Chapitre 7

Ce fut long. Très long. Chaque minute qui passait, chaque seconde-même. Ça m'avait l'air d'être interminable. Je m'occupais de ma fille mais pendant ce temps, j'attendais.

C'était comme ce moment où vous dites à une fille que vous l'aimez et qu'elle dit qu'elle vous donnera une réponse dans quelques heures. Pour un autre exemple, je dirais que vous avez cassé l'objet de valeur que votre mère aimait tant et que vous redoutez le moment où elle va rentrer. Ces situations de stress sont les pires.

Je regardais la télévision alors que Carla dormait. J'attendais impatiemment que quelque chose se produise chez moi. Je me levais toute les cinq minutes pour inspecter chaque recoin de la maison.

Puis, je l'ai vu... Ce type vêtu d'une cape. D'une robe peut-être. Vous savez, comme les magiciens. Une très longue robe mauve. Un chapeau cachant son visage. Une aura ténébreuse autour de lui. Il se tenait devant moi.
- Non, Lukas, ne panique pas. Il ne te voit pas.

Je parlais tout seul, oui. Je me rassurais. Ce type avait vraiment l'air de me regarder. Ça n'a pas duré longtemps. Au clignement de mes yeux, il n'était déjà plus là. Cependant, j'ai cru qu'il était resté, quelque part. Parce que ça frappait à ma porte.

Avec peur, j'ai ouvert à mon ami. C'était juste Marcus.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne devais pas être avec les autres ?
- Je n'arrive pas à dormir. J'espère qu'ils nous ont imaginé tout les deux.
Fait chier. Y avait toujours un truc pour nous faire gaffer. C'était à se demander s'il n'y avait pas un traître parmi nous. Hein, Marcus ?

Je le soupçonnais, oui. Au fond, j'espérais juste me planter. À vous d'attendre que je vous en reparle. Si je ne vous dit rien, c'est qu'il était innocent.

Le soleil se levait. On n'a rien vu d'autre pendant la nuit. Ma fille pleurait dès six heures et Coleen s'est réveillée par sa faute. Surprise de voir Marcus, elle a fait demi-tour en courant afin de s'habiller.

J'ai préparé des saucisses et des patates persillées. Marcus n'en voulait pas alors avec bon cœur, je lui ai quand même préparé des pancakes. De toute façon, il en fallait pour ma fiancée qui donnait son sein à notre fille. Je la voyais grimacer. Ça fait mal d'allaiter ?

La porte s'ouvrit brusquement. Vas-y, entre, fais comme chez toi !
- Sharon est morte...
Jody venait d'arriver, totalement épuisé, les bras couverts d'entailles. Carla pleurait parce que cet abruti venait de lui faire peur.

Installé à table avec nous, il nous raconta ce qu'ils ont vécu à deux.
- Comme vous le savez, Sharon est éperduement amoureuse de moi.
Clairement, c'était un menteur. Elle l'aimait peut-être un peu mais le plus amoureux, c'était lui.
- On a voulu s'embrasser pendant quelques minutes dans votre maison.

Chez nous en plus ? Super !
- Ensuite, tout est devenu noir. On ne voyait plus rien. Du coup, on a fait comme vous avez dit. Fallait imaginer Lukas seulement alors quand on a fait Marcus... On s'est plantés.

Au lieu de lui faire ses deux bracelets dorés, ils ont pensé à la montre fétiche de Daniel. Quelle erreur. Vous souvenez du moment où je vous ai dit que cette histoire finissait bien ?

Moi, non. Je ne vous ai jamais dit ça. En fait, c'est tout le contraire. C'est maintenant que ça commence à partir. Jody reprenait à peine son souffle. Il était vidé de son énergie vitale et mentale.
- Puis... Un homme est apparu devant nous.

Selon sa description, c'était probablement celui que j'ai aperçu également. Je vais vous raconter en détail la mort de Sharon. Les doigts de ce type louche sont entrés dans sa bouche.

Mon amie à tenté apparemment de le mordre mais il avait trop de force pour elle. Il a alors écarté chaque partie de sa mâchoire. Ses joues ont commencées à se déchirer. Elle hurlait de douleur. Le chinois magique a essayé de l'arrêter mais il était immobilisé par des ronces.
- Je luttais, je vous le jure. Je me suis griffé de partout pour aller jusqu'à ce fils de pute.
- On te croit, soupira Marcus.

Le problème était que mon plan ne pouvait pas fonctionner. Il y avait trop d'imperfection dans nos idées. On aurait peut-être dû essayer d'amener ce cauchemar chez nous. D'ailleurs, quand j'ai pensé à cette option, je l'ai vu. Il était derrière ma femme et il regardait Carla.

J'étais en larmes. Je ne voulais pas qui touche à la fille de Scott.
- Va crever, pourriture !
Les autres me fixaient, curieux. Aucun d'eux ne voyait cette personne.
Puis, Jody prit l'éminceur noir. Un très beau couteau, bien gros. Il tremblait.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Coleen.
- Les... Les gars.

Il leva les yeux. Son regard de détresse en disait long.
- Aidez moi !
Je n'ai pu bouger qu'un doigt. Avant que je puisse réagir, la lame s'était déjà enfoncée dans sa gorge. Il reculait, lentement. Coleen hurlait de peur et notre fille fit de même.

Il essayait tout de même de nous parler avec cette lame sortant de sa nuque.
- Je...
Jody retira ce foutu couteau et tout son sang aspergea les filles. C'était un échec pour nous.

Échec et mat... On avait perdu. Il ne restait plus que Marcus et moi. N'ayant pas dormis de la nuit, on allait forcément y retourner la fois d'après. Nous étions persuadés de finir comme eux. On allait subir le même sort. Il ne restait plus que votre fils et moi.

Traumatisée, Coleen était allongée dans la baignoire. J'étais en train de la laver. Marcus s'occupait de Carla à ce moment. Mon téléphone sonnait. Je n'avais pas le temps de répondre. Je devais déjà appeler la police pour Jody.

Voici maintenant une question importante. Votre collègue se suicide chez vous. Qu'est-ce que vous faites ? Je vous l'avoue, on n'a pas fait le bon choix. En fait, on était décidé à cacher son corps. C'était trop dangereux pour nous d'en parler à la police.

Lorsque je suis sorti, j'avais peur que Marcus ne soit plus là. Qu'il ai kidnappé ma fille. Finalement, il n'avait pas l'air d'être un traitre.
- Dis-moi.
Il leva la tête. Sur le canapé, en train de bichonner la petite, il me fixait d'un air sérieux.
- Comment tu as vendu l'âme de ton âme sœur ?

Je me demandais pourquoi on devait subir tout ça. Pourquoi on allait là-bas à cause de lui ? Qu'est-ce qu'il a fait de travers ? Après tout, il essayait de fuir, lui aussi.
- J'ai trouvé le Marcus de l'autre dimension. Il dormait dans son lit. Chez moi.
- Tu ne t'es pas dit qu'en le réveillant, tu allais pouvoir sortir ?
- C'est ce que j'ai fait. Le cauchemar est ensuite arrivé sous forme d'ombre et nous a dit qu'un seul d'entre nous pouvait survivre.

Par réflexe de survie, votre fils venait de créer un couteau qu'il a utilisé pour égorger son double. Le hic, c'était qu'il devait le remplacer chaque nuit.
- Ton téléphone sonne encore, chéri.
Les premiers mots de ma fiancée depuis... Quelques heures ! Elle essayait de passer à autre chose. C'était dur et je la comprenais.

Mes parents avaient essayés de me joindre.
- Quoi ? Vous voulez encore m'engueuler ?
- Ta mère...
La voix de mon père était différente. Il pleurait.
- Ta mère est morte cette nuit...
J'étais bon pour racheter un portable. Sous le choc, j'ai lâché le mien et il s'est éclaté sur le sol. Ma vie était un enfer et je le savais. Jamais je n'allais pouvoir arrêter ça. Il valait mieux que je me suicide alors j'ai pris l'éminceur et j'ai pleuré.

J'avais déjà essayé de mourir. Plusieurs fois. Je n'étais pas à la hauteur d'un suicide. Impossible pour moi d'approcher cette lame de ma gorge. De toute façon, Marcus m'a attrapé les bras.
- Ne fais pas ça. Tu as une famille.
- Plus pour longtemps.

À genoux, devant lui, j'ai recommencé à faire la victime de la vie. Le dépressif détestable.
- Elle va mourir à cause de moi. Vous allez tous mourir à cause de moi.
Marcus baissa les yeux.
- Non. Tout est de ma faute. Frappez-moi. Haïssez-moi. Je ne dois plus avoir de lien fort avec vous et le cauchemar vous laissera tranquille.

À quoi bon essayer ? Ça n'en valait plus la peine. On était déjà allé dans l'éclipse. J'allais être pourchassé. Traqué jusqu'à la fin. On avait une seule solution pour nous débarrasser de cet endroit. C'était de gagner.
- J'ai un plan, moi...

Parker était devant la fenêtre qui était ouverte.
- Désolé de vous avoir espionné. Je peux entrer ?
- Pourquoi est-ce que tu t'acharnes ? Je t'ai dit que je ne serais plus jamais ton ami.
- Je veux moi aussi mettre un terme à tout ça. Venger Scott. Je te respecte Lukas. Tu pleures tout le temps, t'es une vraie fiotte...

Il s'accouda sur le rebord.
- Mais tu es capable de surmonter tout ça. Tu as vécu plus d'horreur que nous. Je veux te ressembler. On se regardait dans les miroirs pour être différents mais c'était débile. On devrait tous êtres comme toi. Je veux arrêter de fuir.

Coleen ouvrit la porte. Ce mec entra et serra la main de Marcus pour le saluer.
- Bon. Il est temps d'en finir. Détruisons cet autre monde.

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