Chapitre 3

Un. Deux. Trois. On s'était remis à courir. La moitié du chemin était passée. Lisa pleurait. Ses larmes coulaient et s'envolaient lorsqu'elle courait.
- Soleil !
Martin fit sa glissade. Il venait de se laisser tomber et laissa ses fesses frotter contre la pierre lisse et blanche. Toute blanche.

Il n'y avait pas de barrière. Si l'un de nous tombait dans l'eau, comment remonter ? C'était à plus de trois mètres de hauteur. On était dans un rêve alors pourquoi ne pas faire apparaître une échelle ? Bon, en fait, le but n'était pas de tomber alors on s'est juste contentés de jouer.

Zéro s'était retourné. Alors qu'on s'attendait à ce qu'il compte, il se remit face à nous avec son arme en main.
- Au fait.
Heureusement, personne n'a essayé de griller un mètre supplémentaire.
- Je voulais juste vous dire que je suis enchanté de jouer avec vous.

Sérieusement ? Juste pour ça ? Il se foutait de nous. Il ne savait pas quoi dire, son but était simplement d'essayer de nous avoir avec un coup de bluff.
- Un !

Paul n'avançait plus. On l'a tous dépassé. Il disait avoir mal à la jambe. C'était possible de ressentir une douleur lors d'un rêve ? Pour moi, c'était irréaliste mais si on pouvait mourir en vrai, c'était fort probable. Après, peut-être qu'on était juste idiots et qu'on s'imaginait n'importe quoi.
- Deux !

Mes bras s'élançaient vers l'avant. Je faisais des pas de géant. J'étais si près du but. Si près du mur.
- Trois !

Ça ne pouvait pas si bien se passer, hein ? Fallait qu'un de mes amis se prenne une balle...
- Soleil !
Je me suis arrêtée au dernier moment. Mon pied gauche était mal placé. Je perdais mon équilibre. Je sentais mon corps partir vers l'avant. J'allais tomber. Puis, j'ai entendu ce coup de feu. Celui qui m'a discrètement fait sursauter. J'ai pu me remettre en position et j'ai vu tout ce sang gicler. Mon ami criait.
- Loupé...

Zéro n'avait sûrement jamais utilisé d'arme à feu. Martin s'était pris la balle dans l'épaule droite. Il souffrait le martyr.
- Bon, je vais être clément pour cette fois. Je ne tirerais pas une seconde fois pour te tuer. Sauf si tu rate encore ce jeu.

Mon ami serrait les dents. Pendant que Zéro lui parlait, il jeta un œil à son horloge des rêves. Il ne lui restait que quelques secondes.
- On reprend.

Un, deux, trois, soleil ! Paul continuait de courir. Surpris, l'hôte ne tira pas immédiatement.
- Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Lisa.
- Je termine la partie...
Le canon était collé à sa tempe. Zéro se tenait à côté de mon ami, le bras tendu. Le doigt sur la détente, il fixait mon Paul. Je ne voyais pas son visage derrière ces bandages alors je ne savais pas s'il souriait ou s'il grimaçait.
- J'ai gagné la partie avant d'être éliminé. Quand on est jeunes, on peut toujours courir tant que notre nom n'est pas prononcé.

Cette fois, c'était pareil. Tant qu'il ne s'était pas fait tirer dessus, il était encore capable de courir et d'atteindre l'objectif. Bien joué, Paul.
- Ha... Ha, ha... Hahaha...
À genoux, la main sur la tête, le type se mit à rire. Puis, Martin venait de disparaître.
- Félicitations. Vous m'avez l'air d'êtres malins. Il est fort possible que vous ne soyez pas là pour rien.

Encore ces discours bizarres. Nous, on voulait juste dormir. Pourquoi est-ce qu'on allait dans son rêve ? Zéro nous invita à entrer dans le phare. Une fois tout en haut, on observait la mer tous ensemble.
- Il va être temps pour vous trois de disparaître.

Cette nuit-là, nous étions presque tous au même niveau sur l'horloge. Mes amis disparaissaient avant moi. Il ne me restait qu'une minute.
- Qu'est-ce que tu nous veux ?
- Seulement savoir si vous êtes dignes de rester dans mon monde.
- Je ne comprends pas. On est censés faire quelque chose ?

Il s'approcha de la vitre et pointa le ciel du doigt.
- Bien-sûr. Vous êtes peut-être les élus. Je vous expliquerais tout plus tard si vous revenez. Bonne nuit, Nadia...
Mes yeux s'écarquillèrent. Je n'en revenais pas. Aucun de mes amis ne m'a appelé de la nuit ni celle d'avant. Comment connaissait-il mon nom ?

Dans le lit de ma chambre d'hôtel, j'étais toute patraque. Je me sentais vraiment mal et j'avais beaucoup transpiré. Le lit était trempé. En même temps, je n'avais pas allumé la climatisation. Quel rêve bizarre, songeai-je. Je me disais que peut-être, tout était faux. Mes amis s'étaient sûrement moqués de moi en me disant qu'ils étaient conscients.

J'ai ouvert le mini bar de ma chambre et j'ai pris une bouteille de lait au chocolat. Une boisson bien fraîche en ce chaud matin d'été... Une boisson fraîche sur le balcon de l'hôtel de Miami. Je voyais la plage et cette fois, il y avait du monde. Prête à aller me baigner en voyant qu'il était onze heures, j'ai frappé à la porte de mes amis. Je n'entendais plus personne. J'ai frappé quelques fois mais aucune réponse. C'est alors que quelqu'un arriva en courant de la cage d'escalier. C'était Paul, essoufflé.
- Il faut que tu vienne voir ça...

En bas, dans le hall, Martin se débattait devant des secouristes.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Laissez-moi tranquille, je vous ai dit que c'était une blessure de rien du tout !
- Monsieur, vous avez une balle dans l'épaule, vous devez venir avec nous.
- Je suis en vacances ! Hors de question que je passe mon temps à l'hôpital.

J'ai couru jusqu'à lui. Sa blessure n'avait pas l'air très profonde et la balle était intacte.
- C'est bon, allez-vous en. On va gérer ça.
C'était moi. J'ai dit ça, oui. Je ne savais pas pourquoi d'ailleurs. Je savais faire un garot et alors ? Extirper une balle du corps de mon ami ? Est-ce que ça sonnait bien dans ma tête à ce moment ?

Dans sa chambre, avec une trousse de premier secours, j'ai réussi à enlever ce qui le gênait sans trop galérer. Je peux mettre ça sur mon CV. Par contre, le sang coulait vraiment beaucoup et son lit était tâché.
- Lisa, Paul, aidez-moi.
- J'ai peur du sang, pleurait la brune.
- J'arrive...
Sans trop de difficulté, on a pu stopper l'hémorragie. Ma journée plage était gâchée. Je devais rester auprès de lui afin qu'il survive. On devait gérer ça nous-même.

Du coup, petite sortie entre filles. Lisa et moi sommes allées dans une boutique tout près de l'hôtel. Paul surveillait Martin et lui donnait des anti douleur parce que mine de rien, il devait en baver le petit...

On est revenues avec des bonbons, du chocolat de toute sortes, des chips et il y avait des boissons dans nos bars.
- Allez ! On reste ici toute la journée !
On s'est matté une série entière sur Netfilm en nous goinffrant. C'était sympa. Martin s'endormait à certains moment mais c'était nécessaire.

Finalement, le soir, nous sommes allés tous ensemble au restaurant. Martin avait une atèle pour éviter les mouvements inutiles. Petite ambiance tamisée en bord de mer. Il y avait de nombreuses tables, toutes prises mais c'était plutôt calme. Il y avait des bougies partout.
- Bonsoir. Vous désirez manger ?
On s'est tous regardés. On aurait pu juste boire un verre étant donné qu'on s'est enfilé soixante dollars de bouffe en quelques heures.
- Oui, on a déjà choisi.

On ne pensait plus à ce rêve. Personne n'en a parlé de la journée. Non pas qu'on avait oublié, loin de là. On voulait juste fuir la vérité. Ignorer le fait qu'on allait probablement retourner dans ce monde dangereux. Ça devait trop démanger Martin de ne rien dire alors il a trouvé le sujet de conversation du repas.
- Si on retourne là-bas cette nuit. Je le bute.
- Il ne savait peut-être pas que tu subirais ça en vrai, s'exclama Lisa.

Pourquoi prendre sa défense ? Ce mec se jouait de nous. Des élus, mon cul ! On était furieux après Zéro et on allait lui montrer. À minuit, on est tous retournés dans nos chambres, prêts à dormir.

Le rêve débuta. Pour la troisième fois, on s'est retrouvés dans ce village et l'état de celui-ci venait encore d'empirer. Il brûlait. Le feu se propageait partout. J'entendais les hurlements de chacun et le ciel s'était assombri.

Le soleil etait noir et il avait une aura. Des sortes de tentacules qui gigotaient. C'était incroyablement beau et effrayant.

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