Tom me raccroche au nez avant même que je ne puisse terminer ma phrase. Je soupire et passe une main nerveuse dans mes cheveux. C'était joué d'avance. Il n'a pas l'intention de me laisser détruire tout ce qu'il a entrepris depuis des années aussi facilement. J'aurais dû me douter qu'il referait surface plus tôt que prévu.

- Il ne négociera pas, soufflé-je, sûr de moi. Il va chercher un moyen de sortir.
- Il a fermé le volet de la fenêtre, on n'a plus de visuel sur ce qu'il se passe à l'intérieur en dehors des caméras, nous informe l'un des agents du FBI.
- Restez vigilants, il pourrait s'en prendre à l'otage.
- Il ne la tuera pas, pas maintenant en tout cas, réfuté-je. Je sais comment il fonctionne, il va vouloir sauver sa peau, quitte à perdre des hommes en route. Il a besoin d'elle pour quitter cet endroit sans que vous lui tiriez dessus. Et de toute façon, il ne fait jamais le sale boulot lui-même.

Je jette un coup d'œil autour de moi. Je déteste ce qui est en train de se passer. Toutes ces personnes, agglutinées autour du périmètre de sécurité, observent la scène comme s'ils assistaient à un spectacle. Ils devraient être chez eux, loin d'ici, très loin d'ici. N'ont-ils pas conscience du danger ?

J'entends les voix des journalistes qui informent tout le pays en direct. Ils se délectent de la moindre information. La police est sur le point d'attraper l'homme qui a ordonné les meurtres de tellement de personnes. Un nom et un visage vont enfin être donnés à toutes ces familles en deuil qui n'ont jamais obtenu de réponse. J'ai balancé la vérité, dans les moindres détails, et cette affaire fera bientôt la une de tous les journaux. Ce n'est plus qu'une question de minutes, d'heures tout au plus, avant que le nom de Tom Colman ne soit dans le bouche de tout le monde. Et quand l'histoire explosera, je serai déjà loin d'ici.

Je sais que j'aurais dû agir plus vite. J'ai été stupide de croire que Tom se tiendrait tranquille s'il ne savait rien de ce que je m'apprêtais à faire. Il avait l'intention de terminer ce qu'il avait commencé depuis le début, ce n'était qu'une question de temps. Harmonie lui a échappé une fois, je doute qu'il la laisse en vie une seconde fois. C'était mon boulot de la protéger et j'ai failli. J'aurais dû être plus vigilant, ne jamais la laisser seule.

- On le rappelle, annonce l'agent.

Un geste attire mon attention sur le côté. À quelques mètres à peine de nous, derrière le ruban jaune, Ethan me fait signe de le rejoindre.

- Il ne décrochera pas, assuré-je. Je reviens tout de suite.

Pour toute réponse, j'obtiens un hochement de tête. Tout le monde s'affaire déjà à recontacter Tom, pourtant, je sais qu'il ne répondra pas. Il est certainement en train de trouver une porte de sortie que personne n'avait encore vue dans cet immeuble. Il a dû appeler des renforts pour qu'ils fassent diversion. Je m'attends à tout, sauf à ce qu'il décroche.

Je m'éclipse pour retrouver Ethan. C'est lui qui a donné l'alerte. Lorsqu'il est revenu chez lui, il allait ouvrir la porte quand il a entendu des voix dans l'appartement. Il a eu le bon sens de ne pas entrer et d'écouter. Harmonie lui avait confié une partie de la vérité, il a compris qu'elle était en danger et s'est empressé de m'appeler.
Je ne sais pas pourquoi il n'a pas d'abord contacté la police. J'ai envie de croire que c'était pour m'éviter des ennuis, même si j'en doute. Il a sûrement paniqué. Mais une chose est sûre, si Harmonie sort de là en vie, ce sera grâce à Ethan.

- Tu as eu des infos ? demande-t-il quand j'arrive à sa hauteur.
- Pas vraiment. Elle est toujours à l'intérieur et elle allait bien quand j'ai appelé.
- C'est un cauchemar...
- Ils vont la sortir de là, soufflé-je.

Je ne sais pas qui j'essaye de rassurer. Lui ? Ou moi ?
Et si Tom se débarrassait d'elle avant que le FBI n'intervienne ?

- Je ne peux pas m'éloigner trop longtemps. Je te tiens informé s'il y a une évolution, lui promets-je.

Il hoche la tête et je lui offre un sourire aussi rassurant que possible. Ce mec doit vraiment me haïr, j'admire sa patience. À sa place, je lui aurais déjà sauté dessus. D'abord, je couche avec son ex-copine et maintenant, sa petite amie actuelle est prise en otage par ma faute. S'il craque et que je me prends son poing en pleine face, je crois que je le laisserai faire. Ce serait mérité.

Je retourne auprès du FBI au moment où ils décident d'envoyer l'un de leurs hommes dans l'appartement. Les tentatives de prise de contact n'ont mené à rien. Je doute que Tom soit prêt à négocier avec un agent. S'ils envoient quelqu'un, cette personne a plus de chance de mourir que de le convaincre de se rendre. Mais égoïstement, je garde cette information pour moi et l'observe s'équiper d'un micro. Je veux entendre Harmonie, savoir que Tom ne lui a fait aucun mal. J'ai besoin de m'assurer qu'elle est réellement encore en vie. Sinon, à quoi bon continuer de se battre ?

- Ne prenez aucun risque.

L'agent hoche la tête en direction de son supérieur avant de s'éloigner pour s'engouffrer dans l'immeuble. Le silence qui s'ensuit est long et pesant.

Grâce au retour son, nous l'entendons monter les escaliers, puis frapper à la porte de l'appartement. Je retiens mon souffle, inquiet pour lui. Tom serait capable de le faire descendre sur le champ. J'espère qu'il a réussi à garder son calme et qu'il a conscience que tirer ne le mènera à rien.

Durant de longues minutes, nous écoutons l'agent tenter de convaincre Tom que la négociation est sa meilleure option. La conversation tourne en boucle. Il n'a aucune intention de se rendre. Je ne suis pas idiot, je sais ce qu'il risque de se passer dans les prochaines minutes. Ils vont entrer et Harmonie pourrait être blessée. Je n'ai aucune envie que nous en arrivions là mais quelle autre option avons-nous ? Tout ce que Tom veut, c'est se barrer. Nous essayons de communiquer avec un mur, la partie est perdue d'avance.

Je commence à perdre patience quand la voix d'Harmonie nous parvient, un peu plus étouffée que les autres. Elle est sûrement plus loin et c'est une bonne chose. Comme la dernière fois, elle prend le contrôle de la discussion et à son tour, elle abat ses cartes une par une dans l'espoir de faire flancher Tom. Cela nous a sauvé la vie une fois, pourquoi pas deux ?

- Qu'est-ce qu'elle fait ? demande l'homme à mes côtés. Elle va s'attirer des ennuis, il faut qu'on intervienne avant que la situation ne vire au drame.
- Laissez-la faire. Juste une minute, déclaré-je en tendant l'oreille.

Je l'écoute parler du père de Tom. Je n'ai aucune idée d'où elle tient ses informations mais elles sont certainement vraies puisqu'il perd son sang-froid. Jamais il ne s'était montré colérique en ma présence. Il a toujours gardé son masque et sa froideur. Même quand mes actes l'agaçaient au plus haut point, jamais je ne l'ai vu perdre son calme. Il faisait preuve d'autorité, il usait de son pouvoir pour me remettre à ma place, mais il était serein. Toujours.
Harmonie a le don de piquer où ça fait mal. Chaque fois qu'elle lui adresse la parole, Tom perd totalement les pédales. Il devient incontrôlable et ce soir ne fait pas exception.

Elle s'arrête au beau milieu d'une phrase et une plainte s'échappe du haut-parleur tandis que Tom lui ordonne de se taire. Que lui a-t-il fait ? Je paierais cher pour voir ce qu'il se passe à l'intérieur, pour ne pas que mon cœur tombe à mes pieds à l'idée qu'il lui ai fait du mal, encore une fois.

- On entre, ordonne celui qui a le contrôle sur les opérations.
- Non ! Vous risquez de la blesser, riposté-je, désemparé.
- Elle est déjà blessée, réplique-t-il froidement.

Et il a raison, alors je garde le silence.
Impuissant, je regarde toutes ces personnes armées pénétrer dans l'immeuble. J'imagine sans aucun mal celles postées dans les escaliers défoncer la porte pour entrer. Des coups de feux se mêlent au brouhaha, puis le micro se coupe et je n'ai plus aucun moyen de savoir ce qu'il se passe à l'intérieur.

Autour de moi, des cris de frayeur s'élèvent, des murmures inquiets emplissent la rue et tout le monde semble retenir son souffle. Je fixe la porte de l'immeuble et j'imagine le pire. Tom voulait la tuer, il n'a pas pu rater l'occasion de le faire.

Tom met fin à l'appel avant que Chase ne termine sa phrase. À peine ai-je tourné la tête que trois armes se braquent sur moi et je déglutis.
Si je savais dans quelle chambre du revolver se trouve la balle, j'aurais pu les menacer, moi aussi, mais je n'ai aucune chance de m'en sortir si je tue l'un de ces hommes.

- Baissez vos armes, on a besoin d'elle pour sortir. Verrouillez la porte et contactez nos meilleurs éléments, ordonne Tom en fermant le volet de la fenêtre.

Tels des petits soldats de bois, tous baissent leurs armes et s'empressent de satisfaire les ordres de leur boss. En deux temps trois mouvements, je me retrouve complètement prisonnière de cet appartement, entourée de quatre hommes menaçant, d'un nombre incalculable de policiers à l'extérieur, et tout juste éclairée par la lumière artificielle du salon.

Le téléphone de Tom se remet à sonner, encore et encore. Il ne décroche pas une seule fois. Il l'ignore complètement, bien trop occupé à discuter avec d'autres personnes pour trouver un moyen de sortir. L'un de ses hommes me fixe sans interruption, m'empêchant toute tentative d'évasion. Je n'ai pas d'autre solution que de rester sagement assise sur ma chaise et attendre de voir ce qu'il va se passer. Je suis spectatrice de tout ce qui se déroule en ce moment même et je déteste cette situation. J'ai l'impression de ne plus être actrice de ma propre vie. Ce n'est pas moi qui vais décider de la suite. Vais-je sortir d'ici vivante ?

Je sursaute lorsque quelqu'un frappe contre la porte de l'appartement. Tout le monde se tait et Tom glisse un regard furtif dans ma direction avant de se diriger vers l'entrée, une arme à la main. Un rapide coup d'œil au juda et il ouvre, son pistolet braqué devant lui.
Un homme vêtu d'un gilet pare-balles pénètre dans l'appartement, les mains levées. Il est aussitôt fouillé et la porte se referme derrière lui.

- Si on vous envoie négocier, ce n'est pas la peine de gaspiller votre salive, attaque Tom.

L'agent ne se dégonfle pas et durant de longues minutes, je l'écoute parler. Il tente vainement de faire céder mon ravisseur, mais rien n'y fait. Tom ne lui prête même plus attention, bien trop campé sur ses positions pour envisager de se rendre.
Je perds patience et, quitte à mourir aujourd'hui, autant me battre un peu avant.

- Vous ne le rendrez jamais fier, Tom. Jamais. Votre père est mort et vous devez prendre les commandes de votre vie. Arrêtez de le laisser décider à votre place, vous valez mieux que lui, soufflé-je d'une voix aussi assurée que possible.

À peine ai-je ouvert la bouche que Tom se tourne dans ma direction et me pointe du doigt.

- Ne recommence pas ! Ne joue pas à ça avec moi ou tu vas le payer cher !
- Vous allez le laisser gagner une nouvelle fois ? Vous ne pensez pas que votre mère a suffisamment souffert ? Son mari était violent et maintenant, son fils tue tous ceux qui se dressent sur son chemin. Que pensez-vous qu'elle ressent ?
- Mêle-toi de ce qui te regarde ! C'est de ta faute tout ça ! Si Chase ne s'était pas évertué à te mettre dans son lit, jamais nous n'en serions arrivés là. Tu es un vrai poison ! hurle-t-il, fou de rage.

Je tressaille et si je n'étais pas assise sur une chaise, j'aurais déjà reculé pour m'éloigner de lui. Ses yeux lancent des éclairs, il est rouge de colère. Je ne l'avais pas autant énervé la dernière fois, mais au point où j'en suis... Je prends une longue inspiration avant de répliquer :

- Peut-être mais au moins, moi, je décide de ce que je fais. Je ne laisse pas un fantôme me...

Le bruit de sa main sur ma joue résonne dans la pièce principale et a pour unique conséquence de me faire taire. Je laisse échapper une plainte douloureuse en posant mes doigts sur ma joue brûlante et, quitte à être foutue, je lui adresse un regard noir. Quel connard !

Du revers de la main, j'essuie le sang qui s'échappe de ma lèvre ouverte et m'apprête à riposter, mais je n'en ai pas le temps. La porte se brise sous l'assaut du FBI, nous faisant tous sursauter. Tout le monde dégaine ses armes et je perds mes repères au milieu de cet affront.

L'un des hommes de Tom me vise de son pistolet. Je recule, paniquée, mais un agent est plus rapide que lui et lorsqu'il tire, il dévie de sa trajectoire et sa balle fait exploser la fenêtre du salon. Je bascule en arrière au même moment et une pluie d'éclats de verre me tombe dessus. En voulant me réfugier dans un coin, l'un des morceaux se plante dans ma cuisse et ma respiration se bloque un instant.

Je me mords la langue aussi fort que je le peux et décide de ne plus bouger. Tout le monde crie, mais les tirs ont cessé. Je repousse les mèches de cheveux qui me barrent la vue et jette un coup d'œil autour de moi. Deux des hommes qui me menaçaient un peu plus tôt sont au sol, une balle logée dans leur corps. Le troisième est plaqué contre un mur, menotté. Ne reste plus que Tom, les mains en l'air. Je surprends le regard qu'il jette en direction de la fenêtre dont il a fermé les volets un peu plus tôt. Si elle avait été ouverte, il aurait sans aucun doute sauté.

Au lieu de cela, j'assiste à son arrestation, la joue encore douloureuse, et le verre toujours enfoncé dans ma cuisse que je n'ose plus bouger. Des larmes de soulagement s'échappent enfin et tombent sur le carrelage. Je ne peux m'empêcher de penser à Chase et j'imagine ô combien il aurait adoré pouvoir graver ce moment dans son esprit. Son pire cauchemar se retrouve poings liés, impuissant. Cette vision me ferait presque oublier ma douleur, mais on me prête enfin attention et l'un des agents s'accroupit devant moi, me barrant la vue.

- Tout va bien, on va vous sortir d'ici, m'assure-t-il avec un sourire réconfortant. Vous êtes blessée ?

D'un mouvement de tête, je désigne le verre logé dans ma cuisse. J'aimerais me calmer, cesser de pleurer, mais j'en suis incapable. Tout a basculé en une fraction de seconde, et je suis passée par tellement d'émotions différentes en l'espace de quelques minutes à peine que j'ai encore du mal à réaliser tout ce qu'il vient de se produire.

- Les secours sont en bas, on va descendre. Accrochez-vous à moi.

Avec délicatesse, il repousse les morceaux de verre éparpillés sur mes vêtements, puis il me porte dans ses bras en prenant garde à ne pas me blesser davantage. Il ne se presse pas dans les escaliers afin de ne pas m'agiter et la descente me semble durer une éternité.

Lorsque nous quittons l'immeuble, il fait nuit noire dehors mais je suis éblouie par les flash, les lumières et les gyrophares bleus et rouges qui illuminent la rue. La foule regarde dans ma direction : des caméras, des journalistes, des passants intrigués, tous me pointent du doigt et j'enfouis mon visage dans l'épaule de l'agent. Je suis frigorifiée, blessée, encore sous le choc, et tous ces gens m'observent comme une bête de foire. Je meurs d'envie de disparaître.

- Harmonie !

Je suis d'abord déposée sur un brancard, puis entourée d'une couverture de survie, avant que je ne croise le regard de Chase, les larmes aux yeux. Il pousse les quelques personnes qui tentent de me venir en aide et attrape ma main dans la sienne. Je ressens son angoisse jusque dans mes entrailles. L'avoir près de moi est réconfortant. Je me sens enfin en sécurité.

- T'es en vie..., chuchote-t-il en m'observant de la tête aux pieds.
- Je vais bien, le rassuré-je.

Il lâche ma main pour la poser sur ma joue, là où les doigts de Tom sont sûrement imprimés. Du bout du pouce, il essuie les dernières traces de sang séché sur ma lèvre et un mince sourire se dessine enfin sur les siennes.

- Bordel, je suis tellement désolé, s'excuse-t-il, le regard rempli de culpabilité.
- Ils l'ont arrêté, soufflé-je, heureuse. Il ne te fera plus aucun mal.
- Monsieur, écartez-vous s'il vous plaît. Votre amie est blessée, laissez-nous faire notre travail.

Il tourne la tête vers le jeune homme qui essaye de reprendre sa place à mes côtés. Chase le fusille du regard, comme s'il lui en voulait de gâcher ce moment.

- Je vais bien, répété-je à Chase. Ethan est là ?
- Oui, c'est lui qui m'a appelé. Il est derrière le ruban de sécurité.
- Va le rassurer, s'il te plaît. On se voit plus tard, ok ?
- Ok.

Il dépose un baiser sur mon front avant de s'éloigner de quelques pas. Quelques instants plus tard, les portes de l'ambulance se referment et par la vitre, je le vois faire demi-tour, sûrement pour rejoindre Ethan.

Tom ne nous fera plus aucun mal.

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Hello ! 👋🏻
J'espère que vous allez bien.

Je m'excuse pour ce retard de publication mais... j'ai sauvé Harmonie alors je suis tout pardonnée, n'est-ce pas ? 🙃

Vous la sentez arriver la fin ?
Rendez-vous dimanche pour le dernier chapitre. Comment cette histoire se terminera-t-elle ? 👀

Bonne semaine ! ❤😘

PS : rendez-vous mercredi pour débuter une nouvelle histoire. Le calendrier de l'Avent fait son retour cette année. Un chapitre par jour vous attend à partir du 1er décembre et jusqu'au 25 ! J'ai déjà hâte que vous rencontriez Inès, Alex et le reste de la bande... 😁🎄

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