& 05 ; De vieilles histoires
Une légère appréhension heurte Magnus quand il se réveille, mais elle disparaît bien vite quand il sent le souffle apaisé d'Alec sur son épaule nue. Toujours endormi, le brun le serre dans ses bras, leurs jambes entrelacées. S'il ne veut pas le réveiller, il ne doit pas bouger. Tant pis, ce n'est pas comme s'il avait quelque chose à faire ce matin. Il repose sa tête sur l'oreiller et soupire doucement, il se sent serein. Pourtant, il ne peut pas nier ne pas du tout comprendre ce qui lui a pris... pas qu'il regrette mais il n'aurait jamais imaginé qu'il pourrait coucher à nouveau avec Alec. Pas avec tout ce qu'il ressent. Ou ressentait ? Qu'y a-t-il encore dans la masse informe et bouillonnante de dépit et de regrets qui lui tord habituellement les tripes ? Il ne reste rien, si ce n'est une angoisse nouvelle qu'il n'arrive pas à définir. Ses pensées sont, elles aussi, étrangement calmes. Un sourire se glisse sur sa bouche alors qu'il passe une main sur son visage, une pointe d'optimisme s'autorisant à émerger. Pour la première fois depuis longtemps.
Il referme les yeux pour profiter de cet instant. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien. Et encore moins en présence de quelqu'un d'autre. Quand les autres sont-ils devenus des menaces ? Lui qui était si sociable encore cinq ans auparavant, les gens lui font peur à présent. Et ceux qu'il a rencontrés entre-temps l'ont presque tous confortés dans cette voie. L'ont convaincu d'être sur ses gardes en permanence, et de ne surtout rien attendre de bien.
Les bras d'Alec se resserrent doucement sur la taille de son amant alors qu'il se réveille à son tour. Il dépose un baiser contre la nuque de Magnus, qui frissonne aussitôt.
— Alors, commence-t-il dans un murmure, la bouche sur son épaule, c'était pas un rêve ?
Magnus échappe un petit rire et se retourne dans les bras d'Alec pour lui faire face. Il lui lance un regard faussement blasé.
— Quoi ? S'étonne Alec avec un sourire amusé. Tu vas me dire que ça te paraît pas fou, à toi ?
— Si. Complètement.
Le plus jeune resserre à nouveau son étreinte pour attirer Magnus tout contre son corps, et il enfouit son visage contre son cou. C'est fou, et en même temps ça lui paraît tellement normal. De se retrouver là, dans ce lit, avec Magnus. La main de l'indonésien remonte dans ses cheveux, la caresse le fait soupirer.
— Tu m'as manqué, avoue Magnus, à l'abri du regard noisette.
Le cœur d'Alec sursaute violemment contre ses côtes, et il dépose un baiser sur la peau caramel, ne sachant quoi répondre. C'est pas son truc, à Alec, ce genre de phrase. Magnus en est conscient, et c'est pour ça qu'il n'a pas osé le dire sous son regard. Mais il n'a pas pu s'empêcher de mettre des mots sur le vide qu'il ressent depuis tellement de temps. Alec lui a manqué. Bien sûr qu'il lui a manqué, même s'il lui en veut... En fait, c'est parce qu'il lui a tellement manqué qu'il lui en veut autant. Mais pour le moment, peu importe.
La bouche d'Alec remonte lentement jusqu'à la bouche de Magnus, l'embrassant tendrement. Il voudrait dire à Magnus qu'il lui a manqué, aussi, parce que ce n'est que la stricte vérité. Mais pour l'instant, il ne peut pas, et pas seulement parce qu'il est mal à l'aise rien qu'à l'idée de le dire, mais parce qu'il a des choses à faire avant. À régler.
Ils se séparent et Magnus se redresse, avec un soupir. Par la fenêtre dont il ne ferme jamais les volets, il voit le soleil qui n'a pas encore atteint le toit des immeubles de l'autre côté de la rue. Il ne doit pas être tard.
— Tu as des projets, ce matin ? Demande Alec en caressant distraitement sa cuisse.
— Non, pas vraiment. Et toi ?
— Pas pour l'instant. On pourrait... aller prendre le petit-déjeuner dehors.
Magnus se retourne, surpris, mais un grand sourire se glisse sur ses lèvres. Il hoche la tête, la proposition est tentante. Mais d'abord, il doit prendre une douche... et ses médicaments. Il se penche sur son amant pour lui donner un baiser.
— D'accord. Je vais me préparer.
Il file rapidement à la salle de bain, sous le regard affamé d'Alec qui se retient difficilement de le suivre. Mais, s'ils veulent sortir, il vaut mieux qu'il ne le rejoigne pas. Il se redresse à son tour et cherche des yeux son pantalon. Il se traîne hors du lit pour l'attraper et l'enfile, il tâte ses poches à la recherche de son portable. Alors qu'il l'attrape, son regard se pose sur la table de chevet, et le premier tiroir, toujours entrouvert. Apercevant le coin d'une photo, il décide de l'attraper et son sourire disparaît aussitôt.
C'est une photo de Magnus, Camille... et lui. Mais elle est pliée de sorte que la partie où il apparaît est cachée. Il serre les dents et sent son coeur se tordre. Et le monstre se réveiller dans ses entrailles. Camille... bien sûr, Camille. Et sa sale manie d'être là même quand elle n'y est pas. Rayonnante sur cette photo que Magnus garde précieusement. Ils sont beaux tous les deux. Et ça tue Alec de voir à quel point ils sont beaux ensemble.
◊◊◊◊◊
Pour la première fois, Alec avait passé une soirée avec ses amis de fac et quelques connaissances à eux. Parmi ces connaissances, Magnus – qu'il avait vu deux ou trois fois depuis leur première rencontre au café – et une brune qu'Alec avait croisée quelques fois sur le campus, on la lui avait présentée sous le nom de Camille Belcourt. Une ancienne camarade de lycée de Aaron. Et de Magnus. La soirée s'était bien passée, mais Alec en gardait une impression amère alors qu'il rentrait dans sa chambre sur le campus. Il ne savait pas d'où est-ce que ça pouvait venir, en réalité, mais il ne cessait de repenser à la conversation à laquelle il avait pris part malgré lui, alors que Magnus et Camille dansaient ensemble sur la piste, comme s'ils étaient seuls au monde.
— Ah bon, t'es certain de ça ? Demanda Emily en regardant la piste à son tour. D'accord, ils sont proches mais...
Elle laissa sa phrase en suspens, ce qui attira l'attention d'Alec qui ne s'était pas rendu compte qu'il parlait du couple d'amis qui était peut-être plus que ça. Il la regarda puis se tourna vers Aaron qui affichait le sourire amusé de quelqu'un qui détient des informations sensibles.
— Je t'assure que si. J'étais au lycée avec eux. Enfin, ils ont un an de plus mais ils ne se cachaient pas. J'étais en seconde année quand ils ont commencé à sortir ensemble.
— Peut-être, mais je ne pense pas qu'ils soient encore ensemble.
— J'en sais rien, mais c'était le couple le plus populaire du lycée. Ils ont même été élus roi et reine du bal à leur dernière année.
— T'es une vraie commère, Aaron, soupira Alec, mal à l'aise de parler d'eux derrière leur dos. Qu'est-ce que ça peut faire de toute façon ? Qu'ils soient en couple ou pas. Ils font bien ce qu'ils veulent, non ?
Aaron, Emily et Dylan se tournèrent vers lui, étonnés de l'entendre parler autant en une seule fois, alors qu'habituellement il se contentait de réponses concises quand il ne s'agissait pas des cours. Il haussa les épaules en baissant le nez sur son verre.
— Ma sœur était amie avec Camille, reprit finalement Aaron. Et d'après ce que Camille lui avait dit, entre eux c'était le grand amour. Du genre qui finirait jamais, quels que soient les obstacles.
— Euh excuse-moi mais Magnus est pas du genre à se caser, fit remarquer Dylan. Il flirte tout le temps, avec tout le monde, et il ne se cache même pas pour embrasser d'autres personnes.
— Peut-être. Mais je suis certain qu'ils finiront ensemble, à nouveau, un jour.
— C'est vrai qu'on voit qu'il l'adore, admit Emily avec un hochement de tête. Comme s'il n'y avait qu'elle qui comptait.
Alec secoua la tête en se laissant tomber sur son lit. Voilà pourquoi il n'aimait pas sortir avec eux, il finissait toujours par connaître des informations dont il se fichait sur des gens qu'il ne connaissait pas, ou à peine.
◊◊◊◊◊
Alec n'a jamais oublié cette conversation, pour une raison à laquelle il ne veut même pas penser. Pourtant, quand il avait abordé le sujet avec Magnus, celui-ci avait simplement nié et répété qu'il est gay. Mais le plus jeune ne pouvait pas ignorer qu'Emily avait raison, quand Magnus et Camille se regardaient, ils semblaient oublier tout le reste, il n'y avait qu'eux au monde et ça... Alec détestait ça. Il avait parfois voulu faire avouer à Magnus, mais ça lui semblait idiot, leur relation n'avait rien à voir avec celle qu'il avait avec Camille, après tout.
Mais ce matin, alors que son regard fixe cette maudite photo depuis qui sait combien de temps, les sentiments de Magnus le heurtent de plein fouet. Ses sentiments pour Camille, ses sentiments pour lui. Il passe ses doigts sur la pliure qui sépare son image de celle du couple. Pourquoi est-ce que ça lui fait mal de savoir que Magnus ne veut pas le voir sur cette photo, auprès d'eux ? Il ne s'attendait pas à ce qu'il ne soit pas en colère après la façon dont il est parti mais ce n'est pas comme s'il était complètement innocent ! Comme s'il n'était pas aussi responsable que lui de tout ça ! Rageur, il enfile son t-shirt et son téléphone sonne dans sa poche. Il décroche, sachant pertinemment de qui il s'agit.
Magnus s'habille rapidement après être sorti de la douche. Son regard se pose sur les légères cicatrices sur son poignet et il remet son bracelet pour les cacher. Il s'exhorte à respirer calmement et attrape ses antidépresseurs. Ce matin, il doit les prendre. Il dessine ensuite un léger trait d'eye-liner sous ses yeux, laissant tranquille ses cheveux pour une fois. Et puis, il n'a pas envie qu'Alec se moque de lui parce qu'il aura mis une plombe à se préparer. Avant de sortir, il aperçoit les marques de suçons sur son cou et retient un rire. Il va falloir qu'il achète du fond de teint pour ça.
Il rejoint finalement son amant dans la chambre et le voit, dos à lui et au téléphone. Alors qu'il part vers la table de chevet pour récupérer son portable qui est posé dessus, il se fige en entendant la voix d'Alec :
— Oui. Je sais, mon coeur.
Il se retourne vers le brun et croise son regard calme, comme s'il attendait sa réaction. À qui est-il en train de parler ? Alec continue sa conversation comme si de rien n'était, l'ignorant à nouveau, comme s'il ne menaçait pas de faire exploser les angoisses de Magnus.
— T'en fais pas, je pense arriver dans pas longtemps. Laisse-moi une heure.
Hébété, Magnus le regarde raccrocher et ranger son portable dans sa poche. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il a rêvé cette nuit et les quelques mots qu'ils ont échangés ce matin ? Est-ce qu'il est devenu fou et a complètement imaginé qu'il s'est passé quelque chose entre eux ? D'accord, il est très sensible et il lui arrive parfois de s'emballer pour rien mais là... Là, il n'y a pas eu rien.
— Je vais pas pouvoir venir avec toi, finalement, dit Alec d'une voix froide.
— Qui était-ce ?
— Magnus...
— Qui était-ce !?
— Mon copain. Mais je ne vois pas en quoi ça te regarde.
Magnus recule d'un pas, sonné, comme si Alec venait de le gifler. Son copain ? Et il ose lui dire ça d'une manière aussi désinvolte, alors qu'ils ont couché ensemble ? Merde, c'est pas possible. Magnus s'assoit sur le lit et passe une main sur son visage, sa main tremble. Il a cru que, cette fois, ça voulait dire quelque chose.
— Tu te fous de moi ? On a couché ensemble alors que tu as un copain et...
— C'est pas un problème, le coupe Alec d'un ton las. Il sait que je couche avec des mecs... et il couche avec des femmes.
— Il est bisexuel ? Toi, tu sors avec un mec bisexuel ? Putain, c'est beaucoup trop d'informations...
Tout se bouscule dans la tête de Magnus. Il n'est pas bête, il a toujours su qu'une des raisons pour lesquelles leur relation n'a jamais été très sérieuse c'est parce qu'Alec croyait dur comme fer qu'il aimait aussi les femmes et qu'il était trop jaloux. Tellement jaloux qu'il ne l'avait jamais cru quand il lui affirmait être gay.
Il déglutit difficilement. Le coeur au bord des lèvres, il continue :
— Pourquoi tu me l'as pas dit ? Tu t'es pas dit que je voudrais pas coucher avec un mec qui sort déjà avec quelqu'un ?
— Depuis quand ça te dérange ?
L'indonésien est bouche bée. Vraiment ? Alec ose lui dire une chose pareille ? Comment a-t-il pu lui cacher ça ? Peut-être que par le passé, ça ne lui posait pas de cas de conscience mais pas... pas quand il s'agit d'Alec ! Est-ce qu'il est insensible à ce point ?
— Maintenant, ça me dérange ! S'énerve-t-il. Si j'avais su, j'aurais pas...
— Ah oui ? L'interrompt à nouveau Alec, plus froid que jamais. Je croyais que je t'avais manqué. Si tu t'arrêtes à ce genre de détails, c'est que j'ai pas dû te manquer tant que ça.
— Tu es sérieux ? Tu oses... ?
Les larmes commencent à lui monter aux yeux mais il lutte pour ne pas les laisser couler. Non, pas maintenant, pas devant lui. Il n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé pour qu'ils en arrivent là mais il refuse de craquer comme ça. Comment Alec peut-il remettre en question ce qu'il ressent alors qu'il le lui a avoué en toute sincérité ? Alors même qu'il n'a jamais rien voulu de tout ça, cette distance, ce manque... il n'a rien fait, il n'a fait que subir. Et il subit encore aujourd'hui les humeurs d'Alec.
— Je te rappelle que c'est toi qui es parti ! S'écrie-t-il finalement. Oui, tu m'as manqué ! J'ai voulu t'appeler ! On a essayé de...
Il s'interrompt, incapable de terminer sa phrase. Ce « on », c'est l'hôpital, l'infirmière qui a essayé d'appeler Alec le lendemain de l'accident, parce que dans le téléphone de Magnus, les seuls numéros d'urgence étaient ceux d'Alec et de Camille. Bien sûr, ils n'avaient pas réussi. Pas plus que Magnus à son réveil, quelques jours plus tard.
— Qui ? Toi et Camille ?
Alec crie à son tour, il ne veut pas parler de Camille, et rien que prononcer son nom lui fait mal. Il la déteste et il se portait très bien quand il n'avait plus à penser à elle ! Dans sa colère, il ne voit pas la pâleur soudaine sur le visage de Magnus à l'évocation de sa meilleure amie.
— Si c'était pour m'annoncer que vous vous étiez mis ensemble, continue Alec, indifférent à la détresse évidente de son ancien amant, je suis content d'avoir eu la présence d'esprit de bloquer vos numéros !
— On s'est pas... C'était pas comme ça entre elle et moi ! Répond Magnus, agacé de devoir le répéter encore.
— Tu te moques de moi ? Elle... Tu n'avais d'yeux que pour elle ! Mais alors quoi ? Elle s'est lassée ? Elle t'a quitté ? Ah ! C'est pour ça que tu es parti à Boston !
— Elle est morte !!
Alors que les mots résonnent dans la pièce, le rictus qui étirait les lèvres d'Alec disparaît. Il regarde enfin Magnus, voit son visage horriblement pâle et les larmes qui perlent à ses yeux. L'asiatique se lève, sa gorge le brûle, sa bouche lui fait mal d'avoir eu à dire ces mots insupportables. Il en a marre. Marre des accusations d'Alec. Assez de sa colère et de ses reproches insensés.
— Si je suis parti c'est... C'est parce qu'il n'y avait pas un seul endroit dans cette putain de ville où je n'avais pas de souvenirs avec vous ! Toi, ou elle, ou tous les deux ! Et je ne le supportais plus !
Il a échoué, les larmes dévalent ses joues à présent. Alec tente de l'approcher mais Magnus se dégage brusquement et s'éloigne de plusieurs pas.
— Magnus, je...
— Va-t'en ! Sors de chez moi, va-t'en !!
Il hésite. Il hésite à insister, il se sent soudainement coupable. Mais, trop fier pour reconnaître ses torts devant Magnus, il tourne les talons sans un mot de plus et sort de l'appartement. Arrivé à sa voiture, il sort son téléphone de ses poches et rappelle son petit-ami pour lui dire qu'il ne pourra pas venir. Il n'a pas envie de le voir. Il n'avait déjà pas envie de le voir quelques minutes avant malgré sa colère contre Magnus. Non, cette mise en scène, cette phrase, c'était seulement pour faire mal à Magnus. Pour lui faire la même chose qu'il lui faisait depuis des années, pour essayer de calmer le monstre qui lui tordait le ventre. Son regard se pose sur la photo qu'il a emportée avec lui. Il a blessé Magnus. Volontairement. Et il ne l'avait jamais vu dans un tel état auparavant. Il a réussi à appuyer au pire endroit, sans même le savoir. Il souffle, fatigué.
Magnus reste immobile dans sa chambre, fixant la porte d'entrée par où Alec est parti. C'était il y a plusieurs minutes mais il a peur de s'écrouler s'il bouge. Il contient les sanglots violents qui veulent s'échapper. Elle est morte. Les mots tournent en boucle dans sa tête, et les images de l'accident qu'il n'a jamais pu surmonter. Et c'est ma faute. Sa colère contre Alec est vite engloutie par la souffrance contre laquelle il lutte désespérément, tous les jours. Et comme tous les autres jours, elle gagne, emportant ses pensées. Les larmes redoublent et il se laisse tomber à genoux. Les spasmes causés par ses sanglots l'empêchent de respirer correctement, il appuie son dos contre le lit, derrière lui, et lève la tête pour essayer d'éviter la crise. Il pose ses mains tremblantes sur ses cuisses et ses doigts se resserrent sur sa chair à travers son jeans. Il sent déjà le sang pulser douloureusement contre ses tempes, son coeur lui fait mal, tout son corps lui fait mal.
Et à l'intérieur, il est anéanti, d'autant plus qu'il se sentait si bien encore une demi-heure avant. Il gère beaucoup mieux d'avoir mal tout le temps, plutôt que de se voir mis au sol avec autant de violence, par surprise. Il se force à rouvrir les yeux pour ne pas se laisser envahir par ses souvenirs, pour revenir au présent, s'y ancrer en fixant le plafond de la chambre encore emplie de l'odeur d'Alec. Et la douleur d'avoir été trahi revient. Il pensait pourtant qu'il avait tiré un trait sur ses sentiments. Pourquoi faut-il qu'Alec soit si facile à aimer ? Et lui, si facile à briser ?
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