& 04 ; Attirés comme des aimants
Quand Magnus passe la porte de son appartement, il a toujours un poids sur le cœur. Du mal à respirer. Et la marque de ses ongles au creux de ses mains à force de serrer les poings. Mais un seul visage dans son esprit qui le hante et le nargue. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas repensé à lui, des mois qu'il parvenait à le garder loin de ses pensées conscientes — non, les rêves, ça ne compte pas. Des mois qu'il avait arrêté de repenser à lui à la moindre chose, la moindre chanson, la moindre odeur. Alec... Ces souvenirs étaient tout autant une torture qu'une caresse. Parfois, ils l'aidaient à se sentir mieux, parfois ils le précipitaient dans le gouffre plus violemment que n'importe quoi d'autre. À la longue, Magnus avait décidé que c'était mieux pour lui de ne plus s'y accrocher. Ça ne rimait à rien. Alec était sorti de sa vie aussi vite qu'il y était entré, sans se retourner, sans même se soucier des dégâts. Ils ne se reverraient plus, jamais. Et même si le hasard faisait qu'ils se recroisent, ils ne s'adresseraient pas la parole.
C'est ce que pensait Magnus, il y a quelques mois. Et c'est ce qu'il pensait quand il a dû venir à New York. S'il avait pu, il serait allé ailleurs. Mais il devait quitter Boston et aller dans une ville où il pourrait facilement trouver du travail pour ne pas se retrouver dans une mauvaise situation à nouveau. New York était toute désignée, la présence supposée d'Alec ne devait pas poser problème. Quelles étaient les chances qu'ils en viennent à fréquenter les mêmes personnes ? Quelles étaient les chances ?
— Fais chier...
Il retire ses chaussures et les balance dans le coin de l'entrée avant d'aller jusqu'à sa chambre en déboutonnant sa chemise. Il la laisse tomber sur le lit avant d'attraper un vieux sweatshirt et de l'enfiler. Il a froid, le malaise lui donne froid. Il se sent comme si on avait réussi à lui retirer quelque chose qu'il ne savait même pas qu'il avait encore, ni à quel point ça lui était précieux. L'illusion de représenter encore quelque chose pour quelqu'un. Il pensait qu'il avait perdu ça depuis longtemps.
Quelques minutes plus tard, il est installé sur son canapé, la télévision allumée sur une chaîne quelconque, une bière déjà bien entamée, posée sur la table basse. Il avait longuement hésité à les acheter, ces bières, lors de sa dernière expédition à la supérette, se disant qu'il y avait peu de chance qu'il invite quelqu'un chez lui et que, donc, s'il buvait, ce serait seul. Tant pis s'est-il dit. Pour une fois, il est content de ne pas avoir été raisonnable. Il prend une autre gorgée quand des coups sont frappés sur sa porte d'entrée. À aucun moment, il ne s'imagine que ça peut ne pas être un de ses voisins qui vient pour une raison quelconque, alors il ouvre la porte sans prendre le temps de regarder par l'œilleton. Et pour la deuxième fois de la soirée, il a la surprise de trouver Alec devant lui.
Pendant plusieurs secondes, ils se regardent en silence et le cœur de Magnus se serre dans sa poitrine. Est-ce qu'il est en train de rêver ? Voyant Alec ouvrir la bouche pour parler, il lui claque simplement la porte au nez et repart dans le salon. Pris par le souvenir d'une vieille habitude, Alec retient la porte et entre.
— Tu sais que j'ai toujours détesté que tu fasses ça, lance Magnus en se rasseyant, sans le regarder.
— C'est faux, sinon tu verrouillerais la porte. Et tu ne m'as jamais demandé d'arrêter, ou même de partir.
— En effet.
Alec détourne les yeux quand ceux de Magnus se relèvent finalement vers lui, trop révélateurs. En effet, il ne lui avait jamais demandé de partir. Par contre, lui claquer la porte au nez lui montrait au moins son mécontentement.
Le brun vient s'installer sur un tabouret devant le comptoir qui sépare la petite cuisine du salon et observe l'endroit. L'ancien appartement de Magnus n'était pas très grand, enfin celui de New Haven, mais celui-ci arrive à l'être encore moins. Laissant son regard traverser le salon, éclairé par une lampe halogène et la télé, il aperçoit un lit dans une alcôve séparée par un rideau à peine tiré. Avec une pointe de soulagement, il constate que Magnus vit seul. L'indonésien suit son regard avant de soupirer.
— Qu'est-ce que tu fais là, Alec ?
L'interpellé baisse une seconde les yeux sur ses mains, posées sur ses cuisses. Qu'est-il venu faire ? Il n'en est même pas certain, en réalité. Pourtant, pendant qu'il conduisait, il a longuement réfléchi à ce qu'il voulait lui dire, mais maintenant qu'il est à nouveau dans la même pièce que Magnus, son esprit s'égare. Il n'arrive pas à contrôler son regard qui glisse à présent sur le visage de l'asiatique qui, lui, s'entête à garder les yeux fixés en direction de la télévision. Ce serait tellement plus simple s'il n'était pas si beau. Si ce visage, pourtant changé, ne lui rappelait pas tant de choses. Il soupire à son tour et passe une main dans ses cheveux.
— Je... Je crois que je regrette ma réaction, explique Alec en baissant les yeux. Ce soir. J'aurais dû... J'en sais rien... Faire autrement...
— Ah oui ? Faire autrement que me forcer à mentir à mes patronnes et vos amis ? Rétorque Magnus, sarcastique. Je vois pas ce qui te fait dire ça, tout le monde avait l'air d'y croire !
— Tu n'étais pas obligé.
— Tu te fous de moi !?
Magnus regarde enfin Alec, la colère portée par son éclat de voix est également visible dans ses yeux sombres. Comment peut-il lui dire ça sans même sourciller ? Comme s'il avait eu le choix après qu'Alec se soit présenté à lui comme s'ils ne se connaissaient pas !
— Tu aurais préféré que je dise que tu mentais ? Devant tes amis ? Ça n'aurait rien arrangé !
Avec une moue dégoûtée, il reprend sa bière et en boit une gorgée. De quoi aurait-il eu l'air s'il avait fait ça ? De quoi avait-il eu l'air, d'ailleurs ? Ils savent, l'un et l'autre, que les amis d'Alec ainsi que son frère et sa sœur se sont doutés de quelque chose. S'il avait été plus calme, Magnus aurait pu être plus convaincant... mais comment aurait-il pu être calme après un choc pareil ?
— C'est vrai, admet Alec. J'aurais pas dû dire ça, excuse-moi.
— Mais je comprends, souffle Magnus. Tu n'avais pas envie de me revoir et je le savais déjà. Tu peux t'en aller, je démissionnerai dès que j'aurai trouvé un autre job, et tu ne me reverras plus.
Les yeux d'Alec s'arrondissent de surprise. Il ne s'attendait pas à ce qu'il dise un truc pareil. Démissionner ? Disparaître à nouveau de sa vie ? Merde, pourquoi cette simple pensée lui déplaît autant ? Pourtant Magnus a raison. Ne s'est-il pas dit, plus tôt dans la journée, que s'il reste loin de lui, il se portera mieux ? Entre eux ça a été chaotique, ça a été... tellement de choses. Mais jamais simple, et jamais facile. Et Alec ne veut plus de ça. Mais il ne veut pas non plus que Magnus parte, il ne veut pas partir.
Quand Magnus relève les yeux, il croise ceux d'Alec et déglutit difficilement. Alec se redresse légèrement, il voudrait s'avancer, mais il se retient.
— Tu n'as pas à faire ça, dit-il simplement.
— Je vois pas bien quelle autre solution j'ai. Qu'on doive se voir tous les jours ?
— Ce serait si terrible que ça ?
L'indonésien entrouvre la bouche, agacé une nouvelle fois. Il pensait pourtant avoir compris très clairement le message d'Alec quand il a feint de ne pas le connaître. Ne veut-il pas qu'ils restent des inconnus ? Mais après une seconde à y penser, il hausse simplement les épaules. Non, ça ne le serait sans doute pas. S'il doit être honnête envers lui-même, ce n'est pas l'angoisse qui a affolé son cœur quand il l'a vu en arrivant au bar, enfin pas que. Pendant quelques instants, sous la confusion, il a été heureux de le voir. Pendant quelques instants, des scénarios improbables se sont joués dans son esprit, parmi lesquels la possibilité de se retrouver. Cela dit, ils ont disparu à la seconde où Alec a menti.
— Je sais pas si j'arriverai à mentir à Izzy et Clary, avoue l'asiatique en passant une main sur sa nuque.
— Tu n'auras pas à le faire. Je comptais dire la vérité à ma sœur, de toute manière.
— C'est vrai ?
— Ouais. Il me fallait juste un peu de temps pour me faire à l'idée que tu es à New York. J'avais besoin de mettre de l'ordre dans mes pensées.
— Et tu as réussi ?
— Pas vraiment...
Les deux hommes échappent un léger rire, soudain un peu plus à l'aise en présence de l'autre. Leurs regards s'accrochent une nouvelle fois et Magnus sent ses joues rougir mais il ne détourne pas les yeux. Alec lui a manqué. Malgré la colère, malgré la rancœur, malgré tout, Alec lui a manqué. Ils étaient proches, dans le passé. Et Magnus aurait aimé que ça veuille vraiment dire quelque chose. Jusqu'au soir de son départ, il avait espéré.
— Bon, je... je vais te laisser, soupire Alec, rompant le silence. Je dirai à Izzy de ne pas te faire passer un interrogatoire lundi.
— D'accord.
Magnus se relève en même temps qu'Alec et le raccompagne vers la porte. Le brun pose une main sur la poignée avant de se tourner vers son ancien amant pour lui souhaiter une bonne nuit et obéir à cette petite voix dans sa tête qui lui dit de partir. Mais son corps ne peut pas bouger, l'hésitation est trop forte. Il sait qu'il doit partir. Mais maintenant qu'il est si près qu'il pourrait toucher sa main en bougeant à peine la sienne, c'est trop difficile. Il pourrait le toucher, et il doit bien avouer qu'il en crève d'envie. Eh merde, je suis foutu. Il n'arrive plus à le refouler. Sa raison se laisse doucement engloutir par le monstre de jalousie tapi dans son ventre. Ce monstre que seul Magnus arrive à attiser. Et ce soir ne fait pas exception, pas même après plus de cinq ans. Le voir flirter avec Maia, avec Lydia, ça l'a réveillé, enragé et affamé. Alec vient juste de s'en rendre compte, et le monstre réclame la seule personne capable de le calmer.
Alec lâche lentement la poignée et fait un pas vers l'indonésien qui, nonchalamment appuyé contre le mur, hausse les sourcils. Sans un mot, Alec se contente de réduire lentement la faible distance qui les séparait encore. Il pose une main sur le mur, à côté de la joue de Magnus qu'il effleure d'une légère caresse, les yeux dans les yeux. Magnus franchit alors le vide jusqu'à la bouche d'Alec. Tendrement, il y dépose ses lèvres, incapable de résister à la tentation, à l'invitation muette. Là encore, la caresse est légère et ça aurait pu s'arrêter là. Ça aurait pu n'être qu'un baiser sans conséquence, juste pour s'assurer que les dernières braises de leur relation passée sont bien éteintes. Qu'ils peuvent avancer sans l'autre. Mais le contact est si doux qu'il termine d'enterrer la lucidité d'Alec. Son autre main se pose sur la joue de Magnus alors qu'il le plaque contre le mur et reprend avidement sa bouche..
Cinq ans. Il avait tenu cinq ans, et en trois putain de secondes il a complètement flanché. En trois secondes, il se rappelle pourquoi il avait décidé de partir sans attendre de revoir Magnus, sans lui laisser une chance de s'expliquer. Parce que face à Magnus il perd complètement ses moyens. Pourtant il pensait avoir surmonté tout ça. Il n'est plus le gamin incapable d'assumer sa sexualité qu'il était à l'époque. Et qui se défendait si vivement de ne pas assumer, à côté de Magnus qui jouait à tout va. Maintenant il est plus mâture, a trouvé une vie qui lui convient, un job et... et tout.
Il rompt le baiser enfiévré pour regarder son ancien amant aux joues empourprées, déjà dans le même état d'excitation que lui. Par un baiser. Tout a volé en éclats par un foutu baiser. Il prend le visage de Magnus en coupe entre ses mains, amenant l'un de ses pouces sur ses lèvres roses. L'asiatique ferme les yeux, soupire, fronce légèrement les sourcils, à son tour en proie à une lutte intérieure. Ils ont leur réponse, il n'y a pas de braise. C'est un feu ardent qui n'a jamais cessé de les consumer.
— J'avais oublié que tu embrassais aussi bien, souffle Magnus alors que ses lèvres s'étirent en un sourire troublé.
Alec rit doucement et enlève son pouce pour le remplacer par sa bouche, encore. Il voudrait être sage, ne rien précipiter, mais il sent les doigts de Magnus caresser son cou jusqu'à se perdre dans ses cheveux pour l'attirer un peu plus contre son visage. Alors il presse encore davantage ses lèvres contre celles de Magnus, étouffant quelques soupirs quémandeurs. Magnus entrouvre sa bouche et aussitôt la langue d'Alec s'y engouffre, retrouve sa partenaire dans un ballet fougueux. Alec descend ses mains sur la taille de Magnus, agrippant le sweatshirt dans lequel il s'est camouflé. Ses doigts le brûlent de toucher sa peau, de retrouver les sensations oubliées de leurs nombreuses caresses, mais il se contente de les crisper sur le tissu, à s'en faire mal. Il écarte alors son visage pour plonger dans les yeux chocolat cernés de noir.
— Dis-moi maintenant si tu veux qu'on s'arrête, grogne-t-il. Parce que je suis pas certain de réussir à me contrôler encore dans cinq minutes.
Sa voix rauque de désir provoque des frissons sur la peau de Magnus qui sent son ventre se tordre d'envie. Il secoue la tête en resserrant légèrement ses doigts sur les mèches noires d'Alec.
— Je ne veux pas qu'on s'arrête.
Un sourire se glisse sur les lèvres du plus jeune qui passe aussitôt ses mains sur l'arrière des cuisses de Magnus pour le soulever. L'asiatique enroule aussitôt ses jambes autour de la taille du brun qui le presse plus fort contre le mur et commence à onduler contre son bassin, leur arrachant quelques soupirs. Les mains d'Alec passent enfin sous le sweatshirt de Magnus et il sent, avec une certaine satisfaction, la peau frissonner sous ses doigts. L'indonésien l'attire alors à nouveau contre lui pour un nouveau baiser, plus lent et langoureux. Leurs lèvres se caressent inlassablement, comme pour rattraper les cinq années qui les ont séparé.
Magnus pousse un gémissement quand les doigts d'Alec se mettent à agacer l'un de ses tétons, il rompt le baiser et laisse glisser sa bouche le long de la mâchoire, abîmant ses lèvres sur la barbe courte pour y déposer quelques baisers. Mais avant qu'il ne puisse atteindre la gorge d'Alec, celui-ci fond sur son épaule. Il mord à travers le tissu épais, faisant gémir son partenaire à nouveau et il sent ses cuisses se resserrer autour sa taille. Magnus renverse sa tête contre le mur, surpris par la violence de sa réaction. Alec en profite pour remonter sur sa gorge et il commence à suçoter sa peau.
— N-non Alec, j'ai rien pour cacher des suçons.
— Encore mieux...
Il s'arrête néanmoins pour que la marque ne soit pas trop évidente et recommence de l'autre côté, au creux de son cou, puis à nouveau un peu plus haut. Magnus grogne un peu mais le laisse faire, il commence à avoir des difficultés à penser et oublie vite où est le mal dans les marques possessives d'Alec sur sa peau. Agrippé au cou du plus jeune, il bouge ses hanches pour lui tirer quelques soupirs qui s'échouent contre sa peau humide. Après quelques instants, le brun délaisse la peau rougie et ses mains relèvent le sweatshirt de Magnus pour qu'il puisse poser ses lèvres sur son torse. Il prend à peine une seconde pour le regarder et, en soulevant un peu plus Magnus, il pose ses lèvres sur l'un de ses tétons. Il le malmène, à coups de dents et de langue, alors que l'indonésien essaie de comprendre à quel moment il est devenu une petite chose dans les bras d'Alec, et pourquoi ça l'excite autant.
Après quelques instants, Alec cesse ses baisers et passe ses bras dans le dos de Magnus pour l'attirer contre son torse. Sans beaucoup d'effort, il l'amène jusqu'au lit qu'il a pu apercevoir plus tôt, dans la petite alcôve sombre et le laisse tomber sur le matelas qui proteste avec quelques grincements. La lumière venant de l'halogène les éclaire doucement, et le cœur d'Alec s'affole légèrement à la vision de son amant, allongé, le souffle court, et qui essaie de reprendre ses esprits. L'asiatique se redresse et passe une main dans ses cheveux qui retombent sur son visage avant de retirer son sweatshirt. Il a tellement chaud, il ne sait plus si ça vient de lui ou si c'est la température de la pièce qu'ils ont réussi à faire monter à un point presque insupportable. Joueur, il envoie le pull sur Alec qui n'a toujours pas bougé et sursaute légèrement en recevant le tissu contre le visage.
— Eh, mais c'était à moi ça ! S'étonne-t-il en jetant un regard plus concentré sur le vêtement.
Il pensait l'avoir perdu quand il est parti de New Haven. Enfin, c'était le cas, du coup, mais il ne pensait pas que c'était Magnus qui l'avait. Ni qu'il l'aurait gardé toutes ces années. Il note à peine la rougeur qui s'est emparée du visage de son amant, trop troublé par les émotions qui se bousculent dans sa tête et dans son foutu cœur. Il jette le sweatshirt sur le lit avant de se débarrasser de son t-shirt puis de son pantalon avec un certain empressement. Puis il rejoint Magnus sur le lit, à genoux près de lui, et scelle leurs lèvres dans un nouveau baiser brûlant.
Quand l'indonésien rompt le baiser, à bout de souffle, il laisse sa bouche descendre le long du menton d'Alec, puis son cou, pour redécouvrir son corps. Ses mains se joignent aux caresses de ses lèvres. Sous ses doigts, il sent les courbes de ses muscles, plus dessinées que dans ses souvenirs. Il embrasse chaque parcelle de peau de son torse, faisant soupirer Alec qui laisse une main se perdre dans ses cheveux. Lentement, il fait descendre sa main sur sa nuque puis le long de son dos, jusqu'à ce que le bout de ses doigts effleurent difficilement la bordure du jeans que porte toujours Magnus. Avec un léger grognement, il remonte sa main jusqu'à l'épaule de l'asiatique pour le repousser sur le lit. Sans attendre plus, il lui retire son pantalon et l'envoie quelque part derrière lui avant de se coucher sur son corps. Ils recommencent à se frotter l'un à l'autre, à se caresser, à s'embrasser.
Il ne leur faut que quelques instants de plus pour se retrouver nus l'un contre l'autre et Alec se redresse pour attraper son pantalon. Il fouille ses poches, en sort son portefeuille, d'où il sort un préservatif. Qui disparaît de sa main quand Magnus s'en empare avec un petit sourire en coin. Alec vient embrasser la bouche moqueuse, la mord un peu avant de pousser un gémissement quand Magnus pose ses mains sur sa verge.
— T'as du lubrifiant ? Grogne-t-il en se redressant légèrement.
— Table de chevet.
Alec tend un bras vers le premier tiroir et commence à l'ouvrir mais Magnus l'arrête en relevant à peine les yeux vers son geste.
— Non, deuxième tiroir.
Alec esquisse un sourire face aux réponses laconiques de Magnus qui trahissent trop bien son désir. Sortant finalement la petite bouteille, il en fait couler sur ses doigts et attrape les jambes de son amant pour les passer autour de sa taille. Il se penche sur lui pour l'embrasser, l'allonge complètement sur le lit alors qu'il glisse un premier doigt à l'intérieur de son corps. Un gémissement s'étouffe dans leur baiser, et ne tarde pas à être suivi par d'autres quand il enfonce un deuxième puis un troisième doigt.
Assailli par les vagues de plaisir, Magnus se rend à peine compte qu'il est en train de griffer les épaules d'Alec auxquelles il s'accroche désespérément. Il glisse sa langue contre celle de son amant avant d'être obligé de rompre le baiser, cherchant son air. Le brun retire alors ses doigts et le retourne prestement sur le ventre. L'indonésien se hisse sur ses genoux, sentant le sexe tendu et épais d'Alec se glisser entre ses fesses avant de le pénétrer entièrement, d'un seul mouvement. La douleur le pourfend et il étouffe un cri de joie en mordant son poignet. Putain. Des étoiles se mettent à danser devant ses yeux, son corps tremble mais il redresse sur ses mains.
— Ça va ? Lui demande Alec, un grondement dans la voix. Excuse-moi, j'ai pas...
— Non, ça va, le coupe-t-il. Ne t'inquiète pas, ne t'arrête pas.
Surtout ne t'arrête pas. C'est rare qu'il accueille la douleur avec si peu d'appréhension, mais tout ce à quoi il arrive à penser, c'est Alec près de lui, contre lui, en lui, enfin.
Répondant à la demande de son amant, Alec commence un mouvement de va-et-vient sans attendre, de toute façon il n'en aurait sans doute pas été capable. Et il n'avait même pas pu s'empêcher de le prendre violemment tant l'excitation le brûle. Il l'agrippe par les hanches, ne retenant même pas les longs soupirs de plaisir qui passent sa bouche. La pression et la chaleur sur sa verge sont tellement intenses, il doit lutter pour ne pas jouir tout de suite.
Les gémissements langoureux des deux hommes ne tardent pas à envahir la pièce. Alec laisse l'une de ses mains glisser sur le dos de Magnus et ne s'arrête que lorsqu'il atteint sa nuque. Intensifiant ses coups de butoir, il appuie légèrement sur sa main et Magnus se penche, posant le haut de son torse et sa joue sur le lit. Un cri de plaisir lui échappe, le sexe profondément enfoui en lui heurtant sa prostate encore et encore. Les vagues de plaisir redoublent et il doit attraper le drap entre ses dents pour réussir à étouffer ses cris, ne laissant plus dans la pièce que les grognements d'Alec et les grincements du lit. L'orgasme le traverse, long et intense, tendant son corps de façon telle qu'Alec jouit à son tour en s'enfonçant en lui une dernière fois.
Alec se penche pour embrasser la nuque offerte de son amant puis se retire pour se laisser tomber à côté de lui. Un peu amusé, il regarde Magnus s'allonger en échappant un gémissement douloureux. Il enlève le préservatif et le laisse tomber à côté du lit, puis il attire Magnus sur lui. L'indonésien enfouit son visage contre son cou, embrassant distraitement sa peau salée de sueur.
— Je t'ai pas fait mal ? Murmure Alec en passant ses doigts dans les cheveux de Magnus.
— Non. C'était... incroyable.
Alec échappe un rire et dépose un baiser sur le front de son partenaire. Il enlace son corps fin, profitant d'une étreinte qu'il attendait depuis cinq ans... même s'il ne l'avouera pas. Il rompt le silence après quelques longues et délicieuses minutes.
— Dis, tu t'es laissé aller depuis la dernière fois, le taquine-t-il.
— Hey ! J'ai perdu du poids, je te signale ! Rétorque Magnus en se redressant un peu pour lui lancer un regard assassin.
— Oui, justement !
Le sourire gentiment moqueur d'Alec se pose sur la moue boudeuse de Magnus et a rapidement raison d'elle. Ils échangent un baiser tendre. L'indonésien a eu d'autres choses à penser que de maintenir sa musculature ces dernières années... contrairement à Alec, visiblement. Il y a cinq ans, ils étaient aussi musclés l'un que l'autre, à présent Alec arrive à brasser Magnus comme s'il ne pesait rien.
— Je sais que tu préfères les mecs musclés, souffle Magnus après avoir rompu le baiser.
— Non... non, pas forcément.
C'est toi que je préfère. Alec détourne les yeux, impossible de formuler ainsi sa pensée.
— Pas si c'est toi, se contente-t-il alors d'ajouter.
Les joues de Magnus rougissent brusquement et il frappe Alec, gêné. C'est quoi ça ? Il repose sa tête sur le torse chaud du brun pour cacher un sourire et ferme les yeux avant de soupirer. Il se redresse finalement, s'attirant un haussement de sourcils.
— On va attraper froid si on reste sur la couette, fait-il remarquer en s'écartant d'Alec.
Il tire la couette et le drap pour se glisser dessous puis, quand il regarde à nouveau son amant, une pensée l'effleure. Peut-être qu'Alec n'a pas prévu de rester. Ils ont couché ensemble d'accord, mais... peut-être que pour Alec ça ne représente rien. Et pour lui ? Qu'est-ce que ça représente pour lui ?
— Tu... tu restes, cette nuit ? Demande-t-il en baissant les yeux.
Un baiser lui répond, alors qu'Alec se glisse à ses côtés sous la couette, enlaçant à nouveau jalousement son corps.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top