Chapitre 1
Je m'appelle Nadia et j'ai vingt ans. Pas besoin de parler de mes yeux bleus et de mes cheveux noirs bouclés, vous le voyez déjà. Vous m'interrogez parce que j'ai des origines arabes ? Je vous l'ai dit, monsieur l'agent, je suis innocente. Croyez moi sur parole. Je vais absolument tout vous raconter.
On était encore en France avec mes amis. Paris, vous connaissez ? J'étais à l'aéroport avec ma grosse valise rouge. Je me reposais dessus. J'en avais vraiment marre d'attendre. Je suis de nature impatiente alors vous devez vous douter que ce fut les seize heures les plus longues.
En fait, un de mes amis avait pris beaucoup de retard et on a dû prendre l'avion suivant. Évidemment, le premier vol n'a pas été remboursé. J'avais déjà le portefeuille en feu.
Dans l'avion, j'ai dormi comme un bébé. Impossible de me réveiller. Même pour manger. Du coup, j'ai sauté mon repas. Martin l'a mangé à ma place. Je suppose que je dois donner un tas d'information sur lui ?
Alors, ce bon vieux Marty... Lui et moi, on s'est rencontré au collège. Lorsqu'on a appris qu'on est né le même jour, la même année et à une heure près, on s'est tout de suite très bien entendu. Il fait sûrement dix centimètres de plus que moi. Blond aux yeux verts. Cheveux plats. Il ne savait pas ce coiffer, lui.
Bref, on est arrivé bien en retard à cause de Paul. Malgré son affolante ponctualité, il était mon préféré. Cheveux longs, blonds également, yeux bleus. Il portait des bagues sur six ou sept de ses doigts, des boucles d'oreilles, des colliers et des bracelets. Il aimait la décoration.
Paul était homosexuel. Moi qui voulais me le faire, c'était râpé.
- Bonjour. Nous avons réservé quatre chambres d'hôtel, nous avons eu un décalage d'avion. J'en suis vraiment désolée.
Je l'ai dit en anglais bien-sûr mais je ne vais pas vous la refaire. La dame de l'accueil était vraiment très gentille de nous avoir laissé nos chambres. De toute façon, il n'y avait pas grand monde dans l'hôtel.
Lisa avait la chambre d'à côté. Les deux gars étaient en face de nous. C'était cool d'être tous près les uns des autres.
La petite dernière du groupe. On ne la connaissait que depuis quelques mois à l'époque. Elle était brune et portait des lunettes. Ses yeux étaient de couleur marron je crois. Je suis désolée, je n'ai jamais vraiment fait attention à ça.
Je suis plutôt du genre à regarder la bouche des autres. En fait, je n'arrive pas à regarder dans les yeux. Non pas que j'en ai peur, loin de là. Je préfère juste lire sur les lèvres en même temps que j'écoute. C'est ma façon d'être.
Dans ma chambre, j'ouvrais ma valise. Vous me demandez d'être honnête alors sachez que j'avais des vêtements, de l'herbe et je vous jure, j'ai cru que la doine allait nous griller. Puis ben mon petit canard en plastique. Pas besoin d'en dire plus ? C'est bon pour vous ?
J'avais besoin de repos. Les gars étaient allés faire un tour dans l'hôtel afin de voir ce qu'on avait à disposition. Moi, j'ai décidé d'aller prendre un bon bain chaud. Sans le canard...
La salle de bain, c'était mon plus gros coup de cœur. Juste wow ! Douche à l'italienne, le sol carrelé de façon sobre jusqu'à une baignoire et une petite marche pour éviter que l'eau sorte de la salle de bain. Je pouvais inonder cette pièce, c'était génial ! Bon, je savais me tenir, je vous rassure. J'ai juste pris la baignoire la plupart du temps.
J'ai un piercing au téton gauche. Ça vous plairait de le voir ? Je ne suis pas pudique, je m'en fiche. Celui-ci, c'est ma fierté. J'ai réussi à me le mettre toute seule ! Du coup, quand je prenais du bon temps dans ce bain mousseux, je l'observais pendant de longues minutes. Je pense que maintenant, nous allons changer de sujet parce que je vais passer pour une coquine.
Maillot de bain rose. L'ensemble. Short gris, t-shirt plus grand que moi. Lunettes de soleil. Crème pour la peau. J'étais prête à aller me baigner. Welcome to Miami Beach !
Avec mes potes, on avançait comme dans un film, vous savez ? On était en ligne et on marchait comme des personnes sûres d'elles. On avait la classe. J'ai même enlevé mon chouchou. Mes cheveux s'envolaient et je m'imaginais au ralenti en train d'enlever mes lunettes. Sauf que ce jour là, il y avait beaucoup de vent et absolument personne sur la plage. Il pleuvait...
Oui, ça nous démangeait. On savait que c'était moins cool d'aller là-bas sous cette tempête mais on n'avait rien à faire à l'hôtel. M'enfin, on est allé dans un fast-food à côté. Le chef était sympa, il nous a laissé tremper son sol.
Dans la chambre de Martin, sur le compte Netfilm de Lisa, on regardait un film drôle tout en mangeant nos plats. Moi, j'avais pris un tacos épicé. Les deux gars, des hamburgers et la brunette, quelques portions de frites.
Elle ne grossissait que des seins ! J'étais jalouse. Moi, je mange un bout de salade, je prends trois kilos. Je l'enviais beaucoup pour ça mais à l'époque, ça restait mon ami.
Oui, oui, à l'époque... Vous mourrez d'envie de savoir ce qu'on a vécu, je sais. Seulement, je ne peux pas tout vous déballer comme ça. Plus je donne de détail, plus vous pourrez trouver ça crédible. Parce que cette histoire, vous ne l'entendrez qu'une seule fois dans votre vie, je vous le garanti. C'est la chose la plus folle qui m'est arrivée. Accrochez-vous bien.
Vers minuit, je jouais sur mon téléphone. Candou Crush. Ma vie. Bon, je sais, c'est clairement dépassé comme jeu mais ça m'occupe moi.
- Toc toc !
Au lieu de frapper, cet idiot de Paul préférait réveiller les voisins en hurlant.
- Entre !
J'étais nue sous ma couette et je n'allais pas sortir pour lui. J'aurais pu s'il avait été intéressé mais qu'il retourne avec ses mecs, là...
- J'ai la chiasse et mes chiottes sont bouchés. Je peux emprunter les tiens ?
- T'es malade, va dans ceux de Martin !
- Il y est. Nos burgers n'étaient sûrement pas très frais.
Franchement, il sentait mauvais. Le chef était sympa mais pas très professionnel. Il venait de pourrir les vacances de mes potes qui ont pourris les toilettes de nos chambres. Quand il est sorti, il m'a fait un petit clin d'œil.
- Bonne nuit Nadia.
J'étais prête à m'endormir. J'attendais ça depuis longtemps. Un bon lit douillet. J'étais aux anges. Il ne m'a pas fallu trop de temps avant de tomber dans les bras de Morphée.
C'est là que l'intrigue commence. Que tout devient intéressant. J'étais dans un village. C'était très animé là-bas. Il y avait de nombreux habitants. Ça faisait un peu moyenâgeux mais je vous avoue que c'était plutôt sympa. Il y avait mes trois amis habillés comme des pauvres.
- Tu peux parler, s'exclama Lisa. Tu es dans le même accoutrement que nous !
J'ai compris à ce moment que je faisais mon premier rêve lucide. Je pouvais tout modifier à ma guise. Alors, en un claquement de doigt, j'ai pu changer mes vêtements. J'étais en robe de luxe et je n'étais pas forcée de porter ma hijab. En fait, quand je suis arrivée à Miami, je n'ai pas touché à mon voile. Je voulais ma liberté.
- Trop bien ! s'écria Martin.
Lorsqu'il s'apprêtait à changer ses vêtements, il s'est fait bousculer par un homme. Ce type courait vers la sortie du village. Il avait une veste noire à capuche. Derrière lui, on n'a pas pu voir sa tête. Il y avait juste un crâne rouge sur le dos de son gilet.
- On le suit ? demanda Paul.
C'était un rêve, je le savais. Il était le plus effrayé du groupe quand quelqu'un nous agressait. Techniquement, ce n'était qu'un accident. Il passait en courant et boum. Donc on courait derrière lui en nous éloignant du village. Sans que je m'en rende compte, le rêve venait d'être modifié. Ça arrive souvent, ça. J'étais toujours en train de courir avec mes amis mais là, on s'est retrouvé devant un phare, au bord de la mer. Face à nous se trouvait cet individu.
- Qui... Qui êtes-vous ? Pourquoi vous faites attention à moi ? Vous avez une conscience ?
Ces questions me dérangeaient. Pourquoi un pion issu de mon imaginaire me demandait si j'avais une conscience ?
- Ben ouais, répondit Martin.
- Merde, ça recommence. Écoutez-moi bien. Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire mais regardez...
Il prit ma main et souffla sur le revers de celle-ci. Moi, je fixais son visage couvert de bandage. Ce mec était malsain.
- Putain, trop classe ! hurlait Martin.
Une sorte d'horloge holographique venait d'apparaître au-dessus de ma main.
- C'est le temps qu'il vous reste avant de vous réveiller.
Moi, j'avais encore dix minutes. Mes amis allaient rester plus longtemps. C'est là que j'ai eu du mal à comprendre. Comment ça, mes amis allaient se réveiller après ?
- Si on est dans mon rêve, il n'y a que mon réveil qui compte, non ?
- C'est là que tu te trompe, jeune demoiselle. Je vais pour l'instant me présenter sous le nom de "Zéro". Sachez que vous êtes ici sur mon territoire.
J'ai eu du mal à y croire au début. Pourtant, mes amis me l'ont confirmé le lendemain. Ils étaient conscient à ce moment, eux aussi. Zéro ne nous mentait pas :
- Vous êtes dans mon rêve...
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