Ça faisait longtemps, hein ? Deux mois sans me voir, j'ai du vous manquer. Je sais, je joue un peu avec ma vie. Je reconnais que tout est devenu noir chez moi. Je ne tiens plus à continuer et je me tuerais après cette séance.
Rappelez-vous un peu ce que je vous ai raconté. Depuis les événements de la fac, je suis allé vivre chez Coleen. On était ensemble depuis quelques mois déjà et on vivait avec joie. Nous étions heureux.
C'était un soir d'avril, je me souviens. La veille de mon anniversaire. J'étais dans le lit avec ma sublime rousse. On s'embrassait depuis des heures. Le temps défilait sans que l'on s'en rende compte. Mon chat était en train de pisser dans sa litière au même moment et on pouvait l'apercevoir au fond du couloir. Il nous regardait ce pervers.
Je me suis toujours demandé ce que pouvait penser un chat. Ce serait inutile de partir sur des thèses délirantes, je ne suis pas ici pour débattre sur ce sujet, mais sachez que j'y pense des fois...
Parfois, lorsqu'on faisait l'amour, je repensais à Mallaury. Ce fameux soir où le cauchemar nous observait. Est-ce qu'il y avait vraiment quelque chose de conscient dans les ténèbres ?
Bref, après ce moment toride, j'ai voulu préparer le dîner. Il y avait des pâtes, du riz, de la purée, des frites. C'est chiant d'avoir l'embarras du choix, hein ? On a tellement de possibilités dans la vie qu'on veut tout prendre et c'est ce qui nous mène à notre perte. C'était ma nouvelle devise.
- T'es con, riait Coleen. Tu pars sur de la philosophie parce que tu ne sais pas quoi manger ?
- Je ne suis pas sûr de pouvoir appeler ça comme ça mais ouais.
Elle m'embrassa encore une fois. Si je m'étais amusé à compter un jour, je pense que je serais arrivé à plus de cent bisous par jour. Sachant qu'on était en général séparés la journée, vous vous doutez bien qu'on en raffolait.
Je ne suis pas ce genre de personne, vous savez, qui aiment s'afficher en publique. "Oh oui, embrasse moi, je t'aime" c'est à vomir. J'étais heureux avec elle et je ne voulais pas le cacher, certes. M'enfin il y avait une limite à ne pas dépasser.
Tandis que je préparais le repas, ma chérie appelait nos amis. Elle voulait être sûr qu'aucun d'eux n'allait manquer à l'appel lors de mon goûter d'anniversaire. Il allait y avoir du monde. Je vous fait la liste. Pour être sûr de ne pas me tromper sur votre fils, je ferais quand-même sa description.
D'abord, il y avait Jody. Mon coréen magique. Cheveux noirs et plats. Il avait de petits yeux bleus, c'en était drôle. En général, il s'habillait en rose. C'était sa couleur préférée. Il mettait un jean normal évidemment mais ses baskets et ses hauts l'étaient. Il avait 23 ans à cette époque et il mesurait sûrement dix centimètres de plus que moi.
Du côté de l'université, il y avait Sharon. Elle était blonde aux yeux verts. Comme Coleen, elle aimait beaucoup les robes. Sauf que dans son cas, fallait qu'il y ait des paillettes dessus ou des objets brillants. En fait, elle était carrément riche. Chacun de ses vêtements avait une valeur d'au moins huit-cents dollars.
Marcus. Si je me souviens bien, il aimait beaucoup les mangas. En général, ses vêtements étaient tirés d'un univers dont il était fan. Ses cheveux étaient longs et gris. C'était beau. Il était évidemment métissé et ses yeux étaient marron. Je ne m'attarderai pas sur lui.
Comme les deux autres, Daniel avait 19 ans. Pour une fois, je n'étais pas le plus jeune. Lui, il était à part. Il aimait bien les trucs d'horreur. L'occultisme. Ses cheveux étaient violets et rasés. En fait, c'était son crâne qui était teint. Sans déconner, il n'y avait que trois millimètres de cheveux. Pourquoi les colorer ? Ses yeux étaient bleus et il portait une montre noire au poignet gauche. C'était son porte bonheur.
Ils étaient tous là pour seize heures. Devant la porte, entassés. À croire qu'ils s'étaient tous attendus avant d'entrer.
- JOYEUX ANNIVERSAIRE !
Tous en même temps. Leurs voix me manquent.
Coleen se tenait derrière moi, souriante. Oui, je sais ressentir ça sur ceux que j'aime. Je n'avais pas besoin de la regarder elle non plus. Comme avec Parker.
- Posez les cadeaux dans le garage !
Mon chat en avait profité pour se faire caresser. Il aimait ça ce petit filou. Daniel s'était arrêté devant moi. Cet imbéciles s'est mis à me renifler.
- Tu pues.
- Alors ça c'est pas très gentil... Je me suis lavé ce matin.
- Non, je veux dire. Tu sens l'esprit.
Va chier ! Je déteste les fantômes. Après ce que j'avais vécu, le paranormal, non merci. Après que je l'ai renvoyé paître plus loin, je me suis installé dans le jardin. Il faisait beau. Assis sur mon transat, un cocktail à la main, je regardais ma compagne se démener pour moi. J'aimais la voir ainsi.
Comprendre que j'étais important pour quelqu'un...
- Bordel, j'ai très l'appétit !
Jody aimait faire des phrases incompréhensibles. Devant le gâteau, il bavait. En même temps, il était délicieux. Le chocolat, c'est basique et écœurant. Ce dessert, à contrario, défiait mes idées. J'en aurais remangé des tonnes.
Le soir, lorsque le soleil s'était couché, mes amis commençaient à partir. Bien entendu, ils nous ont aidé à ranger.
- Je suis appelé ma mère, mec ! Elle te souhaite un joyeux anniversaire.
- Écoute, Nemo, t'es bien gentil mais je ne comprends rien à ton charabia.
- C'est un cas digne d'une possession de niveau quatre, marmonna Daniel.
Dans son coin, Marcus rigolait. Lui, il lavait nos assiettes. Ce type était si gentil. On n'avait pas besoin de communiquer pour s'apprécier. C'était un ange.
Sharon était parti avant les autres car elle vivait encore chez ses parents, la pauvre.
Finalement, je suis allé me coucher avec Coleen. J'ai eu droit à mes bisous du soir et je me suis endormi. Rapidement, le réveil sonna. J'ai eu l'impression de dormir une seconde et pourtant, j'étais en forme.
J'avais un week-end de repos pour mon anniversaire alors j'ai décidé de profiter le plus possible de ma journée avec Coleen. Pourtant, je sentais que quelque chose clochait. Que j'avais une mauvaise information...
Je me suis fait mon café du matin, mes saucisses grillées et des pommes de terre rissolées, persillées. C'était un régal. D'ailleurs, ça me donne faim. Puis, lorsque Coleen m'a rejoint dans le salon, elle m'a souhaité un joyeux anniversaire en m'embrassant.
- C'est aujourd'hui ?
- Ben oui, idiot.
Je comprenais pourquoi mon rêve n'a pas duré longtemps après m'être "endormi". Je dormais déjà. J'avais peur que tout recommence.
- Rassure moi. Tu n'as pas rêvé de mon anniversaire, hein ?
- Non, pourquoi ?
Ouf. C'était bon. Le passé, c'est le passé. C'était selon Coleen, impossible que tout recommence. J'aurais aimé y croire. J'aurais aimé qu'elle ait raison.
L'après-midi, mes amis sont arrivés. Chacun à leur tour, ils entraient en m'offrant leurs cadeaux.
- Tu pues autant que dans mon rêve.
- Oui, bonjour Daniel.
Sur le coup, je n'ai pas réagi. C'était sûrement son trip de rêver de l'odeur des gens. J'ai préféré me contenter de laisser entrer les autres avant de m'étaler dans mon transat.
Coleen venait d'apporter un gâteau au chocolat. Celui-ci avait l'air bon également mais est-ce qu'il allait gâter mes papilles comme le premier l'a fait la nuit d'avant ?
À cet instant, ma vie s'est transformé en un calvaire. Dès le moment où Jody s'est mis à renifler mon gâteau, tout à basculé. J'ai compris que dieu m'en voulait.
- Il sent très bon. J'espère qu'il sera meilleur que dans mon rêve.
- Ça ne se dit pas, ça. souriait Marcus. Il faut faire plaisir à la demoiselle. Même s'il est infâme, tu dois l'aimer.
Je me suis levé en sueur et j'ai couru jusqu'à la table. Coleen m'a fixé étrangement avant de me fâcher.
- Calme-toi ! Tu vas l'avoir ton gâteau.
- Les gars... Est-ce que vous avez rêvé de mon anniversaire ?
Ils m'ont tous répondu en même temps...
"Oui."
Je n'ai pas eu besoin de leur demander de detail supplémentaire. J'avais compris. On est allé de l'autre côté.
- Ça va pas ? demanda Jody.
- Daniel, tu m'as reniflé dans ton rêve ? Mon chinois magique, tu as aimé ce gâteau au chocolat ? Sharon, tu es partie plus tôt parce que tes parents t'ont appelé ?
C'est là que j'ai pu en être certain. Ils ont tous hoché la tête pour confirmer que je ne devenais pas fou. C'était reparti pour vivre un enfer...
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