Chapitre 4

Quelqu'un frappa à la porte. Parker venait de repartir. Peut-être avait-il oublié quelque chose ? Il pleuvait à verse cette nuit-là. Coleen était devant la télévision. Moi, je suis allé ouvrir.
- Enfoiré...

C'était Marcus. Par réflexe, sans réfléchir, je l'ai frappé au visage. Alors, pour me répondre, il a sorti un petit couteau de sa poche. Puis il a essayé de m'egorger. Ma petite amie hurlait de peur. Mon bras bloquait le sien. Sa lame était à seulement quelques millimètres de ma pomme d'adam.

Je luttait pour ma survie. Il avait de la force.
- Désolé... Lâche ça...
Il continuait d'appuyer. J'ai dû essayer d'éviter le coup en me baissant. À ce moment, je l'ai repoussé et l'ai cogné deux fois supplémentaires. Cette fois-ci, dans le ventre. Il cracha deux petites gouttes de sang sur notre beau carrelage blanc. Mon chien aboyait, à côté.
- Tu es venu pour me tuer ?
- Non, ordure. Je suis là pour t'aider.
Il tenait son couteau fermement. Pourquoi ne voulait-il pas lâcher cette putain d'arme ? Je me sentais en danger à ses côtés. Moi qui le prenait pour un ange calme et timide.

Puis, lorsque je m'apprêtais à lui demander ce qu'il savait, j'ai vu le décor changer. Il y avait une vitre sous nos pieds. Un sol de verre translucide où nous pouvions apercevoir un truc nager. Il se précipitait vers moi. C'était...
- UN REQUIN !
Après avoir poussé mon hurlement de terreur, je me suis jeté vers ma table. Croyez moi, ça fait mal. L'animal marin venait de traverser le verre. L'eau gicla partout et Marcus rit.

Il leva ses mains, remonta ses manches très rapidement en laissant ses bracelets dorés se déplacer jusqu'à la moitié de ses avant-bras, puis frappa le requin d'un coup de pied. Très longue phrase, j'en perds mon souffle. Le sang aspergea nos murs. Le ventre explosé, le requin agonisait sur notre carrelage.
- Nos amis sont sûrement dans le rêve, chez toi. Le cauchemar essaie de les effrayer avec un requin. N'aie crainte, tu es encore éveillé et tu es capable de vaincre ces illusions.

Le requin n'était déjà plus là. C'était de la folie. Je n'étais pas capable de saisir ce qui nous arrivait.
- Dans l'autre monde, on peut façonner absolument tout nos désirs. En fait, le péché de l'envie est leur représentation. Le problème, c'est que nous, on n'est pas capable de le faire.

Marcus s'approcha de moi et soupira.
- J'ai tué mon âme soeur. Je ne savais pas quoi faire alors j'ai vendu son âme au cauchemar. Grosse connerie. Je suis destiné à y aller chaque nuit.

Il m'a alors donné de nouvelles explications. Mon âme soeur n'avait pas besoin de dormir pour que j'aille de l'autre côté. C'était à cause du lien que j'avais avec mon ami. Jody, Sharon et Daniel y étaient aussi à cause de lui.
- Comment on peut arrêter ça ? demanda Coleen.
- Il faut profiter de la faiblesse du cauchemar. Analysez-le. Trouvez ce qui lui fait peur. Moi, je ne peux plus rien faire. Un jour, il me dévorera jusqu'à l'os.

Ça faisait trop à encaisser. Je préférais les premiers rêves où j'étais encore inconscient. Innocent. Quand on ne savait pas qu'on allait mourir.

Si le monde de l'ombre prenait trop de place dans le nôtre, c'était parce qu'on s'est permis de déformer le leur. C'était une simple vengeance. On s'est détruits tout seuls.
- Bon, maintenant qu'on a une solution, sourit Coleen, on va devoir agir.
Ouais, t'es bien gentille mais en attendant, c'est moi qui vais là-bas. Je ne savais pas pourquoi elle n'était pas affectée, d'ailleurs. C'était étrange.

Il était l'heure de se réveiller. J'ai appelé mes amis un par un pour savoir s'ils étaient vivants. Heureusement, ils l'étaient. Coleen m'a emmené à mon travail avant d'aller en cours. C'est bien d'avoir une conjointe qui a le permis.

J'avais besoin de penser à autre chose. Je ne voulais pas vivre un enfer sans soutien. Je souhaitais passer à l'étape supérieure. Ma chérie m'a dit vouloir passer le restant de ses jours avec moi alors...
- Tiens. C'est pour toi.
Je lui tendais une bague par la fenêtre de sa voiture.
- Quoi ?
- On est fiancés, maintenant.

Je craignais son refus alors je suis parti sans qu'elle n'ait le temps de me répondre. Dans notre petite boutique, avec Jody, on passait le balais. Je voyais le monde passer devant la vitrine. J'étais rêveur. Puis, mon collègue est arrivé en sueur, devant moi.
- Mon pote... Félicitations.
- Quoi ?

Ouais, je sais, monsieur le psychologue, je sais. J'ai volontairement omis de mentionner qu'on avait gardé le bébé. L'hôpital venait d'appeler sur mon lieu de travail pour annoncer la bonne nouvelle. La petite Carla allait sortir d'ici peu.
- Vas-y, prends ton jour.
- Nan, je... J'étais déjà en repos.
- Laisse-moi gérer la boutique. Tu vas être papa.

Wow. Quand il m'a dit ça, j'ai eu une étrange sensation au ventre. J'en avais les larmes aux yeux. Il avait raison, j'allais avoir une petite fille. Le problème était que je ne la méritais pas. C'était Scott, son vrai père.
- Allez, je t'ai dit de te barrer !
- À vos ordres, chef !
Il me fit un clin d'œil et je me suis barré de mon travail. C'était un grand jour. Ma fiancé acouchait. On se doutait bien que ça n'allait pas tarder mais si vite ? Je n'étais pas vraiment prêt.

Je n'avais plus le choix. Je devais devenir un père exemplaire. Il fallait que je sois capable de m'occuper de ta fille, mon cher Scott. Alors, ma seule solution était d'en finir avec ce cauchemar. Je devais détruire leur monde pour sauver le mien...

Vous êtes déjà allé à l'hôpital ? Je déteste cet endroit. Ça sent le vieux, l'ambiance est glauque, même de jour et surtout, l'attente est interminable. J'ai dû attendre plus d'une dizaine d'heures. J'étais tellement fatigué en tenant ma fille que j'ai failli la lâcher. Je vous jure, même après tant d'années, j'ai encore du mal à dire qu'elle est à moi.

Ce n'est pas ma fille.

Sans m'en rendre compte, je me suis endormi à l'hôpital. Coleen m'a réveillé au bout de dix minutes alors je n'ai pas eu le temps de retrouver Daniel. Selon Sharon qui y était déjà, il était retourné dans cette foutue école.
- Tu veux rentrer ?
- Non, non, ça va aller. Je vais rester avec toi.
- Tu devrais plutôt te débarrasser de ces rêves, non ?

Elle avait raison mais la maison était à plus de dix minutes à pied. Cela ne m'aurait pas dérangé si je n'étais pas resté éveillé plus de cinquante heures. Pourtant, il a bien fallu que je rentre.

Temps restant avant la fin du cauchemar... Deux heures.

J'étais devant cette école avec Jody, Marcus et Sharon. On avait quelques lampes torche mais on savait pertinemment qu'elles allaient s'éteindre. Le bâtiment était délabré et il faisait totalement noir. Seul nos faisceaux lumineux nous permettaient d'avancer sans encombre.

Une fois devant la porte, on s'est tous regardés. On avait tous peur.
- Bon, je très la frousse mais je pense qu'il faut go dedans.
- Tu as raison, répondit Marcus. Il est possible que Daniel soit pris au piège.

C'était probablement le cas. Il était temps qu'on affronte nos peurs. Qu'on entre dans cette école.
- Qui y va en premier ?
Je ne m'attendais pas à un si long silence. Personne ne voulais y aller.
- Bon, tirons à la courte paille.

J'ai imaginé dans ma main quatre tiges de bois. Un par un, ils ont pioché. Fallait que ça tombe sur moi. Au bout d'un moment, je ne cherchais même plus à comprendre pourquoi le sort s'acharnait sur moi. Je me suis dit qu'en luttant contre le destin, tout allait changer.

C'était de pire en pire. Ma vie est désastreuse. Du coup, j'ai essayé d'entrer mais c'était fermé. Pas verrouillé, non. Sûrement bloqué. Barricadé. Condamné. Comment Daniel est entré ici ?
- Bon, on y va tous en même temps, soupira Jody.
Marcus poussa doucement Sharon.
- Restes à l'écart.

Ensemble, on s'est mis à courir jusqu'à la porte. On l'a defoncée ! Dans l'obscurité, avec nos petites lampes, on est entré dans ce bâtiment désaffecté.

Temps restant avant le réveil ? Une heure et cinquante minutes...

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