& -- ; Dernière épreuve

— Bonjour... Bonjour Camille. Je sais, je suis en retard... d'environ huit ans. Mais la ponctualité, ça n'a jamais été mon truc. Ne m'en veux pas, s'il te plaît, de n'être jamais venu ici. C'était au-dessus de mes forces, il m'a fallu du temps pour faire mon deuil. Est-ce que tu le sais ? Tu l'as vu ? J'espère que non, tu aurais sans doute cru que j'étais devenu fou. Enfin, je le suis peut-être puisque je parle à une pierre tombale.

Avec un soupir, Magnus regarde autour de lui. Il n'y a personne. Heureusement. Parce qu'il se sent un peu gêné de faire ça. Pourtant, les mots viennent tout seuls.

— C'est la première fois que je reviens à New Haven. Il a réussi à me convaincre. Ça a été difficile même si, maintenant, je ne sais plus vraiment de quoi j'avais peur. Revoir tous nos endroits préférés, repenser à tous ces souvenirs que j'avais refoulé, c'était agréable. Mais heureusement qu'il est avec moi, sinon je n'y serais pas arrivé. Tu te demandes de qui je parle ? Tu vas le voir, il va bientôt arriver. Il m'a déposé et est parti acheter des fleurs, mais je sais qu'il l'a fait pour que j'aie un peu de temps seul avec toi.

Il essuie une larme qui perle à sa paupière et s'assoit sur l'herbe. Il fait beau et chaud. C'est une belle après-midi pour venir voir une vieille amie. Ses yeux se reposent sur le portrait de Camille.

— Je suis sûr que tu sais déjà qui c'est. Il n'y a qu'une personne qui aurait pu me faire revenir ici, de toute façon. Tu avais raison, tu sais ? Tu te souviens de ce que tu m'as dit, quand je t'ai dit que j'étais amoureux de lui ?

◊◊◊◊◊

La soirée battait son plein et Magnus était assis sur la banquette du club, les doigts serrés nerveusement autour de son verre. Camille s'approcha et se laissa tomber lourdement à côté de lui pour le faire sortir de ses pensées. Il tourna la tête vers elle, s'arrachant au spectacle de son amant qui était en train de discuter, un peu plus loin, avec Aaron.

La jeune femme plissa les yeux en croisant son regard, il lui cachait quelque chose. En effet, s'il lui avait dit qu'il était parti à Chicago avec Alec la semaine précédente, il n'avait pas encore osé lui dire ce qui s'était passé entre eux. Tout ce à quoi elle avait eu droit, c'est la description, par le menu, du caractère horrible de son paternel. Enfin, de l'homme qui avait eu la bonté d'âme de lui octroyer la moitié de son code génétique. Sûrement la meilleure moitié compte tenu de la différence manifeste qui existait entre eux.

Bref, méchant papa, elle savait. Gentil Alec qui l'avait réconforté et comblé pendant deux jours, elle l'ignorait toujours. Pour la défense du jeune homme, il ne savait pas bien où il en était. Ces derniers jours, il avait réussi à trouver quelques moments pour flirter avec Alec et même se donner mutuellement un peu de plaisir. Mais à chaque fois qu'il le voyait, il sentait son coeur battre à un rythme effréné et quand ils se touchaient... c'était tout simplement magique. Il avait bien eu des béguin, dans le passé, mais là, il savait bien que c'était plus que ça. Il avait compris, après leur première nuit ensemble, que ce qu'il ressentait pour Alec, c'était de l'amour. Ce n'était pas passager, ni superficiel, Alec était son ami et il était tombé amoureux de lui parce qu'il était merveilleux, gentil, drôle, intelligent. Voilà ce qui le rendait dingue en premier lieu. Et il n'osait pas en parler, il avait peur qu'on essaie de lui faire entendre raison.

Mais Camille n'était pas n'importe qui et elle voyait le regard que son meilleur ami lançait à Alec depuis quelque temps. Alors, elle entreprit de lui faire dire ce qui se passait. Et après une demi-heure à tirer toutes les ficelles possibles et imaginables :

— Oui, je crois que... Non, je le sais. Cam, je suis amoureux de lui.

— Oh Magnus... C'est super !

— Quoi ? Non ! J'ai peur de lui dire, je suis sûr qu'il ne ressent pas la même chose que moi.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Vous êtes faits l'un pour l'autre, j'en suis certaine !

◊◊◊◊◊

En se mordant la lèvre, il fait tourner l'alliance à son doigt.

— Oui, tu avais raison, on est faits l'un pour l'autre. Ça n'a pas été facile, mais... Mais on a fini par se trouver et... Et à faire de cette relation tellement compliquée, quelque chose de beau.

— Je suis ému, bébé !

L'indonésien sursaute et se tourne vers son époux, les joues rougies par la gêne. Mais le sentiment passe rapidement quand Alec se penche pour l'embrasser. Le brun s'assoit près de lui, déposant un magnifique bouquet de marguerites sur la tombe de la jeune femme. Ses fleurs préférées.

Ils passent deux ou, peut-être, trois heures ici. À évoquer leurs souvenirs de Camille, à évoquer les souvenirs de leurs premières années. Alec caresse doucement les cheveux de Magnus, qui a posé sa tête sur son épaule.

— Tu sais, murmure le plus jeune. J'ai toujours pensé que ce qui nous lie toi et moi, peu importe comment on l'a défini toutes ces années, c'est la chose la plus précieuse que j'ai jamais eue.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top