Chapitre 5

Le soleil passe à travers les grandes baies vitrées, qui donnent sur l'atelier de peinture.

Les quelques rayons se chargent de l'aveugler, tandis qu'il avance comme un ectoplasme dans l'entièreté de la bâtisse. Dans sa barbe de trois jours, il grommelle quelques phrases sans réel sens, tandis qu'il constate des taches supplémentaires sur sa chemise, qui est bonne à mettre en machine depuis la veille. Ou l'avant-veille peut-être.

Izuku perd la notion du temps dans ces moments-là. C'est comme si les aiguilles des horloges ne tournaient plus dans le bon sens, que tout n'était que mirages et hallucinations.

La distinction entre la réalité et ses songes, ne devient plus qu'une mince ligne qu'il peut aisément traverser dans un sens ou dans l'autre, sans jamais pour autant deviner dans lequel de ces deux mondes il se situe. Sans doute le prix de ses angoisses, qui reprennent le dessus un peu trop à son goût et dont il tente autant que possible de se détacher.

Seulement, rien n'a plus de sens, tandis que son âme se débat difficilement dans ce bourbier dans lequel il s'enfonce progressivement. L'artiste se sent prisonnier, encore et toujours. La même spirale infernale, qui ne cesse de se refermer sur son corps pâle et détruit par l'existence.

Pourtant, Midoriya s'imaginait que les choses prenaient une tournure différente. En fait, il s'y est raccroché à cette pensée. Comme si elle seule était en mesure de le sauver, de l'arracher à cet univers morbide et si effrayant, qui constitue son quotidien.

Ces quatre dernières semaines, tout a prit une saveur plus douce et agréable. Il en a même sourit à quelques instants, se persuadant que la voie d'une guérison méritée se trouvait enfin là.

Parce qu'il en a désespérément besoin. Il a besoin de savoir que tout est devant lui, et qu'il n'a pas prit la mauvaise décision en confiant tout ses effroyables secrets à Katsuki. Qu'il a fait le bon choix en lui faisant confiance, et que ce n'est pas un de ces enfoirés qui viendront le lyncher sur la place publique dès qu'il aura le dos tourné.

Malgré ses craintes, il tente de percevoir la gentillesse dont est pourvu son collègue, qui s'applique à recevoir ses angoisses continuellement. À plusieurs reprises, ils se sont retrouvés dans sa maison, la même où il divague à la manière d'un mort-vivant, pour partager un bon repas et quelques souvenirs.

De cette manière, ils ont tout deux commencés à se découvrir sous un jour inédit, instaurant une relation qui leur paraissait au départ tout bonnement impossible. Relevant pratiquement de l'absurde finalement. Mais cela s'apparentait à une parenthèse plutôt agréable, qui laisse la porte ouverte sur un monde bien meilleur et surtout d'une nouveauté déconcertante.

À travers ces échanges, Izuku a découvert un Katsuki qui peut se montrer très sensible et préoccupé par le sort d'autrui, ainsi que d'autres aspects de sa personnalité. Ils ont longuement échangé en dehors de leurs heures de travail, discutant de leurs passions respectives, de ce qui les a mené jusqu'ici mais aussi de leurs toutes premières œuvres. Les carnages qu'ils ont pu effectuer, les quelques ratés qui ponctuent leur carrière ici et là. Et puis leurs rêves, ce qu'ils aspirent à faire au courant de leur existence.

Izuku ignore s'il peut considérer qu'ils sont devenus amis, et si cette entente se poursuivra une fois leur collaboration terminée. Et de toute manière, lorsqu'il fait le bilan de tout ceci ainsi que de ses projets futurs, il ignore ce qu'il adviendra de sa propre destinée, une fois leur but atteint et l'œuvre de la soirée de charité achevée.

Lorsque la question de l'avenir s'est présentée à lui, Izuku a eu énormément de mal à y répondre. C'était comme un coup de poignard dans le thorax, ou dans l'abdomen. Peut-être les deux en même temps.

Il s'est rendu compte du vide prédominant de sa misérable vie. Après tout, cette participation, marque l'apogée de sa carrière. Alors ensuite ? Que faire ? Qu'y a-t-il à envisager ? Cette banale conversation, à signé son retour au royaume des songes et des craintes. L'obligeant à plonger à corps perdu dans l'anxiété, qui le rattrape de plein fouet. Parce que rien n'est jamais réellement terminé, et que même lorsque l'on se bat pour sortir de cet océan infernal, il n'y a pas besoin de plus qu'un pas pour y replonger. Et ce, la tête la première.

Tout ça, couplé à cette manie presque maladive de Katsuki de le sur couver, ce fut le coup de trop. Izuku a presque envie de tout envoyer balader désormais, comme au départ. Il a la désagréable sensation d'avoir fait un prodigieux retour en arrière, et de s'être vautré de toute sa hauteur dans ses emmerdes.

Il sait à quel point il ne facilite pas les choses en se murant dans son silence, mais voir le blond l'entourer de cette manière, lui donne cette impression d'étouffer. Entre ses démons et ce sauveur, qui persiste à ne pas lui dévoiler les raisons qui l'ont incité à l'aider à ce point, le contrôle de sa vie a complètement disparu. Il n'est devenu qu'un pantin qui avance au rythme qu'impose l'un ou l'autre des partis, en oubliant allègrement de lui demander ce que lui en pense.

Il est juste ballotté tantôt à droite, tantôt à gauche, en ayant juste pour consigne de suivre la trajectoire en opposant aucune résistance. Il devrait sans doute s'estimer encore heureux de ne pas être pourvu d'un bâillon, qui lui ôterait par dessus le marché la faculté de parler.

Alors, Izuku a fait ce qu'il estime savoir faire de mieux : confier tout ceci à une bonne bouteille, le temps d'un week-end désastreux dont il peine à se remettre. Lorsqu'il s'est réveillé ce matin, ou du moins ce qu'il a supposé être le matin, le jeune homme a tapé un message à peu près potable à son collaborateur. Prétextant une intoxication alimentaire, ou quelque chose de ce registre ci, afin de rester traîner au lit aujourd'hui.

Et le garçon a ensuite terminé le responsable de sa beuverie de la veille, en quelques lampées, de la même manière que s'il s'agissait d'un simple café.

Désormais, il erre dans les pièces de son habitation, comme s'il en redécouvrait les moindres secrets. Il observe la totalité des tableaux et quelques effets personnels, qui sont accrochés sur les murs. Sur l'un d'eux se trouve quelques toiles produites lors de ses débuts, quand le jeune homme cherchait encore à affiner son style et sa patte. Des paysages attrayants, aux couleurs chatoyantes et emplit de ce petit quelque chose, qui donne à une œuvre toute sa profondeur.

Sa préférée, qu'il n'a jamais pu se résoudre à vendre, représentant un fond marin constituée de toute la faune et flore océanique possible et inimaginable. Peinte à cette période où Izuku estimait être encore capable de donner la vie à son imagination, à frôler ce qu'il cherchait à atteindre depuis toujours dans son art.

Il fini par détourner les yeux, jetant son regard ailleurs et se met à frissonner devant cette simple ébauche, posée sur une pile d'autre, dont la couleur lui rappelle la teinte des prunelles de Katsuki.

Tout en râlant à voix haute, tel un animal ou une créature des forêts, il se frappe le visage à deux mains. Tout son esprit tournoie trop, toutes ses pensées s'emmêle. Et si, d'ordinaire, l'artiste est heureux de ne pas en avoir le contrôle, cela lui apparaît dans l'instant comme une torture.

Tout en pleurant, Izuku se met à rire nerveusement. Il y aurait sans doute beaucoup moins de foutoir dans un grenier, ou dans une décharge que dans son pauvre crâne.

Est-il en train de juste mélanger diverses idées entre elle ? Ou l'alcool l'a-t-il désinhibé au point de lui mettre devant les yeux une fois de plus ses échecs, et ses frayeurs ? C'est un tourbillon atroce, qui l'emmène vers le fond contre son gré.

Il a précipité sa chute.

Encore.

« - Une intoxication alimentaire hein... »

Ce ton, il pourrait le reconnaître entre mille. Il connaît les nuances de cette voix, dans les moindres détails maintenant. À force de l'entendre tous les jours, à force de recevoir des appels de sa part lui quémandant de prendre soin de lui. À force de le voir dans son champ de vision continuellement.

Il étouffe, encore. Il n'en peut plus, encore. Il veut juste respirer, encore...

Se laissant glisser le long d'une des nombreuses poutres qui constitue sa maison, Izuku se laisse choir sur le sol. De la même manière qu'une carpette, qui se serait retrouvée là sans comprendre comment. Il voit flou, la faute à ces dernières gorgées, ingurgitées il y a moins d'une demi-heure auparavant. Tout lui monte à la tête, et il peine à rassembler les quelques morceaux brisés de son âme, qui gisent ici et là dans son esprit.

Il lui faut un temps monumental pour être capable de redresser le visage, et croiser celui de son comparse, dont les traits ne laissent que peu de doute quand à ce qu'il est en train de ressentir. Katsuki est devant lui, au beau milieu de son atelier. Encore vêtu de cette veste en cuir noir, toujours affublé d'un débardeur, mais dénué de son sourire narquois.

Ses mains sont serrées, et la peau de ses poings se tend, tandis que les traits de sa mâchoire dévoilent à quel point il est crispé, alors que cette lancée s'est arrêtée tout aussi net qu'elle avait débutée.

« - Tu m'as menti. »

Le garçon à la chevelure ondulante ne peut s'empêcher de laisser échapper un gloussement. Il ne contrôle pas ses réactions, ni même ce flot de mot qui se forme dans sa matière grise, menaçant de s'échapper d'entre ses lèvres d'un instant à l'autre.

Son amertume, et les conséquences de tous ses choix, de tout ce qu'il a subit durant sa vie entière, se transforme en une vague dévastatrice. Qui ravagera tout sur son passage, comme s'il s'agissait d'une coulée de lave, capable des pires horreurs.

« - T'es totalement ivre putain...

- J'suis par...parfaitement clean.

- Continue de mentir vas-y.

- Arh, ça va. C'é...était qu'une fois. J'faisais pire avant. »

Visiblement en colère, Katsuki s'approche jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de lui. Il s'accroupit à sa hauteur, et constate de près l'étendue des dégâts. Dans une démarche qui se veut sans doute aidante, et toujours bordé de beaucoup de bienveillance, il attrape Izuku par les bras afin de lui permettre de se relever.

Seulement, le garçon qui semblait se laisser faire au départ, reprend soudainement de la vigueur, et se débat. Pas assez fort pour faire mal à son collègue, mais juste assez pour qu'il soit dans l'obligation de le lâcher. Encore un peu bancal, il se rattrape comme il peut à la rambarde de l'escalier qu'il s'obstine à vouloir descendre seul. Cherchant sans doute à prouver qu'il est totalement capable de faire les choses par lui-même, et qu'il n'a pas besoin d'un chaperon ou d'une pseudo âme sauveuse, qui veille sur lui en permanence.

« - T'essaye de faire quoi au juste là ? Te blesser tout seul ?

- Putain kat...kats... Arrête !

- Même pas foutu de dire une simple phrase. Jt'emmène prendre une douche. »

Tandis que le blond approche sa main, Izuku prend une grande inspiration. Il dégage la trajectoire du bras de son associé d'un simple geste, en priant pour que son corps ne le laisse pas tomber maintenant. Même si sa diction ne semble pas être de son côté, ses idées, elles, sont bien là et ne demandent qu'à être formulées à voix haute.

« - J'suis pas un gosse... T'es pas...pour qui tu te prend ?

- Attends, tu crois que ça m'amuse Izuku ? Tu crois que ça m'éclate de te retrouver dans un état pareil ? Tu crois franchement que j'ai que ça a foutre de te ramasser, complètement bourré et de te border comme un môme ! J'essaye juste de t'aider bordel ! J'essaye juste de te tendre la main que t'as pas eu visiblement ! Alors il est où le problème ?! »

Apparemment excédé, le sculpteur se recule légèrement tout en faisant de grands gestes, témoignage de son agacement et du manque de coopération de l'ivrogne, qui continue de contrôler sa respiration sur l'assise du canapé.

Durant cinq longues minutes, un silence glacial règne dans l'habitation. Katsuki attendant patiemment que le jeune homme offre une réponse à ce qu'il vient de lui dire, et tentant certainement de se calmer un peu. Izuku cherchant désespérément à faire coopérer la totalité de son corps. Concentré sur ses réactions, alors qu'il n'en avait rien à faire encore un quart d'heure auparavant, il fini par relever la tête et toiser le blond d'un air mauvais.

Parce que rien n'est jamais simple entre eux deux...

« - Alors, t'as qu'à pas le faire...

- Quoi ?!

- Jt'ai pas demandé...Je t'ai rien demandé Katsuki. »

Izuku fronce les sourcils en continuant de le fixer. Peut-il seulement empêcher ses pensées acerbes de tourner en boucle, tel un vieux vinyle rayé, coincé dans un tourne-disque défectueux ? C'est là, au creux de sa poitrine, évoluant à la manière d'un poison qui chercherait à lui ôter la moindre parcelle de vie. Tout ce qui l'anime, et lui permet d'avancer juste un peu. Encore...

« - T'as lâché ton marché à deux balles. J'ai pas eu le choix. Jamais.

- T'aurais préféré que je te laisse dans ta merde ? Que je te laisse te vautrer tout seul comme un con ? »

Une colère sourde et dévastatrice s'empare de lui, alors que les paroles de Katsuki le percutent de plein fouet. Raisonnant telles des claques sur son visage, qui pourraient faire couler une ou deux gouttes de sang de son nez.

Tout se met à bourdonner en lui, et le mélange de rage qui se mêle à ses résidus pas si éloignés d'alcool, ne doivent pas donner quelque chose de très sain à supporter. Izuku se redresse, difficilement, sans parvenir à dissimuler cette expression, qui transparaît exagérément dans chacun de ses traits.

« - T'avais qu'à me dénoncer au comité. Ça t'apportait quoi de m'aider au juste ? »

Progressivement, comme si son esprit s'assurait d'être derrière lui, il recouvre peu à peu ses facultés. Le monde n'en fini pas de tourner autour de lui, cependant cette sensation désagréable qui le traverse de part en part, lui offre une euphorie qui lui permet d'affronter la situation. Il ignore si ceci va durer, alors tant qu'il est capable de se défendre et de cracher son flot d'amertume, le jeune homme ne compte pas s'en priver.

« - Et te faire retirer cette opportunité ?

- Tu l'aurais eu pour toi seul. Ça aurait été tout bénéf pour toi.

- Et toi ?

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Sérieusement ! J'ai fait que t'insulter depuis le début. Et t'as quand même tendu une main. »

Katsuki ne se déride pas. Sa mâchoire reste encore aussi crispée qu'à son arrivée sur les lieux, tandis qu'il est désormais appuyé contre le meuble bar de la cuisine. Son regard dans le vide, sa couleur rubis ne croise plus celle des émeraudes de son interlocuteur.

« - De nous deux, c'est qui l'abruti...

- Ah j'suis un abruti maintenant ? Dixit le gamin soûl qui tente désespérément d'être crédible, et d'avoir un peu de poids dans ce qu'il dit. »

Si au départ le ton de sa voix était fort et emplit d'une agressivité sincèrement visible, le blond répond à présent d'une manière détachée. D'une façon qu'Izuku ne peut percevoir autrement qu'une infantilisation de plus. Parce que personne ne le prend jamais au sérieux. Tout le monde a toujours quelque chose à redire de son comportement, et ce, peu importe les relations ou l'image qu'il essaye de renvoyer au monde.

Et ceci le met encore plus hors de lui, alors qu'il ne rêve que d'une tranquillité sans fin. Cette ébullition qui le consume intérieurement, combiné à une hargne sans limite se charge de le faire presque dessoûler pendant qu'une migraine prend peu à peu la place. S'installant bien confortablement, tandis qu'il se redresse furieusement, et franchit miraculeusement la distance qui le sépare de Katsuki, sans même faire un pas de travers.

« - Oh, apparemment t'énerver ça a le mérite de te faire décuver.

- Arrête de me prendre pour un môme, enfoiré !

- Pourtant c'est comme ça que tu te comportes.

- J'étouffe Katsuki ! C'est trop putain ! J'y arrive pas !

- Et tu pouvais pas juste me le dire ? »

Le blond se redresse, toisant Izuku de toute sa hauteur. Le dépassant aisément de quelques centimètres, il s'en sert pratiquement pour imposer une certaine forme d'autorité ou autre chose du même goût, qui continue de faire grimper la tension déjà existante entre eux.

« - Tu crois que j'pouvais pas comprendre ?!

- T'es déjà pas foutu d'me dire ce qui t'as poussé à me venir en aide. T'avais juste à me pousser dans le caniveau et t'aurais eu toute la gloire. C'est bien c'que tu aime pourtant non ? Avoir les spots sur toi et ta belle gueule...

- Oh alors on en revient toujours à la même chose n'est-ce pas ? Va te faire foutre. »

Le sculpteur le pousse d'un geste de l'épaule, obligeant le garçon à se rattraper au comptoir de la cuisine, afin de ne pas se vautrer lamentablement. Il avance de quelques pas, avant de se retourner, jetant une œillade neutre au propriétaire des lieux une dernière fois.

« - Tu m'vois toujours comme ce gros con qui n'a absolument rien d'humain à apporter. Pourtant j'croyais qu'on avait discuté et qu'on était devenu plus proches ces dernières semaines. J'croyais que t'avais compris que j'suis pas comme ces salopards qui t'ont toujours crachés à la gueule.

- Katsuki...

- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ? Merde Izuku ! T'as accepté à contre-coeur, et dès l'instant où t'as connu ta première difficulté t'es parti te terrer dans ton coin. Et après tu me dis que j'te traite comme un gosse ? T'as pas envie de te faire aider. T'as envie d'y rester dans ton trou, et ben démerdes-toi. »

Sans attendre une quelconque réponse, il tourne les talons et sort de la bâtisse aussi vite qu'il y était arrivé.

Totalement pantois, Izuku regarde la direction prise par son collègue, alors que ses joues se couvrent de larmes incontrôlables. Submergé, et prit d'une certaine forme de culpabilité dont il n'est pas sûr de comprendre les origines, il tente de souffler autant que possible.

Mais ses sanglots prennent de plus en plus de place, jusqu'à être audibles sans nul doute à l'autre bout de la maison. Sa poitrine se serre, lui donnant la désagréable sensation qu'une créature s'amuse à tenir son cœur déjà bien déchiré par la vie, entre ses griffes acérées et menace de l'écraser en le pressant dans un seul geste. Bien précis et qui suffirait à le détruire.

Sa trachée laisse difficilement passer l'air, et ses poumons ne parviennent plus à emmagasiner l'oxygène. Il étouffe littéralement, croulant sous le poids de cette période qui n'en fini plus de l'éprouver.

Son corps lui laisse à peine le temps de contourner le plan de travail, et de mettre la tête au dessus de l'évier pour lui permettre de vomir ailleurs que sur le sol de sa cuisine.

En plus de tout l'alcool qui restait encore dans son organisme, il rejette toute cette horde de négativité qui l'oppresse continuellement, sans jamais lui laisser de porte de sortie. Après avoir lâché sa culpabilité, son amertume et cette colère incontrôlable, Izuku se retourne laborieusement et se laisse tomber sur le sol.

Toujours en pleurs, et presque dans l'obscurité maintenant.

Au dehors, le soleil a laissé place à un orage intense, dont les nuages noirs recouvrent l'entièreté du ciel. L'intérieur de son domicile est aussi sombre que s'il faisait complètement nuit, et seuls quelques lumières, dont celle du micro-ondes, lui permettent encore de voir ce qui se situe autour de lui.

Affalé sur le carrelage qui est aussi froid que son cœur, il récupère progressivement ses facultés respiratoires malgré son anxiété. Ses pensées noircies, presque autant que l'atmosphère au dehors, Izuku soupire bruyamment, en constatant qu'il a réussit à pourrir la seule chose qui pouvait se passer à peu près correctement autour de lui.

Le peintre se donne la sensation de n'être qu'un bon à rien, comme autrefois. Que parvient-il à faire, à part détruire tout ce qui peut l'approcher de près ou de loin ?

Dans son crâne meurtri, au milieu des tambours qui cognent entre ses tempes, intensifiant sa migraine déjà trop forte pour être supportable, de multiples questions défilent sans qu'il ne trouve le moyen de les arrêter. Le visage de Katsuki s'impose petit à petit dans sa mémoire, lui remettant à l'esprit la lourdeur des mots qu'il a balancé à son égard, ainsi que la dureté de son ton.

Cette attitude dévoile aisément à Izuku toute la déception qui envahit celui qui commençait à devenir un ami. Sa fureur également, de le voir se comporter de façon aussi puérile.

Lui qui l'a accusé de le traiter de la même manière qu'un gamin, n'a finalement rien fait d'autre que donner raison à son collaborateur, en agissant dans ce sens-ci.

Totalement usé et à bout de force, le garçon à la chevelure ondulante ne prend même pas la peine de se relever. Se contentant de ressasser ce qui vient de se dérouler, en n'imaginant pas une seule seconde que les choses puissent être rattrapables.

Que va-t-il advenir maintenant ? Doit-il renoncer à sa participation à l'œuvre caritative ? Le comité a-t-il déjà été informé de ce qui vient d'arriver ?

Cependant, à travers tout ceci, Izuku se rend compte qu'il y a bien une chose qui ressort et qui l'effraie peut-être plus que tout le reste. Une sensation qui lui donne froid dans le dos, et ne fait qu'accentuer son flot de larmes.

Est-ce que Katsuki vient de lui tourner définitivement le dos ?

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