Chapitre 4

Il me fallait un plan. Une idée. Une solution. Un enfant, c'était trop pour moi. J'avais encore besoin de mes parents pour me nourrir. Je ne pouvais pas le garder. Je n'avais pas encore l'avis de Mallaury mais moi, j'étais décidé à m'en débarrasser.

L'avortement, très peu pour moi. Je n'étais pas d'accord avec cette méthode mais qui aurait pu deviner qu'un rêve deviendrait réalité ?

Lorsque j'ai consulté ma petite amie, j'ai paniqué. J'étais désagréable avec elle et je le regrette encore aujourd'hui. J'ai fait pleurer cette pauvre demoiselle âgée de vingt ans.
- Tu n'es qu'un con, Lukas.
Voilà ce qu'elle m'a dit avant de partir. J'étais désolé et elle savait que mes mots avaient dépassés ma pensée. Elle voulait juste me faire réfléchir un peu...

Parker et Scott passaient leur temps avec moi en dehors des cours. Les filles n'étaient plus avec nous. Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvés tout les trois.

On s'est promenés un peu partout à la fin des cours. J'ai pu faire les boutiques avec mes potes et honnêtement, ça m'avait manqué. Je n'ai pas passé d'aussi bon moment depuis tant de temps. Bon, je me suis bien amusé avec les filles mais là, c'était différent.

Quand je pense à ce jour, j'ai le plan de Parker en tête. Il n'avait pas assez d'argent alors il était prêt à voler une paire de chaussure.
- Au pire, dit Scott, tu en prends une seule et tu paie l'autre le mois prochain.
- Tu me prends pour un con, tocard ? s'énerva Parker.

Il enfila les chaussures et nous fit un clin d'œil avant de se mettre à courir. J'ai pris soin de le couvrir en me débarrassant de l'indice qu'il avait laissé ici. Ses baskets noires ! Elles étaient dans mon sac.

On est sortis pendant que l'alarme sonnait. Il y avait de l'agitation dans le coin mais on était jeunes. Ça nous faisait marrer. On en a profité car la vie n'était pas celle qu'on pensait vivre. On étudiait le jour et on s'amusait la nuit. Les rêves ne nous fatiguaient pas, vous comprenez ?

Le soleil se couchait et on s'est retrouvé au bord de la mer avec les filles. C'était notre coin détente. Il y avait souvent des personnes qui passaient devant et derrière nous mais on était dans notre petite bulle.
- Vous savez que ce rêve est dangereux, hein ? demanda Scott.
- On est malheureusement obligés d'y retourner, soupira Coleen. On ne sait pas comment arrêter ça.

Le brun aux yeux marron qui se trouvait devant moi me faisait de la peine. Ce n'était pas Scott pour moi. Ce n'était pas un mec lambda qui me servait d'ami parce que j'avais besoin de compagnie. À ce moment, quand je l'ai vu verser une larme, c'était mon meilleur ami. Le seul, l'unique. Celui qui pouvait comprendre mon effroi.
- Pourquoi tu paniques autant ? s'étonna Parker.

Je ne savais pas ce qu'il avait. Je n'étais pas parvenu à lire dans ses yeux. On avait juste compris que quelque chose ne s'était pas bien passé pour lui.
- Des mecs m'ont demandé de l'argent dans la rue, ce matin. Ils viennent de ce rêve. Je leur dois toute une fortune.
- On devrait arrêter de voir uniquement le mal.

Parker avait raison. Ces rêves pouvaient être dangereux mais là, en l'occurrence, on allait pouvoir régler ce problème.
- On peut faire ce qu'on veut dans ce rêve. Imagine les mourir.
- Arrête ! cria Coleen. T'es con ou quoi ? Il peut juste leur rendre l'argent. On peut devenir riche dans ce rêve.
- Avec un peu de chance, ajouta Mallaury, on récupérera l'argent en vrai.

Finalement, ce n'était pas si terrible. Mallaury allait essayer d'avorter cette nuit, dans l'autre monde. Donc, comme vous l'avez compris, on est retournés là-bas...

Je me suis lâché cette nuit. À vrai dire, je ne me souviens pas de ce rêve. Pas beaucoup. J'étais juste sur un canapé en pleine soirée étudiante. Il y avait un tas de filles en sous-vêtements qui me collaient. On buvait, on buvait et on buvait encore. C'était le dernier rêve qu'on a pu faire ensemble.

Après, tout s'est transformé en cauchemar. Au départ, personne ne savait ce qui se passait. Moi, je me suis juste réveillé en sursaut, deux minutes avant mon réveil.
- Miaou ? T'es sérieux ? Tu me réveille en miaulant ?
En même temps, je suppose qu'il ne pouvait pas aboyer.

Le matin, comme d'habitude, je suis allé en cours. Parker est arrivé un peu avant Scott. Il paraissait inquiet. Selon lui, c'était juste la peur d'un examen qu'il allait passer aujourd'hui. Moi, j'avais du mal à y croire. Aucun examen ne faisait peur à mes amis. On faisait les idiots mais on était sérieux au fond. On était capables de réussir n'importe quel contrôle.

Ma petite amie est arrivée. Avant que la soirée commence, dans notre rêve, elle a avorté. Cela n'a duré que deux minutes car après tout, c'était juste un rêve. Aucune douleur, aucun souci. On espérait juste que notre idée fonctionnait.
- Parker, tu vas bien ?
Même la petite rousse l'a remarqué ! Parker n'allait pas bien !

Scott, en sueur, arriva en courant. Il était en retard parce que son grille-pain ne fonctionnait plus. C'était la pire excuse mais on ne l'a pas jugé. Moi aussi j'ai déjà eu un problème un matin.

C'était un lundi. J'avais un cours de langue étrangère. Comment expliquer à ses professeurs qu'un sans abri bloquait ma porte d'entrée ? Il dormait avec ses chiens et ils avaient constitués un puzzle. Je vous jure, il n'y avait pas le moindre trou où je pouvais passer. Même en sautant, j'étais sûr de tuer une de ses pauvres bêtes. Il avait l'air de dormir alors je n'ai pas osé le réveiller.

Bref, ce jour là, on ne s'est pas beaucoup vus. J'avais un peu trop de travail. Je n'ai même pas pris le temps de manger un sandwich que je m'étais préparé. Ben oui, on a perdu notre place au resto. Je n'avais rien d'autre à manger.

Dans ma chambre, le soir, je jouais à la console. Un simple jeu d'aventure. Je crois que c'était... Non, j'ai oublié. J'ai plus de jeu en tête. Je jouais peu à l'époque.

Mon chat venait me demander plein de caresses. Pourquoi je n'en avais pas, moi ? Il est bien gentil mais moi aussi je voudrais qu'on me touche. Enfin, me toucher le dos. Ça fait du bien, je trouve. Le plus chiant, c'est quand ça s'arrête. Ma première copine me faisait des massages mais j'avais envie que ça dure pour l'éternité.

Maria, parlons-en. C'est ma seule ex copine. Je suis encore puceau parce qu'elle a refusé de coucher avant le mariage. Qui fait ça ? Bon, je respecte son choix mais moi, je refuse de me marier. C'était délicat comme situation. Je n'étais pas avec elle pour le sexe mais ça fait partie d'une relation. J'en voulais au bout d'un an et six mois.

Du coup, un jour, j'ai appris qu'elle s'est faite sauter par un noir du voisinage. Il s'appelait Henry je crois. Je l'aimais bien au début. Je ne l'ai vu que deux fois mais ça a suffit pour que je l'apprécie. Puis, j'ai découvert que Maria m'avait menti et qu'elle pouvait faire l'amour avec quelqu'un avant le mariage. Je me suis fait tromper à cause de ce bâtard d'Henry.

Enfin, je divague... Reprenons ce qui nous intéresse. Le coup de téléphone. Ça vibrait dans mon lit. J'étais tellement concentré sur ma partie que je pensais que c'était ma boule de poils qui ronronnait.
- Allô ?
- J'ai fait une connerie...

Mes paupières se sont écarquillées et mon cœur s'est arrêté. Je ressentais une profonde douleur au ventre. J'avais peur. Parker pleurait, ça s'entendait. Derrière lui, il y avait d'autres voix. Il avait fait un appel groupé.
- Ce matin, je ne me suis pas réveillé à six heures. Je n'ai pas respecté la règle...
- T'es un enfoiré, dit Scott. Tu as profité du rêve sans nous !

Oui, c'est vrai. On avait une règle. Mais pourquoi en faire tout un drame ? Il s'inquiétait parce qu'on allait mal le prendre selon moi. La réalité était cependant toute autre.
- Ce n'est pas un rêve les gars. C'est une puissance étrange. Seul, je n'ai pas réussi à tout contrôler et... Les ténèbres me suivent depuis ce matin.

Je n'ai pas compris. J'avoue, j'ai lâché un petit rire, gêné. Je croyais que c'était une petite boutade du soir.
- Le rêve était trop puissant pour que je le gère seul. Vous comprenez ? Il a prit le dessus sur moi. C'est devenu un cauchemar. Je ne veux pas y retourner. Je ne veux plus dormir...

Je sentais la détresse dans sa voix. Il avait fait une énorme connerie et même si on s'en doutait de par ses mots, on était loin d'imaginer ce qui allait nous arriver. On était loin de savoir que ce rêve allait être le début d'un enfer.

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