Chapitre 6
Comment j'ai rencontré mes amis ? Ce ne sont pas les instants les plus marquant, je peine à m'en souvenir. Cela dit, j'ai quelques trucs en tête. Déjà, j'ai rencontré Scott au lycée.
C'était un mec bien. Ça l'a toujours été. On était dans la même classe. Lui et moi, c'était pas l'amour fou. J'avais du mal à l'encadrer et je savais aussi qu'il ne pouvait pas me blairer.
Je le voyais comme un cancre parce qu'il était au fond de la classe et il me voyait comme un hypocrite. On se faisait de fausses idées. Un jour, on s'est retrouvé ensemble pour un travail en binôme. On a tout les deux proposé le même thème. C'est là qu'on est devenu amis.
Parker, le bourreau des cœurs. C'est comme ça qu'il se faisait appeler. Il avait prévenu chacune de ses conquêtes. Il veut juste faire l'amour, sans attache. Elles le critiquaient toute une fois le rapport terminé. Alors un jour, je suis allé m'en prendre à lui.
Pour moi, un mec qui ne respecte pas une femme ne peut pas prétendre avoir des bijoux de famille. À mes yeux, c'était tout sauf un homme.
Je ne savais juste pas qu'il était honnête. Quand je m'apprêtais à l'engueuler, je l'ai vu parler à une autre lycéenne. Je me suis permis d'écouter et finalement, elles étaient toute mauvaises.
J'avais de la peine pour lui. Il n'avait que des ennemis à cause des mensonges de ces garces. Alors, avec Scott, on est allés le consoler...
C'était la belle époque. Maintenant, revenons sur ce nouveau cauchemar. On était de retour dans ce parc d'attraction. À quoi ressemble une vraie fête foraine ? Je vous le demande. Moi, je vois une foule de dégénérés. Plein de fous qui vagabondent partout pour passer de manège en manège. Une douce odeur de sucré donnant des vertiges à ceux qui font des montagnes russes. De la musique partout, des lumières, des couleurs...
Là, il faisait nuit. Il n'y avait personne. Pas un bruit. Quelques lumières et encore, elles étaient faibles. On a vécu beaucoup de choses ces jours-ci mais s'il y a bien un cauchemar qui me donnerait envie de me tuer rien qu'en y pensant... C'est celui-là. Je préfère mourir que d'y repenser mais je suis lancé alors...
Voici ce que j'ai vécu la nuit du 31 octobre 2020. Aucun de nous n'étions prêts à sortir pour faire peur aux voisins et finalement, on aurait dû... Je n'avais qu'une envie et c'était de me réveiller, quitte à ce que ce soit en me jetant un sceau d'eau gelé au visage. Évidemment, il a fallu que j'aille au bout. Qu'on attende quatre heures dans ce parc.
Parker avait enfreint une règle. Au vu des conséquences, il n'était pas prêt à recommencer. Alors, on a fixé une nouvelle règle : on ne devait plus se séparer.
On devait longer les grillages pour trouver une sortie mais rester dans l'ombre, derrière chaque attraction, ce n'était pas le plus rassurant. Au moins, on n'était pas à découvert. C'était bien le seul avantage.
Après avoir fait un grand tour de vingt minutes, on s'est rendu compte qu'on était piégés. Quoi ? Pourquoi il n'a pas rêvé d'une sortie ? Il peut faire ce qu'il veut ! Arrêtez d'être con une seconde. Bon, je vous agresse alors que vous ne m'avez peut-être rien reproché mais je vous vois venir. Un cauchemar, c'est un cauchemar. C'est bien plus puissant que ce qu'on peut imaginer.
- Ça me fout la chaire de poule, soupira Scott. Regardez ces peluches...
De nombreux ours roses nous fixaient. Bon, à vrai dire, ils étaient juste accrochés à des présentoirs. Plutôt pendus en fait. C'étaient de simples lots à gagner, rien de flippant. Même dans un rêve, une peluche ne pouvait pas me regarder, hein ?
Si je devais faire un classement des choses les plus glauques ici, j'allais commencer par le fait qu'il n'y ait personne. C'était le moins effrayant. Après, il y avait ces lumières qui grésillaient. Les guirlandes et les belvédères. Ensuite, il y avait les peluches et les jouets. Ça, c'était spécial...
Le plus terrible était classé au-dessus de tout et de loin. En général, même si les clowns sont fait pour amuser les enfants, on en a souvent peur. Vous avez raison. Il faut les éviter au maximum. Surtout si vous êtes dans un rêve étrange avec vos amis et qu'un clown vous suit.
Ses mouvements étaient dignes d'un jeu vidéo. Il avançait uniquement lorsqu'on tournait la tête. Pour éviter ce genre de désagrément, on s'est mis en cercle tous dos à dos. On avait une vue sur l'ensemble du parc. Il n'y avait plus qu'à attendre le réveil. C'était facile ! Trop facile. C'est pour ça qu'on s'est retrouvé en une seconde à un autre endroit. On n'avait pas le droit de gagner. Le cauchemar faisait ce qu'il voulait.
Nous nous sommes retrouvés dans une nacelle de grande roue. Une très grande roue. On voyait les nuages autour de nous. Dans cette si petite cabine tremblotante, on observait les cieux noirs.
- C'est de ta faute, Parker...
Les mots de Scott étaient vrais mais blessants. N'assumant pas son erreur, notre ami l'atrrapa par le cou et le plaqua contre la porte de la nacelle.
- Répète-ça enfoiré.
Coleen allait s'interposer quand soudain, un courant d'air nous chatouilla.
Il faisait froid. J'étais gelé. La température du ciel était si basse. Je ne savais pas pourquoi on ressentait ça après les quelques minutes silencieuses passées dans cette grande roue. En fait, c'était la nacelle qui venait de s'ouvrir. Scott était au-dessus du vide, tenu à une main. En panique, il se débattait. Erreur, me diriez-vous.
Je suis d'accord.
Parker avait beau être fort, soulever quatre-vingt kilos à une main, à bout de bras... C'était impossible. Il était tiré vers le vide également. Alors, avec sa main gauche, il s'accrocha à un rebord. Anxieux, il versa quelques larmes en essayant de ramener notre ami mais cette force mystérieuse à décidé que cette nuit là, on allait perdre notre Scott.
La cabine subit un violent choc. Quelque chose nous a brutalement percuté et Parker tomba à la renverse, sur un des fauteuils en lâchant mon ami. Nôtre ami...
J'ai remarqué quelque chose à ce moment. On reconnaît la valeur d'une personne que lorsqu'elle disparaît de notre vie. Une fois mort, Scott est devenu mon frère. Ce n'était pas qu'un ami. Il était comme un membre de ma famille. Mon cœur était déchiré lorsque je l'ai entendu hurler.
Son cri s'éloignait de nous. Comme sa présence. On n'allait plus jamais revoir cet idiot.
- C'est... C'est un rêve, hein ?
Parker m'attrapa par le col, les yeux rouges.
- Je t'en supplie, Lukas. Dis-moi que c'est totalement faux tout ça !
"LUKAS !"
On a réussi. Ce traumatisme nous a fait sortir de ce cauchemar plus tôt. J'entendais encore les gémissements des filles et mon prénom, hurlé par Parker qui s'en écorchait la voix.
Le premier réflexe que j'ai eu, c'était de vérifier si mon chat était encore vivant avant de prendre la route pour retrouver Scott. Après tout, comme on le pensait, ce n'était qu'un rêve. C'était impossible qu'il meurt. Cela ne pouvait être que notre imagination !
- Eh, boule de poil !
Il était bien présent. Je l'ai réveillé mais au moins, j'étais sûr de ne pas l'avoir perdu. Puis, j'ai ouvert mes volets afin d'aérer ma chambre. C'est là que j'ai compris. Scott était indéniablement mort. Je n'avais pas eu besoin de voir son corps pour comprendre que ce cauchemar prenait vie. Le parc d'attraction était apparu.
J'ai enfilé mes chaussures, mon pantalon et non, je ne l'ai pas fait dans cet ordre. Ne m'importunez pas pour ça. Bref, je me suis préparé et j'ai décidé de venger mon ami. En ce début de journée, il faisait encore nuit dehors. Je marchais dans la rue, déterminé à tuer quelqu'un. Direction : chez Parker...
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