& 06 ; Ne pas savoir se parler

L'ambiance est pour le moins bizarre. Concentré sur les commandes qu'il sert au comptoir les unes après les autres, Magnus essaie de ne pas penser aux regards de ses deux patronnes qui s'arrêtent sur lui de temps en temps. Dire qu'il était parfaitement à l'aise à l'idée de venir travailler aujourd'hui serait un mensonge. Il ignore si Alec a finalement parlé à sa sœur, lui a dit la vérité sur la relation qu'ils avaient par le passé. S'il l'a fait, Magnus ignore ce qu'il a pu exactement lui dire, vu leur dispute de la veille. Et si ce n'est pas le cas, alors les deux jeunes femmes doivent se demander s'il est, oui ou non, un menteur pathologique. Certes, il y a des sujets qu'il n'aime pas aborder, des choses qu'il garde pour lui. Cependant, est-ce que tout le monde ne le fait pas ? En dehors de ça, il est plutôt du genre honnête, parce qu'il agit toujours en son âme et conscience. Enfin, il avait l'habitude d'être comme ça. Il a perdu son assurance depuis quelques années, c'est vrai, mais ça ne l'a jamais empêché de faire de son mieux pour ne pas dire de mensonge là où ce n'est pas nécessaire. Mentir n'est pas un jeu, ça ne sert qu'à blesser les autres.

Bref, entre ça et les suçons sur son cou qu'il a dû cacher avec un col roulé, il a longuement hésité à se faire porter pâle. Le problème c'est qu'il a besoin de ce job, et qu'il aime travailler ici. Pour une fois, fuir ne lui a pas paru être la meilleure solution. Pas tout de suite. Il y sera peut-être forcé, à un moment, si la situation devient vraiment trop compliquée. Il essaie de ne pas y penser, parce qu'à chaque fois qu'il y pense, l'idée de partir à nouveau loin d'Alec lui semble impossible... et il se déteste de ressentir ça.

— Bonne journée, madame.

Merde, c'était la dernière de la file. Avec un sourire travaillé par les années, Magnus regarde la femme sortir du café. Son regard glisse sur les tables de la salle, malheureusement encore vides. Il n'est pas encore 9h30, le rush vient de se terminer, les étudiants n'arriveront pas avant au moins trente minutes. Machinalement, il tire sur son col pour le remonter le long de sa peau. Si seulement il avait pensé à aller dans une pharmacie, la veille, pour acheter du fond de teint. Sauf que ça ne lui est pas venu à l'esprit. D'ailleurs, la journée de la veille est assez floue dans sa tête, enfin après le départ d'Alec. Après leur dispute dont il se rappelle parfaitement. Il se souvient avoir pleuré, avoir lutté contre des crises d'angoisse toute la journée, et avoir dû prendre des somnifères pour finalement trouver le sommeil à 3h du matin.

Avec un léger soupir, il passe une main sur son visage. La nuit a été courte, mais même avec une bonne nuit de sommeil, il sait que la journée sera ardue. Izzy s'approche et pose une main sur son épaule alors qu'il se concentre sur sa tâche, à savoir nettoyer le comptoir.

— Tout va bien ? Lui demande-t-elle d'une voix douce.

— Bien sûr. Je suis juste un peu fatigué, répond-il en la regardant enfin.

Les lèvres écarlates de la future maman dessinent une moue qui trahit le peu de crédit qu'elle accorde à cette réponse. Ses sourcils se froncent d'inquiétude et elle appuie légèrement sur l'épaule de son employé pour qu'il se tourne enfin vers elle. Que sait-elle ? Magnus n'arrive même pas à voir si elle lui en veut pour les mensonges de l'autre soir. Il hausse les sourcils, esquisse un sourire.

— Quoi ? Demande-t-il avec un rire dans la voix, comme s'il ignorait le sujet qu'elle veut aborder.

Elle se mord la lèvre et quand son regard se glisse sur le cou de l'indonésien, elle hausse les sourcils à son tour. Sa bouche s'entrouvre alors que, sans gêne, elle attrape son col pour mieux voir la trace qu'elle a aperçue. Il s'écarte brusquement, les joues rougies. Il s'attendait à ce qu'elle fasse semblant de ne pas voir, sachant qu'une des marques est trop haute pour être totalement camouflée et c'est pour cela qu'il tire sur son col toutes les cinq minutes depuis une heure.

— Ouah, je ne savais pas qu'Alec faisait ce genre de chose ! S'exclame-t-elle, un peu amusée, avant que les révélations de son frère ne lui reviennent en tête et fassent disparaître son sourire. Enfin... j'imagine qu'il me cache encore plus de choses que je le croyais.

Clary s'approche des deux autres et s'accoude au comptoir, curieuse de savoir ce qui se trame. Izzy a été trop secouée, la veille, par ce que son frère lui a appris pour penser à appeler Clary et le lui raconter. Bien sûr, ça pourrait rester entre eux quatre, Simon ayant également assisté aux confidences d'Alec. Et elle aurait sans doute tout gardé pour elle s'ils n'avaient pas jouer à prétendre ne pas se connaître. Mais voilà, en agissant ainsi, Alec a impliqué leurs amis, et aucun d'eux n'acceptera d'en rester là. Pas même Lydia qui semble s'être prise d'affection pour Magnus et n'a pas pu résister à envoyer un message aux filles pour en savoir plus, elle aussi.

Livré à ses deux patronnes, Magnus se sent mal à l'aise. Est-ce que ça ne paraîtrait pas bizarre de demander à Izzy ce que son frère a dit ? Il n'a pas envie de mentir, mais il ne veut pas non plus aller contre ce qu'Alec a dit. Vu l'image que son ex a de lui, il pourrait croire qu'il l'a fait exprès. Ah, mais merde ! Pourquoi se soucie-t-il de ce qu'Alec pense après ce qui s'est passé la veille ? S'il a menti à sa sœur, ça ne le regarde pas.

Avec un soupir, il contourne le comptoir et va s'asseoir sur le tabouret.

— Je suis désolé de vous avoir menti, commence-t-il. Mais j'ai été pris de cours, je ne savais pas qu'Alec était ton frère.

Izzy hoche la tête. Lightwood n'est pas un nom très courant. D'ailleurs, si elle s'était présentée en tant qu'Isabelle Lightwood lors de l'entretien, il aurait refusé le poste, simplement, pour ne pas risquer de le croiser.

— Ça fait longtemps que vous vous connaissez ? Demande Clary.

— Eh bien... On s'est rencontrés il y a... dix ans.

Dix ans, déjà ? Le dire à voix haute rend le fait à la fois réel et surprenant, il n'a pas l'impression que c'était il y a si longtemps. Et en même temps, l'éternité pourrait s'être écoulée tant il a lui-même changé.

Il leur raconte leur première rencontre en quelques mots. L'expression sur le visage d'Izzy lui indique qu'Alec lui a raconté la même chose. Enfin, ce n'est pas là-dessus que leurs versions risquent de différer.

— On est devenus amis, continue-t-il. Au début, on se voyait avec le reste du groupe, mais avec le temps on s'est retrouvés juste tous les trois. Avec Camille.

Les sourcils d'Izzy se froncent légèrement, ce qui n'échappe pas à Clary et elle ne peut s'empêcher de questionner Magnus sur la personne portant ce prénom. Déjà, à savoir si c'est un lui ou un elle. Magnus rit doucement.

— Camille est... était une femme. Une femme magnifique, et adorable.

Izzy ne peut ignorer l'amour clairement visible dans les yeux de l'indonésien à la simple évocation de cette Camille. Ou bien, est-elle influencée par ce qu'en a dit Alec ? Mais ce qu'elle est certaine de voir, tout comme Clary, c'est le léger voile de larmes sur les yeux chocolat.

— J'ai rêvé quand tu m'as dit que tu es gay ou... ? Demande Clary sur un ton qu'elle veut amusé, pour alléger la soudaine tension.

— Non, tu n'as pas rêvé, répond Magnus, un sourire préoccupé sur les lèvres.

Il relève les yeux vers Izzy après s'être repris, pour savoir si Alec a parlé d'elle. La jolie brune se contente de hocher la tête à nouveau. Il soupire.

— Quand je suis arrivé dans ma famille d'accueil, à 7 ans, Camille vivait dans la maison d'à côté. On avait le même âge et on a toujours été dans la même classe. Pendant presque vingt ans, elle a été ma meilleure amie, ma confidente... et pendant presque aussi longtemps, c'était la personne qui comptait le plus dans ma vie.

Jusqu'à Alec. Depuis combien de temps n'a-t-il pas parlé d'elle ?

— Mais notre relation n'a jamais rien eu de romantique.

— Alec m'a dit... que vous étiez ensemble, elle et toi, souffle Izzy, perdue.

Elle est convaincue de la sincérité de Magnus, mais pourquoi son frère aurait-il menti ? Il semblait tellement affecté, la veille, rien qu'à évoquer cette femme.

— Oui... C'était le cas, en un sens, admet l'indonésien. Au lycée. Je ne m'étais pas encore avoué que j'étais gay et... si j'avais dû être amoureux d'une fille, ça aurait été elle, et on a commencé à sortir ensemble. Mais on s'est vite rendu compte qu'on pouvait pas faire ça, c'était bizarre pour nous. On a fait l'erreur de ne pas rompre clairement. J'ai compris plus tard qu'on nous croyait encore ensemble.

Quand Alec lui a parlé de la conversation qu'il avait eue avec Aaron, il s'est rendu compte de leur erreur. À sa décharge, il ne pensait pas que ça pourrait lui porter préjudice des années plus tard. Il avait expliqué la situation à Alec. Pourquoi il avait demandé à Camille de sortir avec lui, et pourquoi ils n'ont pas rompu.

— Pourquoi mon frère pense que c'était sérieux entre vous, alors ?

Il se contente de hausser les épaules et, pour la première fois depuis qu'il travaille au café, se sent soulagé d'entendre le tintement de la cloche au-dessus de la porte. Clary retourne à ses livres, Izzy part vers la caisse pour récupérer le livre que le nouveau client lui rapporte. Et Magnus entreprend de passer un coup de chiffon humide sur les tables.

Il a conscience que la conversation n'est pas terminée, Izzy et Clary reviendront à la charge dès qu'elles le pourront et Magnus prie pour que ce ne soit pas aujourd'hui. Parce qu'il ne sait pas quoi répondre à la question d'Izzy. Enfin, si, mais il ne peut pas le dire à haute voix. Il a déjà du mal à le penser sans se sentir mesquin, ou prétentieux. La réponse est simple : Alec était jaloux. Peut-être à cause de son manque de confiance en lui, à l'époque. Peut-être à cause de son manque de confiance en Magnus. Il n'a jamais osé demander à Alec pourquoi... Il n'a même jamais osé dire à Alec qu'il avait remarqué sa jalousie, de peur de sa réaction. Alec est quelqu'un de fier et qui déteste montrer la moindre faiblesse. Lui faire remarquer qu'il en a est le meilleur moyen de le mettre sur la défensive pour une durée indéterminée. Enfin, il y a cinq ans c'était le cas.

La matinée se poursuit, et avec elle la course de plus en plus folle du coeur de Magnus. Parce qu'alors qu'elles le pensaient trop occupé pour les entendre, Izzy a répondu à la question de Clary :

— Oui, il a dit qu'il recommencerait à venir nous voir le midi.

L'appréhension le gagne lentement depuis cette fichue phrase. Il aurait préféré ne pas refaire face à Alec si vite après leur dispute, et pas alors que les suçons sur son cou sont encore visibles. Et malheureusement, il ne pourra pas l'éviter. Pourrait-il ? Dire qu'il va manger ailleurs, ou même aller vraiment manger ailleurs ? Mais est-ce que ce ne serait pas ridicule ? Les deux femmes sauront bien pourquoi il part. Alec saurait pourquoi il est parti.

Il en est encore à se questionner quand Clary lui demande d'aller chercher leur commande au restaurant habituel. Son corps tremble de risquer croiser son ex quand il sort du café. Et c'est encore pire quand il revient, quinze minutes plus tard. Parce qu'il n'est pas là. Magnus se mord la lèvre, nerveux au possible, en poussant la porte. Il dépose les deux poches contenant leur déjeuner sur la table, où les filles sont déjà installées et en train de discuter. Il faut dire que, ce midi, le café est complètement vide.

Magnus va s'asseoir sur le tabouret après avoir pris son propre plat. Il est en train d'avaler une première bouchée quand les filles se décident à l'inclure dans la conversation.

— Tu disais que ça fait dix ans que tu connais mon frère ? Demande Izzy.

— C'est ça, répond Magnus en essayant de cacher son désespoir.

— Mais... pourquoi on s'est jamais vus ? Jace et moi, on est venus à New Haven plusieurs fois et... on a croisé ses autres amis.

L'envie de simplement hausser les épaules en espérant que ça leur suffirait est très forte. C'est encore une question à laquelle il n'a pas envie de répondre. Après un léger soupir, il décide d'être franc et, avec un peu de chance, elles auront moins envie de se montrer curieuses.

— J'imagine qu'il avait honte de vous montrer qu'il était ami avec un « bisexuel assumé ». Enfin gay, mais... tu m'as compris.

En voyant Izzy blêmir légèrement, il s'en veut d'avoir employé des mots aussi tranchés et, peut-être, un ton un peu trop sec. Il soupire encore une fois, plus longuement, et repose sa fourchette.

— Il était encore dans le placard quand on s'est rencontrés, et parfois ça le gênait un peu de me voir flirter avec des mecs sans m'en cacher... Comme si les gens autour de nous allaient comprendre qu'il était comme moi. La première fois où vous êtes venus, après notre rencontre, il m'a complètement ghosté... si bien que j'ai cru qu'il m'en voulait pour quelque chose. Et finalement, il m'a expliqué qu'il ne voulait pas que je rencontre qui que ce soit de sa vie à New York.

Son cœur se serre rien qu'au souvenir de cette conversation fort peu agréable. Les filles n'ont pas l'occasion de réagir car la porte du café s'ouvre sur Alec. Il sursaute légèrement quand les yeux de sa sœur et de Clary se braquent sur lui.

— Ah tiens, on parlait de toi ! Lance la rouquine.

— Ah oui ? S'étonne-t-il en évitant de regarder Magnus. Je dois avoir peur ?

— Mais non ! répond sa sœur. Allez, je vais te faire ton café !

— Laisse, souffle Magnus en se levant. Je m'en occupe.

Après tout, il est le plus près, et ça permettra de mettre le comptoir entre Alec et lui. Il se lève alors que le grand brun s'avance, lorgnant le tabouret qui ne lui appartient plus, visiblement.

— Un café... commence Alec avant d'être interrompu par Magnus.

— Noir, avec deux sucres.

Le serveur se fige en sentant se poser sur lui les regards de ses patronnes. Il les entend déjà se demander s'il sait ça parce qu'ils ont pris le petit-déjeuner ensemble la veille ou parce qu'il se rappelle encore de ce détail insignifiant après des années. Il ignore ce qui serait le plus embarrassant.

— Quelle mémoire ! S'amuse Clary avec un rire doux.

— C'est mon travail, non ? Rétorque-t-il en la regardant.

— Bonne mémoire, mais sélective...

À contrecœur, Magnus regarde finalement Alec dont le murmure n'a été porté que jusqu'à ses oreilles. Comment ça, sa mémoire est sélective ? Si c'est pas se foutre de la gueule du monde ! Il renifle, mécontent, mais ne répond pas et il se détourne pour préparer le café de son ex.

Le silence s'installe, un peu lourd, jusqu'à ce qu'Izzy et Clary ne se mettent à discuter entre elles, de crainte que leur attention n'empêche les deux hommes de discuter. C'est ce que lui a dit son frère la veille, non ? Qu'il doit parler à Magnus, mais ne sait pas comment faire. Le problème, c'est que si elles s'éclipsent, ce sera tout sauf subtil, alors il va devoir faire avec.

C'est le cas, Alec a des choses à dire à Magnus. Malheureusement, il voit bien que Magnus n'a pas envie de le voir. C'est peut-être de sa faute après lui, il aurait dû garder sa remarque pour lui, même si elle est vraie. Pour s'empêcher de contempler les gestes de l'indonésien, il baisse les yeux pour sortir quelque chose de sa poche. La photo qu'il a emmenée avec lui la veille. Il la dépose sur le comptoir au moment où Magnus y dépose le café. Le regard chocolat reconnaît aussitôt le papier glacé.

— Qu'est-ce que..?

— Je... Excuse-moi, je ne sais pas pourquoi je l'ai prise. Mais je n'aurais pas dû.

À nouveau, Magnus relève les yeux vers Alec, et cette fois leurs regards se croisent. Il n'avait même pas remarqué qu'elle avait disparu. Il fronce les sourcils. Attends, mais... Il réalise alors pourquoi le comportement d'Alec a brusquement changé pendant qu'il était dans la salle de bain. Il est tombé sur la photo d'eux trois. Il attrape la photo, doucement, et un sourire attendri se glisse sur sa bouche. Cette photo a été prise quelques semaines après qu'ils aient commencé à coucher ensemble. La seule autre personne au courant était Camille et elle passait son temps à pousser Magnus dans les bras d'Alec pour qu'il lui avoue ce qu'il ressentait. Il n'a jamais pu. Et voilà où ils en sont.

— Tu fouilles dans les affaires des autres, c'est nouveau, souffle-t-il en rangeant la photo dans sa poche.

— Non c'est... Oui. Je n'aurais pas dû, répète Alec, incapable de dire ce qu'il a sur le coeur.

— En effet. Surtout si t'es pas capable de supporter ce que tu trouves.

— Mags... quand j'ai vu que tu gardais une photo d'elle...

Magnus lève les yeux au ciel en soufflant bruyamment pour interrompre Alec. C'est pas possible qu'il continue avec ça !

— Pas une photo d'elle. Une photo de vous. Vous deux.

— Tu plaisantes ! Tu as plié la photo, je pourrais tout aussi bien ne pas être dessus.

Quel idiot, c'est pas vrai... Il a vu l'une des pliures, celle qui les sépare tous les deux. Mais pas celle qui les sépare Camille et lui. Parce que la personne qui pourrait tout aussi bien ne pas être sur cette photo, c'est Magnus. Magnus plus jeune, plus heureux, plus insouciant. Cette image de lui-même dont il n'a pas plus fait le deuil qu'il n'a fait le deuil de Camille. Il est sur le point de le lui dire, mais Alec enchaîne tout bas.

— Peu importe, je me suis trompé. C'est normal que tu gardes une photo d'elle...

— Oh tu veux dire... parce qu'elle est morte ?

Le mot le blesse tout autant que la veille, mais cette fois, il n'en montre rien. Il l'ignore même complètement, trop perturbé par ce que vient de dire Alec. Si bien qu'il parle un peu plus fort et attire l'attention des deux femmes.

— Tu veux dire que c'est acceptable que je garde la photo d'une femme dans ma table de chevet, si elle est morte ?

— Quoi ? S'exclame Alec, surpris de la tournure que prend la conversation. Non, Magnus, c'est pas ce que je veux dire ! Merde, je voulais juste m'excuser !

— Je m'en fous de tes excuses ! C'est pas parce que tu as un caractère de merde que je vais excuser ce que tu as fait hier !

Alec baisse les yeux sur sa tasse. Il ignore si Magnus parle de leur dispute et des mots durs qu'il lui a lancés ou bien du fait qu'il lui a caché qu'il est en couple. Mais il n'ose pas demander, parce qu'il n'a pas envie de parler de son copain devant Izzy et Clary qui ignorent qu'ils sont ensemble.

— Je dois prendre l'air.

Magnus se débarrasse de son tablier avec des gestes précipités et fait le tour du comptoir pour sortir du café. Alec envisage de le retenir, une seconde, avant de changer d'avis. Il soupire longuement alors que la porte vitrée se referme et regarde enfin sa sœur.

— Tu m'as pas tout dit, hein ? Lui dit-elle, un peu fâchée.

— S'il te plaît, insiste pas.

Il dépose le prix de son café sur le comptoir et prend sa tasse. Il s'approche d'Izzy pour l'embrasser, salue Clary et sort à son tour. Il regarde autour de lui avant de voir Magnus, appuyé contre un mur, quelques mètres plus loin. Quand l'indonésien relève les yeux vers lui, Alec tourne les talons et part dans la direction opposée.

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