Chapitre 2
Bœuf, porc, poulet. Dinde, poisson, champignons. Haricots verts, rouges, noirs et éventuellement les blancs. Lentilles. Pâtes, riz, semoule, fromage, chips natures. Frites, crêpes, brocolis, choux, salade, tomates, noix, noisettes. Chocolat. Chocolat blanc, évidemment. Peut-être aussi le blé. Oui, c'est bon le blé. J'aime aussi les nouilles japonaises instantanées. Voici mes principaux goûts en matière de nourriture. Tout ce que j'aimais se trouvait sur la liste du petit-déjeuner ou presque. Manger salé ne me dérangeait pas.
Alors, assise en terrasse, à l'hôtel, près de la piscine, je dégustais des crevettes au lait de coco avec un bol de quinoa. Je sais, ce n'étais pas dans ce que je viens de vous citer mais ça me tentait et franchement, c'était un délice.
J'attendais mes amis à ce moment. Comme je vous l'ai dit, ils sont restés plus longtemps. Moi, à ce moment, je repensais à ce rêve en me disant juste que c'était loufoque. Si les autres n'en avaient pas parlé peu après, je n'aurais jamais imaginé que tout ça était réel.
À table, tous les quatre, on se regardait sans savoir quoi ajouter.
- Que s'est-il passé du coup, quand je suis partie ?
Je voulais savoir ce qu'ils ont fait pendant mon absence.
- Ben, pas grand chose. répondit Paul. Je suis resté en dernier et l'homme m'a demandé de partir.
Apparemment, il lui aurait dit de ne jamais revenir. Ce n'était pas très aimable mais d'un autre côté, on est entré dans son rêve.
- Comment ça a pu arriver ? s'étonna Lisa. C'est impensable.
Le serveur arriva aussitôt afin de leur apporter leurs plats. J'en ai profité pour demander un café supplémentaire.
Il faisait plutôt chaud. On était en plein été aussi. Dix heures du matin, avec les copains. C'était sympa, tout ça...
- Bon, sourit Martin. On va se promener ?
- T'es malade, faut que je me fasse belle.
Ni Lisa ni moi n'avons dit ça. C'était Paul. Le pire mec que j'ai jamais vu en matière de préparation. Il mettait plus de trois heures. Du coup, on est sorti pour manger dans un Burger Queen.
On parlait de notre enfance là-bas. C'était nostalgique comme ambiance. Je pourrais passer au vif du sujet mais vous avez besoin d'informations sur moi. Je vais vous raconter un peu mon enfance. De toute façon, j'ai le droit de garder le silence alors c'est ça ou rien.
Quand j'étais plus jeune, j'adorais le dimanche matin. Ce jour-là, c'était sacré pour mes parents. Le jour du seigneur. Sauf qu'ils n'étaient pas très fans de la foule donc nous n'allions jamais prier en dehors de notre pièce prévue pour.
Dimanche matin, j'avais droit à la tasse de chocolat chaud devant la télé. Il n'y avait pas de dessin-animé très longtemps car je me levais vers dix heures. Mon frère, Icare, se faisait toujours punir, lui. Notre voisine, c'était la directrice de son lycée. Lorsque mes parents sortaient pour aller au marché, ils lui demandaient des comptes.
Mon frère était toujours là pour moi. En fait, c'était un beau gosse et il avait vraiment la classe. Les cheveux gris, en bataille, des yeux bleus et une peau presque blanche. Il était légèrement bronzé. Moins que moi en tout cas. Puis, il portait une chaîne en or autour du coup et une montre de même couleur.
Oui, c'était doré mais je pense que c'était du toc, surtout. Bref, c'était mon protecteur. Il a trois ans de plus que moi. Aujourd'hui, je ne sais pas trop où il en est.
Après notre bon déjeuner entre amis, on a décidé d'aller faire les boutiques. Il nous fallait un max de souvenirs. Du coup, dans ma chambre, j'essayais de ranger mes nouveaux achats dans ma nouvelle valise.
- Tu veux un coup de main ?
Paul avait terminé avant nous. Il n'avait acheté que deux shorts.
- Pas spécialement, ça ira.
Alors, il s'est avachi sur mon plumard tandis que moi, je faisais du rangement. Il était bientôt l'heure de dîner. On allait cette fois-ci manger à l'hôtel. Lorsque j'ai fini, on est allé prévenir les autres et on est descendus tous ensemble.
Le reste n'était pas assez intéressant. Voici donc venu le moment de raconter notre rêve suivant. Notre retour là-bas.
Le décor était le même. Le village médiéval. Pourtant, il restait différent. Je ne savais pas trop pourquoi, au départ. Je sentais juste moins de vie. Moins de monde. Il y avait tellement d'animation la première fois, aussi...
- Bonjour, souriait Martin.
Ils étaient là aussi. Cet idiot venait de saluer une personne qui n'existait même pas.
- Personne ne fait attention à nous, soupira Lisa.
- Au contraire... chuchota Paul.
Il pointa du doigt une maison.
- On nous observe par la fenêtre.
C'était pareil à chaque habitation. Les villageois nous fixaient avec un regard noir. Puis, ceux qui passaient près de nous évitait notre regard.
Une femme portant un bébé avança vers moi puis se mit à tousser. Du sang venait de sortir de sa bouche et de tomber sur la joue dodue de son bambin.
- C'est quoi cette ambiance morbide ? demanda Martin.
- Alors vous êtes revenus...
Zéro était avec nous également. Normal, non ? On s'incrustait dans son rêve. Pour éviter ça, il fallait qu'on sache comment on est arrivés ici.
- Je pense avoir la réponse, déclara l'hôte du rêve. Il va cependant falloir que je le confirme.
Ce type nous demanda de le suivre. On était de retour au niveau du phare. Celui-ci était à cent mètres de nous, sur un chemin entouré d'eau.
- La mer est magnifique, dit Lisa.
- Je vais devoir vous tester. Nous allons jouer tous ensemble.
Il se tenait à la porte du phare, dos à nous. Cette personne s'adressait à mes amis et moi sans nous regarder. Quel manque de respect.
- Un, deux, trois... Soleil !
Il se retourna avec un pistolet dans la main droite.
- Je vais devoir vous éjecter de force si vous n'êtes pas les élus.
- Attendez, quoi ? hurla Paul.
- Seuls les élus et les parasites peuvent me poursuivre. Si vous n'êtes pas dignes d'être ici, je vous envoie au cimetière.
C'était un rêve. Nous n'avions rien à craindre. Pourquoi est-ce que j'avais peur à ce moment ? J'étais terrorisée.
- Si on meurt ici. On se réveille juste ?
Zéro se contenta simplement de se retourner sans nous répondre. Bien-sûr qu'il y avait un malaise. C'est dur d'annoncer à quelqu'un qu'il va mourir réellement dans très peu de temps s'il perd à un jeu. On l'avait tous compris. Cette partie allait être mortelle.
Un... Deux... Ça résonnait autour de nous. Il n'y avait plus que cet endroit dans ce rêve. Juste notre piste de jeu. On courait ensemble le plus vite possible. Plus tôt l'un de nous atteignait ce mur, plus tôt on allait s'en sortir.
Trois...
Il fallait qu'on s'arrête. Paul, pourquoi tu ne t'es pas arrêté ? Pourquoi est-ce que tu as été trop avare ? Mon ami souhaitait gratter encore quelques mètres. Mais on l'a tous entendu.
- Soleil...
Le pistolet se dirigea à toute vitesse dans notre direction. Le canon pointait Paul qui tremblait. Dans une position inconfortable, il se retenait de tomber ou de faire le moindre mouvement interdit. Il avait les jambes devant lui et les bras derrières. Le poids de son corps reposait sur ses bras non musclés.
- Bien. Deuxième tour.
Zéro fixa une seconde fois le mur. Moi, j'ai jeté un œil à mon horloge. On avait tous oublié de regarder en arrivant. Il me restait encore vingt minutes. Pourquoi est-ce que c'était si court pour moi ?
Un... Deux...
C'était reparti. Je me mettais à courir inconsciemment. Pendant ce temps, je réfléchissais. Vous avez déjà joué à ce jeu ? Sans parier votre vie, j'imagine. J'adorais y jouer avec mes cousines quand on était petites. C'était Icare qui était au mur à chaque fois. Lui, il ne laissait rien passer. Même une toux était pénalisée.
Soleil ! Encore une fois, on a dû nous arrêter. J'étais debout, la tête baissée, je fixais mes pieds. Allez savoir comment je me suis retrouvée dans cette position. Je n'avais aucun visuel sur Zéro. Est-ce que c'était moi qu'il fixait ? Est-ce qu'il s'était déjà retourné pour compter ?
Je ne voyais pas non plus la position de mes amis. Je priais juste dans ma tête. Je priais pour qu'aucun d'eux ne meurt. On était venus pour de bonnes vacances. Alors tout devait bien se passer.
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