pourquoi maintenant...
- Comment ça ?
- Évidemment, après l'avoir vu comme ça, je lui ai posé beaucoup de questions, mais il ne me répondit pas. J'ai fini par le secouer violemment, tant il était absent. Il a comme retrouvé la vie après ça, il avait repris conscience. Je lui ai ensuite demandé pourquoi il était dans cet état et il m'a simplement répondu après un long moment de réflexion : « Je l'ai laissé mourir, je n'ai pas réussi à le protéger. » Son ton était glacial, sans aucune intonation. C'était flippant à regarder, du moins ça serait flippant pour des personnes normales, pas pour moi. Non, moi j'étais plutôt déconcerté : qui avait réussi à transformer l'imperturbable Jeon Jungkook ? Et de qui parlait-il ? Jimin s'arrêta un court instant. Il a fini par tout déballer et, pour la première fois, je vis mon meilleur ami verser des larmes. Il sanglotait en me racontant des fragments de sa découverte. Je n'ai pas su comment réagir.
- De quoi t'a-t-il parlé ? demanda la conseillère.
- Du bébé.
Les mafieuses écarquillèrent les yeux, sous le choc. Elles n'en croyaient pas leurs oreilles.
- Le bébé ? Il lui est arrivé quelque chose ? Déglutit Hana.
- Non, du moins pas encore. Le tueur professionnel ferma les yeux. Jungkook s'en veut, il pense que c'est de sa faute. Il est persuadé que le bébé ne survivra pas, il n'a pas arrêté de me dire : « elle me l'a dit ». Mais étant donné qu'il n'était pas dans son état normal, il ne m'a jamais révélé qui était « elle ».
- C'est sûrement la gynécologue, dit Jyi-ha.
Jimin entrouvrit les lèvres avant de hocher la tête.
- Ça doit être ça, son discours prendrait tout son sens...
- La gynécologue lui aurait annoncé une si mauvaise nouvelle au point qu'il penserait être responsable de la mort prochaine du fœtus ? Renchérit la jeune femme de 24 ans.
- Oui, apparemment.
- Attendez, vous êtes en train de me dire que Jungkook affirme que Rose va faire une fausse couche ?! S'exclama Hana.
- Oui. Conclua Jimin en ingurgitant sa boisson, cul sec.
- Et tu confirmes cette information, Jimin ? L'enfant va... mourir ? Demanda Jyi-ha, hésitante.
- Je n'en ai aucune idée, soufflait-il. Je ne sais pas si ce qu'il m'a dit est vrai ou bien s'il n'a pas juste extrapolé l'information à cause de sa culpabilité à la con.
L'avocate soupira tandis que Jyi-ha se perdait dans ses pensées. Mais Jimin reprit la parole :
- Je ne lui ai pas dit que l'enfant allait mourir, je lui ai dit qu'il mourrait s'il ne se reprenait pas, qu'il était un bon père et qu'il n'avait pas à en douter. Je voulais seulement le faire réagir, mais le pauvre était tellement choqué qu'il n'a même pas compris mon message. Un rire nerveux s'échappa des lèvres pulpeuses du brun. Une chose est sûre, quelque chose ne va pas avec le bébé...
- Que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas avec mon neveu ? demanda sévèrement une voix masculine qui obligea les trois mafieux à se retourner vers la source sonore, les yeux ronds.
- Chris ?!
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{ P O V D E R O S E }
- Suite des Jeon,
au même moment, 21 h 49 -
« Bon sang, Jungkook, réponds-moi ! Où étais-tu tout ce temps ? Je t'ai attendu toute la journée, tu n'as répondu à aucun de mes appels ni de mes messages ! Je me suis inquiété. Qu'est-ce que le médecin t'a dit pour que tu réagisses comme ça ?! »
Il ne me regardait pas et cherchait toujours à fuir mon regard. Je le sentais distant, ce qui me peinait davantage.
Que ne me disait pas mon mari ?
« Jungkook, s'il te plaît, réponds. Qu'est-ce qui ne va pas ? Ai-je fait une bêtise ? » repris-je plus calmement.
Je voyais à travers son regard qu'il ne me reprochait rien, mais au contraire j'y lisais une culpabilité profonde et du regret. C'est à cet instant précis que j'ai su qu'un malheur allait nous tomber dessus.
D'une voix fébrile, les larmes aux yeux, je lui dis :
- Que se passe-t-il, Jungkook ? Qu'est-ce que tu as fait ?
- Je suis désolé Rose, je n'ai pas su être à la hauteur. Je suis désolé, profondément désolé.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Désolé de quoi précisément ? Je ne comprends pas, Jungkook. Lui répondis-je.
Suite à cela, il me répétait à quel point il était désolé. Il répétait la même phrase en boucle, comme un disque rayé, comme s'il avait complètement bugué. Je ne comprenais absolument rien à ce qui lui arrivait. Je sentais le stress monter en moi et une sensation d'inconfort commençait à se faire ressentir au niveau de mon bas ventre, mais cela ne m'interpella pas davantage.
- Putain ! Jungkook, arrête de répéter cette phrase en boucle et explique-moi plutôt la raison pour laquelle tu es si désolé.
- J'ai merdé, Rose, ok. Je n'ai pas su m'occuper de toi ni de notre enfant, je n'ai pas su répondre à vos attentes. J'ai échoué dans mon devoir de père, avoua-t-il tout doucement.
- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'as échoué à rien du tout, le bébé va bien, je vais bien, tout le monde va bien, d'accord Jungkook. Tu es un excellent mari et tu feras un excellent père, n'en doute jamais. C'est vrai que tu n'aurais pas dû disparaître aussi longtemps et que je me suis beaucoup inquiété, mais ce n'est pas grave, tu es là maintenant.
- Non, Rose, tout ne va pas bien. Regarde, je provoque du stress en toi, ce qui n'est pas bon pour le bébé. Je suis incapable de vous protéger, alors ne me dis pas que tout va bien parce que tout ne va pas bien, Rose, d'accord ! s'exclamait-il avec frustration.
- Mais, si tu arrêtais d'être aussi pessimiste, tu engendrerais moins de stress. Tu verras. Maintenant, prends une douche et on parlera de ta petite excursion quand tu auras fini, quand tu seras plus calme et que tu arrêteras de me sortir tout ce charabia, disais-je en me dirigeant hors de la salle de bain.
- Le bébé va mourir ! annonça-t-il brusquement, ce qui me stoppa dans ma lancée et me laissa stoïque.
- Quoi...? chuchotai-je en me retournant vers lui, complètement déboussolée.
- Le bébé va mourir Rose... Notre enfant va nous être arraché avant même qu'il ne puisse voir le jour. Voilà ce que m'a annoncé la gynécologue ce matin, elle m'a dit que ton corps générait beaucoup trop de stress, ce qui devenait nocif pour le fœtus. Je suis désolé Rose.
- Non, non, ce n'est pas possible Jungkook. Pourquoi ? Non, cela ne peut pas se produire. C'est vrai que j'ai été pas mal stressé ces derniers temps, mais ce n'est pas un souci, n'est-ce pas ? Dis-moi que ça ne l'est pas, s'il te plaît. Je t'en supplie Jungkook, dis-moi qu'il va suivre. Le suppliais-je, les joues couvertes de larmes.
Il me regarda et je voyais à travers son regard qu'il était profondément désolé et triste face à cette situation.
- À cause de moi, notre enfant va mourir, je suis à l'origine de sa mort. J'ai condamné notre enfant...
Suite à mes mots, Jungkook se dirigea d'un pas rapide dans ma direction et m'attrapa le visage. Il me rassura d'une voix douce, les yeux brillants de larmes qui menaçaient de couler également.
- Non, non, rien de tout cela n'est de ta faute, d'accord. Tu n'es pas à l'origine de sa mort. C'est de ma faute, j'aurais dû te tenir éloigné de tout ça. Je savais que tu portais notre enfant et je t'ai mis en danger, alors que tu aurais dû être à l'écart de toutes ces sources de stress. Me murmura-t-il.
- Je refuse d'être mise à l'écart, Jungkook. Ce n'est pas parce que je suis enceinte que je dois être considérée comme un vase en porcelaine qui risque de se briser en mille morceaux au moindre mouvement. Et j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout, alors dis-moi ce que tu me caches. J'en ai marre des cachotteries. Disais-je en le repoussant.
- Tu m'as laissé toute la journée m'inquiéter pour toi, et tu me caches également le fait que la survie de notre bébé est remise en question par ma faute, Jungkook ! Tu me caches beaucoup trop de choses, tu es mon mari, on est censés tout partager, aucun secret entre nous, on doit se soutenir mutuellement dans le meilleur comme dans le pire. Tu as préféré garder ça pour toi car tu ne m'as pas jugée apte à gérer la situation, mais ce n'est pas à toi d'en déduire, Jungkook, mais à moi seule. Tu n'es pas la seule personne concernée là, il y a moi aussi, et même moi principalement, car ceci se produit à l'intérieur de moi, au sein de mon propre corps. Alors, je ne veux plus que tu prennes des décisions à ma place, d'accord ? Et pour l'amour du ciel, dis-moi ce qu'il se passe, Jeon Jungkook ! Lui crachais-je en pleine figure.
Il me fixa un long et bon moment, l'air outré et abasourdi face à mon changement d'humeur et à ces reproches qui n'étaient pas du tout mérités, je le reconnai.
- Bien, comme tu sembles ne rien vouloir me dire, je vais rejoindre les filles. Je dormirai avec elles un certain temps et je t'annoncerai au fur et à mesure l'état de notre enfant. En attendant, je ne souhaite plus partager mon espace avec toi, Jungkook.
- Comment, mais... Rose, tu ne peux pas faire ça, c'est complètement égoïste de ta part. Je suis aussi mal que toi dans cette situation. Le fait de savoir que notre enfant ne va peut-être pas voir le monde et le fait de te cacher des choses me font aussi mal qu'à toi, mais il ne m'est tout simplement pas possible de te les révéler.
Il avait raison, c'était tout à fait égoïste de ma part, mais je n'en pouvais plus. Je pensais que le fait de m'éloigner de lui un moment me ferait du bien, car je me rendais tout simplement compte que tout n'allait plus être comme avant. Une chose allait se produire et qui allait changer le cours de notre vie, de ma vie. Mais j'avais bien trop peur de faire face à cela, alors je m'étais dit que si je m'éloignais de lui pour un certain temps, cet événement ne se produirait alors jamais.
C'était bien naïf de ma part.
Je décidai donc de continuer à avancer vers la chambre afin de rassembler mes affaires et de rejoindre les filles dans leur chambre, mais au moment d'ouvrir la porte du dressing, Jungkook me dit soudainement :
- Ton père est ici ! Il se trouve actuellement au Mexique et on pense qu'il est à la tête de la plus grande mafia du pays. Voilà, tu sais tout maintenant. Alors, je refuse que tu ne m'éloignes de mon enfant et de toi par la même occasion !
Face à cet aveu, tous mes mouvements cessèrent, le monde autour de moi s'arrêta, mes sens devenaient de plus en plus faibles. Mes oreilles sifflaient, ma vision se troublait, j'entendais de moins en moins Jungkook.
Je n'arrivais pas à y croire : mon géniteur était ici, en ce moment, au Mexique, et il dirigeait l'une des plus grandes mafias mexicaines.
Rien qu'en repensant à tout ce qu'il nous avait fait, et qu'il se trouvait au même endroit que nous, me procurait d'effroyables frissons dans le dos.
Je sentais mon corps me lâcher petit à petit. À la vue de cela, Jungkook prononça mon prénom plusieurs fois afin de me faire réagir, mais c'était comme s'il se trouvait loin de moi. Sa voix me semblait lointaine et plus les secondes passaient, plus je me sentais sombrer.
Une vive douleur me prit au niveau du ventre, comme si mon bas-ventre se faisait broyer par un déchiqueteur. Je me mis à pousser des cris de douleur, ce qui alarma Jungkook qui se précipita vers moi. Il me parlait, mais je n'entendais rien à ce qu'il me disait. Cependant, je pouvais lire une forte inquiétude sur son visage.
La douleur se fit de plus en plus intense. Finalement, mon corps me lâcha complètement. À cet instant précis, je ne pouvais décrire ce qui m'arrivait, si ce n'était que c'était le trou noir complet.
Je venais de perdre connaissance.
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