& 12 ; Se laisser tenter

Après seulement deux jours, les blessures sur son visage sont évidemment encore visibles. Pourtant Magnus avait espéré pouvoir retourner travailler, bien que les douleurs de son torse vont le gêner pendant quelques semaines. La veille au matin, il a envoyé un message à Izzy pour la prévenir qu'il est souffrant et ne pourra pas aller travailler avant le lundi suivant. Bien sûr, il a dit qu'il avait attrapé froid. Impossible de dire que les Hawthorn l'ont passé à tabac. Ni eux ni n'importe qui d'autre, et ses blessures laissent peu de doute quant à ce qui lui est arrivé, malheureusement. Si à l'hôpital on l'a laissé tranquille à ce propos, c'est parce qu'il a refusé de changer de version.

Mais il ne veut pas se faire porter pâle plus que nécessaire. Deux jours de plus et ses blessures devraient être acceptables et ne pas effrayer les clients, ou Clary et Izzy. Par ailleurs, il n'a pas non plus très envie de voir Alec avec ce visage, il ne veut pas lui montrer ce que les Hawthorn lui ont fait après qu'il soit allé les menacer. Il l'a sans doute fait avec toute la bonne volonté du monde, ou alors à cause de son ego mal placé. Inutile de lui montrer que c'était une erreur. Avec un peu de chance, ses agresseurs ne viendront pas faire les fiers avant quelques temps, puisque Hodge a, au moins, cassé le nez du plus jeune. L'histoire devrait finir par se tasser et tout le monde passera à autre chose.

Ce matin, pourtant, Magnus n'a pas prévu de rester chez lui. Après avoir échangé quelques messages avec Hodge, il a accepté de se rendre à son gymnase, profitant de son temps libre. Et puis, ce n'est pas vraiment comme s'il devait se forcer pour aller le voir. Bien sûr, prendre des cours d'autodéfense ne lui ferait pas de mal, mais le courant est plutôt bien passé entre eux. Et ça lui fait du bien de pouvoir discuter avec quelqu'un qui n'est pas lié à Alec. Ça l'aide à ne plus penser à lui en permanence.

Enfin prêt, il sort de son appartement. Hodge lui a proposé de passer le prendre mais il a refusé. Il n'est pas certain que prendre le métro et se faire regarder de travers à cause de l'ecchymose sur sa pommette et de sa lèvre encore légèrement tuméfiée ne soit pas la source d'une crise d'angoisse inopinée, mais il sait que ne pas se laisser le temps de se calmer avant de voir Hodge n'est pas une bonne idée. Rien que le fait de savoir qu'il va le voir lui affole le cœur et lui tord l'estomac. Ce n'est pas désagréable, c'est juste qu'à part Alec, personne ne lui a fait cet effet-là depuis longtemps.

Le trajet est à peine plus long que lorsqu'il va travailler puisque le gymnase se trouve à Noho, alors que le café est dans Soho, mais il ne devrait pas risquer de croiser quelqu'un qu'il connaît. Et puis il est encore assez tôt, Hodge lui a demandé de venir avant l'ouverture pour pouvoir lui faire visiter sans être dérangés. Ça aussi, c'est le genre d'information qui le rapproche un peu plus de la crise d'angoisse et qui nécessite une marche avant ce qui ressemble de plus en plus à un rendez-vous.

Arrivé devant le gymnase qui, de l'extérieur, ressemble assez à un simple hangar, il envoie un message à Hodge. Quelques instants plus tard, celui-ci vient lui ouvrir la porte et le fait entrer. Magnus lui sourit avant de détourner les yeux pour ne pas être distrait par le corps de rêve trop bien mis en évidence par son t-shirt plus que moulant. Il se concentre donc sur la salle devant lui, qui fait presque toute la surface du bâtiment. Au fond, un ring, et de chaque côté des machines de course, des punching ball, des rameurs et des appareils de musculation.

— J'espère que ça ne t'embête pas que je t'aie fait venir si tôt. Je me suis dit que ce serait plus simple de discuter si je n'ai pas à gérer les membres et leurs problèmes de prise de masse.

Magnus rit en se tournant vers Hodge. Il secoue la tête.

— Non, ça ne me dérange pas. À cette heure-ci je devrais être au travail, de toute façon.

— Oh c'est vrai. Comment tu te sens ? Les antidouleurs ne sont pas trop violents ?

— T'as pas idée. La douleur était encore trop vive pour que je puisse m'en passer ce matin, j'ai parfois un peu l'impression d'avoir la tête dans du coton.

N'avoir le choix que de prendre ces cachets est assez difficile pour Magnus. Habituellement les antidépresseurs sont sa limite, y ajouter les antidouleurs lui ramène des souvenirs angoissants.

— Alors, on fera attention.

Avec un clin d'œil auquel Magnus s'efforce de ne pas donner de signification, Hodge s'éloigne en l'enjoignant de le suivre pour lui montrer les appareils. Ils discutent longuement, Hodge lui explique le fonctionnement des machines et les cours qu'il leur arrive de donner. Magnus l'écoute, intéressé, mais moins par son discours que par l'homme, et il se bafferait. Il n'arrive pas à savoir ce qu'Hodge a en tête. Ils ont vaguement flirté dans leurs messages, et à présent il a l'impression de recevoir des signaux contraires, c'est assez déroutant.

— Je t'ennuie, hein ? Lance soudain Hodge alors qu'il lui montre le reste des locaux, en l'occurrence les vestiaires pour homme.

— Non, pas du tout ! J'ai la tête ailleurs, pardon. C'est les médicaments.

Il s'assoit sur l'un des bancs en soupirant légèrement. Hodge s'approche et s'agenouille devant lui pour être à sa hauteur. Bordel, il fait 1m80, pourquoi est-ce qu'il doit toujours craquer pour des hommes encore plus grands que lui ? Le blond passe délicatement le bout de ses doigts sur sa pommette.

— Ils ne t'ont pas raté, ces deux connards. Tu veux toujours pas me dire pourquoi ils t'ont fait ça ? J'ai peur qu'ils recommencent.

— Pourquoi t'aurais peur ? Je pense que, toi, tu leur as fait assez peur pour qu'il recommence pas avant un moment, rit Magnus en détournant les yeux.

— Je voudrais pas qu'ils t'abîment davantage.

Surpris, les questions dans la tête de Magnus redoublent alors que leurs regards se croisent. Les antidouleurs ne l'aident certainement pas à réfléchir et ça l'agace. Il décide finalement de clarifier la situation. Au pire, il sera embarrassé et repartira simplement chez lui en essayant de s'enterrer sous ses couvertures.

— Pardon si tu me trouves à côté de la plaque, commence-t-il. J'ai tendance à aimer la subtilité mais avec les médicaments j'en suis pas capable, donc...

Il ne finit pas sa phrase, il n'en a pas l'occasion. Hodge se rapproche pour capturer ses lèvres. Doucement. Magnus sourit et répond au baiser, content de ne pas avoir été à côté de la plaque, après tout. Il s'accroche à son t-shirt pour se rapprocher et qu'il n'y ait plus d'ambiguïté. Après quelques instants, Hodge met fin au baiser et s'écarte pour regarder Magnus.

— Excuse-moi, je suis pas... je n'ai plus l'habitude de flirter et ce genre de choses, explique l'ancien boxeur. Je ne savais pas trop comment être clair sans être lourd.

— Je comprends.

Souriant encore une fois, Magnus dépose un baiser sur la bouche de son sauveur qui finit par s'asseoir à côté de lui.

— J'ai été marié pendant plusieurs années. Avant elle, j'étais trop pris par ma carrière de boxeur et ensuite... Disons qu'on a divorcé quand elle a compris que si je passais autant de temps au gymnase, c'était pas seulement pour avoir une bonne hygiène de vie.

Autrement dit, après quelques années de mariage, il s'est rendu compte qu'il préférait les hommes aux femmes.

— Je vois, répond Magnus. Tu l'as trompée ?

— Hm... ça dépend. Pour toi c'est quoi tromper ? Demande Hodge avec une grimace un peu coupable.

— Euh, je dirais... Embrasser quelqu'un d'autre. Je sais, je suis vieux jeu...

Hodge soupire en passant une main sur sa nuque. Vieux jeu, c'est son cas à lui aussi, et c'est pour ça qu'il n'a pas fait traîner les choses quand sa femme a appris ce qu'il faisait et qu'elle a voulu divorcer.

— Alors oui, avoue-t-il.

— Avec un employé ?

— Non, non ! S'exclame Hodge avec un léger rire. C'était un des habitués du gymnase. Après mon divorce, je n'ai pas osé continuer à le voir.

— Pourquoi ça ?

— J'avais honte d'avoir réussi à si bien me mentir pendant près de dix ans, j'imagine. Et il m'a fallu un peu de temps pour passer à autre chose.

Le quarantenaire n'ose pas relever les yeux vers l'indonésien, gêné par ses propres révélations. Mais quelque part il voulait essayer de faire comprendre à Magnus pourquoi il est maladroit quand il s'agit de flirter. Encore qu'il n'est pas sûr que s'être ouvert ainsi n'ait pas donné à Magnus une irrépressible envie de fuir.

— Ah pourquoi je te dis tout ça ? Souffle-t-il. Tu vas avoir une mauvaise image de moi.

— Non, ne t'inquiète pas pour ça, s'empresse de le rassurer Magnus, lui souriant à nouveau. Je pense pas être en bonne place pour juger qui que ce soit sur ses relations amoureuses. J'ai jamais vraiment eu de relation sérieuse.

C'est au tour de Magnus de soupirer. Dire qu'à bientôt trente-et-un ans il n'a jamais eu d'histoire sérieuse est un peu gênant, même si, à bien y penser, il n'a pas vraiment eu le temps pour ça. Surtout ces dernières années.

— Et tu n'as jamais été amoureux ?

— Une fois. J'ai été amoureux d'un de mes amis pendant plusieurs années, mais je n'ai jamais osé le lui avouer.

— Comment ça s'est terminé ?

— Oh, il... Il a mis fin à notre non-relation parce qu'il était jaloux de ma meilleure amie, et il a disparu du jour au lendemain.

— Tu n'as pas essayé de le retrouver ?

— J'ai pas su tout de suite qu'il était parti et après, je me suis dit qu'il ne voulait plus me voir.

Il esquisse un sourire. C'est moins douloureux à raconter que ça en a l'air. Enfin, il essaie de s'en persuader. Hodge jette un coup d'œil à sa montre et se lève.

— Mon employé devrait bientôt arriver. On pourrait aller dans mon bureau pour discuter ?

Magnus accepte d'un hochement de tête, aussi désireux que Hodge de passer un peu plus de temps juste tous les deux. Ils partent tous les deux dans une pièce près de l'entrée. Hodge laisse Magnus entrer en premier et ferme la porte puis les stores qui lui permettent de surveiller ce qui se passe. À droite de la porte, il y a un canapé en cuir et en face, un bureau sur lesquels sont posés des dossiers. Magnus sourit en avisant un stylo laissé en plan :

— T'ai-je dérangé en plein travail ?

— Non, je t'attendais. Et j'arrivais à rien de toute façon. Alors, est-ce que j'ai réussi à te convaincre de t'inscrire ?

L'indonésien s'avance vers le bureau et s'assoit sur le bord en faisant mine de réfléchir. Hodge jette un coup d'œil vers la porte fermée avant de s'approcher de lui, gourmand et joueur.

— Je ne sais pas trop, répond Magnus. Ça risque de me prendre pas mal de temps en plus du travail. J'ai peut-être besoin d'autres arguments avant de décider.

Amusé par le sous-entendu évident, Hodge glisse une main entre ses genoux pour pouvoir se rapprocher encore un peu et sa main remonte lentement le long de son torse jusqu'à sa joue qui n'est pas blessée.

— Je vais voir ce que je peux faire...

Et il l'embrasse à nouveau, avec plus d'ardeur que lorsqu'ils étaient dans le vestiaires. Rapidement, sa langue effleure la lèvre inférieure de l'indonésien pour approfondir le baiser. Alors que leurs langues se découvrent et se lovent l'une contre l'autre, Magnus passe ses bras autour du cou de son partenaire, enfouissant ses doigts dans ses cheveux blonds.

La porte s'ouvre soudain sur une silhouette qui se fige en trouvant son patron avec quelqu'un de si bon matin.

— Oh pardon Hodge, je te...

Il s'interrompt alors que les deux hommes font de même. Si Magnus a reconnu sa voix grave, Alec a reconnu les longs doigts fins ornés de bagues et vernis de noir qui lâchent brusquement Hodge. Le propriétaire des lieux se retourne pour demander à Alec de s'en aller mais Magnus est le plus rapide à réagir :

— Putain mais tu te fous de ma gueule !?

Encore à moitié caché derrière Hodge, il passe une main sur son visage en soufflant. Pourquoi faut-il qu'Alec soit absolument partout où il va !? Pourquoi faut-il qu'Alec soit lié à toutes les personnes qu'il croise à New York !? Il y a près de 8,5 millions d'habitants, comment est-ce que c'est seulement possible ?

Alec n'est pas moins surpris. Il ne s'attendait vraiment pas à tomber sur son ex en train d'embrasser goulûment son patron. Alors même qu'il est censé être malade et devoir rester chez lui. Le monstre est réveillé, et il lui déchire les entrailles au point qu'Alec a juste envie de hurler de douleur.

— Vous vous connaissez ? Demande Hodge d'une voix calme pour essayer de comprendre ce qui se passe.

— Oui, répond Alec, prêt à se jeter sur l'un et l'autre pour satisfaire le monstre. C'est le...

— Le nouvel employé de ta sœur ? Coupe Magnus, énervé par cette façon de le présenter.

— Exactement ! Crie le brun en tendant le cou pour le voir alors qu'il se cache derrière le blond. D'ailleurs, t'es censé être malade ! Ma sœur est morte d'inquiétude après ce qui s'est passé samedi dernier ! E-et toi t'es juste là à allumer mon patron ! Putain mais c'est quoi ton problème !?

Hodge regarde Alec, les yeux écarquillés. Jamais il n'a vu le jeune homme aussi énervé. Il ne peut pas croire que les deux hommes ne se connaissent que par Isabelle. Mais si Magnus travaille au Bookworm... Les différentes informations commencent à trouver un sens dans son esprit.

L'indonésien se remet sur ses pieds quand Alec lui crie dessus, et celui-ci se calme instantanément en voyant les blessures sur son visage.

— Qu'est-ce que c'est que ça, Mags ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

— C'est rien, Alec ! Ça ne te regarde pas !

— Attends, c'était les Hawthorn ? Demande Hodge en se tournant vers Magnus à son tour. Ces mecs, c'est ceux qui ont déjà menacé Isabelle et Clarissa ?

Alec a l'impression qu'on vient de lui mettre un coup dans l'estomac. Le sentiment de culpabilité est brutal et plus violent que jamais. Magnus s'est fait frapper parce qu'il est allé voir les ordures qui sont venues, encore une fois, au café ? Magnus s'est fait frapper parce qu'il les a menacé. Il voulait l'aider, il voulait le protéger. Et il n'a fait qu'empirer les choses.

— Hodge, je vais y aller, souffle Magnus mal à l'aise devant le silence soudain d'Alec.

— Non, attends s'il te plaît. Je reviens dans quelques minutes.

Sans attendre de réponse, et décidant qu'il n'accepterait pas de réponse négative de toute façon, Hodge fait signe à Alec de le suivre et ils sortent du bureau. Ils s'éloignent un peu pour pouvoir discuter.

— Alec, tu peux me dire ce qui se passe ? D'où est-ce que tu connais Magnus ?

— Je te l'ai dit, c'est...

— Vu sa réaction quand tu as dit ça, ça m'étonnerait que ce soit vrai, le coupe-t-il. Et j'aimerais avoir une explication claire pour pouvoir continuer cette journée sans avoir peur que tu te jette sur quelqu'un !

Alec souffle en s'appuyant contre une machine. Lui aussi, il aimerait continuer cette journée sans avoir peur de se jeter sur quelqu'un, mais il n'est pas certain d'en être capable. Le monstre gronde. Il gronde contre Hodge, contre Magnus. C'est de pire en pire.

— C'est juste... c'est... un vieil ami.

— C'est comme ça que tu parles à tes amis ?

— Et toi, comment tu l'as rencontré ?

— Les Hawthorn, apparemment, étaient en train de le tabasser dans une ruelle. Je l'ai aidé et je l'ai emmené à l'hôpital. Je pense qu'il n'avait pas envie d'inquiéter ta sœur et Clarissa, c'est pour ça qu'il a menti. Ne leur en parle pas.

Alec serre les dents. Apprendre qu'un autre a protégé Magnus à cause de son erreur est déjà désagréable, mais l'entendre lui parler comme s'il était déjà proche de Magnus est encore pire. Pour qui se prend-il ? Évidemment qu'il ne va rien dire aux filles, mais il aurait voulu que Magnus l'appelle, le prévienne. Est-ce qu'il sait qu'il est allé voir ces mecs et que c'est par vengeance qu'ils s'en sont pris à lui ? Il a l'impression qu'un énorme rocher s'abat sur son cœur. Il doit le savoir, et c'est sans doute pour ça qu'il n'a rien dit, qu'il est en colère. Il lui en veut, c'est une évidence. Comment pourrait-il ne pas lui en vouloir ?

— Il... il y a quelque chose entre vous ? Demande Hodge après quelques instants. C'est à cause de lui qui tu n'allais pas au café, l'autre fois, n'est-ce pas ?

— Non. Il n'y a rien. Enfin, il n'y a plus rien, je t'assure. C'est lui qui l'a décidé et il est du genre têtu, alors t'en fais pas pour moi.

Le plus jeune se redresse et part vers les vestiaires pour aller se changer. Est-ce qu'il vient vraiment de donner sa bénédiction à Hodge pour sortir avec Magnus ? Il n'arrive pas à s'enlever de l'esprit les blessures de Magnus, c'est Hodge qui l'a protégé... il sera peut-être mieux avec lui, au moins il sera en sécurité.

Magnus attend Hodge, même s'il a très envie de partir. Il s'est assis sur le canapé, les yeux posés sur les stores baissés, ayant juste assez de retenue pour ne pas les épier. Mais il a autant envie de les entendre que de ne pas le faire. Il craint de voir Hodge revenir énervé, il craint ce qu'Alec pourrait lui dire.

Pourtant, quand le blond revient, il n'est pas énervé. Il est seulement perplexe. Il vient s'asseoir à côté de Magnus et ils restent silencieux durant quelques minutes.

— Comment est-ce que tu connais Alec ?

Magnus détourne les yeux, se demandant s'il n'aurait pas préféré que Hodge lui crie dessus en fin de compte. Il n'a pas envie de mentir, mais il est presque certain que Hodge ne va pas aimer sa réponse.

— Tu te souviens de l'ami dont je te parlais tout à l'heure ?

— Celui dont tu as été amoureux ? C'est lui ?

— Oui, c'est Alec.

En se calant contre le dossier du canapé, Hodge montre qu'il n'aime pas cette réponse, en effet. Mais il est content que Magnus soit honnête avec lui.

— Eh bien... tu plaisantais pas, l'autre jour, quand tu as dit que c'était compliqué. Tu l'aimes encore ?

— Hein ? Non ! Non, c'était... c'était il y a cinq ans. Quand il est parti, je veux dire. Il s'est passé beaucoup trop de choses dans ma vie pour que j'aie le temps ou l'envie de continuer à aimer quelqu'un qui m'a abandonné.

C'est la première fois qu'il formule les choses ainsi, qu'il avoue à quelqu'un, ou à lui-même, qu'il a vécu le départ d'Alec comme un véritable abandon, lui, l'orphelin. Alec l'a abandonné pour un caprice. Il ne pouvait pas continuer à l'aimer, c'était trop difficile. Il a toujours fait de son mieux pour s'en convaincre. Heureusement, cette fois il est assez convaincant pour convaincre également Hodge qui retrouve son sourire. Hodge tend doucement la main vers celle de Magnus pour l'attirer contre lui.

— Si tout est clair entre vous, je voudrais... je voudrais qu'on se laisse une chance, tous les deux. Qu'est-ce que tu en penses ?

Soulagé et préservé d'un nouveau potentiel abandon, Magnus sourit à son tour et hoche la tête avant de l'embrasser.

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