Chapitre 8

Le vent de cette fin du mois de septembre est encore plutôt chaud. Comme si l'été peinait à prendre le large, tenant inlassablement à répandre ses températures étouffantes sur la ville. 

Même la faune se fait discrète durant ces journées, préférant se trouver un coin plus frais où passer le temps, en attendant de pouvoir profiter des heures plus tardives afin de vagabonder dans les rues.

Katsuki remet ses lunettes de soleil sur son nez, attendant patiemment son meilleur ami, appuyé contre la portière côté conducteur de sa voiture. Malgré le coin d'ombre dans lequel il patiente, l'atmosphère est sincèrement pesante, et il ne peut s'empêcher de maugréer pour lui-même, pestant après son foutu pote qui est encore en retard.

Comme d'habitude de toute manière.

« - Oh ! Katsuki ! J'suis là ! »

Arrivant en trombe, presque en sprintant, le garçon s'arrête à sa hauteur totalement épuisé. Les mains sur les genoux, penché en avant, Eijiro s'affaire à reprendre son souffle du mieux qu'il peut. Amusé, le blond hausse un sourcil. Il sait pourtant que son camarade est un sportif, qui apprécie tout particulièrement les disciplines demandeuses en énergie. Rien ne l'effraie de ce point de vue-là. 

« - T'as perdu en vigueur tête d'ortie ? T'as plus le temps d'aller à la salle ? 

- Disons que j'ai eu d'autres priorités ces derniers temps, et avec la vente qui arrive d'ici quinze jours c'est le gros bordel au musée. Je sais plus où donner de la tête franchement.

- Allez viens, j'te paye un verre mon vieux. »

Il le gratifie d'une tape sur l'épaule, l'incitant à le suivre dans son sillage pour arriver jusqu'à un petit café. D'un accord commun, ils se décident à entrer à l'intérieur du bâtiment, pour profiter de la clim en cette journée sincèrement trop chaude. 

Seul quelques courageux bravent les températures de ce début d'après-midi sur la terrasse, mais eux ne sont pas pour autant décidés à cramer sur les chaises brûlantes. Ainsi, après avoir commandé chacun une bière, et s'être assit à l'une des petites tables dans un coin un peu reculé, pour profiter de leur tranquillité, ils soupirent à l'unisson. 

Katsuki ne saurait dire depuis combien de temps il n'a pas vu son ami. Entre la production de leur fresque, qui est en bonne voie pour être achevée dans les temps, et toute la situation à gérer auprès d'Izuku, les jours de libertés lui ont manqué pour ce genre de petit moment simples. 

Bien sûr, ils ont énormément échangés par SMS. Kirishima reste un des seuls avec qui le sculpteur communique très régulièrement, et confie à peu près sans crainte ses états d'âmes. Malgré sa fâcheuse tendance à le charrier, le jeune homme lui a toujours apporté les réponses nécessaires et utiles aux situation qu'il pouvait rencontrer. 

Un véritable ami, en sommes, qui ne l'a jamais abandonné dans une quelconque passade. 

Bien que les autres de leurs petits groupes envoient de temps à autres quelques messages, quand ils ne sont pas prit par leurs activités respectives, il semblerait qu'ils soient tous les deux le dernier maillon de cette belle bande d'autrefois. 

« - Alors, quoi de neuf depuis le temps ? 

- Ben, tu sais Kat's, le taf et voilà... C'est pas comme si j'avais le temps de gérer grand-chose d'autre que ça.

- Arh, fous-toi de moi. On s'est pas vu comme ça depuis des mois, et tu vas me faire crois qu'il ne s'est absolument rien passé ? J'te crois pas. »

Eijiro lâche un petit rire nerveux, tout en passant une main dans les quelques mèches de sa longue chevelure rouge, s'échappant de son chignon lâche. Ses prunelles, d'un rouge légèrement plus foncé et profond que celles de Katsuki, sont affublées d'un air rieur et espiègle, lui donnant un côté très sympathique. Le tout, ponctué d'un sourire omniprésent, duquel sont visibles ses canines, qui sont à peine plus pointues que la moyenne. 

« - Si, si. Y a bien eu deux ou trois choses quand même. 

- Ah tu vois ! J'ai toujours raison.

- Mmh, et j'suis étonné que t'arrives toujours à passer les portes, vu la taille de tes chevilles mon gars. »

Ils se mettent à rire ensemble, comme au bon vieux temps. Buvant une gorgée de leurs verres respectifs, ils se donnent les nouvelles de bases. Le classique « comment ça va chez toi », avant de commencer à aborder les sujets plus sensibles et délicats. Telle une réunion, à laquelle tout le monde se retrouve joyeusement, pour faire étalage des souvenirs partagés. À la seule différence que là, ils sont simplement eux deux, et rien de plus. 

Parfois, Katsuki regrette ce temps où ils étaient encore tout ensemble. Malgré leurs familles respectives, et le poids qui pesait déjà sur certains d'entre eux, ils étaient plutôt soudés. Bien loin d'imaginer sur quoi ils allaient aboutir, ni même comment la vie pouvait évoluer. 

Parce qu'après cela, il n'y a eu que trop de déceptions, qui émanent de cette simple tournure de l'existence. Une perspective un peu piquante, qui ne lui a laissé qu'un goût amer au fond de la gorge. C'est peut-être pour cette raison, qu'il n'a jamais réellement voulu s'investir de nouveau auprès de quelqu'un. Donner de sa personne dans une relation quelle qu'elle soit.

Enfin, personne avant Izuku. 

« - T'as le bonjour de Mina. Je l'ai eu au téléphone il y a deux jours, et je lui ai dit que je te voyais aujourd'hui. Elle était contente d'avoir de tes nouvelles. 

- C'est gentil, lâche le blond avec nostalgie. Comment ça va avec Sero ?

- Ils ont l'air heureux je crois. En tout cas, le mariage c'est à la fin de l'année là. J'suis un peu dégoûté de pas pouvoir y aller sincèrement. Elle me manque.

- Elle me manque aussi, cette fouineuse là. Je sais pas quand on va la revoir. »

Il soupire lourdement, réellement affecté par cette distance. Il a beau avoir l'air de quelqu'un de détaché de tout, et peu affecté par les évènements aux yeux de la presse, ce n'est là qu'une toute petite partie du tableau qui constitue Katsuki Bakugo. 

« - Bon, et toi les amours Eiji ? Ça donne quoi ? 

- Quoi les amours ?

- T'as rencontré personne ? Que dalle ? Rien ?

- Ben... »

Katsuki le connaît assez, pour savoir qu'il lui cache quelque chose de par ses mimiques. Il gesticule comme un enfant, et ne tient absolument pas en place sur sa chaise. Ses doigts viennent triturer le bord de son verre, tandis qu'il baisse le regard. 

« - Tu le crache le morceau ? 

- Quoi ?

- J'te connais depuis des années Eijiro. Qu'est-ce que tu me dis pas là au juste ?

- J'appréhende un peu ta réaction je crois. »

Le sculpteur fronce légèrement les sourcils, ne comprenant vraiment pas ce que sous-entend son meilleur ami. Il s'approche légèrement, et vient poser sa main sur l'avant-bras de Kirishima, dans un geste qui se veut rassurant. 

« - C'est bon tête d'ortie, je vais pas te bouffer. Et je vois pas en quoi ma réaction est un problème ? J'veux dire, j'suis ton meilleur pote. Bien sûr que je veux que tu sois heureux. 

- Depuis quand t'es si niais toi ?

- Change pas de sujet, tu vas pas noyer le poisson !

- C'est pas faute d'avoir essayé écoute... Poursuit Eijiro en inspirant profondément. J'imagine que tu te rappelle de Denki ? »

Un peu perplexe, Bakugo hoche la tête positivement, tout en haussant un peu les épaules. Denki Kaminari est le premier luron de la bande à ne plus avoir donné signe de vie. Rien de bien méchant en soit, le jeune homme au style un peu excentrique et à la personnalité pétillante a juste prit un chemin différent, au premier carrefour qu'à rencontré le groupe. 

Peu enclin à se ranger dans un emploi lambda, le garçon semblait bien déterminé à profiter de la vie. Ainsi, sa mère qui a toujours veillé au bien être de sa progéniture, l'a grandement aidé à financer son road trip à travers le monde. Ce n'est pas pour autant un enfant ingrat. Il a toujours eu conscience de la chance qu'il avait d'avoir un tel cadre familial. 

C'est ainsi qu'il est parti, prenant un avion pour on ne sait quel pays. Si au départ, leur petit groupe recevait régulièrement des clichés des endroits où il se situait, ainsi que quelques messages expliquant les diverses missions humanitaires expérimentées, son silence s'est fait peu à peu. Jusqu'à devenir totalement constant. 

« - Bien sûr. Même si ça fait des mois voir des années qu'on s'est pas parlé. J'me rappelle de lui. 

- Il est rentré.

- Sérieux ? Quand ?

- Il y a peut-être deux mois et demi, quelque chose comme ça... Et, depuis on se voit.

- Alors t'es en couple avec la pile électrique...

- Ouais j'crois. Je sais pas si c'est officiel, mais on passe pas mal de temps ensemble. »

Katsuki observe son meilleur ami attentivement, tout en l'écoutant babiller. Durant les dix minutes qui suivent, Eijiro explique comment ils se sont retrouvés par hasard dans un simple centre commercial de leur quartier. Denki lui a annoncé être en ville depuis déjà trois semaines, sans trop oser reprendre contact avec lui et Bakugo, au vu de cette longue période passée sans le moindre message ou coup de fil. Puis, à force de se revoir, juste pour se raconter ce qui a pu se produire durant ces années de voyages en tout genre, ils ont tout deux commencés à passer bien plus de temps ensemble. 

Jusqu'à ce fameux soir, quelques semaines auparavant, où Kaminari a annoncé à Kirishima sont intention ferme de s'installer définitivement ici. Parce qu'il ne ressentait pas l'envie de repartir ailleurs, ayant la sensation d'avoir trouvé ce qui lui manquait ici, auprès du garçon à la chevelure rouge. 

« - C'est très gnangnan tout ça Eijiro, se moque le blond en riant, avant de reprendre son calme. Mais je suis hyper content pour vous deux. J'espère que ça marchera et que vous serez heureux tous les deux. Et tu diras à ton blaireau de mec que j'suis d'accord pour le revoir, s'il le souhaite. »

Un soupir de soulagement semble traverser le jeune homme, dont les épaules se délestent d'un poids non négligeable. Son visage retrouve son sourire habituel, tandis qu'il se rafraîchit un peu, avec quelques gorgées de sa bière. 

« - Merci Kat's. Maintenant à toi, j'suis pratiquement sûr que t'as énormément de choses à me raconter de ce côté-là aussi. 

- Comment ça énormément ? Il se passe absolument rien dans ma vie sentimentale, vraiment rien.

- Même pas un petit coup de cœur pour Izuku ? »

En entendant son prénom, Katsuki écarquille légèrement les yeux, tout en rougissant un peu. Il détourne le regard en fronçant les sourcils, quelques peu rageur de réagir telle un adolescent qui ne contrôle pas ses hormones. 

Renfrogné, il met une éternité à se redresser, et regrette presque de l'avoir fait, lorsqu'il se heurte au pupilles inquisitrices d'Eijiro, qui attend patiemment son lot de potins à ce sujet. 

« - C'est bien ce qui me semblait, lâche Kirishima, tout sourire. 

- Arh fous moi la paix.

- Alors là tu rêve ! J'veux tout savoir sur ce qui se passe entre vous.

- Mais il se passe vraiment rien, justement. »

Il mordille ses lèvres nerveusement, en repensant à son collaborateur. C'est rare qu'ils passent une journée loin l'un de l'autre. Mais aujourd'hui, le jeune homme a exprimé son besoin d'aller se recueillir sur la tombe de sa mère, et partir voir une amie d'enfance un peu plus loin, dans son quartier d'origine. 

Bien que Katsuki ne soit pas tranquille de le savoir si éloigné de lui, ils sont tombés sur un accord. Ainsi, Izuku veille à lui envoyer un petit message à chaque étape de sa journée, afin de ne pas l'inquiéter d'avantage. 

« - Quand tu dis qu'il ne se passe rien...C'est un problème ou pas ? Parce que vu ta tronche... Je suis pas sûr de moi là. 

- Ben... Je sais pas trop... »

Le sculpteur passe ses doigts dans sa chevelure cendrée, qui n'est jamais réellement coiffée. Ceux-ci reprennent pratiquement aussitôt leur place initiale, tandis que leur propriétaire pose ses coudes sur le plateau de la table, avant de cacher son visage les paumes de ses mains. Lâchant un petit commentaire étouffé, qu'Eijiro ne comprend bien évidemment absolument pas. 

« - T'es sûr que tu veux pas en parler ? Ça a l'air de te travailler quand même. »

Tout en relevant la tête, il inspire un peu trop bruyamment, en posant ses prunelles vermillons sur Kirishima, qui fronce fortement les sourcils devant sa mine préoccupée. 

« - Je crois que j'suis tombé amoureux de lui.  

- Et c'est une mauvaise chose ? »

Katsuki réfléchit un peu. Bien sûr que non, dans l'idée ce n'est pas quelque chose de foncièrement mauvais. Certes, il ne garde pas un bon souvenirs des quelques semblants de relations sérieuses qu'il a pu partager avec d'autres personnages. Mais il a la sensation que les choses sont bien différentes ici. 

Deku est quelqu'un d'à part, avec qui il se sent terriblement bien. Désormais, ils se sont tout deux ouverts sur leurs propres ressentis, et sur leurs vieux démons qui les empoignaient encore un peu trop, créant de cette manière un lien bien particulier. 

Dans son esprit, passe l'image de ce jeune homme souriant à son égard. Qui laisse tomber ses remparts, lorsqu'ils ne sont que tous les deux, pour se confier à lui. Katsuki revoit ses prunelles, tantôt emplit d'une grande passion, ou parfois juste larmoyantes. 

Il pense à sa manière de se braquer, quand quelque chose ne lui plaît guère et qu'il trouve matière à en redire. Ou encore cette façon de se blottir contre lui, comme un chaton qui réclamerait des câlins, quand ils regardent ensemble un film. 

Cette proximité qui s'est crée entre eux, ne semble pas perturber Izuku plus que ça. C'est entre autre pour cette raison que le sculpteur se pose moultes questions à leur sujet. Comment doit-il gérer ses sentiments à l'encontre de ce garçon ? 

Son cœur balance, entre son envie de le protéger à tout prix, et son désir de savoir si cette attirance est réciproque. Surtout lorsque son regard se pose sur le calendrier, lui laissant apercevoir que la soirée caritative se déroulera d'ici une quinzaine de jours, marquant officiellement la fin de leur collaboration. 

« - Je dis pas que c'est une mauvaise chose... Seulement, je sais pas comment gérer ça. Je sais même pas si je dois lui parler de ce que je peux ressentir pour lui. Si ça se trouve c'est pas réciproque en plus. 

- Et tu compte le savoir comment, si tu lui poses pas la question ?

- Il a pas que ça à gérer. J'veux pas lui en rajouter. T'as pas idée de tout ce qui peut se passer dans sa vie Eijiro. »

Celui-ci soupire en fermant brièvement les yeux. Il joue instinctivement avec son mobile, qu'il tient entre ses doigts. Son expression trahit sa réflexion en cours. 

« - Tu sais Kat's... Izuku a beau dire ce qu'il veut, je suis certainement au courant de plus de choses qu'il ne pourrait le croire. C'est pas parce qu'il ne parle pas, que ça ne se voit pas. Lui et moi on se côtoie depuis assez longtemps pour que je lise entre les lignes. 

- Pourquoi t'as jamais rien fait alors ?

- Tu crois que c'est aussi simple que ça ? Pour quelqu'un qui dit le connaître, ça m'étonne que tu réfléchisse comme ça. T'as bien vu jusqu'où ça a été, quand tu lui as tendu une main non ? Imagine ce que ça a pu donner, quand j'ai amorcé ne serait-ce que quelques conversations. Il se renfermait sur lui-même, en prétendant aller bien. Tout ce que j'ai réussis à faire, c'est l'inciter à aller en clinique l'année passée. Il voulait pas être aidé. »

Katsuki ne peut nier ce qu'avance son meilleur ami. Forcément, avec les quelques mois qui viennent de s'écouler, prenant de cette manière connaissance avec le caractère complexe de Deku, il imagine sans peine ce que sous-entend Eijiro. 

« - Je sais pas tout ce qu'il a pu traverser, et je me doute que je connaîtrais jamais le fond de l'histoire Katsuki. Mais j'ai conscience de la détresse qu'il renvoyait, et j'ai fait de mon mieux pour le soutenir, en attendant qu'il comprenne qu'il devait être aidé. Et cette aide, c'est toi qui lui a apporté. 

- T'as certainement raison. J'aurais juste aimé qu'il en passe pas par tout ça. Qu'il aille bien.

- On voudrait tous que nos proches aillent bien. »

Le sculpteur acquiesce, tout en jetant un œil à son propre portable, qui vient de vibrer à l'annonce d'un SMS. Son visage se pare d'un petit sourire en coin, en constatant de qui vient ce simple message, constitué de seulement quelques mots. 

« - Alors, t'as toujours pas l'intention de lui dire ? 

- Je fais ça comment au juste ?

- J'suis tenté de te dire avec des mots. Mais je me doute que ce n'est pas ce que sous-entendait ta question.

- T'es vraiment pas drôle, tête d'ortie.

- Au contraire, j'estime être hilarant. »

Ils commandent tous les deux un autre verre, en constatant qu'ils ont encore un peu de temps devant eux pour continuer de parler. Eijiro se doute que Katsuki n'a pas fini de vider son sac, et se sent bien décidé à lui tirer quelques vers du nez. 

C'est bien assez rare comme ça que le garçon se soucie d'une personne à ce point, et encore plus au point qu'il déclare être « amoureux ». Pas que ce soit un mot interdit dans son langage. Seulement, cela semble ne pas faire partit de ses aptitudes, ou choses qu'il est en mesure de ressentir. 

Du moins, pas depuis l'idylle vécu avec Shoto Todoroki, quelques années en arrière, lors de ses débuts dans le milieu artistique. Kirishima se souvient de ne pas avoir vu d'un très bon œil cette relation qui voyait le jour. Ce n'était en aucun cas contre le garçon, que le cœur de son meilleur ami avait choisit. Mais il se doutait que cela n'annonçait rien de bon de frôler la très renommée famille des Todoroki, possédant l'un des plus grands empires économiques du sol japonais. 

Alors, lorsque Katsuki a frappé à sa porte un soir, les yeux emplit de larmes, en annonçant sa rupture fraîche avec son compagnon, Eijiro a comprit que cela venait de briser quelque chose chez son camarade de toujours. 

« - Tu t'en es rendu compte quand ? 

- De ?

- Que tu l'aime.

- Je sais pas trop... ça m'a topé à la tronche, il y a un peu plus de quinze jours je dirais. Depuis je rumine dans mon coin, sans trop savoir quoi faire.

- Encore une fois, tu risque pas grand-chose à te déclarer Kat's. »

L'expression du blond change pratiquement du tout au tout, tandis qu'il écoute ce qu'énonce son ami de lycée. Une forme de colère, mêlée à de la panique, commence à voir le jour sur ses traits, laissant penser à Eijiro qu'il n'a peut-être pas dit ce qu'il fallait. 

« - Je risque pas grand-chose ? Sérieusement ? 

- Ben...ouais ?

- T'es...écoute je sais que c'est pas facile pour lui. De se lier à des gens et tout. J'veux pas prendre le risque de foutre en l'air notre amitié pour quelque chose qui est certainement pas réciproque.

- J'comprends pas sur quoi tu te bases, pour dire que ce sont pas des sentiments partagés. Izuku je suis pratiquement certain qu'il est accro à son Katchan adoré. »

Katsuki fronce les sourcils à l'entente de ce surnom, tout en l'observant curieusement. 

« - Comment tu sais comment il m'appelle ? 

- On s'est vu lui et moi, y a peut-être quatre jours. On a mangé ensemble, et on a un peu discuté.

- Il t'as dit quoi ?

- Mmh ? Oh t'imagine quoi ? Qu'il s'est confié sur ses sentiments à ton égard, et que je vais tout te dire comme ça, juste parce que t'as fait la même chose ?

- Bah ouais.

- Ta franchise me cloue le bec Kat's »

Eijiro étouffe un petit rire, et consulte rapidement l'heure sur son téléphone avant de reporter son attention sur son camarade. Il soupire brièvement devant son air de chien battu, et lui répond, sincèrement compatissant. 

« - Désolé de te décevoir, mais il ne m'a pas parlé de ce genre de choses. Enfin, il m'a parlé de toi et de tout ce que tu as pu faire pour lui. Mais on a pas abordé la question des sentiments. Izu' a toujours été hyper pudique à ce sujet, alors j'ai sincèrement pas pensé lui demander.

- Tu me sers à rien.

- C'est toujours un plaisir d'être ton pote Katsuki Bakugo. »

Kirishima termine son verre, et le repose un peu trop bruyamment sur la table. S'excusant silencieusement avec un regard, il reporte ensuite son attention sur son comparse, qui gamberge encore sur la route à suivre. 

« - Bon...écoute. J'vais te donner un conseil basé sur ce que je vois moi. Je peux pas t'assurer qu'Izuku est amoureux de toi, et que tes sentiments sont réciproques. Mais je le redis : je suis pratiquement certain que tu ne risque rien à en parler. Tu compte énormément pour lui, et il n'a pas l'intention de te faire sortir de sa vie. Même si votre collaboration touche à son terme, t'as prit une place trop importante pour qu'il ne te lâche comme ça. Je sais qu'il est pas toujours très doué pour parler de ce qu'il ressent, ou montrer les choses. Mais j'suis certain que si tu fouilles dans ta mémoire, tu vas pouvoir apercevoir des bribes de ses ressentis à ton égard, dans les moments que vous partagez tous les deux. Et je parle pas de vos journées de travail. »

Katsuki se mordille frénétiquement la peau de l'un de ses doigts, tout en réfléchissant à ce que dit son meilleur ami. Il est vrai que quelques soupçons résident. Dans ces simples petits instants, où Izuku quémande après lui, après sa présence. Quand il se blottit tout contre lui, quand ils se retrouvent à dormir tous les deux. 

Il se rappelle d'ailleurs cette petite confession, quelques jours plus tôt, quand le jeune homme a clamé timidement connaître de meilleurs nuits de sommeil, lorsqu'ils partagent le lit. Et ses petits actes qui peuvent paraître anodins de l'extérieur, mais qui lui semblent tout à fait particulier de son points de vue. 

Comme la présence de sa boisson préférée dans le frigo, ainsi que ses snacks favoris dans ses placard, alors qu'il passe presque toutes ses soirées à son domicile. Ces longues conversations, et ces souvenirs que Deku lui cède avec tant de facilité. Et ces rougeurs, au beau milieu de ses tâches de rousseur, lorsqu'il se laisse aller à lui balancer une phrase emplit de charme. 

« - Je pense que vous êtes juste aveugles tous les deux, et qu'il est grand temps que vous vous rendiez compte de ce qui est sous votre nez. »

Sur cette phrase, Eijiro se lève après avoir lâché un billet. Tout sourire, il vient apposer une poigne affectueuse sur l'épaule de son ami. 

« - Tergiverse pas trop, et lances toi. Bon, moi j'y vais, Denki m'attend. Si on se revoit pas avant ça, j'te dis à dans quinze jours, à la soirée du musée. Bye frangin. 

- Bye frangin... »

Katsuki le regarde s'éloigner en souriant, tout en repassant dans son esprit ce qui vient d'être dit. Peut-être que Kirishima n'a pas tord après tout, que les choses peuvent réellement se passer de la bonne manière. 

Tiré de ses pensée par le vibreur de son téléphone, il sourit devant le message qu'affiche son écran. Il remballe ses propres affaires, adresse un petit signe de la main au barman, et se dirige presque en courant vers sa voiture. Il ne sait pas trop ce que tout ça va donner, mais il faudra bien qu'il se décide un jour. En attendant, Katsuki profite encore un peu de leur bulle, par peur que celle-ci n'explose un peu trop violemment à son goût. 

Au volant de son bolide, tandis qu'il prend la même direction que d'habitude, il repense à ces quelques mots, qui réchauffent un peu trop son thorax et le font sourire bêtement, lui confirmant bien ce qu'il pensait. Qu'il est tombé amoureux de ce peintre borné, qui partage son quotidien depuis six mois... 

« - Journée bien trop longue et épuisante... Tu voudrais pas venir à la maison s'il te plaît Katchan ? Tu me manque... »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top