& 13 ; Soixante-sept jours

Alec était nerveux. Et il n'en avait pas vraiment l'habitude, enfin jusqu'à quelques mois auparavant du moins. Mais ça n'avait encore jamais été à ce point. Il aimait pourtant se dire qu'il était quelqu'un de sûr de lui, qui se tenait aux décisions prises sans faillir une fois qu'il avait décidé ce qui se passerait. Le problème, là, c'est que ce qui se passerait ne dépendait pas de lui. Pas entièrement. Et s'il avait quand même pris la décision, il était nerveux de la soirée qui allait se dérouler.

Il se regarda une énième fois dans le miroir, ajustant sa chemise en réfléchissant. Il se sentait bête, mais il n'avait pas pu s'empêcher de mettre la chemise que Magnus préférait. En tout cas sur lui. Une chemise pourpre, sobre. Pour lui-même, l'indonésien préférait des vêtements plus excentriques. Mais Alec n'était pas à l'aise avec ce genre de vêtement. Et puis il n'avait pas besoin d'excentricité pour se faire remarquer, d'après Magnus.

Une délicieuse odeur de nourriture flottait dans sa chambre d'étudiant. Il aurait voulu cuisiner, mais il avait finalement choisi de commander dans un restaurant pour ne pas augmenter sa nervosité. S'il avait dû en plus se demander si ce qu'il cuisinait était correct, il aurait certainement fait une crise d'angoisse. De toute façon, Magnus ne s'en formaliserait pas. Ce qu'il préférait dans un repas était l'alcool et le dessert. Alec avait donc préparé de quoi faire des cocktails et, pour le dessert, eh bien... il espérait que Magnus se contenterait de lui.

Ses joues se mirent à brûler rien qu'à cette pensée, et aux nombreux souvenirs qu'il avait de Magnus criant et gémissant sous ses caresses. Il souffla longuement pour essayer de se reprendre et son téléphone sonna, le sortant de ses pensées. Il décrocha, un sourire aux lèvres, en voyant s'afficher le nom de son amant.

Hey, tu es en chemin ? Demanda-t-il aussitôt.

A-Alexander, je... Je suis désolé, je ne vais pas pouvoir venir.

Le brun se laissa tomber sur son lit derrière lui, un peu sonné. Il était tellement impatient à l'idée de cette soirée qu'il avait du mal à comprendre ce qui se passait.

Pourquoi ? Tout va bien ?

Oui. Pardon, j'avais vraiment envie de te voir...

Tu peux venir plus tard, c'est pas grave. J'attendrai.

Non, c'est... c'est Camille. Je dois la rejoindre.

Alec sursauta en entendant le bruit que venait de faire son poing en s'abattant sur sa table basse. La douleur causée par ce geste fut aussitôt aspirée par celle de son cœur, et du monstre qui venait de se réveiller brutalement. Camille, Camille, toujours Camille !

Je suis désolé ! Répéta Magnus qui s'attendait à la colère d'Alec. Je me rattraperai je te promets, mais ce soir, je peux pas. Il faut que...

Stop, tais-toi !

Cette fois, il lui était impossible de retenir sa colère. Il avait préparé cette soirée, pour Magnus. Il avait besoin de lui parler, il avait enfin trouvé le courage de le faire et voilà que tout tombait à l'eau à cause de Camille. Il n'y en avait que pour elle de toute façon !

Alexander, s'il te plaît. Essaie de comprendre...

De comprendre !? Et elle ? Et toi, alors ? Pourquoi tu dois toujours faire ça ?

Faire quoi ?

Est-ce qu'il ne se rendait même pas compte ? Alec avait presque envie de rire. Il avait été tellement idiot d'y croire, d'imaginer que Magnus puisse, pour une fois, ne pas le décevoir !

Non, ça suffit ! J'en ai plus rien à foutre !

Il criait. Il en avait assez et c'était ridicule de vouloir insister. Après tout, cela faisait des années qu'il les voyait se tourner autour et nier quand on leur demandait s'ils étaient ensemble. Des années qu'il était en première loge quand il ne voulait Magnus que pour lui, qu'il le voyait flirter avec Camille ou une autre, ou un autre, peu lui importait. Des années que le monstre était là pour lui ouvrir les yeux quand il refusait de voir le plus évident.

T'as qu'à rester avec elle ! Je sais que tu l'aimes, arrête de mentir !

Quoi ? De quoi tu parles ? Alec...

Alec attendit. Il attendit que Magnus ne l'appelle pas par son diminutif dans un moment pareil, avec cette pointe d'agacement dans la voix. Il l'agaçait ? Il ne méritait plus les mots doux parce qu'il avait vu juste ?

Tu sais quoi ? C'est fini. Je veux plus te voir.

Il raccrocha sans même attendre la réponse de Magnus. Il ne voulait plus entendre sa voix. Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte de ce qui venait de se passer, et aussi que Magnus viendrait sûrement à la première heure le lendemain pour discuter. Il ne pouvait pas rester ici. Sur un coup de tête, il décida de faire ses bagages et de rentrer à New York.

◊◊◊◊◊

Début décembre. Le café est calme en cette fin d'après-midi et Magnus observe Izzy qui est en train d'accrocher des guirlandes le long des étagères de livres, en fredonnant des chants de Noël.

— J'adore Noël ! S'exclame-t-elle.

Le serveur éclate de rire, c'est au moins la quatrième fois qu'elle le dit depuis le matin. Lui-même a un avis plus mitigé sur cette période, sûrement parce qu'il a passé les cinq derniers Noël seul. Ainsi que ses anniversaires, par ailleurs. Enfin, il n'en a pas trop de souvenirs de toute façon. Mais cette année s'annonce différente. Cette année, il passera le temps des fêtes avec Hodge, son petit-ami depuis plus de deux mois. La pensée le fait sourire, le réconforte. Et en même temps...

La son de la cloche, qui commence sérieusement à l'énerver, retentit alors qu'un client entre et se dirige vers une table. Magnus s'approche de lui pour prendre sa commande et, alors qu'il retourne vers le comptoir, il entend Izzy étouffer une plainte.

— Izzy, ça va ?

— Hm oui oui, t'en fais pas. Je vais juste aller m'asseoir.

Joignant le geste à la parole, la jolie brune va s'installer sur une banquette. Magnus se dépêche de préparer le café du client et va voir sa patronne. Il remarque rapidement qu'elle a la main posée sur son ventre et il fronce les sourcils.

— Izzy, qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien, Mags, t'en fais pas.

— Arrête de me dire ça, ça m'inquiète encore plus. En plus, si je ne prends pas soin de toi je vais me faire tuer par ton mari, et par ton frère.

En souriant, il lui caresse doucement l'épaule et elle relève les yeux. Sa grimace de douleur disparaît et elle lui sourit à son tour.

— C'est juste des contractions. C'est normal, en principe...

— En principe ? Comment ça ?

— C'est pas censé être douloureux.

Elle soupire et se cale contre le dossier de la banquette. En voyant l'expression sur le visage de Magnus, elle se rend compte que sa tentative de le rassurer est ratée. Mais en même temps, elle aussi commence à stresser un peu. Ce qu'elle gère très mal, en plus des hormones.

— Ça dure depuis longtemps ? Demande l'indonésien en essayant de ne pas trop s'affoler.

— Non. C'est juste arrivé quelques fois aujourd'hui.

— Combien de fois ?

— C'est la sixième... Mais ce n'est rien, je t'assure ! Mon obstétricienne m'a dit que ça pouvait arriver, je veux pas déranger qui que ce soit pour ça.

— Déranger ? Princesse, tu es enceinte ! Tu as droit à toute notre attention, et encore plus quand ça ne va pas !

— Merci, Magnus. Ça va aller, ne t'en f... ça va aller.

— Bien, dis-moi si tu as besoin de quelque chose.

Magnus se relève et dépose un baiser sur son front avant de retourner au comptoir. Il a la surprise d'y trouver le client. Un coup d'œil vers la table lui indique qu'il a à peine touché à son café.

— Quelque chose vous a déplu, monsieur ?

Avant qu'il réponde, Izzy se lève et se dirige vers les toilettes. Le client la regarde passer et attend qu'elle ait refermé la porte pour répondre.

— Vous devriez l'emmener à l'hôpital, dit-il en déposant de la monnaie sur le comptoir. Ma femme a failli perdre notre bébé à environ 6 mois de grossesse parce qu'on a pas été vigilant.

Et il part, laissant un Magnus dont l'angoisse vient d'atteindre des sommets. Comment ce mec peut-il lui lâcher une bombe pareille sans plus d'explication ? Il attrape son téléphone, réfléchissant à qui appeler pour se rassurer. Simon ? Il risque de s'évanouir au téléphone. Clary ? Peut-être, oui. Il s'apprête à appeler leur amie quand Izzy ressort des toilettes.

— Magnus, l'appelle-t-elle d'une petite voix. Je crois qu'il faut aller à l'hôpital...

Elle baisse les yeux vers son pantalon clair, Magnus fait de même et voit une légère ligne de sang sur l'intérieur de sa jambe. Il range son portable dans sa poche et s'approche d'elle pour lui prendre la main.

— Je suis pas sûre de pouvoir conduire, lui dit-elle.

En effet, ses mains tremblent et ses yeux sont remplis de larmes, Magnus se demande comment elle parvient encore à les retenir.

— Je... je vais t'emmener, ne t'inquiète pas.

— Tu es sûr ? Mais... et le café ?

L'asiatique lève les yeux au ciel et part dans l'arrière-boutique pour récupérer leurs manteaux et le sac d'Izzy. Pendant qu'elle enfile le sien, il éteint tout, attrape les clés, puis la pousse dehors pour verrouiller. Il reviendra fermer correctement plus tard, mais pour l'instant, ils n'ont pas vraiment le temps.

Izzy le guide jusqu'à sa voiture et lui tend ses clés. À la seconde où il se retrouve derrière le volant, son manteau nonchalamment lancé sur la banquette arrière, ses nerfs déjà à vif menacent de lâcher. Ses mains tremblent au moins autant que celles d'Izzy mais il les agrippe au volant après avoir mis le moteur en marche, pour ne pas montrer son trouble à son amie. Il se met en route en essayant de repousser les souvenirs qui lui viennent en tête. Avoir la jolie brune à ses côtés n'aide vraiment pas, mais il n'a pas le choix, surtout maintenant qu'il s'engage déjà sur la route. Impossible de changer d'avis maintenant, mais avec un peu de chance il ne s'évanouira pas tout de suite.

Entre deux textos, Izzy lui indique le chemin vers l'hôpital où elle est suivie, le même où il s'est fait soigné après s'être fait tabasser et il reconnaît rapidement la route. Il leur faut près de vingt minutes pour arriver. Magnus arrête la voiture sur une des places les plus proches de l'entrée et l'accompagne à l'intérieur. Elle ne tarde pas à être prise en charge et Magnus ressort. Une fois dehors, il va s'asseoir sur un banc à la lumière d'un réverbère et continue de combattre la crise d'angoisse.

Les coudes sur les genoux et le visage dans les mains, il reste de longues minutes à lutter contre ses larmes et ses haut-le-cœur en prenant de longues inspirations. Les souvenirs de l'accident qui l'empêchent de conduire depuis cinq ans le submergent mais il tient bon. Même si la situation est particulière, il refuse de se laisser aller. Cela fait trois semaines qu'il n'a plus d'antidépresseur et que, sur les conseils de Hodge, il n'a pas cherché à trouver un autre psychiatre. Mais il n'en a plus besoin, Hodge en est persuadé, il n'a plus l'air d'être déprimé après tout. Il doit avoir raison. Il ne peut pas ne pas avoir raison.

Des voix familières à quelques mètres l'aident à se tenir à la réalité, il relève les yeux. Simon se dirige vers l'entrée de l'hôpital, avec Alec. Ce dernier tourne la tête et l'aperçoit, dit quelque chose à Simon avant de tourner les talons pour venir vers Magnus. Quand il n'est plus qu'à un mètre, il voit l'état de son ami et presse le pas pour s'asseoir près de lui.

— Hey Mags, ça va ?

Comme si ce n'était pas étrange entre eux depuis que Magnus sort avec Hodge et qu'Alec ne vient plus au café qu'une ou deux fois par semaine, il pose une main sur la joue de l'indonésien pour tourner son visage vers lui.

— Tu sais comment va Izzy ? Continue-t-il en essayant de ne pas paniquer.

— L'infirmière qui s'occupe d'elle n'avait pas l'air affolé. Pardon si je t'ai fait peur.

Il se dégage et frotte ses joues pour se reprendre. Alec soupire, un peu soulagé, mais il se demande pourquoi Magnus est dans cet état.

— Qu'est-ce qu'il y a, alors ?

— Rien. Tu devrais aller voir ta sœur.

— Simon y est déjà, et je n'ai pas envie de les voir roucouler.

Il se redresse un peu avant de s'appuyer contre le muret derrière le banc. Simon avait l'air tellement paniqué qu'il a demandé à Alec de le conduire. Heureusement qu'il était avec lui sinon, il se demande comment il aurait fait.

— Allez, dis-moi, insiste-t-il.

— Ça faisait longtemps que je n'avais pas conduit. J'avais peur d'être un peu rouillé.

— N'essaie pas de me mentir. Je te connais mieux que ça, tu sais ?

Décidé à avoir une réponse, Alec pose de nouveau sa main sur le visage de Magnus et plonge dans son regard. Il essaie de passer outre les soubresauts de son cœur, et du monstre qui est rarement aussi calme ces derniers temps. Il essaie de passer outre sa furieuse envie de l'embrasser pour faire disparaître l'angoisse dans ses beaux yeux chocolat.

— Mags, parle-moi.

Incapable de se défaire des yeux noisette d'Alec, Magnus sent les larmes revenir et, cette fois, il n'arrive pas à les réprimer. Elles se mettent à rouler sur ses joues, incontrôlables, alors qu'il commence à avoir du mal à respirer. La crise d'angoisse a finalement remporté la bataille. Il repousse la main d'Alec et se relève, cherchant à respirer correctement. L'esprit envahi par les images sanglantes du cadavre de Camille, il manque de s'effondrer mais Alec le retient et le serre contre son torse.

— Excuse-moi, bredouille Magnus, mal à l'aise. Je...

— Ce n'est rien, l'interrompt le brun. Je suis là, ne t'inquiètes pas.

Pendant de longues minutes, Magnus pleure dans les bras d'Alec, jusqu'à ce qu'il parvienne à calmer ses sanglots assez longtemps pour que le plus jeune relâche son étreinte. Ils retournent s'asseoir sur le banc et, fatigué, Magnus pose la tête sur l'épaule d'Alec qui échappe un sourire attendri.

— Camille est... elle est décédée dans un accident de voiture, et c'est moi qui conduisais. I-il faisait nuit, il pleuvait, j'ai perdu le contrôle.

Le brun pose sa tête contre celle de l'indonésien en soufflant longuement, l'information est plus lourde à assimiler qu'il le pensait. Maintenant il comprend un peu mieux l'attitude de Magnus depuis qu'ils se sont revus.

— C'est à cause de ça que tu prends des antidépresseurs ? Demande-t-il, direct.

L'indonésien se redresse et se tourne vers le brun, les yeux ronds. Il reste silencieux quelques instants à se demander pourquoi Alec parle soudain d'antidépresseurs. Il a pourtant fait de son mieux pour ne jamais les évoquer.

— Comment tu sais que j'étais sous traitement ?

— Étais ? Tu veux dire que tu n'en as plus besoin ?

— Non, je... j'ai fini la prescription. Comment tu sais ? Répète-t-il.

— Je les ai vus dans ta salle de bain, le soir où je t'ai ramené chez toi.

— Oh. Je vois. C'est gênant, j'ai l'impression d'être un taré, maintenant...

Alec fronce les sourcils, Magnus frotte ses mains nerveusement et commence à jouer avec le bracelet en cuir qu'il ne cesse jamais de porter. Il s'est toujours demandé ce que ça cachait, parce que ce n'est pas le genre d'accessoire que porterait Magnus, normalement. Pas le Magnus qu'il connaissait.

— Dis pas ça. Personne ne peut te reprocher d'avoir du mal à gérer le deuil de Camille. Elle était importante pour toi.

— Elle était enceinte, lâche Magnus en se passant une main sur le visage.

— Quoi !?

— Camille était enceinte de quelques semaines quand elle est morte. Elle ne le savait probablement même pas. Sinon, elle me l'aurait dit...

— De... de toi ?

Magnus sent le sang quitter son visage. Il vient d'avoir une crise d'angoisse et il est déjà sur le point d'en avoir une seconde. Sa bouche s'assèche, les larmes reviennent et quand il regarde Alec, celui-ci comprend tout de suite son erreur.

— Comment tu peux me demander ça ?

— Pardon, Magnus, je voulais pas.

— Tu voulais pas quoi ? Enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie alors que j'essaie de...

De quoi exactement ? D'enfin se remettre de ce deuil beaucoup trop long ? De s'ouvrir un peu à Alec qui avait l'air d'être un peu moins agressif ces derniers temps ? Les deux sûrement. Il se relève et le brun le suit quand il commence à s'éloigner.

— Laisse-moi !

— Magnus, s'il te plaît ! Tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir demandé !

— Ah non ? Crie Magnus en se retournant. Et pourquoi ça !?

— Vous étiez proches et tu l'aimais. Tu n'as pas besoin de faire comme si tu n'avais jamais été attiré par elle ou une autre femme, je m'en fous !

Menteur. Le monstre hurle, se rue dans ses tripes. Bien sûr qu'il ne s'en fout pas, mais il en a assez d'avoir toujours la même dispute avec Magnus qui refuse d'admettre qu'il est bi.

— Je n'ai jamais été attiré par les femmes ! Et je n'ai jamais couché avec Camille !

La même dispute. Des dizaines de fois. Alec pourrait presque dire les mots avant Magnus, sauf qu'avant il se défendait d'avoir un jour couché avec une femme, pas seulement avec Camille. Il inspire profondément pour faire taire les hurlements du monstre et il réduit la distance qui le sépare de Magnus pour le reprendre dans ses bras. Il l'a fait pleurer. Cette fois, c'est sa faute. Magnus essaie de le repousser mais abandonne vite.

— Excuse-moi, Mags.

— Tu me fatigues... qu'est-ce que tu essaies de me faire dire, à la fin ?

— Qu'est-ce que vous faîtes ?

La voix de Hodge les fait sursauter. Magnus se dégage et se détourne pour essuyer son visage. Son petit-ami s'approche de lui et passe un bras possessif autour de sa taille.

— Ça va, chaton ? Lui demande-t-il en essayant d'attirer son attention, d'un baiser sur sa tempe.

— Oui, excuse-moi. Ça m'a angoissé de conduire Izzy, c'est tout.

— Je comprends. C'est long, cinq ans.

Alec, qui s'efforçait de disparaître pour ne pas assister à leurs échanges trop tendres, comme à chaque fois, regarde à nouveau Magnus. Cela fait cinq ans qu'ils ont eu leur accident ? Pourquoi est-ce que Hodge est au courant de ça et pas lui ?

L'arrivée de Simon l'empêche de questionner Magnus, mais ça lui fait du bien de voir un sourire sur le visage de son beau-frère.

— Comment elle va ? Demande aussitôt Magnus.

— Bien. A priori c'est rien de grave, mais ils la gardent cette nuit pour s'en assurer. Merci, Magnus.

— Non, c'est...

Simon s'approche pour l'enlacer, l'empêchant de finir sa phrase. Mal à l'aise, Magnus lui tapote maladroitement l'épaule en attendant que le musicien veuille bien le lâcher.

— Izzy m'a dit que vous avez fermé le café rapidement. Les clés sont dans la voiture ?

— Non, je les ai, là, répond-il en les sortant de sa poche. J'allais y retourner.

— Laisse, je vais y aller, dit Simon en les prenant. Je dois repasser à l'appartement pour lui prendre des affaires de toute façon. J'y vais, passez une bonne soirée.

Les trois hommes regardent partir Simon qui oscille entre la surexcitation et l'angoisse, mais ce n'est pas Magnus qui le blâmerait. Hodge resserre un peu son étreinte sur sa taille alors qu'Alec s'apprête à reprendre la parole.

— Je vais aller voir Izzy, dit-il en détachant son regard de son patron. Repose-toi, Mags. S'il te plaît.

— Hm. Je vais faire ça.

Alec s'éloigne en retenant un soupir et, dès qu'il est hors de vue, Hodge capture subitement la bouche de Magnus qui répond au baiser, un peu surpris. Pourquoi est-ce qu'il semble en colère tout à coup ?

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