& 15 ; De surprise en surprise
C'est avec un sourcil relevé que Clary regarde Magnus arriver au café. Dans les bras, deux boîtes en carton blanc. C'est le troisième matin d'affilée. Certes, depuis qu'il a commencé à travailler au Bookworm, il lui est déjà arrivé d'apporter des gâteaux plusieurs fois en une semaine. En réalité, il fait en sorte d'en apporter deux jours par semaine. Mais deux boîtes, trois jours de suite ? C'est une première. Pas qu'elle s'en plaigne, et Izzy ne s'en plaindrait pas non plus si elle était là. Bon, peut-être qu'elle se plaindra pour n'avoir pas pu en profiter. Ceci dit Clary s'inquiète un peu. Magnus aime beaucoup cuisiner, mais il leur a dit que c'est un exutoire. Et ça, la rouquine ne l'a pas oublié.
— Tu nous gâtes ! Lance-t-elle pour l'accueillir.
— Oh, ça... ce n'est rien.
Il dépose les boîtes sur le comptoir et Clary s'empresse de les déballer alors qu'il va dans l'arrière-boutique pour poser ses affaires et mettre son tablier. La jeune femme pousse une exclamation admirative en découvrant des dizaines de biscuits de Noël, parfaitement accordés à la décoration du café.
— C'est la première fois que j'ai pas envie d'y goûter !
— Pourquoi ? Ils n'ont pas l'air bon ?
Venant de l'arrière, la voix de Magnus paraît inquiète. Il se dépêche de revenir pour regarder ses œuvres, de peur qu'elles n'aient pas supporté le voyage. Mais non, elles sont intactes. Clary se met à rire et lui donne une tape sur l'épaule.
— Mais non idiot ! Ils sont magnifiques ! En fait, ils sont trop beaux pour être mangés ! Tu as vraiment fait ça toi-même ?
Elle lève un regard faussement suspicieux à son employé qui rougit devant l'envie évidente de Clary de faire ses louanges, puisqu'Izzy n'est pas là pour le faire elle-même. Il termine d'attacher son tablier dans son dos en se détournant. Puis il s'approche de l'évier pour se laver les mains alors que Clary sort les plateaux qu'ils utilisent habituellement pour déposer les gâteaux de Magnus.
— Tu dessines bien, continue-t-elle en regardant plus attentivement un biscuit.
— Seulement avec du glaçage. Mais c'est pas comme si j'avais espéré faire une carrière artistique.
— Heureusement pour nous, le monde serait moins savoureux sans tes gâteaux !
Avec un rire, Magnus se rapproche et dépose un baiser bruyant sur la tempe de son amie.
— Merci, Biscuit.
Elle soupire silencieusement en le regardant s'éloigner, un léger sourire aux lèvres. Mais ça ne lui suffit pas, Clary n'est pas rassurée par un sourire pâlichon. À bien y penser, c'est vrai qu'il a l'air préoccupé depuis qu'il a emmené Izzy à l'hôpital. Le lendemain de l'incident, elle s'était dit qu'il s'inquiétait pour elle, c'était son cas à elle aussi, mais Simon est venu les rassurer, Izzy a seulement besoin de repos. Et Magnus a toujours la tête ailleurs.
— Qu'est-ce qui ne va pas, Mags ?
Décidément, ils ont presque tous adopté le surnom qu'Alec lui donne. C'était un peu étrange au début, et puis il s'est habitué. Il s'est même habitué à la brusquerie de Clary. Alors il hausse doucement les épaules, pas surpris de la question, ne sachant pas trop quoi répondre. Il n'a pas très envie de parler de sa relation avec Hodge, ni de la crise de jalousie qu'il lui a fait, ou de leur silence mutuel depuis la dispute sur le parking de l'hôpital.
Clary n'insiste pas. Pas pour le moment, car les clients vont bientôt commencer à arriver. Comme à son habitude, elle met quelques gâteaux de côté pour les manger plus tard. Ce sont les premiers biscuits qu'il amène, impossible qu'elle passe à côté de ça !
La matinée passe. C'est samedi et le rush est un peu plus long, plus de clients s'attablent, plus tôt, profitant d'une boisson chaude avec un bon livre. Il ne manquerait qu'une cheminée pour que l'endroit soit parfait pour l'hiver. Vers 12h, la salle s'est vidée et Magnus peut se rendre au restaurant habituel pour récupérer leur repas. Leur routine est rassurante dans un sens, bien que sans Izzy, ce ne soit pas la même chose. Mais autant s'y faire puisque dans quelques semaines, ils se retrouveront à deux pour quelques mois.
Quand il revient, le café n'est plus vide. Il a la surprise de trouver Clary en train de préparer le café d'Alec, qui est assis sur l'unique tabouret. Les deux se tournent vers lui, alertés par la cloche que Magnus supporte de moins en moins et il va poser les poches sur une table.
— Salut, souffle-t-il doucement à l'intention d'Alec.
Ils ne se sont pas vus depuis l'incident, et ils ne se sont pas non plus envoyé de message. Magnus n'a pas osé. Il s'est dit qu'Alec oserait peut-être. Mais non. Et puis, écrire à Alec alors que c'est à cause de sa relation avec lui qu'il s'est disputé avec Hodge ne lui semble pas être la meilleure chose à faire s'il veut sauver son couple. Or, pour le moment, il est toujours en délibération avec lui-même à ce propos.
— Hey, répond Alec sur le même ton hésitant.
À l'abri de leurs regards qui ne se lâchent pas, Clary lève les yeux au ciel en réprimant un lourd soupir. Comment ne peuvent-ils pas voir ? Malheureusement, ce n'est pas trop son truc de jouer les entremetteuses et si Izzy ne s'y risque pas, elle ne va pas le faire non plus. Elle donne son café à Alec et y ajoute un joli petit biscuit sapin de Noël. Mais avant qu'il puisse dire quoi que ce soit, la cloche retentit de nouveau et trois jeunes femmes entrent. Izzy, Lydia et Maia.
— Qu'est-ce que vous faîtes là ? S'étonne Clary en s'approchant pour saluer ses amies. Izzy, tu devrais te reposer.
— Ah, ne t'y mets pas toi aussi ! Je ne suis pas en sucre, ça suffit... Magnus, au secours !
— Moi ? Pourquoi moi ?
Il regarde sa patronne, les yeux écarquillés. Il faut avouer qu'il serait plutôt de l'avis de Clary, même s'il comprend qu'Izzy n'ait pas très envie de rester claustrée chez elle.
— Tu es mon sauveur !
Souriante, elle s'approche de Magnus pour l'enlacer, posant sa tête contre son torse. Il lui rend son étreinte, rassuré qu'elle aille visiblement bien. Cependant il n'aime pas vraiment être qualifié de sauveur. Le câlin dure quelques instants puis, quand Izzy s'écarte, Lydia et Maia viennent embrasser Magnus à leur tour. Le voyant rougir brusquement, les quatre femmes se mettent à rire. Alec, en revanche, sent le monstre qui se réveille.
◊◊◊◊◊
Cette année, Alec n'était pas rentré à New York. Il avait encore des examens de fin de semestre à préparer, des devoirs à rendre. Bref, rien qui lui permettait de rentrer l'esprit tranquille. Son frère et sa sœur avaient prévu de venir le voir quelques jours, au moins il ne passerait pas ses vacances loin de sa famille. C'était le premier réveillon qu'il ne faisait pas chez lui, mais il n'était pas seul. Camille l'avait invité à le passer chez elle. Ayant décidé de ne pas le faire non plus avec sa famille, elle avait organisé un réveillon avec des amis. Dont Magnus. Mais c'était inutile de le préciser, ils formaient un duo inséparable.
L'appartement de Camille était grand, pour un appartement d'étudiante, et incroyablement décoré. C'était magnifique. Mais Alec était mal à l'aise. Même s'il connaissait la plupart des convives, il n'était pas assez sociable pour se mêler aux autres. Alors il était assis sur un canapé, un verre à la main, à observer la fête. Il ne s'ennuyait pas pour autant, parce que son regard croisait souvent celui de Magnus qui se débattait avec les demandes de Camille et les conversations incessantes et inintéressantes des gens qui l'alpaguaient. C'était le premier Noël qu'ils passaient ensemble et Alec essayait de ne pas y accorder trop d'importance. Mais quand Magnus se dirigea enfin vers lui, il sentit son cœur s'envoler. Enfin, il allait pouvoir passer un peu de temps avec lui.
Sur le chemin, alors qu'il croisait Camille, Emily les arrêta et attira l'attention d'une bonne partie des invités en s'exclamant :
— Eh ! Vous êtes sous le gui !
Les deux amis levèrent les yeux pour apercevoir une branche de gui. D'un regard ils se demandèrent qui avait bien pu mettre ça ici.
— Allez ! Un bisou ! Lança une autre voix féminine.
En échappant son rire cristallin qui horripilait tant Alec, Camille se mit sur la pointe des pieds pour atteindre le visage de Magnus qui passa un bras dans son dos pour la retenir. Elle déposa un baiser carmin sur la joue du jeune homme qui sourit et déposa un baiser sur son front. Les convives furent partagées entre les exclamations attendries devant leur pudeur et quelques huées joueuses. Alec resta silencieux. Il avala d'une traite le reste de son verre alors que le monstre se tordait dans ses entrailles, le lacérant violemment. La tendresse entre Camille et Magnus était insupportable. Il se retint de justesse de hurler sur son amant quand celui-ci vint enfin s'asseoir à côté de lui, mais sa main fut un peu brutale quand il essuya le rouge à lèvre de Camille sur sa peau caramel, pour retirer la marque de sa rivale.
◊◊◊◊◊
En riant, Maia efface la marque de gloss collante qu'elle a fait sur la joue de l'indonésien alors qu'il commence à avoir envie de partir en courant.
— Pourquoi tant de proximité ? Demande-t-il d'une voix peu assurée.
— Pardon, on voulait juste te remercier, explique la jeune femme en s'écartant.
Lydia fait de même après avoir serré doucement la main de Magnus dans la sienne, puis elles vont s'asseoir. Alors que Clary s'occupe de sortir leurs plats, il se laisse tomber sur la banquette en évitant le regard d'Alec. Parmi toutes les expressions qu'il a pu voir sur le visage de son ancien amant, il n'y en a qu'une qu'il n'a jamais oubliée. Ce visage fermé, ses lèvres charnues pincées, ses sourcils froncés et la jalousie enflammant ses yeux. Mais pourquoi maintenant ? Il n'a même pas le droit d'être enlacé par ses amies ? Il peut bien critiquer Hodge...
— Je n'ai rien fait de plus que n'importe qui dans cette situation, continue-t-il.
— Oui mais n'importe qui n'a pas à surmonter un traumatisme en montant dans une voiture, remarque Maia avec tendresse.
— Eh oui, un vrai héros.
Le sarcasme dans la voix d'Alec est si tranchant que Lydia lui lance un regard noir. Aussitôt, il regrette, mais comme toujours, il ne trouve pas le courage de s'excuser. Il se redresse, attrapant son café et il sort, en saluant vaguement ses amis. Laissant le biscuit sur le comptoir.
Magnus se retient de le suivre pour lui demander ce qui cloche chez lui. Mais il sait, alors pourquoi y aller si c'est pour se faire hurler dessus ? Clary vient s'asseoir en face de lui et ils mangent pendant que Maia et Lydia boivent un café, Izzy se contentant d'un décaféiné. Et ils oublient tous la mauvaise humeur de l'aîné des Lightwood.
Magnus les laisse discuter entre elles, les écoutant d'une oreille parler des préparatifs de la naissance du bébé d'Izzy. Quand il la regarde, il ne peut s'empêcher de penser à Camille, bien qu'à part leurs cheveux noirs, elles ne se ressemblent en rien. Parfois il se demande quel genre de maman sa meilleure amie aurait fait. Sûrement aussi dévouée qu'Izzy.
Après leur repas, Clary apporte une assiette avec quelques biscuits. Izzy ouvre grands des yeux émerveillés avant de se tourner vers Magnus avec une moue exagérément triste.
— Pourquoi est-ce que tu fais des gâteaux aussi beaux quand je ne suis pas là !?
Clary étouffe un rire, elle connaît bien sa meilleure amie. Magnus lève les yeux au ciel. Et Maia et Lydia se mettent à rire.
— Désolé. Mais tu es là finalement. C'est pas si grave.
— Ouais... d'accord. Mais tu vas devoir en faire d'autres ce mois-ci !
— Il est bien parti pour en faire tout le mois, ne t'en fais pas ! Lance Clary, s'attirant le regard de Magnus.
— Comment ça ?
La même inquiétude qui transparaissait dans la question de Clary, plus tôt le matin, s'entend dans celle d'Izzy. Magnus soupire doucement et se lève, ramassant les emballages de leur déjeuner, sans répondre. Les quatre amies se regardent, mais Maia et Lydia ne comprennent pas pourquoi Clary et Izzy ont changé de ton.
— Magnus, quelque chose ne va pas ?
— Non, tout va bien ! C'est Noël et j'ai envie de faire des gâteaux, c'est tout !
— C'est Hodge ? Demande Lydia.
Magnus se tend légèrement avant de lever les yeux au ciel, se rendant compte que sa réaction est complètement transparente. Après avoir jeté les emballages, il revient s'asseoir. Elles ne vont pas lâcher le morceau.
— On s'est disputé l'autre soir. Rien de bien méchant, mais c'est un peu tendu depuis.
Est-ce vraiment nécessaire de leur dire qu'il a demandé une pause à son copain parce qu'il n'est pas amoureux de lui ? Sans doute pas. En fait, il vaut mieux qu'il ne dise surtout pas ça, au risque de passer pour quelqu'un de sans cœur.
— J'ai fait une erreur en lui envoyant un message l'autre soir ? Demande Izzy. Je pensais que tu aurais besoin de soutien...
— Non, tu as bien fait Princesse. C'est juste que... il est jaloux de ton frère et je ne comprends pas pourquoi.
Il se lève encore, ignorant les regards entendus que se lancent les quatre femmes. Elles, elles comprennent. Mais elles comprennent aussi que Magnus ne s'en rende pas compte quand Alec lui parle méchamment une fois sur deux. Isabelle soupire. Elle avait espéré que sa conversation avec son frère avait servi à quelque chose, deux mois auparavant. Elle avait espéré que le fait de voir Magnus en couple avec quelqu'un d'autre lui ouvre les yeux. Mais non, il continue de n'en faire qu'à sa tête, préférant faire tourner son ex en bourrique.
— Allez, goûtez les gâteaux, leur dit Magnus en partant vers le comptoir. Dites-moi si, au moins, ça sert à quelque chose que je m'échine à cuisiner pour vous !
Elles sourient et prennent chacune un biscuit. Magnus attrape celui qu'Alec a laissé et mord dedans. Tant pis pour lui. D'après les exclamations de ses amies, ça a l'air de leur plaire.
— Tu les cuisines toujours chez toi ? Demande Lydia.
— Beh oui, répond Magnus, ne sachant pas où elle veut en venir.
— Où veux-tu qu'il cuisine ? Questionne Maia.
— Ici. Non ?
Lydia regarde les deux propriétaires du café qui se regardent à leur tour avant de regarder Magnus.
— Tu voudrais cuisiner au café ? Lui demande Clary. Si on aménageait, je veux dire.
— On pourrait installer une cuisine dans l'arrière-boutique, continue Izzy.
— Euh... pourquoi pas ? Mais ça ferait beaucoup d'embêtement pour pas grand-chose, surtout vu ton état.
— Mais non !
Izzy lève les yeux au ciel et se met à réfléchir sérieusement à l'idée de Lydia. En fait, elle a eu la même il y a quelque temps mais elle n'a pas osé en parler à Magnus ou même à Clary. Après tout, ce n'est pas pour ça qu'il a été engagé.
— Ce serait super que vous puissiez vendre ces merveilles tout le temps ! Admet Maia en enfournant la dernière bouchée de son biscuit dans sa bouche.
— Mags, s'il te plaît, réfléchis-y, lui demande Izzy. Si tu penses que ce ne sera pas trop de travail en plus, on s'occupera du reste. D'accord ?
— D'accord, j'y réfléchirai.
Isabelle se retient de sauter de joie, ou au cou de Magnus, il n'avait pas l'air très à l'aise, même avant qu'Alec ne se montre grincheux. L'indonésien sourit à la demoiselle qui a l'air de ne plus tenir en place sur la banquette. Y réfléchir ne l'engage à rien, et puis, c'est vrai que ça pourrait être bien de cuisiner ici. Au-delà de la praticité, pouvoir cuisiner dans la journée, quand il se sent anxieux, ce serait sans doute une bonne chose.
Un client entre, les faisant passer à autre chose. Clary se lève pour se remettre au travail et Magnus rejoint l'homme à une table pour prendre sa commande.
C'est la fin de l'après-midi, et Madame Rice fixe le sol de la pharmacie depuis quelques instants déjà, sans comprendre, alors que les pas s'éloignent de son comptoir. Proche de la retraite, elle a toujours travaillé dans ce quartier qu'elle considère comme sa maison. Recevant des clients réguliers, croisant les autres commerçants du quartier, écoutant les indiscrétions de certains. À son âge, les gens lui font confiance, et elle s'efforce de ne raconter les histoires que si elle est sûre qu'on ne peut pas savoir de qui il s'agit. Après tout, c'est une pharmacienne, si les gens savaient qu'elle raconte tout ce qu'elle entend, ils ne viendraient plus. Mais ils aiment tout autant ses ragots, c'est comme ça dans ce quartier.
Elle a été si heureuse de voir ces deux femmes ouvrir leur adorable café, le quartier commençait à manquer d'animation. C'est vrai que les autres commerces attirent moins de jeunes et moins de nouvelles têtes. Bien sûr, ça a été compliqué au début à cause de ces deux brutes de Hawthorn qui ont vu le local leur passer sous le nez, mais ils se sont faits à l'idée, grâce au frère de l'une des deux femmes. C'était bien d'accueillir parmi eux des gens bien sous tous rapports. Une famille correcte, un comportement correct. Même le nouveau serveur, elle avait appris à l'apprécier malgré son style très ambigu. Mais Madame Rice vit avec son temps, et elle n'est pas choquée de voir des hommes ensemble, contrairement à son mari.
Elle fixe le sol de la pharmacie, choquée, outrée. Elle ne les voit pas partir, mais elle entend la porte vitrée se refermer. Son mari n'a rien entendu, il s'occupe de ranger les médicaments. Choquée et ravie d'avoir quelque chose à raconter, elle le rejoint rapidement, les mots lui brûlent les lèvres. Oui, parfois, elle aime bien raconter les indiscrétions de certains, et elle essaie de faire en sorte que l'on ne sache pas de qui il s'agit. Elle essaie.
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