Chapitre 6
Tout commençait à prendre forme. Je commençais à comprendre à quel point le cauchemar me détestait. Devinez pourquoi j'étais sa cible principale.
En attendant, je vais vous raconter la suite. Que cela ne vous empêche pas de réfléchir, hein ?
On est remonté afin de trouver Jody. Cette fois, c'était lui qu'on cherchait. Nous avons retrouvé Marcus et Sharon sur le chemin. Ils avaient l'air en froid. Je n'ai jamais su ce qu'ils s'étaient dit alors je suis navré pour vous mais ce sera un mystère jusqu'au bout !
Il n'a pas pu aller très loin. Il n'a pas eu le temps, surtout. Sauf s'il ne s'est pas arrêté un seul instant et là, c'était un peu plus problématique pour nous. On se doutait que le cauchemar allait se venger de Daniel. Au lieu d'avoir un seul monstre, on allait en avoir dix. Enfin, c'est ce que je pensais.
- JODY ! hurla Daniel à plein poumons.
- Ta gueule, chuchota Sharon en le frappant à l'épaule.
- Ben quoi ? Y a plus de monstre.
Pendant ce temps, moi, je n'allais pas bien. J'ai vu Scott, un instant. En fait, j'ai vu Coleen aussi. Parker et Mallaury. On était tous dans cette cabine. J'avais l'impression de pouvoir recommencer et sauver mon ami. C'était juste une hallucination. Je divaguais.
- Vous vivant ?
J'avais reconnu cette ignoble façon de parler. Mon collègue était devant moi.
- Il est presque l'heure de sortir. Restons ensemble pour éviter les problèmes.
Restons ensemble... Je me souviens de cette idée. Vous venez de comprendre, non ? Attendez encore un peu alors.
- Quand on sera tous réveillés, dis-je en fixant mes amis, venez chez moi. On va trouver un plan pour vaincre ce cauchemar.
Malheureusement, ça n'allait pas être possible. Pas pour tout le monde. Je fixais Daniel qui souriait. Ses dents étaient rouges. Sa bouche aussi. Dans l'obscurité, je voyais du sang couler sur son menton.
- Vous allez... Devoir continuer... Sans moi.
On était tous surpris. Trop pour réagir. En fait, comme avec Scott, j'avais peur de faire le moindre faux pas. On a regardé notre ami mourir.
- Je suis désolé...
On a tous baissé nos yeux et c'est là qu'on a compris que ce rêve n'était pas terminé. Des griffes traversaient son corps. Un autre monstre était avec nous mais il faisait presque trop noir pour que je sois capable de vous le décrire. Moi qui suis pointilleux sur les détails, ça me dérange...
"COUREZ"
Jody ou Sharon, peut-être. Marcus aussi pouvait l'avoir crié. Je n'avais même pas reconnu cette voix. J'ai juste exécuté l'ordre. Je me suis enfui en laissant Daniel crever dans cette école. Jusqu'au bout, il a gardé cette expression au visage. Il souriait, fier de nous avoir protégé. Fier de m'avoir sauvé. Lui, il l'a fait...
Coleen n'était pas encore rentrée. J'étais seul dans le lit. Elle et Carla allaient bientôt arriver. Mon premier réflexe fut de courir jusqu'aux toilettes et de vomir. J'en ai gerbé mes tripes. La mort est naturelle mais mauvaise. Une triste réalité.
- Fait chier...
Pleurer et vomir en même temps. J'ai retiré ça de ma liste de choses à faire. Je plaisante, je n'y avais jamais pensé. J'étais juste en colère après moi-même. Je blâmais Parker alors que j'étais pire que lui car j'ai recommencé. J'ai tué Daniel... S'il est mort, c'est parce qu'il m'a sauvé.
Lorsque les autres sont arrivés, on a eu un peu de mal à aborder le sujet. Jody, Sharon et Marcus ont assisté à cette violente scène également.
-Bon, tu voulais nous dire quelque chose ?
- Marcus. Tu m'as dis que je devais trouver le point faible du cauchemar.
Il acquiesça.
- Le cauchemar n'aime pas qu'on gagne. Qu'on ait de l'avance sur lui. Le coup des lampes torches. Pour se venger, il les a éteintes.
Daniel a payé pour avoir vaincu sa créature. Lorsque mes anciens amis étaient avec moi dans cette fête foraine, on s'est mis en cercle pour empêcher le clown d'avancer. On venait de détruire son système.
- Comme il n'a pas apprécié, il nous a mis dans une situation plus délicate.
Marcus se tenait la tête, les coudes sur ma table.
- Je ne comprend pas. Comment on peut le battre, alors ? C'est son point faible, certes.
- Mais il vous a toujours répondu en empirant la situation, ajouta Jody. Le cauchemar ne se laissera pas faire.
C'est là que je bloquais, moi aussi. Seulement, j'avais compris. Je suis un danger pour le cauchemar. C'était la raison pour laquelle il essayait à tout prix de m'éliminer. Mais pourquoi me craignait-il autant ?
- La première fois que tu l'as battu, comment tu as fais ?
La première fois... Il n'y a jamais eu de première fois. Vous le savez, monsieur le psychologue. Je sais que vous êtes intelligent. Tout le monde l'aurait compris. Si j'y suis retourné, c'est parce qu'il était encore là. Je n'avais rien gagné. J'étais juste prêt à terminer son objectif. Tuer mes amis. Me rendre fou.
- Il faudrait éloigner ce monde du notre. déclara Sharon.
- Ce serait impossible, soupira Marcus. C'est une autre dimension. Personne n'en serait capable.
Ce n'était pas une mauvaise idée mais notre ami avait raison. Je ne voyais pas comment on allait pouvoir le vaincre. On devait voir plus loin. Voir plus grand.
- J'ai une idée.
Ils me regardaient comme si je venais de dire une connerie.
- Dis-nous tout.
Lorsque Marcus est venu chez moi la dernière fois, les trois autres dormaient. Ils étaient dans ma maison, de l'autre côté. C'est là qu'un requin est apparu.
- Je vois où tu veux en venir, sourit Marcus. Ce requin était inoffensif pour nous car nous étions dans notre monde.
Exactement ! Quand on est de l'autre côté, c'est nous qui sommes faibles. Alors, dans notre monde, on était les dominants.
- Tu veux faire venir le cauchemar ici ?
- Non. En fait, vous allez m'imaginer là-bas. Je resterais éveillé, ici.
Leur but allait être de créer un faux Lukas et de venir chez moi.
- Comme ça, notre ennemi verra qu'on sera au complet et il ne se méfiera pas. À ce moment, il faudra que ce monde soit au contact du notre.
Et là, j'allais pouvoir interférer. Faire croire au cauchemar que j'étais devenu invincible. Tout simplement le tromper. Je n'avais pas honte de le dire : mon plan était parfait. J'avais hâte que mes amis y retournent et que mon idée fonctionne.
La porte de la maison s'ouvrit. Face à nous se trouvait une merveille. Ma fiancée et Carla qui pleurait. J'en avais déjà marre à la première seconde. C'était irritant. Mignon... À pleurer. J'étais redevenu heureux. J'avais pris de l'assurance. On venait de mettre l'éclipse en échec.
Mon carlin était tout fou de voir une nouvelle membre dans la famille. C'est dommage qu'il soit mort le soir même...
Dans le jardin, on a creusé une tombe pour lui. Allez savoir pourquoi, Coleen pleurait plus que moi. Pas plus que Carla en revanche. Le fait d'être devenue maman l'a peut-être rendue plus sensible. Moi, j'avais les larmes aux yeux. Je n'arrivais pas à pleurer alors que j'aimais tant ce petit chat/chien.
Pendant des heures, je suis resté dans cette cour à lui parler. Je me remémorai de bons moments passés avec lui. La plupart du temps, je le voyais se toucher la nouille avec sa propre langue alors forcément, y avait pas beaucoup de moments amusants. Puis je le prenais pour un chat, le pauvre.
- Tu rentres ? Il va pleuvoir.
Ça, ça veut dire "tu rentres, il faut faire la vaisselle". Depuis ces derniers temps, c'est moi qui me démène pour elle. Enfin, c'était moi. Ça date, tout ça...
J'étais devant mon assiette lors du repas. C'est tout. J'étais juste devant mes spaghettis. Je vais lancer un petit débat, tiens. Vous préférez vos pâtes avec de la bolognaise, de la carbonara ou bien avec du saumon ? Je ne vous donnerais pas ma préférence. Imaginez ce que je mangeais afin de repenser cette histoire à votre sauce. Sans vouloir jouer sur les mots...
Bref, j'attendais. Je n'avais pas envie de manger. La mort de ma petite bête m'avait peut-être perturbé ou bien était-ce le fait de savoir que ma vie allait changer ? D'avoir une fille, de battre le cauchemar... Il y avait tant d'arguments.
Finalement, à minuit, ils y sont retournés ensemble. Je n'avais pas de portable pour leur parler car on avait une frontière entre-nous. On avait un plan mais on allait s'en tenir à une improvisation. En fait, personne ne savait à quoi s'attendre et nous n'avions aucun moyen de communication.
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