2. Mon encre et mes mots


J'ai été créé à l'aube d'un millénaire
Ou le mal s'apprêtait à envahir la terre
J'ai été arraché à ma mère
Et jetté dans une école pénitencière
Afin d'apprendre les rudiments de la vie
Et expié des crimes que je n'avais pas commis
Sans aucun espoir de surcis

J'ai découvert un monde empoisonné
Perdue dans une galaxie mourante
Elle-même se noyant dans un univers désespéré
Dans une marre visqueuse et suffocante

J'ai tenté d'accrocher mon âme
Aux constellations qui m'apparaissaient du fond de mon cachot
J'ai tenté d'associer un sens à mes mots
Qui partaient en tout sens sous l'encre de ma plume
Calciné mes poumons à mesure que je fume
Pour tenter de distinguer
Un brin de ciel à travers les nuages de fumée

J'ai marché
Sans savoir où aller
Perdu entre ces quatres murs
Le corps sanglant des rayures
Qu'ont laissé tes griffes sur ma peau
En tentant désespérément
De sauver du gouffre mon être dément
Mais je m'y suis laissé tomber
M'éloignant de cette réalité
Avant de me briser les os

J'ai crié ton nom
Sans jamais émettre le moindre son
Puis lorsque ma peine
A réussi à dépasser ma haine
De ce monde
Obscur et immonde
Je me suis ouvert les veines
Et laissé pisser mon sang
De mes péchés me lavant
De t'avoir laisser tombé
De t'avoir ainsi rejetter
Alors que tu étais la seule
Capable de dompter
Avec tant de facilité
Toute cette folie qui me pourrissait la geule

*-*-*-*-*-*-*-*











Niall Horan

Ma vie n'a jamais dépendu de beaucoups de facteurs. Tant que j'avais ma guitare je considérais que je pouvais toujours supporter de faire partie du monde des vivants. Donc jouer et respirer étaient les deux seules choses qui me maintenaient en vie. Manger aussi à l'occasion.

Nina disait toujours que je menais une guerre perpétuelle contre la nourriture. Elle disait aussi que si je maigrissais plus que je ne l'étais déjà je n'allais plus ressembler à rien, étant donné que bien portant je n'avais déjà pas l'allure de grand chose. Nina avait le don de dire la vérité. Toujours. Mais d'une manière tellement crû et venimeuse qu'après je pouvais passer des jours à me demander pourquoi ma grand-mère s'était mise en tête de tomber à nouveau enceinte après avoir enfanté de ma mère.

Mais malheureusement pour moi ce destin aimant et charitable avait choisis de me faire hérité de la pire tante qui soit. Alors lorsqu'elle devenait pénible en se mettant à jacasser sur combien j'étais un être inutil dont le seul but dans l'existence était de lui pourrir la vie,  je m'enfermais dans ma chambre et jouait jusqu'à ce que mes doigts me supplient d'arrêter.

Je jouais toujours de la guitare lorsque je me sentais devenir aussi merdique que mon existence, c'est à dire constamment. En dehors de ma guitare, l'unique thérapie capable de me faire me sentir bien était Ed, mon meilleur ami à l'école. Ça me faisait de la peine pour lui qu'il ait tout le temps à supporter mon humeur de chien, mais il semblait bien gérer la situation. Ed jouait lui aussi et quelque fois on se produisait dans le petit café que tenait son père. Le plus souvent je jouais, et lui il chantait. J'avais finis par remarquer qu'il était le genre de personne capable de faire passer quantité d'émotions avec sa voix et ce n'était pas rare de voir une fille pleurer dans l'assistance lors de nos prestations.

Ed sortait tout le temps, avec beaucoup de filles. Je comprenais aisément les nombreuses raisons pour lesquelles elles succombaient à ce rouquin au visage angélique. Et même si je le trouvais un peu grassouillet j'entendais souvent les filles de notre école s'extasier sur combien il était sexy.

Être ami avec lui avait ces bons et ces mauvais côtés. Nous partagions la même passion : la musique.  Il ne cherchait jamais à fouiller dans ma vie privée et il pouvait aisément me remonter le moral. Mais lorsque je le voyais toujours entouré de toutes ces filles et d'humeur toujours aussi véritablement joyeuse cela me rappelait que moi, je ne vivais pas.

Nina disait toujours que j'avais l'allure d'un phantome avec ma peau si pâle et mes cheuveux d'un blond presque blanc. Elle n'avait apparemment pas tord puisque je semblais invisible aux yeux de la gente féminine.

Nina disait aussi qu'elle espérait que je n'hériterait pas de mon père. Apperemment c'était un coureur de jupon invétérer qui la dragait au moment où il avait commencé à sortir avec ma mère. A chaque fois qu'elle me balançait ce genre d'avertissement sur ma possible future carrière de play-boy, j'avais envie de lui dire que parfois les filles aiment bien les joueurs et qu'elle-même se porterait beaucoup mieux si elle se faisait bien mettre de temps en temps. Mais bien sûr je ne disais rien. Je ne laissais jamais filtrer le fond de ma pensée. Surtout avec Nina. La dernière fois où c'était arrivé, J'ai dû m'endormir avec un paquet de glaçon bien appliqué sur ma joue enflé parce que j'avais eu le malheur de lui dire qu'elle n'arriverait jamais à la hauteur d'une femme comme ma mère. Dès lors j'ai appris à cultiver à mes dépends l'art de savoir me taire mais Nina réussissait quand même à trouver d'autres raisons valables pour me remettre à ma place quand elle le jugeait nécessaire.

Une fois Ed m'a proposé de m'enfuir avec lui et j'ai tout de suite accepté. Je me suis mis à faire la liste détaillé de tout le nécessaire dont on aurait besoin et des endroits où on pourrait aller. J'avais même de l'argent de côté.
J'étais tellement enthousiaste à l'idée de partir que je ne me suis arrêté de parler que lorsque je n'ai plus rien eu à dire et c'est seulement en remarquant l'air stupéfait de Ed que j'ai réalisé qu'il ne parlait pas sérieusement. Je crois qu'à partir de ce jour il avait vraiment compris à quel point j'allais mal. Il n'a plus jamais refait des plaisanteries de ce genre depuis.

Mais aussi pourris qu'a pu être ma vie jusque là,  je crois que j'ai vraiment touché le fond en classe de Première. Dès le début de l'année scolaire j'ai su que je n'y survivrais pas. J'en arrivais à un point où le seul enthousiasme que je tirais en allant à l'école était que ça me permettait de sortir de chez moi. Je pouvais alors enterrer toute ma merde dans un coin de ma tête avant de rejoindre le monde des vivants car l'atmosphère à la maison était aussi lugubre que la mort.

Curieusement, malgré le mal que cela me faisait de me réveiller chaque jour pour vivre une nouvelle journée, j'avais finis par ne plus m'appercevoir du temps qui filait et le début de l'année scolaire avait filé comme un éclair. Je n'avais jamais été un excellent élève. Je me débrouillais juste pour garder la moyenne mais durant le mois d'octobre je m'étais laissé aller et mes notes avaient sérieusement chuté en début novembre. Nina commençait à me dire qu'elle ne voyait pas l'intérêt d'investir dans mon éducation si je ne prenais pas la peine de rapporter de bonnes notes à la maison.

Il m'arrivait parfois d'essayer d'ignorer l'existence de Nina, ou de souhaiter qu'elle n'existâ pas tout court. Mais le fait est qu'elle était bel et bien réelle, aussi présente et douloureuse qu'une plaie qui refuse de cicatriser. Alors dans les moments où la plaie me faisait tellement souffrir que je sentais toutes les fibres de mon être se disloquer, je soignais le mal par un autre un peu plus insignifiant mais pas pour le moins destructeur. C'était ces nuages de fumé que je regardais s'exhaler de ma bouche et à travers lesquels je pouvais m'imaginer les cieux d'un nouveau monde où il n'existerait pas de Nina. Mais bien évidemment j'aurais bien pu fumer toutes les cigarettes qui existaient sur terre, la réalité en aurait toujours été la même, toujours aussi merdique. Car un monde parfait n'est pas uniqument celui où s'exauce nos vœux, c'en est un où l'on a même pas besoin d'en formuler parce que l'on a déjà tout ce que l'on désire. Et très souvent la pensée que je n'aurais jamais ce que je désirais m'accompagnait tel une ombre malfaisante à chaque instant du jour et de la nuit, s'insinuant dans mon quotidien tel un spectre malfaisant attendant le moment idéal pour m'attirer dans les profondeurs du vide.

La plupart du temps, j'essayais d'y résister car je savais qu'il vallait mieux se retrouver mort que dans le vide. Car bien qu'abstraite, la mort peu quand même réserver l'espoir d'un repos éternel alors que le vide n'est que l'agonie à perpétuer dans le noir et le silence. En d'autres termes, une non-existence encore pire que celle que je menais déjà. Alors dans ces moments, je tentais vraiment de mon mieux de ne pas me laisser entraîner dans le calme trompeur de ce vide et d'essayer de trouver d'autre moyens d'échappatoire à mon quotidient. Et le seul moyen d'y arriver était de jouer. Les notes qui s'égrenaient sous mes doigts étaient l'expression de mon âme et de mes plus grands tourments. La musique m'isolait peu-être du monde mais c'était également ma seule force pour y faire face. J'étais faible et j'en étais conscient. Et de plus je ne valais pas grand chose, non pas parce que Nina me le disait mais parce que je lui donnais le pouvoir de me le dire.

J'étais faible et je détestais cela. Je le détestais vraiment.

Et lorsqu'en rentrant de l'école, j'apperçu le reflet de cette phrase dans la vitre du bus dans lequel je me trouvais, je restai comme hyonotisé par le mouvement frénétique du stylo qui ne cessait de courir à toute vitesse sur le papier. Le siège devant moi était occupé par une jeune fille au cheveux blonds qui devait appartenir à la même tranche d'âge que moi. Elle avait la tête penchée vers le cahier sur ses genoux et ne cessait d'écrire à toute allure, comme si elle était envoûté par la magie de ses propres mots. Elle sembla même un instant décontenancée lorsque le bus s'immobilisa à son arrêt, et je la regardai ranger ses affaires avant de descendre. Je n'avais toujours pû me résoudre à détacher mon regard d'elle et une fois sur le trottoir lorsqu'elle leva les yeux vers ma direction j'eus l'impression que son regard me fixait sans vraiment me voir. Elle avait cet air de celle qui est toujours détachée du monde qui l'entoure et je me suis dis qu'elle devrait sûrement être quelque part en compagnie de ses mots.

Le bus s'ébranla et repris sa route et les premières notes d'une nouvelle mélodie commencèrent à s'insinuer dans ma tête.

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J'attends vos avis avec impatience.

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