Chapitre 5
École abandonnée. Ce mot vous évoque-t-il quelque chose en particulier ? L'angoisse, l'euphorie, la tristesse ? J'ai l'impression de prendre votre place. Lukas, psychologue complètement épuisé par sa vie de merde.
Moi, ça ne m'inspirait rien. J'étais dans un lieu effrayant mais dans ces circonstances, ce n'était pas ce qui me terrorisait. Je craignais le cauchemar, plutôt. Sharon tenait la main de Jody. Les deux étaient derrières Marcus et le nouveau papa.
Je refusais de mourir. Je ne voulais pas laisser Coleen seule avec Carla. On était une famille. Mes amis et moi devions sortir d'ici vivant.
- On inspecte chaque étage ?
- Ouais. Mais on ne se sépare pas.
La première règle d'un bon film d'horreur ? Faire en sorte que tout le monde se sépare. Évidemment qu'on allait rester ensemble. C'était parti pour l'aile est.
Marcus venait de forcer une porte. C'était une salle de classe. Il y avait toute sorte de jouets et de livres pour enfant brûlés. Je parle des bouquins évidemment. Aucun n'enfant n'est censé être mort brûlé ici. J'espère...
- Il n'est pas là. déclara Jody.
- Il y a un plan vers le tableau on dirait. Allons voir.
Marcus m'intriguait. J'avais l'impression qu'il n'était pas si effrayé. Il alla jusqu'au fond de la pièce délabrée et se retourna vers nous brusquement. Nous aussi, on a entendu ce qui l'a surpris. Un bruit sourd, au fond du couloir.
- C'est Daniel ? demanda Sharon
- Je ne sais pas...
Au fond, si, je le savais. Ce n'était pas notre ami. C'était le cauchemar. À ce moment, il a commencé à se manifester. Après tout, on était sur son territoire.
Qu'est-ce que je vous avais dit ? Les lampes torches ne servaient à rien. Elles venaient de s'éteindre. J'avais une volonté de fer cette nuit-là. J'étais déterminé à gagner. Alors, j'ai fait en sorte qu'on y voit un peu plus clair sans que le cauchemar s'en rende compte. J'ai juste changé la couleur des murs, du plafond et du sol. Ils étaient un peu plus blancs.
Ça n'apportait pas vraiment de lumière mais nos yeux s'adaptaient à l'environnement. Marcus est revenu vers nous, le sourire au lèvre.
- Il y a un étage condamné. Connaissant notre ami, il est forcément allé là-bas.
On devait traverser la moitié de l'école pour y arriver. Sûrs de nous, on avançait à pas de loup. C'est pas logique, je sais. Si on était vraiment confiants, on se serait mis à courir. On gardait juste notre énergie pour ça...
- Écoutez. Y a un bruit.
C'était le même qu'on a entendu avant. Quelque chose qui essayait d'ouvrir une porte. On peut dire qu'elle a réussi.
- PUTAIN DE MERDE ! hurla Jody en tombant sur les fesses.
Une sorte de monstre venait de sortir d'une salle de classe. Une créature vraiment étrange. Visualisez un hamster. Dites-vous que ça n'a absolument rien à voir. Là, c'était... Un chien enragé beaucoup plus grand que nous. Des dents longues et affûtées, ça se voyait de loin. En fait, c'était une bête sauvage affamée et on ressemblait à des hamburgers pour lui.
Quand je dis ça, c'est une façon de dire que si je vois un hamburger qui court dans la rue, je le suis, vous comprenez ? Ben quand on a commencé à courir en hurlant... Il a fait de même. Je sais, je vous ai menti lors de notre premier rendez-vous. Le parc d'attraction n'était pas mon pire cauchemar. Sur le moment, je n'avais pas pris en compte ceux que je vous raconte. Voici le pire de tous.
L'école abandonnée et surveillée par un monstre. Temps restant avant de sortir de cet enfer ? Devinez... Allez, ça va rester secret. Je vais vous faire attendre !
Bon, reprenons. Je courais. Je courais le plus loin possible. L'envie de me retourner était présente. Très forte, si je puis dire. Si je ne tenais pas autant à sauver mes amis, j'aurais pu ralentir afin de me retourner. Le truc, c'est que je n'avais pas besoin. Je l'entendais grogner et s'approcher de plus en plus. Il courait plus vite que nous.
Les virages étaient nos amis. Heureusement qu'il y en avait quelques-uns pour le devancer. Mais comment le semer ? J'hésitais entre monter à l'étage supérieur ou me cacher dans une des six pièces à disposition. Si vous voulez un conseil de ma part, n'hésitez jamais au risque de perdre du temps.
J'ai dû entrer dans un bureau. Le monstre nous avait rattrapé. À ce moment, pour me rassurer, j'ai commencé à réfléchir aux possibilités. Avant que je me cache, j'ai vu Sharon et Marcus sauter dans une autre classe. La bête était déjà arrivé dans ce couloir alors elle connaissait leur position.
Jody, lui, est monté. Il y avait donc une chance sur trois pour qu'elle m'agresse. Peut-être moins puisqu'elle avait deux humains à manger dans la classe près des marches. Pour éviter tout inconfort en essayant d'entrer dans la moindre pièce, la créature pouvait également poursuivre mon collègue.
Alors je vous le demande, monsieur le psychologue. Pourquoi ? Pourquoi ce monstre est entré dans mon bureau ? Je me le demandais, moi. Je ne pensais plus à ma survie ni à mes amis. Juste au fait qu'encore une fois, j'étais en danger de mort parce que le destin m'en voulait.
Caché dans un placard, j'attendais qu'elle parte. J'entendais ses grognements approcher. Une bête imposante fait beaucoup de bruit, vous n'imaginez même pas. C'était un point positif pour moi. Ça camouflait le bruit de ma respiration. Je ne souhaitais qu'une chose : que mes amis me sauvent.
À genoux, face à la portière du placard, je priais pour que l'un d'eux fasse du bruit. Puis, un courant d'air ouvrit ma cachette en la faisant grincer. Quelle merde...
- Va te faire foutre !
C'était la voix de Marcus. Il s'adressait certainement à Sharon. Soudain, le monstre arracha la moitié des murs et traversa le couloir. Je ne voyais plus rien à partir de là.
Ce qui est amusant avec les histoires à la première personne, c'est qu'on ne sait que ce qui se passe à travers les yeux du personnage principal parce que lui même ne sait rien d'autre. C'était du suspense à l'état pur. Quelque chose rodait près de nous et ni vous ni moi ne savions quand ça allait nous sauter dessus.
Je suis vivant, juste devant vous. Alors, vous savez que je m'en suis sorti. Vous vous dites qu'il ne m'est rien arrivé, hein ? Je vous rappelle que la vie me fait la guerre.
Je suis sorti de cet endroit avec le plus grand des calmes. J'avais mal au ventre. J'avais peur. Tordu de douleur, je n'osais plus avancer.
- Je t'emmerde, tu n'as qu'à sortir si ça ne te plait pas !
- Avec grand plaisir !
Pourquoi le monstre ne les avait toujours pas bouffé ? Je n'ai jamais vu ça. Plus indiscret tu meurs !
- Qu'est-ce qui se passe ? ai-je demandé en pénétrant le couloir.
Sharon arrivait vers moi, furieuse. Je l'ai attrapé et elle m'a serré dans ses bras, les larmes aux yeux.
- Vous vous êtes disputés, hein ?
Marcus arriva à son tour. Il n'y avait plus le moindre bruit autour de nous. Le monstre a peut-être cru que le bruit venait d'ailleurs et il est monté.
- Jody...
J'ai repoussé Sharon, en panique.
- On doit monter.
Merde ! Ferme ta gueule Lukas ! Pourquoi est-ce que j'essayais de jouer au héros ? Parker avait raison, j'étais lâche et cet idiot se fourrait le doigt dans l'œil. Non, je n'étais pas là pour mes amis. J'étais là parce que je voulais bien faire. Je voulais donner une bonne image de moi mais en aucun cas je n'étais quelqu'un de bien.
Je n'avais pas la capacité de sauver ces personnes. J'étais le pire ami qu'on puisse avoir.
- C'est de ma faute si vous êtes là, chuchota Marcus. Partez. Je vais sauver les deux autres seuls.
- D'accord...
Je n'ai pas hésité la moindre seconde avant de répondre. J'étais prêt à partir en courant. Le problème, c'était ce monstre. Il n'est jamais monté. En fait, il attendait depuis tout à l'heure à l'angle du couloir. Il nous observait.
- Bon... On monte ?
Son strident hurlement m'a couché. Sur le point de tracer à toute vitesse, je me suis juste écroulé. Je voyais les deux autres partir. Ils s'éloignaient de moi alors que la bête s'approchait. À ce moment, j'ai ressenti une émotion que Scott a dû connaître. Voir ses amis disparaître à vu d'œil et mourir après.
J'allais mourir. J'étais mort... J'étais en enfer depuis tant de temps et je ne l'avais juste pas compris avant. Vous voyez, toute ces choses me passaient par la tête avant que mon ami vienne me sauver.
Daniel venait de m'attraper. On s'approchait du monstre. Pourquoi m'emmenait-il là-bas ? Voulait-il me donner en pâture au chien géant ? Sérieusement, mon carlin était plus gentil que cette bête.
- On va où, là ?
- On affronte les esprits du mal !
- Il va falloir que t'arrêtes de dérailler ! Ces trucs sont réels !
Il me laissa tomber au sol et fit apparaître un pistolet.
- Va chier, bâtard de monstre !
Cinq, six, sept et sûrement huit. Il avait tiré de nombreuses fois afin de coucher notre ennemi.
- Comment t'a fais ça ?
- Je crois avoir compris quelque chose. On ne peut pas faire ce qu'on veut ici. On nous enlève tout.
Comme l'a Dit Daniel, il y avait un temps d'attente. Comme avec les lampes torches.
- J'ai juste tiré avant qu'on me retire mon flingue.
- Tu es un génie, mec.
- Non, juste un spiritualiste intelligent.
Je retire ce que j'ai dit. T'es vraiment pas net...
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