- Pov extérieur, Corée.
Tribunal de Séoul, 12 avril -

Le procès se déroulait depuis maintenant deux longues heures. Felix, qui se trouvait menotté au centre de la salle d'audience, se faisait à présent interroger par l'accusation. Le procureur en charge se déplaça jusqu'au tireur d'élite.

- Vous êtes Lee Felix ? Commençait le procureur.

- Oui, répondit Felix sans intérêt.

- Vous avez 24 ans.

- Oui.

- Vous êtes orphelin et vivez dans un quartier à Itaewon, c'est bien cela ?

- Oui, mentait-il.

En effet, étant inconnu des services de reconnaissance du gouvernement, Felix détenait une fausse identité qui lui servait de couverture aux yeux du monde.

- Travaillez-vous pour Wolfgang ?

- Non.

- Monsieur Lee, je vous repose la question : travaillez-vous pour Wolfgang ?

- Non, je ne travaille pas pour Wolfgang. Je n'ai aucun lien avec cette mafia. Je suis un jeune en manque d'argent, voilà tout. Affirmait-il d'un ton qui paraissait honnête.

- Alors, comment pouvez-vous expliquer que vous ayez été trouvé par un témoin en possession d'armes ? Demandait le procureur avec arrogance.

Felix ne répondit pas tout de suite, la mine grave.

- Je n'y suis pas allé de mon plein gré.

- Expliquez-vous, Monsieur Lee.

- C'est Kang Moo-Chan qui m'a demandé de me rendre dans ce bâtiment et à mon arrivée, il y avait des armes.

Après les paroles du mafieux, un brouhaha se forma dans la salle.

Moon Dae-ho bondit avant de crier :

- Il ment ! Il fait partie de Wolfgang puisque leur cible était le directeur du musée d'art de Séoul !

Le juge tapait alors du marteau.

- Un peu de silence ! Rasseyez-vous ! Monsieur Moon ! Reprenez, Monsieur le procureur.

Le procureur s'inclina poliment avant de reprendre ses questions sous le regard agacé d'Hana. Ce procureur l'énervait. Elle le trouvait hautain et prétentieux.

- Monsieur Lee, vous affirmez avoir été piégé par un certain Kang Moo-Chan.

- Oui c'est cela.

‐ Nous avons cependant des preuves qui confirment le contraire, dit-il assurément. Votre honneur, voici la preuve.

Il tendit une clé USB au juge qui l'examina. Suite à cela, il demanda à ce que l'on passe la vidéo sur l'écran à disposition.

Hana et Felix souriaient, se délectant de la tournure des événements.

« - Felix, rends-toi devant le musée d'art de Séoul. Il y a un bâtiment précis où j'aimerais que tu ailles. Il faut que tu récupères de la marchandise pour moi », conversait un homme au téléphone.

C'était en fait Kang Moo-Chan qui se trouvait sur la vidéo.

Un silence pesant régnait à présent dans la salle d'audience.

Moon Dae-ho n'en croyait pas ses oreilles, la rage commençait à prendre peu à peu le contrôle de son corps.

Le procureur, complètement choqué, se tourna vers le juge :

- Ce n'est pas la preuve-

- Monsieur Lee, demanda le juge, qui est cet homme avec qui vous parliez au téléphone ?

- Monsieur Kang Moo-Chan, votre honneur, répondit calmement le sniper.

Le juge regardait ses collègues. Ils hochèrent la tête, lui donnant ainsi leur opinion unanime.

- Monsieur le procureur, cette preuve n'est pas valide. Sa fiabilité n'est pas confirmable, elle est donc inutile aux yeux de la loi, parlait fermement le juge.

Le procureur ne répondit pas tout de suite.

- Bien, ce sera tout pour moi, Votre Honneur, conclua-t-il énervé en allant se rasseoir.

- L'avocate de l'accusé, c'est à vous, annonça le juge.

Hana se leva élégamment, vêtue d'un ensemble tailleur gris, chic. Ses longs cheveux noirs et lisses étaient attachés en une queue de cheval basse et deux mèches encadraient chaque côté de son visage.

Elle avançait d'un pas déterminé et souriant. Elle n'hésita pas à sourire hypocritement au chef de la police nationale qui ne se gêna pas pour la toiser.

S'arrêtant à quelques centimètres de son client, elle commença alors son travail :

- Vous avez confirmé avoir été piégé par Kang Moo-Chan. Quelle était la nature de votre relation ?

- Nous vivons dans le même quartier, mentit le sniper.

- Votre honneur, j'ai en main, elle montra les documents, les justificatifs de domicile de mon client ainsi que ceux de Monsieur Kang Moo-Chan.

Elle donna les papiers au juge. Une fois scannés, ils furent projetés sur l'écran de la salle, justifiant ainsi les propos du mafieux. Hana, souriante, poursuivit sa défense.

- Monsieur Lee, connaissez-vous la profession de Monsieur Kang ?

- Non, il n'a jamais parlé de son travail.

La jeune avocate hochait de la tête avant de remettre de nouveaux documents au juge. Elle retourna ensuite auprès de son client avant de plaider.

- Comme vous pouvez le voir à l'écran, voici le casier judiciaire de Na Jung-Sun. En comparant cette photo et la vidéo précédemment exposée par le procureur, on en conclut qu'il s'agit en fait de la même personne : Kang Moo-Chan est en réalité Na Jung-Sun, un déserteur qui travaille maintenant comme tueur à gages. Elle fit défiler les images. Voici la liste de ses victimes et celle de ses clients. Et pour appuyer mes propos, voici, elle fit défiler une nouvelle fois les images, les virements envoyés sur le compte bancaire d'une entreprise fictive qu'il possède.

Des chuchotements se firent entendre dans toute la salle, certains choqués et d'autres attristés pour le tireur d'élite.

- J'ai évidemment d'autres preuves sous la main, je vous les ai toutes remises, souriait l'avocate.

Le juge examina les documents.

- Je vous prierais, Votre Honneur, de changer le motif de ce procès. Mon client, Lee Felix, est innocent. Le véritable coupable est Na Jung-Sun, affirmait Hana.

Un temps de pause fut accordé : le juge prenait sa décision avec les jurés.

Hana envoya un message rapide à Rose afin de l'informer de l'avancée de la situation, car Wolfgang ne pouvait se présenter au procès, c'était trop risqué. Seuls Jisung et Minho attendaient l'avocate à l'extérieur du tribunal, isolés.

La séance reprit ; le juge avait pris sa décision.

- En vue des conditions particulières et des nouvelles preuves jugées recevables, une deuxième séance a été convenue dans une semaine, afin de laisser le temps nécessaire aux autorités de mener une enquête suffisante qui permettra à la Cour de donner une sentence juste à l'accusé, Monsieur Lee Felix. Annonçait le juge avant de taper de son marteau et de mettre fin à la séance.

Deux policiers emmenèrent Felix. Il s'en alla confiant en jetant un dernier regard à l'avocate qui lui souriait. Cette dernière quitta la salle rapidement, mais elle fut arrêtée par Moon Dae-ho.

- Vous avez été payé par Wolfgang c'est ça ? Lui demandait-il d'un ton menaçant.

L'avocate le reluqua de la tête aux pieds avant de lui répondre :

- Je ne fais que mon travail, Monsieur Moon.

- Votre travail... Ricana-t-il, qu'adviendra-t-il de Choi Hana si le cabinet Hajin se rendait compte qu'elle avait gagné le procès d'un mafieux ?

- Vous êtes pathétique, Moon Dae-ho. Le cabinet Hajin n'est rien sans moi, et la directrice en est consciente. Mes parents sont de grands donateurs pour Hajin, voyez-vous. Vos menaces ne m'atteignent pas, crachait-elle. Elle était sur le point de reprendre sa route avant de se retourner une dernière fois : Je vous conseille vivement de vous préparer, Monsieur Moon. La prochaine fois, vous ne serez pas épargné, le menaçait-elle, le sourire aux lèvres.

- Vous me menacer ?! Criait Moon Dae-ho sans réponse puisque la jeune avocate s'était éloignée.

-♤♤♤-

- Une semaine plus tard,
Tribunal de Séoul, Corée -

Assis à la même place que la semaine passée, Felix observait le procureur adverse qui se démenait tant bien que mal à présenter ses preuves futiles, toutes sabotées par Wolfgang.

Hana, elle, de son côté, préparait la bombe qui allait changer la donne.

- Ça sera tout, conclua le procureur.

Ce fut au tour d'Hana, qui se leva, prête à affronter Moon Dae-ho.

Debout devant le juge, l'avocate aborda directement le vif du sujet.

- Votre Honneur, j'aimerais que l'on accueille mon témoin, Monsieur Na Jung-Sun.

La salle se retrouva submergée par les multiples voix présentes.

La porte en bois s'ouvrit alors, laissant apparaître un grand homme aux cheveux ras qui devait avoir la quarantaine. Il s'avança jusqu'à la place qui était dédiée au témoin.

- Je jure de dire toute la vérité, rien que la vérité. Prononçait-il le serment.

Il s'assit ensuite, croisant le regard d'Hana.

- Vous êtes bien Monsieur Na Jung-Sun ?

Le concerné avança son visage jusqu'au micro.

- Oui, je suis Na Jung-Sun, affirmait-il calmement.

- Quel âge avez-vous ?

- 43 ans.

- Vous résidez à Itaewon ? poursuivit l'avocate en se déplaçant légèrement.

- Oui.

- Bien. Avez-vous appelé Lee Felix le 9 avril ?

- Oui, je l'ai appelé.

- Pour quelles raisons ? demanda l'avocate en le regardant dans les yeux.

{ F L A S H B A C K }

Han Jisung et Choi Hana étaient rentrés au QG, prêts à interroger le dénommé Kang Moo-Chan.

- Rose a demandé à ce que ce soit elle qui interroge Moo-Chan. Disons que tu as de la chance, parlait Jisung.

- Pourquoi ?

- Tu ne verras pas de torture. Souriait-il.

Sur ce, le mafieux ouvrit brusquement la porte de la salle d'interrogatoire, laissant la jeune avocate perplexe. Ils s'avancèrent jusqu'aux membres qui observaient Kang Moo-Chan toujours inconscient.

- Vous êtes enfin là, parla Hyunjin.

Il observa un instant Hana avant de se reconcentrer sur leur victime.

- Il n'est pas prêt de se réveiller, lâchait Changbin.

Rose soupira en voyant que Kang Moo-Chan était toujours dans les vapes. Elle prit la bouteille d'eau des mains de Seungmin avant de vider le contenu sur la tête du prisonnier. Ce dernier se réveilla en sursaut.

- Allez, la belle au bois dormant, debout ! dit-elle sarcastiquement.

- Qui êtes-vous ? demandait Moo-Chan en toussotant.

- Tout d'abord, qui es-tu ? répondit Rose en insistant sur le dernier mot.

À cet instant, Jeongin s'approcha de Rose et lui montra l'écran de sa tablette. Rose sourit puis se tourna vers Moo-Chan.

- Alors, quel est ton nom ? répétait-elle.

- Kang, Kang Moo-Chan, rétorqua-t-il calmement.

- Mauvaise réponse.

Kang Moo-Chan fronçait les sourcils.

- Je te le répète, ton nom ? demandait-elle pour la énième fois.

- Je vous l'ai déjà dit, je suis Kang Moo-Chan !

Rose prit son arme et la pointa sur le concerné.

- Écoute, je commence déjà à perdre patience, alors tu ferais mieux de cracher le morceau.

- Tuez-moi si cela vous fait plaisir !

Rose roulait des yeux avant de baisser son arme.

- Bien. Les gars, ramenez-moi Kang Chaewon... morte, souriait-elle.

Hana ne comprenait pas la situation, tandis que les mafieux ricanaient.

Les yeux de Kang Moo-Chan se remplirent de terreur.

- Non ! Pas ma fille je vous en supplie ! Elle n'a rien à voir avec ça ! Elle n'a que 7 ans ! Suppliait-il.

Hana posa sa main sur sa bouche, éberluée par ce dont elle était témoin.

Son amie serait-elle capable de tuer une enfant ?

- Ton nom, ordonnait fermement la mafieuse.

- Na Jung-Sun. Mon nom est Na Jung-Sun.

- Tu vois quand tu veux, dit Rose, un sourire hypocrite au visage. Pourquoi avoir changé d'identité ?

- Je suis un déserteur. J'ai trahi l'armée coréenne il y a plusieurs années. J'ai dû changer de nom.

- Mais encore ?

- Je suis un tueur à gages.

- Travailles-tu à ton propre compte ?

- Non... commença le tueur en hésitant. Je travaille... Je travaille au noir pour Moon Dae-ho.

Rose hocha la tête.

- Vois-tu, ton patron m'a vraiment mise en colère et il s'en est pris à l'un de mes camarades, expliqua la trafiquante d'une voix moqueuse. J'aimerais donc que tu répares ses torts.

- Comment ça ?

- Moon Dae-ho a envoyé mon coéquipier en prison. Son procès aura lieu bientôt. J'aimerais donc que tu te dénonces à sa place.

- Je ne peux pas faire ça ! Comment vais-je nourrir ma fille ? s'écria Na Jung-Sun, affolé.

- Votre femme est une prostituée. Elle saura s'occuper de votre fille avec ce qu'elle gagne, cracha Jeongin.

- Non, elle l'abandonnera dans ce cas-là !

- À toi de voir Na Jung-Sun. Soit tu te dénonces et on laisse ta fille sauve, soit tu refuses et on te tue toi et toute ta petite famille. Qu'en dis-tu ? Menaçait Changbin.

- Je... je témoignerai, mais je vous en supplie, laissez ma fille tranquille !

- Je m'en assurerai si vous faites ce que je dis, parla soudainement Hana.

Na Jung-Sun hochait frénétiquement de la tête, prêt à obéir.

{ F I N D U F L A S H B A C K }

- Pour quelles raisons ? demanda l'avocate en le regardant dans les yeux.

- Pour ne pas me faire prendre.