& 32 ; Les dernières heures

Le silence s'abat sur la pièce après les mots de Magnus. Il s'est redressé pour se forcer à respirer normalement et, avec un peu de chance, faire partir la crise d'angoisse avant de ne plus pouvoir prononcer un mot. Il s'y est préparé, en tout cas il a essayé. Mais là, devant Alec qui s'est figé, les mots lui manquent et il a peur.

— D'accord, je t'écoute, souffle Alec.

Le brun essaie de faire un pas vers Magnus qui tend un bras entre eux pour l'empêcher d'approcher. Il n'a qu'une envie, c'est de se réfugier dans ses bras et d'oublier la décision qu'il a prise. Mais il ne doit pas, il sait que c'est le mieux même si ça lui déchire le cœur.

— Alexander, je pars... Je quitte New York.

Il lui a déjà été difficile d'annoncer son départ à Izzy. Mais le dire à Alec est beaucoup plus dur. Il baisse les yeux pour cacher les larmes qui roulent sur son visage et pour ne pas voir le visage désemparé d'Alec.

— Tu quittes New York ? Demande le brun après quelques instants. Je ne comprends pas. Pourquoi ? Pour combien de temps ?

— Je ne sais pas pour combien de temps. Mais je ne peux pas rester ici.

— Pourquoi pas ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Je...

Alec s'interrompt d'un soupir et va s'asseoir sur le lit. Perdu, il tend sa main vers Magnus dans une demande silencieuse de s'approcher. Son amant finit par saisir sa main et vient se placer devant lui. La main libre d'Alec se pose sur sa taille et il serre doucement son chandail entre ses doigts, comme pour le retenir. Non, pas comme. Pour le retenir, le garder près de lui. Magnus essuie son visage de sa main libre.

— Il faut que je parte, je suis désolé.

— Attends, attends... Quand est-ce que tu pars ? Je pourrais...

— Demain, coupe l'indonésien. Je pars demain. Et je dois partir seul, Alec.

— Non.

C'est un grognement qui passe les lèvres du plus jeune, même s'il n'est pas certain de ce à quoi il réagit. Le départ imminent de son amant ou cette façon de l'appeler et la distance qu'elle suggère ? Les larmes commencent à lui monter aux yeux, il secoue la tête.

— Demain ? Non... Non, tu ne peux pas.

Il sent les sanglots qui commencent à comprimer sa gorge. Et il sent les doigts de Magnus qui passent dans ses cheveux pour l'apaiser. D'un geste brusque, il repousse sa main et lève les yeux pour le vriller d'un regard noir bordé de larmes.

— Je ne veux pas que tu partes !

— S'il te plaît, Alec...

— Non, arrête... Arrête de m'appeler comme ça, je sais ce que tu essaies de faire !

Magnus se mord la lèvre et ferme les yeux pour contenir ses larmes. Il voulait que leurs adieux soient doux, mais mettre Alec en colère est le moyen le plus efficace pour qu'il le laisse partir facilement, sans essayer de le retenir, sans qu'il en souffre trop. Du moins, c'est ce qu'il espérait. Et il n'avait pas tort, en un sens, à ceci près qu'Alec n'est plus le même. Cela aurait pu fonctionner, quelques semaines auparavant.

Sa colère est là, oui, mais cette fois le brun ne la laisse pas dominer le reste. Et le monstre ne se manifeste pas. Il entoure la taille de l'indonésien de ses bras possessifs et appuie son front contre son ventre.

— Mags, bébé... T'as pas le droit de partir...

— Il le faut.

— Pourquoi ? Explique-moi... Je ne comprends pas.

— Je... Je ne vais pas bien, Alexander, et... Et j'y arrive pas... Rester ici, j'y arrive pas !

Ses larmes lui échappent à nouveau. Mettre des mots sur ce qu'il ressent alors que ça signifie partir loin lui brise le cœur. Il enfouit son visage dans ses mains pour essayer de se reprendre. Alec relève les yeux. Voir son amant comme ça est intolérable, mais il ne peut quand même pas le laisser faire !

— Et comment est-ce que partir va tout arranger ? Hein ? Qu'est-ce que ça changera que tu sois seul dans une ville que tu ne connais pas ?

— Est-ce que... tu te souviens de Catarina ?

Alec hausse les sourcils. Ce prénom ne lui est pas inconnu mais à son souvenir, il n'a jamais rencontré de femme portant ce nom. Il lui faut quelques instants pour se rappeler :

— La fille qui était en famille d'accueil avec toi ?

L'asiatique hoche la tête en essuyant son visage. Garder ses larmes sous contrôle relève presque de l'impossible mais Alec doit comprendre sa décision.

— Après ma tentative de suicide, elle... Elle m'a beaucoup aidé. Et c'est sa présence qui m'a décidé à aller voir mon père, je ne voulais pas l'importuner davantage.

— Comment tu l'as retrouvée ? Je croyais que tu avais coupé les ponts avec eux.

— C'était le cas. Mais une des infirmières la connaissait, elles ont fait leurs études ensemble. Cat lui avait parlé de moi, apparemment, et... Elle s'est souvenu de mon nom. Après quelques jours, elle lui a demandé de venir me voir parce que je... Je n'avais pas la volonté de sortir du centre. Mais elle ne sait pas. Elle ne sait pas pourquoi j'ai voulu me suicider, elle ne sait pas que je me suis prostitué. Alors quand j'ai été viré à Boston, j'ai à nouveau coupé tout contact pour qu'elle ne l'apprenne pas.

Le lien qu'il a réussi à créer avec Catarina après toutes ces années d'absence est important pour lui et il a préféré disparaître plutôt que de la décevoir. Plutôt qu'elle le rejette comme tous les autres l'avaient fait.

Alec soupire et laisse ses mains retomber sur ses jambes. C'est étrange d'apprendre toujours de nouvelles choses sur cet homme dont il pensait enfin connaître tous les secrets. Enfin, quelque part il comprend parce que, justement, il le connaît. Mais s'ils ne se parlent plus...

— Pourquoi tu me parles d'elle ?

— Je l'ai contactée, il y a deux jours. Je vais aller vivre avec elle et son mari.

Un nouveau silence s'installe entre les deux amants. Alec essaie de comprendre ce qui se passe, ce qui va se passer. Et tout ce qui lui vient, tout ce qui est clair, c'est qu'il va perdre Magnus. Il ferme les yeux une seconde.

— Où est-ce qu'ils vivent ? Je pourrais venir te voir, on pourrait continuer de...

— Je ne peux pas te dire où je pars. Parce que je ne veux pas que tu me suives, que tu me rejoignes ou quelqu'autre idée qui te passerait par la tête.

— Donc tu vas simplement disparaître de ma vie ? Comme ça !?

Magnus sursaute mais Alec ne relève pas la légère crainte qu'il fait naître dans son regard. La colère revient, il a dû mal à croire ce que Magnus ose lui dire. Et puis une pensée lui vient en tête, une pensée qui lui serre violemment le cœur.

— Est-ce que tu... Est-ce que c'est pour me punir d'être parti, il y a six ans ?

— Quoi !? S'écrie l'indonésien, surpris par une telle question. Non ! Je te jure que non !

Il prend le visage d'Alec entre ses mains pour le regarder dans les yeux, plonger dans ses yeux noisette bordés de larmes. Le cœur de Magnus lui fait mal de faire pleurer l'homme qu'il aime.

— Je te jure que non, répète-t-il, la voix tremblante. Je ne t'en veux pas. Je t'en ai voulu d'être parti, c'est vrai... Mais j'ai surpassé ça et j'ai accepté.

Il n'avait pas eu d'autre choix, même si ça lui a pris plusieurs années. Avec un soupir et les mains tremblantes, il commence à défaire le bandage à son poignet.

— Non, c'est... autre chose. Alexander, je... Je ne peux pas continuer comme ça.

Le brun prend doucement son poignet, sans comprendre, avant de voir les nouvelles marques. Il se crispe et relève lentement les yeux vers ceux larmoyants de l'indonésien. Il ne pensait pas qu'il avait recommencé depuis qu'il l'avait surpris. Il pensait que c'était seulement lié à l'anniversaire de la mort de Camille et que c'était passé. Qu'il l'avait aidé.

— J'ai besoin... Il faut que quelqu'un m'aide, continue l'asiatique. Mais rester ici est au-dessus de mes forces, j'ai toujours peur. J'ai peur à chaque fois que je sors... Je ne veux pas vivre comme ça. Et je ne veux pas que tu vives avec ça !

— Tu essaies de me dire que tu fais ça pour moi !?

— Non ! Je le fais pour moi ! Je sais que c'est pour moi ! Te le dire au dernier moment, c'était pour moi ! Partir loin sans te dire où, c'est pour moi ! Parce que je veux que tu ailles de l'avant sans moi... Parce que je ne veux pas que tu m'en veuilles, dans quelques années, d'être une loque incapable de sortir seul et... Et tout le temps accroché à toi... C'est ça qui me fait le plus peur, Alexander... Que tu finisses par me détester réellement...

Alec approche doucement le poignet à sa bouche pour y déposer un baiser puis il monte une main au visage de Magnus pour caresser sa joue.

— Si je comprends bien, je peux rien faire ? Je ne peux pas t'aider ?

— Non... Mais ce n'est pas ton rôle.

— Dis-moi... dis-moi que tu vas revenir. Dis-moi que ce n'est que temporaire !

— Je ne prévois pas de revenir. Tu ne dois pas m'attendre. Vis ta vie.

— Non. Pas sans toi.

Magnus se mord la lèvre et appuie un peu plus sa joue sur la main de son amant. Il voudrait lui donner ce qu'il veut, une bribe d'espoir, mais ça lui ferait plus de mal que de bien. Ça leur en ferait à tous les deux.

— Écoute, je ferai tout... Tout pour t'aider, bébé. Je suis là pour toi, tu le sais.

— Oui, je le sais. Mais ça ne suffit pas.

Non, ça ne suffit pas. C'est horrible à dire et encore plus à ressentir, mais c'est la vérité. Parce que le problème, c'est quand Alec n'est pas là. Dès qu'il n'est plus près de lui, toutes ses pensées intrusives le submergent à nouveau. Pouvoir retourner dans ses bras, c'est pouvoir recommencer à se voiler la face. Et ça ne peut plus durer.

— Reste, s'il te plaît. Je t'aime, Mags. Je ne pourrai pas... je ne pourrai pas vivre sans toi.

Le cœur de Magnus rate un battement et il relève les yeux vers ceux d'Alec.

— Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu as dit ?

Un léger sourire se glisse sur les lèvres du plus jeune qui voit là, peut-être, une raison de le faire rester.

— Je t'aime, répète-t-il tendrement. Je suis amoureux de toi, Magnus. Depuis... Bordel, je ne sais même pas depuis quand. J'ai été tellement idiot que j'ai réussi à me mentir à moi-même. Mais le soir où je suis parti, je voulais te l'avouer.

La tête de Magnus se vide complètement, il n'y a plus que les mots d'Alec qui comptent. Les mots qu'il a espéré entendre pendant si longtemps. Alec l'aime. Alec est amoureux de lui. Il peine à le croire.

— Je t'aime aussi, Alexander. Je t'aime tellement...

Les bras du brun se referment à nouveau sur la taille de l'indonésien et, doucement, il fait glisser ses mains jusqu'à l'arrière de ses cuisses pour l'attirer sur ses genoux. Leurs lèvres se rejoignent pour un baiser tendre et leurs corps se collent l'un à l'autre. C'est la première fois depuis longtemps qu'Alec admet l'amour qu'il ressent pour Magnus. Il se l'est caché, longtemps et si les mots n'étaient pas sortis d'eux-mêmes, il n'aurait sans doute pas réussi à les dire. Mais il est heureux de l'avoir fait, heureux que Magnus le sache, lui aussi. Et à présent, il sait que cet amour est réciproque.

Leur baiser devient plus suave, les bras de Magnus passent autour du cou d'Alec et il laisse ses doigts se perdre dans ses mèches noires. Il met fin au baiser pour plonger dans ses yeux noisette, luttant pour ne pas laisser les pensées intrusives le distraire de ce merveilleux moment. Ni les pensées intrusives, ni la peur causée par ses souvenirs ou encore la vue de la marque sur son épaule qui les ont empêchés d'être intimes depuis son agression.

Alec se mord la lèvre et glisse ses mains sous le t-shirt de son amant, le désir monte rapidement en lui. À cause du moment, à cause de son aveu et simplement parce qu'il a toujours envie de lui. Il laisse le bout de ses doigts découvrir une fois encore la peau caramel, il suit la courbe de ses muscles fins, puis redescend ses mains sur ses fesses pour le presser contre lui.

— Tu veux ? Susurre-t-il en enfouissant son visage dans le cou de l'indonésien.

Magnus hoche la tête, simplement, et laisse son amant dévorer sa gorge. Des frissons se mettent à courir sur sa peau et il passe ses mains dans le dos du brun, appuyant ses caresses à travers le tissu de son pull. Mais Alec s'écarte légèrement et alors qu'il retire son pull et son t-shirt, l'indonésien fait de même puis ils se pressent à nouveau l'un contre l'autre. La bouche du brun vient se poser sur l'épaule nue de Magnus, à l'endroit où l'aîné Hawthorn l'avait mordue. Magnus a gardé un pansement longtemps, jusqu'à il y a quelques jours plus précisément, n'osant pas savoir s'il garderait une cicatrice, encore une pour marquer sa peau d'un mauvais souvenir. Mais il n'y a rien, pas la moindre trace, et Alec embrasse tendrement la peau guérie.

Les doigts vernis de Magnus, après avoir caressé presque chastement le dos musclé de son amant, se faufilent le long de sa ceinture pour la défaire et s'immiscer dans son pantalon. Alec échappe un soupir contre sa peau avant de lui laisser un peu d'espace. Sa verge déjà excitée reçoit de douces caresses qui le font rapidement gémir et ses lèvres se pincent sur l'épaule de Magnus qu'il se met à suçoter. Après quelques secondes, il s'arrête et va capturer la bouche de l'indonésien. Leurs lèvres se mettent à bouger ensemble, fiévreusement, et leurs langues se rejoignent, étouffant les gémissements du brun.

Quand, à bout de souffle, il rompt le baiser, il repousse la main de Magnus et ils reprennent vivement leur effeuillage pour se retrouver nus l'un contre l'autre, leurs bouches ancrées l'une à l'autre, ne se nourrissant que du souffle et des gémissements de l'autre. L'une des mains de l'indonésien se pose finalement sur le torse d'Alec pour le pousser contre le matelas puis il tend le bras vers la table de chevet pour prendre le lubrifiant. Il en verse un peu sur ses doigts avant qu'Alec ne fasse de même. Le brun attrape ensuite les cuisses de son amant pour le faire avancer jusqu'à son ventre et il l'attire contre son torse, prenant ses lèvres encore une fois.

Sentir les lèvres d'Alec aussi avides des siennes est simplement galvanisant et Magnus sent son corps bouillir comme jamais. Alors que les doigts de son amant glissent le long de sa colonne vertébrale, il échappe un gémissement suppliant. Plus vite. Les lèvres d'Alec dessinent un sourire contre sa bouche et il tend le bras pour agripper doucement ses fesses.

— Alexander, s'il te plaît...

— Patience, bébé.

Magnus glisse sa main couverte de gel entre eux pour reprendre ses caresses sur le sexe tendu de son amant et lui mord doucement la lèvre inférieure. Les doigts du brun se resserrent sur ses fesses et ils gémissent de concert. La main libre de l'asiatique remonte dans les cheveux d'Alec et il se redresse légèrement pour plonger dans son regard.

— Je t'aime.

Les mots ont besoin de sortir, il les a retenus si longtemps. Son pouce caresse la joue d'Alec qui sourit plus qu'il ne l'a jamais fait. Il soulève la tête pour déposer un baiser sur sa bouche, une seconde.

— Je t'aime aussi.

Sans se lâcher du regard, ils continuent leurs caresses et Alec glisse l'un de ses doigts dans l'intimité de son amant, entamant un mouvement de va-et-vient. Magnus se cambre, un peu malgré lui, et échappe un gémissement de plaisir. Continuer à le regarder ainsi est presque obscène, il a l'impression de lui crier son désir comme s'il n'avait aucun filtre, aucune retenue, mais il n'arrive pas plus à détourner les yeux de ceux d'Alec qui reflètent la même envie.

Un second doigt rejoint le premier, puis un troisième et l'aîné se redresse un peu plus, laissant le plaisir l'envahir avant de repousser la main caressante. Cette fois, il se redresse complètement et place la verge de son amant contre son intimité. Il n'attend pas pour se laisser lentement descendre sur le membre turgescent jusqu'à l'avoir entièrement en lui. Il ne sent pas la douleur, il y a déjà bien trop de sensations qui bouleversent son corps pour l'instant, la douleur n'y a pas sa place.

Maintenant fermement son appui sur ses jambes, ses mains posées sur le torse d'Alec, il fait rouler son bassin pour sentir les mouvements à l'intérieur de son corps. Les gémissements ne tardent pas à monter à ses lèvres. Complètement envoûté par la vision qui s'offre à lui, Alec se hisse sur un coude et laisse sa main libre effleurer la peau caramel, les dents enfoncées dans sa lèvre inférieure pour retenir ses gémissements, pour ne rien rater de ceux de Magnus. Il sent son cœur battre violemment contre ses côtes, mais la sensation lui paraît tellement nouvelle et irréelle. Jamais il n'aurait cru que cela pouvait exister, que leurs étreintes pouvaient être encore plus merveilleuses. Et pourtant, savoir qu'il est en train de faire l'amour avec l'homme qu'il aime depuis des années et voir le même amour dans ses yeux, c'est parfait. Plus incroyable que tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Ses gémissements finissent par retentir à leur tour quand, perdu dans sa contemplation, il n'anticipe pas les coups de reins plus rapides de Magnus. Il s'assoit, ses bras passant dans le dos de son amant qui enlace alors son cou, ses mains s'enfouissant à nouveau dans ses cheveux. Étroitement enlacés, ils continuent à encaisser le plaisir des mouvements de l'indonésien, jusqu'à ce qu'Alec décide de reprendre le dessus. Il se laisse tomber en arrière, entraînant Magnus avec lui avant de rouler sur le côté pour se retrouver couché sur lui, les jambes de Magnus enroulées autour de sa taille. Leurs yeux se captent et ils se sourient, aussi amusés que décontenancés par ce besoin de ne surtout pas se lâcher.

Alec pénètre à nouveau l'indonésien, brutalement, pour atteindre le point qui le fera crier. Il connaît son corps par cœur et ne tarde pas à arriver à ses fins. Les cris de Magnus emplissent rapidement la pièce et l'excitent encore plus alors même qu'il n'imaginait pas que ça puisse être possible. Il sent le plaisir le ravager, alors qu'il s'enfonce dans les chairs brûlantes de son amant, encore et encore. Il ferme les yeux, essayant de se contenir encore un peu. Il n'a pas envie que ça s'arrête et pourtant l'orgasme qui le guette lui vide déjà la tête. Les cuisses de Magnus se resserrent contre ses hanches et il sent son corps entier se tendre, il lâche prise à son tour, grognant le prénom de son amant tout contre son oreille.

Le silence revient doucement, à mesure que leurs respirations se calment, et leurs lèvres se retrouvent encore une fois. Leurs corps se détachent un peu, au moins pour permettre à Alec de se retirer, mais il reste allongé sur l'indonésien. Les baisers s'enchaînent, langoureux, amoureux.

— On devrait se coucher, finit par souffler Alec, après de longs et délicieux instants à dévorer la bouche de son amant.

Magnus hoche la tête et ils se glissent sous la couette. Les bras du plus jeune se referment à nouveau sur son amant. Il se sent apaisé et rassuré. Persuadé que son aveu a fait changer d'avis son amant. Il s'attend à ce que les prochaines semaines, peut-être les prochains mois, soient compliqués, mais tant pis. Tant pis, pour Magnus, il endurerait tout.

— Je t'aime, bébé, lui murmure-t-il tendrement.

— Je t'aime aussi, Alexander.

Ils se sondent longuement et échangent un dernier baiser avant que le brun ne s'endorme. Magnus soupire longuement et la réalité le rattrape. Si brutalement que les larmes lui montent aux yeux sans prévenir. Il a été faible, il n'aurait jamais dû accepter de coucher avec lui, cette fois. Pourtant il ne regrette pas. Il ne regrette pas d'avoir permis à Alec de savoir ce qu'il ressent réellement pour lui.

Les bras qui l'emprisonnent finissent par se relâcher et il se glisse lentement hors du lit. Les larmes dévalant ses joues, il se rhabille et quitte la chambre. Son cœur lui fait mal, terriblement mal. Et il se déteste de partir comme ça, alors qu'il sait parfaitement qu'Alec pense qu'il a décidé de rester. Mais il ne peut pas avoir à nouveau cette conversation, parce qu'il ne peut pas changer d'avis, il ne le doit pas. Sur la table, il laisse les clés de l'appartement qu'Alec lui avait laissé et il récupère le double des siennes. Ainsi, il comprendra. Il est lâche, il le sait. Mais il n'y a pas d'autre solution.

Il prend le métro pour rentrer chez lui. Toutes ses affaires sont empaquetées, les déménageurs doivent venir dans la matinée pour les emmener chez sa sœur, en Louisiane. Et lui, il doit prendre l'avion à la première heure. Craignant qu'Alec puisse se réveiller dans la nuit et venir ici, il prend ses valises et décide de partir. Il appelle un taxi et retire la puce de son téléphone pour y mettre la nouvelle, achetée plus tôt dans la journée et liée à un nouveau numéro que Catarina et Ragnor sont les seuls à connaître. La voiture ne tarde pas trop à arriver et il part pour l'aéroport. Il a la nausée, les larmes aux yeux, le regard vide. Si bien que le chauffeur lui demande à plusieurs reprises si tout va bien. Non. Non, ça ne va pas. Rien ne va. Sa vie est une catastrophe et il est obligé d'abandonner la seule chose qui le rendait heureux. Mais c'est mieux pour lui. Pour eux.

Arrivé à l'aéroport, il décide d'appeler Catarina. Il est près de deux heures du matin, une heure chez elle, mais c'est l'heure à laquelle elle est censée finir sa garde.

— Mags ? Pourquoi tu es encore debout si tard ? Tu devrais dormir pour ne pas rater ton avion demain matin.

— Je suis déjà à l'aéroport, aucun risque. J'avais besoin d'un peu de compagnie, si ça te gêne pas.

— Non. Bien sûr que non.

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