& 24 ; Noël en famille
Regarder Magnus discuter avec ses parents a quelque chose d'étrange. Il y a six ans encore, il aurait fait une syncope rien qu'à l'idée que ça puisse arriver, tellement il était enfermé dans son placard. Pas que Robert ou Maryse ait un jour fait la moindre remarque homophobe mais avant de trouver le courage de faire son coming out, il n'avait jamais imaginé qu'ils puissent accepter aussi facilement. D'où lui venaient de telles insécurités ? Sûrement de ses camarades de l'équipe de foot du lycée qui avaient tendance à se moquer et à martyriser les mecs qui étaient ne serait-ce qu'un peu efféminés. Devant eux, jamais Alec n'aurait pu admettre être attiré par les hommes. À la longue, il avait fini par avoir peur d'être rejeté par tous, même par sa propre famille. Et ça l'avait conduit à faire des choses idiotes, comme ignorer complètement son meilleur ami ouvertement gay – bien qu'à l'époque il était encore persuadé qu'il était bisexuel – de peur qu'on lui colle la même image. C'était puéril. Cruel. Et tellement con. Il devrait sans doute rajouter ça à la liste des choses dont il doit s'excuser auprès de Magnus. Une longue liste lui semble-t-il.
Parce que malgré tout, c'est grâce à l'indonésien qu'il en est arrivé à s'assumer même avant de faire son coming out à sa famille. Et, aujourd'hui, il est là à discuter avec sa mère sans jamais évoquer quoi que ce soit de leur passé houleux. Pourtant Maryse est curieuse, mais il faut croire que Magnus a déjà eu un bon entraînement en étant confronté à Izzy et Clary tous les jours.
Revenant de la cuisine avec Jace, Alec dépose le plateau dont il était chargé sur la table basse entre les deux canapés qui se font face. Il voudrait s'asseoir discrètement à côté de son amant, mais son père l'interpelle et lui attrape la main pour le faire s'asseoir près de lui et se joindre à la conversation qu'il a déjà avec Simon. Il essaie de se concentrer. De plus, ça fait déjà quelques semaines qu'il n'a pas vu ses parents puisqu'ils étaient partis en croisière. Il faut qu'il arrive à s'intéresser aux histoires de son père sur leur périple, au risque de passer pour un fils indigne. D'autant qu'il sait son père inquiet depuis qu'il n'a plus son emploi au gymnase de Hodge. Il lui a été impossible d'expliquer ce qui s'est passé pour qu'il parte, il a simplement dit qu'il avait découvert une nouvelle facette de son patron qu'il n'appréciait pas. Ce n'est pas le genre d'argument validé par Robert ceci dit, donc il faut qu'il fasse un effort.
Cependant, Robert n'est pas aveugle. N'obtenant que des réponses monosyllabiques de son aîné depuis plusieurs minutes déjà, il l'observe et le surprend à jeter un regard vers le nouveau venu de leur groupe qui a visiblement fait tomber Maryse sous son charme. Comme ne pas l'être, surtout depuis qu'Izzy leur a raconté comment il l'a emmenée à l'hôpital en catastrophe, malgré ses difficultés à prendre le volant. Et il semble être un ami de longue date d'Alec, bien qu'il n'ait jamais entendu parler de lui avant. Le père de famille ne peut s'empêcher de se demander pourquoi.
Alors que les convives ont chacun pris un verre et trinqué, Simon se lève pour aller surveiller la cuisson du repas et, cette fois, Alec est tourné vers l'indonésien qui répond à une énième question de Maryse sur sa vie à New Haven. Robert se racle légèrement la gorge.
— Alec, c'est étrange que tu ne nous aies jamais parlé de Magnus, ou même de tes autres amis de fac !
— Ça n'a rien d'étrange, répond Alec, un peu gêné. Je ne vous parlais pas non plus de mes amis du lycée.
— Oui mais tes amis de lycée, on les connaissait. D'ailleurs, on les connaît toujours, continue le quinquagénaire en désignant Clary, et Simon qui revient dans la cuisine au même instant.
Même si ça fait bizarre à Alec de les considérer comme ses « amis », alors que depuis plus de dix ans ils font carrément partie de sa famille, leur groupe date effectivement de cette époque. D'abord de sa rencontre avec Lydia quand lui est arrivé au lycée, un an avant Jace, Clary et Simon, puis Maia et Jordan qui se sont greffés l'année où Izzy les y a rejoint, deux ans plus tard.
— Alec était très concentré sur ses études, intervient Magnus. On ne se voyait pas souvent.
— Oh, je vois.
Le brun doit retenir un soupir de soulagement en voyant que ses parents trouvent l'excuse plausible. Il remercie son ami du regard, mais il voit bien que renier leur amitié n'est pas plus agréable pour son amant que pour lui.
— Et vous n'avez pas gardé contact quand tu es rentré à la maison ? Demande Robert.
— Non, répond Alec, ne voulant pas entièrement mentir. T-tu sais, ce n'est pas évident quand il y a autant de distance.
— C'est vrai. Ça a dû être une sacrée surprise de vous retrouver dans ces circonstances !
Le brun voit bien que ça démange sa sœur d'avouer que ça aurait pu prendre plus de temps si elle n'avait pas invité Magnus à leur soirée. Mais même si elle adorerait certainement mettre son frère mal à l'aise devant leurs parents, elle ne voudrait pas que Magnus le soit.
— D'ailleurs, Magnus, est-ce que tu sais pourquoi Alec est rentré si brusquement ? Demande Maryse.
— Maman, je t'ai dit que je ne voulais plus continuer. Que la fac... C'était trop de pression.
— Et j'ai toujours été certaine que ce n'est pas la vraie raison. Tu avais des notes excellentes... Mais tu étais dans un tel état quand tu es arrivé que je n'ai pas osé te pousser à repartir... Tu sais, toi ?
Elle se tourne vers Magnus en répétant sa question. Il regarde Alec une seconde avant de détourner les yeux, l'ambiance s'alourdit légèrement mais le couple n'a pas l'air de s'en rendre compte.
— Non, je n'en sais rien, finit par répondre Magnus. Je n'ai appris son départ que quelque temps plus tard, quand nos amis communs m'ont averti.
Mais même s'il l'avait su tout de suite ça n'aurait rien changé, après leur dispute, Alec s'est empressé de bloquer son numéro et celui de Camille. Ceci dit, Alec avait reçu des appels venant d'un numéro inconnu dès le lendemain, mais il n'avait pas répondu, de crainte que ce soit Magnus qui l'ait appelé d'un autre téléphone. Il avait effacé les messages laissés sans les écouter, ne voulant pas entendre sa voix. Mais s'il ne l'avait su que plus tard, qui l'avait appelé ? Peu importe.
— Alec est buté, reprend Izzy. Il avait décidé que ça ne lui convenait plus. On n'aurait rien pu faire pour l'inciter à reprendre ses études, de toute façon.
— Comment ça, je suis buté ? Fait-il mine de s'insurger.
Les autres se mettent à rire et Izzy, Jace et Clary s'attèlent à prouver qu'Izzy a raison, jusqu'à ce que Maryse mette fin à la fausse chamaillerie en défendant son fils aîné.
Magnus observe la scène, amusé. Il n'a vraiment pas l'habitude de ce genre d'ambiance, les gentilles moqueries en famille, les parents qui se joignent aux facéties des enfants, mêmes grands. Il sait bien que c'est en partie de sa faute, il n'a pas vraiment fait d'effort pour s'intégrer à sa famille d'accueil. Il s'est contenté de ne pas faire de bêtise pour ne pas être envoyé ailleurs et être forcé de quitter Camille. Mais il faut avouer qu'ils ont aussi rapidement arrêté d'essayer de leur côté aussi. Presque tous.
La conversation finit par dévier à nouveau, pour le plus grand soulagement d'Alec et de Magnus. Et, finalement, il est temps de passer à table. Izzy emmène ses invités dans la salle à manger pendant que Clary et Simon repartent encore une fois dans la cuisine. La grande table est couverte d'une nappe blanche décorée de flocons de neige argentés. La vaisselle est verte et argent, posée sur des serviettes noires. Alec peut enfin prendre place à côté de son amant. Izzy s'installe à droite de Magnus, sa mère en face d'elle. Robert s'assoit en bout de table, Jace à sa gauche et Alec à sa droite, tandis que, revenant avec les entrées, Clary se retrouve entre son amoureux et sa belle-mère, et Simon à l'autre bout, à côté de sa tendre épouse.
Les entrées passent de main en main pendant que chacun se sert, la pièce inondée de l'odeur divine de la cuisine de Simon et Clary et des conversations simples et agréables. Connaissant sa mère, Izzy a préféré prendre la place à côté de Magnus pour qu'il soit plus à l'aise. Malheureusement ainsi, il lui est impossible de surveiller les œillades qu'Alec et lui se lancent. Elle n'en démord pas malgré qu'ils s'en défendent tellement, ou peut-être parce qu'ils s'en défendent si farouchement. Il y a plus entre eux qu'une amitié ponctuée de parties de jambes en l'air et ils font exprès de l'ignorer, ce qui a tendance à agacer prodigieusement la jeune femme. Bon, peut-être que ses hormones ne l'aident pas à avoir un jugement correct, raisonné et raisonnable, mais tant pis. Donc, c'est à Jace qu'incombe cette tâche si importante. Inutile de préciser qu'il a râlé quand elle lui en a parlé, mais après qu'il l'a fait pleurer, il lui devait bien ça.
Sentant le regard de son frère sur lui, Alec finit par froncer les sourcils. Mais alors qu'il réfléchit à lui demander ce qui se passe sans être trop brutal en buvant une gorgée de son verre, Robert les surprend tous :
— Alors, Magnus... Tu es gay, toi aussi ?
Alec s'étouffe dans son verre, tout comme Maryse. Izzy se retient de rire et c'est Jace qui réagit le plus vite, alors que l'intéressé regarde Robert en se demandant s'il a bien entendu.
— Papa, je t'en prie !
— Quoi ? N'y vois aucun jugement ! Lance le quinquagénaire en regardant Magnus. C'est une question totalement innocente !
— Il ne me semble pas que tu aies posé cette question à Clary, ou même à Simon !
— Oui mais parce que ça me semblait évident qu'ils sont hétéro, puisque Clary est avec toi et Simon marié avec ma petite fille chérie. Mais tu as raison, ils pourraient être bisexuels, ou pan, ou peu importe... C'est l'amour qui compte de toute façon.
Alec soupire silencieusement en passant une main sur son visage. C'est pas possible que son père ait dit un truc pareil. Il est tellement gêné et ne croit pas une seconde que la question soit innocente ! Qu'est-ce que sa sœur a dit à leur parents ? Il se tourne vers Magnus qui secoue la tête avec un léger sourire sur les lèvres.
— Cette conversation me paraît tellement invraisemblable, souffle-t-il avant de lâcher un petit rire. Aborder ce genre sujet à table, en famille.
En entendant les paroles de Robert, Magnus n'a pas pu s'empêcher de penser à celles de son propre père. Et dans le discours de cet homme froid, il n'y avait aucune compréhension et certainement aucun amour. Sentant la main d'Alec se poser sur sa cuisse, il la serre dans la sienne une seconde. Geste qui n'échappe pas à Jace, dont le regard n'échappe pas à Alec qui retire rapidement sa main.
— Tu n'as pas fait ton coming out auprès de ta famille d'accueil ? Demande Simon en s'attirant le regard de l'indonésien.
— Non, je... On ne parlait pas de ce genre de choses. Je pense qu'ils l'ont su, à force, parce que je ne l'ai pas caché. Et ça me paraissait tellement évident que je n'ai pas ressenti le besoin de le leur dire.
Il hausse les épaules sur ses derniers mots. Sa voix est calme et posée, cachant à la perfection les pincements de son cœur. Mais ce n'est pas tant ses parents d'accueil qui lui manquent, que le fait d'avoir une famille qui se soucie de lui. Alec, pourtant, ne se laisse pas tromper et leurs regards se croisent, avant qu'il ne se tourne vers son père.
— Contrairement à moi qui me suis voilé la face pendant des années, il a assumé son homosexualité assez jeune. Je crois qu'il est le premier à qui j'ai clairement dit que je suis gay et à partir de ce moment-là, il m'a soutenu sans réserve. Enfin jusqu'à ce que je parte. Et j'ai clairement pas été à la hauteur de tout ce qu'il m'a apporté.
Alors que son ami se tourne à nouveau vers lui, Magnus hausse les sourcils, il ne s'attendait pas à ce que cette conversation prenne cette tournure. Ou qu'Alec s'excuse, ce n'est pas vraiment son genre de reconnaître ses erreurs ou ses faiblesses.
— Qu'est-ce que tu racontes ? C'est pas un concours, on est amis, c'est... C'est comme ça que ça marche.
Non, ça n'en est peut-être pas un, mais si ça l'était, Alec serait tellement à la ramasse que c'en est effrayant. Tout ce qu'a vécu Magnus parce qu'il n'avait personne pour l'aider... C'est effrayant.
— Désolé de t'avoir fait mentir, Mags. Mentir encore, reprend le brun avant de baisser les yeux en soupirant. C'est pas vrai qu'on ne se voyait pas souvent. À cette époque-là, j'étais tellement effrayé que vous l'appreniez que j'ai séparé ces deux aspects de ma vie pour qu'ils ne se mélangent surtout pas. Mais sans Magnus, je serais encore dans le placard, c'est certain.
Un sanglot ponctue sa phrase. Magnus regarde à sa droite pour voir Izzy en train de pleurer comme une madeleine. Simon se lève de sa chaise pour venir la prendre dans ses bras, en se retenant de rire, alors que Jace et Alec éclatent bruyamment de rire.
— Du calme, chérie, dit doucement le futur papa. Pourquoi tu pleures ?
— J'en sais rien !
Les rires redoublent et Robert tapote affectueusement la main de son fils. Les mots sont inutiles, tout comme Maryse, il a compris que Magnus est important pour lui. Les larmes d'Izzy permettent de ne pas laisser chacun donner son avis sur ce que vient de dire Alec, ce qui va parfaitement au brun qui n'aime toujours pas être au centre de l'attention. Mais tous y vont de leur petit encouragement pour aider la future maman à se calmer.
L'indonésien regarde son amant, le cœur battant. Il n'avait aucune idée qu'Alec pouvait penser ça de lui. Il sent que ses joues sont légèrement rouges, mais il ne s'en inquiète pas, de toute façon il a même du mal à ne pas sourire. Quand leurs yeux se rencontrent une nouvelle fois, il sent une nuée de papillons prendre son envol dans son ventre, dans son cœur, et détourne rapidement les yeux. Eh merde.
Après quelques minutes, Izzy se calme et se lève pour aller aider Simon à ramener le plat principal, Clary les accompagne. Alec soupire, il sait déjà que les deux femmes vont jacasser sur leur compte. Il n'aurait peut-être pas dû dire ça, pas devant tout le monde. Et en même temps, quand il est seul avec Magnus, il n'a pas la tête à discuter de ces sujets. Ou discuter tout court. C'est déjà un miracle qu'ils ne passent pas tout leur temps libre au lit.
En entendant un gloussement venant de la cuisine, il lève les yeux au ciel avant d'échanger un regard avec Magnus. Le sourire sur ses lèvres est tellement fascinant et d'une sincérité tellement rare, surtout. L'envie qui le taraudait dans la voiture se rappelle à lui et il termine son entrée en essayant de penser à autre chose.
Les deux commères et Simon reviennent avec la dinde, un plat de patates douces et d'autres légumes et le repas peut continuer. Les discussions vont bon train ainsi que les compliments sur le repas merveilleux. Mais Alec est devenu presque silencieux, ne répondant à nouveau que par des monosyllabes. Inquiet, Magnus le regarde par moment, lui sourit, esquisse une caresse discrète sur son bras ou sur sa jambe. Alec voudrait lui dire qu'il ne l'aide pas. Pas du tout. Ses pensées fusent dans sa tête, il essaie de ne pas le regarder pour se calmer, mais dès que Magnus se retrouve dans son champ de vision il ne peut s'empêcher de fixer ses lèvres, ses longs doigts fins ou bien ses yeux magnifiques.
Finalement, il n'y tient plus. Alors que Magnus attrape la carafe d'eau pour se servir, Alec tend le bras pour faire semblant d'attraper la cuillère dans le plat devant lui et bouscule son coude. Ne s'y attendant pas, il faut une seconde à l'indonésien pour réagir, mais sa chemise est déjà trempée. Il repose vivement la carafe avant de se reculer de la table.
— Excuse-moi, Mags ! Lance Alec, réalisant à peine ce qu'il vient de faire.
Mais il décide de saisir sa chance et se lève en même temps que son amant qui le regarde, amusé par sa soudaine maladresse. C'est inattendu, c'est plutôt Magnus le maladroit des deux.
— Ce n'est rien, c'est que de l'eau.
— Va essuyer ça dans la salle de bain à l'étage, lui dit Izzy en souriant.
— Je te remercie. Je reviens.
— Attends, je vais t'aider. C'est de ma faute, après tout.
Alors que Maryse et Robert échangent un regard surpris, Izzy doit faire de gros efforts pour ne pas dire à son frère qu'il n'est vraiment pas subtil. Magnus rit et regarde Alec qui passe un bras derrière son dos pour l'accompagner.
— C'est rien, je t'assure...
— T'as qu'à utiliser le sèche-linge, lance la brune alors qu'ils sortent de la salle à manger.
— Merci, sœurette !
Les deux hommes prennent les escaliers et à peine la porte de la salle de bain se referme-t-elle derrière eux que Magnus se retrouve plaqué contre elle, la bouche d'Alec dévorant la sienne. Bien que surpris, il répond au baiser avec plaisir tout en empêchant son amant de se coller à lui pour ne pas le tremper aussi. Alec profite de la distance pour s'attaquer aux boutons de la chemise de son amant. Ça y est, Magnus comprend. Il détourne la tête en se mettant à rire.
— Tu l'as fait exprès.
— Pas vraiment, répond Alec en plongeant dans ses yeux. J'y ai pensé et ma main a bougé toute seule. J'ai tellement envie de toi.
Sans attendre de réponse, et continuant d'ouvrir la chemise mouillée, Alec enfouit son visage contre le cou de Magnus pour embrasser sa peau. Un gémissement échappe à l'indonésien. Les papillons n'ont pas quitté son ventre, tout son être réclame Alec. Son corps, bien sûr, mais également son cœur qui s'est laissé attendrir par ses paroles. S'il continue à montrer cette facette moins intransigeante, Magnus ne pourra bientôt plus se forcer à ignorer ses sentiments. Traître.
Quand sa chemise est ouverte, Magnus se dégage des bras du brun, haletant. Sa chemise est vraiment trempée, cet idiot n'a pas fait semblant. Et s'il n'utilise pas le sèche-linge comme l'a suggéré Izzy, le vêtement mettra des heures à sécher complètement. Il la balance à l'intérieur de l'appareil et se penche légèrement pour refermer la porte. Aussitôt, il sent Alec contre lui. Pressant son érection contre ses fesses.
— Seigneur... Trois fois aujourd'hui, ça ne t'a pas suffi ?
Si seulement sa voix n'était pas devenue si rauque, il aurait pu faire croire qu'il n'était pas dans le même état qu'Alec. Le brun l'attrape par le cou et le redresse pour plaquer son dos contre son torse.
— Avec toi, jamais, gronde-t-il à l'oreille de l'asiatique.
Magnus se mord la lèvre pour ne pas réagir trop bruyamment à son souffle brûlant et à ses mots. Il baisse les yeux sur le sèche-linge et prend sa décision. Il le met en route puis se tourne vers Alec.
— T'as 10 minutes.
Alec se jette pratiquement sur lui, écrasant leurs sourires. Avec des gestes précipités, ils s'attaquent chacun au pantalon de l'autre. Le brun glisse ses mains à l'intérieur du boxer de Magnus, empoignant tendrement ses jolies fesses rondes alors que l'indonésien retire ses chaussures pour pouvoir se déshabiller entièrement. Il est le seul à se retrouver nu, assis sur le comptoir entre les deux vasques alors qu'Alec prend place entre ses cuisses. Le brun laisse ses yeux glisser sur le corps sublime de son amant, et quand il arrive à son visage, il croise son incroyable regard chocolat qui le fixe avec adoration. Il rougit et Magnus pose ses mains sur ses joues.
— Tu es tellement beau, Alexander.
Le plus jeune sourit et prend la bouche de l'asiatique avec un peu plus de douceur, ignorant volontairement que son cœur a accéléré ses pulsations. Leurs bouches se caressent tendrement, mais à nouveau leurs mains s'explorent avec dévotion. Celles d'Alec agrippent les cuisses de Magnus pour l'attirer au bord du comptoir puis il baisse son pantalon et son boxer sur ses cuisses pour enfin libérer son sexe douloureux. Ses doigts écartent un peu les fesses de Magnus, laissant l'un de ses pouces caresser son intimité. Le sursaut de son amant le fait sourire et il arrête son manège, il glisse son gland à la place de son pouce et le pénètre avec hâte.
Le gémissement qu'il parvient à arracher à Magnus le fait trembler mais il plaque une main sur sa merveilleuse bouche. Pour cette fois, il devra se passer d'entendre ses sons si exaltants. Il pose sa main libre sur le comptoir, à côté de Magnus. Les jambes de l'indonésien sont posées sur les bras puissants du brun, une main posée derrière lui, également sur le comptoir, et l'autre enroulée autour de la cravate blanche. Ils restent quelques secondes sans bouger davantage, à se regarder, déjà pantelants. Non la position n'est pas des plus confortables mais ils ne pensent plus à rien d'autre que l'union de leurs corps.
Enfin, Alec se retire pour s'enfoncer à nouveau à l'intérieur du corps brûlant de Magnus. L'asiatique bascule sa tête en arrière et ses yeux se ferment. Il tire un peu plus sur la cravate d'Alec, pour l'attirer contre son cou. Le brun s'exécute et se remet à dévorer sa gorge tout en bougeant à l'intérieur de ses entrailles. La sensation est merveilleuse, comme s'il avait attendu ça pendant des semaines. Mais bordel, Magnus a raison. Ils l'ont déjà fait trois fois aujourd'hui. Certes, il a toujours eu une libido assez forte mais pas au point de devenir complètement insatiable !
Il écrase ses lèvres puis sa langue sur la peau mordorée, s'empêchant de justesse de le mordre ou de lui faire un suçon. Et alors que ses soupirs s'étouffent dans ses baisers, il sent les gémissements de son amant monter dans sa gorge et son souffle saccadé brûler sa main. Il accélère ses mouvements de bassin, le plaisir monte tellement vite. Sous lui, le corps de Magnus se tend, ses cris étouffés rendent fous Alec qui n'imaginait pas que ça puisse être encore plus excitant de le contraindre de la sorte. Et il continue de le prendre fougueusement. Quand il se rend compte qu'il ne va plus pouvoir se retenir longtemps, il cesse enfin ses baisers et se redresse, forçant Magnus à relâcher un peu sa prise sur son cou. Il capte enfin les yeux ardents de l'asiatique.
— Caresse-toi, lui ordonne-t-il avec un grognement presque animal.
Hébété et suffocant presque, Magnus lâche la cravate et laisse ses doigts s'enrouler autour de sa verge. Ses caresses sont vives, suivant le rythme du sexe de son amant à l'intérieur de son corps et c'est en sentant Alec jouir en lui, en voyant son visage en extase, qu'il atteint lui-même l'orgasme, maculant ses doigts. Son dernier cri s'étouffe contre les doigts du brun qui envahissent joyeusement sa bouche.
Le bruit du sèche-linge qui tourne encore les ramène quelque peu sur terre et Alec enlève ses doigts pour aller chercher ceux de Magnus. Sans quitter son amant des yeux, il se met à lécher ses doigts. Quand il libère le dernier, et que Magnus croit être au bord de l'évanouissement, Alec le tire un peu plus pour qu'il soit allongé sur le comptoir.
— Alexander, qu'est-ce que tu fais ?
Sans répondre, Alec se met à genoux, montant les jambes de Magnus sur ses épaules et lèche sa propre semence sur son corps.
— Putain, tu vas me tuer...
Encore bouleversé par son orgasme, et cherchant son souffle, Magnus sent la langue d'Alec qui caresse d'abord ses fesses avant de glisser sur son intimité. Il se mord l'intérieur de la bouche pour ne pas se remettre à gémir. Quand il a fini de le nettoyer, Alec se relève et passe les jambes de son amant satisfait autour de sa taille puis il se penche sur lui pour déposer un baiser sur son front.
— Ça aurait paru suspect si on avait laissé un linge souillé dans la panière, tu ne crois pas ?
Il affiche un sourire fier et Magnus ne peut s'empêcher de rire en acquiesçant. Alec l'aide à se rasseoir et l'entoure de ses bras avant de l'embrasser. Après quelques instants, il le laisse redescendre pour se rhabiller et il fait de même.
Quelques instants plus tard, il sent des bras enlacer sa taille alors que l'indonésien se colle contre son dos. Il sent son souffle sur sa nuque.
— Tu sais, ça m'a touché ce que tu as dit tout à l'heure, à table.
— Ah oui ?
— Mais... je ne pense pas que tu me dois quoi que ce soit. Je t'assure.
— Je sais, bébé.
L'étreinte se resserre une seconde avant de se relâcher. Le sèche-linge vient de se finir. Magnus récupère sa chemise et la remet. Elle est un peu froissée, mais ce n'est pas très grave. Avant de sortir pour rejoindre les autres, ils échangent un dernier baiser.
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